Vous êtes sur la page 1sur 64

Sémiotique, concepts et notions

CM1J05A031 - Martine Groccia (spécialiste de la sémio en musique)

Ce CM pose les notions à la naissance de la sémiotique.


La sémiotique a une perspective historique -> sorte d’histoire de la sémiotique donc lien
entre notions
Ce CM ne sera que de la théorie
Durée : 12 séances

1 partiel (en général début janvier mais à voire) : questions du style QCM ou légère
rédaction de 3-4 rép

Utilisation Moodle : 1J05A031 (doc + mail + parfois doc de ce cours)


@ : ​martine.groccia@univ-lyon2.fr
pas de mail en rapport avec cours, préférence de rdv ou quest° fin cours

Biblio : (​à lire ​car peut éclairer le cours)


- Jean-Marie Klinkenberg - ​Précis de sémiotique générale ​(1996) : le + accessible,
questions globales de sémio
- Ferdinand de Saussure - ​Cours de linguistique générale ​(1995 édité)
- Umberto Eco - ​Le signe ​(1988)

Méthodologie :
- diapo avec points importants (mis sur groupe du cours)
- prise de notes
- ajout de texte sur moodle (ou dis dans diapo ou autres)
- biographie à faire soi-même
- lire les passages que Mme Groccia envoie/renvoie

1 / 64
I.Introduction générale

1. Généralités

La sémiotique est un articulation en rapport avec le sens.


sémiotique : ​ensemble de concepts et de références présentes dans différents champs
disciplinaires (littérature, linguistique, esthétique, anthropologie, … = sciences humaines ou
dures​)
sciences dures : ​matières à vocation transversale, c’est-à-dire relie plusieurs disciplines
entre elles
Ces champs vont être considérés comme une partie d’un ​tout ​(= ce qui a trait à l’être
humain : culturel et universel)

La sémiotique est légitime car c’est une science.


La cohérence du projet sémiotique, c’est-à-dire sa justification, est qu’elle possède un plan
ontologique et plan méthodologique.

Concernant le ​plan ontologique​ :

ontologie​ (tout ce qui se rapporte à l’être humain) : étude du sens et des manifestations de
la sémiotique.
C’est une réalité du sens liée à la réalité de l’esprit humain, c’est-à-dire un phénomène
intersubjectif et avec un contenu mental.

ontologie :​ concept philosophique concernant la question autour de l’être, de l’essence de


ce que sont les choses.
C’est une définition de l’être des choses.

L’​ontologie de la sémiotique​ est l’explication de l’essence de la sémiotique donc


l’explication de l’utilité de la sémiotique (sens + manifestation)

manifestation :​ se manifester, apparaître à l’esprit

Le sens de la sémiotique est le partage de choses entre les êtres humains. Elle relève de la
pensée, de ce qu’on peut partager donc c’est quelque chose d’intersubjectif

Donc la sémiotique est une discipline scientifique légitimée par ce qu’elle est, c’est-à-dire
l’étude des processus ​signifiants​ : partagé entre les êtres humains, voire même inhérent à
l’être humain

inhérent :​ intrinsèquement lié à qqch/qqn, étroitement lié

2 / 64
Concernant le ​plan méthodologique​ (outils, techniques, méthodo) :

La production des modèles explique le fonctionnement du sens de quelque chose.


C’est le but de tout projet scientifique afin d’être valable (prouver des choses avec modèle).

Pour la sémiotique, c’est trouver des régularités dans les phénomènes observés et expliciter
les fonctionnements qui ont une portée générale.

ensemble signifiant​ : unité observable, d’étude


-> être humain, tout, ce qui est dedans et ce qui est dehors donc
délimitation de ce que l’on peut observer, champ d’étude. L’ensemble signifiant peut être
différent selon les études.

Les objet d’études sont l’esprit humain, les savoirs, les connaissances, les contextes
partagés = la culture

La sémiotique doit être capable d’énumérer les outils et les techniques utilisés afin d’être
considéré comme une science.

N.B. : légitimité de la démarche sémiotique (droit à exister comme sciences). Le sens est le
sens pour quelqu’un. Sans l’être humain, il n’y a pas de sens. Donc tous les êtres humains
ont les mêmes outils pour appréhender le monde afin de le comprendre, de construire son
sens. Les outils de l’être humain sont son corps et ses capacités (5 sens) pour percevoir le
monde, son cerveau, sa langue (dite naturelle), sa culture (vivre en communauté donc les
gens avec qui ils partagent des choses par rapport à l’environnement donc vision
semblable).

La sémiotique est le nom d’une discipline scientifique qui réfléchit à une construction d’une
théorie générale de la signification. Elle vise à décrire la signification telle qu’elle se
manifeste dans :

- les​ textes​ (= production langagière, finie, observée. ​ex :​ poésie, extrait de roman,...)
et les ​discours​ (= acception1 : genre de textes (ex: art de loi réunis = discours
juridique) ou quelque chose/parole qui est en train de se faire, pris dans son
déroulement (discours en acte). ​ex :​ littérature, média, politique, scientifique,
économie, …)

- production humaine non langagière ou hybride​ (affiches, photos, street art,


cinéma, musique, danse, architecture, …) : n’utilise pas forcément le langage verbal
mais tous les langages compréhensibles par l’être humain (​ex :​ langage musical peut
être qualifié de discours musica). Le langage non verbal ou hybride est aussi qualifié
de​ forme symbolique

1
​définition particulière dans un contexte particulier

3 / 64
- pratiques individuelles ou sociales​ : pratiques que mobilisent les êtres humains
dans leur vie en société (​ex :​ étude sémiotique de Jean-Marie Floch “êtes-vous
arpenteur ou somnambule ?” (2002). Il propose une catégorie d’usagers du métro
parisien (pratique) et c’est de la sémiotique car il organise les humains selon des
observations).

- formes de vie ​: modes de vie généraux qui résultent de la répétition et de la


régularité des textes, des discours et des comportements mobilisés par un groupe
d’individus.

Remarque : l’être humain peut utiliser les langues naturelles (français, turc, arabe,
chinois,...) donc l’être humain peut utiliser le langage verbal.

Le champ de la sémiotique est élargi car elle étudie les paroles et les actions.

Donc les modèles sont l’étude de la culture, de ce qui fait sens pour les individus.
Les manifestations humaines sont celles qui ont du sens pour l’être humain.

Le ​sémioticien​ (étudie la sémiotique) étudie ces objets d’études.


C’est un chercheur, un universitaire, qui a un regard particulier sur le sens, la signification.
Pour faire de la sémiotique, il faut devenir un spécialiste : il généralise les observations en
créant des modèle. Le sémioticien peut devenir spécialiste dans d’autres domaines car
chaque domaine peut être étudié par la sémiotique (discipline transversale).

Au début, l’objet d’étude est restreint puis maintenant, il est très large car ouvert à d’autres
domaines que les textes et les discours.

2. Sources historiques

La sémiotique est une discipline qui est enseignée à l’université depuis environ 50 ans.
Cette discipline s’institutionnalise dans les années 1960 (mi, fin)

Par contre, les préoccupations autour du sens et de la signification sont très anciennes.

Aristote (384 - 322 avant JC) :​ philosophe grec de l’Antiquité. Il est un disciple de Platon.
C’est un penseur qui s’est préoccupé de tous les domaines de son époque (biologie,
physique, métaphysique, politique, ​rhétorique2,...). En étudiant la rhétorique, il entre donc
en présence d’une question sémiotique car il est en train de réfléchir sur la manière de
produire du sens pour qu’on l’écoute. Il a essayé de mettre en relation ce qui est dans le
monde (perception de la “réalité”) et le langage.
Les catégories​ : réflexions sur la relation de la langue et les choses, leur nature.

2
​don de parler pour capter l’attention de celui qui écoute

4 / 64
Les stoïciens​ (être stoïque, rapport avec la sagesse) : école philosophique de la Grèce
Antique (300 avant JC). Ils se préoccupent de la logique des choses, réfléchir sur le sens, le
langage et les signes.

Saint-Augustin (IVe s ap JC) :​ philosophe et penseur avant d’être un homme d’Eglise.


Nombreux ouvrages avec beaucoup d’observations sur le langage. Il travaille sur la notion
de signes.

John Locke (1632 - 1704) : ​1ère apparition du mot signe et sémiotique (​semeïotike​ = grec
de ​semeion​ qui veut dire signe) dans l’ouvrage ​Essai sur l’entendement humain​ (1689)
entendement​ = compréhension des choses

Toutes les réflexions sur le sens sont liées au langage.


Le langage verbal est étroitement lié à la pensée car il est le 1er outil pour partager du sens
et il relève de la pensée.

Les premiers pas de la sémiotique en Europe sont grâce aux linguistes qui travaillent sur la
langue.

