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Sommaire
Le bilan prévisionnel éclaire pour les quinze prochaines années les besoins
d’un système électrique en transition ............................................................ 4
1 La baisse de la consommation et une bonne année hydraulique amènent
à plus d’un tiers d’énergies renouvelables dans le mix en 2018 ...................... 5
1.1 La demande, thermosensible et saisonnalisée, est en légère baisse pour la
première fois ............................................................................................................... 5
1.1.1 Si l’énergie annuelle est en baisse, la pointe est stable....................................... 5
1.1.2 La demande est concentrée sur les pôles d’activités majeurs ............................ 7
1.1.3 Les actions de maîtrise de la demande d’énergie sont en hausse....................... 7
1.2 L’année 2018 est marquée par une très bonne production hydraulique et la
mise en service d’une unité de stockage centralisé.................................................... 8
1.2.1 Les moyens de production sont répartis de manière homogène sur le territoire
réunionnais ......................................................................................................................... 9
1.2.2 Energies renouvelables non synchrones* (266 GWh) ....................................... 10
1.2.3 Hydraulique : une année de production exceptionnelle (601 GWh) ................. 11
1.2.4 Autres énergies renouvelables (13 GWh) .......................................................... 11
1.2.5 Centrales bi-combustibles (1270 GWh) ............................................................. 12
1.2.6 Moyens fossiles (810 GWh) ................................................................................ 12
1.2.7 Stockage ............................................................................................................. 12
1.2.8 Tableau de synthèse du parc installé au 31/12/2018 ........................................ 12
1.3 L’équilibre offre-demande .............................................................................. 14
1.4 De nouvelles solutions ont été déployées afin d’accompagner la transition
énergétique tout en maintenant une bonne qualité de fourniture ......................... 15
2 Les scénarios prospectifs Azur et Emeraude sont basés sur des corps
d’hypothèses contrastés et cohérents ...........................................................17
2.1 Des évolutions majeures du système électrique sont attendues à l’horizon 15
ans 17
2.1.1 Dans un contexte d’électrification de nouveaux usages, notamment du
transport, la maîtrise de la demande continue à être un enjeu fort du territoire ........... 17
2.1.2 Le parc de production se transforme sous l’impulsion de la Programmation
Pluriannuelle de l’Energie et les premiers projets de stockage émergent ....................... 20
2.1.3 Les scénarios retenus pour les analyses sont le reflet des évolutions en cours 20

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2.2 La consommation de La Réunion, portée par la démographie et le
développement des véhicules électriques, est en croissance sur l’horizon de l’étude
21
2.2.1 La démographie et l’économie restent dynamiques ......................................... 21
2.2.2 Les actions de maîtrise de la demande en énergie seront structurantes pour
limiter la hausse de consommation .................................................................................. 22
2.2.3 Les scénarios font l’hypothèse d’un développement rapide du véhicule
électrique dont la recharge partiellement optimisée permet de limiter l’impact à la
pointe 22
2.2.4 La consommation est en hausse dans les deux scénarios ................................. 24
2.3 Dans les scénarios Azur et Emeraude, la puissance du parc est en hausse
grâce à une croissance soutenue des énergies renouvelables ................................. 24
2.3.1 L’évolution de la puissance installée résulte de la décroissance du parc actuel
et de l’arrivée de nouveaux actifs ..................................................................................... 24
2.3.2 La disponibilité des actifs est déterminée en fonction des technologies, des
valeurs contractuelles et des performances passées ....................................................... 26
2.4 La modélisation de l’équilibre offre-demande reflète une gestion optimisée
du système électrique face aux aléas auxquels il est soumis ................................... 28
3 A l’horizon 10 ans, le système électrique réunionnais aura besoin de
puissance pilotable complémentaire ainsi que de flexibilités ........................29
3.1 Les besoins de puissance apparaissent d’ici dix ans et s’élèvent entre 160 et
240 MW à l’horizon quinze ans du fait de la croissance de la consommation et des
éventuels déclassements à cet horizon .................................................................... 29
3.2 Les mix de 2028, avec une proportion importante d’énergies renouvelables
interfacées par électronique de puissance, nécessiteront des adaptations dans la
gestion du système .................................................................................................... 30
3.3 A horizon 10 ans les besoins de flexibilité du système réunionnais seront
importants ................................................................................................................. 32
3.4 En apportant de la flexibilité tout en participant à la sécurité d’alimentation
du système, le stockage peut jouer un rôle important dans la transition énergétique
réunionnaise .............................................................................................................. 33
3.5 Le développement du réseau électrique est primordial pour accompagner la
transition énergétique du système ........................................................................... 34
Glossaire .......................................................................................................36

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Le bilan prévisionnel éclaire pour les quinze prochaines années les
besoins d’un système électrique en transition
Le présent document constitue le Bilan Prévisionnel de la Réunion. Conformément à l’article L 141-9
du Code de l’Energie, il est établi par le gestionnaire de réseau public de distribution d’électricité du
territoire dans les Zones non interconnectées au réseau métropolitain continental. Il a pour objet
d'identifier les risques de déséquilibre entre les besoins en électricité du territoire et l'offre disponible
pour les satisfaire, et notamment les besoins en puissance permettant de garantir le respect du critère
de défaillance*, fixé dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie* de la Réunion1 à trois heures
par an en moyenne.

Une première partie dresse le bilan de l’année écoulée ainsi qu’un état des lieux de l’évolution récente
de la consommation et du parc de production.

Une deuxième partie est consacrée aux évolutions prospectives à l’horizon quinze ans du système
électrique. Ce dernier connaît depuis quelques années et va continuer à connaître des transformations
profondes et rapides. Ces transformations portent sur :

 la consommation, avec le développement de la mobilité électrique et la montée en puissance


de la maîtrise de la demande en énergie (MDE) qui sera encore accélérée par la mise en œuvre
d’un ensemble d’actions ambitieuses validées par la Commission de Régulation de l’Energie*
(CRE) en début d’année 2019 sous la forme d’un cadre territorial de compensation* ;
 la production, avec une dynamique importante de développement des énergies
renouvelables ;
 ou encore l’adaptation globale du système pour permettre à cette transition énergétique de
prendre corps, en adaptant les règles de gestion du système et en préparant l’arrivée de
nouvelles installations comme le stockage.

La réussite de la transition énergétique est une ambition majeure pour les différentes parties
prenantes. Afin d’explorer les futurs possibles, les analyses se basent sur deux scénarios volontaristes,
Azur et Emeraude, dont les sous-jacents, cohérents et contrastés, sont détaillés dans la suite du
document.

Cette révolution de la transition énergétique que vit le système électrique mène à élargir le prisme des
analyses menées dans le Bilan Prévisionnel : les besoins du système ne peuvent plus se limiter à la
seule question de la puissance nécessaire au respect du critère de sécurité d’alimentation*, comme
cela pouvait être le cas précédemment. En effet, dans le paradigme d’alors, la demande croissait
fortement et les moyens de production possédaient plusieurs caractéristiques techniques communes
favorables pour la gestion du système (présence d’alternateurs*, pilotabilité*, etc.). Certaines
nouvelles sources de production d’électricité ne possèdent pas ces caractéristiques et nécessitent
donc des adaptations du système pour pouvoir être intégrées harmonieusement.

Afin de refléter ces modifications et l’apparition de besoins qui ne sont plus systématiquement
satisfaits par l’ajout de puissance, ce Bilan Prévisionnel contient des éléments qualitatifs d’analyse sur
la flexibilité nécessaire dans le système électrique ainsi qu’un zoom sur le stockage, qui est une
question prégnante pour l’avenir du système électrique de la Réunion.

Nota Bene : la définition des mots signalés par un astérisque figure dans le glossaire en fin de document

1
Décret n° 2017-530 du 12 avril 2017 relatif à la programmation pluriannuelle de l'énergie de la Réunion

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1 La baisse de la consommation et une bonne année hydraulique
amènent à plus d’un tiers d’énergies renouvelables dans le mix en
2018
Ce paragraphe fournit des éléments chiffrés sur l’état du système réunionnais en 2018. Par ailleurs, au
titre de ses obligations de Gestionnaire de réseau de distribution d’électricité, EDF a créé en 2017 un
portail OpenData EDF Réunion (opendata-reunion.edf.fr). Les données disponibles se répartissent
actuellement selon cinq thématiques, enrichies régulièrement.

Thématique Contenu
Production électrique Le mix énergétique par filière de production est publié en temps
réel selon la meilleure estimation avec les données disponibles ; des
valeurs consolidées sont ensuite mises en ligne dans un délai d’un
mois et les valeurs définitives publiées une fois par an
Réseaux électriques

La cartographie des réseaux de haute tension (HTB) est disponible.

Consommation d’électricité Des données sont disponibles par secteur géographique et par
secteur d’activité. En 2019, la granularité de ces données a pu être
affinée, avec notamment un découpage infracommunal en
cohérence avec celui de l’INSEE (IRIS1).
Efficacité énergétique
Depuis 2018, les actions de maîtrise de la demande en énergie
effectuées auprès des particuliers et dont le gestionnaire de
réseau a connaissance sont publiées.

Mobilité électrique Le site met à disposition un signal afin d’informer sur les moments
où la recharge des véhicules électriques aura le moins d’impact, du
point de vue du système électrique et du point de vue
environnemental.
Tableau 1 : données disponibles en 2019 sur le portail OpenData d’EDF, gestionnaire de réseau dans les zones non
interconnectées au réseau métropolitain continental

1.1 La demande, thermosensible et saisonnalisée, est en légère baisse pour la


première fois
1.1.1 Si l’énergie annuelle est en baisse, la pointe est stable
Les tableaux ci-dessous présentent l’évolution de l’énergie livrée au réseau et de la puissance de pointe
sur un historique de dix ans.

1
https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1523

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Energie livrée au réseau 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Energie nette (GWh) 2618 2699 2750 2811 2814 2857 2891 2944 2985 2962
Croissance 3,1% 1,9% 2,2% 0,1% 1,5% 1,2% 1,8% 1,4% -0,8%

Puissance de pointe 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Puissance (MW) 423 429 442 449 456 468 464 469 482 484
Croissance 1,4% 3,0% 1,6% 1,6% 2,6% -0,9% 1,1% 2,8% 0,4%
Tableau 2 : historique du niveau de demande

La courbe de charge de La Réunion est caractérisée par une pointe en journée sensible à la
température (climatisation tertiaire essentiellement) et une pointe du soir principalement liée à la
consommation des clients résidentiels (éclairage et appareils domestiques), comme illustré au §1.3.
Plus il fait chaud, plus la consommation d’électricité est élevée, du fait d’une utilisation accrue de la
climatisation. Ainsi, la consommation est saisonnalisée : plus forte durant l’été austral, elle diminue de
mai à septembre.

Figure 1 : Structure annuelle de la demande

Depuis 2000, la hausse de la consommation ralentit notamment grâce aux actions de Maitrise de la
Demande en Energie (MDE). En 2018, pour la première fois, la consommation a baissé : l'énergie nette
livrée au réseau est de 2962 GWh, soit une variation de -0,8 % par rapport à l’année précédente. Ces
trois facteurs ont freiné la croissance naturelle de la consommation :

 Des actions importantes de la maitrise de la demande en énergie mises en place.


 La température globalement plus fraîche que l’année précédente entrainant une moindre
utilisation de la climatisation.
 Une moindre consommation électrique lors du mouvement social de novembre
(mouvement des gilets jaunes).

