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Bien préparer
sa classe
Dossier
P
réparer sa classe est in-
dispensable et nécessite de savoir
s’organiser pour mener à bien cette
faire retour sur ce qui s’est réelle-
ment passé au cours d’une séance,
comme le souligne l’enseignante
tâche, prélude indispensable à tou- de maternelle lors du reportage,
te activité scolaire. Cela suppose mais aussi d’analyser les résultats
d’identifier les difficultés d’ordre di- à l’évaluation qui vient clore la
dactique que l’on peut rencontrer, séquence envisagée. Elle est faite
mais aussi de savoir y apporter des de prévisions et de réajustements
réponses pédagogiques. constants. Elle n’est jamais défi-
En ce domaine, l’entretien montre nitive d’une année sur l’autre car
qu’il est indispensable de faire le on ne s’adresse jamais aux mêmes
lien entre le savoir savant, le sa- élèves.
voir enseigné et le savoir tel qu’il Si la présence d’outils pédagogi-
sera reçu et construit par les élèves. ques est nécessaire, il faut aussi ap-
Pour ce faire, il importe, comme le prendre à les analyser pour mieux
souligne l’analyse, de s’informer, les utiliser et les croiser. Il en exis-
de réfléchir, de mettre en relation te de nombreux et très pertinents,
des propositions pratiques puisées mais il est tout aussi indispensable
dans différents supports. Les outils que l’enseignant prenne conscien-
pédagogiques sont indispensables ce qu’il est le maître d’œuvre, qu’il
à l’enseignant qui ne peut pas tout a le choix des méthodes pédagogi-
élaborer seul, même si, au bout du ques pour chercher à atteindre les
compte, il est amené à faire des objectifs fixés. Il faut aussi avoir
choix en fonction de ce qu’il sait et conscience que cette exigence
des options qu’il retient. d’ordre intellectuel, qui donne sa
Préparer suppose d’anticiper sur noblesse au métier d’enseignant,
© Cristina Pedrazzini/SPL/Phanie
Marc Loison
Apprendre à gérer le temps et aller à l’essentiel
Fort de ses différentes expériences
professionnelles au sein de l’Éducation
Nationale, Marc Loison est conscient du
chemin qu’il reste à parcourir pour instaurer
une réelle continuité dans les apprentissages.
Celle-ci passe d’abord par une préparation
réfléchie de la classe, en posant les objectifs,
et les moyens de les atteindre.
© D. R.
le fait que j’ai traversé un certain un retour sur sa pratique de classe.
nombre de strates de l’Éducation
Marc Loison
Nationale. J’ai d’abord été institu- Qu’est-ce qui vous paraît essen est maître de
sa classe, en fonction des difficultés
teur, directeur d’école, conseiller pé- tiel dans la préparation de clas- conférences des élèves, mais aussi des ressources
dagogique puis chargé de mission se ? en histoire locales dont il dispose (monument
et didactique
pour l’éducation prioritaire auprès M. L. : Déjà, on n’enseigne bien que aux morts, champs de bataille, ci-
de l’histoire
de l’IA-DSDEN1 du Pas-de-Calais. À ce que l’on connaît bien. Il est donc à l’IUFM de metières militaires). C’est ici qu’in-
ce titre, j’ai participé à la relance de indispensable de faire le lien entre le l’université tervient la réflexion didactique qui
l’éducation prioritaire dans l’acadé- savoir savant, le savoir enseigné, et le d’Artois et consiste à se pencher sur la faisabi-
chercheur
mie de Lille et à la mise en place des savoir tel qu’il sera reçu et construit associé à lité, la cohérence des programmes et
contrats de réussite. Lors de l’ana- par les élèves. Trois champs sont l’université le cheminement des apprentissages.
lyse de bon nombre d’entre eux, je donc à prendre en considération : de Lille 3. De là découlera tout naturellement
Il est aussi
me suis rendu compte qu’en terme les champs épistémologique, didac- directeur de
l’exploitation pédagogique.
de continuité des apprentissages, il tique et pédagogique. Prenons un la collection
y avait encore beaucoup à faire et exemple pour illustrer le propos. Si “Métier Existe-t-il une différence entre
enseignant”
que la différenciation pédagogique l’on enseigne “la violence du xxe siè- la préparation que l’on fait en
aux éditions
posait toujours un problème. cle” au cycle 3, c’est parce que des Vuibert- maternelle et celle des cycles
chercheurs, en analysant différents Magnard pour suivants ?
