DROIT DE LA FAMILLE
2021
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INTRODUCTION
La notion de famille n’a pas fait l’objet d’une définition ni par le Code civil et ni par le Code
togolais des personnes et de la famille. Néanmoins, on retrouve dans ces codes, certaines dispositions qui
y font allusion à travers des expressions comme l’intérêt de la famille, le bon père de famille s’agissant du droit
français et en droit togolais, le chef de famille (art 99 CPF), la résidence de la famille (art 102 CPF). De nos
jours, la notion de famille, recouvre des réalités diverses et variées. Il peut s’agir d’un couple ou d’un seul
parent avec enfant ou d’ensemble d’individus qui descendent d’un ancêtre commun.
En sociologie, la famille se définie comme un groupe d’individus unis par une communauté de
vie et également, dans de nombreux cas par un lien de sang.
En droit, la famille renvoie à un ensemble d’individus unis par la parenté ou l’alliance. La
famille constitue le groupement fondamental de la société dont l’alliance et la parenté sont le ciment.
Ces deux notions peuvent se réunir dans une même famille. Il s’agit de relations juridiques entre les
différentes personnes composant une famille et donnant à chacune d’elles une place bien déterminée.
L’alliance est un lien de droit tandis que la parenté est un lien biologique. L’alliance est le lien unissant un
époux aux parents de son conjoint (art. 172 alinéa 2 CPF). Ce lien d’alliance découle du mariage (art.
172 alinéa 1er CPF), qui crée ainsi un lien d’alliance mutuelle entre les époux et leurs familles respectives.
La parenté, hormis la parenté adoptive, est la condition de deux personnes qui descendent l’une de
l’autre (c’est la parenté en ligne directe i.e ascendant, descendant ; exemple enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants,
parents, grands-parents, arrière-grands-parents, etc.) ou d’un auteur commun (c’est la parenté en ligne collatérale
exemple : les frères et sœurs, les cousins et cousines, les oncles et tantes, les nièces et neveux).
On assiste à une mutation de la famille, laquelle ne se résume plus à un modèle unique (pluralisme
des modèles familiaux). Malgré cette évolution, les deux éléments essentiels de la famille demeurent : c’est le
couple et l’enfant. Concernant le couple, plusieurs statuts sont proposés. Il s’agit du mariage, du
concubinage (ou union libre, désigne une union hors mariage présentant une certaine durée et une certaine stabilité. Il
s’agit de l’union de fait entre deux personnes de même sexe ou de sexe différent vivant maritalement art. 515-8 C. civ) et
du pacs (pacte civil de solidarité est un contrat conclu par deux personnes physiques majeurs, de sexe différent ou de même
sexe, pour organiser leur vie commune art. 515-1 C. civ). Mais, il convient de préciser que contrairement au droit
français, le droit togolais ne connait pas les deux derniers statuts. Le droit togolais fait donc du mariage,
le seul cadre d’épanouissement de la famille. Nous allons donc dans le cadre de cette analyse, nous limiter
au mariage.
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LE MARIAGE
Le Code civil ne donne pas la définition du mariage. Il se limite à une énumération des éléments
et des conditions. Le mariage peut se définir comme l’union de deux personnes dont la constatation
nécessite un acte juridique solennel et qui produit des effets imposés de manière impérative par la loi.
En droit togolais, l’article 41 du CPF définit le mariage comme « l’acte civil public et solennel par
lequel un homme et une femme établissent entre eux une union légale et durable dont les
conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par le présent Code ».
Par ailleurs, il faut retenir qu’en matière de mariage, il existe le principe de la liberté nuptiale,
ce qui suppose la liberté de se marier, de refuser le mariage et de choisir son conjoint. C’est ce qui ressort
de l’article 43 du CPF qui dispose que « L’homme et la femme choisissent librement leur conjoint
et ne contractent mariage que de leur libre et plein consentement ».
Enfin, la question de la nature juridique du mariage a préoccupé pendant un temps la doctrine.
La question se posait de savoir si le mariage devait être considéré comme un contrat ou une institution.
Pour une partie de la doctrine, le mariage serait un contrat. Supposant un accord des futurs époux, il est
donc un contrat puisque le mariage exige le consentement, un accord de volonté produisant des effets.
C’est qu’on appelle la conception classique et canonique du mariage.
Pour une autre partie de la doctrine, le mariage serait une institution. Ici, l’accord des époux portera sur
un statut légal imposé impérativement par la loi, sans possibilité de modifications. On estime que les
personnes s’unissent dans le but de créer quelque chose. Cette conception du mariage privilégie l’ordre
public qui y prend une place importante.
De nos jours, on peut affirmer que le mariage est à la fois un contrat et une institution. Un contrat, car
la part de volonté est importante. Mais aussi une institution puisque l’intervention de l’autorité publique
est également substantielle. Ainsi, les époux ne peuvent pas supprimer ce statut légal par leur seule volonté
sous réserve des dispositions sur le divorce par consentement mutuel (article 117 CPF « le divorce par
consentement a lieu sur demande conjointe des époux ou par suite d’un accord postérieur constaté devant le juge du
contentieux »).
A travers l’article 43 du CPF, on retient donc que la formation du mariage exige certaines
conditions (chapitre 1). Une fois célébré, le mariage produit des effets (chapitre 2). Enfin, le ménage peut
connaître des crises pouvant conduire à la dissolution du mariage (chapitre 3).
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CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS DE FORMATION DU MARIAGE
Le mariage a un caractère laïc et donne lieu à une cérémonie civile faisant intervenir un officier d’état civil
(en France on parle de cérémonie républicaine). Sa formation est soumise à l’observation de conditions
de fond (section 1) et de conditions de forme (section 2) qui s’imposent aux époux tout en leur laissant
la liberté de choisir ensuite une célébration religieuse. Le non-respect de ces conditions entraîne des
sanctions (section 3).
Deux conditions physiologiques sont prévues par la loi togolaise : la différence de sexe et l’exigence d’un
âge minimum.
A. La différence de sexe
En droit togolais, pour contracter un mariage, les futurs époux doivent être de sexe différent. Ce qui
ressort de la définition donnée par l’article 41 du CPF (« le mariage est l’acte civil public et solennel par lequel
un homme et une femme établissent entre eux une union légale et durable… »). En droit français, la différence de
sexe entre les futurs époux n’est plus exigée, ouvrant ainsi le mariage aux couples homosexuels (article
143 du Code civil issu de loi du 17 mai 2013 sur le mariage pour tous, « le mariage est contracté par deux
personnes de sexe différent ou de même sexe »).