L’énergie facturée est répartie selon les différents types de clients de la manière suivante : 66 % au
tarif bleu (clients domestiques et petites entreprises) et 34 % au tarif vert (moyennes et grandes
entreprises, industries, collectivités).

Les pertes totales du réseau, c'est-à-dire la différence entre l’énergie livrée à ce réseau et l’énergie
facturée aux clients raccordés, sont de l’ordre de 240 GWh soit 8,1 % de l'énergie livrée au réseau.

La puissance de pointe maximale de l’énergie livrée a atteint 484 MW (moyenne sur une heure) au
cours d’une journée du mois de décembre, soit une variation de +0,4 % par rapport à l’année
précédente.

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1.1.2 La demande est concentrée sur les pôles d’activités majeurs
La carte ci-dessous représente la répartition de la consommation du territoire selon les communes en
2018 (taille des cercles). La couleur indique le taux de croissance entre 2016 et 2018. Il apparaît que la
consommation se concentre autour des pôles d’activité majeurs : Saint-Denis, Saint-Pierre et Saint-
Paul, et que la croissance est dynamique dans la zone de Saint-Leu.

Figure 2 : Répartition de la consommation par commune à La Réunion

1.1.3 Les actions de maîtrise de la demande d’énergie sont en hausse


Les actions de maitrise de la demande d’électricité se sont inscrites dans la continuité des années
passées. L’ensemble des actions de l’année 2018 conduisent à des économies d’énergie annuelle
estimées à 33 GWh en année pleine.

Le tableau ci-dessous présente les actions à destination des clients particuliers connues par le
gestionnaire de système depuis cinq ans.

Nombre d’opérations en milliers


Type d’équipement installé
2014 2015 2016 2017 2018
Chauffe-eau solaire individuel
6 5 6 7 10
(en milliers d’unité)
Chauffe-eau électrique asservi
2 3 2 2 1
(en milliers d’unité)
Isolation - réduction apport
41 68 72 55 69
solaire (en milliers de m²)
LED (en milliers de lampes) 17 17 98 213 186
Tableau 3 : actions de maîtrise de la demande d’énergie chez les particuliers sur les cinq dernières années

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1.2 L’année 2018 est marquée par une très bonne production hydraulique et la mise
en service d’une unité de stockage centralisé

36 % D’ENERGIE
RENOUVELABLE

Figure 3 : mix électrique de l’année 2018

En 2018, la part des énergies renouvelables dans le mix s’est élevée à 36 %.

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1.2.1 Les moyens de production sont répartis de manière homogène sur le territoire réunionnais

Figure 4 : Carte du système électrique de La Réunion au 31/12/2018 – Seules les installations de plus de 4 MW sont représentées, hormis pour la filière photovoltaïque

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1.2.2 Energies renouvelables non synchrones* (266 GWh)

Photovoltaïque et photovoltaïque avec stockage (environ 250 GWh)

Avec la mise en place de nouveaux tarifs d’obligation d’achat en 2017, la filière photovoltaïque connait
une forte dynamique depuis début 2018 sur le segment des installations de moins de 100 kWc.

La filière solaire représente aujourd’hui la deuxième source d’énergie renouvelable après


l’hydraulique.

La particularité de la filière photovoltaïque est son caractère diffus : en effet, plus de 3 700 installations
sont recensées dont seulement 211 ont une puissance unitaire supérieure à 100 kW, comme l’illustre
la figure ci-dessous. Ainsi, la grande majorité de ces installations sont raccordées au réseau de
distribution sur des départs* comprenant également de la consommation (départs mixtes), donc
potentiellement délestables*, ce qui peut structurellement priver le système de leur production en cas
de chute de fréquence importante.

Figure 5 : installations photovoltaïques au 31/12/18 - nombre (histogramme) et puissance crête* cumulée (courbe orange)

Les parcs photovoltaïques avec stockage représentent 19 MW installés. A la suite de l’appel d’offres
pour des installations photovoltaïques avec stockage lancé en 2011 par les pouvoirs publics, trois
installations sont en service, dont deux projets de 9 MW (le projet Energy Bardzour au Port et la
centrale les Cèdres à l’Etang Salé).

Les travaux sont par ailleurs en cours pour réaliser et raccorder une vingtaine de centrales ayant
remporté des appels d’offres de l’Etat en 2015 et en 2016.

Eolien (environ 10 GWh)

La part de l’éolien n’évolue pas et reste modeste, du fait d’un régime de vent perturbé par le relief et
dès lors peu favorable. Les éoliennes installées sont des petites unités de production rabattables pour
les périodes cycloniques. Des actions de repowering* des installations actuelles pourraient permettre
d’optimiser le productible dans les prochaines années.

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1.2.3 Hydraulique : une année de production exceptionnelle (601 GWh)
La Réunion comporte deux ouvrages majeurs de grande hydraulique, Rivière de l’Est et Takamaka. Leur
fonctionnement, essentiel pour le système électrique, est contraint par la taille des réserves en eau
équivalentes à quelques heures de turbinage à pleine puissance. L’énergie est donc répartie au mieux
sur la journée en gérant le stock d’eau pour concentrer la production aux moments où elle a le plus de
valeur. L’hydraulique peut par exemple apporter les services suivants :

 lisser le fonctionnement des groupes thermiques pour limiter les arrêts démarrages,
 compenser les fluctuations de production ou les aléas de la consommation et des énergies
intermittentes,
 limiter l’utilisation des moyens de pointe,
 limiter les conséquences sur la clientèle des aléas impactant la production ou le réseau.

Les autres ouvrages fonctionnent au fil de l’eau : leur production n’est pas modulable en fonction de
la demande. La proportion des ouvrages fonctionnant au fil de l’eau est faible au regard de l’ensemble
de la production hydraulique du territoire.

La puissance moyenne injectée sur le réseau par de la production hydraulique est donc de l’ordre de
50 MW (pour une année moyenne) tandis que la puissance maximale atteinte est de l’ordre de 120
MW.

La production hydraulique peut fortement varier d’une année à l’autre en fonction des précipitations.
Avec plus de 600 GWh, l’année 2018 est une très bonne année de production hydraulique comme
illustré sur la Figure 6.

Figure 6 : production hydraulique annuelle sur la période 2011-2018

La production annuelle des apports peut varier de +/- 20% par rapport à la moyenne décennale, qui
se situe autour de 500 GWh, L’amplitude de cette variation représente jusqu’à 200 GWh.

1.2.4 Autres énergies renouvelables (13 GWh)


Biogaz (13 GWh)

Cette source d’énergie, relativement constante, représente une puissance installée de 4,4 MW.

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1.2.5 Centrales bi-combustibles (1270 GWh)
Centrales charbon/bagasse (1260 GWh dont 196 GWh de bagasse)

La centrale charbon/bagasse de Bois-Rouge, exploitée par la société Albioma, comporte trois tranches
pour une puissance totale de 97,2 MW. Les deux premières tranches, mises en service en 1992,
fonctionnent à la bagasse pendant la période sucrière de juillet à décembre et au charbon le reste de
l’année. La puissance électrique délivrée par ces tranches diminue en période sucrière, une partie de
la vapeur produite étant consommée par les sucreries. La Réunion a été pionnière dans le domaine,
puisque la centrale de Bois Rouge permet une valorisation de la bagasse depuis le début des années
90. Lorsqu'elle fonctionne à la bagasse, cette centrale est appelée en priorité par rapport aux autres
moyens thermiques. La troisième tranche de cette centrale, d’une puissance de 43,6 MW, a été mise
en service en 2004 et fonctionne au charbon toute l’année.

Fonctionnant sur le même schéma que la centrale de Bois-Rouge, la centrale Albioma du Gol comporte
deux tranches charbon/bagasse (en service depuis 1996) de 56,9 MW au total et une tranche de
51,8 MW mise en service en 2006 fonctionnant au charbon. La puissance totale délivrée hors période
sucrière atteint 108,7 MW.

TAC Saint-Pierre (10 GWh)

La nouvelle turbine à combustion (TAC) de 41 MW d’Albioma est mise en service début 2019. Elle
permet de sécuriser l’alimentation électrique du territoire et d’utiliser la totalité du bioéthanol produit
sur l’île de La Réunion. Lors des tests de mise en service, cette centrale a produit 9,9 GWh en 2018,
dont 2,2 GWh au bioéthanol.

1.2.6 Moyens fossiles (810 GWh)


Centrale diesel de Port Est (795 GWh)

Cette centrale comprend douze groupes de 17,6 MW chacun (soit un total de 211 MW). Elle est
exploitée par EDF PEI (EDF Production Electrique Insulaire, filiale d’EDF à 100 %). Ce moyen de
production est utilisé en semi-base en complément de la production des centrales de base et de la
production renouvelable.

TAC de la Baie (15 GWh)

Le parc compte deux TAC propriété d’EDF (40 MW chacune) sur le site de la Baie au Port, pour un total
de 80 MW. Ces turbines sont utilisées pour la gestion de la pointe journalière de consommation et
comme moyen de secours en cas d’aléas sur le Système Electrique (défaillance d’autres moyens de
production, conditions climatiques…).

1.2.7 Stockage
La mise en service de la batterie Batrun (EDF) de 5 MW au poste de Saint-Leu fin 2018 a permis de
limiter les creux de fréquence en cas de perte d’un moyen de production, grâce à la libération effective
rapide de la puissance. Cela contribue à réduire d’éventuels recours au délestage fréquencemétrique
et donc les conséquences sur la clientèle.

1.2.8 Tableau de synthèse du parc installé au 31/12/2018

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Producteur Site Type Groupe Date de mise en service EnR Pilotable Synchrone Niveau de tension Puissance

Albioma Bois-Rouge 1 Charbon / Bagasse 1 et 2 1992 /   HTB 53,6 MW


Albioma Bois-Rouge 2 Charbon 3 2004    HTB 43,6 MW
Albioma Le Gol A Charbon / Bagasse 1 et 2 1996 /   HTB 56,9 MW
Albioma Le Gol B Charbon 3 2006    HTB 51,8 MW
EDF-PEI Port Est Diesel 1 à 12 2013    HTB 211,0 MW
EDF La Baie TAC fioul TAC 41 2002    HTB 40,0 MW
EDF La Baie TAC fioul TAC 42 2009    HTB 40,0 MW
Multiples Multiples Biogaz Multiples    HTA 4,4 MW
EDF Rivière de l’Est Hydraulique 1à4 1980 (1 à 3) 2011 (4)    HTB 82,0 MW
EDF Takamaka 1 Hydraulique 1 et 2 1968    HTB 17,4 MW
EDF Takamaka 2 Hydraulique 1 et 2 1989    HTB 26,0 MW
EDF Bras de la Plaine Hydraulique 1972    HTA 4,6 MW
Multiples Multiples Hydraulique Multiple    HTA/BT 8,4 MW
EDF Energies Nouvelles Sainte-Rose Eolien 2004    HTA 6,3 MW
Quadran La Perrière Eolien 2006    HTA 8,5 MW
Mangassaye Sainte-Rose Photovoltaïque 2009    HTA 5,1 MW
La Roseraye Sainte-Rose Photovoltaïque 2009    HTA 10,5 MW
Jumbo Sainte-Marie Photovoltaïque 2010    HTA 4,4 MW
Bethleem 1 Saint-Benoît Photovoltaïque 2011    HTA 6,6 MW
Bethleem 2 Saint-Benoît Photovoltaïque 2011    HTA 5,4 MW
Multiples Multiples Photovoltaïque Multiples    HTA/BT 139,0 MW
Akuo Energy Le Port Photovoltaïque avec stockage Bardzour 2014    HTA 9,0 MW
Les
Akuo Energy Etang-Salé Photovoltaïque avec stockage
Cèdres
2015    HTA 9,0 MW

Albioma Saint-Leu Photovoltaïque avec stockage 2014    HTA 0,9 MW


EDF Saint-Leu Stockage (réserve) Batrun 2018    HTA 5,0 MW
Total 849,4 MW

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1.3 L’équilibre offre-demande
La Figure 7 montre la forme de la consommation réunionnaise sur des journées représentatives d’été
et hiver austral. Du fait d’un usage plus faible de la climatisation, la consommation est plus faible en
hiver austral. Pour pouvoir répondre à la consommation avec un bon niveau de fiabilité et à moindre
coût, les plannings de maintenance sont donc optimisés à la maille annuelle de sorte à favoriser les
arrêts en hiver austral, tout en évitant une trop forte concomitance des indisponibilités et en ne
programmant pas d’arrêt des groupes bagasse en période sucrière.