3. Articulation des différents domaines disciplinaires en sciences du langage

linguistique :​ étude des mécanismes du langage humain

La linguistique se réduit à une description des langues dans les sciences du langage.

sémantique :​ partie de la linguistique qui étudie la signification des mots d’une langue
(lexique). La signification lexicale est soit en ​diachronie​ (sémantique historique) ou en
synchronie​ (observation à un moment donné, dans le même temps) (déf simple)

morphologie = syntaxe : ​partie de la linguistique qui décrit la structure interne des mots,
leur forme et les règles de cette structure. (morpho = échelle du mot / syntaxe = échelle de
la phrase -> morpho-syntaxe)

phonologie :​ partie de la linguistique qui étudie les sons d’une langue

5 / 64
Sémiotique englobe la linguistique mais pas que car elle englobe tous les langages
observables (musique, danse, …)

sémiotique​ ​:​ discipline qui a pour but de décrire la structure et le fonctionnement de tous les
systèmes de signes, le langage humain n’étant qu’un système parmi d’autres.

système de signe :​ manière de dire ce qu’est un langage (signes mis ensemble = langage)

Le champ d’application sémiotique est tous les langages verbaux et non verbaux

Sémiotique = sémiologie ?

La définition du ​Petit Robert ​de ​sémiotique​ est :


- théorie générale des signes et de leur articulation par la pensée
- théorie des signes et du sens et de leur circulation dans la société

Les deux conceptions distinctes de la ​sémiotique​ sont :


- la sémiotique américaine, Charles Sanders Peirce (1839 - 1914)
- la sémiotique européenne, Ferdinand de Saussure (1857 - 1913)

La sémiotique et la sémiologie sont très proches mais différentes.


Ces termes sont issus de ces 2 conceptions.
Les 2 chercheurs réfléchissent sur le sens de deux manières différentes.

6 / 64
Pierce est du côté des sciences dures (physicien, …) en plus de la philosophie. Il réfléchit au
sens grâce à la logique (déduction,...). Une relation a lieu entre la réalité et ce à quoi elle
renvoie -> sémiotique
Il étudie le mode de production du signe et de sa relation avec la réalité.
Donc la sémiotique est logique et cognitive (faculté du cerveau, des 5 sens, ...)
Cette vision est éloignée de la langue

Saussure, linguiste, se préoccupe de la langue. Il découvre une relation de la langue avec la


sémiotique. Il part d’une réflexion sur le langage verbal et on extrapole sur le sens en
général. Saussure se réfère à la théorie du langage, avec un modèle linguistique. Au début,
cette démarche est appelée sémiologie (puis sémiotique ajd)

(Charles Bailly et A. Séchehaye ont publié les recherches de Saussure dans le ​Cours
général​ ​de​ ​sémiotique​)

La sémiotique pratiquée en Europe trouve son origine dans les travaux des linguistes qui
créent la​ linguistique structurale​ (fondée par Ferdinand de Saussure entre autres)

La sémiologie est un terme uniquement européen qui se préoccupe du sens (donc la


majorité des livres sont européens)
ex :​ Roland Barthes ​Eléments de sémiologie​ (1964) et ​Système de la mode ​(1973)
Jeanne Martinet ​Clef pour la sémiologie (​ 1973)
Luis Prieto ​Etude de linguistique et de sémiologie générale ​(1964)

La sémiologie est le nom qui a été donné à la sémiotique d’inspiration saussurienne (au
début de cette discipline)

L’avancée de cette discipline a eu lieu grâce à d’autres disciplines :


- linguistique : travaux de Louis Hjelmslev et Emile Benveniste. Permet d’étudier les
problématiques de l’énonciation grâce à Benveniste. Hjelmslev étudie la construction
des langues non verbales
- anthropologie : travaux de Claude Lévi-Strauss via Vladimir Propp (​Morphologie du
conte russe​). Ces travaux sont sur la narrativité dans les récits
- phénoménologie​ (= philosophie de la perception) : travaux Maurice Merleau-Ponty
et Edmund Husserl. Elle sert à donner du sens à ce que l’on perçoit.

La sémiologie européenne est fondée sur la langue natale en linguistique puis elle s’est
élargie à d’autres disciplines

Début des années ​1970​ : fondation de l’Ecole de Sémiotique de Paris par Algirdas Julien
Greimas donc il amorce le début de la sémiotique structurale (manière dont on fait de la
sémiotique en France et en Europe)

7 / 64
sémiologie :​ travail sur le sens, théorie de la signification. Domaine de réflexion de base :
signe. Mais quand la sémiologie s’intéresse aux autres domaines, elle évolue et crée la
sémiotique au début des années ​1980​ (décidée par l’Association Française de Sémiotique).
Donc il n’y a plus de sémiologie structurale. Il y a un rapprochement de la sémiotique
américaine et d’une discipline plus “scientifique”

Aujourd’hui, la sémiologie est toujours utilisée dans certains domaines : infocom, musique,…
La sémiologie est utilisée dans les domaines non spécialisés dans le sens et dans les
domaines nécessaires pour communiquer (langage fabriquée par humains, ​ex :​ code de la
route, braille, ... )

Sémiotique : discipline enseignée


Sémiologie : spécialisé dans le sens sans être enseignée

Niveaux d’études de la discipline :


- sémiotique générale :​ réflexion théorique générale sur la construction du sens et
des significations dans les différents domaines de manifestation du sens. Tentatives
de mettre en évidence les relations entre les différents domaines. Niveau
d’abstraction élevé
- sémiotique particulière/spécifique :​ description technique des règles particulières
qui président au fonctionnement d’un domaine particulier.
ex :​ sémiotique du théâtre, sémiotique de la musique, sémiotique du cinéma, sémiotique du
marketing, sémiotique du design, …
- sémiotique appliquée : ​application à des objets particuliers les résultats obtenus au
niveau second
ex :​ oeuvres littéraires (corpus particuliers), corpus de films, une pratique particulière,…

Tout est lié car il y a besoin des connaissances de chaque niveau d’étude

But de cette introduction : comprendre ce qui a amené à la construction de la sémiotique

“La langue est un système de signes exprimant des idées et par là, comparable à
l’écriture, à l’alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse,
aux signaux militaires, etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes.
On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ;
elle formerait une partie de la psychologie sociale et, par conséquent de la psychologie
générale ; nous la nommerons “sémiologie”. Elle nous apprendrait en quoi consistent les
signes, quelles lois les régissent” - Saussure, ​Cours de linguistique générale
Extrait de la sémiotique selon Saussure

Les sociétés mettent en place des systèmes de signes exprimant des idées
ex :​ écriture, alphabet, signaux militaires, …

Les systèmes de signes permettent de réguler les interactions et la communication entre les
humains.

8 / 64
Pour Saussure, la langue est utilisé au sens de langage verbal. C’est un système de signes
comme les autres donc il exprime des idées et a du sens -> fait sémiologique (intervention
de la sémiose)
La langue est une institution sociale : fait social et sémiologique.

sémiologie : ​sciences qui étudient la vie des signes au sein de la vie sociale (donner du
sens aux signes)

Tous les systèmes de signes sont à la même enseigne. Or, avec la langue, on peut
expliquer des choses sur les autres systèmes. C’est le seul système qui peut parler de tous
les systèmes.
langue = ​méta-langage​ (= explication des autres systèmes par la langue)
La langue a un statut particulier au milieu des autres systèmes

“La linguistique n’est qu’une partie de cette science générale [la sémiologie], les lois que
découvrira la sémiologie seront applicables à la linguistique, et celle-ci se trouvera ainsi
rattachée à un domaine bien défini dans l’ensemble des faits humains” - Saussure, ​Cours
de linguistique général

La position de Saussure est particulière : il reconnaît que la sémiologie a une supériorité


scientifique mais il reconnaît aussi que la langue a une supériorité : méta-langage (donc on
peut parler des autres systèmes de signes qu’en utilisant le langage verbal)

La linguistique est un système particulier car il permet d’expliquer les autres systèmes.

9 / 64
II. ​Le signe

Les perceptions montrent quelque chose mais la langue peut faire un raccourci
ex: nuages (percept°) = il pleut (langue)
uniforme (percept°) = gardes, soldats, infirmière, … (langue)

Le signe est quelque chose de perceptible, susceptible de renvoyer à quelque chose autre
que lui-même

Parfois, le signe ne montre pas une intention particulière. Alors que d’autres signes montrent
une intention de communiquer quelque chose
ex :​ uniforme montre un avertissement/job ou encore les panneaux du code de la route
prévient

Certains signes sont intentionnels ou non.


L’importance de l’intention est dans le signe.
Sa perception dépend du récepteur donc son interprétation dépend de celui-ci
signe :​ élément X capable de représenter ou d’être mis à la place d’un élément Y

signal :​ quelque chose de perceptible est envoyé intentionnellement par un émetteur à un


récepteur pour renvoyer à autre chose

Le récepteur doit être conscient que l’émetteur envoie quelque chose donc sa capacité à
décoder
ex :​ morse, sonnerie de téléphone, uniforme, …

indice : ​quelque chose de perceptible renvoie à autre chose sans qu’il y ait intention de
communiquer. Il n’y a pas d’émetteur intentionnel et l’interprétation d’un indice peut varier
selon les récepteurs, selon leurs intuitions, leurs connaissances, leurs compétences, leurs
expériences, leur culture, …

Catégorie indice > signaux

Classement des signes :

10 / 64
Un même fait peut être relayé par des signes différents (au statut sémiotique différent)

ex :​ fumée (indice) = incendie mais il peut aussi y avoir sirène des pompiers (signal)
-> cet indice et ce signal renvoient à une même réalité
La cause est un incendie. Le fait est une fumée.

