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AMÉLIORER LES INTERFACES ENTRE ACHATS, LOGISTIQUE ET

MARKETING :
l’humain au cœur de l’organisationnel

Nathalie Merminod, Gilles Paché

Direction et Gestion | « La Revue des Sciences de Gestion »

2016/2 N° 278-279 | pages 99 à 108


ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490496
DOI 10.3917/rsg.278.0099
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2016-2-page-99.htm
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 278-279 – marketing-logistique 99

Mesures de la performance
Améliorer les interfaces entre achats,
logistique et marketing :
l’humain au cœur de l’organisationnel
par Nathalie Merminod et Gilles Paché

E
n mai 2014, la SNCF a été soumise au feu nourri des
critiques. En effet, à la surprise générale, Le Canard
Enchaîné annonçait que 341 nouvelles rames TER comman-
dées par l’opérateur ferroviaire étaient finalement trop grandes
pour les gares françaises et que 1 300 quais au total (sur un
peu moins de 9 000 en métropole) devraient être modifiés
pour un coût d’au moins 50 millions d’euros. Une affaire jugée
« rocambolesque », dont la responsabilité revient aux dimensions
fournies par Réseau Ferré de France (RFF), qui datent d’une
trentaine d’années, et qui ont servi aux ingénieurs d’Alstom et
Nathalie MERMINOD de Bombardier pour concevoir les nouvelles rames. La SNCF
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Maître de Conférences en Sciences de Gestion est également mise en cause par l’hebdomadaire satirique
dans la mesure où elle a défini le cahier des charges avec ces
CRET-LOG, Aix-Marseille Université dimensions, sans que ses ingénieurs prennent soin d’en vérifier
France la réalité sur le terrain. Conséquence : le lancement d’une série
de travaux pour raboter les quais de quelques centimètres ou
encore déplacer des armoires électriques trop proches du bord
des dits quais ! Voilà un bel exemple d’absence de dialogue au
sein d’une organisation, dont le résultat pourrait faire sourire si
les retombées n’étaient pas si coûteuses.
Les heurs et malheurs de la SNCF et de RFF ont pour vertu de
souligner combien il est maladroit de centrer l’analyse de la
performance des entreprises uniquement sur leur capacité à
nouer et pérenniser des relations d’échange avec un réseau plus
ou moins étendu de fournisseurs, sous-traitants, prestataires de
services, etc. (F. Fulconis, 2004). Certes, les démarches d’exter-
nalisation occupent désormais le devant de la scène. Elles ont
conduit à l’émergence de formes organisationnelles nouvelles
Gilles PACHÉ dont le développement exige la maîtrise de ressources externes,
Professeur des Universités en Sciences leur « captation » étant dès lors, un point de passage obligé en
de Gestion vue de construire à plusieurs un avantage concurrentiel durable
CRET-LOG, Aix-Marseille Université (R. Gulati, 2007). Le problème est sans doute qu’une partie de
France la communauté scientifique a été aveuglée par la puissance
de la vision inter-organisationnelle, au point d’en oublier que

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Mesures de la performance

la création d’une offre client pourrait souffrir d’une désynchro- (qualité, fréquence, etc.), les possibles points de friction intra-
nisation interne entre les objectifs affichés par les différentes organisationnels et leurs impacts plus ou moins dysfonctionnels
fonctions impliquées dans ce processus de création. La logistique ainsi que les facteurs clés de succès et leviers d’amélioration.
est l’une des fonctions au cœur d’une telle « dissonance », tout Les entretiens ont été enregistrés et intégralement retranscrits
particulièrement au travers de l’approche transfrontières que en contrepartie de la garantie absolue d’anonymat du répondant
véhicule le management intégré des chaînes logistiques depuis et du nom de l’entreprise (le plus souvent une grande entreprise
trente ans. Pourtant, J. Colin (1981) a pris soin de souligner très occupant une place de leader sur son marché). Des extraits
tôt que le management des interfaces intra-organisationnelles de verbatim sont utilisés sous forme d’encadrés pour illustrer
s’avère capital comme préalable à un management efficace des l’argumentation en trois points : l’importance d’une vision par
interfaces inter-organisationnelles. le « collectif » dans les processus contemporains de création de
L’article souhaite œuvrer dans cette direction en soulignant valeur ; le nécessaire retour aux interfaces intra-organisationnelles
l’importance du « triangle d’or » constitué par la logistique, les pour comprendre que l’on gère mieux les ressources externes
achats et le marketing. Il s’agit effectivement de trois fonctions quand un dialogue constructif est établi en interne ; la formalisa-
clés dont les interactions sont très importantes lorsqu’il s’agit tion d’une « chaîne interne intégrée » achats-logistique-marketing
d’étudier les processus de création de l’offre client, entre autres comme condition préalable de succès pour les entreprises à la
dans la mise à disposition au consommateur final de nouveaux recherche de ressources externes de qualité.
produits et/ou services innovants. En effet, ces trois fonctions
sont chacune impliquées directement dans les relations inter-
organisationnelles de l’entreprise (les achats via les relations 1. SCM et création de valeur :
fournisseurs ; le marketing via les relations clients ; et la logistique une approche par le « collectif »
via les relations entre membres des chaînes logistiques). Elles
représentent donc les rouages supports de l’inter-organisationnel. Construire et piloter à plusieurs une chaîne logistique agile
Alors qu’il paraît si naturel que les fonctions d’une même organi- et économe de ressources ? Cette réalité est devenue incon-
sation agissent de concert pour concevoir un système d’offre testable depuis l’introduction au début des années 1980 de
cohérent, créant ainsi de la valeur pour le client final, avant de la thématique relative au management intégré des chaînes
se tourner vers des fournisseurs pour obtenir une prestation logistiques, autrement dit le supply chain management (SCM)
parfaitement calibrée, la réalité est parfois tout autre. D’où une (M. Christopher, 1992). Qu’elles soient industrielles, commer-
question centrale, mais finalement peu abordée dans la littéra- ciales ou de services, les entreprises souhaitent effectivement
ture : le management efficace des ressources externes peut-il co-construire et co-piloter des processus logistiques « intégrés »
faire l’économie d’un dialogue continu et « constructif » en interne ? afin de renforcer leur capacité à s’adapter à leur environnement,
Innover pour devancer les concurrents signifie, à l’évidence, malgré ou plutôt en raison du recentrage des activités sur
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développer une puissante orientation client (B. Jaworski et A. quelques compétences centrales, ce qui les oblige à capter et
Kholi, 1993), notamment dans une perspective d’adaptation stabiliser diverses ressources externes, bien au-delà de leurs
personnalisée de l’offre à des niches de plus en plus étroites. frontières. La démarche SCM vise ainsi à accroître la valeur
Si le marketing est alors très présent, encore faut-il qu’il soit créée à plusieurs pour le client final et à améliorer de manière
relayé par une logistique fiable, réactive et résiliente en cas significative la performance économique des différentes parties
de perturbation ponctuelle des réseaux d’approvisionnement. prenantes, même si la question de la mesure la plus pertinente
Encore faut-il aussi que la fonction achats soit apte à identifier de ladite performance reste posée. L’avantage concurrentiel
les fournisseurs les plus performants dans l’élaboration des résulte alors de la capacité collective d’une chaîne logistique à
composants et sous-ensembles, capables de garantir la totale être, à un moment donné, plus efficace que les autres en termes
fiabilité du nouveau produit et/ou service. En bref, les processus de coût, de qualité de service, de réactivité et d’innovation, et à
de création de l’offre client apparaissent dépendants d’une s’appuyer pour cela sur un management performant des inter-
maîtrise suffisante des interfaces intra-organisationnelles, une faces inter-organisationnelles.
telle maîtrise étant un point de passage obligé pour ensuite Comme l’indique M. Christopher (2011), si le SCM rencontre un
penser le pilotage efficace des interfaces inter-organisationnelles. tel succès, c’est sans doute que les conditions de la compé-
Sur un plan méthodologique, compte tenu du caractère exploratoire tition se sont radicalement transformées depuis une trentaine
de l’article, nous avons choisi d’interroger dix responsables achats, d’années dans les économies occidentales, en mettant en scène
logistiques ou marketing, au sein d’entreprises spécialisées dans des constellations de firmes aux compétences complémentaires
les biens de grande consommation et dans les services, sur la pour construire un système d’offre performant. Le mouvement
base d’entretiens semi-directifs d’une durée moyenne de 45 de recentrage des entreprises industrielles et commerciales sur
minutes. Les entretiens, conduits au printemps 2014, portent sur leur cœur de métier a effectivement abouti à déléguer à autrui
les relations entretenues avec les autres fonctions, notamment en une partie de la gestion des actifs matériels, voire immatériels
demandant aux interlocuteurs de préciser la nature des relations utiles, à l’activité. Plus largement, la conception et la produc-
qu’ils entretiennent avec les autres fonctions de l’entreprise tion d’un produit et/ou d’un service nécessitent désormais de

