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Introduction
Omniprésente en économie, la théorie des jeux est indispensable dès lors qu'il y
a interaction entre plusieurs agents dont les buts ne sont pas identiques. En effet, les
ressources sont rares et les marchés sont quasiment stables à court terme. Donc, il y aura
obligatoirement conflit sur la manière de les répartir. Les gains de part de marché ne
peuvent avoir lieu qu’au détriment des autres agents qui vont les perdre dans un jeu à
somme nulle. Dès lors, on peut voir les marchés comme des jeux où les participants sont
des producteurs et des consommateurs comme des joueurs.
La théorie des jeux est la discipline mathématique qui étudie les situations
conflictuelles où le destin de chaque participant dépend non seulement des décisions qu’il
prend mais également des décisions prises par d’autres participants. En conséquence, le
choix “optimal” pour un participant dépend, généralement, de ce que font les autres.
Parce que chacun n’est pas totalement maître de son sort, les participants se trouvent en
situation d’interaction et de conflits stratégique.
Les participants à un jeu sont appelés joueurs (players). Chaque joueur – une entreprise,
un consommateur ou un gouvernement – agit pour son propre compte selon le principe de
rationalité économique imposé par la rareté des ressources naturelles.
La théorie des jeux fut fondée par deux auteurs : Von Neumann et Morgenstern en 1944
lors de la parution de leur ouvrage Theory of Games and Economic Behavior. Mais, il y
avait des précurseurs tels que Cournot et Edgeworth. Cependant, c’est depuis la
publication du livre de Von Neumann et Morgenstern que la théorie des jeux est
véritablement considérée comme une nouvelle discipline « une nouvelle branche
mathématique ». Ces deux auteurs ont proposé une solution dans le cas particulier d’un
jeu où le gain d’un joueur correspond exactement à la perte subie par l’autre (jeu à
somme nulle ou duel). Le jeu d’échecs est un exemple de ce type de jeu. En 1951, Nash a
montré comment les idées développées par Cournot dès 1838 pouvaient servir de base
pour élaborer une théorie de l’équilibre non coopératif, qui va porter son nom, pour des
jeux à somme non-nulle, qui généralise la solution proposée par Von Neumann et
Morgenstern. Les applications de ce concept à l’économie se sont multipliées à partir des
années 70 et 80. C’est, essentiellement en économie industrielle que l’intérêt de ce
concept est apparu avec le plus de force parce qu’il permet d’étudier l'évolution des
structures de marché et les situations de concurrence imparfaite notamment celui de
l'oligopole où les entreprises adoptent des comportements stratégiques.
I- Définitions
1- Interactions stratégiques
1
Une interaction stratégique est une situation présentant les caractéristiques suivantes :
- un certain nombre d’entités (individus, entreprises, gouvernements, etc.) prennent des
décisions (ils se comportent de telle ou telle manière).
- l’ensemble des décisions prises, ainsi que le hasard, détermine une issue (quelque chose
qui se passe).
- les agents ont des préférences sur les issues possibles.
– les joueurs
– les gains ou l’utilité des joueurs (fonction des décisions des joueurs)
Les jeux peuvent être classés selon différents critères. Ils peuvent être classés
selon les types des gains. On distingue alors :
2
de côté Face alors l’enfant 1 donne 1 dh à l’enfant 2. Dans le cas contraire, c’est l’enfant
2 qui donne 1 dh à l’enfant 1.
Enfant 2
Enfant 1 Pile Face
Pile (-1 ; 1) (1 ; -1)
Face (1 ; -1) (-1 ; 1)
4-1-b Les jeux à somme non nulle.
Les jeux peuvent également être classés selon l’information dont dispose les
joueurs. On distingue alors :
Dans certains jeux, les joueurs sont au courant de tout ce qui s’est passé
auparavant. Pour ce type de jeu, un joueur dispose d’une information parfaite lorsqu’il
veut jouer car, il a une connaissance de tous les choix passés des autres joueurs. Pour
comprendre ce type de jeu, Soit l’exemple suivant : deux enfants lancent
séquentiellement chacun une pièce de 1dh. Si les deux pièces sont de côté Pile ou de côté
Face alors l’enfant 1 donne 1 dh à l’enfant 2. Dans le cas contraire, c’est l’enfant 2 qui
donne 1 dh à l’enfant 1.
3
Enfant2
Enfant 1 Pile Face
Pile (-1 ; 1) (1 ; -1)
Face (1 ; -1) (-1 ; 1)
4
4-3-b : Les jeux non coopératifs.
Joueur B
Coopération non-coopération
Joueur A Coopération (C ; C) (C ; N)
non-coopération (N ; C) (N ; N)
A un seul joueur
A deux joueurs
A n joueurs (avec n>2)
Jeux à deux joueurs
Les jeux non coopératifs peuvent être décrits sous la forme de tableaux (forme normale
ou jeu statique), ou d’arbres « forme extensive ou jeu dynamique », où ne figurent que les
gains « individuels » des joueurs.
