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UE216

Oral d’économie partiellement en


anglais

Nicolas Delord
(adapté du travail de Catherine
Dumont)
Le programme de l’année :
Thème 1 : Organisation et régulation de l’Economie
Thème 2 : Croissance, changement technologique,
emploi
Thème 3 : Économie de la connaissance et de
l’immatériel
Thème 4: Réseaux, territoires et pôles de
compétitivité
Thème 5 Déséquilibres spatiaux, sociaux et
environnementaux
Thème 6 : Marché et économie non marchande
Thème 7: Protection sociale et solidarité
Déroulement de l’épreuve
2 heures de préparation d’un exposé d’économie en
français à partir d’un sujet lui-même rédigé en
Français, sujet illustré par un texte écrit en anglais.
Présentation de 15 minutes environ (10 minutes
minimum, 20 minutes maximum ) de l’exposé devant
un jury de 2 personnes : un professeur d’économie et
un professeur d’anglais.
Le professeur d’économie pose des questions au
candidat sur son exposé en français pendant 10
minutes environ.
Le Professeur d’anglais a une conversation en
anglais sur le texte pendant environ 20 minutes.
Attention !
L’exposé n’est pas un commentaire du texte anglais
fourni. Celui-ci donne quelques informations et
quelques pistes mais ne recouvre jamais tout le
sujet.
L’exposé doit répondre à une problématique issue du
sujet, en 2 ou 3 parties, elles mêmes structurées.
Vous serez jugé sur votre capacité à répondre de
manière cohérente à cette problématique, en utilisant
vos connaissances et les informations tirées du
document.
Eviter l’exposé récitation du cours qui risque fort
d’être partiellement hors sujet.
Ne vous contentez pas de lire votre exposé, levez
régulièrement les yeux vers le jury et mettez un peu
de conviction dans votre argumentation.
Grille d’évaluation
Bien lire les pages de méthodologie qui commencent
la série 1 (partie 1 / question de méthode).
L’exposé est noté sur 10 points à partir de 6 critères :
Dégager une problématique pertinente par rapport au
sujet proposé.
Construire un exposé structuré.
Exploiter le document fourni.
Intégrer à bon escient dans le discours les faits
d’actualité.
Mobiliser des connaissances en lien direct avec le
sujet.
Présenter le sujet de façon convaincante (aisance,
fluidité de l’expression, niveau de langage …)
L’entretien en français est noté sur 4 sur les critères
suivants :
Défendre de façon argumentée ses positions
Mobiliser ses connaissances en lien direct avec les
questions posées.

L’entretien en anglais est noté sur 6, à partir des


critères suivants:
Comprendre les questions en anglais et y répondre
de façon compréhensible.
S’exprimer de façon rigoureuse en langue anglaise.
Organisation et régulation de
l’économie

chapitre 1
Introduction
L’économie devient une discipline
autonome à partir du XVIIIème siècle, car, à
partir de cette époque, à travers le
développement du marché, elle se distingue
clairement des autres institutions sociales
qui structurent la société (famille, politique,
religion …), et elle soumet l’ensemble de la
société à ses règles.
Le système capitaliste reposant sur cette
régulation marchande se développe alors et
se diffuse, jusqu’à devenir aujourd’hui le
modèle économique dominant la planète.
Plan du chapitre

I) les différents types de capitalisme


(évolution dans le temps, diversité dans
l’espace)

2) Régulation des crises économiques par


l’intervention des pouvoirs publics

3) Place et rôle des entreprises dans les


économies capitalistes contemporaines
Partie I

les différents types


de capitalisme
I) les différents types de
capitalisme
A) Les caractèristiques permanentes du capitalisme

B) ne peuvent masquer une évolution du système


dans le temps,

C) ni la grande diversité des modèles capitalistes


dans l’espace

D) Pourtant certains soulignent une tendance


récente à la convergence des différents capitalismes
A) Les caractéritiques
permanentes du capitalisme
1) Une définition générale qui transcende la diversité
des modèles

