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Plan

Introduction

Au cours des années 1960-70, l’agriculture à l’échelle mondiale s’est modernisée par
une augmentation d’intrants chimiques, par une nouvelle génération de machinerie lourde,
et par des monocultures à haut rendement (Evenson et Gollin, 2003). Cette dite « révolution
verte » a procuré une augmentation considérable des rendements de cultures céréalières
telles que le blé et le riz (FAO, 1996).

Cependant, vers la fin des années 1980, plusieurs ont constaté que cette intensification des
pratiques agricoles entraînait des nouveaux problèmes liés à la dégradation des sols et à la
résistance des insectes ravageurs et des phytopathogènes (Halberg et al., 2009; Pingali et
Rosegrant, 1994). Dans plusieurs cas, les producteurs ont répondu à ces nouveaux défis en
augmentant davantage leur épandage d’intrants chimiques, causant une contamination
importante de leur environnement et des problèmes de santé chez les
populations environnantes (Giovannucci, 2005; Pingali et Rosegrant, 1994; Shiva,
1992). Plus spécifiquement, la révolution verte a conduit à l’érosion et la compaction des
sols, à la baisse des nappes phréatiques, à la contamination des eaux souterraines par
le nitrate et à la salinisation des eaux douces en milieux arides (FAO, 1996; Singh, 2000;
Pingali et Rosegrant, 1994).
Outre le fait qu’elle a eu un impact négatif sur l’environnement, la révolution verte a
également exclu les producteurs plus pauvres pratiquant une agriculture à petite
échelle (Halberg et al., 2009; Holt-Giménez, 2006; Shiva, 1992). En effet, le succès de
cette révolution verte dépendait de l’association de plusieurs facteurs : l’accès au crédit,
l’accès aux intrants chimiques, l’utilisation de machinerie lourde et de systèmes
d’irrigation (Holt-Giménez, 2006). La combinaison de tous ces facteurs était cependant
inaccessible pour la majorité de la population mondiale, dont la majorité vivent en région
rurale et où l’agriculture représente la principale source de revenus (Holt-Giménez, 2006;
World Bank, 2012).

De plus, la révolution verte n’a pas contribué à la sécurité alimentaire dans les pays en
développement (Halberg et al, 2009; Parrot et Marsden, 2002). En effet, bien que la
production globale de nourriture ait augmenté, sa distribution est demeurée inégale. Ce fut
le cas dans plusieurs pays, tels que l’Inde, qui produit une quantité suffisante de nourriture
pour alimenter sa population, mais où la répartition inégale des terres entre les producteurs
n’a pas permis de conduire à une augmentation de la sécurité alimentaire (FAO, WFP et
IFAD, 2012; Halberg et al., 2009; Shiva, 1992).

De nos jours, l’agriculture est encore marquée par les pratiques agricoles de la
révolution verte. L’amélioration des rendements passe encore essentiellement par
des avenues scientifiques et technologiques, comme l’introduction d’espèces
génétiquement modifiées (OGM) (Azadi et Ho, 2010; Halberg et al., 2009). Or, l’accès des
pays en développement aux développements technologiques demeure faible. D’ailleurs,
les récentes augmentations de productivité enregistrées dans les pays en
développement ont été davantage associées à l’expansion des terres agricoles, bien
souvent en régions marginales, ce qui contribue à la déforestation, plutôt qu’à une
augmentation des rendements à l’hectare (Evenson et Gollin, 2003; FAO, 1996).

Une autre menace globale guette l’agriculture dans les pays en développement : les
changements climatiques. L’agriculture est le secteur qui est le plus vulnérable
aux changements climatiques (GIEC, 2007). En effet, il est reconnu que les rendements
agricoles des régions situées aux basses latitudes, dont la majorité sont des pays en
développement, seront négativement affectés par une élévation des températures et la
diminution des précipitations (Schmidhuber et Tubiello, 2007; World Bank, 2012). D’ailleurs,
les prévisions indiquent que l’avancement des terres arides, ces terres plus vulnérables
aux pratiques agricoles en raison de leur faible productivité et de leur ressources en eau
limitées, mènera à une perte considérable de terres arables (Schmidhuber et Tubiello,
2007; GIEC, 2007).

