Bien avant le désengagement de la France en l'Algérie, c'est une partie de ce qui
deviendra « l'opposition Kabyle », manipulée par une élite intellectuelle farouchement hostile à l'islam, qui a pris le relais du colonialisme Français en matière de désintégration spirituelle en Kabylie. Comment est-on arrivé à mettre une revendication linguistique et identitaire au service d'une coalition de mouvements idéologiques, qui, au delà de leurs divergences fondamentales, se sont toujours montrés solidaires autour d'un thème central : la haine de l'islam ? Comment s'est faite cette terrible connexion, identité berbère-haine de l'islam, au point de constater aujourd'hui que la seule permanence sérieuse, l'âme même, de ce qu'on appelle « le berbérisme du MAK » est la haine de l'islam ? C'est à ces questions qu'il faut tenter de répondre. On montrera la puissance de cette «sacrée alliance» entre «berbérisme (version MAK)» et «haine de l'islam », par un certain nombre de constats, d'exemples et de faits. Mais, il faut souligner les désastres causés par cette coalition diabolique et surtout de tirer la sonnette d'alarme quant au destin tragique vers lequel les idéologues du «berbérisme» athée conduiront la Kabylie. Je soumets donc cette réflexion au débat.
Contre l'Arabe ou contre l'islam ? Mais, d'abord que signifie le « berbérisme » ? La
définition dépend en fait plus du statut de celui qui s'en revendique. Si pour les masses Kabyles, et pour longtemps, ce terme désigne le combat des berbères pour leur langue et leur culture, il n'en est pas de même pour les élites intellectuelles Kabyles conceptrices de cette doctrine. Rares sont les acteurs célèbres de la revendication berbère qu'on peut qualifier honnêtement de «berbéristes» motivés essentiellement par le sentiment identitaire et le particularisme linguistique. On peut citer le cas exceptionnel de Mohand Arav Bessaoud, Mohand Ou Idir Ait Amrane ou encore le cas de l'intellectuel-chercheur, essentiellement motivé par la renaissance de sa langue : Mouloud Mammeri. La liste n'est pas exhaustive mais, on peut affirmer sans risque d'erreur que la majorité écrasante des intellectuels dits berbéristes ou rattachés à la mouvance du même nom est fondamentalement beaucoup plus motivée par la haine de l'islam que par la sauvegarde de leur langue. Le berbérisme strictement identitaire et linguistique est terriblement minoritaire dans la mouvance dite berbériste et presque insignifiant dans la grande nébuleuse « berbéro-démocrate ». Le berbérisme linguistique et identitaire radical posait le problème berbère en termes de lutte pour la survie de la langue et de l’identité berbère, face à la dictature arabiste du régime militaire de Boumediene. Mais la nébuleuse «berbéro-démocrate» et son enfant, la mouvance berbériste athée, pose le problème berbère en termes de guerre totale contre l'islam. Et c'est cette définition hostile à l'islam qui a bénéficié de la propagande médiatique et soutenue par des tas d'alliances paradoxales et devient l'idéologie dominante dans les milieux militants Kabyles. Il fallait un consensus très large autour d'un objectif rassembleur de toutes ces tendances hostiles à l'islam : communistes, athées, pieds-noirs, Kabyles chrétiens, arabes chrétiens, coptes, Kabyles naturalisés, francophiles…. Le masque extérieur était la lutte pour la berbérité, mais le but suprême reste l'éradication de l'islam en Kabylie. La revendication linguistique devient pour les idéologues du berbérisme athée le meilleur instrument de recrutement des Kabyles pour la grande croisade. Les jeunes Kabyles sont d'abord recrutés sur la base d’un fort sentiment identitaire et l'attachement à leur langue maternelle. Ils représentent à ce stade, pour les idéologues berbéristes la matière première qu'il faut « travailler ». Tout Kabyle sensible au déni identitaire de sa langue se révolte