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faire appel à des ressources externes, comme indiqué précé- thématique porte sur la façon de mieux coordonner une chaîne
demment, et seul un regroupement cohérent de plusieurs entités logistique par l’intégration des achats, de la production, de la
aux savoir-faire complémentaires permet de faire face à une distribution et de la gestion des stocks, par un partage négocié
compétition de plus en plus féroce. Le périmètre de l’entreprise de l’information, et par la prise en compte d’éléments culturels
a ainsi évolué au fil du temps, sortant largement des frontières et stratégiques propres aux différents acteurs. Le point commun
de groupes construits par croissance interne et/ou externe (R. des différents travaux est de souligner que la création de valeur
Paturel, 1981), et le modèle dominant est désormais celui de se réalise dans le cadre d’une interaction étroite, continue et
l’entreprise « étendue » qui va des fournisseurs des fournisseurs, efficace entre membres d’une chaîne logistique, par exemple
en amont, jusqu’aux clients des clients, en aval (M. Christopher, entre le chargeur et son prestataire de services logistiques (voir
2011) (voir la Figure 1). l’encadré n° 1).

Encadré n° 1 : Les facteurs clés de succès d’une relation client/prestataire de


services logistiques
Le cœur d’activité de l’entreprise est la restauration rapide. Elle
a recours à un prestataire de services logistiques pour assurer
les flux de distribution de marchandises alimentaires et non
alimentaires vers ses franchisés. Les facteurs clés de succès de
la relation entre client et prestataire de services logistiques sont
les suivants :
- La vision globale de chacun des acteurs sur leurs rôle et responsa‑
bilité : différents services ont été mis en place chez le prestataire
Figure 1. Représentation stylisée d’une chaîne logistique et chez le client pour répondre aux besoins d’approvisionnement.
Côté achats, par exemple, trois départements se complètent : le
La démarche SCM intègre ces évolutions et revêt par nature service approvisionnement (qui assure l’interface avec les fournis-
seurs), le service proposition de commandes (qui aide et récolte
une vision intégrative et systémique plutôt que fonctionnelle et
les besoins des différents points de vente), le service logistique
cloisonnée. Elle considère en effet la logistique avant tout selon promotionnelle (qui est en charge des achats de produits-cadeaux).
un angle stratégique (et non instrumental). Comme le notent J. - L’accès aux informations : le client communique de manière très
Mentzer et al. (2001, p. 18), le management intégré des chaînes régulière les données clés de son activité et réalise des réunions
entre le prestataire de services logistiques et les représentants
logistiques multi-acteurs se définit comme « la coordination
des franchisés.
systémique, stratégique et la gestion tactique des actions au - La fréquence et la qualité des interfaces : les échanges se font
sein des départements d’une organisation particulière, ainsi de manière régulière (réunions mensuelles pour échanger sur les
que des affaires menées à l’intérieur de la chaîne logistique. Il résultats, les points d’amélioration et les projets), et en fonction
des aléas de la vie de l’entreprise.
a pour but d’améliorer la performance à long terme de chaque
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- Les outils spécifiques développés par le prestataire de services
organisation et de la chaîne logistique dans son ensemble ». logistiques : un système d’information performant a été développé,
Coordonner, c’est faire appel à un ensemble articulé de moyens il permet d’accompagner le client au plus juste dans ses prévisions
et de ressources en vue d’orienter les activités d’unités interdé- de vente.
- La culture d’entreprise du prestataire en lien avec celle du client :
pendantes de manière à atteindre un objectif, ici de performance
la volonté d’innover en continu et d’être en avance de phase par
logistique, au sein d’une sorte d’entreprise étendue (S. Ayadi, rapport aux concurrents sur le marché représente une force indis-
2009). Coordonner conduit aussi à manager des interfaces pensable.
inter-organisationnelles, par exemple entre un industriel et un
distributeur impliqués ensemble dans des activités de distribution Toute l’évolution récente de la pensée logistique est par consé-
physique des produits, de l’usine jusqu’aux magasins. quent orientée vers les processus collectifs de création de valeur,
Nulle surprise dès lors de constater que les questions liées à en abordant prioritairement les questions liées à la manière
la gouvernance des chaînes logistiques aient donné lieu à une dont des acteurs se coordonnent et s’ajustent mutuellement
abondante littérature s’appuyant sur différentes théories de au sein de « constellations de valeur », pour reprendre l’analyse
la coordination (K. Arshinder et al., 2011). La coordination est de R. Normann et R. Ramirez (2000). Cette dérive inter-organi-
communément assimilée au management efficace des dépen- sationnelle est compréhensible compte tenu de l’explosion des
dances qui se nouent entre organisations et à l’effort conjoint, stratégies collectives, qui se sont notamment déployées depuis
mené par ces organisations, afin de travailler ensemble à partir une trentaine d’années au sein de réseaux d’affaires (G. Paché
d’objectifs définis collégialement. La coordination logistique est et C. Paraponaris, 2006). Considéré pendant longtemps comme
ainsi perçue comme une condition préalable à l’intégration des instable, ou plus exactement transitoire, le réseau constitue
opérations logistiques de chacun des membres d’une chaîne désormais le résultat durable d’une croissance contractuelle qui
logistique pour atteindre des objectifs communs de performance conduit les entreprises à « faire ensemble » afin de formaliser un
(coût, qualité de service, réactivité, etc.). Dans leur revue de projet collectif, par exemple la production et la commercialisa-
littérature, K. Arshinder et al. (2011) indiquent la teneur des tion d’un produit manufacturé, que chacune, indépendamment
travaux les plus remarquables conduits sur le sujet, et dont la des autres, n’aurait pas pu conduire à terme toute seule. Tout

