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LART ROMAN (2)

LES CHATEAUX
Château de Mayenne

Le château de Mayenne (1200), est un château de l'époque de Philippe Auguste. A


l'intérieur, une grande salle (l'aula) a été retrouvée, datée des environs de l'an 1000,
vestige d'un château réaménagé. Salle inférieure qui sert de sellier, accès par la salle
principale au premier niveau, associée à une tour, avec un escalier et au niveau supérieur,
une chapelle. Passage d'une structure horizontale à verticale. Lors des fouilles, pièces
d'échec et éléments de tric-trac (jeu) retrouvés. Tendance de ces années : habitats visibles
de loin, et modification des techniques de construction.

Le château de Langeais (1000)

Construction de Foulques Nerra, le comte d'Anjou de 987 à


1040, qui bâtit de nombreuses forteresses. Le château de Langeais a
un contrefort construit en moyen appareil (20cm),
remplissage de moellons, trous de boulin visibles
(trous dans la maçonnerie pour poutre de
l'échafaudage). Construction couteuse (taille de
pierre). Château = signalisation verticale,
marqueur de puissance.

La tour blanche de Londres

Renouvellement de la datation il y a une


30taine d'années grâce à l'archéologie, et ses
méthodes modernes de datation. En
1970, on était persuadés que la tour
blanche de Londres était le plus ancien bâtiment du monde anglo-normand. Construite par Guillaume le
Conquérant (1066-?), cette énorme tour rectangulaire de 4 étages comprend un sellier au sous-
sol, l'aula, la camera (chambre), et la capella (chapelle). En
1974, on met en place une typologie des plans de
châteaux, on date la tour blanche d'après celle-ci.
Le château de Falaise, pourtant, est du même
type, et c'est là où est né Guillaume le
Conquérant.

LE CHÂTEAU DE
LOCHES : TYPE DONJON-PALAIS
(NORD)
C'est un donjon palais,
daté des années 1100, une énorme construction composée
de deux tours, en moyen appareil, avec des contreforts
demi circulaire. Hors, en 1990, en procédant à la
restauration, on retrouve dans les trous de boulins des
poutres de trous de boulin, datable par la
dendrochronologie, on se rend compte que les bois ont été
abattus entre 1012 et 1035. Ils venaient juste d'être coupés,
pas encore secs, et l'aubier était pris dans le mortier. Cela
vient remettre en question la datation, la structure sera
datée du début du 11e. Correspond à la seconde partie des
constructions de Foulques Nerra qui avait construit une trentaine de châteaux. Au-dessus d'un sellier
aveugle, 3 grandes salles avec cheminées et deux fenêtres se rejoignent par un escalier permettant aussi
l'accès à la chapelle. La circulation est conçue de manière très subtile, des galeries sont aménagées à
l'intérieur des murs permettant de passer d'un niveau à l'autre et l'accès aux latrine. La construction est
de très grande qualité. Parmi les trous de boulin, on remarque des plus gros trous, qui furent soit des
hourds (défense passive, jeter des poids sur les ennemis) soit des balcons. En examinant un château de
même type à Ottrott, on pense que ce serait des balcons. Ce type de donjon palais, avec tour de
résidence se retrouve essentiellement dans le nord de la France.

LA TOUR BEFFROI MÉRIDIONALE


Dans le midi de la France, bâtiment
complétement différent, comme la tour
beffroi de Rochebonne (6m de côté,
épaisseur de 2m), n'avait pas pour but d'être
habitée mais servait à marquer la présence du
seigneur, comme tour signale, avec un enclos
seigneuriale et une basse-cour pour chevalier.
Ces tours marquent la présence du
seigneur, mais aussi la défense du territoire.

En Catalogne, on remarque que leur construction suit le déplacement


progressif de la frontière, qui bouge en fonction des prises de territoires
par les arabes. Les types de châteaux sont alors différents, et montrent
une manière de construire propre à leur temps. S'il y a une tour, il y a tjr un ensemble habitable (sellier,
aula, etc).

La tour de Fantova (Huesca)

La tour du château de Fantova, construite aux alentours de l'an 1000, mesure 23m, et
a une porte à une 10zaine de mètre de hauteur, donc un escalier pour y accéder. A
l'intérieur, on retrouve le sellier, les galeries intra mural, les hourds de défense
passive. Le mur est en petit appareil de moellons, et la porte est simple, recouverte
d'un arc en plein cintre formé avec des claveaux, extradossé c’est-à-dire surmonté
d'un rang de pierre à l'extérieur des claveaux. C'est là une marque de raffinement. La
salle basse est couverte d'une voute, la "coupole" est constituée d'arcs qui passent
d'un plan circulaire à carré, raccordant la
voute d'arêtes aux murs.