2) Un système fondé sur le marché autorégulateur

3) Un système dynamique qui repose sur


l’innovation

4) Des rapports de production spécifiques :


accumulation du capital et salariat
1) Une définition générale qui
transcende la diversité des
modèles
Le système capitaliste repose sur deux principes
juridiques qui sont :
La propriété privée des moyens de production
Les libertés individuelles, notamment celles
d’entreprendre et d’échanger.
Il repose aussi sur des principes économiques
fondamentaux qui sont :
La régulation par un marché parfaitement
concurrentiel
La récompense du risque de l’entrepreneur par le
profit.
2) Un système fondé sur le
marché autorégulateur
Le marché qui est la libre rencontre des offres et des
demandes dans un lieu pas forcément matérialisé,
est le moyen utilisé dans le système capitaliste pour
permettre une répartition optimale des ressources.

Les théoriciens classiques et néoclassiques ont


consacré une grande partie de leurs travaux à
souligner l’efficacité du marché.
2.1. Les penseurs classiques :

Adam Smith, dans la richesse des nations (1776),


utilise la métaphore de la « main invisible » pour
illustrer le fait que le marché, où s’expriment
librement tous les intérêts individuels, est le meilleur
moyen de satisfaire l’intérêt général, même si ce
n’était pas son but initial.
Jean-Baptiste Say dans sa Loi des débouchés
(1783) démontre que ce marché est naturellement
équilibré puisque l’offre crée sa propre demande
Il y a donc chez ces penseurs classiques la
conviction que l’Etat ne doit pas intervenir sur l’offre
et la demande.
2.2.Les penseurs
néoclassiques:
Ils expriment ce même attachement aux vertus autorégulatrices
du marché.
Le suisse Walras (1834-1910) va très loin dans la formalisation
mathématique de cet équilibre par le marché dans sa théorie de
l’équilibre général , où il se fonde sur une interdépendance de
tous les marchés et décrit les conditions d’une concurrence
pure et parfaite.
De même l’autrichien Hayek (prix Nobel 1974) affirme dans son
œuvre que le marché est la réponse la plus efficace aux
problèmes de régulation des sociétés complexes.
Pour ces penseurs néoclassiques, la seule intervention étatique
souhaitable est celle qui vise à garantir le bon fonctionnement
des marchés et le respect des règles de la concurrence (lois
antitrust).
3) Un système dynamique fondé
sur l’innovation
Ce qui semble le plus distinguer le système
capitaliste par rapport aux formes d’économie qui
l’ont précédé, c’est que c’est un système dynamique,
alors que la création de richesses avant le XVIIIème
siècle était stationnaire à long terme.
C’est un système dynamique parce qu’il est fondé
sur l’innovation : nouveaux moyens de production,
nouveaux produits, nouvelles organisations du
travail, nouvelles énergies … Et cette innovation
permanente donne une impulsion à la machine
capitaliste qui engendre la croissance.
L’économiste qui a particulièrement étudié ces
impulsions données par les innovations à la
croissance est l’autrichien Joseph Schumpeter
(1883-1950). Les innovations arrivent par vagues,
lancées par des entrepreneurs leaders qui sont eux-
mêmes imités. Ces innovations sont à l’origine de
cycles longs de croissance.
4) Des rapports de production
spécifiques : accumulation du
capital et salariat
Le système capitaliste est enfin à l’origine d’un nouveau type
de rapports de production entre capital et travail:
Le facteur capital qui est entendu ici au sens de capital
technique (outil de production), occupe une place centrale dans
le système capitaliste à travers le processus d’accumulation du
capital, qui consiste à accroitre et améliorer toujours plus l’outil
de production, pour réaliser des profits maximaux. Ce capital
est l’objet d’une appropriation privée.
Et le facteur travail est lui caractérisé par une nouvelle
situation juridique et sociale pour les travailleurs, qui est
l’obligation de vendre par contrat leur force de travail aux
propriétaires du capital.
Karl Marx (1818-1883) s’est particulièrement attaché
à l’analyse de ses nouveaux rapports de production
propres au capitalisme, pour souligner leur caractère
injuste et conflictuel (ils engendrent la confiscation
de la plus value par les propriétaires du capital et
l’exploitation du prolétariat par ceux-ci).
Luc Boltanski dans son ouvrage Le nouvel esprit du
capitalisme (1999) confirme que l’accumulation du
capital et la vente par les travailleurs de leur force de
travail aux propriétaires du capital , sous la forme
aujourd’hui pacifiée du salariat, sont bien deux
principes invariants du capitalisme
B) une évolution du système
dans le temps,
1) Du capitalisme commercial,