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Mesures de la performance

réseau réclame alors un pilotage coordonné de l’ensemble des industrielles, et cela d’autant plus rapidement qu’un fonctionne-
flux d’informations et de marchandises qui le traverse, au risque ment en flux tendus a été adopté (suppression progressive des
de voir des phénomènes entropiques se développer (redondance stocks). Ne pas être en capacité de répondre à un besoin client
coûteuse de ressources pour certains nœuds du réseau, rupture représente pour l’entreprise une perte non seulement de chiffre
dramatique de ressources pour d’autres nœuds du réseau). d’affaires mais aussi, potentiellement, du client concerné (achat
La contribution de M. Holweg et P. Helo (2014) souligne avec chez un concurrent), et une dégradation éventuelle d’image (si la
pertinence que le problème majeur est celui de la dissonance disponibilité produit fait partie d’une valeur perçue par le client
analytique entre l’approche chaîne de valeur, qui s’intéresse au final, par exemple). C’est notamment le cas des produits de
processus de création et d’appropriation de valeur, et l’approche mode caractérisés par des cycles de vie très courts, avec une
chaîne logistique, qui s’intéresse au processus opérationnel et gamme à vitesse élevée de renouvellement (voir l’encadré n° 2).
stratégique de pilotage logistique des interfaces inter-organisa-
tionnelles. Or, cette double vision est nécessaire pour comprendre Encadré n° 2 : Les défis d’une totale réactivité face aux marchés
comment une démarche SCM peut être créatrice de valeur, Le domaine d’activité de cette entreprise est celui des cosmétiques.
Ses clients sont présents dans le monde entier. Son business
à condition de se poser les bonnes questions en matière de
model est fondé sur des produits permanents et des lancements
décisions opérationnelles au niveau de la production, de l’appro- de nouveautés toutes les trois semaines. Il est également lié aux
visionnement et de la distribution physique, du traitement des temps forts de l’année, à savoir les fêtes de fin d’année et la fête
commandes et de gestion des stocks intermédiaires. En d’autres des mères (qui se déroule à des dates différentes en fonction du
pays). Pour chaque lancement de produit un rétro-planning est
termes, à la suite de M. Holweg et P. Helo (2014), si le processus
établi et chaque pays annonce ses commandes. Il est fréquent
de création de valeur implique de plus en plus souvent une multi- que, entre le moment de la prévision et celui de la réalisation, les
plicité d’acteurs juridiquement indépendants, il est impossible de pays décident soit d’avancer les opérations commerciales, soit de
faire l’économie d’une interface performante entre les fonctions commander dans des quantités différentes de celles initialement
prévues. L’ajustement est donc du ressort des achats, notamment
associées au dit processus. Dans ces conditions, penser l’inter-
via l’interface fournisseurs (trouver la capacité de production,
organisationnel sans l’intra-organisationnel ne condamne-t-il pas vérifier avec le service qualité la conformité des produits), et de
à l’émergence de « forces de frottement », ou d’approches par la logistique (identifier le bon mode de livraison sans diminuer la
maillons successifs de la chaîne au sein d’une même entreprise, marge réalisée).
En parallèle de ces lancements de références, des projets d’ana-
au détriment d’une vision de la chaîne logistique globale, ceci
lyse de la valeur des produits catalogues permanents sont menés.
pouvant nuire à la concrétisation du projet collectif ? Les achats portent certains projets qu’ils soumettent ensuite au
marketing. Comme l’indique le Directeur du Marketing à propos des
acheteurs : « ils viennent avec un certain nombre de propositions de
2. Un retour nécessaire changement de fournisseurs et quand il y a des implications esthé‑
tiques et compagnie, on se met autour d’une table, on regarde tous
aux interfaces intra- les trucs et là, je vais dire ce qui me paraît envisageable, et ce qui
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organisationnelles ne me paraît pas possible ». La complexité réside dans cette double
gestion, entre permanence et nouveautés, qui exige une gestion des
flux, des achats et des campagnes marketing très adaptés.

