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par Ning YU
Docteur ès Sciences
Responsable de Projets Recherche et Développement – Métal Câble S.A.
et Jean-Paul LE ROY
Chargé de Projets Recherche et Développement – Métal Câble S.A.
mement fins.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 646 − 1
TRÉFILAGE DES FILS CUIVREUX ULTRA-FINS _________________________________________________________________________________________________
Outre l’aspect bimétallique dans le cas des fils revêtus (§ 1), les particularités
du tréfilage des fils ultra-fins se traduisent par des évolutions techniques aussi
bien dans les paramètres de l’opération que dans les éléments matériels tels
que machine à tréfiler, outillage, dispositifs annexes et post-traitement thermique
(§ 2). Aussi sont discutées en fin d’article les méthodes d’essai destinées à
contrôler la qualité des fils tréfilés (§ 3).
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Bien que le métal de base représente l’essentiel du volume du fil, (cônes, poulies, etc.) tout au long du parcours (effort passif). Si la
et que l’épaisseur requise de revêtement sur le fil tréfilé est de première, qui dépend directement de la structure des filières, a une
l’ordre du micromètre, le tréfilage d’un bimétallique est toujours plage de variation limitée une fois que le matériau à tréfiler est déter-
plus délicat. Cela est d’autant plus compliqué lorsque les métaux miné, on cherche par contre à réduire au maximum la dernière. On
constituant le revêtement ont des propriétés tribologiques diffé- sait aussi que l’ensemble des forces exercées sur le fil doit être impé-
rentes. Il faut prendre en compte un certain nombre de paramètres rativement inférieur à la résistance à la rupture de celui-ci si l’on veut
tels que la lubrification lors du tréfilage, les conditions d’échauffe- éviter des casses. Dans la pratique, la règle générale lors de la
ment lors du traitement thermique. Les particularités liées aux conception de la machine est de limiter le rapport entre les deux
aspects bimétalliques des fils ultra-fins aux différents niveaux du grandeurs à environ 50 %. Autrement dit, la force d’étirage est réglée
tréfilage seront plus développées ci-après dans les paragraphes de manière à ne pas dépasser la moitié de la valeur nominale de
concernés. la résistance à la rupture du fil à tréfiler. Dans le cas des fils ultra-fins
où la résistance mécanique se trouve très réduite, le réglage de
l’ensemble des éléments mécaniques doit être extrêmement fin et
précis.
2. Techniques spécifiques Le taux d’allongement est un paramètre qui mesure l’amplitude
de la déformation plastique réalisée sur le fil. Toujours à cause de
au tréfilage la faible résistance mécanique, ce taux diminue avec le diamètre du
des fils ultra-fins fil, en passant de 14-16 % pour les fils fins à 10-12 % pour des fils
ultra-fins, voire même à 6-8 % lorsque le diamètre de sortie est infé-
rieur à 15 µm. Pour limiter la perte de productivité, on utilise dans
Par rapport au tréfilage traditionnel, la difficulté majeure du certaines conceptions un système mixte dans lequel le taux d’allon-
tréfilage des fils ultra-fins provient de la fragilité ou la faible résis- gement est important aux premières passes, puis plus faible aux
tance mécanique de ces fils due simplement à leur très petit passes suivantes lorsque le fil devient plus fin et donc plus fragile.
diamètre. À titre d’exemple, un fil de diamètre de 20 µm a une charge De même, la vitesse de tréfilage diminue avec la décroissance du
à la rupture comprise entre 0,1 et 0,8 N suivant l’alliage utilisé et diamètre du fil à tréfiler. Une vitesse de tréfilage plus modérée
l’état métallurgique dans lequel il se trouve. Il s’agit donc d’adapter permet de rendre le système moins sensible aux vibrations aléa-
à cette spécificité les conditions de l’opération d’une part et les toires provenant soit de la mécanique de la machine, soit de l’envi-
éléments matériels concernés d’autre part. Les uns concernent la ronnement.
définition des paramètres du tréfilage tels que la force d’étirage, la
vitesse de défilement et le taux d’allongement, les autres se tra-
duisent par des adaptations matérielles aux différents niveaux : la
machine à tréfiler, l’outillage, la lubrification, ainsi que le traitement 2.2 Matériels de tréfilage
thermique après le tréfilage.
