Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Schéma du montage
Le schéma électrique du montage que l’on peut voir dans la vidéo est le suivant.
La partie la plus à gauche, « réseau amont », est le réseau électrique auquel l’installation est
raccordée, par le biais d’une simple prise murale 230V standard.
La « ligne longue émulée » est constituée d’une résistance et d’une bobine ajoutées en série (sur le
conducteur de phase uniquement, pas sur le conducteur de neutre). Ces deux éléments série
permettent d’augmenter les effets observés sur la tension, de manière à ce qu’ils soient bien visibles.
L’onduleur du commerce qui est utilisé dans le montage est un micro-onduleur d’une puissance
nominale d’environ 300W. Cet onduleur n’est en fait utilisé dans le montage que pour injecter de la
puissance active ; la consommation de puissance réactive est réalisée grâce à une deuxième bobine,
montée en parallèle de l’onduleur. En pratique, les deux opérations (production de puissance active
d’une part, et production/consommation réactive d’autre part) peuvent être réalisées par l’onduleur
lui-même, mais pour les besoins de la démonstration il était plus simple d’utiliser une bobine
séparée. Notre « onduleur émulé » est donc en fait composé d’un onduleur du commerce et d’une
bobine montée en parallèle.
Dans la vidéo, les deux bobines et la résistance sont dissimulées dans le socle du présentoir.
Les mesures sont effectuées avec deux centrales de mesure du commerce pour la tension efficace
(afficheur « mesure tension », placé au niveau de la sortie AC de l’onduleur) et la puissance active
(afficheur « mesure puissance », également placé au niveau de la sortie AC de l’onduleur du
commerce – le faible courant actif qui entre dans la bobine montée en parallèle n’est donc pas pris
en compte dans la mesure).
Les données capturées à l’oscilloscope sont mesurées respectivement par une sonde différentielle de
tension (pour la tension instantanée) et une pince de courant (pour le courant instantané en sortie
de « l’onduleur émulé », en prenant donc cette fois en compte le courant qui passe dans l’onduleur
du commerce et celui qui passe dans la bobine montée en parallèle). La mesure du courant à la pince
est un peu bruitée, comme on peut le voir sur l’oscillogramme. L’acquisition est réalisée par un
oscilloscope sur PC. La puissance instantanée affichée à l’oscilloscope n’est pas directement une
mesure, mais le résultat de l’opération mathématique « produit » appliqué aux deux canaux
« tension » et « courant ». Le bruit qui entache la mesure de courant se retrouve donc sur la courbe
de puissance instantanée.
Noter que, si en théorie les courbes de tension instantanée et de courant instantané sont
sinusoïdales, elles ne le sont jamais parfaitement en pratique ; cet effet est bien visible sur les
oscillogrammes montrés dans la vidéo, notamment lorsque l’onduleur du commerce est en
fonctionnement.
En résumé, les deux interrupteurs qui sont utilisés dans la vidéo ont donc respectivement pour effet :
Cette section s’adresse aux personnes qui connaissent la représentation de Fresnel, permettant de
d'assimiler les signaux sinusoïdaux à des nombres complexes, dits « phaseurs », qui sont représentés
par des vecteurs dans un plan complexe.
On prend comme référence de phase le signal de tension, en rouge sur les schémas ci-dessous. Le
phaseur de tension est donc réel (= « horizontal », sans partie imaginaire) par hypothèse.
A 2’29’’, l’onduleur ne produit que de la puissance active (l’onduleur du commerce est alimenté côté
DC, et la bobine montée en parallèle est hors-tension). La sinusoïde de courant est (quasiment) en
phase avec celle de tension, et le phaseur de courant est donc également réel. Le phaseur de
puissance complexe (S, défini comme le produit du phaseur de tension et du conjugué du phaseur de
courant, S = U I*) est donc également réel. C’est ce que l’on peut observer sur la Figure 4.
Noter que la mesure de courant est prise en convention générateur : lorsque la tension est positive,
le courant l’est aussi, et inversement. La puissance P est bien positive, comme il se doit pour un
générateur pris en convention générateur.
A 4’23’’ on ouvre l’interrupteur qui alimente l’entrée DC de l’onduleur du commerce, qui cesse de
fonctionner et se comporte essentiellement comme un interrupteur ouvert ; le courant que l’on
observe est donc celui qui traverse la bobine montée en parallèle de l’onduleur. Ce courant est
purement réactif, autrement dit, il est en quadrature avec la tension (Figure 6) – pour être précis, il
est en avance de 90° sur la tension. La puissance apparente S = U I* est imaginaire pure (P = 0), et la
valeur de cette partie imaginaire est négative (Q < 0).
