1 partiel (en général début janvier mais à voire) : questions du style QCM ou légère
rédaction de 3-4 rép
Méthodologie :
- diapo avec points importants (mis sur groupe du cours)
- prise de notes
- ajout de texte sur moodle (ou dis dans diapo ou autres)
- biographie à faire soi-même
- lire les passages que Mme Groccia envoie/renvoie
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I.Introduction générale
1. Généralités
ontologie (tout ce qui se rapporte à l’être humain) : étude du sens et des manifestations de
la sémiotique.
C’est une réalité du sens liée à la réalité de l’esprit humain, c’est-à-dire un phénomène
intersubjectif et avec un contenu mental.
Le sens de la sémiotique est le partage de choses entre les êtres humains. Elle relève de la
pensée, de ce qu’on peut partager donc c’est quelque chose d’intersubjectif
Donc la sémiotique est une discipline scientifique légitimée par ce qu’elle est, c’est-à-dire
l’étude des processus signifiants : partagé entre les êtres humains, voire même inhérent à
l’être humain
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Concernant le plan méthodologique (outils, techniques, méthodo) :
Pour la sémiotique, c’est trouver des régularités dans les phénomènes observés et expliciter
les fonctionnements qui ont une portée générale.
Les objet d’études sont l’esprit humain, les savoirs, les connaissances, les contextes
partagés = la culture
La sémiotique doit être capable d’énumérer les outils et les techniques utilisés afin d’être
considéré comme une science.
N.B. : légitimité de la démarche sémiotique (droit à exister comme sciences). Le sens est le
sens pour quelqu’un. Sans l’être humain, il n’y a pas de sens. Donc tous les êtres humains
ont les mêmes outils pour appréhender le monde afin de le comprendre, de construire son
sens. Les outils de l’être humain sont son corps et ses capacités (5 sens) pour percevoir le
monde, son cerveau, sa langue (dite naturelle), sa culture (vivre en communauté donc les
gens avec qui ils partagent des choses par rapport à l’environnement donc vision
semblable).
La sémiotique est le nom d’une discipline scientifique qui réfléchit à une construction d’une
théorie générale de la signification. Elle vise à décrire la signification telle qu’elle se
manifeste dans :
- les textes (= production langagière, finie, observée. ex : poésie, extrait de roman,...)
et les discours (= acception1 : genre de textes (ex: art de loi réunis = discours
juridique) ou quelque chose/parole qui est en train de se faire, pris dans son
déroulement (discours en acte). ex : littérature, média, politique, scientifique,
économie, …)
1
définition particulière dans un contexte particulier
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- pratiques individuelles ou sociales : pratiques que mobilisent les êtres humains
dans leur vie en société (ex : étude sémiotique de Jean-Marie Floch “êtes-vous
arpenteur ou somnambule ?” (2002). Il propose une catégorie d’usagers du métro
parisien (pratique) et c’est de la sémiotique car il organise les humains selon des
observations).
Remarque : l’être humain peut utiliser les langues naturelles (français, turc, arabe,
chinois,...) donc l’être humain peut utiliser le langage verbal.
Le champ de la sémiotique est élargi car elle étudie les paroles et les actions.
Donc les modèles sont l’étude de la culture, de ce qui fait sens pour les individus.
Les manifestations humaines sont celles qui ont du sens pour l’être humain.
Au début, l’objet d’étude est restreint puis maintenant, il est très large car ouvert à d’autres
domaines que les textes et les discours.
2. Sources historiques
La sémiotique est une discipline qui est enseignée à l’université depuis environ 50 ans.
Cette discipline s’institutionnalise dans les années 1960 (mi, fin)
Par contre, les préoccupations autour du sens et de la signification sont très anciennes.
Aristote (384 - 322 avant JC) : philosophe grec de l’Antiquité. Il est un disciple de Platon.
C’est un penseur qui s’est préoccupé de tous les domaines de son époque (biologie,
physique, métaphysique, politique, rhétorique2,...). En étudiant la rhétorique, il entre donc
en présence d’une question sémiotique car il est en train de réfléchir sur la manière de
produire du sens pour qu’on l’écoute. Il a essayé de mettre en relation ce qui est dans le
monde (perception de la “réalité”) et le langage.
Les catégories : réflexions sur la relation de la langue et les choses, leur nature.
2
don de parler pour capter l’attention de celui qui écoute
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Les stoïciens (être stoïque, rapport avec la sagesse) : école philosophique de la Grèce
Antique (300 avant JC). Ils se préoccupent de la logique des choses, réfléchir sur le sens, le
langage et les signes.
John Locke (1632 - 1704) : 1ère apparition du mot signe et sémiotique (semeïotike = grec
de semeion qui veut dire signe) dans l’ouvrage Essai sur l’entendement humain (1689)
entendement = compréhension des choses
Les premiers pas de la sémiotique en Europe sont grâce aux linguistes qui travaillent sur la
langue.
La linguistique se réduit à une description des langues dans les sciences du langage.
sémantique : partie de la linguistique qui étudie la signification des mots d’une langue
(lexique). La signification lexicale est soit en diachronie (sémantique historique) ou en
synchronie (observation à un moment donné, dans le même temps) (déf simple)
morphologie = syntaxe : partie de la linguistique qui décrit la structure interne des mots,
leur forme et les règles de cette structure. (morpho = échelle du mot / syntaxe = échelle de
la phrase -> morpho-syntaxe)
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Sémiotique englobe la linguistique mais pas que car elle englobe tous les langages
observables (musique, danse, …)
sémiotique : discipline qui a pour but de décrire la structure et le fonctionnement de tous les
systèmes de signes, le langage humain n’étant qu’un système parmi d’autres.
système de signe : manière de dire ce qu’est un langage (signes mis ensemble = langage)
Le champ d’application sémiotique est tous les langages verbaux et non verbaux
Sémiotique = sémiologie ?
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Pierce est du côté des sciences dures (physicien, …) en plus de la philosophie. Il réfléchit au
sens grâce à la logique (déduction,...). Une relation a lieu entre la réalité et ce à quoi elle
renvoie -> sémiotique
Il étudie le mode de production du signe et de sa relation avec la réalité.
Donc la sémiotique est logique et cognitive (faculté du cerveau, des 5 sens, ...)
Cette vision est éloignée de la langue
(Charles Bailly et A. Séchehaye ont publié les recherches de Saussure dans le Cours
général de sémiotique)
La sémiotique pratiquée en Europe trouve son origine dans les travaux des linguistes qui
créent la linguistique structurale (fondée par Ferdinand de Saussure entre autres)
La sémiologie est le nom qui a été donné à la sémiotique d’inspiration saussurienne (au
début de cette discipline)
La sémiologie européenne est fondée sur la langue natale en linguistique puis elle s’est
élargie à d’autres disciplines
Début des années 1970 : fondation de l’Ecole de Sémiotique de Paris par Algirdas Julien
Greimas donc il amorce le début de la sémiotique structurale (manière dont on fait de la
sémiotique en France et en Europe)
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sémiologie : travail sur le sens, théorie de la signification. Domaine de réflexion de base :
signe. Mais quand la sémiologie s’intéresse aux autres domaines, elle évolue et crée la
sémiotique au début des années 1980 (décidée par l’Association Française de Sémiotique).
Donc il n’y a plus de sémiologie structurale. Il y a un rapprochement de la sémiotique
américaine et d’une discipline plus “scientifique”
Aujourd’hui, la sémiologie est toujours utilisée dans certains domaines : infocom, musique,…
La sémiologie est utilisée dans les domaines non spécialisés dans le sens et dans les
domaines nécessaires pour communiquer (langage fabriquée par humains, ex : code de la
route, braille, ... )
Tout est lié car il y a besoin des connaissances de chaque niveau d’étude
“La langue est un système de signes exprimant des idées et par là, comparable à
l’écriture, à l’alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse,
aux signaux militaires, etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes.
On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ;
elle formerait une partie de la psychologie sociale et, par conséquent de la psychologie
générale ; nous la nommerons “sémiologie”. Elle nous apprendrait en quoi consistent les
signes, quelles lois les régissent” - Saussure, Cours de linguistique générale
Extrait de la sémiotique selon Saussure
Les sociétés mettent en place des systèmes de signes exprimant des idées
ex : écriture, alphabet, signaux militaires, …
Les systèmes de signes permettent de réguler les interactions et la communication entre les
humains.