Eté austral Hiver austral

Figure 7 : structure journalière de la demande en 2018

La Figure 8 représente la demande résiduelle*. La demande résiduelle maximale est atteinte en début
de soirée. La production photovoltaïque en milieu de journée vient renforcer voire créer un creux de
demande résiduelle en milieu de journée1. Ce creusement de la demande résiduelle en journée par
rapport à la pointe du soir nécessite une très bonne réactivité des moyens de production pilotables
qui permettent de répondre à cette pointe, notamment en hiver austral.

Eté austral Hiver austral

Figure 8 : demande résiduelle sur les mêmes journées de 2018

1
Il s’agit du phénomène de Duck Curve, mis en évidence par le gestionnaire de réseau
californien CAISO : https://www.nrel.gov/docs/fy16osti/65023.pdf

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1.4 De nouvelles solutions ont été déployées afin d’accompagner la transition
énergétique tout en maintenant une bonne qualité de fourniture
Conformément au décret n°2017-530 du 12 avril 2017 relatif à la Programmation Pluriannuelle de
l’Energie de la Réunion, EDF, gestionnaire du réseau, a augmenté le seuil limite d’intégration des
« installations de production mettant en œuvre de l’énergie fatale à caractère aléatoire » (article
L.141-9 du code de l’énergie), le passant à 35 % en 2018, contre 30% précédemment.

Cette évolution a été rendue possible par la combinaison de la réalisation des leviers suivants :

 En concertation avec les producteurs et les installateurs, EDF a adapté sa documentation


technique de référence qui prescrit un renforcement des exigences pour les centrales raccordées
en moyenne et basse tensions sur la tenue aux creux de tension et aux excursions de fréquence,
pour les rapprocher de celles attendues des centrales de production raccordées en haute tension ;
 EDF a optimisé le plan de délestage* pour que les premiers niveaux de délestage soient ceux sur
lesquels il y a le moins de production photovoltaïque raccordée, améliorant ainsi l’efficacité de ces
premiers niveaux de délestage.
En parallèle, le gestionnaire de réseau poursuit les travaux afin d’établir, en collaboration avec les
services de l’Etat et le conseil régional, les conditions technico-économiques pour essayer de porter ce
seuil à 45 % en 2023.

EDF met en œuvre les évolutions de réseau et de conduite lui permettant de ne pas limiter
significativement l’énergie produite par les installations de production renouvelables non synchrones,
tant que cette production reste inférieure à la consommation. Toutefois, EDF reste tributaire de la
mise en application des leviers qui ne sont pas à la main du gestionnaire de réseau, mais qui sont
nécessaires à l’atteinte de cet objectif, telle une meilleure tenue des énergies renouvelables aux creux
de tension et de fréquence.

Production non synchrone 2015 2016 2017 2018


Energie produite (GWh) 259 278 270.4 266
Energie écrêtée (GWh) 0,77 0,51 0,26 0,14
% de l’énergie produite 0,3 % 0,2 % 0,1 % 0,1 %
Tableau 4 : Etat des lieux des limitations d’énergies renouvelables non synchrones

En 2018, l’outil du gestionnaire de système pour établir le programme d’appel a évolué pour intégrer
de nouvelles contraintes d’exploitation liées à l’accroissement des puissances d’énergies non
synchrones sur le réseau. Le programme d’appel des moyens de production pilotables permet de
minimiser le coût du plan de production en respectant les contraintes garantissant un fonctionnement
sûr et stable du système. Il est déterminé à partir des prévisions de consommation d’EDF, des
programmes de marche fournis par les producteurs photovoltaïques avec stockage, et enfin des
prévisions de production des installations non pilotables comme le photovoltaïque ou les éoliennes
sans stockage.

Conformément à la délibération de la CRE 2018-071 du 22 mars 2018 portant sur le projet de comptage
évolué, EDF a commencé à déployer des compteurs numériques sur le territoire de La Réunion. Ainsi,
à fin 2018, il y a 41 900 compteurs numériques installés dont 30 900 sont d’ores et déjà communicants.
Environ 445 000 compteurs numériques seront déployés à La Réunion d’ici à fin 2024.

Les clients équipés de compteurs numériques communicants sont désormais facturés sur leur
consommation réelle, bénéficient de télé-opérations en 24h et peuvent consulter leurs
consommations quotidiennes sur Internet (e.quilibre) ou sur mobile (Apps EDF DOM et Corse), et

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voient leurs équipements protégés vis-à-vis des surtensions. Ces outils leur offrent la possibilité de
devenir de véritables « consom’acteurs », capables de mieux appréhender voire adapter leur
consommation dans une approche vertueuse.

Le système de comptage communicant contribuera également à une meilleure qualité de service de


distribution de l’électricité, en permettant l’observabilité du réseau HTA et basse tension, que ce soit
pour une détection plus rapide des coupures de réseau, ou la surveillance des tensions. Enfin les
compteurs numériques simplifieront les raccordements des installations de productions et d’auto
consommation.

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2 Les scénarios prospectifs Azur et Emeraude sont basés sur des
corps d’hypothèses contrastés et cohérents
Le système électrique vit une période charnière durant laquelle il va connaître des modifications
profondes. Celles-ci pourront survenir à un rythme plus ou moins soutenu. Afin d’explorer les futurs
possibles, les analyses se basent sur deux scénarios, Azur et Emeraude, dont les sous-jacents, crédibles,
cohérents et contrastés, sont présentés dans ce paragraphe.

2.1 Des évolutions majeures du système électrique sont attendues à l’horizon 15 ans
2.1.1 Dans un contexte d’électrification de nouveaux usages, notamment du transport, la
maîtrise de la demande continue à être un enjeu fort du territoire
La consommation électrique dépend au premier ordre de la démographie, de l’activité économique du
territoire, des actions de maîtrise de la demande en énergie (MDE) effectuées et de l’électrification
d’usage, comme le transport, ou, à l’inverse, du transfert d’usage de l’électricité vers d’autres usages.
Le Bilan Prévisionnel 2019 est marqué par deux ruptures importantes sur ces sous-jacents : un plan
d’actions MDE très volontariste pour les cinq prochaines années et le développement ambitieux du
véhicule électrique.

Les cadres de compensation MDE

Sous l’impulsion d’un comité MDE constitué de la Région Réunion, l’ADEME*, la DEAL* et EDF, l’île a
vu son cadre territorial de compensation validé par la délibération N°2019-006 de la commission de
régulation de l’énergie (CRE) du 17 janvier 20191. Ce document précise la nature, les caractéristiques
et les conditions de compensation au titre des charges de service public de l’énergie des petites actions
de MDE mises en œuvre à La Réunion pour la période 2019-2023. Il offre ainsi des perspectives
ambitieuses pour les actions de MDE tout en sécurisant leur financement.

Le cadre comporte des actions standards relativement génériques, comme l’installation de chauffe-
eaux solaires ou l’isolation des bâtiments, ainsi que des actions non-standards caractérisées par un
niveau élevé de dépendance au site d’implantation, comme l’installation d’équipements performants
chez un industriel. Si elles sont toutes réalisées, ces deux types d’actions permettront respectivement
de réduire la consommation de 184 GWh et 135 GWh à l’horizon 2023 (319 GWh au total).

Différentes typologies de clients et différents pans de leur consommation sont ciblés par les actions
standards, comme illustré ci-dessous.

1 En application de la Délibération de la Commission de régulation de l’énergie du 2 février 2017 portant communication relative à la
méthodologie d’examen des petites actions visant la maîtrise de la demande portant sur les consommations d’électricité dans les
zones non interconnectées.

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Figure 9 : décomposition des actions standards du cadre de compensation par type d’actions et par type de clients

Grâce à ces économies d’énergie, les analyses menées par la CRE indiquent que la mise en œuvre de
ce cadre de compensation permet de réaliser de substantielles économies de charges de service public,
puisque leur coût est estimé à 160 M€ pour des gains sur leur durée de vie de 694 M€, soit un gain net
de 534 M€.

Le développement du véhicule électrique

Le parc de véhicules électriques est encore limité à La Réunion et seuls 0,4 % des véhicules légers1 de
l’île étaient 100 % électriques ou hybrides rechargeables à fin janvier 2019. Cependant, la mobilité
électrique se développe rapidement depuis quelques années. Les ventes de véhicules légers
électriques ont doublé entre 2016 et 2018, et la part de marché de l’électrique est même plus
importante qu’en France métropolitaine, notamment sur le segment des véhicules particuliers où les
véhicules électriques représentaient 1,9 % des ventes en 2018 (contre 1,5 % en France métropolitaine
sur la même période2).

Figure 10 : évolution des ventes de véhicules légers électriques depuis 2008 à La Réunion

1
La catégorie des véhicules légers regroupe les véhicules particuliers et les véhicules utilitaires.
2
Source : http://www.avere-france.org/Site/Article/?article_id=7532&from_espace_adherent=0

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Plusieurs arguments laissent présager du développement du véhicule électrique sur l’île de la Réunion :
la taille du territoire, l’adéquation des usages (une grande majorité des trajets quotidiens étant
inférieure à 100 km1), le faible développement du réseau de transport en commun mais aussi les
objectifs d’autonomie énergétique à horizon 2030 de la loi de transition énergétique pour la croissance
verte du 17 août 2015. A cela s’ajoutent des avantages communs à ceux de métropole comme la
diminution de la pollution urbaine et de la pollution sonore.

Cependant, certaines contraintes spécifiques au contexte des Zones Non Interconnectées au réseau
métropolitain continental (ZNI)* posent un challenge quant à son intégration. En effet, le véhicule
électrique est un nouvel usage de l’électricité qui met en jeu des niveaux de puissance importants et
qui a naturellement tendance à accentuer les pointes de consommation, notamment le soir, alors que
ces pointes sont déjà marquées à La Réunion. De plus, la production d’électricité sur le territoire est
encore très dépendante des énergies fossiles, et les coûts de production restent plus élevés qu’en
métropole. De ce fait, et malgré l’image « verte » du véhicule électrique, un développement massif et
non maitrisé de celui-ci aurait un bilan environnemental contestable avec un coût élevé pour la
collectivité, tout en faisant peser des contraintes techniques importantes sur le système électrique.

