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Les minéralisations sont étroitement contrôlées par la tectonique globale.

Si nombre de
minéralisations semblent se rencontrer a toutes les époques avec des variations dans les
proportions et les ordres de grandeur, plusieurs types de minéralisations ne sont connus qu’à
certaines époques, comme le nickel sulfure des komatites de l’Archéen, ou les BIF et
complexes stratifiés du Protérozoïque inferieur. Les porphyres et les gisements épithermaux
sont restreints aux périodes récentes, en grande partie du fait de l’érosion des minéralisations
plus anciennes de même type. Les particularités géologiques des ceintures de roches vertes et
l’abondance de certains types de gisements à l’Archéen suggèrent que les conditions
géotectoniques étaient différentes : avec des plaques continentales moins développées et un
gradient géothermique plus élevé, la dynamique des plaques fonctionnait différemment. La
métallogénie des cycles de Wilson n’est donc pas directement applicable aux époques plus
reculées de la Terre ou, en d’autres termes, le principe d’actualisme n’est pas totalement
valide en métallogénie.
Plusieurs types de gisements sont ainsi associes a des impacts météoritiques. Les structures
d’impact du Vredefort-Witwatersrand et de Sudbury par exemple présentent des ressources
d’importance mondiale en or et uranium pour le premier, et en Ni, Cu et EGP pour le second.
Les gites d’uranium du bassin de l’Athabasca pourraient faire partie de la même famille. On
peut distinguer trois styles de relations entre gites et impact (Reimold et al., 2005). Les gites
protogénétiques (ou pré-impact) existaient avant l’impact et sont mis au jour par celui-ci. Les
gites syngénétiques sont directement relies a l’impact (Ni-Cu-PGE de Sudbury). Les gites
épigénétiques (ou post-impact) résultent de l’effet thermique et hydrothermal de l’impact;
c’est le cas de gites filoniens de basse température a barytine-fluorine (Charlevoix au Québec,
Ries en Allemagne), ou des gites exhalatifs tardifs de zinc qui s’installent dans le lac de
cratère de Sudbury.
Apres une présentation de la métallogénie du cycle de Wilson au Phanérozoïque, nous
aborderons la métallogénie des époques archéennes et protérozoïques qui relèvent d’une
géodynamique globale sensiblement différente.

La tectonique globale est le moteur de la métallogenèse mondiale. Ceci s’explique par le cycle
de Wilson qui est le cycle des plaques tectoniques qui se déroule depuis la naissance des
océans dans les rifts jusqu’à leur disparition dans les zones de subduction. Il se déroule sur
une période allant de 200 à 500 Ma, selon les océans. Deux théories s’affrontent pour
expliquer ces cycles et donc la tectonique des plaques : l’une privilégie des mouvements de
convection dans la partie supérieure de l’asthénosphère, jusqu’à une profondeur de 670 km;
l’autre fait appel à des plumes mantelliques et met en jeu des processus magmatiques plus
profonds qui descendent jusqu’à la limite manteau-noyau, la couche D’’. Ces théories
correspondent à deux modes de convection du manteau. D’une manière générale, on peut
distinguer trois types de plumes selon la profondeur de leur racine (Courtillot et al., 2003) :
 des plumes primaires, originaires de D’’,
 des plumes secondaires, issus de sommets de dômes de plumes mantelliques de plus
grande ampleur,
 et des plumes tertiaires, ou andersoniens, originaires de la discontinuité à 670 km et
relies aux processus de tension dans la lithosphère.
Les cycles de Wilson se succèdent au moins depuis le Protérozoïque supérieur, comme en
témoigne la présence d’ophiolites. A chaque étape du cycle, un ensemble d’évènements
géologiques peut générer des concentrations minérales (tableau 10.1). Dans l’évolution des
orogenèses de collision, on peut distinguer cinq stades : rupture, océanique immature,
océanique avance, convergence, collision et hypercollision.
Le tableau qui suit montre les différents stades du cycle de Wilson en fonction les
évènements majeurs, les manifestations géologiques majeures et les différents types de
gisements associés.
On remarque que certains types de minéralisations (évaporites, red bed, etc.) peuvent
apparaitre à différents stades du cycle de Wilson.

Les figures qui suivent montrent les cinq grandes étapes du cycle de Wilson avec principaux
types de gisements attaches a chacune. Certains types de gisements (évaporites, MVT, etc.)
peuvent apparaitre à plusieurs étapes. N et B correspondent aux dépôts de borates et nitrates
des évaporites hydrothermales.

Les stades rupture, océanisation immature, océanisation avancée et convergence constitue le


stade initial des gisements des aires orogéniques. On l’appelle encore stade inférieur ou
primaire d’avant plissement. Il s’étend depuis la formation du bassin jusqu’aux principales
phases de plissement qui conduisent à l’inversion du régime géosynclinal.

Ce stade à l’initial est caractérisé par la présence de profondes fractures s’étendant à travers
l’espace sous cortical suivant lesquelles montent en abandonne les matériaux du magma
basaltique. Le long de ces fractures au sein du bassin en pleine subsidence s’accumulent de
puissances assises de roches d’épanchement et de dépôts volcaniques et sédimentaires percé
par des intrusions de composition basique et ultrabasique.
Aux trois contextes de roches du stade initial du développement orogénique c’est-à-dire
intrusif, effusif et sédimentaire s’associe des groupes particuliers de minéraux utiles, qui pour
certains vont constituer des gisements associés aux roches magmatiques d’une part dans
certaines formations telles que la formation des roches submarines volcaniques constituée de
basaltes et de liparites à laquelle sont associés les gisements hydrothermaux, sédimentaires,
métamorphiques et pyriteux mixtes ce cuivre, zinc, plomb et les minerais oxydes de fer et
manganèse ; et des gisements associés aux roches sédimentaires dans certaines formations
comme la formation carbonatée avec pour concentration tabulaire des minerais miniolithiques
et carbonato-oxydiques, de manganèse, oxyde et de concentration gréseuse (limonitique) ou,
massif de phosphate, calcaire et dolomie.

