Câble coaxial
L’objet de ce problème est l’étude de la propagation guidée des modes TEM dans un câble
coaxial. Ce câble est constitué de deux cylindres conducteurs coaxiaux de très grande longueur,
de sections circulaires, de rayons respectifs a et b (a < b). Le cylindre central (appelé l’âme du
conducteur) est plein, tandis que le cylindre extérieur (appelé la gaine) est creux (figure 5-
VIII). L’espace entre les deux cylindres est rempli d’un matériau isolant homogène, non
magnétique, dont la permittivité diélectrique relative est supposée constante et égale
à εr = 2.25 .
gaine
a âme
b
isolant
Les conducteurs cylindriques, de très grande conductivité, sont assimilables à des conducteurs
parfaits. Les dimensions du câble sont les suivantes : a=0,43mm et b=1,47mm.
Un point M entre les cylindres sera repéré par ses coordonnées cylindriques ( r , θ, z ) , Oz étant
l’axe commun des deux cylindres. On désigne par ( er , eθ , ez ) les vecteurs unitaires du repère
orthonormé associé au système.
0
0
6. On considère un tronçon de longueur unité limité par deux plans orthogonaux à l’axe. Le
flux magnétique propre Φ de ce tronçon est le flux de B à travers un demi-plan θ = Cste ,
limité par les extrémités du tronçon. Trouver l’expression de Φ en fonction de I, a et b.
On aborde maintenant l’étude de la propagation le long du câble coaxial. On suppose ici que le
champ électromagnétique dans le milieu isolant occupant l’espace inter-conducteur est de la
E = E0 ( r , z ) exp [i ( ωt − kz ) ] er
forme
B = B ( r , z ) exp [i (ωt − kz ) ] e
0 θ
Cela revient à considérer une solution particulière des équations de Maxwell, dite « mode
Transverse Electrique et Magnétique » se propageant suivant l’axe Oz avec un vecteur d’onde
k = k uz .
Le champ électromagnétique complexe dans le milieu isolant entre les deux conducteurs s’écrit
alors :
E = E0 ( r ) exp [i (ωt − kz ) ] er
B = B ( r ) exp [i ( ωt − kz ) ] e
0 θ
1
0
a
3. En utilisant l’équation de Maxwell adéquate, montrer que E0 ( r ) = Ea , où Ea est
r
l’amplitude du champ électrique en r = a . En déduire l’expression de B0 ( r ) .
B. Etude de l’interface r = a
2. Pour z donné, déterminer le courant i(z,t) véhiculé par l’âme du câble coaxial, en fonction de
Ea , a , εr , k, z, ω , t, µ0 et c.
u ( z, t )
3. On définit l’impédance caractéristique du câble : Z c = . Exprimer Z c en fonction de
i ( z, t )
µ0 , c, a , b , et εr , puis en fonction de l‘inductance linéique Λ et de la capacité linéique Γ du
câble.
2
0
10−9
Constantes physiques : µ0 = 4π.10−7 H .m−1 , ε0 = F .m−1 , c = 3.108 m.s−1
36π
Opérateurs vectoriels en coordonnées cylindriques
∂U 1 ∂U ∂U
grad (U ) = er + eθ + ez
∂r r ∂θ ∂z
1 ∂( rVr ) 1 ∂Vθ ∂Vz
div (V ) = + +
r ∂r r ∂θ ∂z
1 ∂Vz ∂Vθ ∂Vr ∂Vz
rot (V ) = − e + − e + 1 ∂( rVθ ) − 1 ∂Vr ez
r ∂θ ∂z ∂z ∂r r ∂r r ∂θ
r θ
∂ 2U 1 ∂U 1 ∂ 2U ∂ 2U 1 ∂ ∂U 1 ∂ 2U ∂ 2U
∆U = 2 + + 2 + 2 = r + + 2
∂r r ∂r r ∂θ 2 ∂z r ∂r ∂r r 2 ∂θ 2 ∂z
rot rot (V ) = grad div (V ) − ∆V
3
0
4
0
Les deux cylindres conducteurs, qui sont en situation d’influence totale (car la gaine
entoure complètement l’âme) et qui sont séparés par un
milieu isolant, forment un condensateur cylindrique. Le y
conducteur intérieur (âme) porte la charge Q tandis que la
gaine porte la charge –Q. Les lignes de champ sont des eθ
droites orthogonales aux surfaces cylindriques. Pour une er
charge Q constante, le champ électrique en un point M du θ
M
milieu isolant est donc ortho-radial et peut se mettre sous la
H x
forme E ( M ) = E ( r ) er , si l’on tient compte de la symétrie
HM = r
cylindrique. Appliquons le théorème de Gauss à un cylindre
M ( r , θ, z )
d’axe Oz, de hauteur l et de rayon r = HM : OH = z ez
Fig. 1 Section transverse du câble.