En droit togolais, une telle condition ne fait pas l’objet d’une prescription expresse du CPF mais est sous-
entendue. C’est ainsi que l’article 43 alinéa 1er du CPF prévoit que « l’homme et la femme choisissent librement
leur conjoint et ne contractent mariage que de leur libre et plein consentement ». Aussi, l’article 43 alinéa 2 du CPF
en fixant l’âge minimum des époux, insiste sur la différence de sexe (« l’homme et la femme avant dix-huit (18)
ans ne peuvent contracter mariage »). C’était également le cas en France avant la réforme de 2013 où l’article
144 du Code civil donnait l’âge de la femme et de l’homme, ainsi que l’article 75 relatif à la déclaration
par laquelle les parties « veulent se prendre pour mari et femme ».
Deux conséquences pour aient être tirées de l’exigence de la différence de sexe. La 1re est liée à la question
de l’indétermination du sexe (1) et la seconde au problème du transsexualisme (2).
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1. L’indétermination du sexe
Le problème soulevé ici est celui de la malformation, des imperfections voire de l’impuissance du
sexe d’un des époux. Certaines étranges malformations physiques peuvent rendre indéterminable le sexe
d’un des époux. On parle dans ce cas de vice de conformation.
Selon la jurisprudence traditionnelle, l’imperfection ou la déficience des organes internes,
notamment l’impuissance du mari, ne permet pas à elle seule d’obtenir l’annulation du mariage dès lors
que le sexe de l’époux diffère de celui de son conjoint. C’est ainsi qu’elle refusait la nullité du mariage en
cas de faiblesse ou de l’imperfection des organes génitaux. Mais elle prononçait la nullité lorsque le sexe
est véritablement méconnaissable dans son apparence extérieure.
La rigueur de la jurisprudence traditionnelle est assouplie sous l’effet des progrès techniques mais
surtout de la prise de conscience de la complexité des éléments constitutifs du sexe. Ainsi, la jurisprudence
est passée de la nullité pour indifférenciation ou méconnaissance de sexe à une nullité pour erreur sur les
qualités essentielles de la personne.
2. Le transsexualisme
On entend par transsexualisme, le syndrome qui affecte une personne dont le sexe est
physiologiquement et biologiquement déterminé mais qui a la conviction profonde d’appartenir
au sexe opposé. L’individu qui souffre de ce syndrome cherche à mettre en harmonie son apparence
physiologique et ce qu’il considère comme la réalité en recourant à des traitements hormonaux et à des
opérations chirurgicales longues et pénibles.
Le mariage des transsexuels est une question qui n’est pas définitivement tranchée en droit
français alors que le droit togolais reste silencieux sur la question. En droit français à la suite de sa
conversion sexuelle, le transsexuel peut obtenir une carte d’identité et une carte de sécurité sociale
affichant son sexe apparent. La jurisprudence française jusqu’en 1992 refusait au transsexuel la
modification ou la rectification de son acte d’état civil au motif que l’état des personnes est indisponible.
Condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme le 25 Mars 1992, la Cour de cassation admet
depuis que le transsexuel pouvait faire modifier son état civil.
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En France, la loi du 4 Mars 2006 dont le but est de lutter contre les violences conjugales en particulier à
l’égard des femmes a unifié l’âge légal du mariage. Cet âge pour les hommes comme pour les femmes, est
de 18 ans. Cette réforme visait à éviter les mariages forcés encore très fréquents dans les familles issues
de l’immigration.
Il en résulte qu’au Togo comme en France, aucune personne ne peut se marier avant l’âge légal de 18 ans.
En dessous de l’âge, l’individu est considéré comme impubère. Pour pouvoir se marier, il doit obtenir
une dispense pour « motifs graves » ou « motifs sérieux » qui est délivrée au Togo par le Président du
tribunal ou le juge aux affaires matrimoniales du lieu de célébration (art 43 al 3 CPF) et est demandée en
France au procureur de la République (art 145 C. civ). Le juge togolais ne peut délivrer de dispense d’âge
si le bénéficiaire n’a pas atteint 16 ans révolus (art 43 al 4 CPF). Le motif sérieux le plus souvent invoqué
à l’appui de la demande de dispense est la grossesse.
Enfin, la loi n’impose aucun âge maximum au mariage. Le mariage in extremis (i.e que le décès de l’un
des époux est imminent) est donc possible lorsque le consentement exprimé est lucide. Ainsi, la
prohibition du mariage ne concerne que les enfants ; pas les personnes âgées. Cette situation est
parfaitement résumée par Honoré de BALZAC lorsqu’il écrit que, « les ancêtres peuvent s’opposer au
mariage de leurs enfants, mais les enfants ne peuvent pas empêcher les folies des ancêtres en
enfance ».
Dans le cas du mariage in extremis, il est possible à l’officier d’état civil de se transporter au domicile ou à
la résidence de l’une des parties pour célébrer le mariage en cas d’empêchement grave (art 76 et 77 CPF ;
art 75 al 2 C. civ).
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1. Le courtage matrimonial
Il peut se définir comme une convention par laquelle un professionnel s’entremet pour rapprocher des
personnes désireuses de se marier. Jusqu’en 1944, le courtage matrimonial a été considéré par la
jurisprudence comme un contrat nul, car contraire à l’ordre public par son objet. Il est désormais admis
dès lors qu’il ne porte pas atteinte à la liberté du consentement. L’objectif du courtage ne limite
simplement à rapprocher l’homme et la femme sans les inciter au mariage. Il doit avoir aussi une cause
et un objet licite. Par conséquent, une personne déjà mariée ne peut conclure de contrat de courtage
matrimonial.
Cette convention est conclue pour une durée déterminée ne pouvant excéder un an. Elle ne peut
être renouvelée par tacite reconduction et le contrat doit prévoir une faculté de résiliation pour motif
légitime au profit des deux parties. Dans la pratique, le contrat de courtage ne peut être ouvert qu’au
célibataire, veuf ou veuve non remariée. Le CPF ignore le courtage matrimonial.
2. La clause de célibat
Cette clause se rencontre dans un acte juridique. Elle a pour but de subordonner les droits d’une
personne à la condition qu’elle demeure célibataire. Elle peut être insérée dans le contrat à titre onéreux
ou à titre gratuit.
Dans les contrats à titre onéreux, cette clause se retrouve essentiellement dans les contrats de travail.
