politique nAtionAle

Watchard Kédjébo
crache ses vérités:
‘‘Nous avons une
opposition
déchiquetée…’’
Porter la plume dans la plaie

PRIX: 300 FcFA

Hebdomadaire d’analyses et d’investigations - N°033 du Lundi 21 au Dimanche 27 Février 2022

en q u êt e port de pêche d’AbidjAn

Les gros mensonges

de l’affaire ‘ faux thon’’
lLes ministres Sidi Touré et
Souleymane Diarrassouba pris
au piège de la guerre des intérêts
lDes révélations sur leurs collaborateurs
qui mélangent la filière faux thon
probo koAlA foncier
Voici les 400 mille victimes Voici la longue
des déchets toxiques qui sont liste des victimes
sûres à 100% d’être indemnisées
lce que les juges viennent de décider à Amsterdam de l’Agef
2
E DITOrIAL
Par norbert zongo
Le Perroquet EnquêtE
"Q
u'est-ce donc que vous espériez quand vous
ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires Enquête/ Port de pêche
Les gros mensonges de l’affaire ‘’faux thon’’
? Qu'elles allaient entonner vos louanges ?
Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu'à terre
par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient,
lire l'adoration dans leurs yeux ?", s'interrogeait Jean-Paul
Sartre dans Orphée Noire.
u Comment la‘’mafia’’est organisée autour des
ministres Sidi Touré et Souleymane Diarrassouba
Nous répondons aujourd'hui : il y a dans leurs yeux, la ré- Quatre mois après la signature du décret n°2021- 910 du 22 décembre 2021 portant plafonnement du prix
signation. Celle de l'enfant auquel on vient de retirer le bi- du kilogramme de ‘’poisson faux thon’’ ou ‘’poisson garba’’, les acteurs aux ministères du Commerce et
beron de la bouche ; celle du clochard, sans abri, qui de ressources animales et Halieutiques, peinent à présenter aux populations les preuves de pénurie et de
regarde tomber les premiers flocons de neige annonçant spéculations. Le temps a révélé les manigances d’un groupe d'opérateurs sous le manteau de ‘’patriotes’’
l'hiver ; celle de l'esclave abandonnant son destin dans pour généraliser leurs erreurs de gestion en une affaire d’Etat. Et ce, en infiltrant les centres de décisions
les mains de son maître qui s'apprête à le vendre. dans des cabinets ministériels qui sont laissés prendre dans l'arnaque. Enquête exclusive sur une affaire
N'accusons pas : la France n'est pas coupable de l'ag- qui risque de faire tomber des grosses têtes aux ministères du Commerce et des ressources halieutiques.

gravation de notre misère qui suivra la dévaluation du
CFA. Le F.M.I. et la Banque mondiale n'ont rien à se re-
procher.
Accusons : nous sommes coupables. Nous, "colons
noirs" du néocolonialisme français. Nous, valets qui
avons pérennisé et pérennisons tout un système sécu-
laire d'exploitation.
N'accusons pas : la France avait raison de tenir ses co-
«A
vant de prendre une déci- entrés à la Caréna-Abidjan pour des
sion il faut discuter avec travaux de réparation. « Nous avons
les acteurs, connaitre donc demandé plusieurs fois le paie-
leurs réalités avant de prendre une ment à Inter Océan dans la situation
quelconque décision. Nous mettons où nous avions besoin du plus gros
au défi Aimé Koizan, directeur général montant, mais seulement un petit
du Commerce intérieur, de publier un montant a été payé. Nous avons mal-
procès-verbal (PV) de réunion où tous heureusement été contraints d’em-
les acteurs de la filière faux thon ont prunter de l’argent à MM. Moumouny
été associés à une réunion autour du et Badara pour la réparation des na-

Nous sommes à notre place

lonies à la laisse quand elles faisaient son poids dans le
monde. Elle a raison de les lâcher aujourd'hui pour sau-
vegarder ses propres intérêts. Elle a raison.
Accusons : l'Afrique n'a connu de fils valeureux que ceux
qui se sont battus et sont morts, pour la plupart, avant de
voir même la pseudo indépendance.
Nous "élites", nous sommes d'une autre race. Celle de
l'insouciance, de la facilité et du luxe.
Accusons ces Africains indignes qui ont œuvré pour la
désunion du continent, c'est-à-dire la mainmise de la
France.
Accusons ces Africains dits "élites" d'aujourd'hui qui se
prélassent dans l'inconscience, l'insouciance et la pa-
resse.
La France a raison depuis 1885, depuis Berlin.
"Jamais plus qu'ici, et jamais plus que ce soir, je n'ai com-
pris combien c'est beau, combien c'est grand, combien
c'est généreux la France", a déclaré le général de Gaulle
au Forum d'Alger le 4 juin 1958 (in Historia "Après le 13
mai la Ve"). On ne saurait blâmer une Nation qui lutte
pour sa pérennité, même au détriment de la vie d'autres
peuples. Cet enseignement, on nous l'a donné dans les
cales des négriers, dans les champs de canne à sucre et
de coton, dans les champs de mines, sous le souffle de
la mitraille. Nous l'avons oublié, négligé.
Dans ce monde, il n'y a pas de place pour les faibles, les
vaincus et les irresponsables. C'est ce dernier enseigne-
ment que nous venons de recevoir à Dakar, capitale de
l'Afrique occidentale française (A.O.F.), avec l'annonce de
la dévaluation du franc CFA. S'il y a une place pour nous,
c'est certainement celle que nous occupons aujourd'hui :
celle des moins que rien dont il faut gérer le destin. On
finit toujours par sevrer les enfants.
L'Indépendant n°25 du 18 janvier 1994
prix ». Depuis plus d’un mois que
Touré Mamadou, le directeur de l’une
des plus grandes sociétés de ma-
reyeurs au Port de pêche d’Abidjan, a
lancé ce défi au directeur du Com-
merce intérieur, c’est le statu quo du
côté du proche collaborateur du minis-
tre Souleymane Diarrassouba.
Pis, sur la cendre encore chaud du
débat autour du plafonnement du prix,
un arrêté interministériel vient raviver
les tensions entre les acteurs de la fi-
lière faux thon. « Tantôt on nous dit
que c’est à cause de la hausse du prix,
tantôt, on dit que c’est parce que ce
sont les étrangers qui gèrent la filière,
tantôt on nous dit que c’est parce qu’il
ya blanchiment d’argent. On ne sait
plus ce qu’on veut finalement dans ce
débat, qui est dans le fond une mise
en scène de quelques individus dont
les affaires ont pris un coup », s’inter-
roge un mareyeur grossiste.
Derrière la bataille autour du ‘’faux
thon’’ ou ‘’poisson garba’’ au port de
pêche d’Abidjan, comme nous l’écri-
vions dans Le perroquet N°28 se
cache une affaire de partage des ba-
teaux, une guerre de partage de gains
entre armateurs, mareyeurs, autorités
L’Information
en continu sur
notre site Web
Découvrez désormais
les enquêtes de
sur son site Web
www.leperroquetlibere.ci
Sur la cendre encore chaud du dé-
bat autour du plafonnement du
prix, un arrêté interministériel
vient raviver les tensions entre les
acteurs de la filière faux thon.
politiques et administratives.
La vérité qu’on cache
aux populations
Le perroquet libéré s’est procuré
quelques feuilles des transactions qui
battent en brèche les arguments sou-
mis au chef de l’Etat pour la signature
du décret n°2021- 910 du 22 décem-
bre 2021 portant plafonnement du prix
du kilogramme de ‘’poisson faux thon’’
ou ‘’poisson garba’’. Cependant, Le
perroquet libéré s’est procuré des élé-
ments des transactions, qui battent en
brèche les arguments soumis en chef
de l’Etat pour la signature du décret
n°2021- 910 du 22 décembre 2021
portant plafonnement du prix du kilo-
gramme de « poisson faux thon » ou
« poisson garba ».
« C’est inconcevable que pour un in-
dividu qui a des problèmes d’affaires,
on fasse porter le chapeau à tout le
monde. C’est inadmissible. Et c’est
dommage que des politiciens derrière
lui se prêtent à son jeu. A cause d’un
individu, on veut tuer toute une chaine
d’approvisionnement», constatent
amers des acteurs de la filière faux
thon, indexant sans ambages le PDG
du groupe Inter Ocean, Jérôme Anoh
Konin.
Des armateurs interrogés confirment
la colossale dette d’Inter Ocean en-
vers Panofi. Selon les échanges de
courriers, c’est en décembre 2019 que
Panofi constate qu’Inter Océan ne
paie pas le prix du poisson et les
dettes s’accumulent. En janvier et fé-
vrier 2020, 7 navires de Panofi sont
vires.
Ainsi comme le chargement et le dé-
chargement d’Abidjan ont commencé
en mars cette année-là (2020 ndlr), le
marché aux poissons est divisé en
trois : Inter Océan, Moumouny et Ba-
dara », informent les responsables de
Panofi.
Le montant qu’inter Océan doit payer
à Panofi est d’environ 3 229 362 dol-
lars au 20 mai 2020 et Panofi exige
qu’Inter Océan lui reverse 500 000
dollars par mois afin d’apurer sa dette.
Dans la réponse au courrier du patron
de Panofi, les responsables d’Inter
Océan justifient la situation en ces
termes. « Le stock de la dette est ac-
tuellement de 2024 733 552 milliards
de FCFA au lieu de 2 417 309 421 de
FCFA comme indiqué dans votre let-
tre. Surement le chèque de
393 248 645 de FCFA déposé auprès
de Mabico n'a pas été pris en compte.
C'est certes énorme, mais cela se
comprend étant donné que nous
avons encore un stock de poissons de
plus de 2000t à la Socef. Cette dette
est principalement due au contexte
commercial. Avant 2017, vous nous
vendez le poisson à des prix allant de
430 F à 580 FCFA le Kg selon la pé-
riode. Nous l'avons réclamé à des prix
allant de 600F à 750F le Kg. Nous au-
rons pu payer votre argent en totalité.
Depuis 2017, le contexte a changé.
Vous avez augmenté le prix d'achat en
moyenne de 205 FCFA le Kg alors que
nos prix de vente n'ont pas changé. En
conséquence, notre marge est réduite,
ce qui entraîne des résultats négatifs,
entraînant des paiements lents. Tout
cela a augmenté la dette.
Vous êtes notre seul grand partenaire
et sans vous, nous ne sommes rien.
En conséquence, nous avons été
contraints d'accepter vos prix. Encore
une fois, vous nous avez promis que