Q
∫∫ E .dS = ∫∫ E. n dS = int
ε Ici Qint désigne la charge totale à l’intérieur
S Surface latérale
de la surface de Gauss S (de hauteur l et
Qint Q× l
⇒ 2π r × l × E ( r ) = = ⇒ rayon r)
ε0 εr ε0 εr
Q
E (r) = (1)
2π r ε0 εr
L’apparition de la charge Q est liée à la présence d’une d.d.p entre les deux conducteurs. Le
champ électrique dérive de ce potentiel :
dV
E = −grad (V ) = − er ⇒ dV = −E ( r ) dr ⇒
dr
b b
Q dr Q
∆V = V2 − V1 = −∫ E ( r )dr = − ∫ =− [ln b − ln a ] ⇒
a
2πε0 εr a
r 2πε0 εr
Q b
V1 − V2 = ln (2)
2πε0 εr a
Q
Par définition V1 − V2 = . En tenant compte de la relation (2), on obtient :
Γ
2πε0 εr
Γ= (3)
ln(b / a )
5
0
D’après la relation (1), le champ E prend sa valeur maximale Emax dans le milieu isolant pour
r=a : Emax .
Q
Emax = = 1, 86 ×104 V / m
2πa ε0 εr
6. Expression de Φ en fonction de I, a et b.
Le plan θ = Cste correspond à une coupe longitudinale du
câble (figure 2). Le champ B est perpendiculaire à ce plan. B
6
0
1.
Le système étant considéré comme invariant vis-à-vis de toute translation suivant l’axe Oz
porté par ez , il n y a aucune raison que les amplitudes des champs, E0 ( r , z ) et B0 ( r, z ) ,
dépendent de z .
2.
Le champ e.m. considéré est nommé « mode Transverse Electrique et Magnétique » parce que les
champs E et B sont tous les deux perpendiculaires à la direction de propagation. En effet :
k = k ez ⇒ E . k = 0 et B . k = 0 . De plus, E et B sont perpendiculaires entre eux. En
définitive, les champs E et B ont localement une structure similaire à celle d’une onde plane.
1. Expressions de E0 ( r ) et B0 ( r )
a
E0 ( r ) = E a (7)
r
7
0
Expression de B0 ( r ) .
Pour obtenir l’expression de B à partir de celle de E il est préférable d’utiliser l’équation de
∂B ∂
Maxwell-Faraday, rot ( E ) = − . Par ailleurs, l’expression de E implique que ⇔ iω , et
∂t ∂t
l’équation de Maxwell-Faraday se met sous la forme rot ( E ) = −iω B . En coordonnées
cylindriques, B s’écrit donc :
1 ∂E z ∂Eθ 0
−
0
Br r ∂θ ∂z
1 1 1 ∂Er = − 1 −ikE ( r ) eiϕ = k ∧ E ⇒
B = Bθ = − rot E = −
∂ E r ∂E z
− = − iω 0
B iω iω ∂ z ∂r ∂z iω ω
z 1 ∂E
1 ∂ ( rEθ ) − ∂Er − r
∂θ ∂θ 0
r ∂r r
k
B = Bθ eθ = E0 ( r ) ei (ωt −kz ) eθ = B0 ( r ) ei (ωt −kz ) eθ (8)
ω
k a k
B0 ( r ) = E0 ( r )= Ea (9)
ω r ω
ω
Par définition vϕ = . Pour expliciter cette expression, il est nécessaire d’établir la relation
k
de dispersion. Cela passe par la mise en place de l’équation de propagation de champ e.m.