En quoi est-il fondamental de documents d’archives – notamment des ouvrages M. L. : Deux différences me vien-
portant sur la
préparer sa classe ? les écrits épistolaires des poilus –, préparation de nent à l’esprit immédiatement. La
M. L. : Après toute activité ou si- ont construit le concept de mort classe. première réside dans le fait qu’en
tuation d’apprentissage, on doit de masse et de “brutalisation de la maternelle et au cycle 2, les élèves
pouvoir répondre à trois questions : guerre”. Ce savoir savant est alors explorent des domaines d’activités
Quels étaient les objectifs ? Qu’est- passé dans le filtre institutionnel alors qu’au cycle 3 ils investissent
ce que les élèves ont appris ? Com- pour apparaître ensuite dans les pro- des champs disciplinaires. Dans le
ment le sait-on ? Si l’on peut répon- grammes sous la forme de “violence premier cas, les élèves construisent
dre à ces trois questions, c’est que de la Première Guerre mondiale”. essentiellement des compétences,
l’on a clairement identifié ce qui À ce stade, l’enseignant doit adapter alors que dans le second ils appré-
est indispensable à la conduite de ce point de programme au niveau de hendent des savoirs disciplinaires
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Document préparé pour JEAN CLAUDE CHARNET <jc.charnet@wanadoo.fr>
© Ian Hanning/REA
aussi se fixer des objectifs d’appren-
tissage (compétence à construire,
vocabulaire actif à acquérir, images
mentales à installer).
Avec la programmation de cycle Dans le gnant débutant une démarche dont
Quelle place convient-il d’accor- (en référence aux programmes), on référenciel de
la construction méthodologique est
compétence
der à Internet ? se répartit le travail. Ensuite, pour du maître, ilassurée pas à pas et son appropria-
M. L. : C’est une dimension à ne pas sa classe, l’enseignant établit sa est précisé àtion progressive. Ce type d’outils pé-
négliger. Internet permet d’accéder progression qui réfère à la construc- propos de la dagogiques permet au départ de ne
compétence
à des ressources documentaires de tion d’une compétence donnée et/ “Se former etpas commettre d’erreurs, mais il ne
qualité. Mais des précautions mé- ou d’une notion. Préparer sa classe, innover” que s’agit pas non plus d’en être escla-
thodologiques sont à prendre car c’est apprendre à gérer le temps et l’enseignant ve. L’enseignant devra bien enten-
doit être
certains sites font un étalage de à aller à l’essentiel. capable de
du graduellement s’en éloigner et
connaissances scientifiques qui ne mobiliser desconstruire ses propres outils. Rappe-
présentent pas toujours la fiabilité Pensez-vous qu’il convient de éléments vus lons que, dans le référentiel de com-
requise. Fleurissent aussi des sites construire chaque séance de dans le cadre de
pétences du maître, il est précisé à
la formation.