naturellement contre le joug de l'arabisme policier du régime algérien. A tort ou à raison, mais sentimentalement légitime, le berbérisme linguistique radical se pense « anti-Arabe». Cette réaction naturelle des militants Kabyles sera « éduquée » par les idéologues du berbérisme athée. D'amalgame en amalgame, on instruit les nouveaux militants dans «l'école berbériste de la démocratie et des droits de l'homme», on leur expliquera « qu'il ne s'agit pas d'être raciste », que le combat berbère est d'essence démocratique et on lui désignera l'islam comme «le vrai ennemi de Tamazight ». Aux berbéristes irréductibles, on sert une autre soupe empoisonnée : « la peste arabe vient de l'islam ! C’est donc l'islam qu'il faut abattre ». Après ces longs lavages de cerveaux, les berbéristes têtus, qui se limitent uniquement à la défense de leur langue et de leur identité historiques seront isolés, dénigrés (voir l'exemple du défunt Mohamed Haroun, traité par les intellos berbéristes de fou, de terroriste...). On leur collera les étiquettes de fascistes, de pro-Arabe, de Kabyles de services. Les clichés ne manquent pas. On y reviendra plus loin. Mais déjà, on peut voir la manipulation de la revendication linguistique par ces idéologues athées qui fait tout pour enraciner dans le psychisme Kabyle le devoir de combattre l'islam au nom de la berbérité.
Le comportement de l'intellectuel athée, Salem Chaker, est le prototype «soft» de ce
berbérisme athée. Ainsi, lorsqu'il dénigre discrètement les fondateurs de l'académie berbère qu’il qualifie de mouvance « berbéro-activiste » de formation scientifique médiocre, par opposition à sa « mouvance berbéro-universitaire », intellectuelle et productrice d'idées, il semble reprocher à Bessaoud Mohand Arav son manque d'hostilité envers l'islam. Le milieu social où recrute Agraw Imazighen sa masse d'adhérents (d’ouvriers, lycéens, paysans etc.) n'était pas immédiatement consommateur de la propagande « berbéro-laïciste ». La « mouvance berbéro- universitaire » qui produira un discours berbériste savant destiné à plaider « scientifiquement » la cause de l'athéisme est d'ailleurs depuis longtemps contrôlée par Chaker qui devait s'assurer que l'essentiel des « Etudes berbères » à caractère sociopolitiques doit converger vers un plaidoyer en faveur d'un berbérisme d'orientation athée suffisamment discret et assez consistant «scientifiquement» pour exercer un contrôle idéologique efficace sur les masses Kabyles. Pour des idéologues comme Ckaker ou Ferhat, un ouvrier (ou paysan) berbériste athée n'aura pas suffisamment de prestige aux seins de la «populace» pour les contaminer. Par contre, un intellectuel Kabyle athée, ou un chanteur qui insulte l'islam à chaque refrain, peut très bien jouer sa carte prestigieuse d'intello ou de chanteur pour séduire les masses Kabyles non encore « émancipées ». Un fait confirme que la défense de la langue n'est pas l'enjeu majeur du combat de Chaker. Sa compétence scientifique en matière de linguistique berbère n'a en fait rien à avoir avec un soi- disant amour excessif de la langue berbère. Il aime certainement cette langue, mais c'est surtout une question de métier. La linguistique est son gagne-pain. Et dans son métier, il est excellent. Mais son vrai combat, l'âme de son identité idéologique, c'est bien la haine de l'islam. D'ailleurs, marié à une Française, il ne pratique la langue berbère, que dans le cadre de ses recherches de laboratoire. Il est exceptionnel d'entendre Chaker parler en Kabyle. La langue berbère est pour Salem Chaker ce que les gémissements d'un singe sont pour un chercheur biologiste. Salem Chaker aime la langue berbère comme le zoologiste qui aime ses cafards et ses moustiques. Malgré les apparences, Salem Chaker n'est Kabyle que pour ne pas être musulman. Et fait important, dans le discours de Chaker, la référence à Mammeri