Finalement, dans plusieurs régions côtières, l’élévation du niveau de la mer réduira la


disponibilité de l’eau douce pour l’irrigation, particulièrement pour les grands deltas d’Asie
et d’Afrique (GIEC, 2007; Schmidhuber et Tubiello, 2007). Par conséquent, les pays en
développement doivent se tourner vers une agriculture plus durable qui augmenterait
leur capacité d’adaptation face aux changements climatiques (Borron, 2006).

Pour les pays en développement, il ne s’agit donc plus de penser le modèle agricole
uniquement sur la productivité, mais bien de le repenser en intégrant des
préoccupations de durabilité, de résilience et d’accessibilité aux petits producteurs.
L’agriculture biologique, qui vise une exploitation durable des ressources locales et
le maintien de la santé de l’environnement et des travailleurs, peut constituer une
solution pour une agriculture durable adaptée aux besoin des pays en développement
(Badgley et al., 2007; Halberg et al., 2009; IFOAM, 2009). Dans un contexte de
changements climatiques, cette avenue est d’autant plus prometteuse qu’un nombre
important d’études ont montré que lors de périodes de sécheresse, les systèmes agricoles
biologiques ont des rendements supérieurs aux systèmes agricoles conventionnels
(Giovannucci, 2005; Gomiero et al., 2011; Pretty et al., 2003; Scialabba et Müller-
Lindenlauf, 2010).

L’agriculture biologique représente un moyen pour pérenniser les bénéfices


économiques et sociaux de l’agriculture, et ce modèle agricole présente donc une voie
prometteuse de développement durable.

Afin d’explorer cette proposition, l’objectif de cet essai est d’identifier les conditions et
les stratégies qui permettraient de faire de l’agriculture biologique une voie de
développement réaliste et durable pour les petits producteurs des pays en développement.
Dans cet essai, le terme « pays en développement » englobe les pays les moins avancés,
dont les populations vivent dans une extrême pauvreté, mais également les pays
émergents, qui connaissent une croissance économique rapide et une forte
industrialisation (ONU, 2011; PNUD, 2013). Ces pays qualifiés d’émergents, tels que le
Mexique, l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, et l’Afrique du Sud, abritent également
un grand nombre de producteurs à statut précaire qui pratiquent une agriculture de
petite échelle (PNUD, 2013; Willer, 2012).

I- Classification conceptuelle

L’agriculture biologique créée une convergence entre les objectifs de conservation de la


biodiversité, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de réduction de la
pauvreté. Elle offre des garanties durables de protection de la santé et de l’environnement
en n’utilisant pas de produits nocifs, maintient une biodiversité importante, augmente la
fertilité du sol et est plus résistante en cas de changement climatique. Elle est basée sur
l’activité biologique du sol, considérant que l’équilibre de ce milieu vivant dépend de celui
des plantes, des animaux et des hommes. Au cœur de la modernité agronomique, elle
s’appuie sur des techniques complexes de connaissance des sols, de nutrition des plantes, de
biologie des maladies et parasites et des symbioses entre plantes et micro-organismes. Elle
doit définir les espèces les plus adaptées aux modes de production biologiques et améliorer
les cycles de rotation des cultures en approfondissant sa connaissance du cycle du vivant.
Elle développe des pratiques innovantes en matière de fertilisation verte, d’association des
cultures et de rotation. Sa finalité est de mettre les plantes dans une situation telle qu’elles
bénéficient de conditions optimales pour se nourrir à partir des éléments naturels du sol. En
AB, les plantes sont nourries par les composés minéraux transformés par les micro-
organismes à partir des matières organiques du sol. Il s’agit de « nourrir le sol pour nourrir la
plante ». L’agriculture biologique est liée à la vie du sol, alors qu’en agriculture «
conventionnelle », les fertilisants sont solubles dans l’eau et directement assimilables par les
plantes (annee ?Terra symbiosis).

Contrairement aux critiques qui affirment qu’il s’agit d’un retour à l’agriculture de nos
grands-parents ou que la majeure partie de l’agriculture africaine est déjà biologique, que
cela ne peut pas fonctionner, l’agriculture biologique est une combinaison sophistiquée de
sagesse ancienne et d’innovations écologiques modernes qui permettent d’aider à maîtriser
les effets générateurs de rendement des cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la
synergie des cultures (Source : Sidwaya). L’agriculture biologique est une combinaison
sophistiquée de sagesse ancienne et d’innovations écologiques modernes qui permettent
d’aider à maîtriser les effets générateurs de rendements des cycles nutritifs, les insectes
bénéfiques et la synergie des cultures.

