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Prise en charge respiratoire


de la personne avec une infirmité motrice
cérébrale ou polyhandicapée
A. Jouve

Les lésions cérébrales du sujet avec une infirmité motrice cérébrale (IMC) ou polyhandicapé peuvent
entraîner des troubles ventilatoires et respiratoires d’origines multiples : atteintes directes du fait des
dérèglements de la commande motrice, mais également du fait de différents facteurs pathologiques :
troubles de la déglutition, digestifs, orthopédiques. Différents aspects des traitements dont bénéficient
ces sujets sont susceptibles d’avoir des effets délétères sur leur ventilation. L’atteinte initiale du fonction-
nement de la pompe thoracoabdominale se complique en s’étendant à l’appareil de conduction puis à
l’échangeur alvéolocapillaire. La prise en charge de ces difficultés se limite souvent au désencombrement
bronchique. Il est proposé ici : de prendre en compte, en préalable à toute autre approche thérapeutique,
la problématique posturale et les facilitations de détente des contractions pathologiques que le kinési-
thérapeute doit mettre en place ; de considérer plus largement la qualité de ventilation en éveil et lors du
sommeil, l’adaptation à l’effort, et de différencier l’encombrement proximal du distal ; d’évaluer autant
que faire se peut les différents facteurs impliqués ; des éléments de prise en charge préventif et curatif. Les
moyens mis en œuvre en regard de ces troubles comprennent des techniques de rééducation manuelles
à adapter au contexte particulier du trouble cérébromoteur et des aides instrumentales. Différents spé-
cialistes médicaux et paramédicaux sont impliqués dans cette prise en charge, dans un travail partagé
avec le sujet, sa famille et les intervenants médico-éducatifs l’accompagnant au quotidien.
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Mots-clés : Polyhandicap ; Trouble respiratoire ; Désencombrement

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Le sujet avec une infirmité motrice cérébrale (IMC) ou poly-

handicapé présente des troubles cérébraux altérant la commande
Conséquences possibles de l’atteinte cérébrale sur la fonction
de sa motricité. Les différents degrés des facteurs constituant ces
ventilatoire 2
déficiences, leurs distributions sur le corps, leurs niveaux de gra-
Troubles moteurs 2
vité constituent la singularité de l’atteinte de chaque personne. Le
Déficit intellectuel 2
trouble moteur, primaire sur le plan physiopathologique, génère
Troubles de déglutition et dysphagies 2
dans le temps le développement de troubles secondaires orthopé-
Troubles trophiques 2
diques, qui évoluent pour leur propre compte. Ceux-ci constituent
Troubles orthopédiques de la colonne vertébrale et du thorax 2
une complication susceptible de dégrader les capacités motrices
■ Repérer et évaluer les troubles ventilatoires et respiratoires 3 résiduelles du trouble moteur primaire. L’ensemble de ces pro-
Hypodéveloppement thoracopulmonaire précoce 3 cessus et de leur prise en charge est décrit dans un article de
Inadaptation à l’effort 3 l’EMC [1] . Se référant à cette approche large de la prise en charge
Insuffisance respiratoire aiguë 3 de l’IMC et du polyhandicap, on se concentre ici sur les aspects
Hypoventilation alvéolaire 3 ventilatoires et respiratoires de ces sujets. Les troubles décrits sont
Encombrement 3 susceptibles d’affecter particulièrement les personnes polyhandi-
■ Réponses thérapeutiques 4 capées. Cependant, certains sujets IMC présentant des troubles
Concernant l’ensemble des troubles impactant sur la ventilation 4 cérébromoteurs sévères peuvent être concernés.
Développement et entretien des capacités pulmonaires 4 L’atteinte affecte au départ essentiellement la qualité de
Désencombrement 4 commande motrice de la pompe thoracodiaphragmatique. Les
Ventilation alvéolaire 6 dysfonctionnements du carrefour aérodigestif entraînent des
■ Conclusion 6 agressions trachéobronchiques répétées qui, à terme, sont suscep-
tibles d’altérer l’appareil de conduction intrathoracique. Enfin, le

EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 1


Volume 12 > n◦ 1 > janvier 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0887(15)66391-5
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défaut d’aération prolongée d’alvéoles affecte l’échangeur alvéo-


locapillaire. En l’absence de prise en charge, la déficience initiale
tend donc à s’étendre. Les incapacités du sujet sont alors fonc- Ptr > Patm Ptr < Patm
tion du degré et de l’étendu de ces déficiences : désadaptation à
l’effort, dégradation du sommeil, de l’alimentation. L’insuffisance
respiratoire aiguë reste la première cause de mortalité des sujets
polyhandicapés [2, 3] . En deçà se pose la question de la dégradation
de la qualité de vie. Les causes de l’atteinte respiratoire sont liées
aux multiples fonctions altérées du fait de l’IMC sévère et du poly-
handicap. L’impact de ces troubles sur la ventilation est plus ou
moins direct. Il faut noter que certains des traitements apportés à
ces différents troubles peuvent également avoir un effet délétère
sur la ventilation. A B