2) au capitalisme industriel

2) jusqu’ au capitalisme financier


1) Du capitalisme commercial
• De la fin du Moyen Age au XVII ème siècle se développe
un capitalisme commercial où la figure du capitaliste
s’apparente aux grands marchands, qui exercent en
même temps des fonctions de banquier.
• Le protestantisme qui justifie le commerce et le prêt à
intérêt soutient ce développement des activités
commerciales et financières.
• Ce capitalisme commercial trouve des conditions
favorables à son développement du fait des progrès de
la navigation, de la découverte du nouveau monde et de
l’abondance de métaux (or et argent).
• Le pays phare de ce capitalisme commercial est alors la
Hollande (compagnie des Indes).
• Mais ce « capitalisme », s’il engendre des profits
importants, ne concerne pas l’ensemble de la société et
des activités économiques et n’engendre pas la
croissance de la production que nous connaissons
depuis deux siècles.
2) Le capitalisme industriel
- Les caractéristiques de ce capitalisme industriel qui naît au
XVIII ème siècle sont :
- la réunion en un même lieu, « la fabrique », du travail et du
capital.
- La division du travail associée à l’accumulation du capital et à
l’importance du progrès technique à l’origine d’importants
gains de productivité.
- Des rapports de production caractérisés par la domination de
ceux qui possèdent l’outil de production sur ceux qui ne
disposent que de leur force de travail.
- Un système où le capital et les emplois sont assez stables
permettant d’élaborer des stratégies industrielles à long terme.
- Un système où l’ouverture internationale progresse mais reste
limitée par des remontées périodiques du protectionnisme (fin
du XIX ème siècle et années 1930).
- Le capitalisme industriel nait en Angleterre à la fin du XVIIIème.
3) Au capitalisme financier
Dans cette phase qui se développe à partir de la
décennie 1980, caractérisée par la globalisation
financière, c’est-à-dire la libération des mouvements
de capitaux à l’échelle mondiale et l’interconnexion
de tous les marchés financiers de la planète, les
marchés financiers prennent une place centrale dans
le système capitaliste.
Les actionnaires, devenus les premiers financeurs
industriels à la place des banques, exigent des
entreprises une rentabilité immédiate au détriment
des objectifs industriels à long terme et de la
stabilité de la main d’œuvre. Leur pouvoir de
pression sur les dirigeants d’entreprises est élevé
puisqu’ils peuvent rapidement retirer leurs capitaux.
Cette exigence de rentabilité immédiate
conduit à comprimer les coûts salariaux, les
charges sociales, à flexibiliser la main
d’œuvre ou à la délocaliser.

Enfin cela accroît la part des capitaux


étrangers dans le capital des entreprises
nationales (en France, plus de 40% des
actions des sociétés du CAC 40
appartiennent à des investisseurs étrangers).
C) la grande diversité des
modèles capitalistes dans
l’espace
1) Des facteurs qui favorisent le développement de
modèles nationaux différents du capitalisme

2) Différentes typologies qui renvoient à des


modèles nationaux différents de capitalisme
1) Des facteurs qui favorisent le
développement de modèles
nationaux différents du
capitalisme
L’extension géographique du capitalisme