La distinction entre un signal et un indice informe sur le fonctionnement sémiotique (en


1975)
Le lien entre signe et ce à quoi il renvoie est naturel : relation de cause à effets (pour fumée
et incendie)

statut sémiotique :​ fonctionnement de la signification

fumée : indice -> relation cause à effet entre le signe et ce qu’il renvoie. C’est un ​lien
naturel

sirène : signal -> pas de relation entre le signe et ce à quoi il renvoie. C’est une ​convention

La distinction entre signal et indice n’est pas forcément clair (sirène et fumée peuvent être
interchangée)
Un signe n’est pas définitivement un signal ou un indice. Donc cela dépend du contexte

ex :​ bâillement : manifestat° physique. Il peut être un indice ou un signal


-> indice : fatigue
-> signal : code (convention entre émetteur et récepteur - artificiel)

Donc il faut toujours prendre en compte le contexte et la signification attribuée pour décider
du statut sémiotique.

11 / 64
III. Le signe linguistique selon Ferdinand de Saussure

signe linguistique ​= signe venant de la langue​ :​ quelque chose de perceptible qui renvoie à
autre chose et a la particularité de renvoyer au langage verbal
Donc signe linguistique, c’est un mot (très simplifié)

Ferdinand de Saussure est le premier à parler de signe linguistique (SL) et qui a


conceptualisé ce concept.
Il l’a exposé dans le ​Cours de linguistique générale ​(1916) (abréviation : CLG)

« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais
l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de
nos sens (…) »
Extrait du ​Cours de linguistique générale,​ Ferdinand de Saussure (1916)

signe linguistique :​ ce qu’on utilise pour nommer ce qu’il a autour de nous

Saussure présente une représentation binaire du signe linguistique : “le signe linguistique
est une entité psychique a deux faces” -> face A et face B

La face A est l’​image concrète​ du signe linguistique qui relève de la perception qu’on en a.
Dans le cas du signe linguistique oral (mot prononcé), on perçoit des sons -> ​image
acoustique
Si signe linguistique écrit, on perçoit des traits formant des lettres -> ​image​ ​visuelle
Dans les 2 cas, on peut parler d’​image​ ​concrète​ ou de ​face​ ​matérielle​.
Sauss parle de ​signifiant​ (Sa)

La face B est ​l’image​ ​abstraite​ du signe linguistique qui correspond au ​concept​, l’​idée​.
C’est la​ face immatérielle ​du signe linguistique
Saussure parle de ​signifié​ (Sé)

12 / 64
Explication de l’exemple de Saussure :
Cette représentation générale ne prend en compte que la représentation orale (pas écrite).
Donc le linguiste étudie d’abord les signes oraux d’une langue, avant le côté écrit.

arbor → image acoustique (manière dont se prononce le mot)


arbre → concept (décrire idée d’un arbre donc dessin -> image abstraite)
A l’oral comme à l’écrit, même image acoustique dans l’exemple
Les flèches marquent la dépendance entre les deux faces

Exemple du modèle signifié - signifiant avec le mot boeuf :


Le signe linguistique oral ou écrit est un signe car il renvoie à autre chose que lui-même
(renvoie à l’animal).
Sé : Entre “ “ car difficulté d’expliquer le concept autrement.
Sa : prononciation du mot boeuf

13 / 64
référent :​ actualisation singulière du signe. Ce à quoi le signe renvoie, soit dans la réalité
extra-linguistique (ou univers réel), soit dans un univers imaginaire, ou un discours donné.

ex :​ “Hier soir, après le concert, les musiciens ont fait un ​boeuf​ du tonnerre”
OU “Les pièces de ​boeuf​ sont meilleurs chez le boucher qu’au supermarché”

Les différences entre le Sé et le référent :


Le Sé est un peu sans contexte car prise en compte du signe comme s’il était tout seul.
classe référentiel :​ catégorie dans laquelle se range différents éléments du réel
Donc pour le mot boeuf, la langue française prévoit 2 classes référentielles : animal et
production musicale.
Le Sé correspond plus ou moins à l’ensemble des définitions du dictionnaire
Le Sé renvoie du mot boeuf une existence précise (occurrence). Ce contexte peut être réel
ou fictif (​ex :​ dans un roman “je mangerai bien une cote de boeuf).
référent :​ actualisation singulière du signe
Donc dans un contexte précis, les signifiés sont classés afin de ne garder que celui du
contexte.

1. Discussion sur la nature de la langue

« Pour certaines personnes la langue, ramenée à son principe essentiel, est une
nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à autant de choses. […]
Cette conception est critiquable à bien des égards. Elle suppose des idées toutes faites
préexistants aux mots […]; elle ne nous dit pas si le nom est de nature vocale ou
psychique […]; enfin elle laisse supposer que le lien qui unit un nom à une chose est une
opération toute simple, ce qui est bien loin d’être vrai. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Discussion sur la nature de la langue :


langue :​ nomenclature (définition de tout le monde)
nomenclature :​ liste de termes correspondant à autant de choses (= chaque chose est
désigné par un terme, chaque terme correspond à une chose)
ex :​ n° étudiant <=> 1 personne
Idée naïve du fonctionnement de la langue (étiquetage de la réalité)

Mais Saussure contredit cette thèse.


Pour lui, la langue n’est pas une nomenclature car :
- si la langue est une nomenclature, on aurait eu des idées toutes faites. Or, on ne sait
pas comment se crée les idées donc la langue n’est pas une nomenclature
- si la langue est une nomenclature, chaque chose aurait un même mot unique. Il n’y
aurait pas de synonyme ou plusieurs sens. Or, ​ex :​ souris = animal OU blanco OU
ordinateur etc. Donc la langue n’est pas une nomenclature
Donc pour Saussure, la langue ne peut pas être une nomenclature.

14 / 64
La nomenclature impliquerait un rapport ​biunivoque​ (= univoque3 et réciproque entre 2
termes) entre Sa et Sé.

Dans toutes les langues, il y a polysémie et homonymie donc pas de nomenclature.

Fonctionnement sémiotique de la polysémie :​ propriété d’un Sa de renvoyer à plusieurs


Sé présentant des traits sémantiques communs
ex :​ blanc -> vin / couleur / couleur de peau / morceau de volaille / …
Une seule étymologie, un seul mot dont les sens diffèrent en contexte, mais chaque sens
actualise le sème “de teinte blanche”
sème :​ trait de sens

3
sans ambiguité

15 / 64
Fonctionnement sémiotique de l’homonymie : ​relation entre plusieurs formes
linguistiques ayant le même Sa graphique et/ou phonique et des signifiés totalement
différents (sème non partagé)
ex :​ cousin -> famille / insecte
Donc aucun trait de sens commun
C’est un homographe et un homophone

ex :​ vert/ver/vers/verre/vair -> homophones hétérographes

ex :​ il est violent / ils violent -> homographes hétérophones

homonymie :​ plusieurs mots dans la langue - pas de lien sémantique entre les différents Sé

Donc cela renforce la théorie de Saussure comme quoi la langue n’est pas nomenclature

16 / 64
2. Discussion sur la nature des termes impliqués dans le signe linguistique

« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais
l’​empreinte psychique​ de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de
nos sens ; elle est sensorielle, et s’il nous arrive de l’appeler « matérielle », c’est
seulement dans ce sens, et par opposition à l’autre terme de l’association, le concept,
généralement plus abstrait. Le caractère psychique de nos images acoustiques apparaît
bien quand nous observons notre propre langage. Sans remuer les lèvres ni la langue,
nous pouvons nous parler à nous-mêmes ou nous réciter mentalement une pièce de vers
[…] »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Les termes impliqués dans le signe linguistique sont de nature psychique

concept :​ nature psychique

image acoustique :​ empreinte psychique de la suite de son donc dans la face matérielle
car elle est mise en place par la perception de ce qu’on entend

L’image acoustique est l’image de ce que l’on se fait d’un son

« C’est parce que les mots de la langue sont pour nous des images acoustiques qu’il faut
éviter de parler des « phonèmes » dont ils sont composés. Ce terme, impliquant une
action vocale, ne peut convenir qu’au mot parlé, à la réalisation de l’image intérieure dans
le discours. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Définition de Saussure de ​phonème :​ action vocale par laquelle on produit le mot parlé
Ça correspond donc à la réalisation concrète de la représentation psychique d’un mot
Aujourd’hui, ça s’appelle un ​phone​ (étudié en phonétique)

ex :​ jaune →prononciation entre le nord et le sud de la France différente

Sa = prononciation idéale
Mais dans la réalité, il y a pleins de manières différentes de dire le mot

17 / 64
3. Définition du signe linguistique

« Nous appelons signe la combinaison du concept et de l’image acoustique : mais dans


l’usage courant ce terme désigne généralement l’image acoustique seule, par exemple un
mot (arbor, etc.) On oublie que si arbor est appelé signe, ce n’est qu’en tant qu’il porte le
concept « arbre » de telle sorte que la partie sensorielle implique celle du total.
L’ambiguïté disparaîtrait si l’on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui
s’appellent les uns les autres tout en s’opposant. Nous proposons de conserver le mot
signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement
par signifié et signifiant ; ces derniers termes ont l’avantage de marquer l’opposition qui
les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

signe :​ entité psychique à 2 faces, l’image acoustique et le concept

Le ​concept​ est appelé le ​Sé​.