Afin de comprendre en quoi une entreprise peut atteindre un • L’objectif de fluidité des flux de matières et marchandises
niveau élevé de compétitivité, il s’avère nécessaire de revenir à consiste, quant à lui, à supprimer le plus possible toutes
l’essence même de la démarche logistique, entendue comme les surcapacités logistiques, qu’il s’agisse de moyens de
technologie de la maîtrise des flux expédiés vers des clients transport, de moyens de production ou encore de stocks
(produits finis, pièces détachées), transférés entre ou au sein de matières et marchandises. Le but est d’ajuster stricte-
d’unités de production (semi-produits, en-cours) et, enfin, reçus ment le niveau des capacités disponibles aux besoins de
de fournisseurs (matières, composants). En effet, pour que les fonctionnement lean de la chaîne logistique dans la mesure
opérations logistiques soient déclenchées ni trop tôt, ni trop tard, où une surcapacité se traduit par des surcoûts liés à son
en fonction d’une demande à servir identifiée (et stimulée) par le financement, mais aussi par un risque non négligeable
marketing, il apparaît indispensable de piloter « au plus juste », d’obsolescence, sauf si la durée de vie des composants est
d’aval en amont, le flux de matières et marchandises. Un double importante. Plus largement, il s’agira d’éliminer tout type de
objectif de continuité et de fluidité peut alors être satisfait : gaspillage et d’augmenter le débit de circulation des flux dans
- L’objectif de continuité des flux de matières et marchandises la chaîne logistique, sachant que tout stock de produits ou
consiste à éviter, grâce à une programmation et un pilotage d’en-cours, non requis pour satisfaire le besoin immédiat
efficaces, l’apparition d’une quelconque rupture dans la chaîne du client, doit être considéré comme un gaspillage à traiter
logistique : au niveau des livraisons finales, en empêchant le prioritairement (P. Myerson, 2012).
réassortiment des magasins, au niveau des approvisionnements Pour parvenir à respecter ce double objectif, continuité et
de matières premières, en bloquant la mise en fabrication fluidité des matières et marchandises, une coordination
des produits, etc. En effet, une rupture va se traduire par des intra-organisationnelle s’avère indispensable. Dans la mesure
pénuries dans les canaux de distribution et/ou dans les unités où les différents sous-systèmes logistiques sont inévitable-

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ment en relation avec d’autres fonctions de l’entreprise, satisfaire (transports, manutention, gestion des stocks,
il paraît crucial que ces dernières intègrent explicitement reconditionnement éventuel, etc.). Un accord doit donc inter-
ses normes de fonctionnement, autrement dit les attendus venir entre logistique et marketing sur un certain nombre de
des « normes de circulation », identifiées dès le début des points essentiels dans le processus de création de valeur
années 1980 par les travaux précurseurs de J. Colin (1981). pour le client : fréquence et délais de livraison, quantités
En effet, la finalité première de la logistique n’est-elle pas économiques de vente (à la palette, au carton), établisse-
d’améliorer la performance des entreprises, tant au niveau ment de barèmes d’écart en fonction du coût du mode de
des coûts que du service rendu ? Cela passe d’abord par la transport choisi par le client, etc. Or, ce dialogue est loin
programmation adéquate de capacités, puis par le pilotage d’être évident, notamment si la culture de l’entreprise est
optimal des activités de distribution physique, de gestion de à dominante marketing (voir l’encadré n° 3).
production et d’approvisionnement, auxquelles sont parfois • L’interface amont avec les achats. La logistique d’approvi-
ajoutées des activités de collecte, de tri et de recyclage de sionnement s’appuie sur des relations avec les fournisseurs
produits en fin de vie. Pour atteindre un niveau satisfaisant pour passer auprès d’eux des ordres en vue de permettre
de performance, un soin particulier doit finalement être le fonctionnement efficace et efficient des process de
apporté aux liens informationnels entre les acteurs internes production, qu’il s’agisse de produits ou de services. Il est
afin d’améliorer leur visibilité en temps réel sur les flux en alors nécessaire de rapprocher les systèmes d’approvision-
circulation (M. Barratt et R. Barratt, 2011). Deux interfaces nement des rythmes de production qui, en quelque sorte, les
intra-organisationnelles s’avèrent tout particulièrement surdéterminent. Si le sous-système approvisionnement est
critiques : proche de la fonction achats, il ne peut se confondre avec
elle (N. Merminod et al., 2006). Alors que l’approvisionneur,
Encadré n° 3 : Quand le marketing affirme un pouvoir sans partage dans une perspective logistique, cherche à synchroniser les
L’entreprise est leader en Europe dans sa catégorie de produits flux de matières premières et composants et les rythmes
agro-alimentaires. Elle répond à une demande majoritairement
de fabrication, l’acheteur procède à une sélection des
nationale, les spécificités de consommation impliquant une réponse
adaptée dans chaque pays. La culture dominante est clairement fournisseurs à partir d’une définition précise des besoins
marketing, ce qui signifie une forte pression commerciale, beaucoup de l’entreprise et d’une rigoureuse négociation de condi-
de promotions et d’innovations (produits ou packagings). Le marke- tions techniques (qualité des composants, performance du
ting développe des créations ou renouvellements de gammes,
service après-vente, etc.) et commerciales (tarifs, délais de
notamment en termes de nouveaux packagings, ce qui induit une
préparation en amont pouvant aller jusqu’à deux ans en fonction de paiement consentis, etc.) (voir la Figure 2).
la complexité technique de la réponse au besoin, mais sans que la
Direction Supply Chain ne soit consultée. Par exemple, le marketing
a imposé, sur les cartons de livraison vers les GMS, de « belles »
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étiquettes, mais il a été nécessaire de re-packager l’ensemble car
les informations clés pour la livraison n’étaient pas présentes !
Une autre difficulté est liée aux cycles de vie des produits, notam-
ment par rapport à la gestion des stocks. Quand un nouveau produit
est lancé, avec des prévisions de vente difficiles à établir, les
stocks des références précédentes ne sont pas nécessairement
écoulés, ce qui complexifie d’autant plus le travail d’optimisation de
la logistique, notamment de distribution des produits. Les leviers
actuellement mis en place sont la consolidation des données, la
logistique va ainsi « à la pêche aux informations » et s’impose dans
certaines réunions afin de faire entendre sa voix, en étant égale-
ment source de propositions.
Figure 2. Logistique, achats et marketing : de fortes interactions
• L’interface aval avec le marketing. La logistique de distribution
procède à l’analyse de la demande à servir, idéalement en En d’autres termes, si l’externalisation d’un nombre croissant
temps réel, qu’elle cherche à satisfaire dans les meilleures d’activités logistiques, mais aussi industrielles, auprès de
conditions de qualité de service, de coût et de réactivité. De partenaires spécialisés, a pu laisser croire que la création de
ce point de vue, elle est très proche du marketing, avec lequel l’offre client dans de bonnes conditions de coût et de qualité
elle négocie les critères et les modalités de la distribution de service devait conduire à penser uniquement à l’évaluation,
vers les clients. Le marketing s’intéresse à la prévision de à la captation et à la stabilisation de ressources externes par
la demande, segment par segment, en s’appuyant sur son la maîtrise des interfaces inter-organisationnelles, c’est oublier
expertise des marchés clients pour proposer des offres que des solutions porteuses de synergie doivent également
commerciales individualisées et ciblées (P.-J. Benghozi, être trouvées entre fonctions. Le cas de la SNCF et de RFF, cité
2001), tandis que la logistique analyse la structure de la en introduction de l’article, en constitue un parfait exemple. Il
demande à servir en assurant les opérations de pilotage serait ainsi peu utile d’entretenir une relation de qualité avec
des flux, en moyens propres ou en sous-traitance, pour la un fournisseur dès lors que, dans le même temps, acheteurs et