où l’on trouve des préparations la journée alors que des séan- propos de la dixième compétence
d’inégale qualité. On y donne des ces proposées dans les livres du “se former et innover”, que l’ensei-
éléments pour des apprentissages maître peuvent être utilisées ? gnant doit être capable de mobiliser
très pon ctuels, mais on ne s’ins- M. L. : Les livres du maître sont inté- des éléments vus dans le cadre de
crit pas dans la progressivité, dans ressants lorsqu’ils sont le fruit d’une la formation (éléments de cours, res-
la construction des compétences collaboration entre des auteurs de sources issues de la recherche, mais
aux cycles 1 et 2 et des notions au différents statuts au fait de la réalité aussi de l’édition). Préparer sa clas-
cycle 3. Or il est nécessaire d’avoir de la classe. Ils définissent alors des se peut aussi être très coûteux en
des outils proposant des séquen- priorités par rapport à leur vécu et temps. Il est donc nécessaire d’avoir
«
ces d’apprentissage avec au début à leur réflexion, ce qui est incompa- de bons outils pour les différentes
une évaluation diagnostique, à la disciplines, mais il faut parallèle-
fin une évaluation finale, et où l’on Il est indispensable de faire ment entraîner les étudiants à une
construit pas à pas en s’appuyant le lien entre le savoir savant, méthodologie d’utilisation des res-
sur des évaluations intermédiaires sources disponibles. Il ne suffit pas
le savoir enseigné, et le savoir tel qu’il
permettant des réajustements. d’avoir des outils, encore faut-il les
sera reçu et construit par les élèves. » utiliser de manière efficiente. Cela
Marc Loison
Les enseignants se plaignent fait partie de la formation, mais là
souvent de ne pas avoir le on se heurte à l’éternel problème
temps de mener à bien tout ce rable par rapport à ce que l’on peut du volume horaire imparti qui, bien
qui leur est imparti de faire. La parfois trouver sur Internet, à savoir souvent, fait défaut.
préparation peut-elle pallier des fiches de préparation désincar-
cette difficulté ? nées ou irréalistes. Les séquences Propos recueillis par Anne Popet
M. L. : Vous pointez là la nécessité et les séances détaillées du livre
1. Inspecteur d’académie, directeur des ser-
de réfléchir à un double niveau : ni- du maître aident et rassurent l’en- vices départementaux de l’éducation natio-
veau du cycle et niveau de la classe. seignant. Elles proposent à l’ensei- nale.
Préparer la classe, c’est essen- des présupposés théoriques, l’ensei- part, et histoire d’autre part, s’éclai-
tiellement rechercher et créer les gnant doit effectuer en continu ce rent ensuite mutuellement. La lit-
conditions nécessaires à la réalisa- travail pour opérer des choix péda- térature offre l’occasion d’étudier
tion des apprentissages pour tous gogiques éclairés. des œuvres de la période (Perrault,
les élèves. Cela suppose notam- La Fontaine, Molière…), répondant
ment de savoir croiser les appren- Croiser les ainsi aux programmes qui préco-
tissages issus de disciplines ou do- apprentissages nisent l’acquisition d’un patrimoi-
maines différents pour leur donner Articuler les enseignements entre ne commun. En musique, l’étude
davantage de sens et éviter l’em- eux accroît l’intérêt des élèves et se d’une œuvre de Lully, par exem-
pilement de connaissances sans révèle propice aux synthèses et à la ple, trouve aisément sa place dans
lien entre elles. Il revient donc au mémorisation. Chaque domaine ou le cadre de l’histoire des arts. Ces
maître d’effectuer des choix dans discipline n’en conserve pas moins mises en relation contribuent à un
la conception et l’organisation des ses propres objectifs, et donne lieu à enseignement cohérent au service
séquences pour placer les élèves en des activités spécifiques, tout en sa- de la compréhension et de l’acqui-
situation d’apprendre. chant que les apprentissages menés sition de connaissances articulées
dans chacun des domaines interfè- entre elles. Elles nécessitent bien
Réfléchir pour faire rent avec les apprentissages conduits d’effectuer des choix.
des choix dans les autres et les étayent. Autre exemple, en maternelle, on
Une réflexion sur les programmes, Pour revenir à l’histoire des arts, peut croiser activités physiques,
leurs objectifs et enjeux s’impose, nous prendrons ici un exemple, au construction de l’espace, mathé-
notamment lorsque de nouveaux cycle 3, regroupant, dans un pro- matiques et langage (celui-ci étant
contenus sont à enseigner tels ceux jet pédagogique transdisciplinaire, au centre de tout apprentissage).