En tant que gestionnaire de réseau de l’île de La Réunion, EDF émet un certain nombre de
préconisations allant dans le sens d’une recharge « vertueuse » qui privilégie les heures où la
production d’origine renouvelable est importante et limite les appels de puissance sur le réseau
pendant les périodes plus contraintes, comme la pointe du soir où les marges sont moins importantes
et la production davantage carbonée. Les préconisations sont adaptées selon le secteur et l’usage :
Secteur ou usage Solution préconisée
Domicile Appel réseau limité à 3,7 kW
Pilotage heures pleines / heures creuses
Parking d’entreprise Appel réseau limité à 7,4 kW
Pilotage selon un signal fourni par le gestionnaire de réseau (puissance
divisée par deux en période défavorable)
Voirie Appel réseau limité à 22 kW
Pilotage selon un signal fourni par le gestionnaire de réseau (puissance
divisée par deux en période défavorable)
Tableau 5 : recommandations du gestionnaire de réseau pour le raccordement* des véhicules électriques

Un signal réseau est mis à disposition en Open Data et permet d’indiquer aux opérateurs de bornes et
aux propriétaires de véhicules électriques les périodes favorables et défavorables pour la charge des
véhicules en prenant en compte les contraintes technico-économiques (coût) et l’aspect
environnemental (bilan CO2). Le label ADVENIR ZNI, reconnu par l’Avere-France, EcoCO2, EDF, l’ADEME
et le Ministère de l’Environnement, permet d’aider le financement2 de bornes pilotées sur la base de
ce signal dans le secteur tertiaire et en voirie pour les territoires insulaires3.

1
Source : Programmation Pluriannuelle de L’Energie Réunion
2
Jusqu’à un montant de 1860 € en 2019
3
Le cahier des charges et toutes les informations sont disponibles sur le site dédié ;
http://advenir.mobi/cahier-des-charges/conditions-deligibilite-dans-les-zones-non-interconnectees-corse-et-
outremer/

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2.1.2 Le parc de production se transforme sous l’impulsion de la Programmation
Pluriannuelle de l’Energie et les premiers projets de stockage émergent

La Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE)

La PPE 2016-2023 a été approuvée par le Décret no 2017-530 du 12 avril 2017.

Dès septembre 2017, la Région et la Préfecture ont lancé un processus de révision de la PPE, pour
couvrir la période 2019-2028. De nombreux ateliers thématiques ont été organisés avec les parties
prenantes pour partager et élargir les visions. Les hypothèses prospectives de ce bilan prévisionnel
(développement des filières énergies renouvelables en particulier) s’inspirent des trajectoires étudiées
dans le cadre de cette révision de la PPE.

Le développement du stockage centralisé

En mars 2017, la délibération de la CRE 2017-070 relative à la méthodologie d’examen d’un projet
d’ouvrage de stockage d’électricité dans les zones non interconnectées au réseau métropolitain
continental a fixé le cadre dans lequel le stockage centralisé pouvait se développer dans les zones non
interconnectées. Le principe est de mettre en concurrence les projets de stockage lors de guichets
réguliers afin de retenir ceux qui créeront le plus de valeur pour la collectivité. A l’instar des
mécanismes de soutien de la MDE, ne sont retenus que les projets de stockage permettant
d’économiser plus de charges qu’ils n’en occasionnent.

Un guichet compétitif s’est ainsi tenu en octobre 2017. Les porteurs de projet pouvaient candidater à
deux services, l’arbitrage* et la réserve rapide* avec bande morte. Pas moins de douze dossiers ont
été déposés pour des projets à La Réunion, parmi lesquels deux ont été retenus par la CRE : le projet
Cratère de Corsica Sole qui rend un service d’arbitrage pour une puissance installée de 5 MW, et le
projet Batrun de EDF SEI qui rend un service de réserve rapide avec bande morte pour une puissance
installée 5 MW.

2.1.3 Les scénarios retenus pour les analyses sont le reflet des évolutions en cours
Comme cela a été illustré précédemment, le système électrique va connaitre des changements
importants dans les années à venir. Il convient de rester prudent et de ne pas oublier qu’il est
impossible d’anticiper avec certitude toutes les évolutions et ruptures à venir. Les analyses du Bilan
Prévisionnel reposent sur deux scénarios, Azur et Emeraude, qui n’ont pas vocation à être des
prévisions du futur, mais plutôt des possibilités crédibles, cohérentes et contrastées.

Parc de Véhicules
MDE Population
production électriques

80 % du cadre de 15 % du parc total en


Parc connu et
compensation en 2023 2033 dont 40 % de Scénario
Azur développement
puis poursuite recharge pilotée de INSEE haut
EnR +
ambitieuse des actions véhicules

30 % du parc total en
Parc connu et 100 % du cadre en 2023
2033 dont 80 % de Scénario
Emeraude développement puis poursuite très
recharge pilotée de INSEE central
EnR ++ ambitieuse des actions
véhicules
Tableau 6 : aperçu des deux scénarios étudiés dans le Bilan Prévisionnel

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A ce titre, le scénario Emeraude envisage une transition énergétique à un rythme très soutenu,
associée à une trajectoire de population basée sur le scénario central de l’INSEE qui limite la hausse de
la consommation. La transition est caractérisée par un développement très important des énergies
renouvelables, des efforts de MDE très significatifs dans la durée (pleine réalisation du cadre en 2023
puis poursuite des efforts à un rythme ambitieux) et enfin une forte électrification de l’usage transport
(30 % du parc est supposé électrique à l’horizon de l’étude en 2033) avec un bon degré de pilotage de
la charge de ces véhicules afin de permettre une intégration plus vertueuse dans le système.

Le scénario Azur repose quant à lui sur l’hypothèse d’une transition énergétique mise en œuvre à un
rythme un peu moins soutenu, associée à une trajectoire de population basée sur le scénario haut de
l’INSEE qui tire la consommation électrique vers le haut. Dans cette trajectoire, le développement des
énergies renouvelables est important, les efforts de MDE sont significatifs dans la durée (réalisation
du cadre de compensation en 2023 à hauteur de 80 % puis poursuite des efforts à un rythme
comparable) et l’électrification de l’usage transport est en hausse par rapport à aujourd’hui (15 % du
parc est postulé électrique à l’horizon de l’étude en 2033) avec un degré de pilotage moyen.

L’analyse est détaillée pour chaque année sur le début de l’horizon, soit de 2019 à 2023 inclus, puis
par tranche de cinq ans afin de fournir un éclairage sur les années d’échéances de la PPE.

2.2 La consommation de La Réunion, portée par la démographie et le


développement des véhicules électriques, est en croissance sur l’horizon de
l’étude
La construction des trajectoires de consommation repose sur plusieurs hypothèses concernant la
démographie, l’économie, le développement du véhicule électrique ou encore les variations
saisonnières et journalières. Dans cet exercice, pour chaque scénario et chaque année, quatorze profils
de 8760 valeurs (représentants les heures de l’année) ont été élaborés.

La suite de ce paragraphe expose des éléments quantitatifs sur le paramétrage retenu pour les sous-
jacents des trajectoires de consommation.

2.2.1 La démographie et l’économie restent dynamiques


Les hypothèses démographiques sont basées sur les dernières projections de l’INSEE publiées en 2017
(modèle Omphale 2017). Les projections utilisées sont réalisées en se basant sur la population 2019 et
en y appliquant les taux de croissance prévus par l’INSEE en 2017 : scénario haut pour Azur, et scénario
médian pour Emeraude. A La Réunion, la population est en hausse dans les deux scénarios.

Milliers d’habitants 2018 2023 2028 2033


Azur 862 889 916 944
Emeraude 862 878 889 900
Tableau 7 : hypothèses de population

L’hypothèse de décohabitation a été élaborée en fonction de la tendance historique, les différences


entre scénarios reflétant l’incertitude sur les modes de vie futurs. Le vieillissement de la population et
l’évolution des modes de vie accélèrent le phénomène de rattrapage du nombre de personnes par
ménage vers des niveaux proches de la métropole.

Nombre d’habitants par logement 2018 2023 2033


Azur 2,56 2,40 2,10
Emeraude 2,56 2,42 2,20
Tableau 8 : hypothèses de décohabitation

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Les hypothèses de croissance du PIB régional en volume sont données dans le tableau ci-dessous. Elles
sont le reflet d’une même hypothèse de croissance du taux du PIB par habitant dans les deux scénarios,
fixée à +0,75 % par an. La répartition de la valeur ajoutée entre les différents secteurs d’activité, qui
varie peu dans l’historique, a été considérée inchangée sur l’horizon de l’étude.

PIB (M€) 2018 2023 2028 2033


Azur 17 974 19 270 20 613 22 019
Emeraude 17 974 19 026 20 000 20 995
Tableau 9 : hypothèses d’évolution du PIB

2.2.2 Les actions de maîtrise de la demande en énergie seront structurantes pour limiter la
hausse de consommation
La méthode de modélisation de la MDE a été adaptée pour prendre en compte le cadre de
compensation territorial. La première étape a consisté à établir un jeu de paramètres du modèle de
consommation représentant un futur sans aucune nouvelle action de MDE entre 2019 et 2023
(Paramétrage A). Ce paramétrage sert alors de référence. Dans une deuxième étape, sont élaborés :

 Un jeu de paramètres B considérant que l’ensemble des actions de MDE du cadre de


compensation se réalise ; l’écart entre A et B correspond alors aux économies d’énergie
figurant dans le cadre de compensation pour ces actions de MDE. Ce paramétrage est celui qui
sera utilisé dans Emeraude.
 Un jeu de paramètres C considérant que seule une partie des actions de MDE du cadre de
compensation se réalise, de sorte que l’écart entre A et C corresponde à 80% d’économies
d’énergie figurant dans le cadre de compensation pour ces actions de MDE. C’est ce
paramétrage qui sera utilisé pour Azur.

Les hypothèses sont ensuite extrapolées à 2033 de façon différenciée, avec des effets de maîtrise de
la demande d’énergie plus importants dans Emeraude que dans Azur. Le tableau ci-dessous expose les
hypothèses d’évolution des taux d’équipement pour la climatisation (qui inclut l’effet de l’isolation) et
l’eau chaude sanitaire, qui sont deux inducteurs importants de la consommation résidentielle.
Azur Emeraude
2023 2033 2023 2033
Taux d’équipement 36 % 50 % 34 % 45 %
Climatisation
Consommation / logement équipé (MWh) 0,64 0,45 0,61 0,39
Taux d’équipement 98 % 100 % 98 % 100 %
Eau chaude Part de marché solaire – Logements existants 68 % 77 % 72 % 80 %
sanitaire
Part de marché solaire – Logements neufs 90 % 100 % 93 % 100 %
Part de marché chauffe-eaux thermodynamique 4% 10 % 5% 15 %
Tableau 10 : hypothèses d’évolution des taux d’équipement

2.2.3 Les scénarios font l’hypothèse d’un développement rapide du véhicule électrique dont
la recharge partiellement optimisée permet de limiter l’impact à la pointe
Dans les scénarios Azur et Emeraude, deux hypothèses de développement du véhicule électrique sont
explorées. Le scénario Azur repose sur une hypothèse de développement modéré avec environ 15 %
de véhicules électriques en 2033. Dans le scénario Emeraude l’hypothèse plus ambitieuse de 30 % est
retenue. Cette hypothèse est cohérente avec la politique de transition énergétique volontariste
étudiée dans le scénario. En effet, dans ce cadre, des incitations financières favorisant le
développement du véhicule électrique par rapport à celui du véhicule thermique seraient

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probablement déployées afin de permettre la décarbonation de l’usage transport via un mix de
production largement basé sur les énergies renouvelables.