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Mesures de la performance

logisticiens d’une même entreprise divergeraient dans les choix des environnements aux caractéristiques différentes (marché
de management de l’interface logistique avec lui, par exemple national de clients, environnement international de fournisseurs,
au niveau des fréquences d’approvisionnement. Il serait tout par exemple).
aussi inutile de travailler sur une telle relation si le marketing,
dans la définition même du besoin du client final ne relayait pas, Encadré n° 4 : La création d’une cellule innovation achats-marketing
à travers le cahier des charges notamment, son besoin ou les Dans l’entreprise, leader sur son marché oligopolistique, le marke-
ting lance régulièrement des nouveaux produits, fondés principale-
modifications éventuelles de ce dernier.
ment sur des idées identifiées lors des salons. Or, les achats, de
L’objectif est ainsi de parvenir à une synchronisation organisa- par leur connaissance des marchés fournisseurs et leur capacité
tionnelle entre la définition d’une offre client et sa concrétisation à identifier de nouvelles opportunités, ont initié la création d’une
au plan de la logistique et des achats. Au demeurant, A. Ellinger cellule « innovation marketing  », dont l’objectif est de proposer
au marketing des innovations via les fournisseurs. Avant la mise
(2000) a pu conclure dans sa recherche, pourtant déjà ancienne,
en place de ce nouveau groupe projet, coopté par la Direction
qu’un haut niveau de partage des informations entre fonctions Financière et la Direction Générale, le marketing s’adressait aux
impactait positivement et significativement sur la coopération achats uniquement en fin de processus de sélection fournisseurs,
avec les partenaires externes, notamment en termes d’ajuste- lorsque le besoin était figé et l’offre arrêtée. Le Directeur des
Achats précise : « s’ils nous demandent de venir, c’est sécurisant.
ment mutuel en fonction des évolutions plus ou moins brutales
Ils pouvaient dire : “les achats, ils ont fait partie du choix”. Par
de l’environnement. De ce point de vue, tout projet collectif de contre, ce qu’on est en train de leur dire, c’est que faire partie du
type SCM exige d’orchestrer les logiques d’action du marketing choix, c’est avoir son mot à dire ».
(définition de l’offre client à partir des avantages recherchés), La cellule comprend des acheteurs dédiés à 100 % au projet, sélec-
tionnés pour leur connaissance du fonctionnement de l’entreprise,
de la logistique (optimisation des flux pour une mise à disposi-
du marché fournisseurs actuels et pour leur leadership. L’un des
tion de l’offre client) et des achats (investigation des marchés critères fondamentaux est également leur vision du marché client
fournisseurs pour élaborer l’offre client). et leur capacité à interfacer avec le marketing (langage, processus,
etc.). Le marketing reste pour l’instant sur ses gardes : « ils ont une
méconnaissance de la fonction achats. Et après, qui dit méconnais‑
3. Vers une « chaîne interne sance, dit que ça fait peur. Ils vont faire mon boulot ». Les facteurs
clés de réussite de ce projet sont la cooptation par la Direction
intégrée » achats-logistique- Générale, l’acceptation de mettre du temps pour obtenir les
premiers résultats, la position des achats en tant qu’accompagna-
marketing ? teur du marketing dans sa définition du « juste besoin » (et non dans
un rôle de leader), et la mobilisation des fournisseurs afin d’obtenir
de leur part l’ouverture sur leurs innovations.
Comme le note N. Clarke (2006), il est important d’assurer la
performance de l’entreprise pivot et de son réseau de partenaires, Tout comme dans les projets de conception de produits nouveaux,
ce qui met tout particulièrement l’accent sur les fonctions en situa- où l’intégration interne influence directement les capacités d’inno-
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tion d’interface avec les environnements amont et aval. La mise vation de l’entreprise (H. Johnson et R. Filippini, 2009), nous
en place de relations collaboratives externes, indispensables le pouvons supposer que cette intégration influence également la
plus souvent dans la réussite des chaînes logistiques, impulse un capacité de l’entreprise à construire une offre performante. Une
effet miroir dans les relations internes que l’on peut alors qualifier, telle vision, rendue nécessaire par le développement de nouveaux
selon N. Piercy (2009), de strategic internal relationships, qui se types de flux, dépasse donc très largement les frontières de
jouent entre les fonctions à l’interface des clients (marketing), chaque département. Penser une démarche logistique intégra-
des fournisseurs (achats) et des différents gestionnaires de flux tive, soulignent L. Ellram et M. Cooper (2014), c’est donc bien
(logistique). Les fonctions achats, logistique et marketing sont au se référer à une philosophie de management et une logique de
cœur de cette problématique ; l’encadré n° 4 reprend l’exemple gouvernance qui placent les décisions de nature organisationnelle
d’une entreprise pour laquelle les achats sont une réelle force au centre de l’analyse.
de proposition au service du marketing. Or, pour développer ce La difficulté d’instaurer une intégration forte est d’autant plus
type de relations à l’ensemble de l’entreprise, et arriver ainsi à importante que les départements impliqués ont des cultures
une collaboration efficace au niveau des différents maillons de métiers différentes et sont dispersés géographiquement la
la chaîne logistique, l’entreprise aura à développer sa propre plupart du temps. La collaboration entre les équipes est de fait
« chaîne interne intégrée ». La problématique de l’intégration fondamentale pour que l’entreprise soit cohérente dans son offre
organisationnelle, au sens de P. Lawrence et J. Lorsch (1967), client et dans l’implémentation de cette dernière. Or, comme
prend alors, une nouvelle fois, tout son sens. l’indiquent les recherches portant sur les conditions de réussite
L’entreprise doit en effet être capable d’assurer une intégration de la collaboration (J. Heerwagen et al., 2004), l’importance
forte de ses équipes, alors même qu’elles sont, par nécessité, d’un environnement partagé de travail est crucial. Il permet le
fortement différenciées quant à leur mission. Cette différen- développement des équipes car le comportement non verbal est
ciation est d’autant plus accentuée dans des environnements indispensable dans le transfert des savoirs tacites. Il est ainsi
complexes (instables dans le temps et dans la constitution primordial d’instaurer des projets communs et de rapprocher les
des acteurs présents), et entre des unités qui s’adressent à fonctions afin d’éviter les comportements de « tour d’ivoire » et de

