Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
Dans le vocabulaire photographique, la focalisation indique que l'image est nette à une
certaine distance de l'objectif. Dans l'analyse littéraire, le mot indique de même la distance par
rapport à laquelle l'histoire est envisagée.
La focalisation interne
Exemple 1 : J’avais cinq ans. En descendant du bateau, accroché à Ce matin-là, je pris un verre
la jupe de Maman coiffée d’un canotier orné de cerises, je fus avec Julie. Nous passâmes tous
effrayé par les trams, ces voitures qui marchaient toutes seules. Je deux un agréable moment.
me rassurai en pensant qu’un cheval devait être caché dedans.
Albert Cohen Le Livre de ma mère
Exemple 2 : [Le palais était] couvert d'une terrasse que fermait une balustrade en bois de
sycomore, où des mâts étaient disposés pour tendre un vélarium.
Un matin, avant le jour, le Tétrarque Hérode Antipas vint s'y accouder et regarda. Les
montagnes, immédiatement sous lui, commençaient à découvrir leurs crêtes, pendant que
leur masse, jusqu'au fond des abîmes, était encore dans l'ombre. Un brouillard flottait, il se
déchira, et les contours de la mer Morte apparurent.
Flaubert, Hérodias
Dans les premières lignes de l’extrait 2, le narrateur décrit le lieu où va apparaître le protagoniste. La
focalisation est alors externe. À partir de « Les montagnes ... », en revanche, toute l'information qui
nous est donnée est déterminée par le regard d'Hérode. Il s’agit donc d’une focalisation interne.
La focalisation externe
Lorsqu'un récit est fait en focalisation externe, le point de vue est situé à l'extérieur des
personnages. Le récit et les descriptions sont donc opérés de l'extérieur. L'auteur ne peut pas faire
part des sentiments, impressions, réflexions, intentions des personnages, sauf si on peut « les lire »
sur leur visage et les déduire de leurs actions. La réalité est réduite à ses apparences extérieures.
Le récit est dans ce cas plus objectif (plus neutre) qu'en focalisation interne. Cette façon de procéder
laisse alors une plus grande part à l’imagination du lecteur. Elle permet d'entretenir un certain
suspense puisqu'on va s'interroger sur l'identité des personnages et sens de leurs actions.
Exemple : L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes.
Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le
gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le
corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête
sous une casquette à visière pointue. Quand ils furent arrivés au
milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur le même
banc.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet
Exemple :
Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un
gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon. Disciple
enthousiaste de J.-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant
pour la nature, les champs, les bois, les bêtes. […]
Sa grande force et sa grande faiblesse, c'était la bonté, une
bonté qui n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, Ce matin-là, Pierre et Julie prirent un
pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, verre ensemble. Heureuse, Julie se
demandait si Pierre tenait à elle.
comme l'engourdissement d'un nerf de la volonté, une lacune
Pierre, qui était déjà marié, attendait
dans l'énergie, presque un vice. le bon moment pour lui parler de son
Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa départ pour la Chine.
fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.
Elle [Jeanne] était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison,
puis, malgré les pleurs de la mère, elle fut mise au Sacré-Cœur.
Pour conclure …
Le narrateur est celui qui raconte l’histoire. Il ne faut pas confondre le narrateur avec
l’auteur du récit, c’est-à-dire la personne réelle qui a écrit le texte (sauf bien sûr dans le cas
d’une autobiographie) ni avec les personnages (le narrateur n’est pas forcément un
personnage du récit).
La focalisation est un choix que fait le narrateur pour raconter son histoire : il choisit un
angle de vue, un « jeu de caméras ». Dans une œuvre littéraire, la focalisation peut donc
changer d’un passage à l’autre.