II- Aperçu de l’agriculture biologique au Burkina Faso

L’agriculture biologique est présente au Burkina Faso sous sa forme moderne depuis plus de
20 ans avec un potentiel intéressant. Cependant les initiatives locales existantes, qui
satisfont une clientèle ciblée, présentent l’inconvénient de reposer sur une confiance
réciproque difficile à conserver à plus grande échelle (http://www.autreterre.org).

Reconnaissons que malgré le chemin parcouru et les ‘success stories’ le


développement de l’agriculture écologique et biologique sur le contient africain, et en
Afrique de l’Ouest en particulier, est encore confronté à de nombreux défis dont la :

- la recherche, la documentation et la communication sur les avantages de


l’agriculture écologique et biologique ;
- l’insuffisance d’infrastructures de connaissances (recherche, vulgarisation,
enseignement) sur l’agriculture écologique et biologique ;
- la dépendance de l’agriculture écologique et biologique des systèmes semenciers
conventionnels;
- le coût élevé de la certification bio et des produits issus de l’agriculture
biologique;
- l’inexistence ou insuffisance du marché intérieur;
- le manque d’information et d’engagement des consommateurs dans la promotion de
l’agriculture écologique et biologique ;
- la perception dominante erronée de l’agriculture écologique et biologique comme
une option de luxe, moins pertinente pour l’Afrique ;
- l’absence ou manque de politiques nationales en faveur de l’agriculture
écologique et biologique ;

III- Avantages de l’agriculture biologique

Environnementaux

• Impact positif pour la biodiversité car l’AB s’inscrit dans un paysage diversifié et
conservation des sols en maintenant leur fertilité

1. Plus généralement, l’organisation de rotations longues et diversifiées, une répartition


adaptée des cultures dans les territoires, l’utilisation de cultures associées, l’implantation de
couverts intermédiaires, l’utilisation de variétés moins sensibles aux maladies, la diminution
des pesticides et l’utilisation de la fertilisation minérale sont autant d’éléments importants
pour la biodiversité. Elle s’efforce d’utiliser une gamme élargie d’espèces et de variétés et de
choisir les espèces animales et végétales adaptées au terroir et conditions naturelles.

2. En retour, la biodiversité apporte un service écologique en améliorant la qualité des


productions, la fertilité des sols, le contrôle de ravageurs des cultures et la pollinisation. Elle
permet de maintenir une vie biologique active du sol : vers de terre, micro-organismes,
enzymes et flore sauvage.

3. D’autres services, par exemple la qualité des paysages et des zones sauvages, n’ont pas
de bénéfice direct pour l’agriculteur mais profitent à l’ensemble de la collectivité.

• L’agriculture biologique permet de renforcer la sécurité hydrique dans plusieurs


domaines : qualité de l’eau potable, diminution des besoins en irrigation des sols biologiques
et augmentation des rendements dans des conditions de stress hydrique dû à la variabilité
climatique.

Diminution des gaz à effet de serre (GES)

A travers l’utilisation du compost et des légumineuses, l’agriculture durable ne fait pas appel
aux engrais chimiques et est autosuffisante en azote. L’agriculture biologique est deux fois
moins gourmande en énergie que l’agriculture intensive, à surface égale, en excluant les
pesticides et surtout les engrais chimiques. Or 1 tonne d’azote nécessite 1,4 tonne
équivalent pétrole. Comme l’AB apporte moins d’azote que l’agriculture intensive, les sols
émettent moins de protoxyde d’azote, émis à 75% par l’agriculture et contribuant 310 fois
plus au réchauffement climatique que le CO2. La méthode de compostage, contrairement
aux méthodes de stockage traditionnelles de déchets organiques émettant du méthane par
fermentation anaérobie, n’émet que très peu de méthane car il implique une fermentation
en présence d’air. Les émissions de N2O sont moindres, en raison aussi de la rotation des
cultures (amélioration de la structure des sols) et de l’aération des sols.