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 Le Perroquet EnquêtE
3

vous réviseriez les prix d'achat à la
baisse pour nous permettre d'avoir une
bonne situation financière.
Néanmoins, dans l'espoir que la situa-
tion évolue favorablement pour les
deux parties, nous vous proposons de
payer 250 000 000 FCFA par mois »,
peut-on lire dans le courrier.
Au plan judiciaire, la société Inter
Océan ne restera pas inactive. Le 20
octobre 2021, elle a commandité une
saisie conservatoire sur un navire de la
« Tantôt on nous dit que c’est à cause de la hausse
du prix, tantôt, on dit que c’est parce que ce sont les
étrangers qui gèrent la filière, tantôt on nous dit que
c’est parce qu’il ya blanchiment d’argent. on ne sait
plus ce qu’on veut finalement dans ce débat »
société D-H Fisheries basée au Ghana,
Newton Tema, pour une créance de
141 millions de FCFA. Mais elle sera
déboutée par le tribunal du commerce
d’Abidjan Plateau en son audience du
14 décembre 2021. « La saisie conser-
vatoire portant sur le navire IrIS J en
date du 20 octobre 2021 est devenue
sans cause. En ordonnons la mainle-
vée subséquente. rétractons l’ordon-
nance N° 3159 en date du 22
septembre 2021 qui autorise la saisie.
Déboutons la demanderesse du sur-
plus des prétentions », a tranché le tri-
bunal du commerce.
Ces échanges de courriers, comme
nous l’écrivions récemment, résument
en tout, la crise que vit la filière ''faux
thon'' depuis des mois. « Les anima-
teurs du débat autour de la vraie fausse
pénurie ou encore l’inflation ne sont
autres que le patron de Inter Océan et
ses hommes de mains. Ils sont aidés
par leur proximité avec certains hauts
cadres des ministères du Commerce et
des ressources animales et halieu-
tiques par qui, ils sont passés pour in-
duire en erreur, le ministre
Diarrassouba qui, de bonne foi, sans
connaitre les aboutissants de l’affaire,
a soumis le décret à la signature du
chef de l’Etat », commente un acteur
de la filière.
Mise en scène d’opérateurs et
leurs relais dans les cabinets mi-
nistériels
Pour sortir la tête de l’eau et sauver ce
qui peut être de leur affaire, le PDG de
Inter Océan, Jérôme Anoh Konin, met
en place une stratégie de riposte bien
huilée. D’abord, il signe un partenariat
avec la Conserverie Irone. Sur le ter-
rain, le trio Jules Tanoh, directeur des
opérations chargé des relations exté-
rieures de la société Inter-Océan, gros-
siste, Kafando Issa, directeur général
de Océane Trading et Tagro Muller, gé-
rant des Établissements Tagro se met
en place. Avec pour arguments : faire
accepter par l’opinion, une éventuelle
pénurie, ensuite une spéculation. Des
arguments qui vont vite prendre auprès
de leurs relais aux ministères des res-
sources animales et halieutiques et du
Commerce. « L’Etat et ses enquêteurs
doivent s’interroger, pourquoi depuis
des mois, ce sont seulement trois indi-
vidus qui se plaignent à tout vent. Il y a
anguille sous roche. Et cela doit inter-
peller », relève un observateur.
Dans l’affaire, les relais de Jérôme
Anoh, PDG de Inter Océan au sein de
l’administration, seront très précieux. Il
a l’avantage d’être parenté au directeur
du Commerce intérieur qui se trouve
être le frère de l’épouse du président
Bédié. Ce dernier, de par son réseau
au sein de l’administration, donnera un
cachet officiel au combat de ses proté-
gés.
Au ministère des ressources animales
et halieutiques, on établit la ‘’bonne
connexion ‘’ entre les hauts cadres
avec ceux du ministère du Commerce.
Selon nos sources bien introduites,
bien qu’étant parti depuis des années
du département des ressources ha-
lieutiques, le prédécesseur de Sidi
Touré, Adjoumani Kouassi, actuel mi-
nistre de l’Agriculture, aurait un regard
sur la filière pêche. « Ce sont ses
hommes qui sont toujours aux postes
stratégiques. Le ministre Sidi ne mai-
trise pas encore tous les rouages. Il
s’appuie sur les réseaux qu’il a trouvés 03 août 2020 qui est encore restée
sur place. Un réseau qui traite directe- sans suite de votre part. Dans l’intérêt
ment les dossiers avec leurs homo- du consommateur et de tous les opéra-
logues du ministère du Commerce, qui teurs économiques qui exercent dans
ont les mêmes ambitions et intérêts », ce secteur d’activités, le ministère des
confie un agent du ministère des res- ressources animales et halieutiques
sources animales et halieutiques. se voit dans l’obligation d’interdire,
« Ce n’est pas parce que nous ne fai- jusqu’à nouvel ordre, à compter de
sons pas nos rapports ou enquêtes. mercredi 12 août 2020, tous les débar-
Lorsque nous les déposons auprès de
notre hiérarchie, soit on les met dans la
poubelle, soit on dénature complète-
ment le contenu. Et c’est la version dé-
naturée qui est souvent soumise à
l’appréciation des ministres. Ce qui
donne des résultats souvent en dépha-
sage avec la réalité du terrain. On parle
de mafia au port de pêche, je crois
qu’on doit aussi s’attaquer aux mafias
qui existent dans les ministères qui,
souvent, prennent en otage des minis-
tres ! », explique un inspecteur d’un mi-
nistère qui a exigé le strict anonymat.
Toute chose qui a abouti aux rapports
qui ont amené le chef de l’Etat à pren-
dre le décret n°2021- 910 du 22 dé- Des mareyeurs unanimes : « C’est inconcevable
cembre 2021 portant plafonnement du que pour un individu qui a des problèmes d’af-
prix du kilogramme de ‘’poisson faux faires, on fasse porter le chapeau à tout le monde.
thon’’ ou ‘’poisson garba’’ sur la base C’est inadmissible. et c’est dommage que des poli-
d’un rapport auquel tous les acteurs ticiens derrière lui se prêtent à son jeu ».
n’ont pas été associés.
Concernant le ministère du Commerce, quements des captures réalisées par
c’est le directeur général du Commerce les navires Panofi aux mareyeurs du
intérieur, Aimé Koizan et la secrétaire ‘’ faux thon ‘’ sur le marché ivoirien »,
exécutive du Conseil National de Lutte tranche le collaborateur du ministre
contre la Vie Chère (CNLVC), Dr Sidy Touré. Sur quelle base ou suite à
ranie-Didice Bah-Koné qui auraient quelle enquête sérieuse le collabora-
mené les débats. Mais avec qui ? Inter- teur du ministre Sidi Touré accuse un
rogé, M. Minanou qui conduit le rapport armateur parmi une multitude d’être à
d’enquête auprès de la CNLVC nous a la base de mauvaises spéculations ?
invités à adresser un courrier au secré- Nous n’avons pu avoir de réponses au-

