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L’IRRIGATION FERTILISANTE

La généralisation de l'irrigation localisée conduit à utiliser des solutions nutritives.


Actuellement, deux approches sont utilisées pour l'établissement de ces solutions.

L'application des conceptions traditionnelles de la fertilisation. Les solutions sont calculées à


partir des besoins de la culture (exportations pertes par lessivage), de l'analyse de sol ou du
substrat, des stades de développement et des conditions climatiques. On aboutit à une grande
diversité de solutions, pouvant varier plusieurs fois au cours de la culture.

Cette méthode s'applique surtout aux cultures sur sol, en serre ou en plein champ, conduites
en irrigation localisée. Pour les légumes feuilles, la fertilisation fractionnée en cours de
culture peut aussi être apportée par aspersion.

La méthode Coïc-Lesaint (INRA), basée sur la mise à la disposition des plantes d'une solution
équilibrée ioniquement et calculée à partir de la composition des végétaux.
Deux solutions ont été mises au point, l'une pour les plantes acidophiles, 1 1 autre pour les
plantes neutrophiles; e 1 est cette deuxième qui est employée en culture maraîchère. Elle
s'applique aux cultures hors sol ou aux sols considérés comme un simple substrat, sans apport
préalable d'engrais.

Solutions calculées à partir des besoins estimés de la culture

Il est conseillé d'apporter une partie des éléments en fumure de fond. L'irrigation fertilisante
permet d'apporter la fumure d'entretien, qui peut se limiter simplement à des apports d'azote et
de potasse ou inclure également le phosphore, et, plus rarement, la magnésie et le calcium.

1. Intérêt de cette fertilisation Aspect technique

L'irrigation fertilisante permet une adéquation des apports à la demande. Elle se révèle
d'autant plus intéressante qu'il s'agit de cultures exigeantes pour lesquelles on réalise déjà en
fertilisation au sol des apports très fractionnés : c'est le cas des cultures légumières (tomates,
concombres, aubergines, poivrons).
L'irrigation fertilisante permet dans tous les cas une meilleure efficience des engrais très
mobiles comme l'azote.
L'irrigation fertilisante est union solution technique et économique à certains cas particuliers
(apport de chélate de fer par exemple).
Aspect économique
LI irrigation fertilisante est généralement plus coûteuse que la fertilisation classique en raison.
- des investissements en matériel d'injection
- d'un coût de fonctionnement plus élevé car les engrais solubles sont chers et leur mise en
oeuvre réclame une technicité supérieure.

Cependant, on peut en, attendre une certaine économie de main d’oeuvre et un atout
supplémentaire de rendement et de qualité.
2. Choix d'une solution fertilisante

* Estimation globale des besoins d'une culture


Ces besoins en éléments nutritifs sont connus à partir des analyses d'exportation. Les
conditions de culture et les conditions climatiques peuvent faire varier ces

besoins globaux (lessivage, rétrogradation, ... ).

Ces besoins sont très variables d'une espèce à l'autre, en rapport avec la durée de la culture et
le niveau de rendement de chacune de ces espèces.
* Stades de la plante
Les besoins en azote sont forts en période de croissance, ceux eh phosphore le sont en période
d'initiation florale et de floraison, quant à la potasse, les besoins se situent généralement en
période de fructification.
* influence de la saison et du milieu
Le rapport potasse/azote peut être modifié en fonction de la saison.
En été : K20/N = 1 à 1,2 En hiver : K20/N = 2 à 3
La forme d'azote a aussi son importance. En début de culture et en été, on préfère des formes
riches en azote ammoniacal car la nitrification permettra à la plante de disposer de tout l'azote
apporté. Par contre, en fin de culture et en hiver, quand la nitrification est lente, l'apport
d'azote par l'irrigation devra se faire sous forme nitrique. Néanmoins, la présence des deux
formes, nitrique et ammoniacale, est toujours souhaitable.

3. Nature des éléments fertilisants

L'azote, la potasse et la magnésie sont les éléments les plus utilisés en irrigation fertilisante
car :
les plus solubles (en particulier l'azote) les plus mobiles dans le sol.

En sol acide, à faible taux de calcaire, le calcium devra être apporté par l'irrigation
fertilisante s'il n'a pas être apporté suffisamment tôt sous forme d'amendement.

En pratique, on apporte l'azote et la potasse en culture légumière et éventuellement la


magnésie (tomate).
. L'apport des phosphates exige certaines précautions. Quand on apporte cet élément,
l'acidité de la solution fille doit être suffisante pour éviter un précipité (le pH doit être
inférieur à 6,4).

Si l'eau est calcaire, il est nécessaire d'acidifier


- en utilisant du phosphate monoammonique (ou un engrais en contenant), qui a pour
effet d'acidifier la solution. C'est la méthode la plus pratique, mais l’acidification peut être
insuffisante.
- en utilisant un acide (nitrique le Plus souvent). L'apport des phosphates exige des
précautions et un coût supplémentaire. Il ne se justifie que pour les cultures à haute valeur
ajoutée ou partielle du phosphore est prévisible (phosphates de calcium peu solubles).
4. Méthodes d'apport

Il existe deux méthodes :


- Apport continu
Toute eau d'irrigation est fertilisante, devenant ainsi une solution nutritive.
Cette solution est obligatoirement fabriquée par un injecteur proportionnel au débit,
garantissant la constance de la concentration en éléments fertilisants (en pratique 0,5 à 2
Apport fractionné L 1 eau d 1 irrigation est fertilisante lors de certains apports selon
une fréquence déterminée par exemple une fois par semaine. L'apport est réalisé grâce à une
pompe doseuse indépendante du débit.
La fertilisation en continu procure une sécurité d'apport et une facilité accrue
d'automatisation. En revanche, le coût d'investissement est plus élevé. D'autre part, en période
de pluie durable, l’irrigation étant arrêtée, la fertilisation est également.
Irrigation fertilisante par aspersion Cette technique limite les risques de brûlure sur les
feuilles dues à l'apport d'engrais solide en cours de culture. Cette technique est surtout
intéressante pour le fractionnement de la fumure azotée. Cependant, dans des sols très légers,
pour des cultures à cycle long (poireau de printemps) , ou des cultures particulièrement
exigeantes en un élément (potasse pour la carotte) , 1’apport d’une fertilisation plus complète
peut se révéler intéressant.
Pour éviter les brûlures sur végétation, la concentration en engrais de l'eau d'irrigation
ne devra pas dépasser
- 2,5 pour mille pour les engrais azotés - 5 pour mille pour les autres engrais.
En effet, la salinité des solutions (donc le risque de brûlure) est différente selon la
nature de l'engrais utilisé.
Dans tous les cas, le rinçage à l'eau claire de la végétation pendant 20 minutes après
l'injection d'engrais représente la meilleure garantie contre les brûlures sur la végétation.
La localisation idéale consiste à placer les engrais dans la zone d'enracinement. Cela
signifie que, pour les jeunes plantules au les espèces à enracinement superficiel, l'injection de
l'engrais se fera au cours de la 2ème moitié de l'irrigation. Inversement, pour des plantes
développées ou à enracinement en profondeur, l'injection d'engrais se situera dans la 1 ère
moitié de l'irrigation.

5. Matériel de fertigation :

Cuve de macro-éléments et des micro-éléments

Dans ces cuves on dose les solutions mères, soit avec des fertilisants simples ou bien
avec des solutions préparées, pour les injecter de manière continuelle dans l’eau d’irrigation,
réalisant ainsi la fertigation .plus on s’approche de l’équilibre nutritif idéal, la réponse sera
meilleure, grâce aux cuves de solutions mères indispensables pour la bonne distribution des
fertilisants.
La technologie de fertilisation la plus moderne est celle effectuée à l’aide de ces cuves
des solutions nutritives concentrées. Ces solutions sont préparées et étudiées par des sociétés
privées pour chaque culture, chaque variété et selon l’eau d’irrigation .en fait de solutions
Sur mesure pour chaque culture ce qui permet une meilleure réponse de la plante.

Pompe d’injection d’éléments fertilisants

Un aspect important de la fertigation c’est l’apport continu et uniforme d’éléments fertilisants


,les pompes injectant un volume déterminé de la solution mère à l’eau d’irrigation ,formant
ainsi la solution diluée absorbée par les plante .en même temps on maintient un pH et une
conductivité déterminés. de cette manière une fois connue la concentration dans la cuve de
macro-éléments on calcule le pourcentage à mettre dans la pompe pour chaque m3 d’eau
d’irrigation .et l’on procède de la même façon pour les micro-éléments .il existe plusieurs
pompes :

Les pompes doseuses électriques

Précises et fiables. Elles disposent d'une gamme étendue de débit


d'injection. Une seule pompe doseuse peut contenir plusieurs corps, ce qui
permet d'injecter simultanément plusieurs solutions. Les pompes sont
munies d'une commande pour le réglage de débit, facile à utiliser
et présente une précision de ± 1%.