Séquestration des gaz à effet de serre (GES)

L’agriculture durable, à travers l’utilisation du fumier végétal et animal, les méthodes de


conservation des sols à travers la rotation et le mélange des cultures, et les techniques de
compost (qui améliore la masse organique) peut freiner l’érosion et la dégradation des sols
et permet de stabiliser le carbone dans le sol. La fertilité des sols est ainsi maintenue et l’eau
est économisée.
Dans l’agriculture durable, la préparation de la terre par brûlis et déforestation est aussi
réduite au minimum. Même si ce type d’agriculture a souvent besoin de plus de surface pour
le même niveau de production, cet argument est compensé par la dégradation des sols de
l’agriculture « classique ».

Economiques
L’agriculture biologique, en limitant l’utilisation des intrants, nécessite un besoin de main
d’œuvre supplémentaire et ainsi, stimule le développement rural, en créant des revenus et
des emplois. Dans les espaces ruraux devenus insuffisamment concurrentiels, elle permet
une occupation des territoires et au renforcement d’une activité socio-économique.

Rendement : L’agriculture biologique a souvent des rendements moins importants, mais ces
différences sont très variables selon les productions. Les écarts sont plus importants pour la
production de céréales que pour l’élevage laitier. Dans des pays qui pratiquent une
agriculture majoritairement extensive, les rendements de l’agriculture biologique sont
souvent similaires.

Dans les pays en voie de développement, l’agriculture biologique permet d’augmenter les
rendements, souvent très bas, grâce aux techniques de compostage, l’utilisation d’engrais
verts et des systèmes permettant de mieux retenir l’eau. Certaines expériences, dont celle
de Pierre Rabhi au Burkina Faso, a permis de doubler, voire tripler les rendements des
cultures vivrières des paysans.

Toutefois, les cultures biologiques, étant plus résistantes, apportent des rendements
supérieurs en cas de sécheresse, inondations ou autre déséquilibre climatique.

De plus, l’agriculture intensive ayant causé la dégradation des sols, ce « manque à gagner »
est compensé par la productivité plus faible dans certains cas de l’AB. La recherche pourrait
améliorer ses rendements (99% de la recherche finance aujourd’hui l’agriculture classique).

Par le biais de la promotion de chaînes de valeur biologiques, l’expérience d’Helvetas


confirme ce potentiel. Depuis 2002, Helvetas appuie les organisations de producteurs de
coton au Mali et plus récemment au Burkina Faso, au Sénégal et au Bénin dans la
conversion de leur exploitation en production bio et dans l’accès aux marchés et salons bio.
En 2009, quelque 14.000 petites exploitations agricoles certifiées participaient à ces
programmes. Une étude d’impact au Burkina Faso démontre que la conversion à
l’agriculture biologique a amélioré les revenus des agriculteurs, le niveau de sécurité
alimentaire et le niveau de vie en général (Pineau 2009). En plus du coton, des cultures de
rotations et des cultures associées telles que le sésame, le karité, l’hibiscus, les légumes secs
et le fonio sont produits de manière biologique et vendus sur les marchés nationaux et
internationaux ().

Une étude menée au Kenya a démontré que dans les zones à fort potentiel (c’est-à-dire avec
des précipitations importantes et une bonne qualité de sol), la production bio est moins
élevée que la production conventionnelle. Dans les zones arides, régions plus pauvres ayant
une piètre qualité de sol, la production bio dépasse systématiquement celle des agriculteurs
conventionnels. C’est dans les régions pauvres frappées par la sècheresse où les problèmes
de famine sont les plus graves, que l’AB peut contribuer grandement à améliorer la sécurité
alimentaire, en Afrique subsaharienne, par exemple.
Une étude sur 7 ans portant sur 1000 fermiers cultivant 3200 ha dans le district de Maïkaal,
dans le centre de l’Inde, établit que la production moyenne de coton, de blé et de piment
était jusqu’à 20 % plus élevée dans les fermes biologiques que dans les fermes
conventionnelles de la région. Les agriculteurs et les scientifiques agricoles attribuent les
rendements plus élevés dans les fermes bio de cette région sèche aux cultures de
couverture, au compost et à d’autres pratiques qui augmentent la teneur en matière
organique (qui aide à retenir l’eau) dans les sols.

Le marché de l'alimentation bio et ses prix plus élevés attirent les petits pays, selon Nadia
Scialabba, spécialiste de l'agriculture biologique pour la FAO, l'organisation des Nations unies
pour l'alimentation et l'agriculture. Ce marché est possible "pour de très petits pays qui ne
sont pas compétitifs en quantité, mais qui voudraient l'être en qualité", résume-t-elle. Le
marché mondial du bio était estimé à 44,5 milliards d'euros en 2010, selon les chiffres de
l'Institut de recherche sur l'agriculture biologique et la Fédération internationale des
mouvements de l'agriculture biologique (Ifoam).