«Les vérités d’un armateur»

«On ne peut pas plafonner les prix
sans associer les acteurs. Les ba-
teaux ne viennent pas directement
en Côte d’Ivoire. Par exemple, pour
les navires battant pavillon ghanéen,
quand ils finissent de pécher, ils re-
tournent au Ghana. Ils demandent
une autorisation pour la Côte d’Ivoire.
L’Etat regarde. S’il y a beaucoup de
poissons, il délivre l’autorisation. Mais
si le poisson n’est pas assez, il re-
fuse. Et le vend au Ghana. Au-
jourd’hui, nous nous battons nous
mêmes pour faire venir ce poisson et
on plafonne le prix. Cette situation va
faire fuir les armateurs que nous
sommes. On met les populations en
danger. On prend une décision sans
associer les armateurs parce que
des mareyeurs sont venus raconter
des choses. Et on fait prendre un dé-
cret.
Quand un cargo gare pour 10 jours,
il fait travailler au moins 120 per-
sonnes. Les droits de douanes que
ces bateaux versent à l’Etat. Par
exemple, pour un bateau de 1000
tonnes à l’importation c’est 82 mil-
lions de FCFA de frais de douane.
C’est un chômage généralisé que
tout cela va créer.
Par exemple, quand un thonier de
500 tonnes arrive au port de pêche et
qu’on lui demande de vendre le pois-
son à 400 FCFA, le prix total de la
vente s’élève à 200 millions de
FCFA. Avec cette somme, il ne peut
pas s’en sortir car le carburant d’un
mois seulement fait 120 millions de
FCFA, la nourriture 7 millions, 10 mil-
lions pour l’huile de moteur. Le salaire
des capitaines, mécaniciens et ma-
rins lui revient à 30 millions pour les
trois. Les frais d’escale, d’agence,
douanes, se situent entre10 et 15 mil-
lions de FCFA, le billet et les frais de
séjour de l’inspecteur qui quitte au
Ghana. Sans compter les accidents
lors de la pêche et autres imprévus.
A cela, il faut ajouter les prix des li-
cences. Un bateau peut avoir 3 li-
cences de pêches pour pouvoir
pêcher dans les eaux de différents
pays ce qui fait environ 90 millions
FCFA pour les 3 licences. Le filet de
bateaux lorsqu’il se gâte, c’est envi-
ron 500 millions de FCFA. Les 150
radars GPS jetés en mer pour capter
le mouvement des poissons, font
plus de 52 millions de FCFA. Sans
oublier les primes sur le tonnage
payées aux marins. Les communica-
tions des bateaux coûtent 1,5 million
de FCFA. Chaque année, la facture
de réparation du bateau à la Caréna,
c’est minimum 200 millions de FCFA
.La vidange du bateau 2 à 3 millions
FCFA. Frais de transitaires. Etc.
Ainsi avec cette réalité, il est difficile
pour un armateur qui a investi des
milliards de vendre son poisson au
prix de 400 FCFA. Veut-on chasser
les navires ? Pour faire plaisir à qui ?
Koizan qui est petit frère de Mme
Bédié veut-il aider son neveu ?
C’est inconcevable que pour un indi-
vidu qui a des problèmes d’affaires,
on fasse porter le chapeau à tout le
monde. C’est inadmissible.
Un arrêté interministériel récemment
pris qualifie tous les poissons de
‘’faux thon’’ alors que l’Union euro-
péenne qui contrôle le faux thon, es-
time que sur 1000 tonnes, le faux
thon ne doit pas dépasser 100
tonnes. Comment peut-on considérer
toute une cargaison de ‘’faux thon’’?
La Douane a une définition du faux
thon sur la base qu'elle a fixé ses ta-
rifications à trois niveaux. Est-elle de-
venue un service autonome ? Avec
ces différentes définitions, on ne sait
plus où on va».
Propos recueillis par E.K.
taire exécutive avant qu’il ne parle.
récemment sur la chaine NCI, Aimé
Koizan a expliqué vouloir mettre un
terme à la ‘’mafia’’ qui règnerait au port
de pêche depuis des années.
Le 12 août 2020, des observateurs se
sont étonnés de la célérité avec la-
quelle le directeur de cabinet du minis-
tre des ressources animales et
halieutiques a adressé une correspon-
dance au directeur de la société Panofi
Zone Afrique de l’Ouest, basé à Accra
au Ghana, interdisant à ses bateaux de
pêcher dans les eaux sous juridiction
ivoirienne. « Je viens, par le présent
courrier, vous rappeler que les licences
de vos navires ont expiré depuis le 11
août 2020. Curieusement, nos services
n’ont enregistré aucune demande de
renouvellement desdites licences de
votre part. Par conséquent, vous n’êtes
plus autorisés à pêcher dans les eaux
sous juridiction ivoirienne, et ce pour
compter du mercredi 12 août 2020 »,
écrit Dr Zoumana Meité Anlyou.
Et la suite du courrier aiguise la curio-
sité du lecteur. « Par ailleurs, le minis-
tère des ressources animales et
halieutiques (Mirah) a constaté une
flambée des prix du « faux thon » sur le
marché due à une mauvaise spécula-
tion qui serait de votre fait. En vue de
faire stopper ces spéculations du prix
du « faux thon », nous vous avions
convié à une séance de travail le lundi
près des services du ministère des
ressources animales et halieutiques.
Un arrêté interministériel ou ‘’le
qui perd gagne’’ de Souleymane
Diarrassouba et Sidi Tiemoko
Touré
Les ministres du Commerce, Souley-
mane Diarrassouba et celui des res-
sources animales et halieutiques, Sidi
Tiémoko Touré viennent de prendre un
arrêté interministériel qui sème le doute
et des amalgames chez les acteurs de
la filière. Cela, dans leur exercice de re-
définition de faux thon. « Arrêté intermi-
nistériel N°003MIrAH/MCI/du 07
février 2022 portant définition de la no-
tion de ‘’ faux thon’’ ou poisson
‘’garba ‘’. Article 1 :Au sens du présent
arrêté, est désigné ‘’ faux thon ‘’ : les es-
pèces de thonidés majeurs congelés
non sélectionnés ou rejetés par les
conserveries locales pour un défaut de
calibrage ou de qualité à l’issue des
contrôles en usine; les espèces dites
accessoires, autres que des thonidé
majeurs, y compris les thons mineurs,
non ciblés mais capturés par les tho-
niers senneurs, conservés et débar-
qués au port. Article 2 : Est également
considéré comme ‘’ faux thon’’, tout
thon ou espèce accessoire issu de tho-
niers senneurs, importé, directement
débarqué au port d’Abidjan et acquis