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Pour Saussure, la langue est utilisé au sens de langage verbal. C’est un système de signes
comme les autres donc il exprime des idées et a du sens -> fait sémiologique (intervention
de la sémiose)
La langue est une institution sociale : fait social et sémiologique.
sémiologie : sciences qui étudient la vie des signes au sein de la vie sociale (donner du
sens aux signes)
Tous les systèmes de signes sont à la même enseigne. Or, avec la langue, on peut
expliquer des choses sur les autres systèmes. C’est le seul système qui peut parler de tous
les systèmes.
langue = méta-langage (= explication des autres systèmes par la langue)
La langue a un statut particulier au milieu des autres systèmes
“La linguistique n’est qu’une partie de cette science générale [la sémiologie], les lois que
découvrira la sémiologie seront applicables à la linguistique, et celle-ci se trouvera ainsi
rattachée à un domaine bien défini dans l’ensemble des faits humains” - Saussure, Cours
de linguistique général
La linguistique est un système particulier car il permet d’expliquer les autres systèmes.
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II. Le signe
Les perceptions montrent quelque chose mais la langue peut faire un raccourci
ex: nuages (percept°) = il pleut (langue)
uniforme (percept°) = gardes, soldats, infirmière, … (langue)
Le signe est quelque chose de perceptible, susceptible de renvoyer à quelque chose autre
que lui-même
Parfois, le signe ne montre pas une intention particulière. Alors que d’autres signes montrent
une intention de communiquer quelque chose
ex : uniforme montre un avertissement/job ou encore les panneaux du code de la route
prévient
Le récepteur doit être conscient que l’émetteur envoie quelque chose donc sa capacité à
décoder
ex : morse, sonnerie de téléphone, uniforme, …
indice : quelque chose de perceptible renvoie à autre chose sans qu’il y ait intention de
communiquer. Il n’y a pas d’émetteur intentionnel et l’interprétation d’un indice peut varier
selon les récepteurs, selon leurs intuitions, leurs connaissances, leurs compétences, leurs
expériences, leur culture, …
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Un même fait peut être relayé par des signes différents (au statut sémiotique différent)
ex : fumée (indice) = incendie mais il peut aussi y avoir sirène des pompiers (signal)
-> cet indice et ce signal renvoient à une même réalité
La cause est un incendie. Le fait est une fumée.
fumée : indice -> relation cause à effet entre le signe et ce qu’il renvoie. C’est un lien
naturel
sirène : signal -> pas de relation entre le signe et ce à quoi il renvoie. C’est une convention
La distinction entre signal et indice n’est pas forcément clair (sirène et fumée peuvent être
interchangée)
Un signe n’est pas définitivement un signal ou un indice. Donc cela dépend du contexte
Donc il faut toujours prendre en compte le contexte et la signification attribuée pour décider
du statut sémiotique.
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III. Le signe linguistique selon Ferdinand de Saussure
signe linguistique = signe venant de la langue : quelque chose de perceptible qui renvoie à
autre chose et a la particularité de renvoyer au langage verbal
Donc signe linguistique, c’est un mot (très simplifié)
« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais
l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de
nos sens (…) »
Extrait du Cours de linguistique générale, Ferdinand de Saussure (1916)
Saussure présente une représentation binaire du signe linguistique : “le signe linguistique
est une entité psychique a deux faces” -> face A et face B
La face A est l’image concrète du signe linguistique qui relève de la perception qu’on en a.
Dans le cas du signe linguistique oral (mot prononcé), on perçoit des sons -> image
acoustique
Si signe linguistique écrit, on perçoit des traits formant des lettres -> image visuelle
Dans les 2 cas, on peut parler d’image concrète ou de face matérielle.
Sauss parle de signifiant (Sa)
La face B est l’image abstraite du signe linguistique qui correspond au concept, l’idée.
C’est la face immatérielle du signe linguistique
Saussure parle de signifié (Sé)
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Explication de l’exemple de Saussure :
Cette représentation générale ne prend en compte que la représentation orale (pas écrite).
Donc le linguiste étudie d’abord les signes oraux d’une langue, avant le côté écrit.
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référent : actualisation singulière du signe. Ce à quoi le signe renvoie, soit dans la réalité
extra-linguistique (ou univers réel), soit dans un univers imaginaire, ou un discours donné.
ex : “Hier soir, après le concert, les musiciens ont fait un boeuf du tonnerre”
OU “Les pièces de boeuf sont meilleurs chez le boucher qu’au supermarché”
« Pour certaines personnes la langue, ramenée à son principe essentiel, est une
nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à autant de choses. […]
Cette conception est critiquable à bien des égards. Elle suppose des idées toutes faites
préexistants aux mots […]; elle ne nous dit pas si le nom est de nature vocale ou
psychique […]; enfin elle laisse supposer que le lien qui unit un nom à une chose est une
opération toute simple, ce qui est bien loin d’être vrai. »
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La nomenclature impliquerait un rapport biunivoque (= univoque3 et réciproque entre 2
termes) entre Sa et Sé.
3
sans ambiguité
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Fonctionnement sémiotique de l’homonymie : relation entre plusieurs formes
linguistiques ayant le même Sa graphique et/ou phonique et des signifiés totalement
différents (sème non partagé)
ex : cousin -> famille / insecte
Donc aucun trait de sens commun
C’est un homographe et un homophone
homonymie : plusieurs mots dans la langue - pas de lien sémantique entre les différents Sé
Donc cela renforce la théorie de Saussure comme quoi la langue n’est pas nomenclature
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2. Discussion sur la nature des termes impliqués dans le signe linguistique
« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais
l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de
nos sens ; elle est sensorielle, et s’il nous arrive de l’appeler « matérielle », c’est
seulement dans ce sens, et par opposition à l’autre terme de l’association, le concept,
généralement plus abstrait. Le caractère psychique de nos images acoustiques apparaît
bien quand nous observons notre propre langage. Sans remuer les lèvres ni la langue,
nous pouvons nous parler à nous-mêmes ou nous réciter mentalement une pièce de vers
[…] »
image acoustique : empreinte psychique de la suite de son donc dans la face matérielle
car elle est mise en place par la perception de ce qu’on entend
« C’est parce que les mots de la langue sont pour nous des images acoustiques qu’il faut
éviter de parler des « phonèmes » dont ils sont composés. Ce terme, impliquant une
action vocale, ne peut convenir qu’au mot parlé, à la réalisation de l’image intérieure dans
le discours. »
Définition de Saussure de phonème : action vocale par laquelle on produit le mot parlé
Ça correspond donc à la réalisation concrète de la représentation psychique d’un mot
Aujourd’hui, ça s’appelle un phone (étudié en phonétique)
Sa = prononciation idéale
Mais dans la réalité, il y a pleins de manières différentes de dire le mot
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3. Définition du signe linguistique
Ce sont deux faces solidaires. C’est ensemble qu’il constitue le signe. Jamais Sa sans Sé et
inversement. Obigatoire d’avoir les 2.
Le lien unissant Sé et Sa est arbitraire : il n’y a pas de lien naturel (= lien de
ressemblance, de causalité, faits, …). L’arbitrarité est une convention
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Le lien arbitraire entre signe linguistique et ce à quoi il renvoie, ou Sé et Sa, résulte d’une
convention collective (pas lien naturel).
ex : soeur -> aucun rapport entre la prononciation de soeur et l’idée de soeur
Les autres langues utilisent d’autres syst de sons : hermana, sister, …
Donc cela prouve que c’est une convention
Le fait qu’un même concept s’exprime par des signifiants différents d’une langue à l’autre
constitue une preuve de l’arbitrarité du signe linguistique.
« […] quand la sémiologie sera organisée, elle devra se demander si les modes
d’expression qui reposent sur des signes entièrement naturels – comme la
pantomime – lui reviennent de droit. En supposant qu’elle les accueille, son
principal objet n’en sera pas moins l’ensemble des systèmes fondés sur l’arbitraire
du signe. En effet, tout moyen d’expression reçu dans une société repose en
principe sur une habitude collective ou, ce qui revient au même, sur la convention.