Par principe, la clause de célibat est nulle. On considère que le droit au mariage constitue un droit
individuel d’ordre public qui ne peut être limité ou aliéné. C’est ainsi que la jurisprudence annulait les
clauses de célibat insérées dans le contrat de travail des hôtesses de l’air et des personnels navigants sauf
si la clause est justifiée exceptionnellement par un cas de nécessité impérieuse exigé par les nécessités de
la fonction (enseignants d’établissements religieux).
Dans les actes à titre gratuit, la clause de célibat renvoie à une situation selon laquelle un individu
pour bénéficier d’un legs ou d’une donation doit rester célibataire ou doit se marier à telle personne
désignée. Un arrêt de principe a annulé cette clause lorsqu’elle est guidée ou inspirée par un motif
illégitime tel le sentiment de « jalousie posthume ». En d’autres termes, la clause est valable à la condition
d’être légitimement motivée. Elle est également valable lorsqu’elle est motivée par l’intérêt du bénéficiaire
de la donation ou lorsqu’elle est motivée par l’affection du disposant.
3. Les fiançailles
La notion de fiançailles n’est pas évoquée par le Code civil. Les fiançailles désignent une promesse
réciproque de mariage. Cet engagement n’a aucune valeur juridique. Ainsi, chaque fiancé conserve
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toujours le droit de rompre. La jurisprudence française considère les fiançailles comme un simple fait
juridique qui emporte, toutefois, un certain nombre de conséquences :
-
elles ne constituent donc pas un acte juridique « toute promesse de mariage est nulle, en soi, comme portant
atteinte à la liberté illimitée qui doit exister dans le mariage » ;
-
la rupture injustifiée des fiançailles peut être constitutive d’une faute (délictuelle) ouvrant droit à
réparation si le fiancé délaissé prouve le caractère injustifié de la rupture ainsi que son préjudice
moral ;
-
les donations faites à l’occasion des fiançailles doivent être restituées lorsque les fiançailles sont
rompues. On estime qu’elles ont eu lieu à la condition qu’il y ait mariage (art 1088 C. civ). Les
présents ou cadeaux d’usage c’est-à-dire des présents modiques eu égard à la fortune et au train
de vie du donateur, sont conservés par celui qui les a reçus sauf s’il s’agit de bijou de famille.
Enfin, la bague de fiançailles, est en principe restituée sauf en cas de rupture fautive, la fiancée
victime de la rupture fautive la conserve. Mais, lorsque la bague est un bijou de famille, celle-ci
est restituée quelle que soit la nature de la rupture, car on estime que la bague est remise à la
fiancée en vertu d’un prêt à usage.
-
En cas d’accident mortel d’un fiancé, le fiancé survivant peut obtenir réparation de son préjudice
matériel ou moral sur le fondement de l’article 1382 du Code civil (1240 nouv. C. civ.).
La conception du législateur togolais relative aux fiançailles diffère sensiblement de celle du droit
français. En effet, l’article 36 du CPF dispose que : « les fiançailles sont une convention solennelle
par laquelle un homme et une femme se promettent mutuellement mariage ». Cependant, l’article
38 du même code dispose que « lorsqu’il y a fiançailles, cette convention n’oblige pas les fiancés à
contracter mariage ».
La doctrine togolaise tire deux conséquences de ces dispositions qui semblent à première vue
contradictoires. D’abord, les fiançailles sont bien un contrat soumis à des conditions de fond et de forme
(même condition que pour le mariage, sauf l’âge, formalisme de la célébration publique). Ensuite, même
si les fiançailles sont un contrat, elles n’engagent pas les parties sauf lorsque leur rupture est fautive et
crée un préjudice à une partie (art. 40 CPF). Dès lors, les fiançailles au Togo sont un contrat quant à leur
existence mais un fait juridique quant aux effets qu’elles peuvent produire en cas de rupture surtout
lorsque celle-ci est fautive (art. 40 CPF).
Par ailleurs, en droit togolais, la distinction entre les donations faites à l’occasion des fiançailles et les
dépenses occasionnées par les fiançailles n’est pas aisée. Il est interdit, en droit togolais, de rembourser
ou d’indemniser ces dernières (art. 40 al 2 CPF). Par conséquent, les donations faites entre fiancés lors
des fiançailles ne peuvent faire l’objet ni de restitution, ni de remboursement à la suite de rupture même
fautive car elles sont supposées rentrer dans les dépenses occasionnées par les fiançailles.
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A cette hésitation, viennent s’ajouter la situation des donations faites par les tiers aux fiancés et le sort
des régimes des bagues de fiançailles, en particulier, lorsqu’elles sont des bijoux de famille.
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- L’altération des facultés mentales
Il n’y a point de consentement si l’époux qui le donne n’est pas en possession, en ce moment, de ses
facultés mentales. C’est ainsi qu’une personne atteinte d’un trouble mental se faisant sentir au moment
de la célébration (état d’ivresse, personne sous l’empire de la drogue, moribond) n’est pas considérée
comme consciente et ne peut contracter un mariage valable. La sanction d’un tel mariage serait la nullité
absolue. Toutefois, un incapable majeur peut valablement se marier lors d’un intervalle lucide à la
condition, qu’il ait lui-même, préalablement donné son consentement. Le consentement du majeur
incapable doit être donné pendant cet intervalle lucide et il doit aussi obtenir les autorisations légales s’il
est placé sous un régime de protection telle la tutelle ou la curatelle.
Enfin, le mariage in extremis, c’est-à-dire le mariage du mourant est possible s’il a pu exprimer une volonté
qui révèle un choix conscient.
-La violence
Le consentement au mariage doit être libre. On dit qu’il est vicié lorsqu’il est donné sous l’empire de la
crainte approuvée par l’un des futurs époux, sous l’effet de la contrainte exercée sur lui par l’autre époux
ou par un tiers. L’article 180 al 1er du Code civil dispose que « Le mariage qui a été contracté sans
le consentement libre des deux époux, ou de l’un d’eux, ne peut être attaqué que par les époux,
ou par celui des deux dont le consentement n’a pas été libre ».
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L’article 44 al 3 CPF dispose « Le consentement n’est point valable s’il a été extorqué par violence
(…) ». La violence est cause de nullité.
Cette violence résulte essentiellement d’une contrainte morale. La violence est appréciée in concreto comme
en droit commun, compte tenu de l’âge et du sexe de la victime. La violence doit présenter une certaine
gravité et doit avoir été injuste. Elle est difficile à prouver. Mais à la différence de droit commun (art 1114
c civ.) la seule crainte révérencielle envers les parents peut désormais suffire à constituer une contrainte
au mariage.