Injecteur hydraulique

C'est une pompe hydraulique qui dose les fertilisants solubles en les
injectant dans l'eau d'arrosage. Il permet d'aspirer et de refouler
alternativement une quantité constante de solution fertilisante. L'injecteur
fonctionne avec la propre pression du réseau hydraulique, et il est
caractérisé par sa résistance aux produits agrochimiques

Pompe doseuse volumétrique

C'est une pompe doseuse permettant une injection, de la solution


fertilisante, proportionnelle au débit d'eau nécessaire pour son
fonctionnement et indépendamment de la pression de travail  du réseau
d'irrigation. La pompe est munie d'un dispositif de commande simple et
facile à entretenir.

Un injecteur Venturi 

Installé en parallèle avec le réseau principal, engendre une pression de


succion utilisée pour pomper la solution fertilisante à partir d'un bac de
pré-mélange. En effet, lorsqu'une partie d'eau d'irrigation traverse le
venturi, sa vitesse augmente et sa pression diminue ce qui permet
l'aspiration du liquide à injecter. Le débit aspiré est contrôlé grâce à une
vanne de réglage

Agitateur électrique

L'utilisation des agitateurs ou mélangeurs électriques est nécessaire pour


dissoudre rapidement les engrais avant de les injecter. Le choix du
mélangeur dépend du volume de la solution fertilisante; ainsi, il existe
plusieurs modèles de mélangeurs.

Citernes
Elles permettent la préparation et le mélange de la solution mère fertilisante.
Il existe deux types de citernes : Cylindriques et Ovales

Sondes de contrôle, pH-mètre et conductivimètre

Ils ont pour objet de connaître à tout moment le pH et la conductivité de la solution


fertilisante. Ainsi, s’il s’avère nécessaire, on peut les ajuster afin de rendre plus efficiente la
fertigation. Car, un pH et une CE déterminés sont nécessaires pour maintenir la solution
fertilisante en conditions uniformes d’absorption.

Manomètre à glycérine

Ils permettent le contrôle de la pression d’installation afin de garantir son bon fonctionnement
.si le manomètre indique une diminution de la pression il peut s’agir d’une rupture. S’il
indique une élévation, cela peut indiquer une obstruction.

Débitmètres et compteur volumétrique

Le débitmètre permet le contrôle du débit adéquat de l’installation ,avertit en cas de rupture


due à une augmentation inhabituelle du débit et indique une diminution du débit due à une
obstruction des tuyaux ou goutteurs .le débitmètre sert aussi pour vérifier si le pH-mètre et le
conductivimètre fonctionnent correctement ;car la connaissance du débit instantané de
l’installation et du débit des pompes d’injection de la solution macro,permet de connaître si le
pH t la conductivité sont corrects .

Le compteur volumétrique

Sert à connaître avec exactitude le volume partiel ou total d’irrigation appliqué


quotidiennement.
Temporisateurs électroniques d’irrigation journalière ou hebdomadaire ou bien laisser
manuelle .le temporisateur pare senseur de radiation est branché à un solarimetre, ainsi selon
le nombre de calories reçues on applique un temps d’irrigation donné.

Contrôle par ordinateur

Selon le programme pré-établi,l’ordinateur contrôle le temps d’irrigation,l(allumage et l’arrêt


des moteurs,le pH et la CE au moyen de la tête électronique ,contrôle le débit instantané et
avertit en cas de rupture ou d’obstruction. il contrôle aussi le débit de drainage et pH et la CE
du drainage .au moyen des sondes ,l’ordinateur enregistre les températures ,laquelle ,avec la
radiation et l’humidité relative de l’air peut modifier le programme d’irrigation ,etc.…
L’ordinateur prend en considération les données climatiques, équations de régression
multiples, courbes de croissance des plantes ….et les utiliser pour programmer l’irrigation.
L’imprimante de l’ordinateur enregistre toutes les données concernant l’irrigation :nombre
d’heures d’irrigation ,débit,CE,et les températures,la radiation ,etc. et ceci par période e temps
demandée

Tête électronique des pompes d’injection branchée à l’ordinateur


Cet automatisme contrôle l’injection des solutions fertilisantes afin de maintenir constants le
pH et la CE exigés dans la fertigation, selon le débit, la conductivité de l’eau et le drainage

Sondes de contrôle du débit de drainage

Le contrôle du drainage indique qu’un faible drainage correspond à une plus grande
absorption et par conséquent si le drainage n’atteint pas les limites raisonnables de la plante il
faut augmenter l’irrigation et vis vers ça

Sondes du le pH et la CE du drainage

Au moyen de celles-ci, on peut savoir s’il faut augmenter le ou diminuer le pH et la CE de la


solution d’irrigation. Il s’agit d’u contrôle qui nous permet de régulariser physiologiquement
la plante avec une plus grande sécurité obtenant ainsi une meilleure réponse.

6. Confection de la solution : Principes

On peut soit faire directement la solution nutritive, soit préparer une solution mère qui
sera diluée dans le circuit d'arrosage.
Le plus généralement, on fabrique une solution mère dont la concentration totale en
sels peut être voisine de 10 kg pour 100 litres (avec des engrais très solubles on peut atteindre
20%).
La concentration sera variable en fonction de la solution finale souhaitée, des sels
utilisés, du matériel et du système d'irrigation et de distribution.
La solution mère comporte un ou plusieurs engrais; dans ce dernier cas, il faut tenir
compte de leur solubilité et de leur compatibilité .

Fabrication de la solution

La fabrication proprement dite doit être réalisée de la manière suivante; mettre dans un
bac
- de l'eau tempérée (20 à 250C)
- ajouter de l'acide nitrique, s'il y a lieu pour acidifier, - ajouter le ou les engrais par
petites quantités en brassant.

La quantité d'acide nitrique à utiliser dépend :


- d'une part, de la composition de l'eau et notamment de la teneur en bicarbonate.
Seule l'analyse de l'eau en laboratoire peut déterminer la quantité nécessaire qui peut d'ailleurs
être variable en cours de saison si la composition de l'eau est variable.
- d'autre part, de la quantité de phosphate d'ammoniaque utilisée (Cf. méthode Coïc-
Lesaint p. 106). Il faut 606 ml d'acide nitrique à 38,1, pour compenser l'effet alcalinisant de 1
kg de phosphate di-ammonique (20,5/53).

Solutions "CoÏc-Lesaint"

a. Caractéristiques des solutions Coic-Lesaint


Ce sont des solutions équilibrées ioniquement et c'est le nombre de milliéquivalents
(mé) d'azote qui les définit. on trouve des solutions à 10, 12, 14,4 ou 18 mé/1 d'azote. A
chaque norme correspond un équilibre N, rl'C'05, K20. En culture légumière, la norme la plus
utilisée est 14,4 mé/1 d'azote.
Le pH tient compte des exigences des plantes. En culture légumière, c'est la solution à
pH 5,8 dite solution neutrophile, qui est utilisée.
La fabrication de la solution tient compte de la composition de l'eau d'irrigation; c'est à
dire
- de sa teneur en éléments,
- de sa teneur en bicarbonates, qui doivent être décomposes par un acide, car ils sont
toxiques pour les plantes.

b. Teneur en macroéléments

Cette teneur varie selon le nombre de milliéquivalents d'azote contenus dans la


solution.

Le tableau .1 donne la composition en éléments ou en radicaux (exprimée en mé/litre)


des solutions à 10, 12, 14,4 et 18 mé/litre d'azote.
Le tableau 5.II donne la quantité, en mg/1, des éléments ou de1leur oxyde, pour une solution
à 14,4 mé/litre d'azote.