 Conséquences possibles
de l’atteinte cérébrale
Ptr > Ppl
sur la fonction ventilatoire Ptr < Ppl

Troubles moteurs
Troubles posturaux et antigravitaires
Ils génèrent des positions anormales : flexions maximales de
nuque alternant avec des hyperextensions gênent le libre pas-
sage de l’air. Les excès de contractions au niveau du tronc, C D
du cou, des épaules, les défauts de coordination limitent Figure 1. Collapsus inspiratoire (lésion extrathoracique) (B, D), ou expi-
les mobilités thoraciques et abdominales. Elles entraînent des ratoire (intrathoracique) (A, C).
prévalences positionnelles, des malpositions mandibulaires res-
ponsables d’obstructions des voies aériennes supérieures (VAS).
L’hypotonie labiale et des joues favorisent une ventilation essen- gastro-œsophagien (RGO) qui affecte 40 à 60 % des personnes
tiellement buccale asséchant les VAS. Tous ces phénomènes polyhandicapées. Svendsen a clairement rendu compte de ce
creusent le lit de microatélectasies trouble et de la possibilité d’évacuer cette poche aérienne gas-
trique en recourant à des couchés latéraux alternés, gauche puis
Troubles réflexes droit [6] .
L’altération du réflexe de déglutition favorise des stases et La constipation gêne la cinétique abdominodiaphragmatique.
encombrements rhinopharyngés. L’hypo- ou aréflexie de toux La dénutrition et la déshydratation placent le sujet en situation
privent la personne polyhandicapée de ce dispositif essentiel de de risque de décompensation avec une chute d’efficacité grave du
protection des voies trachéobronchiques [4] . diaphragme et insuffisance respiratoire aiguë.

Adaptations cardioventilatoires Troubles trophiques


Elles se trouvent réduites du fait de la moindre activité motrice.
En réponse à ces difficultés cérébromotrices, des installations, L’altération de la tonicité des tissus génère des phénomènes
aides techniques et orthèses sont mises en place [1] . Pour autant, de bronchotrachéomalacie, laryngomalacie avec production d’un
la priorité donnée aux installations reste trop souvent les ali- bruit obstructif à l’expiration ou à l’inspiration (stridor) selon que
gnements segmentaires, au détriment de l’optimisation de la la zone lésée est intra- ou extrathoracique (Fig. 1). L’augmentation
régulation des anomalies posturales. Le maintien par contrainte, du recrutement des muscles respiratoires entraîne une obstruc-
sangles, plastrons, appuis sous-axillaires, aggravent les troubles tion accrue des flux aériens en regard de la zone concernée par
obstructifs et restrictifs. la malacie, aggravant l’insuffisance respiratoire ayant nécessité
Ces anomalies conjuguées limitent les volumes pulmonaires initialement ce recrutement ventilatoire supplémentaire. Dans
mobilisés. La capacité vitale de la personne polyhandicapée tend des formes sévères, cette obstruction peut provoquer un véritable
alors à se rapprocher de son volume courant. étouffement du sujet, avec accélération inefficace des fréquences
cardiaque et respiratoire, aboutissant à un épuisement, une chute
de ces fréquences puis le décès.
Déficit intellectuel
Lorsqu’il est associé, il génère des comportements peu adap- Troubles orthopédiques de la colonne
tés, manque de mouchage, peu de toux, hydratation ou, pour
le moins, humidification buccale insuffisante. Les troubles com- vertébrale et du thorax
portementaux limitent l’application de certaines techniques, Ils ont un retentissement direct sur la cinétique ventilatoire. Ces
notamment instrumentales (agitation, opposition, refus, etc.). déformations sont la cause de douleurs qui majorent les contrac-
tions pathologiques. Elles aggravent les défauts d’alignement des
Troubles de déglutition et dysphagies segments corporels, fixent la posture du sujet dans une recherche
d’antalgie. Le cercle vicieux de la dégradation respective des fonc-
Les fausses routes entretiennent une inflammation de tions se développe alors autour de la douleur [7] . La mise en place
l’épithélium bronchique. Le système mucociliaire se dégrade de corsets thoraciques ampute à des degrés variables la fonc-
progressivement [5] , favorisant encombrements et atélectasies. tion ventilatoire. Cette restriction a été étudiée chez des sujets
L’atteinte initiale de la pompe ventilatoire concerne finalement porteurs de troubles moteurs sévères d’autres natures. De ces tra-
le système de conduction puis l’échangeur alvéolocapillaire. vaux a découlé la réalisation de corset affectant moins la capacité
La dilatation gastrique (aérogastrie) consécutive aux dysfonc- vitale [8] .
tionnements des sphincters œsophagiens constitue une source Les interventions chirurgicales proposées pour réduire ces
de douleur et une gêne respiratoire en refoulant la cou- déformations constituent des temps délicats sur le plan ventila-
pole diaphragmatique gauche. Elle favorise d’autant le reflux toire : effet shunt par atélectasies prédominantes dans les zones