-L’erreur
L’erreur comme vice du consentement réside dans une appréciation inexacte de la réalité. En matière de
mariage, l’erreur est prise en compte par les articles 180 al 2 du code civil et 44 al 3 du CPF « (…) s’il
n’a été donné que par suite d’une erreur sur l’identité physique, civile ou sur une qualité
essentielle telle que l’autre époux n’aurait pas contracté s’il avait connu l’erreur ».
Dans les deux cas, l’erreur doit porter sur la personne ou sur les qualités essentielles de la personne.
L’erreur sur la personne ou encore erreur sur l’identité renvoie à l’erreur sur l’identité physique qui
s’entend d’une substitution d’une femme à une autre ou d’un homme à un autre.
Elle peut porter sur l’identité civile qui suppose l’usurpation de l’état civil d’une autre personne ou encore
la dissimulation de la véritable nationalité. Tout comme en matière des contrats, l’erreur, vice de
consentement doit être déterminante pour être cause de nullité.
En matière d’erreur sur les qualités essentielles, la difficulté est de savoir ce qui est essentiel dans les
qualités d’une personne qui sont des caractéristiques morales, intellectuelles, spirituelles, physiques ou
même socioprofessionnelles qui peuvent la distinguer des autres. Mais seules les qualités qui sont
essentielles sont à retenir sur la personne (art 180 al 2 C civ. ; art. 44 CPF). Ne sont pas prises en compte
les considérations touchant au patrimoine de la personne (sa richesse, sa fortune) mais aussi ses
déceptions personnelles.
Rentrent ainsi dans les qualités essentielles : l’ignorance de la qualité de divorcé, l’aptitude à procréer,
l’ignorance que le futur conjoint était sous curatelle ou encore l’erreur sur la santé mentale du conjoint.
L’erreur sur les qualités essentielles, pour être admise, doit être déterminante. Déterminante, l’erreur peut
être appréciée à partir de deux conceptions : subjective et objective. La conception subjective de l’erreur
suppose que la qualité essentielle pour un époux est si importante que s’il avait su que son futur époux
en était dépourvu, il n’eût pas contracté mariage.
L’erreur peut être aussi appréciée de façon objective. Ici, les qualités essentielles de la personne sont
appréciées ou analysées relativement à l’essence du mariage. Ce sont ces qualités qui sont si importantes
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dans le mariage que sans elles, il n’y aurait véritablement pas mariage. L’appréciation ici de l’erreur est
faite selon les critères sociologiques de l’institution du mariage. Ce critère sociologique peut être évolutif
car il est lié à l’opinion que les gens se font de l’institution du mariage.
L’action en nullité est exercée par l’époux seul dont le consentement a été vicié. Mais l’action, semble-t-
il, peut-être transmise aux ayants cause universels.
Enfin, le dol n’est pas pris en compte en matière de mariage en application de la maxime de Loysel, « en
mariage, trompe qui peut ».
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Enfin, en cas de dissentiment entre les parents, ce désaccord vaut consentement à mariage en droit
français (art. 148 C. civ) alors qu’en droit togolais, depuis le nouveau code des personnes et de la
famille, le désaccord des parents emporte refus de l’autorisation (art. 45 CPF).
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entre proches parents et ensuite par des raisons d’ordre moral mettant l’accent sur les risques des
désordres familiaux.
On distingue ainsi l’inceste absolu dont l’interdit est justifié par l’ordre public matrimonial (1) et l’inceste
relatif qui présente un caractère contingent (accidentel, inattendu) (2).
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de grossesse de la femme (art 164 et 366 civ) ou d’après les termes utilisés par le législateur togolais,
des causes sérieuses (art 54 al 2 CPF).
Au Togo, le seul cas d’inceste relatif dans lequel la dispense au mariage peut être demandée est celui des
cousins-cousines au 4e degré (art 54 CPF).
En droit français, il existe un nombre plus grand d’hypothèses de mariage interdit qui peuvent bénéficier
de dispense. Il en est ainsi de certains alliés en ligne directe, tels que beaux-parents et beaux-enfants
lorsque le mariage de la personne qui a créé l’alliance est dissous par décès. Il en est de même de mariage
de certains parents en ligne collatérale tels oncle-nièce, tante-neveu, entre adopté et enfant de l’adoptant
ainsi qu’entre les enfants adoptifs d’un même individu (art 366 civ).
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dissolution du précédent mariage » (voir art 228 C. civ). Cette interdiction se justifie par le souci
d’éviter ce que l’on appelle une confusion de part, c’est-à-dire une incertitude sur la paternité de l’enfant
qui viendrait à naître pendant ce délai. Il s’agit de prévenir les difficultés qui pourraient surgir concernant
l’établissement de la filiation de l’enfant dont la mère pourrait être enceinte.
Cette interdiction serait devenue obsolète compte tenu des progrès techniques constants réalisés dans la
démonstration de l’exactitude, sur le plan biologique, des liens de filiation. D’ailleurs, cette exigence a été
abandonnée en droit français depuis la réforme du divorce issue de la loi du 26 mai 2004. Mais le droit
togolais l’a encore maintenue.
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non d’un mariage antérieur non dissous, savoir quel régime matrimonial ils veulent adopter et quelle
option de régime de succession ils entendent prendre.
En France, l’officier d’état civil procède à l’audition commune des futurs époux avant la publication des
bans ou la célébration sous peine d’amende (art 63 al 4 et 5 civ). L’officier d’état civil peut renoncer à
cette audition, non pas, en cas d’impossibilité, mais seulement au vu des pièces du dossier si l’audition
s’avère inutile. Le but de l’audition est de permettre à l’officier d’état civil de « déceler les indices d’un
mariage de complaisance ou d’un mariage forcé ». En cas de soupçon, l’officier peut prendre
l’initiative d’auditionner séparément les futurs époux.
A- La cérémonie de célébration
La cérémonie a lieu à la date ou le jour retenu par les parties. La célébration se fait à la mairie où l’un des
époux à son domicile ou sa résidence établie depuis au moins un mois (art 165 c.civ), trois mois au
Togo (art 75 al 2 CPF). Le mariage est célébré en public, les portes de la mairie devant être ouvertes. Il
est célébré devant des témoins (2 au minimum, 4 au maximum).
Le procureur de la République peut autoriser la célébration du mariage au domicile ou résidence de l’un
des époux (art 75 c.civ et 76 et 77 CPF) en cas d’empêchement grave ou de péril imminent. Au Togo,
le juge aux affaires matrimoniales peut aussi autoriser la célébration dans ses conditions. Dans ce dernier
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cas, l’officier d’état civil se transporte au domicile avant toute réquisition ou autorisation du procureur
(art 77 CPF).