Tableau .1 : Solutions nutritives de type "Coic-Lesaint" pour plantes neutrophiles (en mé/1)

10 12 12 (1) 14,4 18
N total
NO3- 9 10 10,9 12,2 15,8
H2PO4- 1 1,1 1,1 1,1 1,5
HPO4-- - Ou 2,2 - Ou 2,2 Ou 3
SO4-- 1,5 1,5 1,5 1,5 2
Cl- 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
NH4+ 1 2 1,1 2,2 2,2
K+ 4 4,5 5,2 5,2 6,8
Na+ 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Ca++ 4,5 5,2 6,2 6,2 7,8
Mg++ 1,5 1,5 2 2 2,5
(1,5 à 3) (1,5 à 3) (2 à 3)
Oligoéléments Mêmes quantités pour toutes les solutions
K+
----------------- 0,67 0,67 0,63 0,66
Ca++ + Mg++

(1) Type 14,4 appauvri en azote

Tableau .1.1 : Exemple de solution nutritive "Coic-Lesaint" à 14,4 mé/1 d'azote, pour plantes
neutrophiles
Milliéquivalent par Eléments Quantités d’éléments ou de
Ions
litre (mé/l) son oxyde mg/l
- Macro-éléments
NO3- 12,2 N 170 ,8
201,6
NH4+ 2,2 N 30,8
HPO4-- 2,2 P 34,1 (P2O5 78,1)
K+ 5,2 K 202,8 (K2O 144,4)
Ca++ 6,2 Ca 124 (CaO 173,6)
Mg++ 1,5 à 3 Mg 18 à 36 (MgO 30 à 60)
SO4-- 1,5 S
- Rapport entre les quantités exprimées en mg/l d’éléments fertilisants

Equilibre N.P2O5. K2O : 1.0,4.1,2


K 2O K2O
--------- = 1,2 ------------------- = 1 à 1,2
N CaO + MgO

c. Teneur en oligoéléments

Elle est constante pour les différentes solutions à 10, 12 14,4 ou 18. On utilise pour 10 m' de
solution nutritive les quantités suivantes :
- molybdate d'ammonium : 0,5 g;
- acide borique : 15 g;
- sulfate de manganèse : 20 à 50 g;
- sulfate de zinc : 10 g;
- sulfate de cuivre 2,5

Pour le fer, 6 chélates sont utilisés actuellement:


- EDDHA : utilisable de pH 3,0 à pH 9,0. Ce produit étant modifié par les ultraviolets, il
doit être conservé à l'abri de la lumière. A pH inférieur à 3,0, la couleur de la
solution passe du rouge brique au jaune :
- EDDHMA : même pH que EDDHA;
- HEDTA : utilisable de pH 3,0 à pH 7,8;
- DTPA : utilisable de pH 3,0 à pH 7,0;
- EDTA : utilisable de pH 3,0 à pH 6,5;
- TMHBED : mêmes utilisations que EDDHA.

Ces chélates sont vendus sous différentes formes commerciales .

Tableau 2 : Les chélates de Fer


Nom commercial Teneur en métal voisine de
Forme de chélate

EDDHA Plantin fer 600 6%


Sequestrêne 138 5,9 %
Fe Masquolate fer 6 6%
Ferlate 170 (17% de chélate de fer)
Rexène 244 Fe 7%
Plantin fer 180 L 1,8 %

EDDHMA Verofer express 6,5 %


Ferlate 500 6%

HEDTA Algo fer HEDTA 2%

DTPA Masquolate DTPA Fe liquide 2%


Nutralite "DTPA" fer liquide 2,2 %
Sequestrène 330 Fe 9%

EDTA Chelonia liquide 1,8 %


Hormofer EDTA liquide 2,2 %
Masqualate EDTA liquide 2,3 %
Fetrilon 13 13 %
Ferro 8 liquide 8%

TMHBED HAMPIRON 896 6%

Dose d'emploi : la teneur en fer de la solution nutritive doit se situer entre 0,6 et 2
mg/1, soit 6 à 20 g/10 m3
En cas de symptôme de chlorose ferrique, vérifier le pH de la solution mère contenant le
chélate de fer :
- si le pH est inférieur à 3, 0, il faut refaire la solution;
- si le pH est correct, en fonction de l'échelle d'utilisation du chélate concerné, on
augmente la dose jusqu'à la doubler.
- Certains engrais liquides du commerce contiennent un chélate de fer stable à pH =
1,0,.

On trouve des solutions d'oligoéléments dans le commerce. Ces solutions sont de deux
types :
- des solutions contenant tous les oligoéléments, c'est le cas de : Kanieltra (le fer est
sous forme de EDTA), Microcomplexe liquide Algochimie (fer sous forme de
EDTA);
- des solutions contenant tous les oligoéléments sauf le fer, c'est le cas de :
* Oligonia;
* Plantiol;
* Oligo-éléments poudre Algochimie.
d. Démarche à suivre pour la fabrication des solutions "Coïa- Lesaint"
La fabrication de la solution se fait à partir des résultats de l'analyse de l'eau et elle consiste à
réajuster aux normes choisies à partir de deux opérations.

Apport d'acide
L'apport d'acide a pour objectif :
- premièrement, de décomposer les bicarbonates contenus dans l'eau; par exemples
l'acide nitrique transforme le bicarbonate de calcium Ca (HCO3)2 en nitrate de
calcium Ca (NO3)2;
- deuxièmement, de compenser l'effet alcalinisant du phosphate dammonique.

On peut aussi utiliser :


- de l'acide sulfurique pour décomposer les bicarbonates,
- de l'acide phosphorique ou sulfurique pour compenser l'effet alcalinisant du phosphate
diammonique.

Dans la méthode Coïc-Lesaint, c’est 1’acide nitrique qui est préconisé (Cf. tableau 5.VIII)
pour décomposer les bicarbonates et pour compenser 1’effet alcalinisant du phosphate
diammonique.

Tableau 3 : Acide orthophosphorique et sulfurique


- Acide orthophosphorique H2PO4
Densité H2PO4 en %
1,58 75
1,70 85
(n'est pas utilisé dans la pratique)
- Acide sulfurique H2SO4
Densité H2SO4 en %
1,83 84

L’acide nitrique est le plus utilisé, le tableau ci-dessous montre les différentes
concentrations de l’acide nitrique qu’on trouve sur le marché :

Tableau 4 : Acide nitrique


Baumé Densité à 20 C HNO3 en % de Volume Facteur de
poids correspondant à multiplication
l’équivalent en ml
22.1 1.18 30 178 2
36 1.33 53.5 89 1
38 1.355 57.9 80.4 0.905
38.1 1.356 58 80 0.90
38.5 1.361 59 78.5 0.885
39.3 1.372 61 75 0.85
40 1.38 62.5 73 0.82
40.7 1.39 65 70 0.79
41.5 1.40 67 67 0.755
42.2 1. 41 64.6 64 .6 0.73

Apport des éléments manquants ou insuffisants


On distingue l'apport des oligoéléments dont la quantité est généralement indépendante de la
composition de l'eau et les autres éléments, dont l'apport varie avec la teneur de l'eau.

Les eaux de récupération de toiture de serre sont cependant riches en zinc et certaines eaux
sont riches naturellement (par exemple en bore).

Le laboratoire qui fait l'analyse de l'eau donne en principe les quantités d'acide nitrique et de
macroéléments nécessaires à la confection de la solution. Cependant, nous avons cru bon de
donner les mécanismes de ces calculs à titre d'information. on peut néanmoins se reporter
directement au paragraphe "confection des solutions".

e. Base de calcul des solutions "Coïc-Lesaint"

L'une des difficultés du calcul des solutions Coïc-Lesaint vient du fait qu'elles sont exprimées
en milliéquivalents par litre (mé/1) et qu’il faut passer de l'équivalent gramme ou de
l'équivalent milligramme, unités utilisées par lez chimistes et les physiologistes, aux grammes
et milligrammes, unités utilisées par les producteurs, les techniciens et les commerçants.

Ce qui suit a pour objectif de fournir les données nécessaires pour passer d'une unité à l'autre,
afin de calculer une solution nutritive, de la faire varier et de la fabriquer.

Définitions de quelques termes

- Masse atomique ou masse molaire : c'est la masse de 6,02 10 23 atomes ou molécules. On


l'exprime en grammes.
- Equivalent gramme (é) : c'est le quotient de la masse atomique ou de la masse molaire d'un
élément ou d'un radical par sa valence.

Le milliéquivalent (mé) est la millième partie de l'équivalent gramme :


- Valence : c'est le nombre d'élections qu'un atome ou un radical est capable de perdre ou de
gagner lorsqu'il est associé à un autre atome ou radical pour former un composé chimique
donné. Elle est symbolisée par les signes - ou + ; le nombre de signes qui suit le radical
indique la valence.
Exemples : N03- et K+ sont monovalents; ; S04-- et Ca++ sont bivalents.
Dans le cas des solutions fertilisantes, le phosphore est rarement utilisé sous forme PO 4---
trivalent, mais sous la forme H2PO4- monovalent et HPO4-- bivalent.

Correspondance entre les équivalents grammes et les éléments fertilisants

Dans les solutions nutritives, on exprime la concentration en éléments :


- soit en équivalents grammes par m3 de solution (é/m3) ou en milliéquivalents par litre
(mé/1); soit en grammes par m3 (g/m3) ou en milligrammes par litre (mg/l).

Les tableaux 5 et 6 présentent les correspondances entre les valeurs en poids et en équivalent
gramme pour les principaux éléments utilisés en irrigation fertilisante.

Tableau 5 : Exemples de correspondances entre les milliéquivalents et les éléments


fertilisants
Milliéquivalents Correspondance Correspondance
en milligrammes en éléments fertilisants
1 mé- NH4+ 18 mg NH4+ 14 mg N
1 mé NO3- 62 mg NO3- 14 mg N
1 mé H.2PO4- 97 mg H2PO4- 71 mg P2O5
1 mé HPO4-- 48 mg HPO4-- 35,5 mg P2O5
1 mé SO4-- 48 mg SO4-- 16 mg S
1 mé K+ 39 mg K++ 47 mg K2O
1 mé Ca++ 20 mg Ca++ 28 mg CaO
1 mé Mg++ 12 mg Mg++ 20 mg MgO

Dosage des principaux engrais solubles

Le tableau 6 présente pour les principaux engrais solubles le dosage en éléments (azote
nitrique et ammoniacal, éléments simples et oxydes).