3.1- Maintien de la biodiversité

3.2- Amélioration des propriétés des sols

3.3- Protection des eaux

3.4- Economie d’énergie

3.5- Avantages climatiques

3.6- Avantages sanitaires

3.7-
IV- Inconvénients de l’agriculture biologique

- Intrants biologiques limités


- Coûts élevés de recherche/ information/ contrôle liés à l’après production et aux
transactions
- Différences d’évolution des normes selon les régions
- Manque de ‘dispositif ’ institutionnel pour transmettre les informations et données
relatives aux marchés export
- Spécificités de commercialisation (ICROFS ; février 2010).

a. Les limites techniques

Malgré tout l’intérêt de l’agriculture biologique, notamment pour ce qui est des résultats
qualitatifs, la régularité et de l’homogénéité, les résultats techniques qui concernent les
rendements quantitatifs de la plupart des cultures biologiques sont inférieures à ceux de
l’agriculture conventionnelle.

De plus, l’agriculture bio élimine beaucoup de risques sanitaires induits par l’usage de
certains intrants chimiques, mais elle introduit aussi des facteurs de risques liés à certaines
pratiques :

- l’interdiction des fongicides chimique entraîne le risque de présence de mycotoxines dans


les aliments ;

- l'emploi de fertilisants organique peut amener des germes pathogènes pour l'homme;
c'est vrai aussi en agriculture classique ;

- l'emploi de médicaments homéopathiques doit être subordonné à une vérification de


leur efficacité réelle, c'est pourquoi l'usage ne fait pas consensus parmi les agriculteurs bio.

- l'interdiction d'emploi de désherbant entraîne parfois l'augmentation des travaux


culturaux d'où une augmentation de la dépense énergétique par unité produite (en
contradiction parfois avec la notion de développement durable).
b. Les limites financières

L’agriculture biologique est contrainte à réaliser sans cesse une recherche d’amélioration
qualitative par une recherche d’alternatives aux comportements de l’agriculture
productiviste, ceci grâce à des expertises pluridisciplinaires et le partage des expériences.
C’est la mise en œuvre concrète d’une alternative pour les agriculteurs productivistes qui
sont soumis à la pression commerciales des firmes agro-pharmaceutiques et des chambres
d’agricultures.

Par ailleurs la culture biologique a coûté beaucoup d’argent aux premiers agriculteurs
biologiques. En effet, contraints à devoir faire leurs preuves auprès des autres agriculteurs
désignés comme expert et de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants
Agricoles), ils ne pouvaient bénéficier des aides agricoles et de certains prêts.

Actuellement, les agriculteurs sont tenus de respecter un certains nombre de normes


environnementales de base, tel que le principe du pollueur-payeur, et ceci sans recevoir de
compensation financière. Seules les agriculteurs souscrivant à des engagements qui vont au
delà des bonnes pratiques agricoles peuvent prétendre à une rémunération.

De plus en 2006 chaque état de l'union européenne choisit les modalités d'attribution des
aides de la politique agricole commune (PAC). La France a établi un système d'aide nouveau
qui doit fonctionner jusqu'en 2013. Elle a choisi de calculer pour chaque agriculteur le
montant de ces aides en fonction de ses revenus moyens pendant les années 2000, 2001,
2002. Il découle de cette pratique délibérément choisie que les cultivateurs de céréales
subventionnés alors à 350 euros l'hectare, vont percevoir des aides, tandis que les
agriculteurs biologiques, mais aussi les éleveurs, de vaches laitières ou bétail de boucherie,
qui utilisent l'herbe comme fourrage, ne toucheront plus grand chose. Ceux qui choisissent
d'améliorer la qualité de l'eau et des produits agricoles sont ainsi sanctionnés.