L’​image​ ​acoustique​ est appelée le ​Sa​.

Ce sont deux faces solidaires. C’est ensemble qu’il constitue le signe. Jamais Sa sans Sé et
inversement. Obigatoire d’avoir les 2.

4. Caractères fondamentaux du signe linguistique

1.Arbitraire du signe linguistique

« Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous


entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous
pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. Ainsi l’idée de « sœur »
n’est liée par aucune rapport intérieur avec la suite de sons s-ö-r qui lui sert de signifiant ;
il pourrait être aussi bien représenté par n’importe quelle autre : à preuve les différences
entre les langues et l’existence même de langues différentes […]. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

signe linguistique est arbitraire (adj mais aussi possibilité de nominalisation)

signe linguistique = Sé + Sa​ → relation arbitraire (​≠​ motivé)

Le lien unissant Sé et Sa est ​arbitraire​ : il n’y a ​pas de lien naturel ​(= lien de
ressemblance, de causalité, faits, …). L’arbitrarité est une convention

18 / 64
Le ​lien arbitraire​ entre signe linguistique et ce à quoi il renvoie, ou Sé et Sa, résulte d’une
convention​ ​collective​ (pas lien naturel).
ex :​ soeur -> aucun rapport entre la prononciation de soeur et l’idée de soeur
Les autres langues utilisent d’autres syst de sons : hermana, sister, …
Donc cela prouve que c’est une convention

Le fait qu’un même concept s’exprime par des signifiants différents d’une langue à l’autre
constitue une preuve de l’arbitrarité du signe linguistique.

« […] quand la sémiologie sera organisée, elle devra se demander si les modes
d’expression qui reposent sur des signes entièrement naturels – comme la
pantomime – lui reviennent de droit. En supposant qu’elle les accueille, son
principal objet n’en sera pas moins l’ensemble des systèmes fondés sur l’arbitraire
du signe. En effet, tout moyen d’expression reçu dans une société repose en
principe sur une habitude collective ou, ce qui revient au même, sur la convention.
[…] On peut donc dire que les signes entièrement arbitraires réalisent mieux
que les autres l’idéal du procédé sémiologique; c’est pourquoi la langue, le
plus complexe et le plus répandu des systèmes d’expression, est aussi le plus
caractéristiques de tous ; en ce sens la linguistique peut devenir le patron général
de toute sémiologie, bien que la langue ne soit qu’un système particulier. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Il parle des systèmes d’expression qui vont utiliser des signes conventionnels
ex :​ code de la route avec les panneaux

pantomime = faire des gestes pour faire passer des émotions

Les signes arbitraires sont plus aptes à faire émerger les processus de la signification.

La linguistique peut servir de modèle pour la sémiologie puisqu’elle étudie le plus répandu
des systèmes d’expression, et le plus exemplaire du point de vue du fonctionnement
sémiotique, c’est-à-dire l’association Sa et Sé.

19 / 64
« On s’est servi du mot symbole pour désigner le signe linguistique, ou plus exactement
ce que nous appelons le signifiant. Il y a des inconvénients à l’admettre, justement à
cause de notre principe. Le symbole a pour caractère de n’être jamais tout à fait arbitraire;
il n’est pas vide, il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le
symbole de la justice, la balance, ne pourrait pas être remplacé par n’importe quoi, un
char, par exemple. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Discussion de la relation entre le symbole et l’arbitrarité :


Pour Saussure, le signe linguistique est arbitraire (donc pas de lien naturel entre Sa et Sé).
Le symbole a un rudiment et une motivation donc ce n’est pas un signe linguistique.
ex :​ la justice est symbolisée par la balance car il y a un lien de ressemblance entre les deux
(la balance sert à peser et la justice pèse le pour et le contre avant de rendre une décision).
Donc la balance est un symbole pour Saussure.

Un symbole présente un lien naturel qui lie les deux idées (symbole - mot).
Or, pour lui, le signe linguistique est arbitraire donc le symbole ne peut pas être signe
linguistique.

Le symbole n’est pas tout à fait arbitraire pour Saussure.


(motivation ​≠​ arbitraire)
Donc pour lui, le signe linguistique ne peut pas être appelé symbole.

Chez Pierce, un symbole est un signe qui renvoie à un objet en vertu d’une loi, que le signe
soit arbitraire ou motivé (il ne prend pas en compte les caractéristiques de motivation ou
arbitraire). Donc pour lui, il est possible que les signe linguistiques peuvent être appelés un
symbole.

Donc pour Saussure :


- le symbole est un signe qui a pour caractère de n’être jamais tout à fait arbitraire
- les signes linguistiques ne peuvent pas être appelés “symbole” puisqu’ils sont
arbitraires
N.B. : cette conception est PARTICULIERE à Saussure et n’est PAS partagé par tous les
auteurs.

20 / 64
« Le mot arbitraire appelle aussi une remarque. Il ne doit pas donner l’idée que le
signifiant dépend du libre choix du sujet parlant […] ; nous voulons dire qu’il est immotivé,
c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle
dans la réalité. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Un signe est dit motivé lorsque son Sa présente un lien naturel avec son Sé (motivation)
Un signe arbitraire est donc un signe immotivé, donc pas de lien naturel entre Sa et Sé.

ex :​ dessin d’une voiture → dit motivé car entre son Sa (ensemble des traits du dessin) mise
en place d’un lien pour définir le Sé (lien de ressemblance)

« On pourrait s’appuyer sur le les onomatopées pour dire que le choix du signifiant n’est
pas toujours arbitraire. […] Quant aux onomatopées authentiques (celles du type
glou-glou, tic-tac, etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est
déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu’elles ne sont que l’imitation approximative et à
demi conventionnelle de certains bruits. […] »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Discussion sur le problème des onomatopées dans les langues :

onomatopées :​ unité lexicale créée par imitation des sons évoquant l’être ou la chose

unité lexicale donc mot → onomatopées = mots donc on peut les utiliser comme tous les
autres mots d’une langue

Les onomatopées sont créées par ressemblance donc c’est un signe motivé

Traitement par Sauss du cas particulier des onomatopées :


- elles sont peu nombreuses (pas objection forte)
- elles ne sont qu’une imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de
certains bruits
- une fois rentrées dans le système de la langue, elles subissent les mêmes évolutions
que les autres mots et perdent leur caractère premier

Les onomatopées sont par conséquent à considérer comme des signes linguistiques comme
les autres, ayant le même caractère arbitraire.

21 / 64
2.Linéarité du signe linguistique

« Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères
qu’il emprunte au temps : a) Il représente une étendue, et b) cette étendue est mesurable
dans une seule dimension : c’est une ligne. […] Par opposition aux signifiants visuels
(signaux maritimes, etc.), qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs
dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps; leurs
éléments se présentent l’un après l’autre; ils forment une chaine. ».

Extrait du ​Cours de linguistique générale​, Ferdinand de Saussure (1916)

Le Sa linguistique se déroule sur une ligne, qui est l’axe temporel ou l’axe syntagmatique. Il
ne peut se présenter de manière planaire, dans des combinaisons simultanées.

Le signe linguistique oral se déroule sur une ligne, il ne peut pas être appréhendé
simultanément

linéaire (simultanéité impossible) ≠ planaire (simultanéité possible)

Conclusion :

On se rend compte que toute la réflexion de Saussure (sens, signe, ... ) vient d’une réflexion
sur la langue. C’est fondé alors la sémiologie en se basant sur les études de Saussure
pendant 70’s.
Les propriétés (arbitrarité et linéarité) sont avant tout des propriétés des signes linguistiques.
Toutefois, elles ne sont pas forcément valables pour tous les signes.
Les thèses de Saussure peuvent tjrs être discutables.

Les intérêts de la théorie saussurienne pour la sémiotique :


- semiosis​ (ou sémiose) : opération qui consiste à mettre en relation l’univers
des Sa et des Sé et qui permet de produire des signes et donc du sens. Tout
langage implique un semiosis. La semiosis est un processus qui associe les
plans (Sa et Sé) chez Saussure. Ce processus a été agrandie par Louis
Hjelmslev, linguiste, au plan du contenu et au plan de l’expression pour créer
du sens (voir schéma dessous).