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déclives [9] , stase du mucus par paralysie du système ciliaire lors de • dyspnée, tachypnée, bradypnée, gêne ventilatoire, cyanose,
l’anesthésie, irritation des VAS du fait de l’intubation, immobilisa- sueurs profuses, tirage des muscle accessoires, asynchronisme
tion prolongée, limitation de la mobilité segmentaire et douleurs. thoracoabdominal, encombrement, toux inefficace ;
Parmi les troubles associés, l’épilepsie peut avoir des conséquen- • retentissement cardiovasculaire : tachycardie, hypotension
ces négatives sur la ventilation : artérielle, hypoperfusion des extrémités, etc. ;
• lors des crises comitiales, les malpositions linguales risquent • retentissement neurologique : lié à l’hypoxie et à l’hypercapnie.
d’entraîner des obstructions, voire des apnées, des régurgita-
tions sont possibles avec risque d’inhalation ;
• certains traitements de ces crises peuvent avoir un effet délétère
Hypoventilation alvéolaire
sur la ventilation du fait de leur effet dépresseur central (ben- En phase de sommeil paradoxale, l’inhibition de l’activité
zodiazépines) : diminution de l’état de vigilance, du réflexe de musculaire place le diaphragme comme seul muscle ventila-
toux, aggravation des troubles de déglutition, etc. La qualité de toire. L’insuffisance de son activité génère une hypoventilation
la ventilation lors des phases de sommeil paradoxale peut se alvéolaire nocturne [11] . La ventilation peut également être entra-
trouver altérée du fait de ce type de médication, avec dégrada- vée par des éléments obstructifs glossopharyngés (syndrome
tion de l’hématose et conséquence sur l’état général et la qualité d’apnée obstructive du sommeil) ou des défauts de commande
de vie. centrale (syndrome d’apnée centrale du sommeil). Ces insuffi-
L’ensemble de ces troubles et les facteurs qui les composent sances ventilatoires entraînent une hypoxie et une hypercapnie,
concourent à mettre en place chez la personne IMC ou poly- affectant la qualité du sommeil et la qualité de vie diurne du
handicapé un syndrome respiratoire mixte dont la gravité est sujet [12] .
liée au degré de l’atteinte cérébromotrice, à l’importance des
troubles associés, voire à l’importance des effets iatrogènes des Évaluation clinique du sommeil
traitements.
Les signes évocateurs de ces troubles du sommeil sont liés
à l’hypercapnie nocturne (céphalées et sueurs au réveil, fatigue
 Repérer et évaluer les troubles diurne). La dégradation progressive de l’hématose amène une
détérioration du déroulement du repas : perte d’appétit, allonge-
ventilatoires et respiratoires ment de la durée, diminution des quantités prises, etc.

Les troubles ventilatoires et respiratoires du sujet IMC ou poly- Examens du sommeil


handicapé peuvent être présents à des moments variables en Les gaz du sang effectués immédiatement au réveil rendent
fonction du processus physiopathologique en cause : dès la nais- compte de l’efficacité de la ventilation nocturne sans discrimi-
sance, lors d’efforts accrus, pendant le sommeil, lors d’épisodes nation de la nature de l’atteinte. C’est un examen invasif et
pyrétiques. douloureux. On peut étudier divers aspects de la ventilation noc-
turne au moyen d’examens non invasifs :
• l’oxymétrie nocturne : elle permet l’enregistrement de la satu-
Hypodéveloppement thoracopulmonaire ration nocturne en oxygène et de la fréquence cardiaque, sans
précoce repérage possible des moments d’éveil/sommeil. Cet examen
limité permet essentiellement de repérer des situations de nor-
Certains sujets polyhandicapés présentent une hypotonie malité, donc d’écarter des craintes de trouble. L’interprétation
congénitale majeure. Le cri est faible, le thorax se mobilise peu. de tracés anormaux est vite sujette à caution. Il peut constituer
Le recrutement d’inspirateurs accessoires est observable. un premier niveau dans la recherche et la compréhension de
La mesure des volumes est rarement réalisable en spirométrie troubles ventilatoires nocturnes [13] ;
simple : volumes courant (VT), de réserve inspiratoire (VRI), de • la polygraphie permet de faire l’interprétation de phénomènes
réserve expiratoire (VRE). Quand elle est possible, cette mesure d’apnée, d’hypopnée, de cause centrale ou obstructive, avec un
permet un suivi dans la prise en charge et une évaluation de repérage approximatif des phases de sommeil ;
l’efficacité de programme de développement des capacités res- • la polysomnographie permet de corréler le tracé électroencé-
piratoires et physiques. Quand elle n’est pas possible, seule la phalographique aux mesures précédentes. Cet examen pratiqué
mesure du volume courant est faisable. Le recueil de signes en service spécialisé doit être réservé aux sujets, d’une part,
ventilatoires est à réaliser dans tous les cas : fréquence respi- présentant une symptomatologie nette pour lesquels les
ratoire de repos, cinétique ventilatoire, signes d’insuffisances investigations précédentes n’apportent pas d’interprétations
chroniques. suffisamment claires et, d’autre part, pour lesquels une aide
ventilatoire peut être envisagée ;
• la capnographie : la mesure transcutanée du gaz carbonique
Inadaptation à l’effort (PtcCO2 ) se développe et s’impose actuellement comme
La limitation des activités physiques pour nombre de sujets IMC complément du diagnostic des pathologies du sommeil. Cet
ou polyhandicapés réduit fortement leur adaptation cardiorespi- examen délicat et coûteux présente une alternative appelée à
ratoire à l’effort. Pour les sujets marchants (même avec aide), des se développer.
tests simples (indice de dépense énergétique, test des six minutes La symptomatologie du sujet et la considération du rapport
de marche) permettent d’approcher le niveau d’adaptation à contraintes/bénéfices d’un éventuel traitement doivent initier la
l’effort et son évolution dans le temps [10] . démarche d’évaluation. Stagnara et al. proposent un arbre déci-
sionnel dans le recours à ces examens, fonction du projet de
prise en charge [14] . La fréquence de ces troubles chez les sujets
Insuffisance respiratoire aiguë IMC ou polyhandicapés n’est pas connue et certainement sous-
estimée.
Elle arrive le plus souvent lors de la survenue d’un événement
intercurrent (infection, etc.) sur ce tableau de fragilité multifacto-
rielle. Encombrement
La radiographie pulmonaire révèle des zones atélectasiées
Son évaluation doit faire la part entre l’encombrement des VAS
source d’infection. La mesure de la saturation en oxygène (O2 ) ou
et des voies infraglottiques.
a fortiori la gazométrie artérielle révèlent la désaturation en oxy-
gène (pression artérielle en oxygène [PaO2 ] inférieure à 60 mmHg).
Le sujet n’arrivant pas à équilibrer son hématose par ses disposi- Signes cliniques
tifs d’adaptation cardioventilatoire, on observe les signes de cette L’encombrement des VAS peut gêner l’alimentation, provoquer
insuffisance aiguë : des bruits ventilatoires et la toux. La disponibilité de la ventilation