Même dans ces hypothèses exceptionnelles, les portes de la maison où est célébré le mariage doivent être
ouvertes.
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D-/ Le déroulement de la cérémonie
L’officier d’état civil débute la cérémonie en faisant état des pièces fournies par les époux et en donnant
lecture de différents articles relatifs aux droit et devoir des époux : art 213 à 215 c.civ et 271-1 c.civ ; les
articles 97 al 1 à 100, 102, 108, 403 et 404 CPF.
En France tout comme au Togo, le célébrant demande aux futurs époux si un contrat de mariage a été
conclu pour en faire mention dans l’acte de mariage. Après lecture des dispositions ci-dessus, l’officier
d’état civil recueille l’échange de consentement des époux (art 44 CPF) l’officier dresse sur le champ
l’acte de mariage qui est signé par les époux, puis par les ascendants lorsque ceux-ci doivent consentir au
mariage mais ne l’ont pas encore fait et par les témoins et enfin par l’officier d’état civil.
Le mariage est mentionné en marge de l’acte de naissance des époux (art 76 c.civ ; 82 CPF).
Le mariage d’un français ou d’un togolais à l’étranger est valable s’il est célébré selon les formes usitées
dans les pays sous réserve de l’observation des articles 63 et 170 C.civ ou 81 CPF. Ce mariage est valable
également s’il est célébré par un agent diplomatique ou consulaire conformément à la loi togolaise (art 81
al 2 CPF).
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Telle est également la position du droit français.
SECTION 3 / Les sanctions des règles relatives aux conditions de formation du mariage
L’inobservation des règles de formation du mariage peut être sanctionnée préalablement (paragraphe1) à
la célébration, en particulier par le mécanisme des oppositions. Ces règles peuvent être aussi sanctionnées
après la célébration par la nullité (paragraphe 2).
Face à un empêchement prohibitif, l’officier d’état civil est dans l’interdiction de célébrer le mariage. Mais,
au cas où le mariage est célébré, celui-ci n’est pas annulé. Un empêchement prohibitif est impuissant à
justifier l’annulation du mariage par opposition d’un empêchement dirimant. Il existe plusieurs cas
d’empêchement dont certains sont dirimants et d’autres non.
Il y a la bigamie, c’est-à-dire l’interdiction de contracter une seconde union alors que la première n’est pas
dissoute (art 147 civ, art 49 nouveau ou 50 ancien du code togolais des personnes et de la famille). Au
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Togo, cet empêchement existe seulement à l’égard de l’homme marié sous l’option de monogamie, sauf
à celui–ci à apporter la preuve que sa femme est stérile définitive médicalement constaté (art 50 nouveau).
Il y a aussi le délai de viduité. Cette règle suppose qu’une femme ne peut se remarier qu’à l’expiration du
délai de viduité de 300 jours à compter de la dissolution du précédent mariage (art 52 nouveau, 53 ancien).
Cette exigence est supprimée en France par la loi du 26 Mai 2004.
On peut citer également comme empêchement au mariage le lien de parenté ou d’alliance jusqu’au degré
prohibé par la loi (art 53, 54 nouveaux, les articles 161 et suivants du code civil).
Les interdictions de mariage entre parents ou alliés peuvent souffrir de dispense souvent accordée par le
président de la république pour des causes graves (art 164 et 366 c.civ), par le président du tribunal ou le
juge aux affaires matrimoniales en droit togolais (art 54 al 2 nouveau).
Lorsque les cas d’empêchement sont signalés à l’officier d’état civil, alors on parle d’opposition.
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tutelle (art 174c. civ.). Le conjoint non divorcé peut faire aussi opposition en cas de bigamie (art 172
c.civ).
Le Code togolais des personnes et de la famille a prévu un autre ordre de priorité des personnes ayant
qualité pour faire opposition. Il s’agit d’abord du ministère public, des père et mère ou à leur défaut, la
personne ayant autorité sur l’un ou l’autre des futurs époux et le conjoint d’une personne déjà engagée
par mariage (art 62 et 63 nouveaux).
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Il existe des nullités absolues prévues par les articles 84 et 85 ctpf ; 184 c.civ et les nullités relatives des
articles 82 à 84 nouveaux, 86 à 88 anciens ; 180 à 183 c.civ.
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c’est-à-dire qu’il n’existe pas de délai qui limite ou empêche l’exercice de l’action, sous réserve des cas de
confirmation (art 83 al 3 nouveau).
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D’autres auteurs préfèrent, face à ces cas, invoquer la notion de nullité virtuelle qu’ils assimilent à la nullité
absolue. Quant à la jurisprudence, elle parle de nullité virtuelle ou admet l’inexistence du mariage.
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A-/Les droits et devoirs réciproques
Devoir de cohabitation, devoir de fidélité et devoir de secours et d’assistance.
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Aucun texte ne donne de définition à la fidélité.
La fidélité inscrite dans les articles 212 Civ et 98 cpft est avant tout une fidélité sexuelle qui interdit
l’adultère même si l’adultère n’est plus puni pénalement. L’infidélité peut être à la fois matérielle et morale.
* L’infidélité matérielle correspond à un commerce sexuel consommé avec une personne autre que le
conjoint. Elle constitue une violation des devoirs du mariage. Cette violation est une faute pouvant
conduire l’époux trompé à demander un divorce pour faute. Mais cette faute n’est plus une cause
péremptoire de divorce. Elle est une faute facultative car le juge peut considérer que cette infidélité n’est
pas suffisamment grave pour justifier le divorce.
L’époux infidèle peut engager sa responsabilité délictuelle. Il en va de même pour son complice.
* L’infidélité morale suppose des intrigues amoureuses ou une attitude trop intime avec un tiers sans
consommation de relations sexuelles. Pour que cette faute soit reconnue comme cause de divorce, il doit
s’agir d’une attitude rendant le maintien de la vie conjugale intolérable.
* Le devoir de secours
Ce devoir n’est pas prévu par les textes. Mais, on estime que c’est le devoir d’assistance qui prend la forme
de devoir de secours lorsque les époux sont séparés (art 155 nouveau).
Les trois sont l’expression d’un devoir générale d’entraide conjugale.
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La codirection de la famille est rendue possible par une diminution des prérogatives du mari. Mais, le
Droit positif tempère par moment cette codirection.