2.2.1 Machine à tréfiler
2.1 Paramètres de tréfilage Parmi différents types de tréfileuse dont une présentation
synthétique a été déjà donnée dans le présent traité [8], seules les
tréfileuses multiples à glissement sont utilisées pour le tréfilage des
Une présentation détaillée et une analyse mathématique des fils ultra-fins. Les passes multiples permettent de maintenir une
différents paramètres de tréfilage ne s’inscrivent pas dans le cadre grande amplitude de réduction de diamètre, étant donné que le taux
du présent article. Les lecteurs intéressés peuvent consulter les d’allongement par passe est limité. Le léger glissement du fil sur
ouvrages spécialisés [1] [2] [3] [4]. Ici sera présentée seulement une les cônes dans le sens même de la rotation de ces derniers permet
approche empirique quant aux principaux paramètres du tréfilage d’éviter la traction éventuelle sur le fil pouvant conduire à des casses.
des fils ultra-fins : la force d’étirage, le taux d’allongement et la
vitesse de tréfilage. En général, deux paires de cônes ayant chacun une dizaine de
passes sont utilisées pour réaliser un allongement total de 300 à
La force de tréfilage assurant l’entraînement du fil peut être 400 %. Dans le cas extrême où le fil de sortie a un diamètre inférieur
décomposée en deux parties. L’une est consacrée à l’écoulement par à 15 µm, on n’emploie souvent qu’une seule paire de cônes dans
déformation plastique du fil à travers la série de filières (effort actif) le but de réduire les frictions passives.
et l’autre est nécessaire pour compenser les frottements du fil sur
les filières et les différents éléments d’entraînement et de guidage
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2.2.2 Outillage
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Dans le cas particulier du tréfilage des fils ultra-fins, les fonctions 2.3.2 Réception du fil tréfilé
de la lubrification deviennent d’autant plus importantes que ces fils
sont plus vulnérables aux sollicitations mécaniques engendrées par Pour la réception du fil tréfilé sont utilisées des bobines dites bico-
l’opération. C’est pour cela que, parallèlement aux efforts pour mini- niques (figure 4). Les bobines de ce type ont l’avantage d’éviter les
miser les contraintes mécaniques à tous niveaux, on recherche une éventuels emmêlements des spires aux bords de la bobine pour la
huile émulsionnable ayant un bon pouvoir lubrifiant et détergent au réception comme pour le dévidage ultérieur du fil.
niveau de l’interface fil-filière.
Cependant, une telle géométrie de bobine nécessite un contrôle
Malheureusement, cette recherche ne peut, jusqu’à aujourd’hui, continu du trancanage. C’est une tâche assez difficile à accomplir
se faire qu’en procédant à des essais expérimentaux préliminaires manuellement comme dans le tréfilage classique et l’on doit avoir
dont beaucoup de paramètres sont difficiles, voire même impos- recours aux automatisations. Parmi plusieurs automates déve-
sibles, à quantifier. loppés, une technique optoélectronique se révèle acceptable. Il
s’agit d’un système de réglage électromécanique guidé par un son-
dage optique.