[…] On peut donc dire que les signes entièrement arbitraires réalisent mieux
que les autres l’idéal du procédé sémiologique; c’est pourquoi la langue, le
plus complexe et le plus répandu des systèmes d’expression, est aussi le plus
caractéristiques de tous ; en ce sens la linguistique peut devenir le patron général
de toute sémiologie, bien que la langue ne soit qu’un système particulier. »
Il parle des systèmes d’expression qui vont utiliser des signes conventionnels
ex : code de la route avec les panneaux
Les signes arbitraires sont plus aptes à faire émerger les processus de la signification.
La linguistique peut servir de modèle pour la sémiologie puisqu’elle étudie le plus répandu
des systèmes d’expression, et le plus exemplaire du point de vue du fonctionnement
sémiotique, c’est-à-dire l’association Sa et Sé.
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« On s’est servi du mot symbole pour désigner le signe linguistique, ou plus exactement
ce que nous appelons le signifiant. Il y a des inconvénients à l’admettre, justement à
cause de notre principe. Le symbole a pour caractère de n’être jamais tout à fait arbitraire;
il n’est pas vide, il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le
symbole de la justice, la balance, ne pourrait pas être remplacé par n’importe quoi, un
char, par exemple. »
Un symbole présente un lien naturel qui lie les deux idées (symbole - mot).
Or, pour lui, le signe linguistique est arbitraire donc le symbole ne peut pas être signe
linguistique.
Chez Pierce, un symbole est un signe qui renvoie à un objet en vertu d’une loi, que le signe
soit arbitraire ou motivé (il ne prend pas en compte les caractéristiques de motivation ou
arbitraire). Donc pour lui, il est possible que les signe linguistiques peuvent être appelés un
symbole.
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« Le mot arbitraire appelle aussi une remarque. Il ne doit pas donner l’idée que le
signifiant dépend du libre choix du sujet parlant […] ; nous voulons dire qu’il est immotivé,
c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle
dans la réalité. »
Un signe est dit motivé lorsque son Sa présente un lien naturel avec son Sé (motivation)
Un signe arbitraire est donc un signe immotivé, donc pas de lien naturel entre Sa et Sé.
ex : dessin d’une voiture → dit motivé car entre son Sa (ensemble des traits du dessin) mise
en place d’un lien pour définir le Sé (lien de ressemblance)
« On pourrait s’appuyer sur le les onomatopées pour dire que le choix du signifiant n’est
pas toujours arbitraire. […] Quant aux onomatopées authentiques (celles du type
glou-glou, tic-tac, etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est
déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu’elles ne sont que l’imitation approximative et à
demi conventionnelle de certains bruits. […] »
onomatopées : unité lexicale créée par imitation des sons évoquant l’être ou la chose
unité lexicale donc mot → onomatopées = mots donc on peut les utiliser comme tous les
autres mots d’une langue
Les onomatopées sont créées par ressemblance donc c’est un signe motivé
Les onomatopées sont par conséquent à considérer comme des signes linguistiques comme
les autres, ayant le même caractère arbitraire.
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2.Linéarité du signe linguistique
« Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères
qu’il emprunte au temps : a) Il représente une étendue, et b) cette étendue est mesurable
dans une seule dimension : c’est une ligne. […] Par opposition aux signifiants visuels
(signaux maritimes, etc.), qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs
dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps; leurs
éléments se présentent l’un après l’autre; ils forment une chaine. ».
Le Sa linguistique se déroule sur une ligne, qui est l’axe temporel ou l’axe syntagmatique. Il
ne peut se présenter de manière planaire, dans des combinaisons simultanées.
Le signe linguistique oral se déroule sur une ligne, il ne peut pas être appréhendé
simultanément
Conclusion :
On se rend compte que toute la réflexion de Saussure (sens, signe, ... ) vient d’une réflexion
sur la langue. C’est fondé alors la sémiologie en se basant sur les études de Saussure
pendant 70’s.
Les propriétés (arbitrarité et linéarité) sont avant tout des propriétés des signes linguistiques.
Toutefois, elles ne sont pas forcément valables pour tous les signes.
Les thèses de Saussure peuvent tjrs être discutables.
La semiosis n’est pas un processus réservé aux langues mais c’est un processus qui décrit
ce qui s’est passé quel que soit le langage (concerne tout type de langage)
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- abandon de la vision naïve du langage : depuis les travaux de Saussure,
on définit le signe linguistique comme la plus petite unité en langue qui a du
sens : le morphème.
ex : antisocial est un mot de la langue qui a du sens. On peut découper ce
mot en plusieurs parties qu’on appellera morphèmes : anti - soc - ial.
1 partie de mot = 1 morphème. Chaque élément de ce mot a un sens.
Un mot est composé de plusieurs morphèmes. On peut parler de signe
linguistique car chaque élément de ce mot à un Sa et un Sé qui a du sens.
❖ Le problème du référent :
ex : Inuits ont beaucoup plus de mots pour décrire la neige que nous car ils ont de la neige 8
mois sur 12. Donc ils ont besoin de plus de détails pour la décrire car elle influe sur leur vie
alors que nous, elle est très rare donc pas besoin de plus de mots que ce que nous avons
- conception immanente (= qui est contenu dans la nature d’un être, pas d’un principe
extérieur) du signe et de la semiosis, qui fait du langage une entité abstraite
- théorie formelle qui exclue par principe les questions d’usage linguistique et traite
une langue comme un système dont le fonctionnement peut et doit expliquer
uniquement par des règles internes (Cf. Chomski et Hjelmslev)
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❖ L’étude du signe prime sur celle du système :
- Saussure s’intéresse aux signes et “oublie” que les signes sont mis ensemble par les
humains pour créer des discours. C’est un point problématique pour la sémiotique
car les signes linguistiques sont pensés comme des entités stables et
indépendantes, sans prendre en compte les fluctuations des significations
linguistiques (= différents sens d’un même mot selon la phrase). Puis, il ne prend
pas en compte le sujet du discours et de la notion d’énonciation, comme la prise en
charge de l’opération de sémiosis par un sujet du monde qui, avec les mots de la
langue, construit des discours
stimulus : face concrète du signe ce qui le rend transmissible (perceptible) par un canal en
direction de nos sens (dans une communication spécifique)
ex : lumière, traits d’un dessin, sensations tactiles
On parle aussi de support actif du signe.
Le stimulus ne signifie rien tant qu’il n’est pas associé à un modèle, un Sa
ex : panneau sens interdit : le stimulus est le rouge du panneau qui est associé au panneau
interdit (Sa)
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N.B. : Le Sa est une entité psychique, comme chez Saussure
Le Sa ne fonctionne que dans un code sinon il n’existe pas. Besoin d’être en relation avec
quelque chose, comme le Sé.
La langue (le code) organise le signifiant, qui trace les limites du modèle
ex : différence de découpage lexical des couleurs en français et en gallois
Le code peut être différent selon les cultures et qui déplace ainsi les frontières entre les
couleurs, par exemple.
La classe va réunir l’ensemble des éléments qui ont des caractéristiques partagées
N.B : Sé est un modèle donc le Sé peut exister même si on n’a pas l’expérience concrète de
l’objet auquel il renvoie
ex : Sé est un iceberg sans pour autant avoir rencontré un iceberg (on sait ce que sait sans
l’avoir vu)
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L’existence des signes et des objets sont différents (y a pas besoin de l’un et de l’autre, les 2
sont indépendants). C’est deux régimes de fonctionnement différents.
Remarque : puisque c’est dans un processus de signification donné, il est possible que le
référent ne soit pas réel
ex : référent licorne n’existe pas mais on sait ce que c’est grâce au contexte
Remarque : c’est artificiel → nous donnons sens à ce qui nous entoure plus rapidement car
c’est instinctif. Le modèle est une proposition de description de l’activité sémiotique. Ce
modèle est pertinent que si on est dans cette activité sémiotique. Or, on nous dit qu’on est
toujours dans une activité sémiotique car on cherche toujours à donner du sens.
