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CM8

– Connaissances des phénomènes sociaux



22 novembre 2021

Océane Pérona

Introduction à la sociologie des indicateurs

Outils servant à mesurer les inégalités sociales
- Nomenclature des PCS (profession et catégories sociales)
- Seuil / instruments pour mesurer la pauvreté ou la richesse

Existe-t-il des outils objectifs pour mesurer les inégalités ou va-t-on toujours devoir se
contenter d’instruments de mesure plus ou moins imparfait pour mesurer les inégalités ?

I. Penser la stratification sociale

1. Les deux approches de la stratification sociale

a. Approche qualitative ou discontinuiste

Dans cette perspective qualitative (ou discontinuiste) les groupes sociaux sont vu comme
séparés par des frontières (infranchissables ou quasiment infranchissables) ; il n’y a aucune
continuité entre les classes sociales.

Ex. La stratification par la profession

ð Pertinentes quand on s’intéresse à la profession et l’activité économique des individus.

b. Approche quantitative ou continuiste

Dans cette perspective on pense que les groupes sociaux diffèrent juste en grandeur, c’est-à-
dire qu’ils sont disposable sur un continuum qui va du moins au plus.

Ex. Stratification par le revenu

ð Pertinentes quand on s’intéresse à la quantité de ressources rares ou socialement
valorisées dont dispose les individus pour améliorer leurs conditions d’existences.
ð Mais aussi interessant quand il existe des gradations infinies entre les extrêmes.
___

Les approches qualitative de la stratification par la classe sociale 1 voit que les groupes
diffèrent dans la qualité. À l’inverse, les approches quantitative de la stratification par la classe


1 = groupe dont les membres possèdent assez d’éléments en commun et de différence à l’égard des autres

groupes pour avoir conscience de former un tout nettement distinct au sein d’une hiérarchie sociale
sociale on voit la société comme étant organisée selon un standard de strate hiérarchisée (pas
de rupture) ; on peut passer de l’une à l’autre.

2. Analyse marxiste et wéberienne de la stratification sociale

Les approches sont rattachés à des courants.

Approche qualitative de la stratification sociale = analyse marxiste

Approche quantitative de la stratification sociale = analyse wéberienne

a. Chez Marx

Le critère qui va définir la classe sociale c’est la propriété des moyens de productions.
Ø Les bourgeois possèdes les moyens de production et peuvent donc exploiter les
prolétaires qui eux ne possèdent que leurs propres forces de travail.
Ø Approche réaliste, ne prend pas en compte comment les individus se positionnent
dans la classe sociale

Mais il va dépasser cette vision réaliste en différenciant :
- Classe en soi
- Classe pour soi

Si la position dans le système économique créer la classe sociale (classe en soi), les individus
vont finir par avoir conscience de cette position, elle va s’imposer aux individus qui vont donc
avoir conscience de cette appartenance de classe et ils vont donc défendre leurs intérêts
(classe pour soi).

Donc finalement deux critères :
- Propriété des moyens de production
- Conscience et organisation de classe

On retrouve bien différents éléments de l’approche discontinuiste de la stratification sociale :
- Séparation stricte entre les groupes
- Rapport de domination
- Oppositions entre les classes sociales (rivalités)

b. Chez Max Weber

Pour lui, les classes sociales sont des groupes d’individus similaires qui partagent une même
dynamique sociale, qu’elle soit probable ou semblable. Les individus ne sont pas forcément
conscient de leur proximités et n’agissent donc pas forcément en commun.

Chez Weber, la stratification sociale découle de la division du travail.

Il a une approche très relativiste de la classe sociale, car pour lui ce n’est pas autre chose que
le groupement d’individus que le chercheur décide d’assembler en fonction de ses propres
critères.

De manière paradoxale, l’approche marxiste est beaucoup plus exigeante que l’approche
wéberienne, il dit qu’il faut des conflits radicaux entre les groupes.

L’approche wéberienne permet de montrer la stabilité des classes sociales dans le temps,
tandis que pour Marx s’il n’y a plus de conflit il n’y a plus de classe sociale.