Selon l’art 213 Civ « les époux assurent ensemble la codirection morale et matérielle de la famille. Ils
pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur avenir ». Dire que les époux assurent ensemble la
direction morale et matérielle de la famille signifie que les époux prennent toutes les décisions en commun
et à égalité.
La codirection de la famille s’exerce dans tous les domaines de la vie familiale. Chaque époux en toute
hypothèse, doit pouvoir exercer sa mission dans l’intérêt de la famille. L’article 213 Civ pose le principe
de la codirection de la famille en particulier dans le domaine de l’autorité parentale. La direction de la
famille repose sur un accord. Mais l’art 243 Civ n’a rien prévu en cas d’un éventuel désaccord. On estime
que le désaccord d’un conjoint constitue une sorte de droit de veto qui empêche toute action. Mais si le
désaccord devait persister, sur le plan pratique, il trouve sa solution dans le recours soit au juge aux
affaires familiales, lorsque le désaccord concerne les enfants ou au juge du tribunal de Grande Instance,
pour les autres problèmes : les articles 217 Civ, 2201 Civ.
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Paragraphe 2-/La liberté des époux
Qu’on soit en droit français ou en droit togolais, la loi reconnait à chacun des époux une liberté
individuelle (A). Cette liberté est clairement exprimée par le doyen Carbonnier lorsqu’il affirmait que « Le
mariage n’emporte pas absorption d’une personnalité par l’autre : même lit, rêves différents ».
Conformément à l’article 103 du CPF, « Le mariage ne porte pas atteinte à la capacité juridique des
époux ». Toutefois, cette liberté doit s’exprimer dans le respect de l’unité du couple (B).
Chaque époux doit également respecter l’intégrité physique de l’autre. Les violations comme les attentats
à la pudeur sont sanctionnées.
2/ Dans la liberté d’esprit, ou range ce qui concerne les droits de la personnalité. Chaque époux doit ainsi
respecter le droit à l’image, le droit au respect de la vie privée de son conjoint, le droit au respect de sa
correspondance. Chaque époux conserve également sa liberté d’opinion en matière syndicale, politique
ou religieuse.
3/ La liberté d’action a été longtemps étouffée voire niée au nom de la puissance maritale. Depuis, la
liberté d’action de la femme est devenue complète, qu’il s’agisse de son activité professionnelle (art
109cpft limite cette liberté), de ses relations surtout avec sa famille, ses déplacements, ses pratiques
religieuses, son engagement politique ou associatif etc.
La liberté des époux est cependant limitée afin que soit préservée l’unité du couple.
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dans le respect des convictions de l’autre et le maintien de la communauté affective et spirituelle du
couple.
En définitive, l’abus de liberté risque de trouver sa sanction dans le divorce.
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- Les articles 214 Civ et 100 al 1er ancien ou nouveau visent uniquement les époux. Sont donc exclut les
concubins. Aucun texte ne les oblige à la contribution aux charges de la vie commune. Les concubins
supportent, chacun de son côté, les dépenses de la vie courante qu’il a engagées.
- Concernant les dépenses prises en compte, on estime que la contribution correspond en fait au train de
vie fixé par les époux. Elle englobe donc les dépenses courantes et nécessaires, les dépenses élevées et
exceptionnelles. Sont pris en compte, les dépenses de nourriture, de logement, d’habillement, de santé. Il
en est de même des dépenses d’agrément comme l’achat d’une résidence secondaire et le remboursement
d’emprunt.
Les revenus professionnels des époux peuvent servir à pourvoir aux charges du mariage ou du ménage.
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L’exécution de l’obligation peut prendre différentes voies : en argent, en nature par le travail au foyer ou
dans l’entreprise de l’autre époux. D’autres moyens ne sont pas exclus. Exemple la mise à disposition de
la famille d’un logement constituant le propre d’un conjoint.
B- Le logement familial
La loi protège le logement familial. C’est ainsi que l’article 215 Civil al 3 dispose « les époux ne peuvent
l’un sans l’autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, ni les
meubles meublants dont il est garni ». Cette disposition vise à protéger le groupe familial.
En droit togolais, cette interdiction ne couvre pas la résidence familiale. Mais l’article 102 al 4 nouveau
dispose que « Les époux ne peuvent, l’un et l’autre, disposer des meubles meublants dont est
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garni le logement familial ». Dans le mariage, le droit togolais prévoit seulement l’interdiction de
disposer des meubles meublants le logement familial.
Il faut essentiellement retenir que les époux sont ici cotitulaires du droit au bail servant à l’habitation de
la famille (art1751 Civ, art 102 al 2 nouveau). Ce droit de cotitularité du bail concerne tout local loué, peu
importe que la conclusion du bail ait eu lieu avant ou après le mariage. Mais, il doit s’agir d’un local servant
à l’habitation de la famille. Autrement dit, le local doit être effectivement habité par les deux époux. Est
donc exclue la résidence secondaire.
Par ce texte, l’accord des époux est indispensable pour tout acte de disposition portant sur le bail. Il en
est ainsi d’acte de résiliation, d’échange ou de cession.
De même, le congé signifié par le bailleur, pour être efficace, doit avoir été délivré à chaque époux, sinon
il demeure inopposable au conjoint qui ne l’a pas reçu, sauf si le bailleur n’a pas eu connaissance de
l’existence du conjoint.
En cas de défaut de consentement d’un époux, une action en nullité relative est ouverte au conjoint dans
l’année à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte sans aller au- delà d’un an en cas de dissolution
du régime matrimonial : art 215 al 3 Civ in fine.
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Enfin, le principe de l’indépendance des époux est atténué par le jeu des mandats entre époux ou par le
mécanisme des habitations judiciaires en cas d’abus ou de mise en péril des intérêts de la famille : art 218,
220-1 ; 1429 Civ.
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1°/ lorsque la vie commune est devenue intolérable par suite de l’infidélité, des excès, sévices ou injures
imputables à l’un ou l’autre des époux ;
2°/ lorsque la vie familiale et la sécurité des enfants sont gravement compromis par l’inconduite notoire,
l’abandon moral ou matériel du foyer ou la condamnation de l’un des époux à une peine ferme excédant
quatre ans d’emprisonnement ;
3°/ en cas d’absence déclarée de l’un des époux ou de la séparation de fait prolongé depuis cinq ans au
moins ;
4°/ en cas d’impuissance ou de stérilité définitive médicalement constatées de l’un des époux et ;
5°/ lorsque l’un des époux refuse, sans motifs justes et valables, de consommer leur mariage ».