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N.B. : un objet ne constitue un signe que si on lui a attribué cette fonction : il n’y a des
signes que pour des individus, faisant partie d’une société et d’une culture donnée et vivant
dans un temps donné, et qui avec ces signes, structurent l’univers.
Il n’est pas nécessaire d’avoir tous les éléments du signe pour que cette représentation
fonctionne
ex : mot italien zappa → plusieurs manières de représenter ce mot pioche (définition, dessin,
tradition, …) donc on comprend ce que c’est sans pour autant utiliser le modèle en entier
(car raccourci)
Dans les discours avec les mots, on a besoin que du Sa et Sé pour faire fonctionner des
significations dans les discours (instinct)
Mise en scène d’un personnage pour faire prendre conscience au lecteur que tout ce qui
nous entoure est soumis au sens afin de pouvoir de faire une action. Exagération pour
montrer que tout ce qu’on fait de manière “naturelle” n’est pas naturel.
L’auteur donne un nom aux sensations intimes car il a besoin de communiquer ces
sensations pour les transmettre à un médecin, par exemple.
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représentation : remplacement de l’expérience de quelque chose par des signes qui
permettent de raconter ce quelque chose.
ex : le psychologue fait dessiner des enfants afin de comprendre leurs sensations car dès
lors qu’on remplace par des signes, on peut le partager.
Le personnage est italien donc il cherche dans la langue française (non maternel) quelque
chose pour décrire mais il est imprécis pour dénommer ce qu’il ressent en français.
Eco va lier tout un ensemble de signes pour que Sigma se rende au médecin
Les “relais de codes” sont utilisés par le médecin pour lier les signes et la maladie
ex : Dr House lie les signes donnés par le patient pour effectuer son diagnostic
relais de codes : nécessité de passer par plusieurs codes (et donc différents types de
signes) pour parvenir à une interprétation satisfaisante de la communication
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« Il se peut que Sigma soit un imprévoyant et un entêté et qu’à l’injonction : « ou vous
arrêtez de boire ou je décline toute responsabilité au sujet de votre foie », il réplique qu’il
est préférable de jouir de la vie sans s’inquiéter de sa santé que d’être réduit à la condition
d’un hypocondriaque pesant aliments et boissons sur une balance d’apothicaire. Dans ce
cas, Sigma construirait une opposition entre Belle Vie et Santé qui n’est pas homologue à
celle que l’on établit d’habitude entre vie et mort : la Vie, vécue sans soucis, avec son
risque permanent qui est la Mort, lui apparaîtrait comme la même face d’une valeur de
base, l’insouciance, à quoi l’on opposerait d’un autre côté Santé et Souci, tous deux
apparentés à l’Ennui. »
valeur d’un signe : signification que prend un signe grâce à l’opposition avec d’autres
signes
C’est un principe fondamental de la sémiologie.
opposition de valeurs : organisation des significations entre elles. Elles se définissent les
unes par rapport aux autres.
Le point de vue du médecin est plus collectif car son rôle social est de sauver la vie de
Sigma alors que le point de vue de Sigma est plus individuel car il pense à lui.
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La prolifération des signes n’est pas propre à un milieu urbain : il y en a partout.
Tous les phénomènes naturels peuvent devenir des signes dès qu’ils rentrent dans un
processus de signification.
Dans ce texte, Eco se positionne dans la lignée de Barthes car pour lui, tout est signe et
s’inscrit dans la sémiotique de la signification et non de la communication.
Alors qu’au début de la sémiologie, le signe était uniquement considéré comme quelque
chose d’utiliser dans la communication.
N.B. : si le signe est le substitut d’une chose, ça veut dire qu’il n’est pas la chose. Donc cela
induit une distance avec les choses et permet un regard particulier sur elle, un point de vue
- le signe comme trace d’un code : s’il y a signe, il y a code. Lorsqu’on interprète des
signes, on procède par raisonnement soit à partir de règles établies dans un code
strict, soit à partir d’habitudes, d’usages culturels. Cette notion de code est souvent
très claire. Le renvoi de choses à une autre se fait par une convention.
ex : code de la route : un panneau = un ordre (code strict)
Par conséquent, utiliser un signe, ou se servir d’une chose comme signe, c’est ipso
facto (par le fait même) se reporter à une culture donnée, à une société donnée.
Les éléments signifient quelque chose sans pour autant leur donner un contexte précis. Il y
a des configurations qui se stabilisent et qui deviennent interprétables. Les conventions sont
implicites.
Eco l’illustre lorsqu’il explique que Sigma a l’habitude des cafés parisiens qui sont tous
organisés à peu près de la même façon.
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Les exemples cités sont des représentations de découpage des Sa
Le découpage des Sé est réalisé par l’organisation des valeurs entre elles.
« En associant une portion de l’univers matériel (l’univers des sons, des couleurs, des
formes, des odeurs) à une portion de l’univers conceptuel (l’univers des idées, des
représentations mentales, des affects, des valeurs, de l’organisation des objets), le signe
organise – il structure – à la fois l’univers matériel et l’univers conceptuel. Il découpe
dans le premier des unités que l’on nommera des signifiants, et dans le second des
unités que l’on nommera des signifiés. Même isolé, un signe renvoie donc à un
découpage préalable, à une organisation du monde en unités et catégories. »
Dans cette perception, il y a une objectivation du signe comme s’il fonctionnait tout seul.
Or, l’individu crée le signe.
V. La sémiotique de Peirce
1. Introduction générale
Théorie sémiotique générale pour rendre compte de tous les phénomènes culturels.
Peirce envisage tous les domaines signifiants. Les données utilisées appartiennent à la vie
émotionnelle, pratique et intellectuelle. Ici, on ne prend pas le fonctionnement du langage
mais plutôt tous les phénomènes de signification, sans hiérarchisation a priori et sans
aucune préférence entre les phénomènes.
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La sémiotique de Peirce s’appuie donc sur une réflexion phénoménologique et sur la logique
des relations.
logique des relations : tous les phénomènes liés entre eux par un raisonnement logique
Peirce envisage d’emblée tous les domaines signifiants. Les données utilisées
appartiennent à la vie émotionnelle, pratique et intellectuelle.
La sémiotique de Peirce s’appuie sur une réflexion phénoménologique et sur la logique des
relations.
Par son ancrage dans une réflexion phénoménologique et métaphysique, la sémiotique de
Peirce prend une dimension plus ambitieuse qu’une simple théorie de la signification, elle
est tout un projet philosophique.
Tout phénomène complexe peut être considéré comme signe tant qu’il y a un interprète.
Peirce est opposé à Saussure car Saussure parle du signe comme étant la plus petite unité
significative (morphème), ce qui pose la question de l’unité du signe.
Peirce définit qu’un signe peut être de n’importe quelle longueur. Aucune restriction de
mesure.
Un signe peut être simple ou complexe : toute chose, tout phénomène, aussi complexe
soit-il, peut être considéré comme signe dès lors qu’il entre dans un processus sémiotique,
c’est-à-dire dès qu’un interprète le réfère à autre chose.
N.B. : La délimitation d’un phénomène comme signe n’est déterminée qu’à travers une
élucidation de son sens
Chez Peirce, ce qui fait le signe est simplement le pouvoir de faire émerger de la
signification. Si une signification émerge, alors c’est un signe.
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3.Une sémiotique triadique
La sémio peircienne fonctionne donc par un jeu de combinaison entre les 3 catégories
philosophiques et les 3 catégories du signe.
Chez Peirce, la semiosis (production de la signification) est un processus triadique qui met
en relation un Representamen (1er), un Objet (2e) et un Interprétant (3e).
Chacun des termes de la semiosis se subdivise également en trois catégories :
- 3 types de representamen
- 3 modes de renvoi du representamen à l’objet
- 3 façons dont l’interprétant opère la relation entre le representamen et l’objet
ex : si on évoque un énoncé, il contient forcément des données pragmatiques (noms, ..) Ces
données permettent de repérer dans un contexte ces signes.