1
Rappel : l’onduleur produit de la puissance active, et la mesure de courant est prise ici en convention
générateur ; c’est pourquoi l’ajout d’un élément inductif en parallèle a pour effet de faire avancer le courant
par rapport à la tension. En revanche, pour une charge, prise en convention récepteur, l’ajout d’un élément
inductif en parallèle a bien pour effet de retarder le courant par rapport à la tension (c’est ce que les
électrotechniciens retiennent généralement : « pour une charge inductive, le courant est en retard sur la
tension »).
Pourquoi la tension varie-t-elle ?
Essayons de donner une explication intuitive, sans aucun calcul, des variations de tension que nous
observons.
Enoncé du problème
La situation est représentée sur la Figure 7 : d'après la loi des mailles, la tension au niveau de
l’onduleur est égale à la somme vectorielle de la tension du réseau Uamont et de la variation de tension
dans la ligne ΔU, elle-même égale (loi d’Ohm) au produit de l’impédance de ligne et du courant
appelé par l’installation que le réseau alimente. La question est donc : selon la nature de la charge
(production ou consommation de puissance active ou réactive), la tension efficace |Uamont + ΔU| au
niveau de la charge sera-t-elle supérieure ou inférieure à la tension efficace |Uamont| au niveau du
réseau amont ?
Figure 7 : la tension au niveau de l'onduleur résulte de la variation de tension dans la ligne, elle-même déterminée par
l’impédance de la ligne et par le courant appelé par la charge (ou comme ici, par l’installation de production)
Approximation de Kapp
On peut simplifier l’analyse grâce à l’observation suivante (Figure 8Figure 7) : si Uamont et ΔU sont en
phase, alors les valeurs de tension efficace de U et de ΔU s’ajoutent (ou inversement se soustraient,
si Uamont et ΔU sont en opposition de phase) ; tandis que si Uamont et ΔU sont en quadrature, alors la
tension efficace de la somme (|U+ΔU|) est pratiquement égale à la tension efficace d’origine (|U|).
• le courant qui traverse l’onduleur du commerce est en phase avec la tension du réseau. En
traversant la résistance série, il produira donc un ΔU en phase (→ effet non-négligeable sur
la tension efficace) avec la tension Uamont tandis qu’en traversant l’inductance série il
produira un ΔU en quadrature (→ effet négligeable sur la tension efficace) avec la tension
Uamont.
• Le courant qui traverse la bobine montée en parallèle est en quadrature avec la tension du
réseau. En traversant la résistance série, il produira donc un ΔU en quadrature (→ effet
négligeable sur la tension efficace) avec la tension Uamont tandis qu’en traversant l’inductance
série il produira un ΔU en phase (→ effet non-négligeable sur la tension efficace) avec la
tension Uamont.
Pour comprendre l’origine des variations de tension, on peut donc simplifier la situation en
considérant séparément les deux cas suivants : d’une part, le cas où l’onduleur ne produit que de la
puissance active, et où la ligne est purement résistive ; et d’autre part, le cas où l’onduleur ne produit
ou consomme que de la puissance réactive, et où la ligne est purement inductive, voir la Figure 1 et
la Figure 10 ci-dessous. Cette simplification est connue sous le nom « d’approximation de Kapp ».
Commençons par le second cas (Figure 9) : la charge est purement consommatrice de puissance
réactive. Elle se comporte alors essentiellement comme une bobine, et on obtient un montage que
l'on pourrait qualifier de « pont-diviseur de tension inductif ». La tension au niveau de la charge est
𝐿2
donc inférieure à celle du réseau amont : 𝑈𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 ≈ 𝐿 𝑈𝑎𝑚𝑜𝑛𝑡 . On retrouve bien le résultat
1 +𝐿2
attendu : « consommer de la puissance réactive fait baisser la tension », et on voit que l’explication
de ce phénomène tient à la nature inductive des lignes électriques.
Figure 9 : effet sur la tension d’une charge purement réactive (ici, qui consomme de la puissance réactive)
Si la charge produisait de la puissance réactive, au lieu d’en consommer, le signe du courant appelé
par la charge serait inversé, le signe de ΔU aussi, et cette fois on observerait une élévation de tension
au niveau de la charge, par rapport au réseau amont. Une autre manière de voir les choses est de
considérer que l’on aurait réalisé un circuit résonant LC série (L pour la ligne, C pour la charge) ; dans
ce circuit, la tension aux bornes de la capacité est alors supérieure à la tension d’excitation Uamont.
Figure 10 : effet sur la tension d'une charge purement active (ici, qui consomme de la puissance active)