Les hypothèses de consommation annuelle des véhicules électriques dans les deux scénarios sont
synthétisées dans le tableau ci-dessous. Elles portent la consommation annuelle des véhicules
électriques en 2033 à environ 5 % de la consommation totale dans le scénario Azur et jusqu’à 10 %
dans le scénario Emeraude.
2018 2023 2028 2033
Parc VE/VHR 1 511 10 566 33 704 73 659
% parc total 0,34 % 2,3 % 7% 15 %
Azur
% ventes annuelles 1,7 % 6% 10 % 22 %
Consommation annuelle (GWh/an) 3,4 24,1 72 148
Parc VE/VHR 1 511 18 623 62 955 140 466
% parc total 0,34 % 4,1 % 14 % 30 %
Emeraude
% ventes annuelles 1,7 % 12 % 22 % 48 %
Consommation annuelle (GWh/an) 3,4 42,5 135 283
Tableau 11 : hypothèses de développement du véhicule électrique sur l’île de la Réunion

Dans les scénarios étudiés dans le Bilan Prévisionnel, la notion de pilotage recouvre deux aspects.
D’une part, elle intègre le déplacement naturel qui s’opère vers les heures méridiennes lorsque des
bornes publiques sont disponibles, ou lorsque les salariés sont incités à charger leur véhicule personnel
sur leur lieu de travail. D’autre part, elle prend en compte la mise en place de dispositifs sur les bornes
pour optimiser la recharge en fonction du signal réseau fourni par EDF ou des plages tarifaires heures
pleines / heures creuses. Les hypothèses de taux de pilotage retenues dans les scénarios Azur et
Emeraude sont respectivement de 40 % et de 80 %, et aboutissent aux courbes de charges ci-dessous
pour un jour ouvré à horizon 2033.

Figure 11 : hypothèses de profils de consommation des véhicules électriques pour un jour ouvré en 2033 à la Réunion

Ainsi dans le scénario Emeraude, malgré une consommation annuelle doublée, l’appel de puissance
aux alentours de 18h – 19h n’est pas plus élevé que dans le scénario Azur : il atteint environ 45 MW.
Ce profil Emeraude fait apparaitre deux pointes de charge, lors des heures méridiennes où la
production PV est importante et au milieu de la nuit où la consommation liée aux autres usages est
moindre.

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2.2.4 La consommation est en hausse dans les deux scénarios
Deux courbes de charge réelles sont utilisées comme base de mise en forme, celles de 2015 et 20171.
Bien que cela soit moins marqué qu’en métropole continentale, la consommation réunionnaise
comporte une dépendance à la température : toutes choses égales par ailleurs, la consommation est
d’environ 8 MW plus importante lorsqu’il fait un degré Celsius de plus, notamment du fait de la
consommation supplémentaire des climatisations. Cet effet est modélisé en prenant en compte
l’historique des températures sur la période 2012-2018.

Le tableau ci-dessous synthétise l’énergie et la pointe moyenne de ces profils sur l’horizon d’étude.
Azur 2019 2020 2021 2022 2023 2028 2033
Energie moyenne* (GWh) 3000 3024 3049 3077 3105 3332 3596
Pointe moy. Sur 1h (MW) 481 484 488 492 495 530 581

Emeraude 2019 2020 2021 2022 2023 2028 2033


Energie moyenne* (GWh) 2980 2983 2989 2996 3007 3119 3279
Pointe moy. Sur 1h (MW) 477 478 478 479 480 498 528
Tableau 12 : trajectoires de consommation

* Les volumes indiqués correspondent à une consommation sur 365 jours. Ainsi, pour les années bissextiles il convient de
rajouter la consommation du 29 février.

2023 2033

Figure 12 : décomposition de l’écart entre les scénarios Azur et Emeraude en 2023 et 2033

Des actions de MDE plus importantes dans le scénario Emeraude ainsi qu’une population croissant
plus lentement mènent à une consommation plus faible que dans le scénario Azur. Un développement
plus important du Véhicule Electrique resserre l’écart sur la consommation à l’horizon 2033 à 317 GWh
entre les scénarios Azur et Emeraude.

2.3 Dans les scénarios Azur et Emeraude, la puissance du parc est en hausse grâce à
une croissance soutenue des énergies renouvelables
2.3.1 L’évolution de la puissance installée résulte de la décroissance du parc actuel et de
l’arrivée de nouveaux actifs
Partant du parc actuel tel que défini dans la partie 1.2, des trajectoires d’évolution de la puissance
installée ont été déterminées. Dans les deux scénarios, l’hypothèse de décroissance du parc actuel est
identique et repose sur des données contractuelles : une centrale est considérée déclassée lorsque le
contrat d’achat entre le porteur de projet et le gestionnaire de réseau arrive à échéance. Dans le cas

1
Du fait d’événements particuliers (tempête Fakir et mouvements sociaux de novembre 2018), la consommation
de l’année 2018 est atypique et ne peut servir de référence.

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particulier des installations d’EDF SEI qui ne font pas l’objet d’un contrat, la date de déclassement est
la fin de vie estimée des groupes. L’objectif de cette démarche est de faire apparaitre les besoins de
puissance qui pourraient émerger à l’horizon de l’étude, en évitant de préempter le résultat en
prolongeant de fait tel ou tel moyen de production.

Des hypothèses de développement des énergies renouvelables différenciées ont été établies pour les
scénarios Azur et Emeraude, en s’appuyant sur les projets en cours de développement pour les
horizons court terme et en extrapolant les dynamiques pour les horizons plus long terme. Ces
dynamiques sont plus importantes si l’on se situe dans le scénario Emeraude.

Enfin, pour les moyens de stockage centralisés, seuls ont été considérés les projets lauréats du premier
guichet CRE, afin de faire apparaître le besoin de puissance dans le système avant de caractériser les
différentes façons d’y répondre.

Le tableau suivant donne une vision synthétique des trajectoires de parc ainsi construites ; il est
complété par des éléments plus détaillés sur chaque filière dans la suite du paragraphe.

Puissance (MW) 2019 2020 2021 2022 2023 2028 2033


Thermique fossile 495 495 425 371 291 291 251
Biomasse, biogaz, bioéthanol 4 45 111 165 239 187 85
Hydraulique 137 137 137 137 137 139 139
Azur
Energies renouvelables non synchrones 207 223 262 294 294 454 554
Autres énergies renouvelables 0 0 0 0 0 0 0
Stockage 0 5 5 5 5 5 5

Thermique fossile 495 495 425 371 291 292 252


Biomasse, biogaz, bioéthanol 4 46 113 167 242 192 89
Hydraulique 137 137 137 137 137 139 139
Emeraude
Energies renouvelables non synchrones 207 240 303 348 411 636 851
Autres énergies renouvelables 0 0 0 0 7 13 13
Stockage 0 5 5 5 5 5 5
Tableau 13 : Puissance installée au 1er janvier de chaque année dans les scénarios Azur et Emeraude.

Il peut exister de légers écarts entre les puissances installées présentées en partie 1.2 et les puissances
considérées dans ce tableau, pour des raisons de convention.

Thermique et biomasse

La décroissance du thermique entre 2019 et 2023 est liée à l’hypothèse d’une conversion progressive
à la biomasse des installations du producteur Albioma, qui fonctionnent aujourd’hui au charbon et à
la bagasse. Elle est compensée par une hausse quasi équivalente de la puissance biomasse1. En 2020
la puissance biomasse-biogaz-bioéthanol augmente de 41 MW du fait de la mise en service industrielle
de la TAC d’Albioma pouvant fonctionner avec du bioéthanol.

Par la suite, la puissance décroit du fait de plusieurs déclassements. En 2028, la puissance biomasse
diminue d’environ 50 MW du fait de l’arrivée à échéance du contrat des groupes de la tranche 1 de la
centrale de Bois-Rouge au 31 décembre 2027. En 2033, la puissance biomasse diminue d’environ
100 MW du fait de l’arrivée à échéance du contrat de la centrale du Gol au 31 décembre 2030. A
l’horizon 2030, la puissance thermique baisse de 40 MW, afin de mettre en évidence si les
investissements d’extension de durée de vie de la TAC 41 sont ou non nécessaires.

1
En pratique la hausse est un peu plus faible car la conversion à la biomasse peut entrainer une baisse de la
puissance maximale de l’installation.

25 / 40
A noter que le producteur EDF PEI annonce son intention de réaliser des essais de biocarburant sur
son parc, en vue d’une étude de conversion de l’ensemble de sa production (hypothèse à ce stade non
intégrée dans les scénarios). Si tout ou partie des moteurs et des TAC étaient amenés à être convertis
au biocarburant, les résultats de l’analyse en besoins de puissance demeureraient inchangés.
Hydraulique

Des travaux sont prévus pour optimiser les installations existantes de Takamaka et Rivière de l’Est. La
puissance augmentera légèrement (hausse d’un peu plus de 2 MW prévue sur l’usine de Takamaka 1)
ainsi que le productible (de l’ordre de 10 GWh) grâce à l’optimisation des rendements par l’installation
de nouveaux équipements.

Energies renouvelables non synchrones

Les énergies renouvelables non synchrones connaissent une hausse marquée en lien avec un
développement ambitieux du photovoltaïque accompagné, en particulier dans le scénario Emeraude,
d’une montée en puissance de l’éolien terrestre et également de l’éolien offshore en fin de période
d’étude.

Il est à noter que ces trajectoires incluent le déploiement d’installations en autoconsommation,


modélisées comme du photovoltaïque simple. Ces trajectoires incluent également le parc existant et
le développement prévu des installations de type PV + stockage telles qu’issues des appels d’offre de
2011, 2015, 2016 et des nouveaux appels d’offre à venir.

Autres énergies renouvelables

Les hausses au cours de la période pour le scénario Emeraude sont liées au développement de la
géothermie et de l’énergie thermique des mers.

Stockage

Seul le projet de stockage rendant le service d’arbitrage Cratère est pris en compte. Le projet Batrun
n’apparait pas car, dans la mesure où il rend au système le service de réserve rapide, il ne participe pas
au respect du critère de sécurité d’approvisionnement selon les critères du Bilan Prévisionnel.

2.3.2 La disponibilité des actifs est déterminée en fonction des technologies, des valeurs
contractuelles et des performances passées
Le fonctionnement et le mode de gestion des installations de production sont différents selon que
celles-ci sont pilotables ou non. La modélisation retenue pour simuler l’équilibre offre-demande
s’attache à traduire de la façon la plus réaliste possible les caractéristiques des éléments du parc de
production afin d’estimer la puissance disponible à chaque heure de l’année.

En complément de leur puissance maximale, les installations pilotables sont principalement


caractérisées par leurs coefficients d’indisponibilité programmée et fortuite*. Les indisponibilités
fortuites sont tirées aléatoirement et peuvent survenir à n’importe quelle période de l’année. A
l’inverse, les indisponibilités programmées sont réparties sur l’année de sorte à minimiser les risques
de défaillance. Dans certaines centrales, l’arrêt concomitant de plusieurs groupes est nécessaire pour
effectuer des opérations de maintenance sur des installations communes au site. Les hypothèses
d’étude normatives qui ont été retenues sont exposées au Tableau 14. Il est à noter que sur la période
2019-2023 des arrêts longs successifs de plusieurs mois ont été pris en compte sur les groupes
d’Albioma, en cohérence avec l’hypothèse de leur conversion à la biomasse.

La période des arrêts programmés des groupes Bois Rouge et le Gol a été définie en fonction des
contraintes périodiques saisonnières liées à la campagne sucrière (second semestre). Ainsi, la

26 / 40
maintenance annuelle des tranches bicombustibles est systématiquement fixée au premier semestre
de l’année, tandis que les arrêts des tranches charbon sont plutôt placés au cours du second semestre.