La philosophie prônée par Pierce est le “pragmatisme” : rechercher le sens d’une hypothèse
ou de n’importe quelle idée dans ses conséquences pratiques
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« La signification d’un concept est la somme des effets possibles sur la conduite »
N.B. : La signification d’un signe est ce qu’il fait, comment il agit sur l’interprète, quel effet il
produit. La démarche interprétative conduit l’interprète de la perception à l’action, par le biais
de la pensée.
Décrire la signification d’un signe, c’est décrire le processus cognitif (pensée) par lequel le
signe est interprété et provoque un type d’action.
1.La phanéroscopie
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Besoin de trois facultés pour appréhender les phénomènes : l’observation, la discrimination
et la généralisation
Le sujet est en mesure de différencier le phénomène perçu d’un autre phénomène, pour
potentiellement les mettre en relation.
Parmi les phénomènes, Peirce distingue trois catégories qu’il nomme à l’aide des nombres
1, 2 et 3 (firstness, secondness, thirdness) : priméité, secondéité et tiercéité
N.B. : Trois aspects de l’expérience humaine : la vie émotionnelle, la vie pratique et la vie
intellectuelle.
ex : mode de “rougéité” (rougir) → priméité c’est percevoir quelque chose de rouge avant de
le mettre en relation (interprétation)
« Voilà ce qu’est le premier : présent, immédiat, frais, nouveau, initial, spontané, libre, vif,
conscient et évanescent. Souvenez-vous seulement que toute description que nous en
faisons ne peut qu’être fausse »
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La secondéité est une conception de l’être relatif à quelque chose d’autre.
C’est une catégorie du réel, de l’individuel, de l’expérience, du fait, de l’existence.
t nunc, c’est-à-dire de ce qui se produit en un lieu et un temps
C’est une catégorie du hic e
déterminés.
La secondéité implique la priméité car la qualité première va s’incarner dans des objets, des
événements réels
Le temps est discontinu (avant et après) alors que la priméité est un temps fugace.
La secondéité marque un “présent d’un passé”.
La tiercéité est une médiation par laquelle un premier et un second sont mis en relation.
C’est une catégorie de la pensée, du langage, de la représentation et du processus
sémiotique de la culture. Elle permet la communication, la vie sociale.
Pour résumer :
- priméité : catégorie de la qualité
- secondéité : catégorie du fait
- tiercéité : catégorie de la pensée et du langage
“Le premier est agent, le second est patient, le troisième est l’action par laquelle l’un
influence l’autre”
Citation de Peirce
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signe = representamen (Sé = Sa alors que Sauss différencie les 2. Le signe est le
phénomène susceptible d’être perçu alors que le representamen est une chose qui
représente une autre chose.)
signe ou representamen : signe pour parler de toutes les choses que l’on perçoit et
representamen pour la réflexion théorique (selon Peirce)
representamen : qui représente, il ne peut pas le faire connaître il ne peut que donner du
sens sur une caractéristique de l’objet.
a. Un processus illimité
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Pour comprendre un signe, on cherche d’autres signes capables de le traduire, ce qui nous
permet de l’associer à l’objet auquel il renvoie.
N.B. : dans la pratique, le processus est limité par l’habitude : “l’interprétant logique final”
Interprétant final : telle signification à tel signe dans un contexte particulier (marque fin
processus illimité)
Le representamen fige provisoirement le renvoi d’un à d’autres signes ce qui permet à des
interlocuteurs de se mettre d’accord sur la réalité à laquelle ils sont confrontés.
ex :
ex : pot de peinture rouge dans la réalité (objet dynamique), les signes de cet objet peuvent
être multiples : composition donc étiquette, couleur…
“Le signe représente son objet, non sous tous ses rapports, mais par référence à une
sorte d’idée que j’ai appelé quelquefois le fondement (“ground”) du representamen”
Citation de Peirce
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Le fondement est un point de vue selon lequel le signe représente son objet.
Un même objet dynamique peut être considéré sous de multiples point de vue et donc
déterminer une infinité de signes.
L’objet immédiat choisit une caractéristique de l’objet
Pour que ce signe (ROI → schéma) soit connu, il lui faut une connaissance préalable qui lui
vienne de tous les autres signes.
L’objet dynamique est un signe inaccessible car c’est l’objet qu’on obtiendrait si on allait au
bout du processus illimité (impossible car infini)
Un signe se définit par une relation dynamique et hiérarchisée entre les trois trichotomies. Il
résulte alors des combinaisons possibles différentes.
Tout le processus proposé repose sur le fait que les signes sont interprétés par l’être humain
qui construisent des significations dans un contexte précis.
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d. Trichotomie du representamen (R)
Le representamen est un premier qui peut appartenir à trois catégories : possible (1er), réel
(2e) ou loi (3e).
qualisigne : R1 dont le fonctionnement est une qualité qui fonctionne comme signe
Il ne sera matérialiser que dans la réalité
(quali -> qualité)
ex : qualité “éclat” : matériellement couleur éclatant d’un pull ou encore éclat d’une
trompette,… du possible car quelque chose qui est là qui peut se réaliser dans une telle
situation
La qualité des phénomènes est innombrable mais l’être humain réduit les qualités possibles
car on ne peut pas les percevoir
légisigne : R3 signe dont le fondement est une loi, établie a priori par convention et
arbitraire, ou a posteriori par habitude
(legi -> loi)
Les légisignes sont tous les signes conventionnels qui font partie d’un systèmes : les mots
de passe, les insignes, le code de la route, …
Ils ne peuvent agir que en se matérialisant dans le sinsigne qui lui même à des qualités et
singuliers
ex : article “le” légisigne car définition par des règles syntaxiques sémantiques, …
Il devient sinsigne lorsqu’il est actualisé dans un moment actualisé (le bateau / Le / Le). La
différence d’écriture sont des qualisignes
Le légisigne est un type général rigoureusement défini par des règles qui va se retrouver
identique sous des occurrences différentes
Le qualisigne n’a pas des caractéristiques fixes.
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e. La trichotomie de l’objet
Un representamen (1er, 2e ou 3e) peut renvoyer à son objet selon la priméité (rapport de
similarité - 1), la secondéité (rapport de contiguïté - 2) ou la tiercéité (selon une loi - 3).
icône : O1, un signe (R) renvoie à son objet (O) de façon iconique lorsqu’il ressemble à son
objet. Le renvoi se fait selon la priméité.
R1O1 : qualisigne iconique, constitue l’état limite du signe puisqu’il ne représente pas
autre chose que lui-même.
ex : odeur de rose (R1) → R1O1 serait l’odeur de rose mais renifler par une statue
(interprète incapable de faire la relation entre l’odeur et la rose)
R301 : légisigne iconique, toutes les occurrences iconiques qui sont devenues par
habitude culturelle des conventions et des règles de représentation
ex : pictogrammes internationales : signes iconiques mais qui sont devenus généraux par
convention
ex : métaphore conventionnelle : faucheuse (mort) par habitude
indice : O2, un signe renvoie à son objet de manière indicielle lorsqu’il est réellement
affecté par cet objet
L’indice est un fait immédiatement perceptible qui attire l’attention sur l’objet, lequel n’est pas
immédiatement perceptible. Entre le representamen et l’objet, il y a un rapport de contiguïté,
une relation contextuelle (secondéité).
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R3O2 : légisigne indiciel, un légisigne peut fonctionner comme un indice dès lors qu’il
acquiert sa valeur de signe dans une relation contextuelle.
ex : “vous pouvez enlever ceci de votre table” : valeur de ceci pris en contexte
certains mots de la langue peuvent être R3O2 qui renvoie à un processus de signification
car prennent leur valeur dans leur utilisation. Ils peuvent avoir une valeur d’indice dans un
processus de signification.
symbole : O3, un signe est un symbole lorsqu’il renvoie à son objet en vertu d’une loi, d’un
règle, d’une association d’idées générales.
R103 : impossible
R2O3 : impossible
(catégorie representamen < catégorie objet donc impossible que representamen < objet)
N.B.1 : la règle symbolique peut avoir été formulée a priori par convention ou a posteriori par
habitude.
N.B.2 : le symbole réalise pleinement le processus sémiotique : il signifie son objet par
l’intermédiaire d’un interprétant, alors que l’indice ne fait que désigner son objet et que
l’icône s’assimile à son objet, le décrit, en donne une image.