On peut donc regrouper les différentes hypothèses énumérées en :
- divorce pour faute : art 126-1, 2 et 5 ;
- divorce constat : art 126-3 ;
- et, divorce remède ou pour cause objective : art 126-4.
L’ensemble de l’étude du divorce peut donc être conduite en deux points :
D’abord, les conditions du divorce par consentement mutuel (paragraphe 1) et ensuite l’étude des
conditions des autres cas de divorce (paragraphe 2)
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1-/ Les caractéristiques du consentement
La loi du 26 Mai 2004 exige que la volonté de divorcer doit être réelle, libre et éclairée. L’article 118 al 1
Nctpf déclare que « Le consentement de chacun des époux n’est valable que s’il émane d’une
volonté libre et exempte de vices ».
Une volonté réelle veut dire une volonté sérieuse. Mais cela n’oblige pas les époux à énoncer la cause de
leur divorce. Dans le divorce sur demande conjointe, la cause du divorce demeure secrète. Le juge exige
des époux une décision ferme et réfléchie de divorce.
Une volonté libre suppose une volonté exempte de vice notamment de violence. Le consentement ne
doit pas être donné à la suite d’une menace. Donc, chaque époux doit adhérer librement et
personnellement au projet de divorce.
Enfin, la volonté éclairée renvoie au fait que cette volonté doit perdurer tout au long de la procédure
surtout les trois premiers mois correspondant à la période de réflexion obligatoire prévue par l’art 231
civ.
Par ailleurs, dans le divorce par consentement mutuel, l’époux doit disposer de sa pleine capacité
d’exercice. Cela veut dire qu’il doit être apte à exprimer sa volonté. En conséquence, l’époux placé sous
un régime de protection ne peut demander à divorcer par consentement mutuel ou par acceptation du
principe de la rupture du mariage : art 249-4 civ. C’est l’application du droit commun des actes juridiques.
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Néanmoins, la loi togolaise reste muette sur l’exigence du caractère indivisible de l’accord pour divorcer
et de l’accord sur les modalités de règlement des conséquences du divorce. En effet, cette exigence de
l’indivisibilité semble incontournable lorsque le divorce est demandé conjointement par les époux aux
termes de l’alinéa 2 de l’article 117 Ncpf. Quid du cas où l’accord d’un des conjoints est obtenu
postérieurement à une demande de divorce contentieux ?
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Le divorce accepté est un divorce d’accord. Il s’agit d’accord de volonté des deux époux de divorcer.
Tout comme dans le divorce par consentement mutuel, le divorce accepté doit procéder d’une volonté
libre. C’est un type de divorce également fermé aux époux lorsque l’un se trouve placé sous l’un des
régimes de protection : art 490civ. C’est ainsi qu’on admet ici aussi que l’acceptation du divorce doit être
bilatéralement libre et éclairé.
A la différence du divorce par consentement mutuel, le divorce accepté n’a pas nécessairement à être
demandé, dès l’origine, par les deux époux. La demande initiale peut émaner d’un époux et l’autre s’y
rallie en acceptant.
En fait, l’accord de volonté porte sur le principe du divorce à l’exclusion des effets du divorce. Dans ce
type de divorce, le motif réel de la séparation est également tenu secret. L’époux qui a pris l’initiative du
divorce n’a pas à indiquer à son conjoint, même au juge la cause véritable de la mésentente. Il en est de
même de l’acceptation du conjoint. Les effets du divorce, dans le divorce accepté ne font pas l’objet
d’accord. C’est-à-dire que les conséquences du divorce ici restent en dehors du champ contractuel. La
cause du divorce est entendue une fois le principe acquis. Il reste au juge à régler les effets en prononçant
le divorce tel qu’il ressort de l’art 234 civ : « s’il a acquis la conviction que chacun des époux a donné
librement son accord, le juge prononce le divorce et statue sur ses conséquences ».
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On déduit de cette disposition que l’altération prise en compte est celle qui résulte de la cessation entre
époux de la communauté de vie. C’est donc la séparation de fait qui constitue la cause du divorce à la
double condition : d’abord qu’elle résulte de la cessation de la communauté de vie entre époux, ensuite
qu’elle ait été décidée de commun accord (séparation amiable) ou établie à l’initiative d’un seul époux
(abandon unilatéral). En effet, l’auteur même de l’abandon est fondé à se prévaloir de la séparation qu’il
a créée. En définitive, peu importe l’origine de la rupture. Même une séparation légale c’est-à-dire
résultant d’une séparation de corps obtenue sur requête conjointe peut servir de fondement à ce type de
demande en divorce tout comme dans l’ancien divorce pour rupture de la vie commune.
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nombreux, ce qui nous oblige à éluder dans notre étude certains effets pécuniaires relatifs au sort du
logement familial, aux avantages matrimoniaux et libéralités et à la liquidation du régime matrimonial.
Mais quels que soient les effets, ceux-ci doivent être réglés dans les rapports entre époux d’abord, et à
l’égard des tiers, ensuite. Ces effets diffèrent selon qu’ils soient relatifs aux rapports personnels entre
époux ou relatifs à leurs biens. Cela conduit à déterminer au préalable le point de départ de ces effets.
Paragraphe 1-/ La date du départ des effets du divorce (point de départ des effets du divorce)
A-/ La règle en matière de date de point de départ des conséquences du divorce (Le principe en
la matière)
La loi du 26 Mai 2004 n’a pas modifié la règle relative à la date du point de départ des effets personnels
du divorce. En effet, selon l’article 260 Civ « la décision qui prononce le divorce dissout le mariage
à la date à laquelle elle prend force de chose jugée ».
A l’égard des tiers et s’agissant des biens des époux, le divorce leur est opposable au jour où les formalités
de mention en marge des actes de l’état civil des époux ont été effectuées : art 262 Civ. Le principe n’est
pas modifié depuis.
Vis à vis des conjoints, lorsque le divorce est prononcé par consentement mutuel, le point de départ des
effets quant aux biens est la date de l’homologation de la convention réglant les conséquences du divorce,
sauf si celle-ci en dispose autrement.
Lorsque le divorce est prononcé pour acceptation du principe de la rupture du mariage ou pour altération
définitive du lien conjugal ou pour faute, le divorce prend effet quant aux biens à la date de l’ordonnance
de non-conciliation. Ce n’était pas le cas avant 2004 où la date de départ des effets du divorce était celle
de l’assignation, sauf dans le cas de divorce sur demande conjointe où les époux pouvaient fixer eux-
mêmes la date d’effets des conséquences du divorce dans la convention définitive.