Les arrêts des groupes d’EDF PEI sont toujours espacés d’au moins une semaine afin de pouvoir faire
face à une éventuelle prolongation. En cas de besoin, il pourrait y avoir chevauchement de plusieurs
groupes en arrêt si le niveau de risque le permet.

En résumé, le placement des indisponibilités des moyens de production doit être lissé sur toute l’année
afin de limiter le niveau de risque.
Coefficient Coefficient Coefficient
Moyen de production
d’indisponibilité programmée d’indisponibilité fortuite de disponibilité*
Moyens Bagasse-Charbon / Calculé pour aboutir à la
21 jours d’arrêt par groupe Disponibilité contractuelle
Bagasse-Biomasse disponibilité contractuelle
Centrale Diesel 21 jours d’arrêt par groupe 4,5 % 90 %
Calculé pour aboutir à la
TAC Saint-Pierre 21 jours d’arrêt Disponibilité contractuelle
disponibilité contractuelle
Entre 21 et 28 jours d’arrêt par
TAC. Réduction de la puissance
TAC La Possession maximale de 5 % pendant les 6 3,5 % 90 %
mois d’été austral (fortes
températures).
Environ 1 mois d’arrêt par
Grande Hydraulique 1-2 % 90 %
turbine
Disponibilité contractuelle
Nouvelles technologies
Calculé pour aboutir à la des centrales
(géothermie, énergie 21 jours d’arrêt
disponibilité postulée géothermiques existantes
thermique des mers)
sur les autres territoires SEI
Nouveaux moyens de
production ajoutés pour
21 jours d’arrêt par groupe 4,5 % 90 %
respecter le critère de
sécurité d’alimentation
Tableau 14 : coefficients d’indisponibilité retenus dans les analyses

Les installations non pilotables, quant à elles, sont représentées comme des profils de production
horaires afin de représenter la variabilité de leur production. La méthode de construction des profils
est adaptée selon la filière et les données disponibles.

La modélisation des nouvelles installations éoliennes a fait l’objet d’une attention particulière, car la
production des parcs existants ne peut a priori pas présager des performances futures, les technologies
ayant beaucoup évolué. Ainsi, les facteurs de production des nouveaux parcs terrestres, offshore, ou
des parcs dont les éoliennes ont fait l’objet de repowering* sont basés sur des réanalyses de données
de vent1 converties en production horaire sur la base des caractéristiques des nouveaux modèles
d’éoliennes. Pour les installations photovoltaïques avec stockage, les spécificités des règles des
différents appels d’offre sont prises en compte. Pour les derniers, une participation de 40% de la
puissance installées pendant les 2 heures de pointe est retenue dans la modélisation.

Les profils de production utilisés ont les caractéristiques suivantes :


Installation Facteur de charge moyen* Nombre de chroniques utilisées
PV 16,2 % 6
PV+Stockage Appel d’Offre 2011 15,3 % 6
PV+Stockage Appels d’Offre ultérieurs 15,3 % 6
Eolien existant 6,4 – 12,9 % 2-3
Nouvel éolien 14,8 – 15,6 % 18

1
Base de données ERA5, produite par le Centre Européen de Prévision pour le service climatique européen
Copernicus : http://cds.climate.copernicus.eu/cdsapp#!/home

27 / 40
Eolien offshore 29,7 – 34,3 % 18
Biogaz 39 % 4
Micro hydraulique 30 % 10
Tableau 15 : caractéristique des productions non pilotables utilisées dans la modélisation

Les chroniques des sites hydraulique, Rivière De L’Est Takamaka I et Takamaka II, sont élaborées
suivant l’historique de la production sur chaque site depuis 2007 jusqu’à 2018 (12 chroniques utilisées)
avec une valeur journalière sur les 365 jours.

2.4 La modélisation de l’équilibre offre-demande reflète une gestion optimisée du


système électrique face aux aléas auxquels il est soumis
Pour modéliser l’équilibre offre-demande à moyen et long terme dans les ZNI, EDF utilise un outil
développé et maintenu par EDF R&D. L’outil a été conçu pour être utilisable sur des territoires dont les
mix énergétiques sont variés. Le cœur de calcul est donc développé sur la base de fonctions génériques
et c’est le paramétrage qui permet d’intégrer les spécificités de chaque parc de production. En 2018
un travail important a été mené sur la modernisation du code et l’intégration d’une fonction
permettant de modéliser les actifs de stockage centralisé assurant un service d’arbitrage.

Le calcul des stratégies de gestion des stocks (hydraulique, batteries) s’appuie sur les techniques de
programmation dynamique stochastique, tandis que l’équilibre production/consommation à coût
minimal est identifié à partir de fonctions de tris qui garantissent l’optimalité au périmètre étudié sans
faire appel à un solveur d’optimisation. Lorsque l’équilibre offre-demande est très tendu, si sur une
heure donnée, la consommation excède la puissance maximale des installations disponibles, alors
l’heure est comptabilisée comme défaillante au critère de sécurité d’approvisionnement.

La description du système est volontairement simplifiée afin de permettre la simulation de plusieurs


centaines de scénarios d’aléas, ce qui est indispensable pour capter les évènements rares que sont les
périodes de défaillance du système. Cette simplification de certaines propriétés du système qui n’ont
pas d’impact sur les résultats en termes de sécurité d’approvisionnement peut néanmoins conduire à
des plans de production horaires un peu différents de ce qui serait effectivement réalisé en
opérationnel dans les conditions d’étude. Par exemple, les groupes pilotables sont modélisés comme
des éléments très manœuvrants dont la puissance de consigne peut être déterminée à n’importe quel
niveau entre 0 MW et Pmax, sans tenir compte du minimum technique de fonctionnement. Les règles
qui ne sont pas intégrées sont la limite instantanée de pénétration des énergies intermittentes, les
contraintes liées à l’exploitation du réseau ou encore le suivi du niveau d’inertie*. Des évolutions de
l’outil de simulation sont prévues pour améliorer le réalisme des plans de production, toutefois il
restera toujours nécessaire de faire des compromis entre temps de calcul et complexité de
modélisation, et d’adapter les analyses aux différents cas d’étude.

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3 A l’horizon 10 ans, le système électrique réunionnais aura besoin
de puissance pilotable complémentaire ainsi que de flexibilités
Les analyses présentées dans cette partie visent d’une part à quantifier le besoin en puissance pilotable
pour le système jusqu’à horizon quinze ans et d’autre part à estimer le besoin de flexibilité. Elles ont
été établies sur la base des hypothèses présentées dans les paragraphes précédents. Un focus
particulier sur le stockage et le rôle qu’il pourrait avoir pour participer au critère de sécurité
d’alimentation est également proposé.

3.1 Les besoins de puissance apparaissent d’ici dix ans et s’élèvent entre 160 et 240
MW à l’horizon quinze ans du fait de la croissance de la consommation et des
éventuels déclassements à cet horizon
Du fait de la hausse de la consommation et des éventuels déclassements de moyens à l’horizon 2028-
2033, les besoins du système en puissance complémentaire sont présentés dans les tableaux et
graphiques suivants :

Hepp* 2019 2020 2021 2022 2023 2028 2033


> 2000 h 140 MW
Azur
< 2000 h 60 MW 100 MW
> 2000 h 40 MW
Emeraude
< 2000 h 120 MW
Tableau 16 : besoin de puissance cumulée année par année

Azur Emeraude
* hepp : heures équivalent pleine puissance

Nota Bene : Contrairement aux Bilans Prévisionnels précédents, les besoins sont présentés de façon
cumulée, c’est-à-dire que les nombres figurant dans la colonne 2033 représentent l’intégralité du
besoin à cet horizon de temps là.

Le développement des énergies renouvelables et l’augmentation de la sollicitation des moyens


existants permettent d’accompagner la croissance de la consommation jusqu’en 2028. A cet horizon,
si le contrat de la tranche 1 de la centrale de Bois-Rouge n’était pas renouvelé ou prolongé, le besoin
serait de 60 MW dans les conditions du scénario Azur tandis qu’il n’apparaîtrait pas de besoin de
puissance pour le scénario Emeraude. En 2033, après la fin de contrat de la centrale du Gol et s’il était
décidé de ne pas faire les investissements nécessaires à la prolongation de la TAC 41, des besoins de

29 / 40
puissances sont présents dans les deux scénarios : 240 MW en cumulé dans le scénario Azur et
160 MW dans le scénario Emeraude.

En revanche, en 2028, si la tranche 1 de la centrale de Bois Rouge était prolongée, le besoin ne serait
plus que de 20 MW dans le scénario Azur. De même en 2033, la prolongation de la tranche 1 de Bois-
Rouge, de la centrale du Gol, ainsi que de la TAC 41, réduirait le besoin à 80 MW dans le scénario Azur
et 0 MW dans le scénario Emeraude. Ces besoins mettent en lumière la nécessaire réflexion sur la
prolongation ou le remplacement de ces actifs de production.

Pour caractériser le besoin de puissance permettant de respecter le critère de sécurité d’alimentation,


le choix a été fait de considérer des groupes pilotables de 20 MW, pouvant être appelés à Pmax tout au
long de l’année, sauf 10% du temps. Cette disponibilité et cette taille unitaire ont été fixées au regard
de la taille du système et des caractéristiques des centrales déjà présentes sur le sol réunionnais. La
prise en compte du réseau peut avoir un impact sur les caractéristiques des centrales notamment leur
localisation.

La caractérisation de l’apport au critère de sécurité d’alimentation d’autres moyens de production,


possédant des capacités de stock limité comme l’hydraulique à retenue ou le stockage, ayant des
productions variables d’une heure ou d’un jour à l’autre, comme le photovoltaïque ou l’éolien, ou
encore d’un mélange de plusieurs de ces moyens nécessite une étude ad hoc. En effet, le niveau de
contribution à la sécurité d’alimentation dépend des caractéristiques du système dans lequel s’insère
l’installation et notamment de la quantité d’installation du même type déjà présente. Pour autant,
chercher à transformer localement des productions variables en production pilotable en leur
adjoignant de grandes quantités de stockage ne correspond que rarement à un optimum technico-
économique : il est souvent plus intéressant de panacher les sources de production en les complétant
d’un parc de production flexible ainsi que de stockage centralisé.

Enfin, une vigilance particulière devra être portée à la conversion du charbon à la biomasse des
centrales d’Albioma qui nécessitera une succession d’arrêts longs de plusieurs mois chacun entre 2021
et 2023. Les périodes et modalités de ces arrêts seront à analyser finement et à optimiser, en lien avec
le producteur pour qu’elles ne génèrent pas un niveau de risque trop important pour l’équilibre offre
demande de l’île.

3.2 Les mix de 2028, avec une proportion importante d’énergies renouvelables
interfacées par électronique de puissance, nécessiteront des adaptations dans la
gestion du système
Les résultats présentés dans ce paragraphe se focalisent sur l’année 2028, qui est l’horizon de la
Programmation Pluriannuelle de l’Energie.

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Figure 13 : Répartition de la production entre moyens de production synchrones et non synchrones en 2028 dans les
scénarios Azur (à gauche) et Emeraude (à droite)

A l’horizon 2028, les énergies solaire et éolienne permettent de satisfaire entre 31 % (scénario Azur)
et 49 % (scénario Emeraude) de la consommation annuelle. Leurs profils de production étant très
variables selon les heures de la journée et les jours de l’année, atteindre ce niveau suppose d’accepter
des taux de pénétration instantanés importants, comme illustré sur la Figure 14. En tant que
gestionnaire de réseau, EDF œuvre dès aujourd’hui pour mettre en place les solutions afin d’insérer
les énergies non synchrones (photovoltaïque, photovoltaïque avec stockage, éolien, éolien avec
stockage, stockage) en grande quantité en préservant la sûreté du système. Ainsi, les répartitions
présentées ci-dessus ont été calculées sans prendre en compte de limitation technique de la part
instantanée des énergies non synchrones. Des études devront confirmer la faisabilité technique
d’atteindre ces proportions dès 2028, et les investissements nécessaires devront avoir été réalisés
pour permettre l’atteinte de ces proportions d’énergie non synchrone.