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nasale est à vérifier. La nature des sécrétions évacuées (épaisseur, Aides instrumentales
couleur, quantité) oriente le traitement médicamenteux associé La ventilation par pression positive intermittente (IPPB) (type
aux techniques de désencombrement. Alpha 300® , Aérolife 2® ) permet de compléter le volume inspiré
spontanément par le sujet. Ces insufflateurs délivrent de l’air lors
Puissance de toux de l’effort inspiratoire du sujet (trigger inspiratoire). L’insufflation
Bach et d’autres auteurs ont évalué l’efficacité de la toux pour un cesse lorsque la machine rencontre à l’extrémité de son circuit
débit supérieur ou égal à 160 l/min [15–17] . Cette mesure peut être un certain niveau de pression. Cette pression de coupure est pré-
faite avec un peak-flow, lors d’une toux spontanée, provoquée ou réglée par l’opérateur, ainsi que le débit, la sensibilité du trigger
volontaire, en utilisant une interface buccale ou nasobuccale. inspiratoire. Une résistance à l’expiration peut être paramétrée. En
L’inefficacité de toux doit rendre d’autant plus attentif à la sur- pratique, elle est très rarement utilisée, elle peut cependant per-
venue d’épisodes d’encombrement ou de fausses routes. mettre une pression expiratoire positive pour des sujets à risque
de collapsus expiratoire.
Stéthacoustique Ces réglages sont déterminés par une observation clinique
attentive. L’interface peut être un embout buccal ou un masque
Une fois les VAS dégagées, l’examen au stéthoscope est réa- nasobuccal. On modifie la cinétique thoracoabdominale au
lisé. Il oriente le choix des manœuvres et leurs zones thoraciques moyen d’une ceinture abdominale, ou de sangles. Le risque
d’application. Il faut noter qu’une ventilation à faible volume et encouru est d’acheminer une partie de cet air dans l’estomac,
faible débit peut ne pas mobiliser des sécrétions épaisses et col- lors d’insuffisance des sphincters œsophagiens ou par ferme-
lantes et constitue un piège lors de cet examen. Il peut alors se ture réflexe de la glotte du fait de pressions d’insufflations trop
révéler nécessaire de solliciter le sujet à plus hauts volume et débit fortes [19, 20] . Il convient d’être attentif aux plaintes ou manifesta-
avant de refaire son auscultation. tions même mineures du sujet peu communiquant, de rechercher
par la palpation et la percussion en regard de la zone gastrique
un bruit tympanique. L’utilisation de sangle abdominale permet
 Réponses thérapeutiques de contenir ce phénomène. Les alternances positionnelles sont
nécessaires pour éviter un recrutement privilégié de zones pulmo-
Concernant l’ensemble des troubles naires avec risque d’hyperinflation régionale mis en évidence chez
impactant sur la ventilation des sujets porteurs de dystrophies musculaires de Duchenne [21] .
Certains ventilateurs mécaniques permettent de réaliser des
Les réponses thérapeutiques à ces troubles (cf. supra) propo- séances d’hyperinsufflations par des programmes paramétrés.
sées doivent prendre systématiquement en compte ce risque,
Postures
l’évaluer et être adaptées en fonction : positionnements diurnes
et nocturnes, alimentation, médication. La douleur doit être par- Elles ne permettent de drainer que des épanchements liqui-
ticulièrement évaluée et traitée. diens. Pour autant, les variations de position modifient la
situation ventilatoire. La région pulmonaire placée en haut se
trouve ouverte pour accueillir davantage d’air. Différentes appli-
Développement et entretien des capacités cations de ces considérations sont connues, en réanimation par
pulmonaires exemple [22] . Cependant, le positionnement en grande ouverture
du thorax peut limiter son ampliation. Il convient donc de placer
Il s’agit de lutter contre le syndrome restrictif que la réduction la zone pulmonaire ciblée en fonction des objectifs poursuivis et
d’activité motrice génère. des gestes manuels ou instrumentaux associés. Ces considérations
positionnelles à finalité ventilatoire sont toujours à replacer dans
Inadaptation à l’effort le contexte du trouble cérébromoteur qui implique une approche
posturale particulière. Celle-ci recherche une réduction maximale
L’entraînement, la réhabilitation : sans renoncer à leur aspect
des excès de contractions musculaires qui réduisent les secteurs
qualitatif, les sollicitations en kinésithérapie doivent prendre en
de mobilité. Cette préoccupation posturale lors des séances de
compte l’entraînement en endurance du sujet. Des activités phy-
kinésithérapie respiratoire se poursuit dans le quotidien du sujet
siques et sportives adaptées complètent utilement la rééducation
avec la mise en place d’orthèses de positionnement adaptées aux
motrice. Degache et al. rapportent les résultats d’étude de trois
particularismes de chaque sujet [1] .
types de programme réalisés auprès de sujets IMC : renforcements
musculaires, réentraînement à l’effort en aérobie, programmes
mixtes [18] : amélioration des paramètres fonctionnels, de la motri- Désencombrement
cité globale et de l’image de soi. Le sujet polyhandicapé peut
également être sollicité sur le plan de son adaptation à l’effort au En préalable à l’application de techniques de désencom-
cours des séances de kinésithérapie, en fonction de ses capacités brement, il est indispensable de réduire au maximum l’état
motrices : enchaînement de retournements au sol, d’accroupi- de contraction dans lequel se trouve le sujet cérébrolésé, au
debout, guidage de la marche, de montée d’escaliers, etc. moyen des manœuvres de décontraction automatique et de
recherche de postures facilitatrices de la détente [23] . La nature
Hypodéveloppement thoracopulmonaire de l’encombrement doit ensuite faire l’objet d’une évaluation cli-
nique relative à sa situation, la gravité de ses conséquences et être
Chez le jeune, voire très jeune enfant polyhandicapé, un
replacée dans la situation du sujet : capacités et contrôles ventila-
tableau d’hypotonie majeur peut conjuguer plusieurs difficul-
toires, compréhension, contexte de vie et de prise en charge, etc.
tés ventilatoires : restriction des volumes par faiblesse, moindre
L’ensemble de ces éléments permet d’orienter les choix thérapeu-
efficacité du fait des hypotonies tissulaires : malacie, dépression
tiques face à l’encombrement [24] .
glottique, respiration paradoxale, etc. Les hyperinsufflations per-
mettent de recruter des volumes, mobiliser le thorax, solliciter
des zones peu ventilées et prévenir la constitution d’atélectasies.
Au niveau des voies aériennes supérieures
Différents moyens sont utilisables pour effectuer ces hyperinsuf- Parmi les techniques de désencombrement des VAS, celles rete-
flations. nues paraissent adaptables aux personnes polyhandicapées.
« Air stacking » Douche nasale
Les techniques d’empilement de volume au moyen d’un ballon C’est une pratique qui consiste à amener un flux d’eau salée
autoremplisseur à valve unidirectionnelle (BAVU) sont efficaces dans une narine, et le laisser ressortir par l’autre sans utilisation
mais requièrent une bonne compréhension et un contrôle glot- de pression importante, en assurant l’étanchéité entre le dispositif
tique qui limitent beaucoup leur utilisation auprès des sujets IMC et la narine. Cette pratique permet une humidification impor-
et a fortiori polyhandicapés, les plus concernés par ces sollicita- tante et reperméabilisation des voies aériennes nasales. Elle est à
tions. considérer pour nombre de sujets polyhandicapés qui ne respirent