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Le Perroquet EnquêtE
par les mareyeurs ou par des commer-
çants soit individuellement, soit collec-
tivement. Article 3 : Le présent arrêté
abroge toutes les dispositions anté-
rieures contraires », ont signé les deux
ministres. Pour d’autres acteurs, cet ar-
rêté prend à contrepied celui de la
Douane et les recommandations du sé-
minaire de 2013 sur le faux-thon et la
godaille.
Selon lesdites recommandations, sont
qualifiés de faux thon, les espèces de
thonidés et autres espèces voisines
sans intérêt pour les conserveries et la
godaille doit s’appréhender comme
étant la partie pêche laissée par le ca-
pitaine à ses marins et constituée de
rebuts et de chutes. Cette définition
sera appuyée par une circulaire fixant
les documents exigibles pour le dé-
douanement de la godaille.
Pis certaines personnes qui ont parti-
cipé à la rédaction de l’avant-projet de
l’arrêté interministériel ont, à la publica-
tion, crié au faux. « Dans l’avant-projet
que nous avons soumis à la signature,
à l’article 2 par exemple, nous avons
souhaité que l’arrêté prenne en compte
les espèces thoniers non senneurs.
Mais lorsque le décret a été pris, des
rédacteurs de l’avant-projet ont été sur-
pris de constater qu’il est fait seulement
cas de thoniers senneurs. Ce qui crée
des amalgames », confie notre source.
« Dans cet arrêté interministériel, on ne
sait plus ce qu’on appelle bon thon. As-
sisterons-nous à une bataille entre les
conserveries et les mareyeurs dans le
contrôle des bateaux de thon ? Il fau-
dra que les initiateurs de cet arrêté
nous expliquent dans les détails le
contenu. Sinon, on constate une
grosse confusion », explique à chaud
un acteur du faux thon.
Pour savoir ce qui s’est passé dans la
rédaction de l’arrêté nous avons joint
l’un des rédacteurs. « Une circulaire
sera adressée aux armateurs pour
mieux leur expliquer le contenu de cet
arrêté. Il n’y a pas d’amalgame. Les
thoniers non senneurs ne sont pas pris
en compte par l’arrêté. Les mareyeurs
peuvent aller au Seychelles, ou ailleurs
prendre des conteneurs, qui ne sont
pas pris en compte par l’arrêté. Il faut
que les acteurs nous approchent pour
qu’on puisse mieux leur expliquer le
contenu », éclaire notre source.
Etrange pression sur les navires
coréens et chinois !
Pendant que les acteurs de la filière at-
tendent la ‘’circulaire d’éclairage’’ au-
tour de l’arrêté interministériel, le
directeur de cabinet du ministre du
Commerce et de l’Industrie passe à la
vitesse supérieure, pour son applica-
tion. Le 11 février, il adresse des corres-
pondances aux représentants des
armateurs : ‘Société Sia, KH Shipping
et Mabico) à Abidjan avec pour
objet :’’Plafonnement du prix du ‘’pois-
son faux thon » ou ‘’ poisson garba ‘’.
« J’ai l’honneur de porter à votre
connaissance que le Conseil des Minis-
H e b D o m a D a i r e D ’a n a L y S e S e T D ’ i n v e S T i g a T i o n S
au ministère des ressources animales
et Halieutiques, on établit la « bonne
connexion » entre les hauts cadres
avec ceux du ministère du Commerce.
tres a adopté le décret n’°2021-910 du
22 décembre 2021 portant plafonne-
ment du prix du ‘’poisson faux thon ‘’
ou poisson ‘’garba ‘’. Aux termes du
décret sus cité, le prix du kilogramme
de poissons’’ faux thon’’ (toutes taxes
comprises) des armateurs aux ma-
reyeurs grossistes ne peut excéder 400
FCFA. Aussi voudrais-je vous transmet-
tre ci-joint ledit décret ainsi que l’arrêté
interministériel N°003 MIrAH/MCI du
07 février 2022 portant définition de la
notion de ‘’faux thon’’ ou poisson
‘’garba ‘’. Je vous saurais gré des dis-
positions que vous voudriez bien faire
prendre pour la délivrance , par les ar-
mateurs dont vous représentez les in-
térêts , une facture aux mareyeurs
grossistes ayant accès aux navires
mettant explicitement en évidence le
prix du kilogramme de poisson ‘’faux
thon’’ pratiqué ». Signé Loesse
Jacques Esso, directeur de cabinet du
ministre du Commerce et de l’Industrie.
« La coïncidence et l’interrogation, c’est
que ces courriers sont adressés seule-
ment aux armateurs coréens et chinois
qui desservent le marché local. Aucune
adresse aux navires européens. Veut-
on chasser ces navires qui livrent l’es-
sentiel du poisson du port de pêche
d’Abidjan, pour créer une pénurie ?
Cela à tout l’air », s’interroge un arma-
teur.
En effet, le 26 janvier dernier, les arma-
teurs coréens de Panofi Afrique de
l’Ouest, avaient adressé un courrier
aux mareyeurs grossistes du port
d’Abidjan, les informant de ne plus leur
livrer du poisson si le décret de plafon-
nement était appliqué. « Nous accu-
sons réception de votre document
détaillant une nouvelle grille tarifaire du
poisson au kilogramme dans la chaîne
de distribution. Nous pensons que cette
nouvelle liste de prix vise à formaliser
et à régulariser les prix sur le marché
local du poisson.
Cependant, compte tenu des consé-
quences désastreuses que la Covid-19
continue d'avoir sur nous et des effets
négatifs des trois mois de fermeture
des DCP (janvier-mars), nous, en tant
que fournisseurs,, sommes d'avis que
ce prix fournisseur proposé affectera
plutôt négativement notre entreprise s'il
est adopté. . Si cette nouvelle liste de
prix est adoptée, nous n'aurons pas
d'autre alternative que de chercher
d'autres pays pour vendre notre pois-
son. Nous comptons sur votre collabo-
ration habituelle ». Telle est la
quintessence du courrier des arma-
teurs coréens de Panofi Afrique de
l’Ouest, adressé le 26 janvier dernier
aux mareyeurs grossistes du port
d’Abidjan.
Toute chose qui laisse planer une me-
nace de pénurie de poisson au port de
pêche d’autant que déjà, les mareyeurs
sont confrontés à la l'arrêt biologique ou
‘’repos biologique’’ ; l'arrêt de la pêche
pendant la période de reproduction des
poissons. Ce qui a fait grimper le prix
du faux thon à l’international. Le prix de
la tonne de faux thon se négocie à l’in-
ternational à 1.434$ soit 843 192
FCFA. Soit environ 850 FCFA le kilo-
gramme de ‘’faux thon’’.
Dans ce doute, les acteurs ont été sur-
pris de deux courriers de remercie-
ments. « Cette disposition met ainsi fin
à la concurrence déloyale que certains
mareyeurs véreux imposent aux usines
et conserveries. De quoi satisfaire les
responsables de l’usine Airone Côte
d’Ivoire. Dans un courrier en date du 10
février 2022, Airone Côte d’Ivoire a
salué la position courageuse du minis-
tre Sidi Touré. « Votre analyse et com-
préhension du dossier, en collaboration
avec votre collègue du Commerce,
vous ont permis de prendre les bonnes
décisions tant par la règlementation
des prix que par la définition claire de
la notion de ‘’faux-thon’’. Cette décision,
comme vous pouvez l’imaginer, règle le
problème de l’approvisionnement des
matières premières des industriels et
soulage la population par l’encadre-
ment du prix du garba », a salué Sergio
Tommasini, PDG de Airone Côte
Un mareyeur livre sa part de vérité :
« Pour un individu, on veut mettre tout un secteur en danger »
Au début on dit « « Irone se plaint
contre les mareyeurs car elle ne
gagne pas poisson’’. On quitte là, on
dit qu’il ya ‘’blanchiment d’argent’’ au
port, ensuite on va au ministère du
Commerce on nous dit qu’on veut
plafonner le prix du poisson car c’est
cher. On ne sait plus où on va.
Par ailleurs, on nous parle de cherté
de poisson or on n’a vu aucune as-
sociation de consommateurs ou en-
core des consommateurs en ville qui
se plaignent. Ce sont des mareyeurs
comme nous qui se plaignent. Il n’ya
pas débat. Nous somme quatre ma-
reyeurs au port et non 52 comme on
le dit. Beaucoup ont des agréments
mais ce ne sont pas des mareyeurs.
Sinon les mareyeurs qui font réelle-
ment de l’importation au port, nous
sommes quatre.
- n°033 Du LunDi 21 au DimanCHe 27 février 2022
d’Ivoire.
De son côté, le Groupement des Ma-
reyeurs Grossistes au Faux Thon
(GMGFT), dans un courrier du 9 février
2022, exprime sa reconnaissance au
ministre des ressources animales et
halieutiques et à son collègue du Com-
merce et de l’Industrie, au Premier mi-
nistre et au président de la république.
Danger sur la filière un inspecteur se confesse : « Ce n’est pas parce que
‘’faux thon’’ ! nous ne faisons pas nos rapports ou enquêtes.
Lorsque nous les déposons auprès de notre hiérar-
On aurait salué l’esprit patriotique de chie soit, on les met dans la poubelle soit, on déna-
ces intervenants si certains faits ne par- ture complètement le contenu. et c’est ce qui est
lent pas en leur défaveur. En effet, de- souvent mis à l’appréciation des ministres ».
puis des mois, ils sont les seuls à parler demande. Ceux qui ont pris cette déci-
de pénurie, spéculations et autres au- sion ont fait une grave erreur qu’ils doi-
tour du ‘’faux thon’’, sans en apporter vent corriger. C’est pourquoi, nous
des preuves matérielles probantes. demandons au gouvernement de revoir
« On est étonné que ce ne sont ni les sa position car pour nous, il ne s’agit
présidents des associations de pas de prendre des décisions mais de
consommateurs ni les consommateurs faire en sorte que celles-ci soient res-
en villes. Mais seulement 3 individus pectées par tout le monde, une fois
qui se plaignent. L’Etat doit comprendre prises », plaident certains.
qu’il y a quelque chose en bas. Ce ne Pour ceux-ci, le dédouanement tel que
sont pas seulement les parents de Jé- pratiqué dans la filière est trop élevé
rôme Anoh (Inter Ocean, Tagro Muller, pour faire respecter le prix de 400 F/kg.
et Tanoh qui sont consommateurs ou Ce dédouanement, se décline en trois
qui sont au port et on les écoute pour catégories pour le même poisson et va
prendre un décret. Où est-ce qu’ils ont de 200 FCFA à 500 FCFA le kilo-
fait l’enquête dont ils parlent ? Quel est gramme. Un tarif jugé prohibitif par les
le bilan de l’évolution du prix du ‘’faux deux conférenciers qui estiment qu’au-
thon’’ qui a été fait ? Depuis 2017, le cun mareyeur ne peut couvrir ses
prix du poison n’a pas varié. Alors que charges au prix de 400 FCFA le kilo.
le prix de tous les autres poissons ne « D’où sort ce plafonnement ? Qui sup-
font qu’augmenter et on ne plafonne porte la perte ? Ils veulent nous arra-
pas ces prix ? », s’interroge un ma- cher la filière pour la donner aux
reyeur grossiste. Italiens», déplorent d’autres. « Pour-
Aujourd’hui, de nombreux acteurs du quoi pour un individu qui a des pro-
port ont le sentiment que ce trio et ses blèmes, on veuille faire subir toute la
réseaux dans l’administration mène- population ? Si l’Etat veut lui rendre ser-
raient un combat qui menace l’ensem- vice, qu’il décaisse de l’argent pour qu’il
ble de la filière. « L’État ivoirien qui n’a paie ses dettes. Les armateurs sont
aucun bateau de pêche veuille plafon- notre raison d’être au port de pêche »,
ner des prix là où Chinois, Coréens, et conclut un mareyeur grossiste.
Européens ont pignon sur rue et jouent
à fond carte de la loi de l’offre et de la Elyse Konan
Ce n’est pas un problème de prix de consommateurs, ni les consomma-
poisson. La vérité c’est qu’un individu teurs en ville. Mais seulement 3 indi-
veut créer une affaire d’ivoirité. De vidus qui se plaignent. L’Etat doit
deux, il doit de l’argent à des arma- comprendre qu’il y a quelque chose
teurs. Donc il veut chasser les com- en bas. Les parents de Jérôme Anoh
pagnies à qui il doit. Est-ce que les (Inter Ocean, Tagro Muller, et Tanoh
gens se rendent compte du danger qui sont les seuls consommateurs ou
que ce monsieur veut créer. qui demeure au port, pourqu’on les
Pourquoi pour un individu qui a des écoute pour prendre un décret. Où
problèmes, on va mettre cela sur le est ce qu’ils ont fait l’enquête dont ils
compte de toute la population ? Si parlent ? C’est quel bilan de l’évolu-
l’Etat veut lui rendre service qu’il dé- tion du prix du faux thon qui a été
caisse de l’argent pour qu’il paie ses fait ? Depuis 2017, le prix du poison
dettes. Et c’est dommage que des n’a pas varié. Alors que le prix de
politiciens derrière lui se prêtent à tous les autres poissons ne font
son jeu. A cause d’un individu, on qu’augmenter et on ne plafonne pas
veut tuer toute une chaine d’approvi- ces prix ?
sionnement. Les armateurs sont
notre rasons d’être au port de pêche Propos recueillis par
On est étonné que ce ne sont ni les Elyse Konan
président des associations de
 Le Perroquet intERviEW
5