Dans le milieu isolant inter-conducteur, supposé parfait, il n y a ni charges libres ( ρl = 0 ),
ni courants libres ( jl = 0 ). L’équation de propagation du champ électrique s’écrit :
∂2 E ∂2 E
∆ E − µ0ε 2 = 0 ⇒ − µ0ε 2 = −∆ E = rot rot E − grad div E
∂t ∂t
∂B k ∧E
⇒ µ0εω 2 E = rot rot E = rot − = −iω rot B = −iω rot
∂t ω
∂B k ∧E
⇒ µ0εω 2 E = −ik ∧ rot E = −ik ∧ − = ( −iω ) × ( −i )k ∧ B = ( −iω ) × ( −i )k ∧
∂t ω
⇒ µ0εω 2 E = −k ∧ (k ∧ E ) = −k (k .E ) + E (k .k ) = k 2 E ⇒
k = µ0 ε ω (10)
Remarque : La relation (10) est la relation de dispersion des modes TEM dans le câble. On en
déduit la vitesse de phase :
ω 1 1 c
vϕ = = = = (11)
k µ0 ε µ0 ε0 εr εr
8
0
Cette vitesse est indépendante de la fréquence de l’onde : le système est donc non dispersif
pour les ondes TEM.
Remarque : La densité d’énergie associée à l’onde comporte le même terme de phase que
celle du champ e.m. : ϕ = ωt − kz = ω (t − ( k / ω ) z ) = ω (t − z / vϕ ) . L’énergie se propage à
la vitesse vϕ = c / εr qui se confond avec la vitesse de groupe dans un système non dispersif.
La puissance moyenne que véhicule cette onde est donnée par le flux de la valeur moyenne du
vecteur de Poynting à travers une section droite du câble : P = ∫∫ ez . < P > d Σ , où
Σ
2
a εr
b
εr 2π rdr 2 π εr
< P > = Ea
2
r 2cµ0
ez → P = (aEa )
2cµ0 ∫ r 2
= (aEa )
cµ0
ln(b / a ) (14)
a
B. Etude de l’interface r = a
Rappel : A la traversée d’une surface portant une densité superficielle de charge, le champ
électrique subit une discontinuité dans la direction de la normale à la surface, que l’on peut
exprimer sous la forme suivante :
DN 2 − DN1 = n12 σl ⇔ n12 .( D2 − D1 ) = σl ⇔ ε2 E2 n − ε1 E1n = σl (15)
9
0
n12
II eT Couche chargée
I O
Fig. 3
où σl désigne la densité de charge libre située à la surface de séparation des deux milieux.
En désignant par « I » le milieu conducteur, et par « II » le milieu isolant inter-conducteur, la
relation (15) devient :
ε0 εr E2 ( r = a ) − ε0 E1n = σl → ε0 εr E2 ( r = a ) = σl (compte tenu que le champ est nul à
l’intérieur du conducteur supposé parfait), avec E2 ( r = a ) = E0 ( a ) exp [i ( ωt − kz ) ] . On en
déduit que :
σl = ε0 εr Ea exp [i ( ωt − kz ) ] (16)
Rappel : A la traversée d’une surface portant une densité superficielle de courant, le champ
magnétique subit une discontinuité dans la direction tangentielle à la surface, que l’on peut
exprimer sous la forme suivante :
BT2 − BT1 = µ0 js ∧ n12 (17)
L’application à la surface du conducteur intérieur conduit à
BT2 = µ0 js ∧ er ⇒ js ez ∧ B( r = a ) eθ = µ0 js ∧ ( js ∧ er )
⇒ − js B ( r = a ) er = µ0 js ( js .er ) − µ0 er js2 = −er µ0 js2
1 1
⇒ js = B(r = a ) = B0 ( a ) exp [i (ωt − kz ) ] ⇒
µ0 µ0
En tenant compte de (10), on obtient :
k ε
js = Ea exp [i (ωt − kz ) ] ez = Ea r exp [i ( ωt − kz ) ] ez (18)
µ0 ω µ0 c
10
0
L’âme du câble est parcourue par un courant dont la densité est donnée par la relation (18).
Par définition
ε
i = ∫∫ js . dS → i = ∫∫ js ez . dS ez = ∫∫ js dS = ∫∫ Ea r exp [i ( ωt − kz ) ] dS ⇒
S S S S
µ0 c
âme âme âme âme
εr 2πa εr
i = Ea exp [i ( ωt − kz ) ] ∫ dr ⇒ i ( z , t ) = Ea exp [i (ωt − kz ) ] (21)
µ0 c a
µ0 c
Les relations (20) et (21) conduisent à
b
a Ea ln
Zc =
u( z, t )
= a → Z = µ0 c ln(b / a ) (22) .(3) et (22) → Z c =
εr
(23)
cΓ
c
i( z, t ) 2πa εr 2π εr
Ea
µ0 c
cΛ Λ
(6) et (22) → Z c = (24) . (23) et (24) → Z c = (25) .
εr Γ
11