– Des choix ou des préférences pour les joueurs sur S, représentées par une fonction
gi : i Si → IR.
– I = {A , B} ;
– Si = {P , F} ;
Joueur B
P F
Jouer A P (-1 ; 1) (1 ; -1)
F (1 ; -1) (-1 ; 1)
Jeu dynamique
Séquent alité des choix représentée par schéma arborescent (forme extensive par
opposition aux formes intensives des jeux statiques)
6
II - Les équilibres du jeu
1- Equilibre de Nash
L’équilibre de Nash est l’un des concepts fondamentaux dans la théorie des jeux : il
permet en effet de trouver les solutions à un jeu lorsqu’il peut se présenter sous forme
normale (sous forme de matrice de gains) et lorsque l’on a un jeu à information
imparfaite. L’équilibre de Nash décrit un état dans lequel, aucun joueur ne souhaite
modifier sa stratégie (ou son comportement) compte tenu des stratégies (ou des
comportements) des autres joueurs concurrents. La définition de l’équilibre de Nash est
mathématique et complexe mais on peut retenir la définition suivante : « Ce sont les
issues du jeu pour lesquelles aucun joueur ne regrettera à posteriori son choix. Les
issues sont alors des équilibres de jeux ».
les jeux à somme nulle c’est à dire la somme des gains de tous les joueurs est toujours
égale à zéro quel que soit l’issue du jeu.
7
Les jeux à somme non nulle c’est à dire la somme des gains de tous les joueurs est
différente de zéro au moins pour une seule issue du jeu.
La méthode dominante/dominée est utilisée lorsque le jeu est à somme non nulle
exemple : Pour les stratégies (a1 ; b2) on a les gains (6 ; 2) on a 6+2=80. Donc un jeu à
somme non nulle
La méthode Maximin/minimax est utilisée lorsque le jeu est à somme nulle exemple :
Pour les stratégies (a2 ; b1) on a les gains (6 ; -6) on a 6+(-6)=0.
En théorie des jeux, la dominance stratégique apparaît lorsqu'une stratégie est meilleure
pour un joueur qu'une autre stratégie, quelle que soit la stratégie de l'adversaire. Cette
méthode s’applique aux jeux à somme non nulle
Exemple 1 : Considérons un jeu à deux joueurs à somme non nulle, avec la matrice des
gains de deux sociétés RENEAUT et PEUGEOT. Le problème se trouve au niveau des
fixations des prix ce qui nous amène à ce jeu suivant :
PEUGEOT
RENEAUT PRIX BAS PRIX ELEVE
PRIX BAS (300 , 300) (700 , 100)
PRIX ELEVE (100 , 700) (500 , 500)
Une stratégie est "dominée" si elle procure au joueur des gains toujours inférieurs à ceux
associés à au moins une autre de ses stratégies. C’est pour cette raison qu’un joueur
rationnel ne doit jamais utiliser une stratégie dominée.
La détermination de l’équilibre d'un jeu consiste à éliminer en premier lieu toutes les
stratégies dominées puis de rechercher, dans le jeu réduit, les équilibres.
8
Elle propose une entente à chacun: accepter de confesser le crime et de témoigner en
échange d’une réduction de peine
Si aucun des deux complices n’accepte de témoigner, seules des charges mineures
pourront être retenues
Exemple 1: Pour commencer, on considère le jeu qui est sans doute le plus célèbre, à
savoir le dilemme du prisonnier. On suppose que deux suspects sont interrogés
séparément par la police pour une action délictueuse grave. La police ne dispose pas
d’éléments de preuve suffisants pour obtenir la condamnation des prévenus pour l’acte
dont ils sont accusés. L’aveu d’au moins l’un des deux est donc indispensable. La police
propose à chaque accusé d’avouer, dans quel cas il sera relâché. S’il n’avoue pas mais
que l’autre le fait, il écope d’une peine de prison de 15 ans. Si les deux avouent, ils
peuvent espérer bénéficier de circonstances atténuantes et recevoir une peine de 8 ans
chacun. Enfin, si aucun des deux n’avoue, ils seront condamnés pour des délits mineurs
`a 1 an de prison. La matrice des gains a donc la forme suivante.