Tableau 6 : Principaux engrais solubles-Dosages en pourcentage du poids

Types et caractéristiques des engrais minéraux commercialisés au Maroc


Teneur en%
Engrais Formule chimique N P2O5 K2O CaO S
Engrais simples
Ammonitrate NH4NO3 33.5
Sulfate d ammonium (NH4)2SO4 21 24
Urée CO (NH2)2 46
Superphosphate simple (SSP) Ca(H2PO4)H2O,CaSO4.2H 18 18-21 12
2O
Superphosphate triple (TSP) Ca (H2PO4)2H2O 45 3-14 1
Sulfate de potasse K2SO4 48-50
Chlorure de potasse KCl 60
Engrais composés
Mono-ammonium phosphate NH4H2PO4 11 55 2 1-3
(MAP)
Di-ammonium phosphate (NH4)2HPO4 18 46
Ammonium sulfo-phosphate (ASP) NH4H2HPO4 (NH4) SO4 19 38 3-
14
Nitrate de potassium KNO3 13 44 0.5 0.2
Nitrate de calcium Ca (NO3) 16 34
14-28-14C 14 28 14
13-26-13S 13 26 13

7. Calcul de la composition d'une solution à 14,4 mé/1 d'azote à partir d'un cas concret
Soit une eau de forage de la Crau (Bouches-du-Rhône) ; cette eau a les caractéristiques
suivantes, données par le laboratoire-
PH 7,0
K+ 0,1 mé/1 d'eau
Na+ 0,75 „ „
Ca++ 6,8 „ „
Mg++ 0,5 „ „
S04-. 2,6 „ „
N03- 1,45 „ „

Le laboratoire donne également la quantité d'acide nitrique exprimée en mé, pou r ramener
le pH de 1 'eau à la norme de la méthode Coïc-Lesaiht, soit pH 5,8. Dans ce cas particulier, il
faut 3 mé d'acide nitrique par litre d'eau, ou 3 équivalents/M3.

Nous avons donc déjà dit que cet apport a pour but de décomposer le bicarbonate de calcium
contenu dans l'eau, dont la présence est nocive pour les plantes.'

Rectification du pH

* Rectification du pH de l'eau
Elle se fait avec de I’acide nitrique du commerce. Plusieurs concentrations sont proposées.

Dans notre cas, pour apporter 3 équivalents/m3 d'eau d'arrosage, avec par exemple, de l'acide
nitrique à 38,10 Baumé, on fait le calcul suivant :
80 ml (ou cc) x 3 = 240 ml (ou cc) ou 0,24 1.

Rectification de l'effet alcalinisant des apports de phosphate diammonique dans les


solutions nutritives

Dans la méthode Coïc-Lesaint, il est utilisé une norme constante : 1mé d'acide nitrique est
apporté pour 2,2 mé de phosphate diammonique (NH4)2 HPO4.

Si, par exemple, on utilise de l'acide nitrique à 38,1° Baumé, il faudra, pour 1 m3 d’eau,
auquel on aura ajouté 2, 2 équivalents de phosphate diammonique : 80 x 1 = 80 ml d'acide
nitrique.

Lorsqu'on utilise du phosphate monopotassique ou monoammonique, on ne prévoit pas


d'apport d'acide pour compenser l'effet alcalinisant des phosphates.

Quantité totale d'acide nitrique à apporter

Cette quantité est la somme de celles nécessaires pour décomposer les bicarbonates et pour
compenser l'effet alcalinisant du phosphate diammonique, soit, dans notre exemple: 240 ml +
80 ml = 320 ml/m3 de solution nutritive.

Calcul des quantités d'éléments à apporter


C'est la différence entre les éléments contenus dans l'eau, mesurés par analyse et ceux définis
par la Norme des solutions "Coïc-Lesaint".

Tableau 7 : Quantités d'éléments à apporter (pour le cas étudié)

Norme en mé/1 Analyse eau en mé/1 A ajouter en mé/1


N nitrique (NO3) 12,2 1,45 10,75
N ammoniacal (NH4) 2,2 0,00 2,20
K 5,2 0,10 5,10
Ca 6,2 6,80 0,00
Mg 1,5 0,50 1,00
Na 0,2 0,75 0,00
HPO4 2,2 0,00 2,20
SO4 1,5 2,60 0,00

Dans la pratique, il est souvent difficile d'obtenir une solution répondant strictement aux
normes. Il convient cependant de respecter rigoureusement :
1. La rectification du pH de l'eau et la compensation, dans le cas de son emploi, de l’action
alcalinisante du phosphate diammonique.
2. Les équilibres NO3- et NH4+; par exemple NO3- = 12,2 mé/1 et NH4+ = 2,2 mé/1 dans le cas
d'une solution à 14,4 mé/1 d'azote.
3. La teneur en phosphore indiquée par la norme en tenant compte de la nature des ions, soit
par exemple 3,3 Mé/1 de PO4--- ou 2,2 mé/1 de HPO4-- ou 1,1 mé/1 de H2PO4-

Ces points étant respectés, on admet pour Ca++, K+, Mg++ une fluctuation autour de la norme.

Mme Lesaint (INRA Versailles) recommande comme norme l'équilibre en mé


Ca++ + K+ + Mg++
47,6% + 39,6% + 12,8% = 100%
Mme Blanc (INRA d'Antibes) précise, pour la tomate, que le rapport
K+
---------------- exprimé en mé doit être compris entre 0,5 et 1.
Ca + Mg
++ ++

Au-delà de 1, on risque la nécrose apicale des fruits, en-dessous de 0,5 on risque des défauts
de coloration.

Transformation de ces quantités en engrais


. Acide nitrique

Il est apporté sous forme d'acide nitrique et d'ions N03 des nitrates (exemple : nitrate de
potasse).
Dans l'exemple, pour 1 litre de solution nutritive :
• l'eau contient 1,45 mé
• la rectification du pH apporte 3,00 mé
• la compensation phosphate apporte 1,00 mé
-----------
5,45 mé d'NO3
Il reste donc à apporter 6,75 mé d'azote nitrique. La quantité de calcium contenue dans l'eau
étant supérieure à la norme, il est exclu d'apporter de l'azote sous forme de nitrate de chaux;
les nitrates possibles sont : le nitrate de potasse et le nitrate de magnésie.

Le tableau 5.IX indique qu'il faut ajouter 1 mé de magnésium, qui sera apporté sous forme de
nitrate de magnésie, sait, d'après le tableau 5.IV, 128 mg de nitrate de magnésie du commerce.
Il reste donc à ajouter à la solution, sous forme de nitrate de potasse :

6,75 mé - (qui vient d'être apporté) = 5,75 mé,


correspondant à 5,75 x 14 = 80,5 mg d'azote,
soit 619 mg de nitrate de potasse.

Ainsi, on apportera la totalité de l'azote nitrique, la totalité du magnésium et 5,75 mé de


potassium, soit un peu plus que la norme, qui est de 5,2.

. Azote ammoniacal

Il est apporté sous forme de phosphate d'ammonique.

Dans l'exemple, l'eau ne contient pas d'azote ammoniacal, il faut donc apporter 2,2 mé.

D'après le tableau 5.IX, 2,2 mé d'azote sont apportés par 66 x 2,2 = 145,2 mg de phosphate
diammonique; soit, 150 mg d'engrais du commerce 20,5-53 contenant les 2,2 x 14 = 30,8 mg
d'azote désirés.

Récapitulatif

Outre les oligoéléments indiqués p. 100, il faut apporter, par m3 de l'eau étudiée :
- 320 ml d'acide nitrique à 38,10 Baumé,
- 128 9 de nitrate de magnésie,
- 619 g de nitrate de potasse,
- 150 g de phosphate diammonique 20,5-53.

Observations

Dans cet exemple, l'analyse indique une quantité de 2,60 mé de SO4, soit plus que la norme.
Dans le cas où la quantité de sulfate est nulle ou inférieure à la norme, on l'apportera sous
forme de sulfate de magnésie ou de sulfate de potasse.

7. Confection des solutions "Coïc-Lesaint"

Deux cas sont à envisager :


1. Fabrication de' la solution nutritive prête à l'emploi.
2. Fabrication de la solution concentrée, dite solution mère.

Attention! Ne jamais verser d'eau ou d'engrais dans de l'acide nitrique concentré, mais verser
d'abord l'acide dans l'eau.