Kouassi Ferdinand dit Watchard Kédjebo, secrétaire général du Congrès pour la consolidation de
la paix et du développement (Concorde) et cadre du Rhdp :
‘’Nous avons une opposition déchiquetée par des problèmes de positionnement et des egos à gérer’’
u (...) « Saisissons la main tendue du président ouattara qui est une chance pour notre pays »
Originaire du centre de la Côte d’Ivoire plus précisément du peuple Gblo(Diabo), Kouassi Ferdinand dit Watchard Kédjébo, secrétaire général du Congrès pour
la consolidation de la paix et du développement(Concorde) et cadre du Rhdp dans ce entretien, fait le bilan à mi-parcours de sa tournée dans différentes régions
et se prononce sur l'actualité nationale.
Vous avez initié récemment vos rapports et particulière- le terrain?
une tournée pour la réconcilia- ment avec Affi N'guessan? Le Congrès pour la consolidation de
tion et la paix dans le pays pro- Sur le plan humain, il n'y a aucune la paix et du développement
fond. Qu'est-ce qui a motivé animosité entre nous et le Premier (Concorde) sous la conduite éclairée
cette campagne? ministre, Pascal Affi N'guessan qui de son président, le ministre Alcide
Cette tournée que nous avons intitu- est un aîné pour qui nous avons Djédjé est membre à part entière du
lée "caravane de la paix, de la cohé- beaucoup de respect et de considé- rhdp-unifié et se sent bien dans la
sion et du développement" est le fruit ration. Nous saluons l’esprit de com- famille des houphouëtistes. Nous
d'une réflexion sur les actions du promis et d'ouverture. Au plan sommes en mission sur le territoire
chef de l’Etat, SEM Alassane Ouat- politique, il est dans l'opposition et national pour porter et vulgariser la
tara depuis son accession à la ma- nous sommes dans la majorité pré- vision du chef de l'État auprès de
gistrature suprême. Vous constatez sidentielle chacun jouant pleinement nos populations. Nous avons l'en-
avec moi que notre pays a repris sa le rôle qui est le sien. tière confiance du chef de l’Etat et
place dans le concert des grandes travaillons en bonne intelligence
nations. Les investisseurs frappent Que pensez-vous de l'avenir avec les autres membres de la co-
chaque jour à nos portes parce que du FPI avec Affi N'guessan alition pour faire face aux défis et ap-
notre pays inspire confiance. Nous après le départ de Laurent porter le bien-être à nos populations.
avons retrouvé la paix qui nous ca- « L'opposition ivoirienne est à la croisée des chemins. elle se cherche, Gbagbo. Sur le terrain, nos structures de base
ractérisait sous l'ère du père fonda- elle n'a pas une offre politique face à la machine rhdp » Tout comme vous, nous avons ap- continuent leur travail en tenant
teur. Le président Ouattara a créé un pris que ses anciens camarades de compte des orientations de notre ré-
tations et d'encouragement des qua- crises. Nous, acteurs politiques,
climat de paix, condition sine qua Parti lui ont laissé une enveloppe férent politique, SEM Alassane
tre coins du pays. Les populations avons l'obligation d'offrir la paix, la
non à tout développement. Notre sans contenu, une enveloppe vide. Ouattara.
nous montrent qu'elles ont soif de réconciliation à nos populations.
pays est en chantier. Du nord au sud Le temps pourra nous situer. Ce que
paix, elles attendent de nouveaux Nous devons quitter les calculs poli-
en passant par l'ouest, l'est et le cen- nous pouvons dire au passage, c'est Quel message adressez-vous
messages, les messages de paix et ticiens pour penser à ce que nous
tre, les infrastructures sont visibles et que la légalité a triomphé sur le dés- aux Ivoiriens?
d'espoir. Nous pouvons donc dire, devons offrir en héritage à nos en-
palpables. Le constat fait, nous ordre. Affi, président légal du Fpi, n'a Je lance un message de paix et de
sans gros risque de nous tromper, fants et aux futures générations. Je
avons décidé de prendre notre pas cédé au chantage de ses ex-ca- rassemblement autour de la mère
que le bilan à mi-parcours est satis- souhaite que le dialogue politique
bâton de pèlerin pour sillonner le marades qui voulaient le voir partir patrie. Désarmons nos cœurs, quit-
faisant et nous conforte à poursuivre aboutisse et que nous puissions
pays à l'effet de sensibiliser nos pa- du Fpi comme l'a fait Mamadou kou- tons la belligérance et le radicalisme
nos actions en notre qualité de mes- nous entendre sur l'essentiel, à sa-
rents sur la nécessité de maintenir le libay en son temps. Avec l'expé- qui nous conduisent vers des lende-
sager de la paix. voir que ce qui nous unit doit tou-
climat paix. Seule la paix peut nous rience qu'il a, nous pensons qu'il mains incertains. Travaillons chaque
jours être plus fort que ce qui pourrait
apporter le développement. Nous saura donner un nouveau souffle au jour pour une Côte d’Ivoire une et in-
Le gouvernement a repris le nous diviser.
avons décidé de sensibiliser nos po- Fpi. Le dernier congrès organisé par divisible, une Côte d'Ivoire rassem-
dialogue politique avec l'oppo-
pulations sur la culture de la paix, les le Fpi avec la forte mobilisation que blée. Saisissons la main tendue du
sition. Quel est votre avis sur Quel regard critique portez-
amener à tourner le dos à la belligé- nous avons pu voir, nous montre président Ouattara qui est une
ce dialogue. Pensez-vous qu'il vous sur l'opposition ivoi-
rance, à désarmer leurs cœurs et à clairement que l'enveloppe n'est pas chance pour notre pays. Que cha-
va aboutir, étant membre de ce rienne dans son ensemble ?
prendre leur place dans le train du vide et qu'il y a beaucoup de mili- cun s'approprie sa vision de la Côte
dialogue? L'opposition ivoirienne est à la croi-
développement. tants qui continuent de croire en Affi d'Ivoire solidaire en prenant la place
Le dialogue politique entre la majo- sée des chemins. Elle se cherche,
N'guessan. A lui maintenant de faire qui est la sienne. Gardons avec ja-
rité présidentielle et l'opposition est elle n'a pas une offre politique face à
Quel bilan faites-vous après la mentir ses ex-camarades. lousie notre climat de paix. C'est l'hé-
une très bonne chose. Elle traduit la la machine rhdp qui mène des ac-
campagne? ritage à nous légué par le père
volonté et l'état d'esprit du chef de tions concrètes sur le terrain. Nous
La Caravane de la paix, de la cohé- Comment va Concorde au sein fondateur.
l'État à aller à la réconciliation. Ce avons une opposition déchiquetée
sion et du développement est tou- du RHDP? Est-il bien ancré sur
dialogue n'est donc pas une nou- par des problèmes de positionne-
jours en cours. Mais à mi-parcours, Réalisée par Rodemi Yao
velle trouvaille du gouvernement. Il ment et des egos à gérer. C'est une
nous pouvons dire que notre mes-
est initié depuis le Premier ministre opposition déconnectée des réalités
sage rencontre des oreilles atten-
tives. Du Guémon à la Marahoué,
nous avons été accueillis par des
Ahoussou Jeannot et poursuivi par
ses différents successeurs. C'est
du monde actuel et qui a du mal à
poser les vrais problèmes de nos
Pour contacter la Rédaction de
donc dire que le chef de l'État en fait compatriotes. L'opposition ivoirienne
populations sensibles à notre mes-
une priorité. Lui le digne successeur actuelle ne peut pas conduire notre
sage. Nos chefs traditionnels et des
du président Houphouët sait l'impor- pays à un lendemain radieux et cer-
responsables communautaires nous
tance du dialogue. Il sait que c'est tain. Nous n'avons pas une opposi-
ont encouragés et pris l'engagement
par le dialogue que nous pouvons tion constructive.
de relayer notre message de paix
auprès des membres de leurs com-
trouver des solutions à nos incom-
préhensions. Mon souhait est que Vous étiez à l'AFD présidé par
07-09-98-85-06
munautés. Tout récemment, des ca-
dres Wê, en phase avec notre
ce énième dialogue aboutisse. Nous
devons prioriser l'intérêt supérieur de
Affi N'guessan, avant de rejoin-
dre le Rhdp à travers
01-40-00-61-76
vision, ont décidé d'adhérer au rhdp
via concorde. Nous recevons
notre pays, nous devons définitive-
ment fermer la parenthèse des
Concorde, votre parti. Peut-on
savoir aujourd'hui le niveau de
email: leperroquetlibere@protonmail.com
chaque jour des messages de félici-
H e b D o m a D a i r e D ’a n a L y S e S e T D ’ i n v e S T i g a T i o n S - n°033 Du LunDi 21 au DimanCHe 27 février 2022
 Le Baromètre EnquêtE
6
Un autre gros scandale de 3 milliards de FcFA de l’ex-Dg de l’Agef
En souscrivant en 2015 au projet de lotissement de Bingerville-Blanchon de l’Agence de Gestion Foncière (Agef) et en payant au comptant des terrains viabilisés,
les quelque 120 acquéreurs se croyaient en sécurité et en de bonnes mains, en se confiant à une structure d’Etat. Que nenni ! 7 ans après le rêve d’avoir un
terrain sécurisé s’est transformé en cauchemar.
«A
la souscription, il nous
a été clairement expli-
qué que les terrains
aménagés devraient être mis à dis-
position au début d’année 2017, au
plus tard. Depuis cette date, mon-
sieur l’inspecteur général d’Etat,
les acquéreurs de ce projet ne sont
toujours pas en possession de
leurs biens. Plusieurs démarches
individuelles ont été menées par
des acquéreurs auprès de l’Agef,
sans succès. Les nombreuses pro-
messes de livraison qui leur ont été
faites par la Direction générale
n’ont jamais été respectées. En
outre, l’administration de l’Agef n’a
jamais expliqué officiellement aux
clients les raisons de ce retard de
livraisons de terrains non bâtis »,
peut-on lire dans un courrier de de-
mande d’interventions déposé par
le collectif des acquéreurs du lotis-
sement de Bingerville-Blanchon de
l’Agef –Ci, déposé le 31 janvier au-
près l’inspecteur Général d’Etat.
La valeur de ces terrains est
estimée à environ 6 ,5 mil-
liards de FcFA !
Le président du collectif des ac-
quéreurs de Blanchon Bingerville,
Kpan Sylvain et le président de la
Fédération des Associations des
Consommateurs Actifs de Côte
d’Ivoire (FACACI) Alain Tahy
étaient face à la presse jeudi der-
nier à Abidjan pour dénoncer le re-
tard dans la livraison des lots
viabilisés achetés auprès de
l’Agence de Gestion Foncière
(AGEF-CI). « (…) En 2015,
l’Agence de Gestion Foncière
(AGEF-CI) a commercialisé 178
lots à des acquéreurs que nous
sommes à Bingerville, non loin de
l’Hôpital Mère-Enfant. La valeur
estimée de ces terrains est d’envi-
ron 6 500 000 000FCFA pour une
superficie de 100 001 m2.
Ce sont près de 1780 personnes
qui sont impactées par ce projet, si
nous retenons au moins 10 per-
sonnes par ménage.
Initialement, il nous a été claire-
ment expliqué que les terrains
aménagés devraient nous être mis
à disposition en début d’année
2017.
Plusieurs démarches personnelles
entreprises par les acquéreurs au-
près de l’AGEF sont restées sans
H e b D o m a D a i r e D ’a n a L y S e S e T D ’ i n v e S T i g a T i o n S
Bingerville-Blanchon
en souscrivant au projet de lotissement de bingerville blanchon de l’agef et en
payant au comptant 2015 des terrains viabilisés, les quelques 120 acquéreurs se croyaient
en sécurité et en de bonnes mains en se confiant à une structure de l‘etat. Que nenni !
suite.
Les nombreuses promesses de li-
vraison qui leur ont été faites de-
puis l’année 2016 par la Direction
générale de l’AGEF-CI n’ont ja-
mais été respectées.
Au lendemain de la mise sur pied
de notre collectif, précisément le 11
octobre 2021, nous avons adressé
deux courriers d’information et de
demande d’audience dont l’un à
l’AGEF-CI et l’autre au ministre de
la Construction, du Logement et de
l’Urbanisme (MCLU).
Le courrier adressé au Directeur
général de l’AGEF est resté sans
suite. Au MCLU, un collaborateur
du directeur des Affaires juridiques
et du Contentieux du nom de Silué
nous a reçus le 05 novembre
2021. Malheureusement, aucune
avancée notable n’a été observée
ce jour dans notre dossier », a
confié à la presse, Kpan Sylvain.
Et de poursuivre : « Après plu-
sieurs tentatives infructueuses de-
puis le 11 octobre 2021, le Collectif
a enfin été reçu par la Direction gé-
nérale, le 10 janvier 2022, sur notre
insistance. Malheureusement, au
cours de cette rencontre, rien de
concret n’a été annoncé à la délé-
gation du Collectif, concernant le
dossier. La Directrice générale
nous a plutôt donné rendez-vous
deux semaines après cette pre-
mière rencontre pour, dit-elle, nous
donner les informations concer-
nant le niveau d’avancement de
notre dossier. Une rencontre pré-
vue à cet effet, le 27 janvier 2022,
n’aura jamais lieu jusqu’à ce jour.
Depuis cette période, la Direction
générale de l’AGEF n’a plus pris
langue avec le Collectif.
Cette attitude méprisante de
l’AGEF-CI nous a conduits à re-
chercher les solutions à nos pro-
blèmes ailleurs. C’est ainsi que
selon des recherches, il nous a été
révélé à l’appui des données de la
Conservation foncière et des hypo-
thèques de Bingerville que notre
parcelle est en cours de cession à
une banque commerciale de la
place pour un montant d’environ 3
milliards de FCFA », a révélé le
président du collectif des acqué-
reurs.
Selon lui, face à ‘’cette pratique
commerciale peu recommandable
et condamnable de cette société
commerciale d’Etat qu’est l’AGEF,
à savoir vendre un même bien im-
mobilier à différentes personnes’’,
les acquéreurs ont décidé de sai-
sir les autorités administratives
compétentes de notre pays.
C’est ainsi que le 31 janvier 2022,
ils ont adressé sept correspon-
dances à plusieurs autorités admi-
nistratives. A savoir le Secrétaire
général de la présidence de la ré-
publique dont nous sollicitions l’in-
tervention auprès de l'AGEF-CI
pour la livraison des terrains des
acquéreurs de Blanchon ;
Le médiateur de la république, en
sollicitant son intervention auprès
de l'AGEF-CI pour la livraison des
terrains des acquéreurs de Blan-
chon, ; l’Inspecteur général d’Etat,
- n°033 Du LunDi 21 au DimanCHe 27 février 2022
également pour son intervention
auprès de l'AGEF-CI en vue de la
livraison des terrains des acqué-
reurs de Blanchon.
Au Ministre de la Construction, du
Logement et de l'Urbanisme à qui
nous sollicitions une audience par
rapport à cette situation créée par
l’AGEF-CI.
Au président du Conseil d'Adminis-
tration de l'AGEF-CI pour la mise à
disposition des terrains aux acqué-
reurs de Bingerville-Blanchon.
Au Conservateur de la propriété
foncière et des hypothèques de
Bingerville pour une opposition sur
toute transaction passée ou en
cours sur la parcelle portant le TF
208 568 du livre foncier d'Allobé
(Blanchon).
Ils ont également adressé à cette
même date, une correspondance
au président de la Fédération des
Associations des Consommateurs
Actifs de Côte d’Ivoire lui deman-
dant son intervention auprès de
l'AGEF-CI pour la livraison des ter-
rains des acquéreurs de Blanchon.
Devant ‘’cette pratique commerciale peu recommandable et condamnable
de cette grande société commerciale d’etat qu’est l’agef, à savoir vendre un
même bien immobilier à différentes personnes’’, les acquéreurs ont décidé
de saisir les autorités administratives compétentes de notre pays.
« Nous ne voulons que nos ter-
rains de Blanchon, rien d’autre.
Nous avons mis toute notre écono-
mie dans ce projet afin de pouvoir
offrir à nos familles un logement
décent. Après plus de six années
de vaine attente, des souscripteurs
sont à la veille de leur retraite, sans
savoir encore où ils la passeront.
Nous avons fait confiance à
l’AGEF-CI et cette structure est en
train de nous trahir. Nous ne de-
mandons qu’à rentrer dans nos
droits maintenant », plaide le Col-
lectif qui regroupe aujourd’hui plus
de la moitié des acquéreurs.
Les subtilités utilisées par
l’ex-DG de l’Agef …
L’opération intitulée Blanchon porte
sur une superficie de 10 hectares
00 are 00 centiare (100.000m2)
objet du Titre Foncier (TF) 208568
au nom de l’Agef, telle que délimi-
tée sur l’extrait topographique dont
le plan de lotissement a été ap-
prouvé. Le prix du mètre carré est
de 55 000 FCFA (55000fcfa/ m2)
comme indiqué sur les contrats de
réservations.
Dans l’article 10 du contrat de li-
vraison, peut-on lire ceci: « Le ré-
servant s’oblige à mettre le lot à la
disposition du réservataire dans un
délais raisonnable, à compter du
jour du démarrage effectif des tra-
vaux d’aménagement. Cette livrai-
son sera effectuée par le réservant
après une visite sur le site, sanc-
tionnée par un procès-verbal ».
Ces deux phrases s’apparentent
avec du recul, à une subtilité utili-
sée par l’ex-Directeur général,
Coulibaly Lamine, aujourd’hui dé-
tenu à la Maison d’arrêt et de cor-
rection de d’Abidjan (Maca), pour
avoir les acquéreurs à l’usure.
Pour mémoire, Coulibaly Lamine a
été inculpé, "d'escroquerie portant
sur la somme de 998 172 572
FCFA, enrichissement illicite et de
blanchiment de capitaux. Depuis le
mardi 16 juin, il a été placé en dé-
 Le Baromètre EnquêtE 7