Classe sociale :
- Groupes hiérarchiquement positionnés dans le système productif et hiérarchiquement
dotés (diplômes, relations, etc)
- Groupes caractérisés par des fortes identité de classe. Avec trois composantes :
o Identité temporelle (classe sociale permanente)
o Identité culturelle (implique le partage de références symboliques, mode de
vie, façon de faire, etc)
o Identité collective (capacité à agir collectivement de manière conflictuelle pour
défendre ses intérêts)

II. Les catégories socio-professionnelles en France

1. La construction de la nomenclature des professions et catégories sociales

À partir de 1850, on va introduire une distinction dans cette nomenclature entre salarié et non
salarié.

À partir des années 1930, on va introduire une distinction entre les salariés selon les postes
(chefs, employés, ouvriers, employés et ouvriers sans emploi, travailleurs isolés)

Cette nomenclature va continuer à évoluer jusqu’en 1980, où l’INSEE met en place la
nomenclature des professions et catégorie sociale qui est un élément central dans la
hiérarchie sociale et statistique.

Elle possède 4 logiques de construction :
- Logique en fonction du statut d’activité (travailleurs indépendant ou travailleurs
salariés). Ex. Médecins généralistes, traducteurs, artisans, commerçants, etc
- Logique de hiérarchie dans la vision du travail et qui distingue les emplois
d’encadrement de ceux d’exécutions.
- Logique de qualification, qui permet une distinction entre les ouvriers qualifiés et non
qualifiés
- Logique de secteur d’activité, qui permet la distinction entre emplois dans le secteur
du public et ceux du privé.

On hiérarchise selon des critères de nomenclature très précis

2. Les points aveugles de la nomenclature des professions et catégories sociales
(PCS)

Thomas Amossé.

Les professions occupées par les hommes sont beaucoup mieux décrites que les professions
féminines (professions qui historiquement ont été occupées par tel ou tel sexe).

Quand on regarde les nomenclatures de l’INSEE, les professions féminines sont trois fois moins
nombreuses que les professions masculines, mais en revanche elles ont un effectif trois fois
supérieur.
Ø Exemple. Les deux groupes les plus féminisés sont secrétaires et assistantes
maternelles regroupent 1,1 millions de personnes. La profession la plus masculine c’est
agent technique des eaux et forêt (98% d’hommes) ne représentent que 2000 salariés.
Cela veut dire qu’on va connaître les métiers masculins beaucoup plus finement que
les métiers masculins.

3. Le caractère construit de la classification : le cas allemand

Dans le système de classification reconnu par l’Allemagne, les employés représentent la
moitié de la population.
Ø Est-ce interessant pour un sociologue ? Non, car pas assez discriminant, trop large

Il ne faut pas oublier que ce sont des choix méthodologiques et des vérités théoriques, ce ne
sont pas des vérités absolues, on peut toujours faire autrement.

III. Différentes manières de mesurer la pauvreté

Quel seuil retient on pour mesurer la pauvreté ? À quel moment ne sommes nous plus
pauvre ?
- Revenu minimum dont il faut disposer pour participer à la vie sociale, qui nous permet
d’avoir des relations avec les autres telles quelles soient autre que simplement
‘survivre’
- Elle peut se définir de manière relative ou de manière absolue (définition par la banque
mondiale = pauvre quand on vit avec moins d’un dollar par jour)

1. La pauvreté monétaire relative du seuil de pauvreté

Définition de la pauvreté monétaire relative par l’INSEE : avoir un revenu inférieur à 60% du
revenu médian
Ø A savoir, en France il s’agit des familles monoparentales (35% des pauvres), les jeunes
adultes (24% des pauvres), les mineurs / enfants (20% des pauvres).

Est-ce toujours été ainsi ?
Ø Les pauvres après la 2GM ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui
Ø Le système de sécurité sociale et de retraite date de l’après guerre (1945). Car les
pauvres après la 2GM ce sont les séniors.

Pourquoi les retraités ne sont plus pauvres aujourd’hui ?
Ø 9 retraités sur 10 sont propriétaires de leurs logements.
Ø La retraite moyenne est de 1200€ par mois et donc supérieur au seuil de pauvreté.