L’échec du modèle d’économie planifiée

Des pays aux histoires différentes

Le développement plus ou moins important des


Etats providence
1.1. L’extension géographique
du capitalisme
C’est le développement des échanges
commerciaux internationaux qui favorise la
diffusion du système capitaliste à l’échelle
mondiale.
A partir du moment ou le capitalisme se
diffuse et pénètre des sociétés aux
caractéristiques très différentes
(démographie, ressources en matières
premières, infrastructures …) , il permet le
développement de nouveaux modèles de
capitalisme.
1.2. Des pays aux histoires
différentes
Le système capitaliste ne peut pas prendre les mêmes formes :

dans un pays récemment unifié comme l’Allemagne du XIX ème


siècle
dans un pays à l’histoire déjà multiséculaire comme
l’Angleterre,
de même il prendra encore une forme différente dans le Japon
impérial de la fin du XIX ème siècle qui s’ouvre à la modernité et
au reste du monde après de nombreuses années d’un repli sur
son territoire et ses traditions.
Enfin, le capitalisme prendra une forme spécifique dans les
anciens pays communistes d’Europe orientale à partir de la fin
du XX ème siècle.
Ou dans les économies émergentes qui décollent en ce début
de XXI ème siècle
1.3. L’échec du modèle
d’économie planifiée
Les économies planifiées des pays communistes du
bloc soviétiques se heurtent à des difficultés :
pénurie des principaux biens de consommation
(accent mis par le plan sur l’industrie lourde).
faible productivité agricole et industrielle et
insuffisante innovation (faible incitation à innover du
fait de l’absence de profit)
Sous développement des services,
Dès lors les écarts de niveau de vie se creusent
entre sociétés communistes et sociétés capitalistes.
La chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement
de l’URSS en 1991 vont progressivement entraîner le
passage de ces économies au modèle capitaliste.
1.4.Le développement plus ou
moins important des Etats
providence
Dans la seconde moitié du XX ème siècle, les Etats
développent une intervention plus ou moins grande
dans l’économie et la société et selon des
caractéristiques qui leurs sont propres.
Aux Etats Unis l’Etat reste moins interventioniste
qu’en France, en Allemagne et dans les pays
scandinaves.
Les dispositifs de protection sociale sont plus ou
moins universels et solidaires dans ces différents
pays (les systèmes inspirés du modèle de Bismark
[Fr, All] sont différents des systèmes inspirés du
modèle de Beveridge [RU]).
2) Différentes typologies qui
renvoient à divers modèles
nationaux de capitalisme

Modèle anglo-saxon et modèle rhénan (Michel


Albert)

Economies libérales de marchés et économies


coordonnées de marché (Peter Hall et David Soskice)

Modèles de capitalisme et secteurs institutionnels


(Bruno Amable)
2.1.Modèle anglo-saxon et
modèle rhénan
Michel Albert distingue en effet deux modèles de
capitalisme dans Capitalisme contre capitalisme
(1991) :
le capitalisme anglo-saxon

et le capitalisme rhénan.
Le capitalisme anglo-saxon

Le capitalisme anglo-saxon qui existe aux Etats Unis


et au Royaume Uni est caractérisé par :
- au plan économique, la primauté de la finance, la
logique du profit à court terme, et la volatilité des
capitaux;
- et au plan des rapports sociaux, la domination de la
logique individuelle, l’instabilité de l’emploi, la
priorité du contrat.
Le capitalisme rhénan

Le capitalisme rhénan, qui existe en Allemagne, en


Europe du Nord, en Suisse, au Japon, a pour
caractéristiques essentielles :
- Au plan économique, la priorité donnée aux objectifs
industriels à long terme, un actionnariat stable et
une forte interpénétration banque/industrie.
- Au plan social, la primauté des relations sociales
collectives, la stabilité de l’emploi, un dialogue social
constructif et apaisé entre syndicats de salariés et
employeurs.
2.2. Economies libérales de
marchés (ELM) et économies
coordonnées de marché (ECM)
Cette typologie dressée par les économiste britanniques Peter
Hall et David Soskice dans leur ouvrage Varieties of Capitalism
(2001) distingue donc les ELM et les ECM selon que le mode de
coordination principal, concernant le travail et le financement des
entreprises, est
le marché (pour les ELM)
ou les mécanismes publics (pour les ECM).