Gaston
C NC
Raoul C (3 , 3) (0 , 5)
NC (5 , 0) (1 , 1)
Pour Gaston C’est une stratégie dominante 3<5 et NC est une stratégie dominée car 5>3
On simplifie ensuite. La stratégie dominée pour le joueur Gaston (c’est la stratégie C qui
élimine l’autre NC). On obtient la matrice des gains suivante
Gaston
9
C
Raoul C (3 , 3)
(C , C )=(3 , 3) est la bonne décision pour les deux joueurs. C’est l’équilibre de Nash
Si dans un jeu donné à somme non nulle tous les joueurs disposent d’une stratégie
dominante et qu’ils choisissent effectivement cette stratégie, le résultat du jeu est appelé
équilibre en stratégies dominantes. Dans le dilemme du prisonnier, le couple (coopérer,
coopérer) est un équilibre en stratégies dominantes. On l’appelle aussi équilibre de Nash
stratégies de l'entreprise B
B1 B2 B3
ne faire la Baisser
rien faire publicité les prix Min
A1 faire la publicité (10 , -10) (2 , -2) (4 , -4) 2
ventes
stratégies A2 promotionnelles (7 , -7) (-8 , 8) (-3 , 3) -8
de l'
entreprise A A3 baisser les prix (5 , -5) (-1 , 1) (-6 , 6) -6
Maximum 10 2 4
10, 2 et 4 sont les gains de l’entreprise ligne A s’elle adopte la stratégie a1. le minimum
des gains est égal à 2
-10, -7 et -5 sont les gains de l’entreprise colonne B s’elle adopte la stratégie b1.
La solution : (a1,b2)
Pour bien comprendre la technique Maximin/minimax, on peut retenir uniquement les
gains du joueur ligne : l’entreprise A
10
Stratégies de l'entreprise B
B1 B2 B3
ne faire la baisser les
rien faire publicité prix Minimum
A1 faire la publicité 10 2 4 2
ventes
A2 promotionnelles 7 -8 -3 -8
Maximum 10 2 4
Si l’entreprise ligne A, adopte la stratégie A1 alors Son minimum des gains est égal à 2
Si l’entreprise ligne A, adopte la stratégie A2 alors son minimum des gains est égal à -8
Si l’entreprise ligne A, adopte la stratégie A3 alors son minimum des gains est égal à -6
Stratégies de l'entreprise B
B1 B2 B3
ne rien faire la baisser les
faire publicité prix Minimum
A1 faire la publicité 10 2 4 2
ventes
stratégies de
A2 promotionnelles 7 -8 -3 -8
l'entreprise A
A3 baisser les prix 5 -1 -6 -6
Maximum 10 2 4
Si l’entreprise colonne B adopte la stratégie B1. Le maximum des gains de A est égal à
10
Si l’entreprise colonne B adopte la stratégie B2. Le maximum des gains de A est égal à 2
Si l’entreprise colonne B adopte la stratégie B3. Le maximum des gains de A est égal à 4
L’entreprise B va choisir le minimum des maximums des gains de A, c’est-à-dire la
stratégie b2 qui procure à A des gains égal à 2
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Exemple 1 : Considérons un jeu à deux joueurs (X et Y) à somme nulle, avec la matrice
des gains suivante.
Y1 Y2 Y3 Y4
x1 (18 ; -18) (3 ; -3) (0 ; 0) (2 ; -2)
x2 (0 ; 0) (-3 ; 3) (10 ; -10) (-20 ; 20)
x3 (9 ; -9) (2 ; -2) (-5 ; 5) (3 ;-3)
x4 (7 ; -7) (4 ; -4) (8 ; -8) (5 ;-5)
Exercice 2 : On considère la matrice des gains d’un jeu simultané à deux joueurs
suivante :
2
R1 R2 R3
L1 (0,0) (1,2) (2,1)
1 L2 (2,3) (4,5) (3,1)
L3 (1,1) (2,3) (1,2)
L1, L2 et L3 correspondent aux stratégies du joueur 1 et R1, R2 et R3 à celles du joueur 2.
1- Existe-il un équilibre en stratégie dominante ?
2- Si les paiements associés à (L3, R2) sont (4, 3), y aura-t-il un équilibre en
stratégie dominante ?
Si les paiements associés aux stratégies (L3, R3) deviennent (7,2) et ceux associés aux
stratégies (L3, R1) sont (1, 4), y aura-t-il un équilibre en stratégie dominante ?
Exercice 3 : Deux entreprises E1 et E2, produisant des biens parfaitement substituables
et jouant simultanément, se confrontent sur un marché. Leurs gains sont présentés par
la matrice suivante :
Entreprise 2
Prix
Prix bas Prix moyen
élevé
Prix bas (20 ; 18) (16 ; 15) (28 ; 17)
Entreprise 1 Prix moyen (19 ; 20) (15 ; 21) (18 ; 28)
Prix élevé (18 ; 20) (19 ; 22) (26 ; 24)
1. Donnez les définitions de : jeu, jeu stratégique et la théorie des jeux
2. Quelle est la différence entre jeu séquentiel et jeu simultané ?
3. Quel est la nature du jeu ?
4. Représentez le jeu sous forme développée.
5. Donnez la définition d’un équilibre de Nash
6. Déterminer l’équilibre de Nash en adoptant une technique appropriée ?
(Justifier votre réponse).
7. Que se passe-t-il si les deux joueurs décident de s’entendre ?
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