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Figure 14 : monotone des taux horaires d’énergies renouvelables non synchrones exprimés en pourcents de la
consommation dans les deux scénarios

3.3 A horizon 10 ans les besoins de flexibilité du système réunionnais seront


importants
Dans le système actuel, la demande est relativement stable et la consommation d’un jour a le même
profil que celle du même jour de la semaine précédente. Le fort développement des énergies non
synchrones, essentiellement composées de photovoltaïque, structurera différemment la demande
résiduelle en 2028, avec des variations beaucoup plus amples entre les journées, ce qui est de nature
à solliciter de façon croissante les flexibilités, notamment celle du parc de production pilotable.

La figure ci-dessous montre pour une semaine du scénario Azur 2028, la demande en électricité
(courbe orange), la contribution des énergies non synchrones (en orange clair) et la demande
résiduelle, c’est-à-dire la puissance qui reste à fournir par les moyens de production pilotables (courbe
bleue). A titre illustratif, le niveau de puissance installée des bioénergies (biomasse, biogaz et biofiouls)
est indiqué en pointillés verts. Il apparaît des variations importantes chaque soir de la demande
résiduelle, avec des rampes de plusieurs centaines de mégawatts à assurer en quelques heures. La
production hydraulique bien optimisée permettra de réduire l’amplitude de ces variations. Sur cette
semaine, hormis le dimanche, la demande résiduelle est supérieure à la puissance installée en
biomasse et biogaz, ce qui permet d’assurer un débouché pour la production de cette filière.

Figure 15 : illustration sur une semaine d’hiver austral dans le scénario Azur 2028

La même analyse effectuée pour le scénario Emeraude, mène à la courbe suivante :

Figure 16 : illustration sur une semaine d’hiver austral dans le scénario Emeraude 2028

32 / 40
Sur cette semaine, les fluctuations de la demande résiduelle sont bien plus marquées et les creux
méridiens sont bien plus importants que les creux de nuit que le système est habitué à devoir gérer.
Du fait d’une demande plus faible et d’un développement des énergies renouvelables non synchrones
plus importants, la demande résiduelle passe régulièrement en dessous de la puissance installée en
biomasse et biogaz : la production de ces filières se verra limitée au profit d’autres énergies
renouvelables.

Pour équilibrer en temps réel les niveaux de production et de consommation sur l’île de La Réunion et
gérer l’intermittence, le système électrique dispose de plusieurs leviers complémentaires avec :

 Les unités de production pilotables, programmables et flexibles, qui participent aux


mécanismes de réserve et sont capables de faire varier leur niveau de production pour
s’ajuster à la consommation résiduelle.
 Le réseau (transport, distribution), qui permet d’agréger géographiquement la production
renouvelable et de bénéficier ainsi des effets de foisonnement de leur production, ce qui
facilite la gestion de l’intermittence. Le réseau permet par ailleurs de raccorder les centres de
consommation aux sites de production, notamment renouvelables.
 Le pilotage de la demande électrique qui permet de déplacer les périodes de forte
consommation vers les périodes de forte production renouvelable. Les effacements peuvent
également rendre des services au système électrique en proposant des réductions
programmées de la consommation.
 Et le stockage, qui peut être alternativement une source de production et de consommation,
et potentiellement faire face aux différents enjeux de flexibilités. Le stockage permet d’aplanir
les pointes de production renouvelable et de transférer l’énergie vers les pointes de
consommation : à ce titre, il contribue aussi bien à la gestion des périodes de surplus qu’à
l’intermittence des productions renouvelables. Il est à noter que cet usage de report de
l’énergie est compatible avec une participation du stockage pour faire face aux enjeux de
sureté d’approvisionnement long terme et des différents besoins en flexibilités. La partie
suivante du document s’attache à mieux caractériser comment des solutions de stockage
pourraient être complémentaires à de la puissance pilotable pour satisfaire le besoin identifié
à l’horizon 2028 dans le scénario Azur.

3.4 En apportant de la flexibilité tout en participant à la sécurité d’alimentation du


système, le stockage peut jouer un rôle important dans la transition énergétique
réunionnaise
La Figure 17 est obtenue en déterminant la puissance de stockage nécessaire pour respecter le critère
de défaillance en fonction de la durée du stockage étudiée. L’analyse est faite par pas de 20 MW en
considérant un stockage 100 % disponible :

 Dans le scénario Azur, en 2028 et sans prolongation de Bois Rouge 1, le Bilan Prévisionnel
montre un besoin de 60 MW de puissance pilotable (barre de gauche).
 L’installation de 60 MW de stockage de durée de stock de 12h pourrait répondre à ce besoin,
tout comme l’installation de production à puissance pilotable (deuxième ensemble de barres
en partant de la gauche). Cela est lié à la présence en 2028 de marge suffisante sur les autres
filières qui, si elle est utilisée sur une durée de 12h pour recharger le stockage, permet de
répondre à la demande résiduelle, en complément des autres moyens de production pilotables
présents sur l’Île de La Réunion.

33 / 40
 A l’autre extrémité de cette Figure 17, si les moyens de stockage retenus ont une durée de
stock d’une heure seulement, il faut en installer 400 MW pour respecter le critère de
défaillance sans nécessiter d’installation de production à puissance pilotable (ensemble de
barres le plus à droite). La puissance nécessaire diminue à 80 MW, pour une durée de stock
d’1h, si on accepte d’installer également 40 MW de production à puissance pilotable. Ainsi il
est plus aisé de substituer les derniers MW de production d’extrême pointe par du stockage
que les moyens davantage sollicités au cours de l’année.
 La solution optimale technico économiquement se situerait probablement dans des
configurations intermédiaires avec des durées de stocks de quelques heures.

Quelle que soit la combinaison


stockage 12h / MW pilotables, la
puissance nécessaire est de 60 MW

Figure 17 : Scénario Azur 2028 - Besoin de stockage (en bleu) en complément à la puissance pilotable (0, 20 et 40 MW, en
gris) pour plusieurs durées de stock

La puissance de stockage pour respecter le critère de défaillance dépend donc de la durée de stock
associée, de la puissance de production pilotable et du parc de production déjà présent sur le territoire.

3.5 Le développement du réseau électrique est primordial pour accompagner la


transition énergétique du système
La programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit un développement de 163 MW de production
d’énergie renouvelables d’ici 2023. Pour cela, le schéma de raccordement au réseau des énergies
renouvelables prévoit la création d’un transformateur déphaseur au poste électrique* d’Abondance
(Saint-Benoît). Ce transformateur déphaseur permet de désengorger les lignes 63 kV
Abondance – Moufia et Abondance – Saint-André en orientant les flux vers l’axe Abondance – Saint-
Pierre.

D’une façon générale, des renforcements du réseau 63 kV sont souvent nécessaires avec l’arrivée des
nouveaux moyens de production de puissance importante. Or les délais de réalisation des lignes 63 kV
sont aujourd'hui plus longs que ceux de réalisation des centrales, notamment à cause de la sensibilité
aux questions environnementales et des procédures de concertation avec le public et les acteurs
concernés, parfois très nombreux pour des lignes traversant plusieurs communes et des terrains très
variés. Il est donc nécessaire d'inclure la question du renforcement du réseau 63 kV dès le début des
réflexions sur les projets de production.

34 / 40
Il est également nécessaire de prévoir un délai de l’ordre de deux à cinq ans pour l’ensemble du
processus de raccordement des producteurs (délai entre l’engagement du producteur dans sa solution
de raccordement et la date d’injection sur le réseau de son nouveau moyen de production) et de
faciliter la prise en compte des contraintes du raccordement dans l’élaboration des documents
d’urbanisme.

C’est pourquoi respecter l’équilibre entre zones d’implantation des moyens de production et zones de
consommation permet d’optimiser la structure du réseau 63 kV en évitant des renforcements.

Il conviendra par ailleurs d'étudier les impacts sur le réseau 63 kV, en fonction des zones de
développement du photovoltaïque, d’une variation rapide de la production photovoltaïque. Cela afin
de vérifier qu'il n'apparait pas de déséquilibre sur le réseau 63 kV lié à des variations opposées de la
production photovoltaïque entre les différentes zones du réseau.

Enfin, il sera également nécessaire d’étudier plus précisément l’impact sur le réseau de distribution
(BT et HTA) d’un développement important des énergies décentralisées ainsi que du raccordement en
grand nombre d’infrastructures de recharge de véhicules électriques.

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Glossaire
Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) : établissement public à caractère
industriel et commercial (EPIC) français créé en 1991. L'ADEME suscite, anime, coordonne, facilite ou
réalise des opérations de protection de l'environnement et la maîtrise de l'énergie.

Alternateur synchrone : machine électromécanique convertissant une énergie mécanique (rotation


de l’arbre d’un moteur diesel, d’une turbine hydraulique ou vapeur) en énergie électrique injectée sur
le réseau.

L’alternateur génère à ses bornes des tensions alternatives de fréquence proportionnelle à sa vitesse
de rotation. Les masses en rotation des lignes d’arbre des groupes turbo-alternateur synchrones
s’opposent sans délai, du fait de leur inertie, aux variations de leur vitesse de rotation et contribuent
ainsi à l’atténuation de la vitesse de variation de la fréquence.

Par conception, l’alternateur synchrone peut également délivrer transitoirement en cas de court-
circuit dans le réseau une intensité du courant très importante de l’ordre de 6 à 10 fois l’intensité
maximale en régime continu. L’efficacité des plans de protection des personnes et des biens contre le
risque électrique repose sur cette capacité.

Arbitrage : L’arbitrage est le fait de stocker de l’électricité lorsque celle-ci est peu chère à produire,
voire lorsqu’on est en situation d’excédent, pour la restituer à la pointe de consommation lorsque
l’équilibre offre-demande est tendu et que les coûts de production sont élevés.

Cadre de compensation : cadre pluriannuel définissant pour un territoire la nature, les caractéristiques
et les conditions de compensation des petites actions de Maîtrise de la Demande en Energie (MDE) au
titre des charges de Service Public d’Electricité (SPE).

Coefficient de disponibilité (Kd) : Le coefficient de disponibilité, exprimé en pourcents, est le quotient


de l’énergie maximale qui peut être produite par une installation pendant une période de temps
(compte-tenu de la disponibilité des équipements) et de l’énergie maximale qui aurait pu être produite
avec une disponibilité permanente pendant la même période.

Coefficient d’indisponibilité fortuite (Kif) : Le coefficient d’indisponibilité fortuite, exprimé en


pourcents, est le quotient de l’énergie qu’il est impossible de produire avec une installation du fait
d’un événement non programmé, comme par exemple une avarie matérielle, et de l’énergie maximale
qui aurait pu être produite avec une disponibilité permanente pendant la même période.

Coefficient d’indisponibilité programmée (Kip) : Le coefficient d’indisponibilité programmé, exprimé


en pourcents, est le quotient de l’énergie qu’il est impossible de produire par une installation du fait
d’un arrêt ou d’une limitation programmée à l’avance, comme par exemple un entretien récurrent, et
de l’énergie maximale qui aurait pu être produite avec une disponibilité permanente pendant la même
période.