Les deux modèles ont pour cadre une économie de marché,


mais ce dernier (ECM) est plus ou moins associé à des
mécanismes de coordination publics. Cette typologie est très
proche de celle de Michel Albert, les ELM renvoyant au
capitalisme anglo saxon et les ECM plutôt au capitalisme
rhénan.
Les ELM (économies libérales
de marché)
Les ELM (économies libérales de marché) désignent des
économies où les décisions des agents économiques
dépendent entièrement du marché aussi bien sur le marché des
produits que sur celui du travail et sur le marché des capitaux.
Ce mode de coordination implique une instabilité des emplois
et une forte volatilité des capitaux, et impose une logique de
rentabilité à court terme ainsi qu’une forte capacité
d’adaptation des agents économiques.
Les ELM ont une bonne réactivité face aux chocs du marché, et
sont plus innovatrices (nouveaux produits, nouveaux
procédés).
L’Etat n’intervient que pour garantir le bon fonctionnement du
marché (respect de la concurrence).
Les Etats Unis illustrent ce modèle, ce qui traduit la proximité
de ce modèle avec le modèle anglo-saxon de Michel Albert.
Les ECM (économie
coordonnées de marchés),
Les ECM (économie coordonnées de marchés), sont des
économies de marché où l’Etat joue néanmoins un rôle
important pour encadrer le marché du travail et coordonner le
financement de l’économie.
Les relations entre salariés et employeurs sont caractérisées
par leurs stabilité (contrat à long terme, conventions
collectives), les salariés sont encouragés à rester longtemps
dans l’entreprise et à se former pour progresser dans la
hiérarchie de l’entreprise.
Le financement des entreprises repose essentiellement sur les
banques aussi bien prêteuses, qu’investisseuses, c’est donc un
financement stable.
Les ECM sont peu réactives face aux chocs du marché car
moins innovatrices.
Ce modèle peut être illustré par le cas de l’économie allemande.
On est donc proche du modèle rhénan de Michel Albert.
3) Modèles de capitalisme et
secteurs institutionnels (Bruno
Amable)
Dans Cinq capitalismes, diversité des systèmes
économiques et sociaux dans la mondialisation
(2005) Bruno Amable distingue quant à lui 5
modèles de capitalisme en se fondant sur 5 critères
de différenciation qui renvoient à 5 secteurs
institutionnels différents :
- le marché des biens et services,
- le rapport salarial,
- le secteur financier,
- la protection sociale
- et l’éducation.
Les caractéristiques principales de ces cinq modèles sont
donc;
- Pour le capitalisme fondé sur le marché (ex : EU) : un marché
des biens et services marchands très concurrentiel, la
compétition se faisant surtout sur les prix, un emploi très
flexible, un marché financier sophistiqué et des actionnaires
protégés, une protection sociale faible, et des faibles dépenses
publiques en matière d’éducation.
- Pour le capitalisme social démocrate (ex : pays scandinaves ):
une concurrence sur les marché des biens et services qui se
fait surtout sur la qualité, des politiques actives de l’emploi et
des syndicats forts, une faible sophistication des marchés
financiers, une forte concentration des banques qui sont très
actives dans le financement de l’économie, un haut niveau de
protection sociale, et d’importantes dépenses publiques pour
l’éducation (flexisécurité)
- Pour le capitalisme asiatique (ex : Japon): une concurrence sur
les prix et la qualité, une forte protection de l’emploi dans les
grandes firmes, mais un emploi flexible dans les petites
entreprises, rôle important des banques dans le financement
des entreprises, un marché financier peu sophistiqué, faible
protection sociale, une éducation de qualité mais peu financée
par l’Etat.
- Pour le capitalisme européen continental (ex : Allemagne,
France) : concurrence surtout sur la qualité, coordination
publique des marchés importante, forte protection de l’emploi,
avec une flexibilité externe limitée, une forte coordination de la
négociation salariale, des banques très concentrées jouant un
rôle important dans le financement de l’économie, une forte
protection sociale, une éducation homogène financée
largement par l’Etat.
- Pour le capitalisme méditerranéen (ex : Italie,
Espagne, Grèce, Portugal): Concurrence forte sur les
prix, importance du rôle coordonnateur de l’Etat sur
les marchés, dualisme du marché du travail (emploi
protégé uniquement dans les grandes entreprises),
rôle important des banques dans le financement de
l’économie, niveau modéré de protection sociale, et
dépenses publiques modestes pour l’éducation.
D) Vers une convergence des
capitalismes ?