tention préventive à la Maca. L’ab-
sence de date précise de livraison
dans le contrat de réservation
semble faite à dessein !
La nouvelle directrice de l’Agence
de gestion Foncière (Agef) Melei
Anikpo récemment, a publié un
communiqué dans la presse dont
la teneur suit: « La Direction géné-
rale de l’Agence de Gestion fon-
cière(AGEF) informe l’ensemble
de ses partenaires, les usagers et
les services de l’Administration pu-
blique qu’une réorganisation struc-
turelle est en cours en son sein.
Cette réorganisation vise essen-
tiellement à améliorer le service au
citoyen et à renforcer la gouver-
nance dans le processus de com-
mercialisation des terrains urbains.
C’est pourquoi, la Direction géné-
rale de l’Agef a entamé un inven-
taire exhaustif des transactions
foncières litigieuses ou inachevées
afin d’apporter des solutions adé-
quates à chacun des cas recen-
sés, et ce, dans les meilleurs
gieux temple en bordure de l’auto-
route du Nord dans la commune
de Yopougon, près de la cité BAE
et du Chu.
D’un commun accord, Koré Moïse
obtient contre la somme de
110 212 500 FCFA, la location de
plus de trois hectares de parcelle
pour installer le temple de l’église.
En trois tranches, 20 millions le 6
décembre 2001, 25 millions le 18
décembre 2002 et 20 millions de
FCFA le 16 décembre 2005 soit un
total de 65 millions de FCFA que le
pasteur versera au service de re-
couvrement de l’AGEF.
« Selon des recherches, il nous a été révélé selon les données de la Conservation Autre dossier et non des moindres
foncière et des hypothèques de bingerville que notre parcelle est en cours de ces- dont les populations attendent un
sion à une banque commerciale de la place pour un montant d’environ 3 milliards éclaircissement de la part de la
de fCfa », révèle le président du collectif des acquéreurs.
nouvelle Directrice générale, est
celui de l’îlot 269, lot 3309 du quar-
délais». nance de l’ex-patron de l’Agef. tier Gobelet dans la commune de
Dans l'attente du procès de l’ex-Di- Au plus fort de sa gestion, Couli- Cocody. Les 20 000 habitants de
recteur général, Coulibaly Lamine, baly Lamine est approché par le l’îlot 269, lot 3309 du quartier Go-
le bec du Perroquet Libéré a piqué pasteur Koré Moïse, patron de la belet dans la commune de Cocody
quelques faits de gestion majeurs communauté Shekinah Glory Mi- sont très remontés contre l’Agence
aux antipodes de la bonne gouver- nistries qui voulait bâtir son presti- de gestion foncière (AGEF). En
effet, ils accusent cette structure
d’avoir fait du faux pour les expro-
prier du site d’une superficie de
35026 m2 qu’ils occupent depuis
1960.
Saliou Touré, ancien ministre de
l’Enseignement supérieur et de la
recherche scientifique dispose
d’une lettre de promesse d’attribu-
tion émise par le ministère de la
Construction et de l’Urbanisme en
date du 21 janvier 1982 et de l’at-
testation de paiement d’une
somme de 52 539 000 FCFA éta-
blie le 18 septembre 2002 par
l’Agence de gestion foncière
(AGEF) ainsi qu’une lettre d’affec-
tation de l’îlot 269 délivrée le 20 fé-
vrier 2014.
Ces cas sont loin d’être exhaustifs
dans le lot des impairs dans la ges-
tion de l’ex-DG de l’Agef, Couli-
baly Lamine.
Elise Konan