Néanmoins, dans le tréfilage des fils ultra-fins, l’expérience a
procuré les enseignements suivants :
— malgré son prix plus élevé, une huile synthétique est pré-
férée à une huile minérale car plus facile à maîtriser et ayant
une durée de vie plus longue ;
— une proportion de détergent plus importante dans la
composition de l’émulsion est préférable, car un nettoyage plus
poussé permet de mieux préserver la propreté de l’interface
fil-filière ;
— une filtration continue et permanente de l’émulsion est
conseillée pour séparer de l’émulsion les impuretés et les résidus
de tréfilage ;
— un bon compromis entre le pouvoir de lubrification et la
viscosité peut être obtenu en jouant d’abord sur le choix de
l’huile, ensuite soit sur la concentration de l’émulsion, soit sur
la température d’utilisation.
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2.4 Post-traitement thermique Une autre méthode dite recuit en continu consiste à faire passer
en continu le fil tréfilé dans un four tubulaire où sont réunies,
des fils tréfilés suivant la vitesse de défilement, les conditions nécessaires pour
que le recuit puisse se produire. Le fonctionnement du recuit en
Après le tréfilage, on procède à un traitement thermique dans le continu nécessite donc un système dérouleur-enrouleur similaire à
but d’atténuer ou de supprimer les contraintes résiduelles créées et celui utilisé dans le tréfilage (figure 5a ). Il est également possible
emmagasinées au sein des tréfilés par la déformation plastique. Ce d’intégrer ce recuit dans la ligne de tréfilage (figure 5b ). Mais dans
traitement permet d’adoucir les matériaux en rendant les tréfilés ce cas, sachant que pour une installation de proportion normale la
mécaniquement plus souples d’une part, et d’autre part de pro- vitesse de défilement pour le recuit (2 à 6 m/s) est nettement
curer une meilleure conductivité si les fils sont à usage électrique. inférieure à celle pour le tréfilage (10 à 25 m/s), ce dispositif n’est
Dans le tréfilage des fils cuivreux, la plupart des machines sont pas favorable à une exploitation correcte des performances de la
équipées d’un dispositif qui remplit la tâche de recuit par effet tréfileuse. La limitation de vitesse de recuit provient non seulement
Joule. Cependant, ce dispositif ne peut être utilisé pour le tréfilage du temps minimal nécessaire pour le recuit, mais également de
des fils ultra-fins de diamètre inférieur à 0,05 mm. En fait, celui pour le refroidissement. Dans la pratique, le refroidissement
au-dessous de ce diamètre, les fils deviennent mécaniquement du fil recuit se fait soit en atmosphère naturelle, soit en mode
trop fragiles pour assurer un bon contact électrique par le frotte- accéléré dans un dispositif spécial.
ment contre les électrodes tournant à grande vitesse. Dans ce cas, Pour le recuit en continu, suivant la nature et le diamètre du fil
on doit avoir recours à d’autres modes de traitement thermique. à traiter, on procède à l’établissement d’une corrélation entre la
Une méthode dite recuit statique, souvent utilisée dans des température T du four, le temps t de passage dans le four et les
ateliers de tréfilage en raison de sa mise en œuvre simple et facile, propriétés mécaniques obtenues (l’allongement A % et la résis-
est de laisser le fil conditionné sur une bobine métallique dans une tance à la rupture R r ). La figure 6 en donne un exemple réalisé sur
étuve remplie d’atmosphère neutre et portée à la température de un fil en alliage cuivreux au cadmium argenté de diamètre
recuit pendant un certain temps. Néanmoins, pour les fils ultra-fins 0,03 mm dans un four tubulaire de 1,2 m de long. Cette corrélation
et revêtus, cette méthode présente un inconvénient majeur qui est permet ensuite de mettre sur pied une gamme de recuit optimisant
le collage entre elles des spires du fil. Le problème devient particuliè- les conditions du traitement thermique.
rement gênant lorsque le fil est revêtu d’une couche d’étain.
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Constructeurs L
Machines à tréfiler
Niehoff U
Henrich
S.A.M.P. S
S.O.M.A.
Filières
Balloffet
P.D.T.
Estèves
Appareils de contrôle
Mitutoyo
Instron
Fischer Instrumentation
10 - 1995
Lasermike
CERSA
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