La semiosis n’est pas un processus réservé aux langues mais c’est un processus qui décrit
ce qui s’est passé quel que soit le langage (concerne tout type de langage)

22 / 64
- abandon de la vision naïve du langage :​ depuis les travaux de Saussure,
on définit le signe linguistique comme la plus petite unité en langue qui a du
sens : le ​morphème​.
ex :​ antisocial est un mot de la langue qui a du sens. On peut découper ce
mot en plusieurs parties qu’on appellera morphèmes : anti - soc - ial.
1 partie de mot = 1 morphème​. Chaque élément de ce mot a un sens.
Un mot est composé de plusieurs morphèmes. On peut parler de signe
linguistique car chaque élément de ce mot à un Sa et un Sé qui a du sens.

Les lacunes de la théorie saussurienne pour la sémiotique :

❖ Le problème du référent :

- Saussure exclut du système de la langue : le référent. Il le traite comme le renvoi aux


objets du monde, en relation avec une classe référentielle. Le point problématique
pour la sémiotique est le rejet du postulat selon lequel les mots des diverses langues
sont simplement des signes qui renvoient à une même réalité

- le découpage de la réalité varie d’une culture à l’autre, ce qui se traduit dans la


langue

- la réalité d’un objet se traduit en fonction de l’expérience de chacun

ex :​ Saussure prend l’exemple du cheval. Le Sa cheval est associé à l’idée de cheval.


Classe référentielle : animal domestique. Quand il dit ça, il ne désigne pas l’animal
biologique mais l’utilisation particulière d’un cheval selon une culture spécifique (donc
raccourci)

ex :​ Inuits ont beaucoup plus de mots pour décrire la neige que nous car ils ont de la neige 8
mois sur 12. Donc ils ont besoin de plus de détails pour la décrire car elle influe sur leur vie
alors que nous, elle est très rare donc pas besoin de plus de mots que ce que nous avons

❖ L’absence dans la théorie de l’agent humain (être humain) :

- Saussure ne prend pas en compte le rôle fondamental de l’action humaine dans


l’existence du langage. Le point problématique pour la sémiotique est qu’il n’y a pas
de prise en compte de l’existence de la langue comme acte de langage

- conception ​immanente​ (= qui est contenu dans la nature d’un être, pas d’un principe
extérieur) du signe et de la semiosis, qui fait du langage une entité abstraite

- théorie formelle qui exclue par principe les questions d’usage linguistique et traite
une langue comme un système dont le fonctionnement peut et doit expliquer
uniquement par des règles internes (Cf. Chomski et Hjelmslev)

23 / 64
❖ L’étude du signe prime sur celle du système :

- Saussure s’intéresse aux signes et “oublie” que les signes sont mis ensemble par les
humains pour créer des discours. C’est un point problématique pour la sémiotique
car les signes linguistiques sont pensés comme des entités stables et
indépendantes, sans prendre en compte les fluctuations des ​significations
linguistiques​ (= différents sens d’un même mot selon la phrase). Puis, il ne prend
pas en compte le sujet du discours et de la notion d’énonciation, comme la prise en
charge de l’opération de sémiosis par un sujet du monde qui, avec les mots de la
langue, construit des discours

IV. Signe selon Klinkenberg

Klinkenberg est un sémioticien belge.


Il souhaite faire comprendre sémiotique de manière simple à l’aide d’une représentation
tétradique :

stimulus :​ face concrète du signe ce qui le rend transmissible (perceptible) par un canal en
direction de nos sens (dans une communication spécifique)
ex :​ lumière, traits d’un dessin, sensations tactiles
On parle aussi de ​support actif du signe​.
Le stimulus ne signifie rien tant qu’il n’est pas associé à un modèle, un Sa

ex :​ panneau sens interdit : le stimulus est le rouge du panneau qui est associé au panneau
interdit (Sa)

Le ​Sa​ est le ​modèle


modèle :​ représentant idéalisé d’une chose ou d’un ensemble de choses
Donc le modèle est abstrait, abstraction qui rend compte de la réalité physique du signe
mais qui n’est pas la réalité.
ex :​ panneaux de la route : modèles présents dans le code de la route mais en réalité, tous
différent car détérioration due à la vie extérieure.

24 / 64
N.B. : Le Sa est une entité psychique, comme chez Saussure

Le Sa ne fonctionne que dans un code sinon il n’existe pas. Besoin d’être en relation avec
quelque chose, comme le Sé.

La langue (le code) organise le signifiant, qui trace les limites du modèle
ex :​ différence de découpage lexical des couleurs en français et en gallois

Le code peut être différent selon les cultures et qui déplace ainsi les frontières entre les
couleurs, par exemple.

ex :​ modèle de pizza : toutes tailles possibles et goûts possibles


Le signifié reste pizza qui inclut tout dedans

Le Sé est une représentation d’une classe de choses. C’est un concept, un ensemble de


définitions assignées à un signe.
Il peut être l’image mentale que va susciter le Sa. C’est toutes les idées que va provoquer le
Sa lorsqu’il est stimulé par un référent.
Le Sa a le même statut que Sé donc le modèle, l’abstraction qui permet de définir une
homogénéité d’une classe d’objet
ex :​ frère = tout ce que peut représenter un frère
pizza = toutes les pizzas (classe d’objet)

La classe va réunir l’ensemble des éléments qui ont des caractéristiques partagées

N.B : Sé est un modèle donc le Sé peut exister même si on n’a pas l’expérience concrète de
l’objet auquel il renvoie
ex :​ Sé est un iceberg sans pour autant avoir rencontré un iceberg (on sait ce que sait sans
l’avoir vu)

25 / 64
L’existence des signes et des objets sont différents (y a pas besoin de l’un et de l’autre, les 2
sont indépendants). C’est deux régimes de fonctionnement différents.

référent : ​actualisation du signifié dans un processus de communication ou de signification


donné, quelque chose qui renvoie à l’univers réel
Il prend place dans un contexte précis de communication et de signification.

Au départ, il n’est pas compris dans les processus de signification.


Pendant très longtemps, il est considéré comme l’objet du monde, considéré comme le fait
qu’on puisse l’associer à une classe d’objet, donc le Sé.
Ce n’est pas l’objet en tant que tel.

(Saussure met en dehors le référent de sa représentation du signe)


Klinkenberg l’intègre.

Remarque : puisque c’est dans un processus de signification donné, il est possible que le
référent ne soit pas réel
ex :​ référent licorne n’existe pas mais on sait ce que c’est grâce au contexte

Le signe n’est pas forcément rattaché à la réalité, concret.


Il suffit qu’il apparaisse dans un processus de signification précis

Synthèse : La représentation tétradique du signe selon Klinkenberg est donc :


- stimulus :​ support actif du signe, transmissible par un (ou plusieurs) canal (vue,
ouïe, odorat, toucher, goût) vers nos sens. Ce qui rend le signe perceptible par un
Sujet
- signifiant :​ modèle, abstraction, qui rend compte de la réalité physique du signe
mais qui n’est pas cette réalité. N’existe qu’en relation avec un signifié
- signifié : ​représentation d’une classe de choses. Concept, ensemble de définitions
assignées à un signe
- référent : ​actualisation du signifié dans un processus de communication ou de
signification donnée

ex :​ représentation tétradique du panneau interdit


- stimulus : rouge, rond, barre blanche (reconnaissance, perception)
- Sa : idée de ce à quoi ressemble un sens interdit (idéal de perception)
- Sé : code précis : code de la route
- référent : sens interdit dont je parle à un moment précis

Remarque : c’est artificiel → nous donnons sens à ce qui nous entoure plus rapidement car
c’est instinctif. Le modèle est une proposition de description de l’activité sémiotique. Ce
modèle est pertinent que si on est dans cette activité sémiotique. Or, on nous dit qu’on est
toujours dans une activité sémiotique car on cherche toujours à donner du sens.

26 / 64
N.B. : un objet ne constitue un signe que si on lui a attribué cette fonction : il n’y a des
signes que pour des individus, faisant partie d’une société et d’une culture donnée et vivant
dans un temps donné, et qui avec ces signes, structurent l’univers.

La représentation du signe est inévitable dans la représentation du monde de l’homme.

Il n’est pas nécessaire d’avoir tous les éléments du signe pour que cette représentation
fonctionne

ex :​ mot italien ​zappa​ → plusieurs manières de représenter ce mot pioche (définition, dessin,
tradition, …) donc on comprend ce que c’est sans pour autant utiliser le modèle en entier
(car raccourci)

Dans les discours avec les mots, on a besoin que du Sa et Sé pour faire fonctionner des
significations dans les discours (instinct)

Extrait de l’ouvrage ​Le Signe ​(1988)​ d


​ e Umberto Eco,
“Les aventures sémiologiques de M. Sigma”

Sigma renvoie à la lettre S en grec représentant donc le signe.


Les aventures sémiologiques renvoient à ​L’aventure sémiologique ​de Rolland Barthes
(1985)

Mise en scène d’un personnage pour faire prendre conscience au lecteur que tout ce qui
nous entoure est soumis au sens afin de pouvoir de faire une action. Exagération pour
montrer que tout ce qu’on fait de manière “naturelle” n’est pas naturel.