Pourquoi les jeunes sont plus exposés à la pauvreté ?
Ø Aujourd’hui ce sont les jeunes adultes, car ils sont plus exposés au chômage que la
moyenne (2018 : 30% des 15-24 ans alors que c’était 9% de la population)
Ø Paul Chevalier, politique de la jeunesse en France.

De quoi vit on quand on ne travaille pas ?
Ø Aides de l’état
o APL
§ Critère d’imposition : revenu de l’étudiant vs prix du loyer
o Bourses
§ Critère d’imposition : revenu des parents
Ø Familiarisation de l’aide sociale : c’est d’abord aux familles d’assurer les revenus de
leurs enfants, l’état ne doit venir que compléter les aides de la famille.
Ø Tous les jeunes adultes ne sont pas des étudiants, et donc les non étudiants qui ne
possèdent pas de bourses d’études, possède les APL, mais leurs familles ont droits à
des aides fiscales (la famille les touches, pas le jeune)
o Dans le système français, les jeunes adultes sont toujours considérés comme
des enfants à charge

2. La pauvreté administrative

Définition de la pauvreté par les minima sociaux ; n’avoir que les minima sociaux pour vivre.

Aujourd’hui la plupart des pays européens garantissent un revenu minimum aux individus.

Quelles en sont les limites ?
Ø Diminution des ressources des pauvres car seuil à long terme
Ø Si on supprime les minima sociaux on supprime les pauvres (politique extrème)

Le montant des minima sociaux correspond aux montants minimales que la société accepte
de garantir aux individus les plus démunis mais cela ne correspond pas au revenir minimal
pour ne plus être pauvre.

Les minima sociaux, sont aujourd’hui en France, inférieur à 60% du revenu médian soit 700€
pour une personne seule en incluant les aides sociales.

3. La pauvreté en termes de conditions de vie

Pauvreté = impossibilité de consommer

La part de la population qui vit sous le niveau de vie minimum pour acheter des biens de
consommation indispensable.
Liste des consommations indispensables (non exhaustive)
- Logement
- Consommation alimentaire
- Hygiène : eau / électricité
- Santé
- Habillement
- Déplacement

Comment on s’y prend pour définir la pauvreté en terme de condition de vie ?
Ø On fait une liste de bien indispensable
Ø On va identifier les privations de ces biens en situation de manque de ressources
Ø On va considérer que, sont pauvres, les ménages qui vont déclarer au moins 3
privations. On va considérer que le seuil de pauvreté est le revenu de ces ménages.

Liste des privations ou difficultés matérielles qui permettent de déterminer l’indice de
pauvreté selon eurostats
- Arriéré de paiement de loyer, de facture d’eau et d’énergie pendant les 12 derniers
mois
- Ne pas pouvoir chauffer son logement
- Ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues
- Ne pas pouvoir consommer de la viande ou une autre source de protéine au moins
tous les deux jours
- Ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacance hors de son logement
- Ne pas posséder une machine à laver, un lave linge et un téléviseur couleur
- Ne pas posséder un téléphone
- Ne pas posséder une voiture

En France, cette définition de la pauvreté concerne 12% des personnes en 2016.

4. Le sentiment de pauvreté

Question dans des enquêtes menées par la direction de la recherche des études de
l’évaluation et de la statistique.
Ø Quel devrait être le revenu d’une personne seule pour vivre convenablement ?
o Environ 1500€ soit très largement supérieur au seuil de pauvreté (800€)
Ø Il y a une différence entre être pauvre et se sentir pauvre
o 13% des français se sentait pauvre en 2014 et 50% disaient avoir besoin de plus
d’argent

Le sentiment de pauvreté ne recouvre pas totalement la pauvreté monétaire réelle.
Ø Sentiment de pauvreté très diffusé chez les classes populaires, chez les ouvriers et les
employés, soit en emploie soit au chômage.
Ø Les familles monoparentales sont très touchées par la pauvreté et le sentiment de
pauvreté
Ø Un certain nombre de personne sont pauvre monétairement, vivent en couple mais ne
se sentent pas pauvre. Le fait de vivre en couple fait moins se sentir pauvre, la famille
a un effet protecteur
Les jeunes, sont très touchés par la pauvreté monétaire, mais se sentent moins pauvres que
les autres. L’explication est qu’ils ont confiance en l’avenir.

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