B- / Les tempéraments
Entre époux, l’article 262-1 Civ a maintenu la possibilité pour l’un des époux de demander à fixer les
effets du jugement à la date à laquelle ils ont cessé de cohabiter et de collaborer à la condition que la
décision de divorce ne fasse pas référence à l’origine des torts de la séparation. L’application de cette règle
peut être demandée par n’importe quel époux à la condition qu’elle soit formée à l’occasion de l’action
en divorce.
A l’égard des tiers, l’article 262-2 Civ déclare nulles toutes obligations contractées après la requête initiale
s’il est prouvé qu’il y a fraude aux droits de l’autre conjoint. Ce texte semble-t-il ne concerne que le régime
légal de communauté et ne doit pas concerner les actes valablement accomplis par un seul époux.
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Paragraphe 2-/ Les effets personnels du divorce
Sur le plan personnel, le divorce signe la disparition des droits et obligations des époux et du droit de
porter le nom de l’ancien conjoint ou de son ex-mari.
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Paragraphe 3-/ Les effets pécuniaires entre époux
Ils peuvent être de trois sortes, la pension alimentaire, les prestations compensatoires et les dommages-
intérêts.
Faisons observer que le nouvel article 147 du code des personnes et de la famille prévoit l’éventualité de
demande de restitution des biens donnés entre les époux au cours du mariage y compris les donations
stipulées réciproques par l’époux au profit duquel le divorce est prononcé.
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compensatoire peut être accordée quel que soit la cause ou le type de divorce conformément aux
dispositions de l’article 271 civ.
Jusqu’à la loi du 30 Juin 2000, la prestation compensatoire était évaluée en tenant compte des données
actuelles et de la situation prévisible du créancier et du débiteur ; elle n’était pas en principe susceptible
de révision. Elle pourrait être exécutée soit par attribution ou affectation d’un bien (maintenance ou
capital, usufruit ou par dépôt de valeurs auprès d’un tiers qui assure le service des versements à l’époux
créancier jusqu’au terme fixé) soit sous forme de versement d’une rente (viagère ou temporaire) indexée
de plein droit. La prestation compensatoire est transmissible aux héritiers du créancier.
Les lois du 30 Juin 2000 et du 26 Mai 2004
La première n’a pas apporté de grands bouleversements. La deuxième a apporté quelques ajustements.
La loi de 2004 a rajouté d’autres éléments d’appréciation des ressources et besoins de chacun des époux.
Bref, l’évaluation doit tenir compte à la fois des données actuelles et de la situation prévisible. Sous cette
loi, le principe des modalités de l’exécution de la prestation compensatoire reste le versement sous forme
de capital. Cependant, l’article 274 civ autorise au juge de décider que le versement en capital peut prendre
plusieurs modalités. Ainsi, peut-il décider qu’il soit sous forme d’argent, soit par l’attribution des biens en
propriété ou d’un droit temporaire ou viager d’usage, d’habitation ou d’usufruit.
La prestation compensatoire peut prendre la forme de versements périodiques et non plus mensuels ou
annuels d’une durée de 8 années au plus. Il s’agit de versement sous forme de rente. Par ailleurs, est
supprimé l’ancien art 275 al 3 Civ qui prévoyait que la charge du solde du capital passait aux héritiers. La
prestation est prélevée sur l’actif successoral : art 280 Civ. En outre, les époux ont la possibilité quel que
soit le type de divorce de fixer par convention la prestation compensatoire. Dans ce cas, les époux sont
soumis aux articles 278 et 279 Civ applicables habituellement au divorce par consentement mutuel. Cette
convention doit être soumise à homologation du juge pendant l’instance du divorce. De même, la loi de
2004 maintient tout comme la loi du 30 Juin 2000 que les modalités de paiement de la prestation restent
toujours révisables mais seulement suite à un changement « importants » et non plus « notables » de la
situation du débiteur. La révision ne porte pas sur le montant de la prestation.
Mais, lorsque le versement de la prestation compensatoire a été accordé sous forme d’une rente viagère
à titre exceptionnel en raison de l’âge ou de l’état de santé du créancier qui ne peut plus subvenir à ses
besoins, la rente peut être révisée, suspendue ou supprimée en cas de changement importants dans les
ressources ou les besoins de l’une ou l’autre des parties, quelle que soit la date de fixation de la rente : art
276-3 Civ. Ce principe s’applique même en l’absence de révision, aux seules conventions, qu’elle soit
viagère ou temporaire, le montant initial de la rente ne pouvant être dépassé par l’effet de la révision : art
276-3 al 2 civ.
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En droit togolais, le nouveau code de la famille prévoit le versement de la prestation compensatoire en
cas de divorce prononcé aux torts partagés des époux, en cas de divorce pour stérilité ou en cas de divorce
sur demande acceptée (art 150 al 2).
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Par ailleurs, les parents peuvent par convention organiser les modalités de l’autorité parentale et fixer la
contribution à l’entretien et à l’éducation de l’enfant : art 373-2-7 Civ. Cette convention doit être
homologuée par le juge.
Enfin, les parents chez qui les enfants n’ont pas leur résidence habituelle ou qui n’a pas l’exercice de
l’autorité parentale doit contribuer à l’entretien et à l’éducation des enfants en fonction de ses ressources
et de celles de son ex-conjoint. C’est la pension alimentaire.
Sont concernés par la pension, non seulement les enfants mineurs mais aussi le parent qui assume à titre
principal la charge d’un enfant majeur qui ne peut par lui-même subvenir à ses besoins : art 373-2-6 Civ.
Au Togo, les enfants en dessous de l’âge de 7 ans sont confiés à la femme, sauf si le juge, sur la demande
soit du mari ou du conseil de famille ou du Ministère public décide de confier, pour le grand avantage
des enfants, certains à la mère, d’autres au père soit à une tierce personne : art 151 al 1NCpft. Au-delà de
7 ans, le juge décide en fonction de l’intérêt de l’enfant de le confier à la mère, au père ou à une tierce
personne : art 151 al 2 Ncpft.
Quelle que soit la personne à qui l’enfant est confié, les père et mère conservent respectivement le droit
de surveiller, d’entretenir et d’édification des facultés de l’enfant (Art 125 Ncpft). Le juge fixe les
modalités du droit de visite du parent privé de la garde de l’enfant. Le juge peut à tout moment modifier
le montant de la pension alimentaire, le droit de visite et de garde si les circonstances l’exigent./.
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