On retrouve l’arbitrarité du signe
f. Trichotomie de l’interprétant
L’interprétant d’un signe est un signe lui-même, qui renvoie le premier signe (R) à son objet
parce qu’il entretient le même rapport avec le même objet. L’interprétant est la règle qui
permet au representamen de renvoyer à l’objet.
rhème ou signe rhématique : I1, un signe qui est compris comme représentant son objet
dans ses caractères seulement
Un rhème dit que les caractéristiques du representamen sont possibles. Il permet de
reconnaître dans un representamen les traits pertinents de tout un paradigme d’objets
possibles.
Il va rendre la qualité généralement reconnaissable.
Tous les mots de la langue pris isolément sont rhématiques.
ex : pomme (sans contexte) : légisigne et généralisable à tous les signes de pomme
representamen pomme est général à toutes les pommes
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dicisigne ou signe dicent : I2, un signe qui est compris comme représentant son objet par
rapport à l’existence réelle.
C’est un signe qu’on interprète selon la secondéité (réalité). Expérience qui va établir la
liaison entre R et O par une relation logique (vrai ou faux)
ex : R portrait de qqn, nom de cette personne écrit : si portrait est le portrait ou non de cette
personne, ça veut dire que l’on inscrit la question de si c’est cette personne ou non est
représenté sur le tableau dans l’expérience.
argument ou signe argumental : I3, un signe qui est compris comme représentant son
objet dans son caractère de signe
Il formule la règle qui relie R et O.
ex : feu rouge = ordre de s’arrêter
fumée = feu
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sinsigne indiciel rhématique (R2-O2-I1) : événement spatio-temporellement déterminé qui
renvoie à l’objet par contiguïté et qui s’interprète comme représentant les caractéristiques
d’un cri de quelqu’un à qui il arrive quelque chose
ex : un cri spontané (quelqu’un qui se fait agresser)
légisigne iconique rhématique (R3-O1-I1) : le representamen est un signe général qui fait
partie de la langue, d’un système ; il représente son objet par rapport de similarité et qui est
interprété comme représentant tous les objets possibles.
ex : cri du coq cocorico censé représenter tous les cris de coq possibles
légisigne indiciel dicent (R3-O2-I2) : le representamen est un signe général qui fait partie
d’un système, dont chaque occurrence est provoquée par son objet.
ex : le code de la route : la volonté de la gendarmerie de communiquer un ordre de s’arrêter
dans telles circonstances spatio-temporelles (indice). L’interprétant est un dicisigne qui met
en rapport deux constantes sous la forme d’une proposition (feu rouge en contexte)
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légisigne symbolique argumental (R3-O3-I3) : le signe général (légisigne) qui signifie son
objet par convention (symbole) et dont l’interprétant (argument) formule la règle qui les relie.
Il existe trois types d’arguments selon la nature de la règle qui relie le representamen à son
objet :
- déduction : quand la règle est imposée aux faits, elle relève de la tiercéité. Le règle
se justifie elle-même en tant que règle
ex : feu rouge = arrêt
- induction : quand la règle résulte des faits, elle relève de la secondéité. La règle
découle de l’observation répétée des faits divers
ex : fumée = feu
- abduction : quand l’argument consiste à découvrir, sous forme d’hypothèse, une
règle susceptible d’expliquer un fait. L’argument relève de la priméité
ex : hypothèse → règle possible
Les différents penseurs vont penser une réflexion particulière de la semiosis (= processus
qui engendre la signification)
Il faut se poser la question du signe, c’est se poser la question de sa relation avec la réalité
avec le monde naturel et toutes les théories ne répondent pas de la même façon à ce sujet.
Au début du XXe siècle, Saussure instaure un signe binaire ou dyadique. Cette conception
au début implique la distanciation avec le monde naturel et la réalité n’est pas intégrée à sa
réalité. Il y a une mise à l’écart de ces 2 termes (Sa et Sé).
Cette conception est adoptée par A.J. Greimas et F. Rastier.
Remarque : avec sa conception, on travaille sur les signes et sur les systèmes de signe
comme des systèmes formels : courant formaliste. Il fonctionne grâce à des règles internes,
mise en avant de ces règles pour voir ce qui les relie en excluant plus ou moins la question
du rapport au monde et du rapport du sujet au monde (l’homme).
La relation au monde est quand même traitée mais par des concepts qu’il rajoute :
l’arbitraire et la motivation.
La question du rôle de l’être humain dans ce processus sera traitée plus tard, notamment
par Greimas.
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Peirce : le signe triadique
Ce sont les théories les plus nombreuses, on parle de triangle sémiotique : base figurée
par des pointillés car la relation entre representamen et objet est moins directe que les
autres relations.
Remarque : On voit que ces conceptions intègrent dans la théorie la question du rapport
avec le monde, avec l’objet.
Une partie de ces théories, celle de Peirce est la plus aboutie car elle intègre des données
sémantiques, pragmatiques et formels.
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Klinkenberg : signe tétradique
La proposition intègre aussi la relation au monde naturel comme Peirce mais la conception
de la signification n’est pas la même.
L’ordre dans lequel sont présenté ces termes va montrer qu’on est face à ce que Luis Ebert
nomme le parcours référentiel.
Pour construire des énoncés verbaux, ou des représentations non verbales, qui ont du sens,
les unités d’un ou plusieurs systèmes de signes s’organisent entre elles et contractent des
relations particulières. L’agencement des unités, ou la relation que les unités entretiennent
entre elles dans un système de signes, s’appréhende par la syntagme et paradigme : elles
permettent de définir des types d’agencement, de relations.
Ces relations entre les unités sont repérables sur deux axes :
- l’axe syntagmatique
- l’axe paradigmatique
Les langages ou systèmes de signes (chez Saussure, ce sont des synonymes) prévoient
des syntagmes et des paradigmes. Chacune de ces entités met en relation des entités de
façon particulière que l’on va repérer sur les axes. Ces deux notions ont d’abord été mises
en évidence dans l’étude du langage verbal puis généralisées à d’autres systèmes de
signes.
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1. Syntagme et axe syntagmatique
Dans un système de signes, les unités sont agencées entre elles pour produire des
énoncés. Cet agencement d’unités s’appelle un syntagme.
ex de syntagme en langue :
Jules aime Julie vs Julie aime Jules
syntagme : combinaison des unités entre elles telles qu’elles sont actualisées / manifestées
dans un énoncé
Ce qui permet de produire deux énoncés différents, c’est la manière dont les entités sont
mises en relation. Différentes séquences sont possibles mais “Julie Jules aime” n’est pas
possible car ils ne respectent pas le français.
syntaxe : ensemble des règles qui déterminent le bon agencement des unités mises en
séquence. Ces règles sont appelées des règles syntagmatiques.
Remarque : les règles syntagmatiques ne sont valables que dans un système de signes
donné. Les règles changent en fonction du système.
ex : en français, l’ordre des mots est pertinent mais en latin non : Julius amat Julia, Julia
amat Julius, Julia Julius amat, …
Le latin n’a pas les mêmes règles qu’en français, donc le français ne va pas subir les
mêmes règles syntagmatiques.
Les formes ou énoncés qui ne respectent pas les règles syntagmatiques d’un système de
signes sont agrammaticales : elles enfreignent les lois de la syntaxe du système duquel
elles émanent.
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Axe syntagmatique (relation des unités en “et”) :
- axe horizontal
- axe de la succession
- axe de la combinaison
Les relations syntagmatiques mettent en relation des éléments co-présents : relations in
praesentia ( élément a et élément b etc)
« Les règles syntagmatiques diffèrent suivant les sémiotiques […]. Alors que dans le
langage verbal, l’ordre séquentiel, linéaire, est capital […] dans les langages visuels, les
syntagmes sont spatiaux, tabulaires, et leurs unités sont appréhendées au même instant.»