Probo koala
Voici les 400 mille victimes qui sont sûres à 100% d’être indemnisées dans les prochains mois
Le président de l’Union nationale payer à chaque victime et l’effectif cond degré) vidant sa saisine sur
des associations des victimes des des victimes à indemniser », a dé- l’affaire a jugé que les victimes
déchets toxiques de Côte d’Ivoire taillé le président de l’Union natio- sont bel et bien fondées de faire
(UNAVDTCI) Denis Yao Pipira, nale des associations des victimes des réclamations contre Trafigura
était face à la presse ce samedi 19 des déchets toxiques de Côte devant les juridictions des Pays
février à Abidjan pour présenter la d’Ivoire. Bas.
décision de la cour d’appel des En janvier 2016, l’organisation Le 11 juillet 2020, Trafigura se
pays Bas, dans le cadre de la pro- sœur de l’Union nationale des as- pourvoit en cassation contre la dé-
cédure d’indemnisation des vic- sociations des victimes des dé- cision de la Cour d’Appel d’Ams-
times des Déchets toxiques qu’elle chets toxiques de Côte d’Ivoire terdam. Autrement dit, le 11 juillet
avait introduite en janvier 2016. (UNAVDTCI) ayant pris la dénomi- 2020, Trafigura demande à la juri-
« Le 11 février, la Cour Suprême nation de Stiching victimes des diction suprême des Pays Bas (la
des Pays Bas vidant sa saisine Déchets toxiques Côte d’Ivoire Cour Suprême des Pays Bas)
juge que les victimes sont bel et (Stiching) a introduit par devant d’annuler la décision de la Cour
bien fondées de faire des réclama- une juridiction de premier degré d’Appel qui est en sa faveur.
tions contre Trafigura devant les ju- des Pays Bas, une procédure Le 11 février 2022, la Cour Su-
ridictions des Pays Bas », a contre Trafigura, pour demander prême des Pays Bas vidant sa sai-
informé le président Pipira Denis. entre autres l’indemnisation des sine juge que les victimes sont bel
« Quelles sont les implications de victimes membres de et bien fondées de faire des récla-
cette décision de la Cour suprême l’UNAVDTCI. mations contre Trafigura devant
des Pays Bas ? A titre de rappel , Le 18 avril 2018, le tribunal du dis- les juridictions des Pays Bas.
le Stiching a fait valoir dans l’assi- trict d’Amsterdam avait jugé que la « C’est la fin de 17 ans de souf-
gnation « que Trafigura a agi illé- procédure susmentionnée était ir- france. Il n’ya plus de recours à
galement envers ceux qui recevable, c’est-à-dire que les vic- cette décision. Il reste aux juge de
subissent un préjudice (sanitaire « Le 11 février 2022, la Cour Suprême des Pays bas vidant sa saisine juge times ne sont pas en droit de faire fixer l’audience qui va déterminer
en raison de contact avec des dé- que les victimes sont bel et bien fondées de faire des réclamations une réclamation contre Trafigura le montant à payer aux victimes »,
chets toxiques » et « que Trafigura contre Trafigura devant les juridictions des Pays bas », a informé le pré- devant les juridictions des Pays a conclu le conférencier.
est tenue d’indemniser le préjudice sident Pipira Denis Bas. Le Stiching a relevé appel de
des victimes ».L’illégalité du trans- ce jugement rendu par la juridiction Dahi Gbia Guèzè
port des déchets du port d’Amster- cette exportation de produits dan- tions pénales des Pays Bas. En de premier degré d’Amsterdam.
dam à celui d’Abidjan et la gereux , fait office de l’autorité de Conséquence, il reste actuelle- Le 14 avril 2020, la Cour d’Appel
responsabilité de Trafigura dans la chose jugée devant les juridic- ment à déterminer le montant à d’Amsterdam (juridiction de se-