Le château de Llordà

Les châteaux d'Arnau Mir de Tost furent des châteaux résidence, construit au 11e. Le château de Llordà
(construit vers 1055-1069) a une porte d'accès au château bâti selon la même technique de claveaux et
de rangés de pierres qui viennent extradosser l'arc. La salle basse, est couverte d'une voute en berceau
en plein cintre, sur arc doubleau, qui consolident la voute. Des fenêtres géminées éclairent la grande
salle (aula), marquant une architecture d'une grande puissance. Ces constructions, datées de la première
moitié du 11e, nous montre une capacité de construction extraordinaire et la mise en place
de savoirs architecturaux d'une énorme ampleur.

LES ÉGLISES
Contexte : rappel
Christianisation en voie d'achèvement : la religion est un fait social, pas un choix individuel. On voit se
multiplier les églises qui, comme les châteaux, balisent et marquent les territoires, mais cette fois du
pouvoir de la chrétienté. Autour des années 1000, 1100, on assiste à une évolution des constructions,
grâce aux capacités financières et intellectuelles du pouvoir ecclésiastique, qui viennent marquer
l'architecture des temps nouveaux.

Abbaye de st-Martin du Canigou (Pyrénées)

Fondée par le compte de Cerdagne : Guifred II,


qui crée ce monastère. 1ere mention en 997,
puis 2 consécrations en 1009 et autour de 1014,
cérémonies par lequel le bâtiment devient
maison de Dieu, apte à accueillir les rites
liturgiques, messes. Sur un site perdu dans la
montagne, l'église est construite sur deux
niveaux : une consacrée à la Vierge et l'autre à
St martin. Le mur est et nord est creusé
directement dans la roche, on retrouve les
caractéristiques architecturales inhérentes à
l'époque romane. Au premier niveau (Vierge),
on remarque deux configurations architecturales bien différentes.

Dans la partie orientale, on retrouve 3 nefs parallèles


qui s'achèvent sur 2 absides à l'est (espace semi
circulaire). Des colonnes séparent les nefs et portent
les arcs qui supportent les voutes d'arête, couvrant les
travées. La voute en cul-de-four (demi coupole)
reprend le schéma de basilique en fil de colonne (??).
Fidèle à la tradition.

La
partie

occidentale n'est pas construite de la même façon, ce ne


sont plus des colonnes, mais des piliers cruciformes épais
qui portent les arcs doubleaux, les arcades et les portions
de voute en berceau plein cintre. Le poids exerce des
poussées diagonales qui ont tendance à pousser les murs
vers l'extérieur, d'où la nécessité d'avoir des contreforts ou
des nefs latérales pour contrepoussé. Dans notre exemple,
l'épaisseur des piliers est suffisance à maintenir la
stabilité. On retrouve le système modulable de la travée, invention fondamentale de l'architecture
romane, système modulable, répétitif. Système très novateur, amené à
un très grand avenir.

L'église haute prend une apparence


complétement différente : 3 nefs avec abside
majeure et absidioles. Séparation de la nef
centrale des collatéraux par des colonnes
supportant une voute en berceau avec un arc
doubleau.

L'architecture du Canigou montre la tension de


l'architecture, entre tradition (colonnes) et
nouveauté, modernité (voute qui change de la
charpente de l'antiquité, travées).

Au-dessus des colonnes se trouve des chapiteaux, sans qu'on sache s'ils ont un sens. Circulation bien
étudiée : la porte sous le clocher permet une entrée sous le monastère. Vue de l'extérieur, le chevet
(partie occidentale), est construit en petit moellon avec un système d'ornementation particulier : petits
arcs qui prennent appuis sur des contreforts très plat (lésènes), ensemble que l'on appelle des bandes
lombardes. C'est un type de décors mural que l'on retrouve dans toute la
méditerranée et même plus haut. C'est une mode venue de Lombardie selon Puig i
Cadafalch (argument revendication indépendantisme)

Réévaluation de la datation d'église ; élises à chevet déambulatoire et


chapelles rayonnantes.

Cathédrale de Chartres : crypte


de cathédrale romane, remplacé
par une cathédrale
gothique. L'édifice
existe autour des
années 1020, que
l'on pensait plutôt de la fin du 11e. Il y a dix ans, Pierre Martin, étudiant à
l'université de Poitier, soutient une thèse sur les chevets à déambulatoire et
chapelles rayonnantes, son travail se basait sur une série d'églises dont il revoit la
datation au début du 11e, par le biais de l'archéologie du bâti. Conforté par des
fouilles en 2006-7, sur l'abbaye St Martial de Limoges, démolie suite à la
révolution française, se composait de 3 nefs, un grand transept,
une abside, et un déambulatoire à chapelles rayonnante. Une
série de documents, plans et dessin de coupe
longitudinale de l'église permettent d'accéder à ces
informations, et de créer un montage 3D. 2 tendances : ceux
qui pensaient que l'église datait de la première moitié du
11e, et d'autre de la fin du 11e. Eglises pensées de la
même manière que la construction des châteaux,
avec un angle en moyen appareil, et le reste en
moellons plus petits. Ce sont donc probablement les mêmes
maçons, avec de mêmes techniques, qui ont des commanditaires
différents. Tout ce qui va créer l'architecture médiévale se met en place dès
l'an 1000, dans une explosion de modernité, un foisonnement architectural.

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