Klinkenberg, Précis de sémiotique générale
« Le syntagme est une combinaison de signes qui a pour support l’étendue ; dans le
langage articulé, cette étendue est linéaire et irréversible. Chaque terme tire sa valeur de
son opposition à ce qui précède et à ce qui suit. »
Barthes, L’aventure sémiologique
Les unités peuvent commuter entre elles dans un énoncé de bases de données qui font
partie du même paradigme.
Dans l’exemple, on teste le paradigme du verbe aimer
paradigme : classe d’éléments homogènes sur un certain point. Les unités peuvent
apparaître au même endroit d’un syntagme donné (elles peuvent commuter).
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Axe paradigmatique (relation des unités en “ou”) :
- axe vertical
- axe virtuel : on laisse de côté les autres possibilités qui sont virtuelles et non
manifestées
- axe de la sélection : un paradigme est un ensemble dans lequel on va choisir une
unité
Les relations paradigmatiques mettent en relation des éléments non co-présents : relation in
absentia (élément a ou élément b etc)
« La notion de relation paradigmatique vise donc l’ensemble des liens que des unités non
manifestées entretiennent entre elles, hors d’un énoncé particulier. Ces relations
paradigmatiques opèrent sur l’axe de la sélection. Comme elles mettent en relation des
éléments qui ne sont pas co-présents, on dira qu’elles opèrent in absentia, littéralement
« en absence » (absence d’un élément par rapport à l’autre, présent. »
Klinkenberg, Précis de sémiotique générale
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3. Croisement des axes syntagmatiques et paradigmatiques
ex en langue :
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Un signe peut être n’importe quoi du moment que c’est interprétable et qu’on lui donne une
interprétation (Peirce)
“Ainsi, dans un état de langue, tout repose sur des rapports; comment fonctionnent-ils ?
Les rapporte et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères
distinctes dont chacune est génératrice d'un certain ordre de valeurs; l'opposition entre
ces deux ordres fait mieux comprendre la nature de chacun d'eux. Ils correspondent à
deux formes de notre activité mentale, toutes deux indispensables à la vie de la langue.
D'une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur
enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la
possibilité de prononcer deux éléments à la fois (voir p. 103). Ceux-ci se rangent les uns à
la suite des autres sur la chaîne de la parole. Ces combinaisons qui ont pour support
l'étendue peuvent être appelées syntagmes. Le syntagme se compose donc toujours de
deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple: re-lire;contre tous; la vie humaine;
Dieu est bon; s'il fait beau temps, nous sortirons, etc ). Placé dans un syntagme, un terme
n'acquiert sa valeur que parce qu'il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à
tous les deux.
D'autre part, en dehors du discours, les mots offrant quelque chose de commun
s'associent dans la mémoire, et il se forme ainsi des groupes au sein desquels règnent
des rapports très divers. Ainsi le mot enseignement fera surgir inconsciemment devant
l'esprit une foule d'autres mots (enseigner, renseigner, etc., on bien armement,
changement, etc, ou bien éducation, apprentissage); par un côté ou
un autre, tous ont quelque chose de commun entre eux. On voit que ces coordinations
sont d'une tout autre espèce que les premières. Elles n'ont pas pour support l'étendue;
leur siège est dans Ic cerveau; elles font partie de ce trésor intérieur qui constitue la
langue chez chaque individu. Nous les appellerons rapports associatifs. Le rapport
syntagmatique est in praesentia; il repose sur deux ou plusieurs termes également
présents dans une série effective. Au contraire le rapport associatif unit des termes in
absentia dans une série mnémonique virtuelle. A ce double point de vue, une unité
linguistique est comparable à une partie déterminée d'un édifice, une colonne par
exemple; celle-ci se trouve, d'une part, dans un certain rapport avec l'architrave qu`elle
supporte; cet agencement de deux unités également présentes dans l'espace lait penser
au
rapport syntagmatique; d'autre part, si cette colonne est d'ordre dorique, elle évoque la
comparaison mentale avec les autres ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des
éléments non présents dans l’espace: le rapport est associatif.
Chacun de ces deux ordres de coordination appelle à quelques remarques particulières.”
syntagme (ou série effective) : enchaînement de mots sur la chaîne de la parole (phrase)
selon où sont placés les mots, ils forment des sens différents
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paradigme (ou série mnémotechnique) : paquets de mots par rapport à un mot
selon les catégories grammaticales par exemple
Terminologie saussurienne :
- “série effective” = syntagme
- “rapport associatif” = rapport paradigmatique
- “série mnémonique virtuelle” = paradigme
« […] une unité linguistique est comparable à une partie déterminée d’un édifice, une
colonne par exemple ; celle-ci se trouve d’une part dans un certain rapport avec
l’architrave qu’elle supporte ; cet agencement est d’ordre syntagmatique ; d’autre part, si
cette colonne est d’ordre dorique, elle évoque la comparaison mentale avec les autres
ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des éléments non présents dans l’espace : le
rapport est associatif. »
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Mais si la colonne est d’un style particulier, il y a d’autres styles possibles aussi donc
paradigme entre ces différents types de colonnes (rapport paradigmatique)
Nos exemples de la page 170 donnent déjà à entendre que la notion de syntagme
s'applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de
toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase,
phrases entières).
Il ne suffit pas de considérer le rapport qui unit les diverses parties d'un syntagme entre
elles (par exemple contre et tous dans contre tous, contre et maître dans contremaître); il
faut tenir compte aussi de celui qui relie le tout à ses parties (par exemple contre tous
opposé d'une part à contre, de l'autre à tous, ou contremaître opposé à contre et à
martre).
On pourrait faire ici une objection. La phrase est le type par excellence du syntagme. Mais
elle appartient à la parole, non à la langue (voir p. 30); ne s'ensuit-il pas que le syntagme
relève de la parole ? Nous ne le pensons pas. Le propre de la parole, c'est la liberté des
combinaisons; il faut donc se demander si tous les syntagmes sont également libres.
On rencontre d'abord un grand nombre d'expressions qui appartiennent à la langue; ce
sont les locutions toutes faites, auxquelles l'usage interdit de rien changer, même si l'on
peut y distinguer, à la réflexion, des parties significatives (cf. à quoi bon, allons donc, etc ).
il en est de même, bien qu'à un moindre degré, d'expressions telles que prendre la
mouche, forcer la main à quelqu'un, rompre une lance, ou encore avoir mal à (la tête, etc
), à force de (soins, etc.), que vous ensemble ?, pas n'est besoin de .., etc., dont le
caractère usuel ressort des particularités de leur signification ou de leur syntaxe. Ces
tours ne peuvent pas être improvisés, ils sont fournis par la tradition On peut citer aussi
les mots qui, tout en se prêtant parfaitement à l'analyse, sont caractérisés par quelque
anomalie morphologique maintenue par la seule force de l'usage (cf. difficulté vis-à-vis de
facilité, etc., mourrai en face de dormirai, etc.).
Mais ce n'est pas tout; il faut attribuer à la langue, non à la parole, tous les types de
syntagmes construits sur des formes régulières. En effet, comme il n'y a rien d'abstrait
dans la langue, ces types n'existent que si elle en a enregistré des spécimens
suffisamment nombreux. Quand un mot comme indécorable surgit dans la parole (voir p.
228 ), il suppose un type déterminé, et celui-ci à son tour n'est possible que par le
souvenir d'un nombre suffisant de mots semblables appartenant à la langue
(impardonnable, intolérable, infatigable, etc.). Il en est exactement de même des phrases
et des groupes de mots établis sur des patrons réguliers; des combinaisons comme la
terre tourne, que vous dit-il ? etc., répondent à des types généraux, qui ont à leur tour leur
support dans la langue sous forme de souvenirs concrets.*
Mais il faut reconnaître que dans le domaine du syntagme il n'y a pas de limite tranchée
entre le fait de langue, marque de l'usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la
liberté individuelle. Dans une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison
d'unités, parce que l'un et l'autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des
proportions qu'il est impossible de déterminer.
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Extrait du Cours de linguistique générale (1972), Saussure
ex : facilité ≠ difficulté mais ils ne sont pas construits de la même manière
On va pouvoir créer de nouveaux mots car on reconnaît des mots déjà existants.
La manière de parler est déjà enregistré dans la langue.