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spontanément que par la bouche. Le choix de la posture reste Au niveau des troncs proximaux, on sollicite une ventilation
une nécessité pour garantir un déroulement sécure de la douche haut volume à haut débit (augmentation du flux expiratoire). Sur
nasale, particulièrement pour des sujets présentant des insuffi- des troncs plus distaux, on utilise des techniques recrutant des
sances vélaires importantes et des difficultés majeures à déglutir débits moindres (expiration lente prolongée), guidant la ventila-
des liquides. tion du sujet plus bas dans sa capacité pulmonaire jusqu’au niveau
Désencombrement rhinopharyngé rétrograde susceptible de mobiliser l’encombrement (approche du drainage
autogène).
L’opérateur accompagne manuellement l’expiration du sujet
Des techniques spécifiques de recrutement de zones pulmo-
puis oriente le flux inspiratoire par le nez en empêchant le pas-
naires sont applicables (exemple : expiration lente totale glotte
sage d’air par la bouche par pression sous la base de langue, très
ouverte en décubitus latéral [ELTGOL]).
en arrière contre la trachée. Ces pressions effectuées lors du temps
Les techniques d’inspirations lentes sont intéressantes pour
inspiratoire sont douces et progressives. Les sécrétions nasales sont
reventiler des voies aériennes périphériques.
reniflées et acheminées sur la langue puis jusqu’aux lèvres par le
Dans les situations de collapsus survenant lors de l’accélération
flux expiratoire (antépulsion pharyngobuccale).
du flux expiratoire (trachéo-broncho-malacie), des freins expi-
Toilette nasale et pharyngée ratoires permettent de réaliser une pression expiratoire positive
Décrite par Lespargot [25] , cette technique propose de combiner (PEP). Ils peuvent être positionnables sur un masque.
l’humidification nasale au moyen d’une poire oto-rhino-
Aide instrumentale au drainage
laryngologique (ORL) recoupée, la mobilisation en circumduction
de la colonne cervicale, et la vibration manuelle de l’os hyoïde. L’insuffisante participation du sujet, la difficulté à recruter
certaines zones pulmonaires et la gravité de l’encombrement
Pompage valéculaire nécessitent le recours à des aides instrumentales :
Postiaux [26] , dans sa pratique auprès de nourrissons, propose • ont déjà été évoquées les hyperinsufflations et les insuffla-
cette technique qui consiste en pressions manuelles glissées le tions/exsufflations. L’aide au drainage peut être obtenue par la
long de la face latérale de la trachée. Dans la pratique des auteurs, réalisation de percussions intermittentes de l’air respiré (IPV).
ces pressions lentes et progressives sont bien tolérées des patients Le Percussionnaire® favorise le recrutement de zones atélecta-
enfants et adultes aux possibilités de communication réduite, siées par percussion de la colonne d’air dans la lumière de la
elles mobilisent directement les structures laryngotrachéales et bronchiole, et le drainage par retour le long des bords jusqu’au
déclenchent des déglutitions, des raclements de gorges, voire des carrefour laryngé. Le Percussionnaire® peut également être cou-
toux. plé avec un respirateur conventionnel si le sujet se trouve sous
Ces différentes manœuvres combinent l’humidification des ventilation assistée [28] ;
VAS, la mobilisation cervicale, l’intervention manuelle directe sur • les aspirations infraglottiques sont pratiquées dans des situa-
les structures concernées (pressions glissées, vibrations, etc.) et la tions aiguës. Elles posent les mêmes complications d’irritation
mise en jeu de l’activité motrice réflexe (déglutition, toux). qu’en supraglottique, auxquelles s’ajoutent des risques sep-
tiques et traumatiques (granulomes sur la carène par butée de
Expectoration la sonde). Les techniques manuelles et instrumentales doivent
Toux provoquée être essayées le plus tôt possible pour relayer ces aspirations.
Il convient de rappeler que le décret de compétence des
Il convient de limiter au maximum le recours à cette tech-
kinésithérapeutes ne les autorise pas à pratiquer l’aspiration