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« silos », et s’assurer que la communication puisse donner lieu à équipes de travail plurifonctionnelles. Pour parvenir à un tel
une créativité source de résolution des problèmes complexes. décloisonnement, le rôle de la Direction Générale est fonda-
La réponse à ce besoin a été donnée en partie par les travaux mental car c’est elle qui impulse les choix organisationnels et
sur la transversalité. assure un alignement stratégique entre les fonctions. Le rôle
Comme le soulignent J. Allouche et I. Huault (1998, p. 12), des systèmes d’information paraît également important puisque
« la transversalité concrète s’éloigne d’une vision conceptuelle leur vocation est notamment un partage en temps réel de l’infor-
homogène et sa construction est régie par un fort éclectisme. mation. Cependant, comme le notent R. El Amrani et al. (2006,
Ainsi apparait-elle comme un idéaltype, voire comme une chimère p. 283) dans le cadre d’une recherche consacrée aux effets des
théorique, presque totalement contingente, où la diversité des PGI (progiciels de gestion intégrés) sur la vision transversale de
modalités s’ajoute à la pluralité des degrés de transversalité ». l’entreprise, « au-delà de l’identification des facteurs contribuant
Ainsi, plusieurs formes de transversalité existent au sein des à l’émergence d’une vision plus transversale des activités de
entreprises et le principe de contingence s’applique pleinement l’organisation, il nous semble important d’examiner comment
dans les formes organisationnelles pouvant exister. Alors que l’on les actions et les modalités sont menées tout au long du projet
parle de plus en plus dans les entreprises d’orientation client, afin que les utilisateurs s’approprient une vision transversale
afin de maintenir ou de créer un avantage concurrentiel durable dans leur pratique de travail ».
(Johnson, 1997), il semble fondamental que ce raisonnement
centré sur la chaîne logistique aval ne se fasse pas au détriment Encadré n° 6 : Le category management dans la (difficile) pratique
de la chaîne logistique interne à l’entreprise ou de sa chaîne L’entreprise concernée est challenger sur son domaine et commer-
logistique amont. Peut-être faudrait-il parvenir à interfacer au cialise, via ses enseignes, des produits sur un modèle low cost. Le
category management a été mis en place depuis quelques années
sein de l’entreprise les différentes fonctions aux frontières des dans cette structure pour optimiser les coûts de revient et gagner
chaînes logistiques, afin qu’elles soient sensibilisées à la valeur en flexibilité et réactivité vis-à-vis de la concurrence. Cette organisa-
ajoutée qui peut être apportée ou détruite dans l’entreprise tion repose sur un mode projet tourné autour des renouvellements
lorsque la chaîne logistique n’est pas optimisée au mieux au de gamme sur une durée d’environ un an. Le category manager
anime sa gamme de produits, précise les positionnements marché
sein de l’entreprise pivot (voir l’encadré n° 5). et définit la stratégie promotionnelle. Il dispose, autour de lui, d’un
certain nombre de fonctions support, dans le domaine des achats,
Encadré n° 5 : Un manque de visibilité conduisant à une mise retardée sur le du merchandising, de la logistique et du contrôle de gestion, qui
marché du produit doivent lui apporter des expertises assez spécifiques, de manière
L’entreprise commercialise des biens de consommation courante à construire au mieux son offre. Son rôle est fonctionnel, il n’a donc
pour la grande distribution et est leader sur son marché. Afin aucune autorité hiérarchique sur ses collègues.
d’innover dans les linéaires des GMS, le marketing a décidé L’entreprise est dotée de processus et outils performants lui
d’innover sur le plan du packaging en proposant un condi­ tion­ permettant de mesurer précisément les coûts et les délais des
nement produit différent des précédents. Le projet comporte une différentes catégories de produits. Mais comme le souligne le
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date de livraison ferme, indiquée aux commerciaux et garantie aux Directeur Supply Chain, « effectivement, les process, tous ces
surfaces de vente. Or, arrivé à échéance, le marketing découvre process-là, ils visent un peu à “moyenniser”, à faire en sorte que,
que la production n’a pas réalisé la commande et que la proposition d’une manière globale, on ait à peu près tous la même manière de
commerciale ne pourra pas être tenue. La lecture de cet échec fait travailler, on n’ait pas de loupé sur les étapes, et que tout le monde
émerger des points de dysfonctionnement de natures variées : soit à peu près impliqué. Après, la vraie différence, elle se fait
- Un dysfonctionnement sur le planning projet : le marketing a dans la qualité des hommes qui animent ça ». En effet, les qualités
déterminé seul la date de lancement du nouveau produit sans humaines, d’animateur et de leader du category manager sont un
intégrer les contraintes amont, c’est-à-dire celles de la production, élément clé de la réussite. Or, recruter et fidéliser ce type de profil
de la logistique et des achats (notamment le temps d’homologation reste, aujourd’hui encore, un véritable défi pour l’entreprise.
fournisseurs).
- Un dysfonctionnement sur le plan de la communication : les diffé- Ce rapprochement entre les fonctions achats/logistique et
rents acteurs concernés par le projet n’ont pas alerté le marketing
de la non faisabilité de sa demande, ils ne se sont pas tenus marketing existe dans le secteur de la grande distribution, sous
informés des retards pris ; le cumul de ces différents décalages la dénomination de category management, pouvant être défini
a mené à un retard final conséquent dont aucune fonction n’avait comme « un process entre un distributeur et un fournisseur qui
conscience. permet de gérer les catégories de produits en tant qu’unités
Cette expérience a conduit à la mise en place de deux leviers
au sein de l’entreprise. D’une part, l’intervention de la Direction stratégiques orientées consommateur en vue de délivrer une valeur
Générale, nettement soulignée par le Directeur des Achats : « la ajoutée spécifique » (ECR Europe [1997], cité par C. Camman et
Direction Générale a remis les choses à plat et elle a bien expliqué L. Livolsi [2009, p. 147]). Sur le plan organisationnel, chaque
que les enjeux production/supply chain/achats/logistique étaient catégorie (c’est-à-dire univers de consommation) réunit, dans le
aussi importants que le marketing ». D’autre part, l’implémentation
d’un nouveau processus, reprenant les différentes étapes néces- même espace et sous la responsabilité d’un category manager,
saires à la réalisation de la demande client, les temps incompres- les responsables de l’offre, les chefs de produits, les acheteurs
sibles et la responsabilité de chaque acteur. et les responsables de flux. La participation des principaux
fournisseurs aux revues de marché permet également d’obtenir
Le raisonnement par processus et par flux, clés de voûte de une vision transversale de la supply chain. Comme le soulignent
la transversalité, vise un décloisonnement horizontal et des C. Camman et L. Livolsi (2009), cette nouvelle organisation