est réduite au strict minimum. La volonté de Chaker de minimiser la portée de l'éminent anthropologue est assez évidente pour tout observateur averti. Pour deux raisons. Primo : l'orgueil et la vanité ; Chaker, ébloui par sa propre intelligence, ne supporte aucune notoriété autre que la sienne. Tous les berbérisants Kabyles doivent être des sous-traitants et des auxiliaires dans le grand édifice berbère qu'il construira. La vanité de cet homme est trop connue dans le milieu pour s'y attarder. Secundo : les divergences fondamentales dans la perception de la culture berbère entre Mammeri et Chaker. Mammeri donnait l'impression de trop vouloir défendre une culture berbère incompatible avec le modernisme occidental de Chaker, car cette culture berbère que Mammeri voulait sauver de l'oubli n'était pas totalement coupée des racines spirituelles de la Kabylie ancienne. Ce qui rendait la pensée culturelle de Mammeri suspecte aux yeux de Salem Chaker, le moderniste. En effet, Chaker craint que les œuvres anthropologiques de Mammeri puisse être interprétés par l'intellectuel Kabyle moyen comme une tentative intelligente de réconciliation entre les exigences d'une modernité nécessaire et d'un islam populaire très imbriqué dans la culture Kabyle. Cette angoisse de Chaker est aggravée par le fait que Mammeri soit l'un des rares berbérisants de confession musulmane malgré toutes les réserves que ce penseur ait émis par rapport aux acceptations dogmatiques de l'islam mal compris, peut, bien sûr, produire toutes sortes de dérives dont l'intégrisme, mais il contient un « SMIG » religieux et moral auquel ne peut renoncer aucun musulman. Or pour les idéologues du berbérisme, il faut absolument renoncer à l'islam pour mériter le titre d'honorable berbériste. C'est là la grande inquiétude des idéologues du berbérisme athée qui préfèrent sacrifier tout un patrimoine culturel kabyle « entaché» d’islam, quitte à engager toute une génération de jeunes activistes Kabyles formés dans une ambiance permissive «vin pour tous - vagin pour tous» pour produire de toute pièce une néo-culture Kabyle artificielle et sans ancrage réel, mais résolument orientée vers la haine de l'islam et la haine de la morale puritaine qui le caractérise. C'est ce que Chaker appelle « le modernisme ». Faire de sorte que la langue berbère moderne produise un discours qui, grosso-modo, vénère le triptyque sacré «vin - vagin et mécréance», le tout au nom de la liberté, de la démocratie, des droits des femmes, des droits de l'homme, de la laïcité, et comble : AU NOM DE TAMAZIGHT. En compilant le long de deux ou trois décennies, «ces produits culturels» orientés essentiellement contre l'islam et la morale puritaine, les idéologues du berbérisme se sont fabriqués une «spécificité Kabyle» de plus ... un argument de plus pour le séparatisme. Sous le vocable de culture «contestataire», un seul grand ennemi est visé : l'islam. Le combat berbère de ce point de vue est en fait dirigé beaucoup plus contre l'islam que contre l'Arabe. Un Arabe athée qui combat l'islam devient non seulement un ami des «combattants berbères», mais plus : il devient un berbère qu'on décore avec le titre de démocrate. Kateb Yacine n'est devenu une idole des berbéristes que grâce à son hostilité envers l'islam. Un arabe athée, même s'il est hostile ou indifférent à la langue berbère, on ne lui tiendra pas rigueur. Par contre un Kabyle musulman est toujours pour les berbéristes un «arabo- islamiste» à la solde des baathistes, même s'il a été affreusement torturé par la police de Boumediene pour avoir milité pour sa langue berbère. En tout cas, dans le meilleur des cas, il sera un suspect que la police idéologique des milieux militants berbéristes doit surveiller. La devise des idéologues berbéristes est donc « un Arabe athée est plus berbère qu'un berbérophone musulman». Image par : D.Messaoudi