nique trop souvent pratiquée de façon inutilement agressive. La
nasotrachéale [29] .
bonne conduite du désencombrement des VAS amène la plupart
des sujets à tousser d’eux-mêmes au moment où cela se révèle Compléments aux traitements manuels et instrumentaux
nécessaire. Ce réflexe est très exceptionnellement absent chez les Des compléments peuvent être indiqués :
sujets polyhandicapés. En revanche, il peut être trop peu déclen- • l’aérosolthérapie peut être prescrite en association à la
ché, auquel cas les manœuvres rhinopharyngées précédemment kinésithérapie respiratoire pour la prise de traitements
décrites favorisent son recrutement. bronchodilatateurs, anti-inflammatoires ou antibiotiques.
Aides instrumentales L’administration se fait au moyen de compresseur-nébulisateur
• Le relaxateur de pression : les hyperinsufflateurs constituent (ultrasonique, pneumatique, électronique) ou d’aérosol-doseur
une aide instrumentale non négligeable à l’expectoration selon (spray) ;
deux effets : augmentation des flux aériens et du volume inspi- • l’oxygénothérapie : la facilité d’accès à des mesures de satura-
ratoire prétussif ; tion en oxygène amène trop couramment à la mise en place en
• l’insufflateur-exsufflateur : l’absence ou l’inefficacité de la toux milieu peu médicalisé de complémentation en oxygène. Cette
peut amener à utiliser un insufflateur-exsufflateur mécanique approche peut être tout à fait délétère pour l’état de santé du
(CoughAssist E70® , Clearway® , etc.). Il permet d’insuffler de sujet par effet dépresseur sur les centres ventilatoires bulbaires.
l’air puis de l’aspirer. L’interface se fait avec un masque nasobuc- Le sujet présentant une hypoventilation alvéolaire s’enfonce
cal, mais peut être réalisée sur une canule de trachéotomie [27] . dans son hypercapnie et développe une acidose respiratoire
Les pressions d’insufflation-exsufflation sont réglables ainsi que dangereuse [13] . Il convient de rappeler que l’oxygène est un
la durée des différents temps. Il convient de noter que, chez le médicament qui doit faire l’objet d’une prescription médicale
sujet polyhandicapé, les différents troubles obstructifs limitent et nécessite des suivis (notamment de la capnie) lors d’une prise
souvent son efficacité et nécessitent une approche très progres- au long court ;
sive ; • l’humidification : en soi, l’humidification n’est pas un trai-
• les aspirations nasopharyngées doivent être limitées aux tement complémentaire. Cela doit être cependant une
situations où toutes les autres techniques (manuelles et ins- préoccupation constante dans la prise en charge respiratoire des
trumentales) se révèlent insuffisantes car elles risquent d’irriter sujets cérébrolésés en situation de grande dépendance motrice :
et de favoriser inflammation et sécrétions. Lors d’altérations assèchement buccal du fait de la respiration bouche ouverte,
majeures de la toux et de la déglutition, l’aspiration strictement hydratation quelquefois limitée en quantité ou peu répartie
buccale permet d’évacuer les sécrétions remontées en bouche. dans la journée, limitation volontaire par la personne en situa-
tion de dépendance motrice pour limiter ses besoins d’être
transférée aux toilettes. L’utilisation d’insufflateurs mécaniques
Au niveau des voies aériennes infraglottiques
favorise également l’assèchement des muqueuses oropharyn-
Drainage manuel gées. C’est à prendre en compte lors des séances. Lors du
Le désencombrement comprend un temps de drainage et un désencombrement supra- ou infraglottique, l’humidification
temps d’évacuation des sécrétions. Les techniques manuelles clas- peut favoriser une aide à la mobilisation des sécrétions, en
siquement décrites sont utilisées, avec la nécessité de les adapter modifiant leur fluidité. La modalité utilisée est fonction des
en fonction des schémas moteurs pathologiques, de la compliance capacités du sujet et de la cible : déglutition d’eau, vaporisa-
de l’appareil thoracique et de la participation du sujet. tion nasale ou buccale, nébulisation. L’utilisation et la nature

