L’ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA POLITIQUE CULTURELLE ❮ 77
Un renversement de tendance depuis 2012
Si, jusqu’en 2011, le budget de la Culture a été présenté comme sanctuarisé, et ceci malgré le contexte économique difficile et les obligations de contenir – voire de réduire – la dépense publique pour respecter les engagements européens, force est de constater que ce dernier a bel et bien amorcé une courbe descendante depuis : ainsi le budget total géré par le ministère de la Culture et de la Communication s’est-il élevé à 7 435 millions d’euros en 2012 (projet de loi de finances 2012), puis 7 364 millions d’euros en 2013 (soit une baisse de 2,3 % par rapport à 2012) et 7 262 millions d’euros en 2014 (- 2 % par rapport à 2013), ce qui représentait respecti- vement 1,98 % du budget général de 2012, 1,86 % en 2013 et 1,78 % en 2014. Le PLF pour 2015 s’établissait à 7 080 millions d’euros, soit 1,90 % du budget général. En particulier, les établissements publics sous tutelle du ministère ont enregistré depuis 2010 une baisse régulière du montant de leurs subventions (en moyenne 5 % par an) et se voient de plus en plus incités à accroître leurs ressources propres, notamment via les recettes commerciales (location d’espace, produits dérivés…) ou le développement du mécénat3.
Les dépenses par nature : consommation courante
et investissement Les dépenses sont en général rangées en fonction de deux critères : selon leurs fonctions (salaires, investissement, etc.) et selon leur domaine de réalisation (arts visuels, patrimoine, etc.). Si ces classifications sont perti- nentes, elles doivent être utilisées avec prudence. Le premier critère est utilisé pour faire la part entre la gestion du présent et la préparation de l’avenir. En fait, il s’agit d’une grille de lecture assez som- maire. Si les salaires peuvent effectivement être interprétés comme polarisés sur le seul présent, encore qu’on puisse aussi y voir le moyen d’améliorer le capital humain pour l’avenir, les dépenses d’intervention rangées dans les dépenses de fonctionnement devraient être interprétées comme une forme subtile de préparation de l’avenir. Soutenir une association à but non lucratif peut permettre à cette dernière de se renforcer et d’améliorer à la fois la quantité et la qualité des services ou des biens qu’elle offrira. En 2013, les budgets ont été en grande majorité consacrés aux dépenses de consommation (93 %) et répartis de manière à peu près égale entre salaires et traitements (dépenses d’intervention servant en général au financement
3. Voir Sylvie Pflieger, “Financing the Arts in France”, ENCATC Journal of Cultural Management and Policy, vol. 3, n° 1/2013.