1) La tendance à converger vers le modèle de


capitalisme financier anglo-saxon

2) Ce modèle de capitalisme financier est-il le plus


performant?

3) Pourtant malgré cette tendance à la convergence


des disparités subsistent
1) La tendance à converger vers
le modèle de capitalisme
financier anglo-saxon

Les facteurs de convergence

Vers un modèle mondial de capitalisme financier


1.1. Les facteurs de
convergence

La mondialisation

La globalisation financière

Les bonnes performances du capitalisme anglo-


saxon
La mondialisation

Les entreprises adaptent leur stratégie à une


concurrence devenue mondiale et les Etats
éprouvent de plus en plus de difficulté à maintenir
une forte protection sociale accompagnée de
prélèvements sociaux élevés pour des raisons de
compétitivité.

Le modèle de flexibilité va donc s’étendre sur les


marchés du travail de tous les pays.
La globalisation financière

La libération des mouvements de capitaux,


l’interconnexion entre toutes les places financières
font que l’on peut parler d’un marché financier
mondial sur lequel les capitaux sont extrêmement
volatiles.

L’importance prise par les capitaux étrangers dans


les économies nationales tend à effacer les
spécificités nationales au profit d’une logique
mondiale de rentabilité immédiate, peu soucieuse
des particularités des différentes organisations
productives nationales.
1.2. La tendance à la
convergence
Déréglementations convergentes

Généralisation d’un capitalisme actionnarial


Déréglementations
convergentes
On a pu effectivement observer un
rapprochement des grandes économies vers
le modèle de capitalisme anglo-saxon au
cours de la décennie 1980.
Ce rapprochement a pris la forme dans ces
pays d’une dérégulation financière qui a
commencé aux Etats Unis et s’est étendue en
plusieurs étapes à bien d’autres pays.
Dès 1979, des mesures prises aux EU et au
Royaume Uni mettent fin au contrôle des
mouvements de capitaux avec l’étranger et
déréglementent les marchés monétaires et le
marché des actions.

Puis, EU et RU ont libéralisé les marchés


obligataires facilitant le financement de leurs
déficits budgétaires par le placement de
leurs bons du trésor auprès d’investisseurs
étrangers.
A partir de 1986 les marchés des actions se
sont libéralisés dans l’ensemble des pays
développés (en France la réforme des 3 D
désintermédie le financement de l’économie,
déréglemente et décloisonne les marchés de
capitaux).
Et à partir de 1990 ce sont les marchés
financiers des pays émergents qui se sont
déréglementés et développés.
Généralisation d’un capitalisme
actionnarial
Cette dérégulation a rapproché ces
différentes économies du modèle financier
anglo-saxon.
Ainsi, l’économie française, que Bruno
Amable classe plutôt dans le modèle
européen continental à forte protection de
l’emploi, ouvre le capital de ses sociétés aux
actionnaires étrangers, connaît une
précarisation notable de son marché du
travail et découvre la menace des
délocalisations …
De même en Allemagne, le modèle rhénan
s’efface progressivement sous le coup de
l’endettement de nombreuses entreprises
allemandes, à l’origine de faillites, et il laisse
se développer un capitalisme actionnarial qui
remet partiellement en question la stratégie
industrielle de long terme et la stabilité des
emplois.
2) Le modèle anglo-saxon plus
performant ?
Les Etats Unis enregistrent depuis l’après
seconde guerre mondiale, une croissance en
moyenne plus forte que celle des autres pays
capitalistes.
Et la croissance du PIB Britannique a été
parmi les plus fortes en Europe depuis le
début des années 1990.
Cela encourage un nombre croissant de pays
à adopter de système.
Pourtant ce modèle vulnérabilise les économies qui l’adoptent
et la récente crise financière est le produit du capitalisme
financier.
De nombreuses critiques contestent aujourd’hui les mérites de
ce modèle, remettant en cause :
les mécanismes de contrôle et de surveillance défaillants,
l’écart entre la valeur de l’action et la valeur réelle des
entreprises,
la confiscation du profit par l’actionnaire qui risque de ralentir
l’innovation,
le partage de la valeur ajoutée trop défavorable aux salariés qui
pourrait affaiblir leur productivité ….
L’absence de vision industrielle et environnementale à long
terme
La précarisation excessive du marché du travail
Ces critiques redonnent de la légitimité au modèle rhénan et
risquent de ralentir la diffusion du modèle libéral anglosaxon.
3) Malgré cette tendance à la
convergence, des disparités
subsistent