Fabrication de la solution nutritive prête à l'emploi


Après avoir fait les calculs nécessaires, par exemple pour 10 m3 de solution, on opère comme
suit :

1. On remplit à moitié la cuve, ou le bac, d'eau

2. On ajoute la quantité d'acide nitrique nécessaire

3. Avant de les verser dans le bac, on dissout séparément les engrais dans de l'eau à
environ 250C, en tenant compte de leur solubilité (Cf. tableau 5.X); il en est de
même pour les oligoéléments, lorsqu'ils sont apportés sous forme de produits
pulvérulents ou cristallisés.

4. On verse engrais et oligoéléments (prêts à l'emploi) dans la cuve ou le bac.

5. on complète avec de l'eau.

Principes de fabrication des solutions mères

Trois principes président à l'élaboration des solutions:


* La solubilité : on choisit des engrais les plus solubles possibles

Tableau 8. Solubilité de divers engrais dans 100 litres d'eau

Solubilité dans
Teneur en éléments nutritifs
l'eau (g/l)
Produit
A 20° Autres,
A 0° C %N % P2O5 % K2O
C %
Ammonitrate 1180 1920 33.5
Sulfate d'ammoniaque 706 750 21 22 S
Nitrate de calcium 1020 1220 15.5 21Ca
43.8
Nitrate de magnésie 2790 30.4
MgO
DAP 430 661 18 48
MAP 230 370 11 55
Acide phosphorique 75
54
%
Acide phosphorique 55
40
%
Chlorure de potasse 276 340 60
Nitrate de potasse 133 316 14 39
Sulfate de potasse 75 120 48-50 18S
Nitrate de sodium 730 880 14.1
Superphosphate simple 20 18 Ca S
Superphosphate triple 40 45 Ca
Urée 667 1033 46
Produit Solubilité dans Teneur en éléments nutritifs
l'eau (g/l)
A 20° Autres,
A 0° C %N % P2O5 % K2O
C %
Sulfate de cuivre 140 200 25 Cu
Sulfate ferreux 155 260 36 Fe
Sulfate de manganèse 900 32 Mn
Sulfate de zinc 750 23 Zn
Borate de sodium 50 11 B
Molybdate de sodium 560 40 Mo
Fe-EDDHA 90 6 Fe
Fe-DTPA 220 10 Fe

. La compatibilité

Il n'est pas possible de mélanger dans une faible quantité d'eau des phosphates et certains
sulfates avec des engrais contenant du calcium, ou en milieu alcalin des engrais contenant du
magnésium.

Tableau 9. : Engrais pouvant être ou non mélangés en solution mère

Sulfate Nitrate Nitrate de Nitrate de Sulfate de Sulfate de


d’ammoniaque de chaux soude potasse potasse magnésium
Sulfate - Non Oui Oui Oui Oui
Nitrate de chaux Non - Oui Oui Non Non
Nitrate de potasse Oui Oui Oui - Oui Oui
Sulfate de potasse Oui Non Oui Oui - Oui
Sulfate de magnésium Oui Non Oui Oui Oui -
Phosphate d'ammoniaque Non Non Oui Oui Oui Oui (1)
(1) Attention ! Ces engrais ne sont mélangeables ni à sec ni en milieu alcalin

La teneur en calcium et en magnésium de l'eau

Il n'est pas non plus possible de dissoudre une grande quantité de phosphates ou de sulfates
dans une eau très riche en calcium ou en magnésium, sans l'avoir préalablement acidifiée.
Choix des produits.

On recherche des engrais à taux de pureté le plus élevé possible, mais surtout faciles à
dissoudre (engrais cristallisés).
- Pour les phosphates, on utilise de préférence :
 Le phosphate monoammonique (12-60).
 Le phosphate monopotassique (51,6-34,2),
 Le phosphate diammonique (20,5-5,3).
- Pour l’ammonitrate de préférence des fabrications françaises plus pures (nitrate
d'ammoniaque 34,5%).
- Pour le nitrate de potasse  : Le 13-46 cristallisé.

- Pour le sulfate de magnésie : Le 16% ou 33% (sulfate de magnésie anhydre)


- Pour l'acide nitrique Voir tableau p.105.
- Pour l'acide phosphorique Voir tableau p. 103.

Confection de la solution mère

Pour obtenir 10 m3 de solution nutritive, on prépare deux bacs de 50 litres de solutions mères,
contenant la quantité d'éléments donnée par le calcul et on opère comme suit :
- Dans le bac n°1, on met obligatoirement dans cet ordre:
 de l'eau (environ 20 litres),
 de l'acide nitrique, pour compenser l'effet alcalinisant du phosphate
diammonique et corriger le pH de l'eau de la solution nutritive,
 le phosphate, sous une ou plusieurs formes, préalablement dissous dans 10
litres d'eau à environ 25°C.
 Ce bac contient tout ou partie de l'azote, du potassium, du magnésium, qui
peuvent être apportés sous forme sulfate, nitrate, phosphate, ammonitrate,
préalablement dissous dans de l'eau à 25°C.
 LE CALCIUM NE DOIT JAMAIS ETRE APPORTE DANS CE BAC,
 enfin, on y met tous les oligoéléments, sauf les chélates de fer,
 on ajoute, l'eau nécessaire pour arriver à 50 litres et on agite pour
homogénéiser.

Le pH de cette solution mère est inférieur à 2,0.

- Dans le bac n°2 : On met obligatoirement dans cet ordre :


* de l'eau (environ 20 litres),
* de l'acide nitrique, pour corriger le pH de l'eau de la solution mère,
* le calcium, sous forme de nitrate de chaux ou nitrate de chaux et de
magnésie, préalablement dissous dans 10 à 15 litres d'eau à environ 250c,
* le chélate de fer, éventuellement préalablement dissous,
* ce bac peut facultativement contenir tout ou partie du potassium, sous forme
obligatoire de nitrate de potasse préalablement dissous, tout ou partie du
magnésium, sous forme obligatoire de nitrate de magnésie préalablement
dissous, une partie de l'azote sous forme de nitrate ou d'ammonitrate
préalablement dissous,
* on ajoute l'eau nécessaire pour arriver à 50 litres et on agite pour
homogénéiser.

Le pH de cette solution mère est compris entre 4,0 et 6,0.

Ces solutions mères sont injectées à 5‰ (1/200) dans l'eau d'arrosage, qui devient alors la
solution nutritive (solution fille) dont le pH est alors voisin de 5,8.

- Application à l'exemple que nous avons calculé:


On mettra, dans un bac de 50 litres, appelé bac 1, dans l'ordre suivant:
 20 litres d’eau,
 3,190 litres d'acide nitrique titrant 38,10 Baumé,
 1,500 kg de phosphate diammonique préalablement dissous dans 10 litres
d'eau à 25°C.

 la solution mère d'oligoéléments, sauf le fer,


 on complète à 50 litres d'eau.

Dans le deuxième bac de 50 litres, on dissout dans 25 litres d'eau tiède:


- 10 ml d'acide nitrique,
- 6,190 kg de nitrate de potasse,
- 1,280 kg de nitrate de magnésie,
- et, par exemple, 300 ml de masquolate de fer liquide ou 100 g de séquestrène
138 Fe, préalablement dissous dans de l'eau à 25°C,
- on complète à 50 litres d'eau.

8. Adaptation à des cas particuliers

Les normes indiquées peuvent fluctuer en fonction de la qualité des eaux et des exigences
propres à certaines plantes.
Problèmes liés à la qualité des eaux
- Variation de la teneur en bicarbonates des eaux

1er cas : Si l'on est approvisionné par une eau variant peu ou pas, ou à variation lente et
connue, en carbonates et bicarbonates, on utilise 2 bacs décrits au tableau 10.

2ème cas : Si l'on est approvisionné par une eau variant rapidement ou fréquemment en
carbonates et bicarbonates, donc difficilement contrôlable, il faut 3 bacs (tableau 10).

Tableau 10 : Eau d'une qualité régulière - 2 bacs

Bac n°1 – pH < 2,0 Bac n°2 – pH < 6,0


- Eau - Eau
- Acide nitrique - Acide nitrique (pour corriger le pH de l'eau
(compensation de l'effet alcalinisant des de la solution mère)
phosphates et correction du pH de la
solution nutritive)
- Phosphates
- Nitrate de potasse, nitrate de magnésie
- Sulfates de magnésie, d'ammoniaque, de
potasse
- Oligoéléments (sauf chélates de fer) - Magnésium, sous forme de nitrate
- Calcium, sous forme de nitrate
Jamais de calcium - Nitrate de potasse
- Chélates de fer et éventuellement les autres
oligoéléments
Tableau 11 : Le pH de l'eau est variable - 3 bacs

Bac n°1 Bac n°2 Bac n°3


pH < 2,0 6,0 < pH < 7,0 pH < 2,0
. Eau . Eau . Eau
. Acide nitrique compensation . Acide nitrique . Acide nitrique dilué
de l'effet alcalinisant des (pour corriger l'eau de la (rectification du pH de l'eau)
phosphates) solution mère)

. Phosphates . Magnésium calcium


. Nitrates de potasse. . Nitrate de potasse
. Sulfates . Chélates de fer et A asservir à un pH-mètre de
. Oligo-éléments (1) éventuellement les autres commande à partir du contrôle
oligoéléments de la solution fille
Jamais de calcium

(1) Si le pH est inférieur à 3, on ne peut pas mettre dans ce bac de chélates de fer .