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s’appuie également sur une refonte du système de pilotage, à • Il est alors indispensable qu’une fonction dans l’entreprise
savoir le système d’information et le système de contrôle. assume le rôle de décider, de piloter et d’arbitrer les projets
La transversalité repose donc à la fois sur l’organisation mise en clés de l’entreprise. Le contrôle de gestion stratégique peut
place et sur les systèmes de pilotage associés (outils, processus, jouer ce rôle essentiel dans le pilotage des interfaces intra-
procédures, systèmes d’information, etc.). organisationnelles en définissant des critères de performance
Cependant, ce socle organisationnel n’est qu’une condition transversaux aux achats, au marketing et à la logistique, à la
nécessaire, mais non suffisante, à la mise en œuvre de la fois en termes de délais, de coûts et de création de valeur.
transversalité puisque la clé de voûte semble, tant dans les Il a en effet une vision globale de l’entreprise et connaît
organisations projet que dans le cas de la grande distribution, précisément les coûts et les gains de cette dernière. La
reposer sur la manière dont les individus perçoivent eux-mêmes question est tout particulièrement sensible lorsqu’il s’agit
leur rôle d’agent d’interface dans l’entreprise. d’évaluer les risques liés au « juste besoin » à satisfaire du
L’accompagnement en termes de ressources humaines, notam- côté du marketing, compte tenu de contraintes achats et logis-
ment la définition des fonctions et des modes de rémunération et tique liées à une politique donnée de sourcing. Le contrôle
d’évaluation, et le rôle central de la Direction Générale sont par de gestion stratégique sera ainsi une sorte de fédérateur
conséquent cruciaux. Savoir saisir et intégrer cette vision relève de qui, dans une logique projet, construira les fondements
décisions stratégiques et d’une approche « entreprise » nouvelle ; d’une approche globale de la gestion des risques internes
l’encadré n° 6 évoque ainsi le cas d’une entreprise challenger et externes (de capacité, d’innovation, de réactivité, etc.)
sur son marché de vente de produits de grande consommation. assignés par la Direction Générale.
• Il en découle que, dans le pilotage des interfaces intra-
organisationnelles, un leader légitime est indispensable pour
4. Implications managériales atteindre le niveau de performance attendu. De manière
traditionnelle, le marketing dispose d’un tel leadership car
Quelles recommandations peut-on tirer des développements sa connaissance du marché client lui permet d’anticiper
précédents, pour une entreprise industrielle ou commerciale, finement des retours sur un investissement commercial.
en matière de pilotage des interfaces intra-organisationnelles Cela ne peut se faire qu’à condition de surmonter un certain
dans le but d’améliorer le management des interfaces inter- nombre de freins organisationnels fondés sur un « impéria-
organisationnelles ? Plus exactement, quels pourraient être lisme » marketing bien connu, déjà souligné par D. Tixier et
les effets positifs d’un décloisonnement fonctionnel en termes al. (1983). Le marketing ne peut assumer ce rôle que s’il
d’enrichissement de l’offre client, dont une partie s’appuie juste- accepte d’écouter les autres fonctions de l’entreprise afin
ment sur la gestion d’interfaces inter-organisationnelles ? Le d’éviter la création de contraintes et de risques majeurs
cas de l’entreprise citée dans l’encadré n° 3 dresse un constat portant sur d’autres maillons de la chaîne de valeur. Il est
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intéressant sur les impacts dramatiques d’une non-cohérence aussi possible d’envisager que l’acheteur, connaissant
des choix achats, logistique et marketing au sein de l’entreprise, parfaitement ses marchés amont, puisse identifier des
et de ses évidents enjeux managériaux. capacités d’innovation et de performance logistique de
Il invite à aller plus loin dans cette direction. De la réflexion fournisseurs qui feront, au final, la différence par rapport
conduite, de nature exploratoire, il nous semble possible de à la concurrence. En cela, une position de leader dans la
suggérer quatre recommandations combinatoires de nature conduite du projet peut lui être attribuée.
organisationnelle et humaine : • Enfin, le leader du projet ne pourra jouer pleinement son rôle
• La logique projet, évoquée dans la plupart des travaux portant que s’il est directement coopté par la Direction Générale. En
sur la transversalité, constitue l’épine dorsale d’une vision effet, dans les difficultés soulignées par exemple lors de la
décloisonnée permettant à l’interne et à l’externe de s’inter- mise en place des category managers dans la grande distri-
facer efficacement. Achats, marketing et logistique doivent bution (C. Camman et L. Livolsi, 2009), celle de l’arbitrage
interagir au sein d’équipes à durée de vie limitée, et dédiées entre local et central est prépondérante : doit-on privilégier
à un projet, par exemple le lancement d’un nouveau produit les économies d’échelle permises par la massification des
et des services lui étant associés, ou la reformulation d’un référencements et des approvisionnements ou, au contraire,
produit ancien. Plus le projet est complexe (par le nombre de la fine adaptation des assortiments pour tenir compte des
fonctions concernées et les interactions nécessaires entre spécificités des zones de chalandise de chacun des points
elles), notamment en impliquant de nouveaux fournisseurs de vente ? Force est d’admettre que les fonctions sont
dont les offres s’imbriquent les unes aux autres comme dans avant tout centrées sur la réalisation de leurs missions
un lego industriel, plus la présence d’un chef d’orchestre opérationnelles au quotidien, et seule la Direction Générale
pilotant les interfaces intra et inter-organisationnelles s’avère est en capacité d’imposer des changements, ou des visions
indispensable. L’aspect culturel, ou plus exactement la nouvelles, dans l’entreprise. Son rôle de sponsor au projet
compatibilité des cultures des différents acteurs, constitue est donc crucial à la réalisation et à l’implémentation des
ici un élément critique de réussite du projet. solutions retenues.

