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Généralités
par Rémy AUDINOS
Professeur des universités
Ingénieur du Génie chimique de Toulouse
Une étude détaillée des procédés de séparation utilisant les membranes pourra être trouvée
dans la rubrique Techniques séparatrices à membranes du traité Génie des procédés des Tech-
niques de l’Ingénieur [1] [2] [3] [4].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Constantes physico-chimiques K360 − 1
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1. Fabrication des membranes l’action d’une force agissante, de substances entre les deux volumes
qu’elle sépare [14]. La perméabilité de la membrane, caractérisée
par le flux transmembranaire, est directement reliée à l’intensité de
Une membrane artificielle à perméabilité sélective est une struc- cette force.
ture matérielle mince obtenue à la suite de traitements chimiques
ou physiques appropriés, de composés inorganiques ou organi- Selon que la force appliquée sciemment est due à un gradient de
ques, distincts, associés ou combinés, issus de synthèse ou naturels pression, à un gradient de potentiel électrique ou à un gradient de
[12]. potentiel chimique, souvent assimilé à un gradient de concentra-
tion, l’opération industrielle réalisée avec une membrane artificielle
La structure peut être continue ou discontinue. L’absence de constitue un procédé pressomembranaire, électromembranaire ou
matériau membraneux constitue un pore. La membrane peut donc chimiomembranaire.
être poreuse ou non poreuse. Généralement, en vue d’une meilleure
sélectivité, une membrane poreuse est confectionnée de façon à D’autres forces agissantes sont utilisées au laboratoire, comme la
comporter une distribution des diamètres des pores centrée autour force de gravité ou la force centrifuge : dans ce dernier cas, il s’agit
d’une seule valeur [13] : de procédés baromembranaires. Les procédés presso- et baromem-
— soit un diamètre inférieur à 2 (1,5 à 1,6) nm environ dans le cas branaires, étant assimilables, sont souvent regroupés sous le terme
des micropores ; de procédés mécanomembranaires.
— soit un diamètre compris entre 2 et 50 (1,8 à 1,9 et 100 à
D’autres procédés sont encore au stade expérimental, comme
200) nm dans le cas des mésopores ;
ceux effectués avec un gradient de température, les procédés
— soit, enfin, une taille supérieure à 50 (100 à 200) nm dans le cas
thermomembranaires , ou un gradient de lumière, les procédés
des macropores [13].
photomembranaires , ou encore ceux obtenus avec un champ
Les supermicropores ont un diamètre compris entre 0,6 et 2 (0,6 à magnétique, les procédés magnétomembranaires.
0,7 et 1,5 à 1,6) nm.
Nota : pour les mésopores, la limite supérieure est soit 50 nm, soit comprise entre 100 En pratique, il est fréquent qu’à la force appliquée viennent s’ajou-
et 200 nm, selon les auteurs. ter d’autres forces, complémentaires ou antagonistes, dues essen-
Les membranes dépourvues de pores sont des membranes tiellement à l’état des deux milieux de part et d’autre de la
denses ; toutefois, ce terme sert parfois à qualifier des membranes membrane.
comportant des micropores.
Pour obtenir une perméabilité sélective élevée, compatible avec
un usage industriel, il est nécessaire que la barrière soit la plus
mince possible. Il en résulte une certaine fragilité qui a considérable- 3. Transport de matière
ment gêné l’industrialisation des procédés à membrane au début du
siècle. À l’heure actuelle, pour pallier cet inconvénient, la structure au travers d’une membrane
mince est consolidée :
— soit en la réalisant en même temps qu’un support à pores plus
gros ; c’est le cas des membranes anisotropes, improprement appe- Sous l’action d’une force agissante, le passage ou l’arrêt des subs-
lées membranes asymétriques ; tances s’effectue d’après la possibilité de traversée par convection,
— soit en la réalisant sur un support poreux de même nature ou par migration ou par diffusion.
de nature différente ; c’est le cas des membranes composites ;
— soit en lui associant un support tissé ; c’est le cas des membra- La sélectivité de la membrane artificielle dépend donc de son apti-
nes armées. tude à distinguer les substances par effet stérique, par exclusion
ionique ou par solubilisation préférentielle.