Le stade collision du cycle de Wilson correspond au stade moyen des gisements des aires
orogénique. On l’appelle encore stade de plissement ou batholitique. Il correspond aux phases
principales de plissement aboutissant à la création d’une province mobile. Il se caractérise par
l’affaissement et le soulèvement de la zone subsidente affectant généralement d’abord la
partie axiale en forma de rides médianes avec une existence subséquente de la région soulevée
vers la périphérie.
A ce stade de formations, les formations endogènes sont des grosses masses de batholites, des
granitoïdes que l’on subdivise en deux formations dont la formation des granitoïdes normaux
et très acides qui est composée de granites, alaskite et associé à des gisements
pegmatititiquess, d’albitite et de greisen, d’étain, de tungstène, de tental, de béryllium et de
lithium.
Quant aux roches sédimentaires de ce stade, deux formations sont caractéristiques des
développements orogéniques dont la formation de flysch qui se distribue sur les flancs de la
zone mobile au dépend de l’érosion des rides centrales qui sont en rapide croissance. A cette
formation sont rattachés les complexes des matériaux de construction ou matériaux à bâtir
notamment les calcaires, les argiles et les marnes parfois utilisés pour la fabrication du
ciment.
Comme exemple, dans le Mayombe aux environs de Bilala, la carrière de calcaire et de grès et
près de Pointe-Noire des assises pétrolifères (cas de la deuxième formation).

Le stade hyper collision de Wilson correspond au stade tardif. Il est encore appelé stade
orogénique de post plissement ou post batholitique qui correspond au passage de la zone
plissée à la jeune plateforme non consolidée. Au Congo par exemple, il coïncide avec la
fermeture du bassin et la surrection de la chaine du Mayombe et la formation de flysch et
caustobiolites mais aussi à la formation du bassin du Niari qui constitue une grande province
métallogénique.
A ce stade de transition, au régime cratonique, sont générés deux types de formations
magmatiques d’intrusion mineure et effusive. Ces formations sont essentiellement composées
de dacite formant parfois des zones plutono-volcaniques marginales. A ces deux formations
sont associées des gisements plutoniques et hydrothermaux variés.

Aux roches sédimentaires du stade tardif sont associées diverses formations. Les principales
sont :
 les formations molassiques, associée aux gisements de matériaux de construction tels
que les cailloutis et les sables
 la formation bigarrée, associée aux gisements sédimentaires d’infiltration de fer,
cuivre, vanadium et manganèse
 la salifère,
 et la formation sablo argileuse à hydrocarbures, parfois associée au gisement de
pétrole et de gaz.
Le cycle standard de Wilson s’applique bien aux temps phanérozoïques. Il se décline
différemment aux époques plus anciennes et selon l’histoire géodynamique de chaque
continent. Nous illustrerons ces différences sur les exemples de l’Archéen de l’Abitibi du
Canada, du Protérozoïque inferieur d’Afrique de l’Ouest, du Protérozoïque supérieur du
Grenville d’Amérique du Nord, du Paléozoïque d’Europe de l’Ouest, du Mésozoïque de
l’Ouest américain, et du Cénozoïque de l’Ouest Pacifique.

L’Archéen est la plus longue période géologique puisqu’elle s’étend de la naissance par
accrétion du globe terrestre, vers 4,56 Ga, jusqu’à 2,5 Ga. Les terrains archéens comptent
pour une part importante de la surface continentale. Ils forment de vastes boucliers au Canada
(Province du Supérieur), en Australie (Yilgarn), en plusieurs régions d’Afrique (dorsale de
Man dans le craton ouest-africain, craton du lac Victoria et craton sud-africain), d’Amérique
du Sud (craton de Sao Francisco), de Chine et de Russie. L’état de conservation de ces
terrains est très variable : certains font preuve d’une préservation locale presque surprenante
vu leur âge, comme certaines régions d’Abitibi, mais la plupart a été très fortement modifiée
par les orogenèses ultérieures.
Au début de l’Archéen, la croute continentale se bâtit par collisions fréquentes d’arcs
insulaires qui conduisent à la formation de microcontinents appelés TTG (gneiss
trondjhemitotonalitiques et granodioritiques) (Percival, 2003). A l’Archéen supérieur, sur ces
continents non cratonisés se développent des variantes de bassins d’arrière-arc : les ceintures
de roches vertes (greenstone belts) qui contiennent des proportions signifie captives de
komatites. Le nom provient du fait que ces formations sont de teinte vert fonce à cause de la
présence systématique de minéraux de cette teinte (olivine, épidote, chlorite, etc.). Leur
évolution tectonique s’apparenterait à celle des zones d’accrétion de type cordillère. La fin de
l’Archéen est marquée par la formation des cratons et représente donc la période de
production crustale la plus active; elle correspond aussi à une intense activité métallogénique.

Coupes schématiques de la formation des ceintures de roches vertes à l’Archéen. a) en régime


de subduction peu pentée, l’arc insulaire est suivi d’un environnement d’arrière-arc en
compression (thin tectonic); b) en régime de subduction plus pentée, l’arc est suivi d’un
environnement distensif ou peuvent se mettre en place des roches mantelliques de type
komatiite; elles peuvent induire une fusion crustale et la formation de rhyolite à haute
température à laquelle peuvent être associes des amas sulfures volcanogènes (d’après Kerrich
et al., 2000; Davis, 2002; Cawood et al., 2006).

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