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Conclusion

Mesures de la performance
interfaces organisationnelles et humaines que réside le véritable
décloisonnement créateur de valeur.
Tandis que les travaux portant sur les liens inter-organisationnels
au sein des réseaux d’affaires se sont multipliés ces dernières
années, le regard sur l’intra-organisationnel semble quelque Références bibliographiques
peu oublié, comme si, depuis les apports sur l’intégration de P.
Lawrence et J. Lorsch (1967), et ceux sur une approche proces- Allouche, J., et Huault, I., 1998, Contrôle, coordination et régula-
suelle de l’organisation, notamment de type projet (C. Midler, tion : les nouvelles formes organisationnelles, Finance Contrôle
1993/2012), il allait de soi que l’entreprise raisonnait comme un Stratégie, Vol. 1, n° 2, p. 5-31.
ensemble unique, déclinant sa stratégie harmonieusement. Or, Arshinder, K., Kanda, A., et Deshmukh, S., 2011, A review on
les interfaces inter-fonctionnelles, notamment entre des unités supply chain coordination : coordination mechanisms, managing
en lien direct avec des environnements différents (amont et uncertainty and research directions, in Choi, T.-M. et Edwin
aval), nécessitent une réflexion approfondie. Les travaux récents Cheng, T.-C. (éds.), Supply chain coordination under uncertainty,
sur les liens entre la fonction achats et la fonction marketing Springer, Heidelberg, p. 39-82.
prouvent qu’il est nécessaire, pour l’entreprise, non seulement Ayadi, S., 2009, Externalisation et création de valeur au sein de
d’être orientée client mais également de s’assurer que l’inter- la « supply chain» : l’entreprise étendue, Revue des Sciences de
face entre ces deux unités soit performante (M. Smirnova et al., Gestion, n° 236, p. 85-93.
2011). Construire et implémenter un réseau d’affaires demande Barratt, M., et Barratt, R., 2011, Exploring internal and external
donc de s’assurer que la « chaîne interne » de chaque entreprise supply chain linkages : evidence from the field, Journal of
du réseau soit parfaitement interfacée, et notamment que les Operations Management, Vol. 29, n° 5, p. 514-528.
fonctions achats, logistique et marketing travaillent sur des Belalia, M., 2010, L’alignement stratégique dans les réseaux
projets communs dès les phases de conception de l’offre client. d’organisations : une perspective d’analyse à travers les politiques
L’articulation entre « interne » et « externe » dans les logiques de relationnelles, Revue des Sciences de Gestion, n° 241, p. 23-32.
mise en réseau est une réalité désormais assez bien connue ; Benghozi, P.-J., 2001, Relations interentreprises et nouveaux
ce qui l’est moins, c’est le nécessaire passage par une réorga- modèles d’affaires, Revue Economique, Vol. 52, n° 7, p. 165-190.
nisation des interfaces intra-organisationnelles, que M. Belalia Camman, C., et Livolsi, L., 2009, Le category management,
(2010) a explicitement mis en lumière dans son étude consacrée un vecteur de transversalité ?, Management & Avenir, n° 24,
au secteur bancaire, et tout particulièrement au réseau inter- p. 146-162.
bancaire d’échange de données. L’auteur en conclut que « les Christopher, M., éd. 1992, Logistics : the strategic issues,
projets d’échange inter-organisationnel peuvent constituer un Chapman & Hall, Londres.
catalyseur pour des transformations internes qui augmentent Christopher, M., 2011, Logistics and supply chain management,
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la coopération entre les acteurs de la même organisation » (M. FT Prentice Hall, Harlow, 4e éd.
Belalia, 2010, p. 27). Il ne faudrait toutefois pas tomber dans Clarke, N., 2006, The relationships between network commitment­,
un angélisme faisant fi des tensions, des rapports de force et its antecedents and network performance, Management Decision,
des comportements opportunistes qui structurent l’organisation, Vol. 44, n° 9, p. 1183-1205.
comme M. Crozier et E. Friedberg (1977) l’ont mis en lumière Colin, J., 1981, Stratégies logistiques : analyse et évaluation des
dans le cadre de l’action stratégique organisée. pratiques observées en France, Thèse de doctorat en Economie
De la recherche exploratoire conduite, il ressort clairement que des Transports, Université d’Aix-Marseille II, octobre.
l’humain reste au cœur d’une organisation qui doit trouver un Crozier, M., et Friedberg, E., 1977, L’acteur et le système : les
équilibre dynamique entre des « tensions paradoxales » traversant contraintes de l’action collective, Le Seuil, Paris.
des fonctions aux objectifs parfois (souvent) divergents. Sans Eco, U., 1976, Le mythe de Superman, Communications, n° 24,
une écoute active et un dialogue constructif entre acteurs, les p. 24-40.
dispositifs organisationnels ne peuvent, à eux seuls, déboucher El Amrani, R., Rowe, F., Bidan, M., Geffroy-Maronnat, B., et
sur la performance attendue. Il reste ainsi à se pencher sur la Marciniak, R., 2006, Effets de la stratégie de déploiement des
permanence de points bloquants qui, dans la logique historique PGI sur la vision transversale de l’entreprise, Revue Française
ayant construit chaque organisation, rendent parfois difficile de Gestion, n° 168-169, p. 267-285.
de contourner des citadelles fonctionnelles protégées par des Ellinger, A., 2000, Improving marketing/logistics cross-functional
acteurs jaloux de l’exclusivité de leurs prérogatives décisionnelles. collaboration in the supply chain, Industrial Marketing Management,
Chacune des fonctions doit échapper au « syndrome Superman », Vol. 29, n° 1, p. 85-96.
ce héros « que rien ne peut entraver » (U. Eco, 1976, p. 27), un Ellram, L., et Cooper, M., 2014, Supply chain management : it’s
syndrome qui pousse chaque fonction à croire qu’elle est seule all about the journey, not the destination, Journal of Supply Chain
capable de sauver l’entreprise et seule détentrice de toutes les Management, Vol. 50, n° 1, p. 8-20.
compétences clés permettant à l’organisation de faire face aux Fulconis, F., 2004, Le réseau, objet de recherche en gestion : la
défis rencontrés. Au final, c’est bien dans la capacité à gérer les pluralité des cadres d’analyse, in Voisin, C., Ben Mahmoud-Jouini,

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