Dans la pratique, les équipements proposés par les constructeurs conduisent presque toujours
à utiliser un bac d'acide dilué indépendant des autres solutions mères et asservi à un pH mètre.

. Eaux acides (pH < 5,5)

Dans le cas d'eaux acide, on injecte une solution de bicarbonate de potassium, dans un bac
n°3, asservie à un pH mètre de commande à partir du contrôle de la solution fille.

. Eaux trop riches en calcium


Un dépassement important en calcium (200 mg/1 de Ca) oblige à dépasser la norme en
potassium et en magnésium pour respecter l'équilibre entre ces éléments. Dans le cas d'un
système ou on ne recycle pas la solution, c'est à dire d'un système à solution perdue, on ne
réajuste pas l'équilibre entre les éléments mais on augmente la quantité de solution drainée.

. Eaux ou la quantité d'ions Mg++ est très supérieure à la norme (> 4 mé/1)
Comme pour le dépassement en calcium, on est obligé de dépasser également la norme en
potassium et calcium pour respecter l'équilibre entre ces éléments ou, comme précédemment,
si on se trouve dans le cas d'un système à solution perdue, on ne réajuste pas l'équilibre entre
les l'éléments mais on augmente les quantités de drainage en arrosant en excès.

. Eaux où la quantité d'ion SO-- est supérieure à la norme


On apporte le magnésium sous forme de nitrate.

. Eaux très riches en fer


Il s'agit de fer ferreux pouvant être dissous dans les eaux acides. Il peut former des dépôts
bruns dans les goutteurs, et les obstruer, et aussi des gels dans les filtres. on peut avoir des
dépôts à partir d'une concentration de 1 ppm de fer.

Pour l'éliminer, il faut oxyder le fer ferreux en fer ferrique qui précipite et que l'on arrête par
un filtre, à sable de préférence.

L'oxydation peut être faite par de l'oxygène mais ceci est coûteux. Il est préférable d'oxyder le
fer avec du permanganate de potasse. L'injection doit se faire à 0,6 ppm de permanganate
pour 1 ppm de fer en permanence et avant un filtre à sable. Le traitement d'une eau
ferrugineuse est donc assez contraignant.

9. Modification de la solution en cours de culture

Les modifications sont motivées par des variations d'absorption des plantes, dues aux stades
physiologiques ou au climat, qui s 1 expriment par des différences importantes entre la
conductivité de la solution nutritive et la conductivité des eaux de drainage ou de la solution
prélevée dans le substrat.

. Quand faut-il intervenir?


Lorsqu'on observe un écart continu, croissant ou décroissant, pendant deux ou trois
jours.

. Comment intervenir? On distingue deux cas :


- Cas d'un écart faible (inférieur ou égal à plus ou moins 0,5 mS).
On fait varier la quantité des solutions mères injectée, à condition, d'une part que le matériel
le permette, et d'autre part en veillant à ce que l'abaissement des teneurs en oligoéléments, et
en particulier le fer, n'induisent pas de carence.
- Cas d'un écart important ou de matériel ne permettant pas de faire varier la
concentration ou d'eau riche en certains éléments (calcium, nitrates, sulfates, …) on change
les solutions mères.

10. Utilisation d'engrais du commerce prêt à l'emploi

On trouve dans le commerce des engrais complexes, solides ou liquides, pouvant être utilisés
pour préparer des solutions du type Coic-Lesaint, en faisant intervenir des corrections liées à
la composition de l'eau.
Il est nécessaire de s'assurer que la solution nutritive aux goutteurs est conforme à ce qui a été
prévu; pour cela, on vérifie:

. Le pH  : Il doit être voisin de 5,8.


. La concentration : La concentration de la solution nutritive est la somme des
éléments contenus dans l'eau et les engrais qu'on y a apportés. Elle s'exprime en g au en mg de
sels par litre. On la calcule en utilisant l'équation suivante
Q = CE x 0,8 à 0,9
Q = quantité de sels en gramme par litre
CE = conductivité électrique en mS/cm
0,8 à 0,9 = coefficient variant selon les sels.

Les solutions utilisées ont généralement des conductivités' voisines de 1,5 à 2,5 mS/cm.

La vérification se fait selon deux méthodes :


- 1ère méthode : Elle consiste à comparer la conductivité mesurée aux goutteurs à la
conductivité théorique de la solution. Les deux conductivités doivent être sensiblement égales,
sinon il y a une erreur.

La conductivité théorique est calculée à partir de la formule


Q
CE = -------------
0,8 à 0,9
Q, exprimé en gramme de sels par litre, est la somme de la quantité de sels contenus dans
l'eau donnée par l'analyse, plus celle fournie par les engrais, y compris l'acide nitrique.

La conductivité aux goutteurs est mesurée sur un échantillon.

- 2ème méthode : C'est en fait la plus fiable. On mesure là conductivité électrique de


l'eau qui sert à la fabrication des solutions, puis celle de la solution aux goutteurs et on
multiplie la différence des deux mesures par 0,8 à 0,9; ce qui donne la quantité théorique
d'engrais apportée,, y compris l'acide nitrique.

On compare le résultat à la quantité d'engrais apportée, y compris l'acide nitrique.

Fertigation de la tomate
1- Exigences de la tomate en eau :

La consommation en eau de la tomate sous serre suit une forme sigmoïde divisée en deux
phases :
a) Une consommation faible au début de la croissance et qui augmente graduellement jusqu'au
début de la floraison (Rudish et al., 1986).
b) Une forte consommation après début floraison qui atteint son maximum au stade de
maturité des fruits.
La quantité d’eau consommée par la plante dépend de la quantité d’énergie qu’elle reçoit et de
sa surface foliaire.
Les besoins en eau peuvent être calcules de la manière suivante :

ETM = Kc * ETP

ETM : évapotranspiration maximale de la culture (besoin en eau)


Kc : coefficient cultural de la culture (fonction du stade phénologique)
ETP : évapotranspiration potentielle (pouvoir évaporant de l’air)

Selon Letard, (1994 ) les valeurs de Kc sont résumé dans le tableau suivant :

Tableau1 : La variation du coefficient cultural Kc en fonction des stades phénologiques

Stades phénologiques Kc
Plantation à floraison 2ème bouquet 0,4
Floraison 2ème bouquet à floraison 4ème bouquet 0,5 à 0,7
Floraison 4ème bouquet à floraison 6ème bouquet 0,7 à 0,8
Floraison 6ème bouquet à récolte 2ème bouquet 0,8
Récolte 3ème bouquet à fin de récolte 0,9

Des apports excessifs d'eau, induisent des chloroses ferriques et l’asphyxie racinaire (Zuang et
Pelletier, 1978). Pour des cultures de tomate précoces, il est important de réduire les apports
d'eau pour favoriser la croissance végétative et éviter l’avortement des bouquets.
Par contre, une sous-alimentation en eau avec une EC trop élevée entraîne un accroissement
de la salinité et provoque une destruction du système racinaire, suivie du flétrissement de la
plante ou des attaques de pourriture apicale des fruits (Zuang et Pelletier, 1978).
L’absorption de l'eau est donc étroitement liée aux variations de l’intensité de lumière, de la
température de l’air et des stades phénologiques de la plante (Adams, 1980).
Concernant les besoins en eau de la culture de tomate plein-champ dans la région de Massa
dans laquelle se déroule notre essai, plusieurs études ont été réalisées par l’ORMVA (office
régional de mise en valeur agricole)/Souss-Massa et l’IAV(institut agronomique et
vétérinaire) Hassan II Complexe Horticole d’Agadir .
Les résultats obtenus peuvent être résumés dans la tableau suivant :

Tableau2 : Consommation moyenne en eau pour la culture de tomate plein champ dans la
région de Massa
ORMVA/SM (808) IAV Hassan II
Min Max Moy Min Max Moy Moy. Gén
ETM (mm) 400 820 595 411 688 550 583

Rendement 55 127 72 53 95 71 72
(T/ha)
Consommation 43 124 83 43 161 87 84
Hydrique (l/kg)

Le coefficient cultural Kc lié directement au stade de développement de la culture évolue de :


-K1= 0,65 pour la phase allant de la reprise à la floraison 2eme bouquet
-K2= 1,16 pour la phase allant de la floraison au développement des fruits
-K3= 1,14 correspondant à la récolte

Bassy (1984) a déduit une consommation hydrique pour la tomate dans la région de 397,9 mm
pendant 119 jours d’essai permettant d’obtenir un rendement de 2,96 Kg/, avec un régime de
120% ETM, supérieur a celui d’un régime de 100% ETM.
Selon Aroudane (1985), il n’y a pas de différence significative entre le régime 100% et 120%
ETM ; la consommation étant de (475 ou 688 mm) pour une durée de 158 jours et un
rendement de 84,5 T/ha.