Mais comme toute chose a ses bons et ses mauvais côtés, le bio présente aussi certains
inconvénients, dont le principal reste le prix. Selon l’INRA, les produits issus de l’agriculture
bio seraient en moyenne 30% plus chers que les produits conventionnels. Ce qui peut
pourtant s’expliquer par les rendements de production plus modestes, ou par le recours à
davantage de main d’œuvre, par la collecte et la distribution insuffisamment développées,
ou encore par le coût du contrôle et de la certification. On pourrait aussi parler de certains
inconvénients au niveau des cosmétiques bio : agissant moins vite, moins ciblés et
s’adressent plutôt à tous les types de peau, se conservent moins, et peuvent causer
certaines allergies…( http://www.grainesbio.com/).
 

V- Amélioration de la pratique de l’agriculture biologique

Avec la mise en place d’un label biologique (AB) selon un système participatif, les produits
biologiques seront à la portée du consommateur. Ce label permettra aux producteurs qui
produisent déjà de manière naturelle de certifier leurs productions à un coût raisonnable
permettant de vendre les produits sans surcoût et de trouver des débouchés
(http://www.autreterre.org). En ce sens l’agriculture biologique contribuerait à la création
d’emploi et l’amélioration des conditions de vie des producteurs. C’est pourquoi, la recherche
pour l’amélioration de la pratique de l’agriculture biologique au Burkina Faso en devrait être
une priorité.
Pour une amélioration de la pratique de l’agriculture biologique au Burkina Faso plusieurs
perspectives doivent être mises en œuvre tant sur le plan sous régional que national.
En effet, au niveau sous régional :
- il serait nécessaire de développer un standard régional ouest africain sur l’agriculture
biologique afin de baisser le coût de la certification et ouvrir la voie à la possibilité
d’un standard unique africain à moyen terme qui aura plus de légitimité politique en
terme d’accréditation par l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Japon qui
constituent aujourd’hui les principaux marché des produits biologique en particulier.
- la mise en place d’une coalition régionale dans l’optique d’intégrer des principes
et des valeurs de l’agriculture biologique dans les mécanismes et initiatives
régionaux de développement agricole (recherche développement,
vulgarisation-conseils, commerce).
- la mise en place d’un système régional d’information sur le marché pour les
produits de l’agriculture biologique et améliorer également les relations d’affaires
dans les chaînes de valeurs agricoles biologiques.
Au niveau national nous formulons les recommandations suivantes :
Institutionnalisation et orientation politique
L’intégration de l’agriculture biologique dans les lois et politiques d’orientation agricole et la
prise de décrets et d’actes administratifs valorisant le terroir, les paysages et de l’intégration
de l’agriculture et de l’élevage.
Il faudrait également la mise en place d’une politique de gestion des différentes filières de
production biologique : Cela favoriserait un cadre de concertation entre les acteurs de la
filière et l’Etat. En effet Les échanges d’informations agro-économiques constituent de nos
jours, de grands enjeux aussi bien pour chaque acteur de la filière que pour l’Etat. La mise au
point d’un cahier de charge de référence pour les producteurs s’intéressant à l’agriculture
biologique est aussi essentielle pour une meilleure pratique.

La promotion de l’agriculture biologique et de ses produits


Le développement d’un marché national, voire ouest africain des produits biologiques et
encourager la consommation interne des produits biologiques seraient nécessaires. La
création d’une foire dite « foire des produits bios » donnerait plus de visibilité aux produits
biologiques et encouragerait la conversion de certains producteurs indécis. De même cette
promotion passe par l’intégration des valeurs, principes et standards de l’agriculture
biologique dans les curricula de formation des agents de développement rural.

La promotion et renforcement des pratiques culturales indispensable en production


biologique
L’amélioration des rendements exige des producteurs certains aménagements et certaines
pratiques culturales :
- des aménagements antiérosifs : ils permettent de réduire la vitesse de ruissellement de
l’eau, par conséquent évite la formation des rigoles, donc de l’érosion hydrique ;
- des brises vents : protègent la parcelle contre les vents violant causant l’érosion
éolienne en emportant les parties les plus fines du sol ;
- l’amélioration et le maintien de la fertilité des sols par apport régulier de fumure
organique ;
- la construction des fosses fumières ou la pratique du compostage en andain
- la rotation et diversification des cultures ;
- l’emploi des variétés adaptées aux conditions agrocliamtiques ;
- Faire la promotion des ennemis naturels pour la lutte biologique : les ennemis naturels
des ravageurs des cultures aident le producteur à lutter contre ces derniers à travers
une régulation de leur nombre. Pour augmenter les populations d’ennemis naturels, il
est indispensable de préserver les habitats naturels des insectes utiles et des oiseaux.