liés à l’histoire des arts, par exem- Chaque situation d’apprentissage
ple. Par ailleurs, la conception de comporte là encore ses propres
Si l’enseignant est persuadé qu’il ne
l’apprentissage nécessite particu- objectifs et, lorsqu’on est en activi-
lièrement réflexion lorsque le dis-
transmet pas le savoir, mais qu’il aide tés physiques, c’est à celles-ci qu’il
cours ambiant, même s’il réaffirme les élèves à le construire, alors, préparer convient de se consacrer. Mais, en
la liberté pédagogique des maîtres, sa classe, c’est concevoir des situations, relation avec elles, l’installation
laisse transparaître une conception organiser les tâches pour que les élèves d’ateliers de lancers peut être re-
transmissive de l’acquisition des apprennent. prise en classe dans la réalisation
connaissances. La question “Com- d’une maquette propice à des ac-
ment l’enfant apprend-il ?” s’avère histoire, littérature, arts visuels et quisitions d’ordre spatial. Évaluer
alors d’autant plus d’actualité. Ceci musique pour une étude des temps les performances peut par ailleurs
est encore conforté par le fait que modernes. L’objectif général est, à conduire à travailler les mesures, à
de nombreuses ressources pour la faveur de ces disciplines, de com- construire un étalon mesureur, puis
préparer la classe, aisément acces- prendre la société du temps des à reporter les résultats dans un ta-
sibles sur Internet, sont inspirées rois. L’entrée avec les élèves peut bleau. Dans le même temps, des
de principes, de valeurs qu’il faut alors se faire par les arts visuels en compétences transversales liées
être capable de déterminer et de partant de l’art classique et du ba- aux comportements à développer
comprendre. Tout acte pédagogi- roque pour poser la période. Arts dans le cadre du vivre ensemble se-
que étant toujours sous-tendu par visuels et arts de l’espace d’une ront également visées.
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Document préparé pour JEAN CLAUDE CHARNET <jc.charnet@wanadoo.fr>
Organiser
concrètement
sa pratique
Même quand l’enseignant sait que,
face à sa classe, il entrera facile-
ment en relation avec les élèves,
cela ne suffira pas pour que les élè-
ves apprennent. S’il est persuadé,
comme nous le pensons, qu’il ne
transmet pas le savoir, mais qu’il
aide les élèves à le construire, alors,
préparer sa classe, c’est concevoir
des situations, organiser les tâches
pour que les élèves apprennent.
C’est déjà susciter l’adhésion des
© Mélanie Frey/Fedephoto
élèves face à une tâche qu’ils n’ont
pas forcément choisie. Comment y
parvenir ? On sait que des élèves
de CM2 ne vont pas spontanément
s’intéresser à la juxtaposition et la
coordination de phrases, sauf si on La question de l’organisation de L’enseignant, dès qu’elles surgissent (grâce à une
leur en montre l’utilité pour l’ex- la classe et du rôle de l’enseignant tel un metteur écoute des élèves et une observation
en scène (selon
pression, à partir d’un texte tel En pour répondre à ces impératifs se l’expression
attentive de leurs productions orales
partie double de Raymond Que- pose, elle, en ces termes : travail col- d’André ou écrites), de trouver la bonne stra-
neau1. À l’école maternelle, comme lectif ? En ateliers ? Par groupes ? Giordan), tégie, de différencier les approches,
recherche les
à l’école élémentaire d’ailleurs, une À quel moment de la situation d’ap- les démarches, les exercices, etc. Là
conditions
mise en problème telle que “Com- prentissage ? Les élèves auront-ils nécessaires à la encore, c’est un problème de choix.
ment soigner les plantes de la clas- des aides matérielles pour soutenir réalisation des Avec des élèves de cours préparatoi-
se ?” peut amener les élèves à vou- leur effort ? Lesquelles ? Quel rôle apprentissages. re, par exemple, ne faut-il pas inter-
loir en savoir plus et à acquérir des pour l’enseignant, où se trouve-t-il, venir avant la séance plutôt qu’après
connaissances scientifiques. Des avec quel groupe ? Quand inter- avec ceux rencontrant des difficultés
projets d’activités telles que réali- vient-il ? Etc. Les réponses sont diffé- en lecture, pour fixer le lexique, dé-
ser un journal scolaire, accueillir rentes suivant les disciplines, les ac- velopper les activités d’écoute ou
des correspondants pour un goûter, quis, et les besoins des élèves. C’est aborder les correspondances gra-
réaliser une exposition ou monter ce qui complique la préparation de pho-phonologiques ?