Des disparités entre grandes régions économiques

Des disparités culturelles


2.1. Des disparités régionales
La régionalisation des échanges au sein d’unions douanières
ou de marchés communs (Union européenne, ALENA,
MERCOSUR, ASEAN …) développe des zones économiques de
convergence dont l’UE est le meilleur exemple.
Ces zones s’homogénéisent en leur sein, mais gardent leur
spécificité à l’égard des autres zones régionales.
Un capitalisme européen ?
Un capitalisme asiatique ?
Un capitalisme européen ?
Des Etats affaiblis puisqu’ils perdent la souveraineté
monétaire au profit de la BCE qui privilégie en
principe la stabilité des prix et sont limités dans
leurs politique budgétaire par le pacte de stabilité.
Une conception de la concurrence très proche des
néoclassiques (concurrence pure et parfaite) : lutte
contre les ententes, limitation des concentrations et
ouverture des services publiques à la concurrence),
au profit des consommateurs (prix plus bas, plus de
choix et de qualité).
On peut aussi identifier un capitalisme asiatique dont
les caractéristiques seraient les suivantes :
Un capitalisme extraverti: Importance des
investissements étrangers; Une croissance tirée par
les exportations; Des transferts de technologie en
provenance des pays depuis longtemps développés
L’importance du rôle de l’Etat: Un Etat
protectionniste, Un Etat entrepreneur (secteur public
important), Un Etat qui contrôle les mouvements de
capitaux et de change
Des conséquences sociales et écologiques non
maîtrisées : Une montée des inégalités sociales; Une
urbanisation non maîtrisée (ex : Shangaï);Des
accidents écologiques .
2.2. Des disparités culturelles

L’expérience danoise de flexicurité combine une forte flexibilité


sur le marché de l’emploi avec un haut niveau d’indemnisation
des chômeurs et une grande importance donnée à la formation
des chômeurs. Cette expérience se traduit par un taux de
chômage très faible.

On s’est donc interrogé sur la possibilité d’adapter ce modèle à


la France, qui associant forte protection de l’emploi à une
modeste indemnisation des chômeurs, ne parvient pas à
baisser sensiblement son taux de chômage.

Mais toutes les réflexions menées en ce sens concluent


toujours à la difficulté d’adapter ce modèle à la France.
Les chercheurs Pierre Cahuc et Yann Algan (La société de
défiance 2008 Ed Rue d’Ulm) , dont les travaux s’appuient sur
des enquêtes d’opinion internationales, expliquent la difficulté
d’appliquer ce modèle à la société française, parce qu’ils
établissent une corrélation entre le degré de confiance des
citoyens dans les institutions (Etat, syndicats ….) et la
protection de l’emploi.

Les populations les plus confiantes dans leurs institutions sont


prêtes à accepter une plus grande flexibilité en échange d’une
meilleure indemnisation (cas des danois), par contre les
populations plus méfiantes comme les français n’y sont pas
prêtes, préférant un marché du travail rigide au risque d’être
plus longtemps au chômage.

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