Le signe se date car il a une valeur dans un moment donné.


L’organisation de la société avec les signes a une histoire car elle évolue avec le temps.

L’auteur donne un nom aux sensations intimes car il a besoin de communiquer ces
sensations pour les transmettre à un médecin, par exemple.

dénommer :​ donner un sens, un nom, aux différents stimuli imprécis

Il s’agit de ranger un ensemble de phénomènes naturels sous des rubriques précises et


“codifiées”
Dénommer permet de rendre comparable une expérience personnelle à une expérience
collective.

La représentation est essentielle à la communication d’informations. Elle permet de rendre


accessible l’expérience individuelle en la remplaçant par des signes partagés, et rend ainsi
communicable des informations concernant cette expérience.

27 / 64
représentation :​ remplacement de l’expérience de quelque chose par des signes qui
permettent de raconter ce quelque chose.

ex :​ le psychologue fait dessiner des enfants afin de comprendre leurs sensations car dès
lors qu’on remplace par des signes, on peut le partager.

Le personnage est italien donc il cherche dans la langue française (non maternel) quelque
chose pour décrire mais il est imprécis pour dénommer ce qu’il ressent en français.

La représentation est la mise en signe afin de renvoyer à cette autre chose.

Eco va lier tout un ensemble de signes pour que Sigma se rende au médecin

Les signes de Sigma sont :


- signes linguistiques
- signes graphiques (signes de reconnaissance)
- signes environnementaux : enseignes lumineuses, organisation de l’espace, design
des objets (bouton de sonnette vs bouton de lumière), …
- signaux sonores et chiffres

Les “relais de codes” sont utilisés par le médecin pour lier les signes et la maladie
ex :​ Dr House lie les signes donnés par le patient pour effectuer son diagnostic

Poser un diagnostic correspond à une activité sémiotique d’interprétation de différents


signes.

relais de codes :​ nécessité de passer par plusieurs codes (et donc différents types de
signes) pour parvenir à une interprétation satisfaisante de la communication

Pour permettre la position d’un diagnostic, différentes perceptions sont utilisées :


- la langue : pour comprendre les explications verbales de Sigma
- perceptions visuelles et tactiles : palpation du ventre et observation de la peau
- sémiologie médicale, diagnostic : interprétation médicale des symptômes observés

On a un faisceau de phénomènes pour mettre en relation les signes et l’interprétation.

28 / 64
« Il se peut que Sigma soit un imprévoyant et un entêté et qu’à l’injonction : « ou vous
arrêtez de boire ou je décline toute responsabilité au sujet de votre foie », il réplique qu’il
est préférable de jouir de la vie sans s’inquiéter de sa santé que d’être réduit à la condition
d’un hypocondriaque pesant aliments et boissons sur une balance d’apothicaire. Dans ce
cas, Sigma construirait une opposition entre Belle Vie et Santé qui n’est pas homologue à
celle que l’on établit d’habitude entre vie et mort : la Vie, vécue sans soucis, avec son
risque permanent qui est la Mort, lui apparaîtrait comme la même face d’une valeur de
base, l’insouciance, à quoi l’on opposerait d’un autre côté Santé et Souci, tous deux
apparentés à l’Ennui. »

Extrait de “Les aventures sémiologiques de M.Sigma”, ​Le Signe​ de Umberto Eco

Eco donne un exemple d’opposition de valeurs dans ce texte

valeur d’un signe : ​signification que prend un signe grâce à l’opposition avec d’autres
signes
C’est un principe fondamental de la sémiologie.

opposition de valeurs :​ organisation des significations entre elles. Elles se définissent les
unes par rapport aux autres.

Le système de valeurs est différent selon la personne


ex :​ système de valeurs du médecin et système de valeurs de Sigma

Le point de vue du médecin est plus collectif car son rôle social est de sauver la vie de
Sigma alors que le point de vue de Sigma est plus individuel car il pense à lui.

29 / 64
La prolifération des signes n’est pas propre à un milieu urbain : il y en a partout.
Tous les phénomènes naturels peuvent devenir des signes dès qu’ils rentrent dans un
processus de signification.

Dans ce texte, Eco se positionne dans la lignée de Barthes car pour lui, tout est signe et
s’inscrit dans la sémiotique de la signification et non de la communication.
Alors qu’au début de la sémiologie, le signe était uniquement considéré comme quelque
chose d’utiliser dans la communication.

Commentaire de JM Klinkenberg (​Précis de sémiologie générale,​ p33 à 42)

Fonctions et fonctionnement du signe :

- le signe comme substitut : le signe permet de traiter de ce dont on n’a pas


nécessairement l’expérience directe. Le signe permet de manipuler les choses en
dehors de leur présence.
ex :​ gynécologue homme → comme s’il savait ce que c’était mais font du bon travail grâce à
l’interprétation de signes. C’est un substitut de l’expérience qui peut ne jamais être vécu

N.B. : si le signe est le substitut d’une chose, ça veut dire qu’il n’est pas la chose. Donc cela
induit une distance avec les choses et permet un regard particulier sur elle, un point de vue

- le signe comme trace d’un code : s’il y a signe, il y a code. Lorsqu’on interprète des
signes, on procède par raisonnement soit à partir de règles établies dans un code
strict, soit à partir d’habitudes, d’usages culturels. Cette notion de code est souvent
très claire. Le renvoi de choses à une autre se fait par une convention.
ex :​ code de la route : un panneau = un ordre (code strict)
Par conséquent, utiliser un signe, ou se servir d’une chose comme signe, c’est ​ipso
facto​ (par le fait même) se reporter à une culture donnée, à une société donnée.

Les éléments signifient quelque chose sans pour autant leur donner un contexte précis. Il y
a des configurations qui se stabilisent et qui deviennent interprétables. Les conventions sont
implicites.
Eco l’illustre lorsqu’il explique que Sigma a l’habitude des cafés parisiens qui sont tous
organisés à peu près de la même façon.

- Le signe comme instrument de structuration de l’univers : les signes permettent


d’établir l’existence des réalités auxquelles ils renvoient (​ex :​ licorne). En utilisant des
signes, on structure en même temps l’univers (Cf couleurs). Ces distinctions sont
artificielles car culturelles. La nature nous offre un spectre continu mais ce sont nos
expériences qui vont découper ce spectre. C’est ce qu’on appelle des ​unités
discrètes​ (= découpées, distinctes). On structure l’univers avec des signes qui
dépendent de notre culture, environnement, traditions,... Ce découpage est toujours
relatif lié aux valeurs d’une culture, aux connaissances, aux fonctions utilitaires, …
C’est ce qu’on nommera une encyclopédie.
ex :​ termes de parenté différents selon la société, culture.

30 / 64
Les exemples cités sont des représentations de découpage des Sa

Le découpage des Sé est réalisé par l’organisation des valeurs entre elles.

« En associant une portion de l’univers matériel (l’univers des sons, des couleurs, des
formes, des odeurs) à une portion de l’univers conceptuel (l’univers des idées, des
représentations mentales, des affects, des valeurs, de l’organisation des objets), le signe
organise – il structure – à la fois l’univers matériel et l’univers conceptuel. Il découpe
dans le premier des unités que l’on nommera des signifiants, et dans le second des
unités que l’on nommera des signifiés. Même isolé, un signe renvoie donc à un
découpage préalable, à une organisation du monde en unités et catégories. »

Extrait du ​Précis de sémiotique générale​, commentaire de Klinkenberg

Il présente la théorie de semiosis qui va associer plan de l’expression et le plan du contenu.

Dans cette perception, il y a une objectivation du signe comme s’il fonctionnait tout seul.
Or, l’individu crée le signe.

V. La sémiotique de Peirce

Charles Sanders Peirce est américain. Né à Cambridge en 1839.


Le seul livre publié de son vivant est ​Photometric Research ​(1878) sur l’astrophysique. Il a
écrit beaucoup d’articles qui traitent de la logique des relations, de philosophie, de
mathématiques, du pragmatisme. Mort en 1914, plutôt isolé, méconnu.
Son épouse a vendu ses articles non publiés à l’Université de Harvard qui les publie.
Pensée complexe et fragmentaire, rendue accessible par 2 français : G. Deledalle et J.
Chenu.
Deledalle ​Écrit sur le signe C.S.Peirce (​ 1978)
Chenu ​C.S.Peirce Textes anticartésiens (​ 1984)

1. Introduction générale

1.Une sémiotique générale

théorie sémiotique :​ ensemble organisé de concepts permettant de décrire le mécanisme


de production de signification dans un objet culturel quelconque

Théorie sémiotique générale pour rendre compte de tous les phénomènes culturels.

Peirce envisage tous les domaines signifiants. Les données utilisées appartiennent à la vie
émotionnelle, pratique et intellectuelle. Ici, on ne prend pas le fonctionnement du langage
mais plutôt tous les phénomènes de signification, sans hiérarchisation a priori et sans
aucune préférence entre les phénomènes.