un spectacle peuvent faire apparaî- la classe : choisir son organisation Ainsi, le travail de préparation de la
tre certains apprentissages comme et sa posture en tenant compte du classe, à quelque niveau que l’on se
indispensables. C’est là encore le savoir, des compétences à acquérir, situe de l’école primaire, est un tra-
sens que les élèves vont donner mais aussi des apprenants, oblige à vail expert et exigeant qui va bien
au savoir qui entraînera leur désir des réajustements continus et rend au-delà de la stricte application des
de l’acquérir. D’où la nécessité de impossible l’utilisation de séquen- contenus de l’enseignement définis
monter des projets. ces toutes prêtes sans une adapta- par les instructions officielles. C’est
Nous savons également que les tion au contexte de la classe. (Pour une dimension fondamentale du
élèves apprennent au cours de si- toutes ces questions, voir page 22.) métier d’enseignant qui, inlassable-
tuations de recherche, de commu- ment, doit “sur le métier remettre
nication et d’échange. Ils doivent Un travail d’expert son ouvrage” et nécessite une for-
pouvoir confronter ce qu’ils trou- Ainsi, l’enseignant, tel un metteur mation en conséquence.
vent, le formuler, argumenter, pren- en scène pour reprendre l’expres- Françoise Picot
dre conscience de leurs erreurs. sion d’André Giordan2, recherche Anne Popet
Mais nous savons aussi que, pour les conditions nécessaires à la réa-
1. Un des récits de Exercices de style dans
apprendre, il est essentiel de struc- lisation des apprentissages. Encore lequel Raymond Queneau raconte, de ma-
turer les savoirs, d’organiser ce qui faut-il ajouter : pour tous. Cela im- nière différente, 99 fois la même histoire.
2. “L’enseignant, d’abord un metteur en scè-
a été découvert, de formaliser, de plique d’être attentif au parcours de ne” (www.andregiordan.com/articles/ecole/
mémoriser. chacun, d’identifier les difficultés ensmettenscene.html).
© D. R.
ment le temps qui passe, que “les
Anticiper enfants classent naturellement en Patricia Gouault née pour favoriser cet apprentis-
a programmé
Ce jour de printemps, Patricia numérique sans tenir compte des sage. Ainsi avait-elle programmé,
une séance
Gouault programme donc une semaines”. C’est seulement en fin qui conduit à en automne, une sortie scolaire
séance qui conduit à la fabrication d’année, au mois de juin, que Patri- la fabrication avec ses élèves pour ramasser des
individuelle d’un livre des saisons. cia Gouault s’interrogera avec ses individuelle feuilles dans le parc non loin de
d’un livre des
Celle-ci permet d’évaluer la capaci- élèves sur la composition du mois, saisons. l’école. De même, en hiver et dans
té des enfants à traduire dans l’es- remarquera que le 1er ne tombe pas le cadre d’un atelier en arts plasti-
pace (à partir d’une frise), et dans nécessairement un lundi, organi- ques, les enfants ont travaillé avec
l’ordre chronologique, le déroule- sera un calendrier en semaine puis des feuilles dorées. Mais quand, un
ment des saisons. Cette activité fait démarrant le lundi. “Il n’y a pas matin, la neige avait recouvert le
appel à un travail de mémoire et de notion de temps sans question sol de la cour, les enfants ont été
d’évocation – se souvenir d’un pas- d’organisation du temps humain, invités à marcher sur ce tapis blanc
sé plus ou moins proche – et à la social.” Tout cela est pensé et fait pour y laisser des traces. Un mo-
capacité d’anticipation (se projeter partie de la préparation de classe. ment fort, inattendu, qui marque-
dans le futur, l’été à venir). Patricia L’autre aspect de la préparation ra encore plus ces jeunes esprits.
Gouault expliquera ensuite la dé- passe par la construction de repè- Au printemps, dans le cadre de la
marche qui a précédé cette activi- res. Si la plupart des activités sont découverte du monde, les enfants
té : “En grande section, la notion de programmées, l’enseignante profite ont planté des fleurs, qu’ils entre-
temps doit être abordée de façon de chaque occasion qui lui est don- tiennent et qu’ils observent.