De plus, la membrane peut être porteuse d’une charge électrique
fixée volontairement, notable ou résiduelle. Le signe de cette charge Cependant, il faut remarquer qu’il est d’abord indispensable que
électrique dépend de la nature du groupement fonctionnel : il peut la force appliquée ait un effet sur la substance considérée.
donc être positif ou négatif. Sa valeur absolue est fonction de l’état
d’ionisation du groupement fonctionnel : dans le cas des membra- De plus, il faut que la substance se trouve dans un milieu fluide
nes échangeuses d’ions, elle est réputée supérieure à 1 éq · g/kg. pour pouvoir se mouvoir. Le tableau 1 indique en bleu les états de
la matière concernés.
Finalement, selon le type de membrane utilisé, l’état physique des
2. Fonctionnement substances à séparer et la forme d’énergie mise en œuvre, la sépa-
ration fine réalisée est différente [15]. Aussi est-il habituel de distin-
d’une membrane guer, dans le cadre de l’intersection membrane-énergie-milieu
(MEM) et faute de méthodes plus rationnelles, les membranes artifi-
cielles d’après le procédé pour lequel elles ont été conçues.
Une membrane artificielle à perméabilité sélective est une bar-
rière matérielle qui permet l’arrêt ou le passage sélectif, sous Le tableau 2 résume la plupart des applications actuelles.
Liquide majoritaire solide dans liquide : suspension, liquide dans liquide : émulsion, gaz dans liquide : mousse,
colloïde solution solution
liquide dans gaz : brouillard, gaz dans gaz : vapeur, mélange
Gaz majoritaire solide dans gaz : fumées aérosol gazeux
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4. Grandeurs caractéristiques toujours hasardeuse. Il est alors préférable d’avoir recours à des
essais préalables sur une installation pilote dont les résultats sont
des membranes facilement extrapolables, d’autant que les procédés à membrane, de
par leur conception modulaire, sont peu sensibles aux effets
d’échelle, tout au moins en ce qui concerne la perméabilité et la sélec-
Les grandeurs caractéristiques des membranes commercialisées tivité.
sont présentées dans les tableaux 3, 4 et 5 en fonction de l’usage
actuel. Elles permettent de déterminer leur perméabilité et leur sélec-
tivité. Cependant, le type de variable diffère d’un procédé à l’autre. Les valeurs numériques indiquées par la suite dans les autres
De plus, dans la plupart des cas, les valeurs sont tributaires des articles de cette rubrique [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] seront expri-
conditions qui existent dans l’intersection membrane-énergie- mées en unités SI [16] [17] [18] [19] [20].
milieu. Il en résulte qu’une extrapolation à des conditions autres est
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Sélectivité Pouvoir d’arrêt Solubilité (1) Seuil Seuil Solubilité (1) Libre parcours Solubilité (1)
absolu de coupure de coupure moyen
Sélectivité Taux Taux de rejet et Coefficient Coefficient
adimensionnelle de rétention taux de rétention Taux de rejet de sélectivité de sélectivité
Sélectivité Facteur Facteur
relative de séparation de séparation
(1) Exprimée par des relations différentes suivant les auteurs, les utilisateurs.
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dés, vol. J2II (1991). multiples - NF X 02-006, août 1994
Traité Constantes physico-chimiques, vol. K2 (éqv. ISO 1000), remplace NF X 02-006, août
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Traité Constantes physico-chimiques, vol. K2 no 9 (1982).
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Traité Constantes physico-chimiques, vol. K2 [12] AUDINOS (R.). – Les membranes artificielles. Blackwell scientific publications, Oxford
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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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