Dans la région de Souss-Massa, pour une période s'étalant de Novembre à Mai pour la tomate
sous abris, l'ETCs qui s'établirait est présenté au tableau5 .

Tableau3: Calendrier de la consommation en eau (ETCs) pour une culture primeuriste


de tomate dans le Souss-Massa.

Mois ETPs (mm/jour) Kc ETCs (mm/jour)


Novembre 1 O,7 0,7
Décembre 0,8 0,7 0,6
Janvier 1,1 0,75 0,8
Février 1,7 0,8 1,4
Mars 2,3 1,1 2,5
Avril 2,7 1,1 3
Mai 3 0,9 2,8

2. Exigence de la tomate en éléments fertilisants :

2.1. Quantités et formes des principaux éléments minéraux dans la fertilisation de la


tomate

2.1.1. Azote :

Les prélèvements d'azote par la tomate augmentent progressivement pour devenir très
importants pendant la période de production des fruits. En effet, la demande en azote de la
tomate s'accroît dés la nouaison, et on trouve la moitié des quantités absorbées dans les fruits
(Zuang, 1982).
Il y a une compétition pour l'azote entre les organes végétatifs et reproducteurs : son
accumulation est plus élevée dans les tissus foliaires que dans les tissus des fruits ou des
ramifications (Halbrooks et al., 1980). En effet, une réduction générale de la teneur des
feuilles en azote a été remarquée de la floraison à la maturité physiologique (Fawusi, 1977).
Les principaux ions azotés absorbés par la tomate sont les nitrates (NO3-) et l'ammonium
(NH4+) (Epsyein, 1974). Dans un milieu dépourvu de colloïdes (le sable), la plante absorbe
plus vite l'ion NH4+ des sels ammoniacaux (Chouard, 1977). Or, sur la tomate, la forme
ammoniacale acidifiante réduit la croissance des tissus végétatifs et racinaires, quand le pH du
milieu n’est pas tampon (Torres de Classen et Wilcox, 1974).
La réponse des plantes à la fertilisation azotée est limitée par le niveau de K dans le milieu. Le
rendement continue à s'améliorer fortement jusqu'à des doses élevées d'azote, uniquement si
le niveau de K est suffisamment élevé (Steineck, 1968).

2.1.2. Phosphore :

Le phosphore accroît le développement des racines et joue un rôle particulièrement important


en début de culture. En effet, sur des plantules de tomate de 21 jours cultivées en solution
nutritive complète où le phosphore est apporté à 113 et à 226 μmoles, la surface racinaire
augmente en moyenne de 38,9% avec la deuxième concentration par rapport à la première
( Fontes et Wilcox, 1984). Les fruits renferment plus de 75% des exportations totales
(C.T.I.F.L, 1989).
Au niveau de la plante de tomate, l'accumulation de P se fait de façon égale dans les feuilles
et dans les ramifications, avec une même tendance vers la diminution au fur et à mesure que
la saison avance. Elle est par contre, nettement plus importante dans les fruits (Halbrooks et
wilcox, 1980).
La réaction du phosphore aux conditions du milieu se résume surtout dans sa réaction au pH.
La solubilité du phosphore se trouve fortement réduite par l’augmentation du pH. En effet, l
'élévation du pH à 6,2 par chaulage, réduit la teneur en P dans les feuilles de 30% (Adams,
1978). Le même auteur trouve qu’il est très difficile d’obtenir un rendement maximum a pH
élevé, même en utilisant de fortes doses d’engrais phosphates.

2.1.3. Potassium :

Le potassium détermine aussi bien la quantité que la qualité de la récolte (Adams, 1978). La
connaissance des phénomènes d'absorption du K et de son importance en fonction des doses
apportées, ainsi que l'influence exercée au dessus par les autres éléments nutritifs est
essentielle (Steineck, 1968).
Son accumulation lors de la fructification n'est pas liée à une plus grande concentration dans
l’exsudat du xylème mais plutôt à un volume plus important du flux (Widders et Lorenz,
1982).
La grande absorption du potassium coïncide avec la période où la plante de tomate porte la
plus grande charge en fruits (Adams, 1978). Un apport K2O/ N d'au moins 2,5 dans la
solution nutritive devient nécessaire pendant cette période, la redistribution, du potassium à
partir du tissu végétatif ne contribue qu 'à 12% au maximum du potassium total accumulé
dans le fruit (Adams, 1978; Widders et Lorenz, 1982).
L’ion ammonium présente une concurrence évidente vis-à-vis du potassium pour l’absorption
racinaire (Rosen et Carlson, 1984). En jours courts, les besoins de la tomate en K deviennent
très importants; on conseille un apport K2O/ N de 2 ou 3 (C.T.I.F.L, 1989). De même le
déficit en potassium favorise les défauts de coloration des fruits de tomate (Zuang, 1982). Le
même auteur a conseillé un rapport N/ K2O variant de 1/3 à 1/2.

2.1.4. Calcium
Chez la tomate, le calcium s'accumule essentiellement dans les feuilles où il dépasse 3% alors
qu'il se stabilise à 0,2% dans les fruits (Halbrooks et Wilcox, 1980). Son absorption dépend de
sa teneur dans la solution mais, aussi de celle du K et de N-NH4+ qui sont beaucoup plus
mobiles. Il est aussi, d'autant plus difficile à absorber que le pH est faible; un pH de la
solution au dessous de 5,5 risque de provoquer des déficiences calciques (Adams,1978).
L’apport du calcium vers les jeunes pousses et les jeunes fruits en croissance se fait
essentiellement par un entraînement avec l'eau dans le flux de transpiration (Phill et Lambeth,
1978). L'élévation de la concentration en Ca améliore à un certain niveau la croissance. Mais
lorsque N-NH4+ est appliqué comme source d'azote sur des cultures de tomate, la croissance
devient moindre à cause d'une absorption et d'une translocation réduite de Ca (Hori, 1986).
Une déficience en Ca peut aussi être créé par un pH faible et un niveau élevé de K et de Mg
dans le milieu. La teneur des feuilles de tomate en Ca est par contre, considérablement
améliorée lorsque les températures nocturnes de l'air sont de 21°C (Gosselin et Trudel, 1983).

2.1.5. Magnésium 

L'absorption de Mg par les racines est fortement affectée par l'antagonisme avec d'autres
cations, en particulier K+ et H+. Ce phénomène est très net dans les sols acides à forte quantité
de H+ libre (Verlodt,1990). Sa concentration dans les feuilles de tomate passe de 0,8% dans
les premiers stades de croissance à 1,1% à la maturité des fruits (Halbrooks et Wilcox, 1980).
On suppose pourtant qu'elle est optimale à 0,4 - 0,5 % dans les feuilles (Adams, 1978).
4.1.6. Les oligo-éléments :
La majorité des oligo-éléments est moins disponible à pH élevé en particulier le fer, puisque
les symptômes de chloroses ferriques apparaissent lorsque le pH de la solution atteint 7,0 à
7,5 ; la réduction du pH à 6,0 corrige cette déficience (Wilcox, 1981).
Des carences de Mn ont lieu généralement pendant les périodes de grand développement
végétatif et fructifère de la tomate. Pour les corriger, on ajoute 0,5 ppm de Mn directement
dans la solution.
Aussi bien pour les concentrations de Fe que de Mn dans les feuilles de tomate, celles-ci sont
améliorées par une élévation de la température des racines de 12 à 30°C (Gosselin ct Trudel,
1983).

2.2. Exportations de la culture de tomate en éléments fertilisants :

Les exportations varient selon les types de culture et les rendements (tableau4). Elles
dépendent aussi de la richesse du sol.