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de la solution est discutée avec le médecin (sérum physiolo- Ventilation invasive


gique, solution salée hypertonique [30] ) en fonction de l’état
L’échec de la VNI ou la gestion en urgence d’insuffisance respi-
d’encombrement, d’inflammation bronchique, etc.
ratoire aiguë amène parfois à la réalisation de trachéotomie. Ces
situations sont rares dans la population concernée.
L’évolution des pratiques et des techniques et du rapport au
Ventilation alvéolaire sujet et à sa famille interroge sur la mise en place de ces trai-
tements par ventilation assistée. La présence de symptômes, la
Ventilation non invasive situation globale de la personne, les rapports bénéfices/risques
nourrissent une démarche éthique à reconsidérer à chaque situa-
L’insuffisance ventilatoire pendant le sommeil peut être cor-
tion. Elle implique le sujet et sa famille, l’équipe médicale
rigée en garantissant au sujet un volume courant suffisant. En
assurant le suivi régulier et celle susceptible de l’accueillir en
fonction du trouble du sujet, les types et modes de ventilations et
situation aiguë. Pour les sujets polyhandicapés repérés à risque,
les différents types de ventilateurs (un niveau de pression : conti-
l’anticipation de cette réflexion partagée est certainement un
nuous positive airway pressure [CPAP], ou deux : BiPAP), de mode
atout pour mieux gérer la survenue de situation d’urgence
de ventilation (barométriques, volumétriques) et de paramétrages
médicale [31] .
sont déterminés. Différents types d’interfaces machine-sujet sont
utilisables : narinaires, nasales, nasobuccales, buccales, faciales,
etc. Les effets indésirables doivent être repérés : fuites oculaires,
dilatation gastrique, assèchement des muqueuses. Leur résolution  Conclusion
est indispensable pour obtenir une bonne acceptation. De plus en
plus de service de réanimation de CHU ont recours à l’utilisation La nécessité du partage des compétences entre profession-
de la ventilation non invasive (VNI) auprès de sujets polyhan- nels, médecins de différentes spécialités, rééducateurs, éducateurs,
dicapés en situation d’insuffisance respiratoire aiguë. Suite à la orthoprothésistes a été soulignée. En internat, tous les membres
répétition de ce type d’épisode, des familles sollicitent la mise en de l’équipe médico-éducative ont une contribution à apporter, par
place de ce traitement à domicile, induisant des pratiques nou- les observations qu’ils sont amenés à faire et par la bonne compré-
velles. hension des gestes à effectuer (positionnements, aide au repas,

Suspicion d’un trouble


respiratoire clinique

Examen clinique

Optimisation des postures : appareillages


(lit, fauteuil, corset, ceinture, etc.) ;
chirurgie, nutrition,
prévention des troubles de déglutition,
du RGO, et des infections respiratoires,
des effets iatrogènes, etc.