31 / 64
La sémiotique de Peirce s’appuie donc sur une réflexion phénoménologique et sur la logique
des relations.

réflexion phénoménologique :​ domaine de la phénoménologie (grec ​phainomenon​ = ce


​ étude).
qui apparaît, ​logos =

phénoménologie :​ courant philosophique concentré sur l’étude des phénomènes, ce qui


apparaît à notre conscience, de l’expérience vécue

Donc c’est l’étude de tout ce que l’on perçoit.

logique des relations :​ tous les phénomènes liés entre eux par un raisonnement logique

Peirce envisage d’emblée tous les domaines signifiants. Les données utilisées
appartiennent à la vie émotionnelle, pratique et intellectuelle.
La sémiotique de Peirce s’appuie sur une réflexion phénoménologique et sur la logique des
relations.
Par son ancrage dans une réflexion phénoménologique et métaphysique, la sémiotique de
Peirce prend une dimension plus ambitieuse qu’une simple théorie de la signification, elle
est tout un projet philosophique.

Ici, aucun ancrage dans la linguistique.

2.Une théorie qui généralise le concept de signe

Tout phénomène complexe peut être considéré comme signe tant qu’il y a un interprète.

Peirce est opposé à Saussure car Saussure parle du signe comme étant la plus petite unité
significative (morphème), ce qui pose la question de l’unité du signe.
Peirce définit qu’un signe peut être de n’importe quelle longueur. Aucune restriction de
mesure.

Un signe peut être simple ou complexe : toute chose, tout phénomène, aussi complexe
soit-il, peut être considéré comme signe dès lors qu’il entre dans un processus sémiotique,
c’est-à-dire dès qu’un interprète le réfère à autre chose.
N.B. : La délimitation d’un phénomène comme signe n’est déterminée qu’à travers une
élucidation de son sens

Chez Peirce, ce qui fait le signe est simplement le pouvoir de faire émerger de la
signification. Si une signification émerge, alors c’est un signe.

32 / 64
3.Une sémiotique triadique

Du point de vue méthodologique, on garde le même fonctionnement de la signifcation :


résultat d’une mise en relation.
Dans toute réflexion linguistique et sémiotique européenne, il y a l’idée du binarisme alors
que chez Peirce, on parle de triadisme.

3 manières de représenter le monde.

La sémio peircienne fonctionne donc par un jeu de combinaison entre les 3 catégories
philosophiques et les 3 catégories du signe.

Ces combinaisons sont des modes de significations spécifiques pour un interprète

Chez Peirce, la semiosis (production de la signification) est un​ processus triadique ​qui met
en relation un ​Representamen​ (1er), un ​Objet ​(2e) et un ​Interprétant ​(3e).
Chacun des termes de la semiosis se subdivise également en trois catégories :
- 3 types de representamen
- 3 modes de renvoi du representamen à l’objet
- 3 façons dont l’interprétant opère la relation entre le representamen et l’objet

4.Une sémiotique pragmatique

La sémiotique de Peirce prend en considération le contexte de production et de réception


des signes.
On parle donc de mise en contexte des signes.

ex :​ si on évoque un énoncé, il contient forcément des données pragmatiques (noms, ..) Ces
données permettent de repérer dans un contexte ces signes.

Saussure distingue la langue et la parole (prise en charge individuelle du système de la


langue pour faire du sens). Il ne s’appuie que sur la langue

La philosophie prônée par Pierce est le “pragmatisme” : rechercher le sens d’une hypothèse
ou de n’importe quelle idée dans ses conséquences pratiques

33 / 64
« La signification d’un concept est la somme des effets possibles sur la conduite »

Extrait de ​Le processus interprétatif ​(1995), N. Everaert

« Toute la fonction de la pensée est de produire des habitudes d’action ».

Extrait de ​Le processus interprétatif ​(1995), N. Everaert

N.B. : La signification d’un signe est ce qu’il fait, comment il agit sur l’interprète, quel effet il
produit. La démarche interprétative conduit l’interprète de la perception à l’action, par le biais
de la pensée.

Le pragmatisme est lié à l’action, à la pratique, à l’expérience.

interprète :​ donne signification


démarche interprétative :​ donner du sens

Sémiotique pragmatique :​ sémiotique en action, c’est-à-dire pas de production de


signification en dehors de la pragmatique, d’une action dans un contexte

Décrire la signification d’un signe, c’est décrire le processus cognitif (pensée) par lequel le
signe est interprété et provoque un type d’action.

La sémiotique de Peirce est générale, triadique et pragmatique


VS les sémiotiques du structuralisme et de Saussure qui sont un modèle linguistique avec
une conception des relations binaires et étude de système clos (sans contexte).

2. Les 3 catégories philosophiques

1.La phanéroscopie

phanéroscopie :​ nom de la théorie de Peirce, vient de la phénoménologie. Tout ce qui peut


apparaître à l’esprit

phénomène :​ tout ce qui est physique et mental


Il concerne un domaine, un événement, fait ou psychique

La phanéroscopie est le nom que Pierce donne à sa théorie (phénoménologie peircienne).


Un “​phanéron​” (du grec ​phanein​ = apparaître) est tout ce qui peut apparaître à l’esprit, tout
phénomène, qu’il corresponde à quelque chose de réel ou non.

34 / 64
Besoin de trois facultés pour appréhender les phénomènes : l’observation, la discrimination
et la généralisation

L’​observation​ implique un sujet mis en présence de quelque chose.


C’est la rencontre entre quelque chose qui se produit et quelqu’un présent pour le percevoir

discrimination :​ différence entre les choses.

Le sujet est en mesure de différencier le phénomène perçu d’un autre phénomène, pour
potentiellement les mettre en relation.

La ​généralisation​ implique un sujet capable de produire des règles/des lois lorsqu’on


observe des phénomènes pour les expliquer.

Parmi les phénomènes, Peirce distingue trois catégories qu’il nomme à l’aide des nombres
1, 2 et 3 (firstness, secondness, thirdness) : ​priméité​, ​secondéité​ et ​tiercéité

« Premier est la conception de l’être et de l’exister indépendamment de toute autre chose.


Second est la conception de l’être relatif à quelque chose d’autre. Troisième est la
conception de la médiation par quoi un premier et un second sont mis en relation »

Extrait de ​Le processus interprétatif ​(1995), N. Everaert

N.B. : Trois aspects de l’expérience humaine : la vie émotionnelle, la vie pratique et la vie
intellectuelle.

ex :​ mode de “rougéité” (rougir) → priméité c’est percevoir quelque chose de rouge avant de
le mettre en relation (interprétation)

priméité​ ​:​ émergence d’une émotion

La priméité est une conception de l’être indépendamment de toute autre chose.


La ​priméité​ est la catégorie de la ​qualité du sentiment​.
Qualités sensorielles : une odeur, un goût, un son, une couleur, une matière, une émotion
(le tragique, le beau, l’ennuyeux…)

qualité :​ caractéristique spécifique

« Voilà ce qu’est le premier : présent, immédiat, frais, nouveau, initial, spontané, libre, vif,
conscient et évanescent. Souvenez-vous seulement que toute description que nous en
faisons ne peut qu’être fausse »

Extrait de ​Le processus interprétatif ​(1995), N. Everaert

35 / 64
La ​secondéité​ est une conception de l’être relatif à quelque chose d’autre.
C’est une catégorie du réel, de l’individuel, de l’expérience, du fait, de l’existence.
​ t ​nunc​, c’est-à-dire de ce qui se produit en un lieu et un temps
C’est une catégorie du ​hic e
déterminés.

La secondéité implique la priméité car la qualité première va s’incarner dans des objets, des
événements réels
Le temps est discontinu (avant et après) alors que la priméité est un temps fugace.
La secondéité marque un “présent d’un passé”.

La ​tiercéité ​est une médiation par laquelle un premier et un second sont mis en relation.
C’est une catégorie de la pensée, du langage, de la représentation et du processus
sémiotique de la culture. Elle permet la communication, la vie sociale.

Pour résumer :
- priméité : catégorie de la qualité
- secondéité : catégorie du fait
- tiercéité : catégorie de la pensée et du langage

2.Le processus sémiotique

Peirce s’applique à décrire la “​semiosis​” (= processus par lequel la signification se produit),


pour un interprète, dans un contexte donné.

Le processus sémiotique s’explique par le jeu des trois catégories phanéroscopiques, à


différents niveaux. Il met en relation un signe ou representamen, un objet et un interprétant :
- un ​signe ​ou​ representamen​ est une chose qui représente une autre chose : son
objet. Avant d’être interprété, le signe est une pure potentialité, un ​1er​.
- l’​objet​ est ce que le signe représente, une entité physique ou mentale. Il ne peut
jamais être sans le representamen. C’est un ​2e​.
- l’​interprétant​ opère la médiation entre le representamen et l’objet. C’est un ​3e​.

“Le premier est agent, le second est patient, le troisième est l’action par laquelle l’un
influence l’autre”
Citation de Peirce

36 / 64
signe = representamen (Sé = Sa alors que Sauss différencie les 2. Le signe est le
phénomène susceptible d’être perçu alors que le representamen est une chose qui
représente une autre chose.)