Directeur général et fondateur du Directeur de publication et Elyse Konan Récépissé de déclaration de Procureur
groupe Rédacteur en chef Impression 27/D du 02/12/2019
Traoré Ibn Ladji Coulibaly Issa Ghislain Snepci Tirage
05 04 88 55 22 01-40-00-61-76 Dépôt légal 10.000 exemplaires
07 09 98 85 06 Secrétaire général N° 10477 email: leperroquetlibere@protonmail.com
Siège social : YOPOUGON Kenya en face de la Pharmacie KENYA, SECTION CH, PARCELLE 5 -- 21 BP4054 ABIDJAN 21-TEL +225 0709988606 –RCCM : CI-ABJ-2019-B-13623 DU 09/07/2019/SARL-N°CC :1937833 H
 Le Perroquet
Un vrai ‘’brigandage politique’’ à la mairie de Bouaflé
L
es populations de la com-
mune de Bouaflé ce 17 fé-
vrier 2022 ont vécu des
scènes déplorables lors des
élections du successeur de leur
ancien maire Dr Lehié Bi Kribou
Lucien, mort dans un accident le
17 novembre 2021 Et pour
cause, deux conseillers munici-
paux ont perturbé le bon dérou-
lement du dépouillement. Ils ont
été interpellés par les forces de
l'ordre venues en très grand
nombre.
Le préfet du département de
Bouaflé, Gonbagui Gueu
Georges, après concertation
avec le président de séance et
doyen des 38 conseillers munici-
paux qui ont pris part au vote, a
décidé de reporter le scrutin à
une date ultérieure.
Deux candidats étaient en lice ce
17 février à la salle de mariage
de ladite mairie pour succéder
au défunt. Il s'agit de l'honorable
Koné issiaka, député de Bouaflé,
candidat rHDP et ASI Serge
Koffi, candidat PDCI-rDA.
Et le climat de vive tension qui a
marqué les jours de campagne
présageait d'un scrutin tout aussi
tendue. Ainsi, quelques minutes
seulement après l'entame du dé-
pouillement, le conseiller Tieba
Bakayoko perturbe l'opération et
un cafouillage s'installe dans la
salle. Il est maîtrisé par les forces
de l'ordre, éconduit de la salle,
avant d'être mis aux arrêts.
A sa suite, un autre conseiller
proche du candidat Koné Is-
siaka proteste contre les condi-
tions d'organisation de l'élection
et crie à la fraude. Il reçoit une ré-
plique. Une vive dispute éclate
entre les conseillers. L'atmo-
sphère devient électrique et le
candidat Koné issiaka se retire
de la salle du scrutin.
En raison de ces circonstances,
aggravées par l'absence de l'un
des candidats et son représen-
tant le Préfet est contraint de re-
porter l'élection en accord avec
le président de séance le plus
âgé des 38 conseillers.
Interrogé, Tieba Bakayoko ex-
plique qu'il a perturbé le dépouil-
lement pour marquer son
H e b D o m a D a i r e D ’a n a L y S e S e T D ’ i n v e S T i g a T i o n S
PolitiquE
Marahoué/Election sous haute tension du maire
rie de Bouaflé, cadre du nou- de mobilisation de ses militants.
veau scrutin, le mardi 22 février L'autre constat de ce scrutin,
2022. c'est qu'il n'a pas donné d'assis-
ter à la transhumance politique
Au lendemain des incidents, caractérisée par des ralliements
l'honorable Koné Issiaka s'est ou des défections de militants.
retiré du processus électoral Les conseillers municipaux issus
avec les 12 conseillers munici- des deux formations politiques
paux issus du rHDP. Le candi- en lice (PDCI et du rHDP) sont
dat du PDCI-rDA, Azi Serge en effet restés fidèles à leur
Koffi part donc en roue libre à parti.
cette nouvelle élection pour suc-
céder à l'ex maire Dr Lehié Bi En tout état de cause, cette élec-
Kriou Lucien avec l'assurance de tion anticipée est apparue
recevoir les voix des PDCI 26 comme un véritable test avant
conseillers municipaux PDCI- 2023, censée permettre aux par-
rDA sur les 43 que comptent le tis politiques de connaître leurs
conseil municipal de Bouaflé. poids réels sur le terrain, de dé-
couvrir leurs forces mais aussi
Le moins qu'on puisse dire, c'est leurs faiblesses et d'y travailler
que cette élection circonstan- jusqu'en 2023.
Les populations de la commune de bouaflé ce 17 février 2022 ont vécu des
scènes déplorables lors des élections du successeur de leur ancien maire Dr
cielle aura permis à chaque for-
Lehié bi Kribou Lucien, mort dans un accident le 17 novembre 2021 mation politique de mesurer son Salimata Koba
ancrage sur le terrain et le niveau
désaccord avec les conditions
d'organisation de cette élection
qu'il juge entachée d'irrégulari-
tés.
La première de ses irrégularités
tient, selon lui, au non-respect
de la période de vacance de 3
mois du poste qui prend fin nor-
malement ce jeudi 17 février
2022 à partir de minuit. ‘'' C'est
en principe à partir du vendredi
18 février 2022 qu'une nouvelle
élection peut être organisée pour
désigner au sein des conseillers
municipaux, le nouveau maire'',
lance-t-il.
La deuxième irrégularité à l’en
croire, c'est que la quasi-totalité
des conseillers votant auraient
passé la nuit chez le candidat Azi
Serge Koffi et c'est de son domi-
cile que ces derniers se seraient
rendus directement, transportés
dans un véhicule de transport en
commun mis expressément à
leur disposition, sur le lieu du
vote. Il ajoute que les conseillers
partis à un dîner chez le candidat
du PDCI ont été séquestrés.
Enfin, il fait valoir au nombre de
ses arguments le fait qu'un can-
didat se soit retiré de la salle.
La fumée blanche tant attendue
n'étant pas sortie le jeudi 17 fé-
vrier 2022 en raison de graves
perturbations du dépouillement,
elle sortira à n’en point douter
de la salle de mariage de la mai-
- n°033 Du LunDi 21 au DimanCHe 27 février 2022