Tableau4: Quantités d'éléments minéraux exportés par la culture de la tomate


Références Rdt (t/ha) Exportations en kg/ha
N P2O5 K2O CaO MgO
Tomate pour la conserve (selon la station d’agronomie de Montvavet)
Cite par Zuang, 1982 70,7 179 40 161 225 18
Tomate pour le frais- plein champ(selon Anstett : Variété Moneymarker)
Cite par Zuang, 1982 60 136 54,8 232 339 36
Tomate pour le frais- sous serre (selon J.M.Lefebre, INRA Dijon :varieteH63.5,1970)
Cite par Zuang, 1982 150 400 136 928 381 118
Tomate pour le frais-sous serre (selon ministery of agriculture, Londres, bull n 77)
o

Cite par Zuang, 1982 125-200 450-675 75-165 900-1400 550-900 120-190
Les exportations de la tomate sous serre (Travaux au niveau national)
Hartiti, 1990 (Agadir)* 100 400 350 750 - 100
Moumane, 1986 (C.H.A)* 75 150 73 378 - -
SASMA, 1991(Azemour)* 55,2 435 250 560 - -
SASMA, 1991 (Aitamira)* 92 450 350 750 - 36
SASMA, 1991(Azemour)* 49 435 250 560 - -
SASMA, 1991 (Aitamira)* 77,26 450 350 750 - -
SASMA, 1991 (Aitamira)* 97,75 450 350 750 - -
SASMA, 1997 150 420 128 900 420 195
* cité par Mambou, (1994)

On constate que les exportations sont variables d’une région à une autre, d’un élément
fertilisant à un autre. En effet, on peut noter que la tomate est exigeante particulièrement en
potassium et en azote; par contre les exportations en phosphore sont relativement faibles dans
la plupart des cas.
Bien qu’il soit primordial de connaître les exportations en éléments fertilisants et les rapports
des quantités entre ces différents éléments, il est plus intéressant encore de connaître l’époque
où ces éléments sont nécessaires en forte quantité au cours de la croissance de la plante
(Cornillon, 1974 cité par Moumane, 1986).

2.3. Rythme d'absorption:

Considérons une culture de tomate sous serre conduite sur 13 bouquets (Odet, 1989), On peut
distinguer quatre phases formant la totalité d’un cycle de 5 mois :
La période allant de la plantation a la nouaison du 1 er bouquet ( 4 premières semaines) : C’est
la période du développement du système racinaire. Pendant cette période, il y a une faible
accumulation de matière sèche et une faible assimilation des éléments minéraux ;
La période allant du début de la nouaison du 1 er bouquet à la formation du dernier bouquet.
Cette période couvre 9 semaines. La teneur des fruits du 1 er bouquet en Mn et en Ca est
faible, celle de N et P est importante, celle de K est très forte;
La période débutant par la formation du dernier bouquet jusqu'à 85% de la récolte. Pendant
cette période qui est d'environ 5 semaines, il y a encore une très forte production de matière
sèche, et l'absorption de K est faible, celle du phosphore est normale, alors que celles de N,
Ca et Mn sont fortes.
La période correspondant à la fin de culture: 80 à 90% de la récolte est effectuée. II y a un
arrêt de la fabrication de la matière sèche. l'assimilation est nulle pour l’azote, faible pour le
potassium et le magnésium, normale pour le phosphore et très élevé pour le calcium. Cette
période est d’une durée de 2 semaines . (Odet, 1989) .
Les travaux réalisés par la SASMA dans le Souss sur l’étude de l’évolution des courbes des
exportations a permis de distinguer les différentes périodes qui se caractérisent par une
assimilation particulière (Elayadi .1997) ; on peut distinguer 4 périodes végétatives pour une
culture de tomate (Daniela) conduite sur 16 bouquets (tableau 7 )
De la plantation au début nouaison du 1 er bouquet : pendant cette période, il y a une faible
demande en éléments nutritifs en raison de la faible production de la matière sèche.
De la nouaison du 1er bouquet jusqu’à début récolte au niveau de 4ème bouquet : c'est la
période la plus active puisqu'elle correspond à une accélération de la production de la matière
végétative. La consommation est forte surtout en phosphore (63%), en potassium (57%) et en
azote (55%) ; alors que la durée de cette période ne représente qu'environ le 1/3 de la durée
totale du cycle de la culture.
Du début de la récolte de 4ème bouquet au début récolte au niveau du 9 ème bouquet: pendant
cette période qui représente 25% de la durée du cycle ; l'assimilation est moyenne en azote
(28%), en potassium et en calcium (26%), faible en phosphore (17%) et un peu élevée en
magnésium (32%).
Du début récolte au niveau du 9ème bouquet jusqu'à la récolte du 16eme bouquet et fin de la
culture : Le développement végétatif devient très ralenti, ce qui se traduit par une très faible
consommation en azote, phosphore et en potassium et qui ne dépasse pas 10%; la
consommation en calcium et en magnésium devient presque moyenne (20%).

Tableau5: Rythme d’absorption des éléments nutritifs au cours du cycle de la tomate sous
abri pour une production de 250 tonnes/hectare.

Periode Durée N P2O5 K2O CaO MgO


en jours % U % U % U % U % U
P à DN1 30 8 1,87 12 0,85 8 4 8 1,87 7 0,76
DN1 à DR4 90 55 4,28 63 1,49 57 9,5 47 3,66 39 1,41
DR4 à DR9 60 28 3,27 17 0,6 26 6,5 26 3,03 32 1,73
DR9 à R16 60 9 1,05 8 0,28 9 2,25 19 2,21 22 1,19
Total 240 100 100 100 100 100
Source : Elayadi et al. (1997)

P : Plantation
DN1: Début nouaison du 1er bouquet.
DR4: Début récolte sur le 4eme bouquet.
DR9: Début récolte sur le 9eme bouquet.
R 16 : Récolte du 16eme bouquet et fin de la récolte.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Caldumbide (J.B.), C.D.D.M., Irrigation fertilisante en culture légumière de plein champ,
Genèse Expansion n' 39 (13-12), 1987.

Coic (Y.) et Lesaint (C.), La nutrition minérale en eau des plantes en horticulture avancée.
Doc : Tech. de la SCPA, n- 7, 2ùnie trim. 75.
Coic (Y.) et Lesaint (C.), Variation de l'optimum de concentration d'une solution nutritive en
fonction d ilhétérosis et de la saison de culture, C.R. Acad. Agri. de France, nO 13,
1978.
Commission des techniciens de développement du Sud-Est, avec la (CNABRL) , rédacteurs -
participation de M. Panine
MM. Musard (M), Thicoi pe (J.P.). Dupuy (M.), Zuang (H.), ProDet de note technique sur
l'irrigation fertilisante INVUFLECI, avril 1979.
Hilario (J.P.), observations pratiques sur la conduite de l'irrigation localisée par goutte à
goutte, 1979.

Lesaint (C.) , Comment calculer une formule de solution nutritive pour une eau naturelle de
normes moyennes, INRA, note
technique.
Musard (M.), Conduite de l'irrigation fertilisante localisée sous serre. C.R. Journée Irrigation
Localisée, 1/4/80, Cabannes (Bouches -du-Rhône).
Thicoipe (J. P Conduite de 1 1 irrigation localisée f ertilisan e INVUFLEC, note de
vulgarisation, 20/2/79.
Zuancl (H.), Musard (M.), Brochure cultures Légumières sur substrats, Ctifl, 1986.

ANNEXES
Programme de fertigation pour quelques cultures maraîchères

Potentiel de bouchage des goutteurs d’irrigation

Restriction d’utilisation
Type de problème
faible modérée sévère
Physique
Solides en suspension < 50 50-100 >100
(mg/L)
Chimique
pH <7.0 7.0-8.0 >8.0
solides dissous (mg/L) <500 500 – 2 000 > 2 000
Manganèse (mg/L) <1.0 1.0 – 1.5 >1.5
Fer (mg/L) <0.1 0.1 – 1.5 >1.5
Hydrogène sulfite (mg/L) <0.5 0.5 – 2.0 >2.0
Biologique
populations de bactéries
(nombre maximum /mL) <10 000 10 000 – 50 000 >50 000

Concentrations recommandées des nutriments dans l’eau d’irrigation

Culture N P K
Concombre 150 – 200 30 – 50 150 – 200
Aubergine 130 – 170 50 – 60 150 – 200
poivron 130 – 170 30 – 50 150 – 200
Tomate 150 – 180 30 – 50 200 – 250
Pomme de terre 130 – 150 30 – 50 120 – 180
Petit pois 80 – 120 30 – 50 150 – 200
fraise 80 – 120 30 – 50 150 – 200
Laitue 100 30 – 50 150
Laitue Iceberg 100 18 120
oranges 35 3–5 8 – 10
Banane 15 ----- 45
Cotton 40 – 60 20 – 30 100
Tournesol 40 – 60 20 – 30 100

Rendements (kg/ha) de quelques cultures irriguées par des systèmes modernes avec
fertigation et fertilisation traditionnelle
Culture fertigation Fertilisation traditionnelle
Pomme de terre 70 000 37 000
Carotte 54 000 42 000
Tomate (sous serre) 350 000 150 000
Tomates (plein champs) 180 000 55 000
Concombre (sous serre) 300 000 140 000
pastèque (plein champs) 115 000 60 000
fraise (petits tunnels) 48 000 20 000

Gravité Specifique, matière sèche et l’amidon en % en NO3-N in mg/kg MS de la


Pomme de terre et leur influence par la fertigation et la fertilisation traditionnel

Caractéristique Fertigation Fertilisation traditionnelle


Gravité Specifique 1. 073 1.064
Matière sèche 19.00 17.06
Amidon 13.20 11.38
NO3-N 141 290
rendement (kg/ha) 70 000 37 000

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