« […] dans le domaine du syntagme il n'y a pas de limite tranchée entre le fait de langue,
marque de l'usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la liberté individuelle. Dans
une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison d'unités, parce que l'un et
l'autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des proportions qu'il est impossible de
déterminer. »
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2. Les rapports associatifs
Les groupes formés par association mentale ne se bornent pas à rapprocher les termes
qui présentent quelque chose de commun; l’esprit saisit aussi la nature des rapports qui
les relient dans chaque cas et crée par là autant de séries associatives qu'il y a de
rapports divers. Ainsi dans enseignement, enseigner, enseignons, etc, il y a un élément
commun à tous les termes, le radical; mais le mot enseignement peut se trouver impliqué
dans une série basée sur un autre élément commun, le suffixe (cf. enseignement,
armement, changement etc.) ; l’association peut reposer aussi sur la seule analogie
des signifiés (enseignement, instruction, apprentissage, éducation, etc.), ou au contraire,
sur la simple communauté des images acoustiques (par exemple enseignement et
justement). Donc il y a tantôt communauté double du sens et de la forme, tantôt
communauté de forme ou de sens seulement. Un mot quelconque peut toujours évoquer
tout ce qui est susceptible de lui être associé d’une manière ou d’une autre.
Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un
nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en
nombre défini, ni dans un ordre déterminé. Si on associe désir-eux, chaleur-eux, peur-eux,
etc., on ne saurait dire d’avance quel sera le nombre des mots suggérés par la mémoire,
ni dans quel ordre ils apparaîtront. Un terme donné est comme le centre d’une
constellation, le point où convergent d’autres termes coordonnés, dont la somme est
indéfinie. (voir figure)
Cependant, de ces deux caractères de la série associative, ordre indéterminé et nombre
indéfini, seul le premier se vérifie toujours ; le second peut manquer. C’est ce qui arrive
dans un type caractéristique de ce genre de groupements, les paradigmes de fléxion. En
latin, dans dominus, domini, domino etc., nous avons bien un groupe associatif formé par
un élément commun, le thème nominal domin-, mais la série n’est pas indéfinie comme
celle de enseignement, changement, etc. ; le nombre des cas est déterminé ; par contre
leur succession n’est pas ordonné spatialement, et c’est par un acte purement arbitraire
que le grammairien les groupe d’une façon plutôt qu’une autre ; pour la conscience des
sujets parlants le nominatif n’est nullement le premier cas de la déclinaison, et les termes
pourront surgir dans tel ou tel ordre
« Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un
nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en
nombre défini, ni dans un ordre déterminé. […] Cependant, de ces deux caractères de la
série associative, ordre indéterminé et nombre indéfini, seul le premier se vérifie toujours ;
le second peut manquer. »
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Extrait du Cours de linguistique générale (1972), Saussure
syntagme : implique un ordre particulier entre les unités et un nombre fini d’unités
paradigme : implique un ordre indéterminé entre les unités et un nombre non défini d’unités
N.B. : Seul le premier caractère se vérifie toujours, le second est plus aléatoire : beaucoup
de paradigmes présentent un nombre défini d’unités
ex : les désinences en latin (rosa, rosae, rosarum, … 1ère déclinaison mais il en existe 5)
mais au bout d’un moment elles s’arrêtent, ce n’est pas infini
code de la route (apprentissage des panneaux mais au bout d’un moment ça s’arrête,
ce n’est pas infini)
arbitraire : adjectif
motivé : adjectif
arbitrarité : nom
motivation : nom, notion sémiotique
Si on parle d’arbitrarité et de motivation, on parle du statut sémiotique des unités (ou nature
des signes), lien entre Sa et Sé pour produire du sens, construire de la signification.
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Dessin Mot verbal oral Mot verbal écrit
(phonétique)
Arbitraire : on parle de signe arbitraire quand le rapport du signe à l’objet auquel il renvoie a
été établi par pure convention, ou encore quand le signifiant (l’expression) et le signifié (le
contenu) s’unissent sur la base d’une relation indirecte et conventionnelle
L’association entre mot phonétique avec la définition et mot écrit avec définition.
Le signe linguistique nécessite un apprentissage et il est polysémique → arbitraire (que ce
soit oral ou écrit)
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Preuve de l’arbitrarité : dans une autre langue, le signifiant est différent alors que c’est la
même chose. Pas de prédisposition à nommer une chose mais c’est une convention par les
langues
Motivé : on parle de signe motivé quand le rapport du signe à l’objet auquel il renvoie a été
établi sur la base d’une relation naturelle (≠ conventionnel), ou encore quand le signifiant
(l’expression) et le signifié (le contenu) entretiennent par le biais du référent, une relation
que l’on est capable de mettre en évidence et de qualifier.
/!\ tous les dessins ne sont pas motivés, ça dépend de ce qu’on prend en compte
ex : croix géométrique en vert (Sa) → pharmacie (Sé) : pas de ressemblance donc arbitraire
croix verte géométrique (Sa) → idée de croix verte (Sé) : motivé car ressemblance
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Différents types de motivation :
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- motivation transsémiotique : exploitation d’un lien sémiotique (Sa - Sé)
déjà existant et établi dans un autre code. Actualisation d’un autre code
connu.
ex : “ ! ” (Sa) qu’on retrouve dans panneaux du code de la route mais il
présente aussi une “idée d’émotion” au sens large (Sé)
ex : Street art → détournement de panneaux de la signalisation routière
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● le lien rhétorique est une métaphore : mise en regard de 2 signes. Le
fonctionnement sémiotique d’une métaphore est que 2 signes x et y
ont des points communs. C’est utilisé x à la place de y car points
communs. Rapport d’analogie. Il y a ici un rapport de ressemblance
avec 2 signes (différence avec le lien direct car 1 seul signe). 2 types
de métaphores :
○ métaphore in praesentia : 2 signes présents, les éléments X
et Y sont tous les deux présents dans l’énoncé qui les met en
rapport analogique
ex : signe x → orange et signe y → Terre. “La terre est une
orange” à cause d’une propriété commune “rotondité”
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IX . Arbitrarité et motivation chez Peirce
Elles vont correspondre chez Peirce au mode de renvoi du signe (representamen) à son
objet.
Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève de la similarité O1, signes iconiques =
signes motivés directement
Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève de la contiguité O2, signes indiciels =
signes motivés par métonymie
Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève d’une règle O3, signes symboliques =
signes arbitraires
On va étudier la classification des signes selon le mode de renvoi du signe à son objet
d’après Ecrits sur le signe (1978) de Pierce
Définition de Peirce “une icône est un signe qui renvoie à l’objet qu’il dénote simplement en
vertu des caractères qu’il possède”.
ex : l’image dans le miroir, comme signe qui renvoie au sujet qui se regarde
le plan d’architecte, comme signe qui renvoie à l’architecture réalisée ou à réaliser
le plan d’un montage électrique, comme signe qui renvoie au montage électrique
lui-même
les maquettes, comme signes qui renvoient aux objets “reproduits”
l’imitation d’un parfum de marque, comme signe qui renvoie au parfum de référence
le bruitage au cinéma, comme signe qui renvoie au bruitage “réel” d’une scène de vie
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le rond humide sur une table de bar, comme signe qui renvoie à la présence d’un verre
3. Les symboles (O3)
Signes arbitraires (auxquels on attribue une signification par le biais d’une convention)
Définition de Peirce : “un symbole est un signe qui renvoie à un objet en vertu d’une loi”
ex : le mot “arbre” comme signe qui renvoie à l’objet de l’expérience du monde “arbre”
la couleur noire, comme signe qui renvoie à l’idée de deuil
la couleur blanche, comme signe qui renvoie à l’idée de pureté
le “croissant” ou la “croix”, comme signes qui renvoient aux idéologies religieuses
correspondantes (Islam, Chrétienté)
Conclusion :
Ces 2 notions permettent seulement de parler de la relation entre un signe et l’objet auquel il
renvoie mais elles ne permettent pas de rendre compte de l’ensemble du processus
sémiotique (interprétation)
C’est pour ça que dans la pratique de l’interprétation des signes, un même signe pourra être
tantôt un indice, un symbole ou une icône selon les circonstances de son interprétation
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