Auscultation pulmonaire

Bon Signes unilatéraux Signes bilatéraux

Éliminer un trouble
Posture
nocturne : clinique Crépitants Sibilants

SpO2 nocturne Kiné respiratoire


Aérosols
(p2)

Anomalies

Normal PtcCO2 ± polygraphie

Anomalies

Surveillance Ventilation (p3)

Figure 2. Arbre décisionnel. Diagnostic et traitement des troubles respiratoires des personnes en situation de polyhandicap (d’après [32] ). RGO : reflux
gastro-œsophagien ; SpO2 : saturation pulsée en oxygène ; PtcCO2 : mesure transcutanée du gaz carbonique.

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Prise en charge respiratoire de la personne avec une infirmité motrice cérébrale ou polyhandicapée  26-508-A-10

Origine du trouble
respiratoire

Mécanique Mécanique
externe = contenant interne = contenu

Entretien de la fonction Désencombrement


respiratoire = participation manuel en fonction
du patient ? de l’atteinte
Non Proximal Profonde
Oui
Moyenne
Travail actif ou actif
Haut débit Bas débit Recrutement
aidé (spirométrie Travail passif
Expiratoire forcée Expiratoire lente alvéolaire
incitative, etc.)

Efficacité Efficacité
Suffisante Insuffisante
Insuffisante Suffisante

Prise en charge Désencombrement Fréquence à adapter


Ventilation (p3)
prolongée instrumental à la clinique

Relaxateur
de pression

Suffisant Insuffisant

Survie : volume courant > 0,8 ml/kg Aide à la toux


Nombre d’insufflations Survie : clinique, satO2

Insuffisant
CoughAssist® survie :
Aspirations satO2, CO2, polygraphie

Figure 3. Arbre décisionnel. Diagnostic et traitement des troubles respiratoires des personnes en situation de polyhandicap. Prise en charge kinésithérapique
(d’après [32] ). CO2 : dioxyde de carbone ; satO2 : saturation en oxygène.

etc.). Le recoupement des informations collectées aux différents début d’une période de rééducation particulière. La confiance éta-
moments de la journée et de la nuit va permettre aux médecins blie entre les professionnels et les parents est un point essentiel,
d’envisager d’éventuels examens complémentaires et d’engager la communication doit être favorisée d’emblée et se poursuivre
différentes propositions thérapeutiques. De La Gastine et Stag- en sachant que les parents ont naturellement besoin d’être large-
nara ont essayé de baliser cette démarche en proposant trois arbres ment informés sur l’IMC et le polyhandicap par les professionnels.
décisionnels dans la prise en charge de sujets polyhandicapés [32] Ils ont besoin de comprendre d’une manière générale pourquoi
(Fig. 2 à 4). et comment les actions sont proposées pour leur enfant. Ainsi
Il faut insister sur l’indispensable collaboration avec les parents ils peuvent partager des visions d’avenir communes en dessinant
dès le plus jeune âge des enfants. Sans vouloir faire des parents des objectifs raisonnables inscrits progressivement dans le temps.
les rééducateurs de leurs enfants, l’enseignement de certaines L’intérêt de ce mode de cheminement est reconnu par les parents
manœuvres simples, correctement effectuées et adaptées aux au fil des années.
troubles existants, aide à la fois l’enfant, en vue de prolonger ses Par ailleurs, les rencontres entre parents dans le cadre de groupes
apprentissages, et la famille, en diminuant les difficultés rencon- ou d’associations favorisent la prise de recul par rapport à sa situa-
trées dans la vie quotidienne avec les sujets les plus atteints. tion propre. Le cheminement partagé parents-professionnels au
Parfois l’intervention des parents peut être sollicitée plus ample- sein de ces groupes est une richesse et permet l’élaboration de
ment, pour un temps limité, en période postopératoire ou au projets développés en interne ou auprès des pouvoirs publics.

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Prise en charge respiratoire de la personne avec une infirmité motrice cérébrale ou polyhandicapée  26-508-A-10

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2011;32:87–97. [À paraître].

A. Jouve, Masseur-kinésithérapeute (ajouve@institutmc.org).


Institut motricité cérébrale, 217, rue Saint-Charles, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Jouve A. Prise en charge respiratoire de la personne avec une infirmité motrice cérébrale ou polyhandicapée.
EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 2016;12(1):1-9 [Article 26-508-A-10].

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Insufflateurs-exsufflateurs Clearway .
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Dilatation aérienne gastrique (a) traitée par alternance de décubitus latéral gauche puis droit (b) (clichés F.-A. Swensen).
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Masque nasobucal ajustée sur peak-flow.
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Luge réalisée sur moulage (a, b) (clichés de l'Hôpital R.-Poincarré, Garches).
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Orthèses mousse en couché ventral (a, b), en couché latéral (c). Cliché de IEM Plérin (a) et clichés centre Arthur-Lavy, Thorens-
Glières (b, c).
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Insufflateurs-exsufflateurs : E70 .
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