Coefficient de production (Kp) : le coefficient de production, exprimé en pourcents, est le quotient de


l’énergie produite par une installation pendant une période et de l’énergie maximale qui aurait pu être
produite avec une disponibilité permanente pendant la même période.

Coefficient d’utilisation (Ku) : le coefficient d’utilisation, exprimé en pourcents, est le quotient de


l’énergie produite par une installation pendant une période et de de l’énergie maximale qui aurait pu
être produite pendant une période de temps (compte-tenu de la disponibilité des équipements). Les
cas où de l’énergie disponible n’est pas utilisée sont fréquents, par exemple quand il faut adapter la
production à la consommation, ou que les règles d’exploitation du système l’imposent. Aujourd’hui,

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pour les énergies éoliennes et photovoltaïques le coefficient d’utilisation est généralement proche de
100%, ce qui est illustré à la figure ci-dessous par le très faible volume d’énergie inutilisée (en orange).

Ainsi, coefficient de production = coefficient de disponibilité x coefficient d’utilisation.

Figure 18: illustration de la répartition des énergies produite et théorique

Commission de Régulation de l’Energie (CRE) : autorité administrative indépendante, créée le 24 mars


2000 - www.cre.fr

Critère de sécurité d’alimentation ou critère de défaillance [extrait du site du ministère de la


Transition Ecologique et Solidaire1] : Le critère de défaillance, ou critère de sécurité d’alimentation
électrique, représente le niveau de rupture de l’alimentation électrique, pour des raisons d’équilibre
offre-demande, accepté chaque année par la collectivité. Il est défini comme « une durée moyenne de
défaillance annuelle de trois heures pour des raisons de déséquilibre entre l'offre et la demande
d'électricité ». Ce critère signifie que chaque année, la durée moyenne, sur l’ensemble des scénarios
possibles […], de la durée pendant laquelle au moins un consommateur est délesté pour des raisons
de déséquilibre offre-demande doit être inférieure à trois heures. […] Le dépassement du critère
retenu rend compte de l’existence d’une défaillance mais pas de son ampleur (en nombre de
personnes délestées, par exemple). Le respect du critère n’implique pas une absence totale de risque
totale de défaillance, mais que le risque est contenu dans des limites définies.

Demande résiduelle : consommation qui reste à fournir, après prise en compte de la production issue
des énergies renouvelables non pilotables (photovoltaïque, éolien et hydraulique au fil de l’eau
principalement).

Délestage : Le délestage est une interruption volontaire et momentanée de la fourniture d’électricité


sur une partie du réseau électrique. Cette mesure peut d’une part être activée automatiquement en
ultime recours afin de rétablir l’équilibre entre l’électricité injectée et celle soutirée du réseau lorsque
les réserves constituées par le gestionnaire du réseau sont épuisées (voir plan de délestage*) et d’autre
part être activée manuellement par exemple lorsque les capacités maximales de transit dans une
portion du réseau électriques sont en passe d’être atteintes.

Départ d’un poste électrique : lien physique (ligne aérienne et/ou câble souterrain) électrique issu
d’un poste de transformation généralement avec un niveau de tension de 15 ou 20 kV, domaine de la
tension niveau A (HTA). Un départ « délestable » contribue au plan de défense et son alimentation
peut être suspendue automatiquement selon les fluctuations de la fréquence (voir aussi délestage*).

1
www.ecologique-solidaire.gouv.fr/securite-dapprovisionnement-en-electricite

37 / 40
Un départ « mixte » est un départ sur lequel sont raccordés à la fois des installations de production et
de consommation. Un départ « dédié » est un départ sur lequel une seule installation est raccordée
(production ou consommation).

Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) : intervient sur l’ensemble


des champs de l’aménagement du territoire et est chargée de mettre en œuvre les politiques du
ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer ainsi que celles du ministère du logement et
de l’habitat durable.

Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) : cette administration a été mise en place en
juillet 2008, sa mission est d’élaborer et de mettre en œuvre la politique relative à l’énergie, aux
matières premières énergétiques, ainsi qu’à la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution
atmosphérique. www.ecologique-solidaire.gouv.fr/direction-generale-lenergie-et-du-climat-dgec

Energies non synchrones : Certaines installations, comme les parcs photovoltaïques et éoliens ou les
batteries, ne sont pas connectés au réseau par des alternateurs synchrones mais par une interface
basée sur de l’électronique de puissance (onduleur). Ils constituent une production dite non synchrone
et ne contribuent pas à l’inertie du système et très faiblement à l’apport de courant de court-circuit.
En effet, les panneaux photovoltaïques ou les batteries ne comportent pas d’éléments mécaniques en
rotation. Dans le cas de l’éolien, afin de maximiser leur production, la vitesse de rotation des turbines
est optimisée en temps réel en fonction des conditions de vent indépendamment de la fréquence du
réseau. L’énergie mécanique disponible au niveau du rotor de l’éolienne ne peut donc être
directement transformée en énergie électrique à 50 Hz par un alternateur synchrone. La
transformation nécessite le recours à l’électronique de puissance.
Des recherches et expérimentations sont en cours pour qu’à l’avenir les installations interfacées par
électronique de puissance puissent comme les alternateurs synchrones s’opposer naturellement et
sans aucun délai aux variations de la fréquence du réseau.
Energies synchrones : unités de production raccordées au réseau via des alternateurs synchrones
comme par exemple les groupes hydrauliques, les centrales thermiques, les centrales biomasse ou
bagasse. Les énergies synchrones contribuent à la sureté et à la stabilité du système grâce à l’apport
de courant de court-circuit et d’inertie de leur turbo-alternateur.

Facteur de charge (FC) : pour les installations s’appuyant sur une énergie primaire dont la ressource
est variable dans le temps (ex : photovoltaïque, hydraulique fil de l’eau), il s’agit du quotient de
l’énergie produite pendant une période et de l’énergie maximale qui aurait pu être produite si
l’installation avait produit en permanence à sa puissance nominale* pendant la même période.

Incident généralisé ou black-out : panne de courant à grande échelle. Dans les zones non
interconnectées, on parle d’incident généralisé lorsque l’approvisionnement électrique de toute l’île
(ou de tout le réseau du littoral pour la Guyane) n’est plus assuré.
Inertie : les masses tournantes stockent de l’énergie sous forme d’énergie cinétique. Cette énergie est
instantanément libérée pour s’opposer à une chute de la fréquence lors d’un manque soudain de
production par rapport à la consommation. De même, les masses tournantes peuvent emmagasiner
de l’énergie en cas d’excédent soudain de production par rapport à la consommation, s’opposant ainsi
à une hausse de fréquence.

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Technologie Constante d’inertie (MWs/MVA)
Chaudière vapeur 3
Moteur diesel 1,2 – 4,4
TAC heavy duty 7
TAC aérodérivative 1
Energies non synchrones 0
Tableau 17 : Ordre de grandeur des constantes d’inertie des différentes machines présentes dans le parc des ZNI

Pilotable : caractéristique d’un moyen de production. Un moyen est pilotable si la puissance qu’il
produit peut être fixée à tout moment à une valeur comprise entre une puissance minimale et une
puissance maximale, définies par les caractéristiques techniques du moyen de production. La
production pilotable fait référence aux sources d'énergie électrique qui peuvent, sur demande, être
mises en marche et arrêtées, ou dont la puissance peut être ajustée. Elle est à distinguer des sources
d'énergie intermittentes, dont la production ne peut pas être maîtrisée sans technologie de stockage
d'électricité.

Plan de délestage : constitue l’ultime défense du système électrique en cas de déséquilibre production
consommation supérieur aux réserves disponibles dans le système afin de limiter le risque d’incident
généralisé*. Le plan de délestage, révisé régulièrement par le gestionnaire du système, regroupe en
divers « paquets » (dits stades de délestage) l’ensemble des départs HTA. Afin d’enrayer la chute de
fréquence, les départs HTA affectés à un paquet seront automatiquement découplés du réseau lorsque
la fréquence chutera sous une valeur prédéterminée. La durée typique entre le franchissement du seuil
de fréquence et l’ouverture effective des disjoncteurs HTA assurant le découplage est de l’ordre de
200 ms. Malgré cette durée qui pourrait apparaitre comme négligeable, le gestionnaire du système
doit assurer un niveau d’inertie suffisant dans le système pour laisser le temps à chaque stade de
délestage d’être efficace avant que le suivant ne s’active. Pour réduire cette contrainte en inertie, une
activation complémentaire des stades de délestage basée sur la vitesse de chute de la fréquence peut
être déployée : il est alors possible d’anticiper dès le début de la chute de fréquence le recours au
délestage et ainsi de le rendre pleinement efficace.

Une fois la fréquence stabilisée et les capacités de production reconstituées, les départs délestés
seront manuellement recouplés au réseau par le conducteur du système en veillant à adapter les
volumes de charge repris aux capacités des groupes de production démarrés. (Voir aussi délestage*.)

Poste électrique : local assurant la liaison entre deux réseaux dont les niveaux de tension sont
différents. Il comprend des transformateurs, des équipements de surveillance, de protection et de
télécommande, des équipements de comptage d’énergie, voire des systèmes automatiques de
délestage pour contribuer à la sûreté du système électrique. Les postes source relient le réseau haute
tension niveau B (HTB, tension supérieure à 50 kV) et le réseau haute tension niveau A (HTA, tension
inférieure à 50 kV), tandis que les postes de distribution publique HTA-BT relient le réseau HTA et le
réseau basse tension (BT, tension inférieure à 1 kV).
Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) : fixée par décret, elle établit les priorités d'action
des pouvoirs publics pour la gestion de l'ensemble des formes d'énergie.

Puissance crête : notion utilisée dans le cas des installations photovoltaïques pour désigner la
puissance électrique que la centrale peut délivrer en courant continu (avant onduleur) dans les
conditions standards (ou STC) définies par la norme NF EN 60904-3, c’est-à-dire notamment une
température de cellule de 25°C et un niveau d’éclairement de 1000 W/m².

Puissance maximale (Pmax): puissance électrique nette maximale, réalisable pendant un temps de
fonctionnement minimal, compte-tenu de l’état technique des installations et des conditions réelles

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de fonctionnement. La puissance maximale d’un groupe hydraulique peut par exemple varier en
fonction de la hauteur de chute.

Puissance nominale : puissance donnée par le constructeur pour un moyen de production. Pour le
photovoltaïque, la puissance nominale est identique à la puissance crête.

Puissance de raccordement : puissance maximale en injection prise en compte pour dimensionner les
ouvrages de raccordement.

Raccordement : travaux de création et de modification du réseau existant permettant l’évacuation de


l’énergie injectée, via notamment l’établissement d’un câble de raccordement, d’un poste de livraison.

Repowering : Remplacement partiel ou total d’une installation de production électrique pour


augmenter son rendement, augmenter sa puissance ou modifier sa configuration, et réduire les coûts
d’exploitation. Cette opération a souvent pour conséquence d’allonger la durée de vie.

Service de réserve rapide : capacité à pouvoir injecter très rapidement de la puissance en cas de déficit
de production, afin de stabiliser la fréquence du système et de limiter les besoins de coupure des
clients (voir délestage) pour rétablir l’équilibre entre la consommation et la production.
Zone Non Interconnectée (ZNI) : Les zones insulaires non interconnectées au réseau électrique
métropolitain français, parfois appelées « système électriques insulaires » (SEI) ou « petits systèmes
isolés », désignent les îles et territoires français dont l’éloignement géographique empêche ou limite
une connexion au réseau électrique continental.

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