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Réaliser
Patricia Gouault a construit la
séance de ce jour en deux temps :
d’abord collectif, puis individuel. Ce
temps collectif lui permet de pré-
© D. R.
senter l’activité et de donner les
consignes de travail. Assis sur les
bancs autour de leur enseignante, présentées sur une frise. L’objec- La séance est printemps. Travail pluridisciplinaire
construite en
les enfants sont invités à décrypter tif est de traduire dans l’espace le deux temps,
que Patricia privilégie dans sa pré-
les symboles inscrits sur le tableau, déroulement du temps. À charge collectif puis paration. Les élèves peuvent main-
un œil et une bouche, ce qui parti- pour les élèves de le reconstruire, individuel. Le tenant procéder au collage. Patri-
cipe chez eux au développement de dans l’ordre chronologique, avec temps collectif cia Gouault laisse les enfants agir,
permet de
la pensée symbolique. “J’observe, je les visuels les quatre saisons. L’en- présenter apportant des précisions si besoin,
dis”. Effectivement, l’enseignante seignante vérifie toutefois la bonne l’activité et canalisant les attentions de ceux
a préparé quatre grandes feuilles compréhension en les interrogeant. de donner les qui se déconcentreraient, stimu-
consignes de
blanches avec des mots et des vi- “Pourquoi utilise-t-on un parasol travail. lant ceux qui ont plus de difficultés.
gnettes, qu’elle affiche au tableau. (première vignette) ?” “Pour ne pas Elle s’octroie toutefois des temps
Après 5 minutes d’observation si- prendre de coups de soleil.” C’est d’observation, des instants fonda-
lencieuse, les enfants peuvent s’ex- donc l’été. La vignette des feuilles mentaux pour la construction des
primer et répondre à la question : évoque l’automne, l’enseignante en apprentissages. Chaque production
“Que voyez-vous au tableau ?” Ce profite pour leur rappeler leur sortie d’élève est l’occasion d’évaluer.
moment de langage collectif a scolaire pour ramasser des feuilles.
d’abord pour objectif de retrouver, à La vignette suivante représente des Réajuster
travers les repères visuels (la feuille œufs. L’association est plus diffici- Durant la phase de travail indivi-
dorée, les fleurs) les quatre saisons le et Patricia Gouault montre à la duel, Patricia Gouault a pu relever
de l’année. Il est aussi l’occasion classe En attendant les hirondelles des difficultés chez certains de ses
de travailler sur le langage d’évo- (Éditions Thierry Magnier), ouvrage élèves, que ce soit dans la construc-
cation, d’enrichir le vocabulaire, et qu’ils ont lu ensemble. Dans le ca- tion de la frise, et donc le repérage
de travailler sur la construction de que cela induit, ou l’entrée dans
la phrase. De même, les noms des La séance autour des saisons a été l’écrit et la précision du graphisme.
saisons inscrits sur les étiquettes programmée à une époque de l’année Lors des séances suivantes, ce tra-
participent d’abord à leur recon- où les enfants ont acquis suffisamment vail d’analyse la conduira à réajus-
naissance et leur classement dans de repères pour pouvoir mener à bien ter certaines activités. “Je veille à
un ordre chronologique, mais per- ne jamais laisser tomber un enfant
cette activité.
mettent également de préparer les dans l’apprentissage”, souligne-t-
enfants à l’entrée dans l’écrit, autre elle.
compétence devant être atteinte dre de son travail de préparation, Lorsque les élèves auront terminé
en fin de maternelle. l’enseignante se rend régulière- leur livre-accordéon sur les saisons,
La seconde phase, individuelle, ment dans une bibliothèque pour ils l’emporteront chez eux : une ma-
peut commencer et chaque enfant choisir des livres qu’elle présentera nière de favoriser l’échange entre
rejoint sa place. L’enseignante a ensuite en classe. Certains se sou- parents et enfants sur ce temps de
préparé une feuille pliée en accor- viennent, dans l’histoire, que les l’école.
déon et un ensemble de vignettes oiseaux faisaient leur nid : c’est le Stephanie Dizel Doumenge
l’école aujourd’hui n°11 septembre 2010 25
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