Assurer une formation continue des agents dans le domaine de l’agriculture biologique
L’agriculture biologique est un type de production à haute intensité de connaissances. Par
conséquent, il est important de réactualiser à tout moment les connaissances des agents
d’agriculture chargés de former et d’appuyer techniquement les producteurs. L’Etat doit
s’engager également à donner des moyens aux agents afin qu’ils puissent suivre les
producteurs des produits biologiques et vulgariser de même les bonnes pratiques agricoles en
ce qui concerne l’agriculture biologique.

Formation et organisation de producteurs


Pour un meilleur fonctionnement, il serait nécessaire d’organiser les producteurs de chaque
filière de productions biologiques en groupement, cela favoriserait leur encadrement par les
agents, ainsi que la « certification de groupe » qui permet également par la même occasion
d’offrir des opportunités de renforcement du capital social et de contribuer au développement
rural au niveau communautaire. De même ces petits groupements de producteurs devraient
bénéficier de formations adéquates et plus performantes en matière d’agriculture biologique.
En outre, l’apprentissage horizontal, de paysan à paysan, doit être privilégié comme
méthode de transfert de connaissances.
En plus de ces formations, l’Etat devrait les appuyer en matière d’équipements et d’intrants à
travers des subventions, il faudrait aussi encourager les organismes qui offrent du
microcrédit à intégrer les petits producteurs biologiques à leur système bancaire. Il pourrait
également primer ceux qui respectent les techniques de production biologique en guise
d’encouragement, mais sanctionner les producteurs qui ne respectent pas les cahiers de
charge. L’Etat devrait favoriser les groupements de femmes et des jeunes en mettant en place
un mécanisme leur permettant d’avoir des crédits agricoles.
Impliquer la recherche dans l’agriculture biologique
Les institutions de recherche devraient s’impliquer davantage dans la recherche des méthodes
biologiques et la recherche de substances biologiques de lutte contre les ennemis des cultures
plus accessibles par tous les producteurs, ainsi que dans la sélection de variétés plus
résistantes.
.

I. Perspectives pour la promotion de la culture du coton biologique


au Burkina Faso
 Mise en place d’une politique de gestion d’une sous filière coton biologique
Cela favoriserait un cadre de concertation entre les acteurs de la filière et l’Etat. En effet Les
échanges d’informations agro économiques-constituent de nos jours, de grands enjeux aussi
bien pour chaque acteur de la filière que pour l’Etat.
 un meilleur dispositif organisationnel et institutionnel
 Améliorer la gestion interprofessionnelle
L’avènement du futur voulu pour une meilleure gestion de l’interprofession passe par :
- le renforcement des capacités de l’interprofession coton biologique;
- le renforcement de l’autonomie des producteurs pour une participation plus efficace à
la gestion de la filière ;
- la définition d’un statut légal et réglementaire de la gestion interprofessionnelle ;
 Améliorer le système de gestion des prix
- mettre en place une ligne de crédit pour le refinancement du Fonds de lissage ;
- définir au titre de chaque campagne, le niveau de prix d’achat du coton graine en
dessous duquel l’intérêt des producteurs ne sera pas acquis pour la culture du coton
biologique (seuil de prix catastrophe) ;
- améliorer le fonctionnement du mécanisme de lissage (intégration éventuelle de la
valeur des coproduits dans le mécanisme de fixation du prix d’achat du coton graine,
répartition des revenus) ;
- le renforcement de l’intervention de l’Etat pour supporter les déficits éventuels de la
filière.

 Améliorer la productivité
L’amélioration de la productivité au champ ne peut se réaliser qu’en agissant sur les facteurs
susceptibles d’engendrer des transformations qualitatives au niveau de l’appareil de
production. Ainsi, la stratégie globale est basée sur les axes ci-après :
- intensification de la production (gestion intégrée de la fertilité des sols, des ravageurs
et de l’eau ; favoriser l’accès aux intrants, aux équipements etc.) ;
- recherche-développement ;
- renforcement des capacités de production;
- encouragement la construction des fosses fumières ;
- réduction des coûts de production à travers les subventions par l’état ;
- amélioration et maintien de la fertilité des sols ;
- rotation et diversification des cultures ;
- sélection des variétés de coton adaptées aux conditions agrocliamtiques ;
- apport régulier de fumure organique ;
- aménagement anti érosif.
 Assurer une formation continue aux acteurs
L’agriculture biologique est un type de production à haute intensité de connaissances.
Par conséquent, il est important que les producteurs reçoivent un appui technique compétent
et opportun à travers des séances de formation.

 Assurer la formation des groupements et unités de producteurs de coton


biologique.

Des catégories d’acteurs dans la chaîne de production doivent bénéficier de formations


adéquates et plus performantes. Les acteurs de base que sont les producteurs, en plus de ces
formations, disposerons d’équipements et d’intrants leur permettant d’améliorer de manière
continue, entre autres, la production de coton. Des mesures nécessaires seront par ailleurs,
prises pour inculquer un ensemble de connaissances, compétences et aptitudes qui participent
de l’amélioration de leurs capacités à mieux exercer leurs rôles, fonctions et attributions, de
façon efficace et durable, et qui leur permettent de s’adapter aux nouvelles technologies de
production et de les maîtriser.
Photo : Séance de formation aux producteurs de coton biologique (Mathias Pineau 2009).

 organiser des voyages d’étude.


L’organisation des voyages d’étude est plus qu’indispensable. Le renforcement des
capacités, la maîtrise effective du système de production de coton biologique par les
producteurs devrait être une priorité majeure du programme coton biologique. Des séances de
formation, de sensibilisation et de partage d’expériences doivent être intensifiées à l’intention
des producteurs et techniciens d’encadrement.
 encourager les rencontres d'échange :
- les rencontres inter producteurs de coton biologique ;
- les rencontres producteurs coton biologiques et la presse ;
- les rencontres de présentation de bilan et de planification avec tous les partenaires ;
- les rencontres de concertation entre agents d’encadrement et partenaires techniques.
 Equiper les producteurs
Les intrants devront être placé à crédit auprès des producteurs ou le cout d’achat seront
réduits avec possibilité de paie à la fin de la campagne.
 Impliquer la recherche dans la production
L'implication des institutions de recherche dans la recherche des nouvelles méthodes de
lutte plus accessibles ainsi qu’à travers des politiques de vulgarisation des produits locaux. A
travers la recherche, les producteurs de coton biologique utilisent les graines de neem
(Azadirachta indica) pour la préparation du bio pesticide dans le cadre de la lutte contre les
ravageurs du cotonnier.
 Assurer la promotion des ennemis naturels pour la lutte biologique
Sur une aire biologique avec des cultures diversifiées, les ennemis naturels aident le
producteur à lutter contre les attaques des ravageurs. Pour augmenter les populations
d’ennemis naturels du cotonnier dans le champ, il est indispensable de préserver les habitats
naturels des insectes utiles et des oiseaux.

Conclusion
Les conditions naturelles, notamment le climat, parfaitement adaptées à l'horticulture constituent de
réelles chances pour le Sénégal (et pour d'autres pays africains) sur le marché biologique européen.

Malheureusement, dans ces pays, peu de choses sont faites pour la mise en place de
structures institutionnelles favorables à l'agriculture biologique qui permette la mise en
place d'un véritable interlocuteur des gouvernements pour la reconnaissance de leur label
par les pays importateurs. Le COSAB en tant qu'organisation mixte travaillera dans ce sens.

Avant tout, il est nécessaire que les producteurs fassent preuve d'un certain
professionnalisme qui leur permettrait de répondre à la demande, tant sur le plans qualitatif
qu'esthétique et de la régularité de la production. Pour cela, un programme adéquat de
formation devra être élaborer par le COSAB qui en sera le maître d'œuvre.

La commercialisation des produits biologiques au Sénégal souffre d'un certain nombre de


contraintes liées à l'importance de l'agriculture biologique. Parmi les contraintes on peut
noter l'inorganisation des acteurs de la filière, l'étroitesse des marchés internes, et les coûts
élevés des processus de certification.

Mais l'ouverture de marchés biologiques européens aux exportations (mangue, haricot,


bananes, fruits séchés, etc.) venant des pays comme le Burkina, la Guinée et le Sénégal, sont
des phénomènes encourageants pour le développement de la commercialisation des
produits biologiques en Afrique. Le développement de la commercialisation des produits
biologiques aura un impact certain sur le développement de l'agriculture biologique.

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