Le signe représente une chose, un objet.


Le representamen ne représente que l’objet, il ne peut pas le faire connaître : qualité mise
en avant de l’objet mais ne le fait pas connaître entièrement car il ne montre qu’une
particularité de l’objet.

interprétant ​≠​ interprète

interprétant : ​moyen que l’interprète utilise pour faire une interprétation

Si on utilise des interprétants différents, on a droit à des interprétations différentes du


representamen.

representamen :​ chose qui représente une autre chose

signe ou representamen :​ signe pour parler de toutes les choses que l’on perçoit et
representamen pour la réflexion théorique (selon Peirce)

representamen :​ qui représente, il ne peut pas le faire connaître il ne peut que donner du
sens sur une caractéristique de l’objet.

a. Un processus illimité

Le ​representamen​, pris en charge par un interprète, a le pouvoir de déclencher un


interprétant​, qui est un representamen à son tour, et renvoie par l’intermédiaire d’un autre
interprétant au même ​objet​ que le premier representamen, lui permettant de renvoyer à cet
objet, et ​ainsi de suite​.

Lorsqu’on interprète un representamen, il est lu par un interprétant qui renvoie à un même


objet et ainsi de suite

Un signe se traduit par d’autres signes

37 / 64
Pour comprendre un signe, on cherche d’autres signes capables de le traduire, ce qui nous
permet de l’associer à l’objet auquel il renvoie.

ex :​ définition d’un mot qui est un interprétant et pour le comprendre, il y en a eu d’autres


pour permettre de le comprendre

Puisqu’on peut communiquer, on arrête d'interpréter à partir du moment où des interprétants


sont en accord

N.B. : dans la pratique, le processus est limité par l’habitude : “l’interprétant logique final”

Interprétant final :​ telle signification à tel signe dans un contexte particulier (marque fin
processus illimité)

Le representamen fige provisoirement le renvoi d’un à d’autres signes ce qui permet à des
interlocuteurs de se mettre d’accord sur la réalité à laquelle ils sont confrontés.

b. Objet immédiat vs objet dynamique

objet dynamique :​ objet tel qu’il est dans la réalité

objet immédiat :​ objet tel que le signe le représente

ex :

ex :​ pot de peinture rouge dans la réalité (objet dynamique), les signes de cet objet peuvent
être multiples : composition donc étiquette, couleur…

“Le signe représente son objet, non sous tous ses rapports, mais par référence à une
sorte d’idée que j’ai appelé quelquefois le fondement (“ground”) du representamen”

Citation de Peirce

38 / 64
Le fondement est un point de vue selon lequel le signe représente son objet.

Le fondement détermine le representamen.

L’objet immédiat auquel renvoie le signe ne montre qu’une caractéristique appartenant à


l’objet
L’objet immédiat sert à l’étude sémiotique.

Un même objet dynamique peut être considéré sous de multiples point de vue et donc
déterminer une infinité de signes.
L’objet immédiat choisit une caractéristique de l’objet
Pour que ce signe (ROI → schéma) soit connu, il lui faut une connaissance préalable qui lui
vienne de tous les autres signes.

L’objet dynamique n’est pas à considérer comme un référent. Il n’existe comme un


fondement pour faire comprendre le signe.

Pour Peirce, tout est dans le signe.

L’objet dynamique est un signe inaccessible car c’est l’objet qu’on obtiendrait si on allait au
bout du processus illimité (impossible car infini)

c. Une articulation trichotomique (division en 3)

Tout passe par la division en trois (R, O, I)

Chacun des termes du processus sémiotique (representamen, objet et interprétant) se


subdivise selon les trois catégories philosophiques : priméité, secondéité et tiercéité.

On distingue donc la priméité, la secondéité et la tiercéité :


- dans le representamen
- dans le mode de renvoi du representamen à l’objet
- dans la façon dont l’interprétant opère la relation entre le representamen et l’objet

Un ​signe​ se définit par une relation dynamique et hiérarchisée entre les trois trichotomies. Il
résulte alors des combinaisons possibles différentes.

Tout le processus proposé repose sur le fait que les signes sont interprétés par l’être humain
qui construisent des significations dans un contexte précis.

Chaque mode de signifié met en jeu la trichotomie des signes.


La hiérarchie entre les catégories est :
- la ​priméité ​ne comprend qu’elle-même
- la ​secondéité ​comprend la priméité
- la ​tiercéité​ comprend la priméité et la secondéité.
Donc toutes les combinaisons sont possibles

39 / 64
d. Trichotomie du representamen (R)

Le representamen est un premier qui peut appartenir à trois catégories : possible (1er), réel
(2e) ou loi (3e).

qualisigne :​ R1 dont le fonctionnement est une qualité qui fonctionne comme signe
Il ne sera matérialiser que dans la réalité
(quali -> qualité)

ex :​ qualité “éclat” : matériellement couleur éclatant d’un pull ou encore éclat d’une
trompette,… du possible car quelque chose qui est là qui peut se réaliser dans une telle
situation

La qualité des phénomènes est innombrable mais l’être humain réduit les qualités possibles
car on ne peut pas les percevoir

sinsigne :​ R2 chose ou événement réel spatio-temporellement déterminé qui fonctionne


comme signe. Ce sont les circonstances qui constituent le fondement du signe.
(sin -> singulier donc 1 fois)

ex :​ girouette à un temps donné va indiquer la direction du vent à ce même moment

Tout sinsigne va comprendre des qualisignes (hiérarchie des catégories)

légisigne :​ R3 signe dont le fondement est une loi, établie a priori par convention et
arbitraire, ou a posteriori par habitude
(legi -> loi)

ex :​ feu rouge donc arrêt des gens ou voiture (convention)


bouillir de l’eau dans plein de conditions et tjrs à 100°C (habitude)

Les légisignes sont tous les signes conventionnels qui font partie d’un systèmes : les mots
de passe, les insignes, le code de la route, …

Ils ne peuvent agir que en se matérialisant dans le sinsigne qui lui même à des qualités et
singuliers

ex :​ article “le” légisigne car définition par des règles syntaxiques sémantiques, …
Il devient sinsigne lorsqu’il est actualisé dans un moment actualisé (le bateau / Le / Le). La
différence d’écriture sont des qualisignes

Le ​légisigne ​est un type général rigoureusement défini par des règles qui va se retrouver
identique sous des occurrences différentes
Le ​qualisigne​ n’a pas des caractéristiques fixes.

40 / 64
e. La trichotomie de l’objet

Un representamen (1er, 2e ou 3e) peut renvoyer à son objet selon la priméité (rapport de
similarité - 1), la secondéité (rapport de contiguïté - 2) ou la tiercéité (selon une loi - 3).

icône :​ O1, un signe (R) renvoie à son objet (O) de façon iconique lorsqu’il ressemble à son
objet. Le renvoi se fait selon la priméité.

Le representamen d’une icône peut être un qualisigne, un sinsigne ou un légisigne.

R1O1 : ​qualisigne​ ​iconique​, constitue l’état limite du signe puisqu’il ne représente pas
autre chose que lui-même.
ex :​ odeur de rose (R1) → R1O1 serait l’odeur de rose mais renifler par une statue
(interprète incapable de faire la relation entre l’odeur et la rose)

R2O1 : ​sinsigne iconique​, choses réelles spatio-temporellement déterminées qui donnent


une image de leur objet
ex :​ maquette : icône d’un bâtiment qui va être ou a été construit. Chose réelle spatialement
déterminé
Toutes les images où l’on remarque une ressemblance (motivation dans la sémiotique
européenne)
Métaphore de l’objet qui reprend des propriétés de ce qu’est l’objet réellement

R301 : ​légisigne iconique​, toutes les occurrences iconiques qui sont devenues par
habitude culturelle des conventions et des règles de représentation
ex :​ pictogrammes internationales : signes iconiques mais qui sont devenus généraux par
convention
ex :​ métaphore conventionnelle : faucheuse (mort) par habitude

indice : ​O2, un signe renvoie à son objet de manière indicielle lorsqu’il est réellement
affecté par cet objet

L’indice est un fait immédiatement perceptible qui attire l’attention sur l’objet, lequel n’est pas
immédiatement perceptible. Entre le representamen et l’objet, il y a un rapport de contiguïté,
une relation contextuelle (secondéité).

Le signe est affecté par l’objet.


Le representamen d’un indice est généralement un sinsigne

R1O2 : impossible car R1 tjrs iconique

R2O2 : ​sinsigne indiciel​, choses réelles spatio-temporellement déterminées qui renvoient à


autre chose de circonstanciel également.
ex :​ trace de pas sur le sable : trace de pas spécifique à un moment donné particulier
coup frappé à la porte : visite de quelqu’un

41 / 64
R3O2 : ​légisigne indiciel, ​un légisigne peut fonctionner comme un indice dès lors qu’il
acquiert sa valeur de signe dans une relation contextuelle.
ex :​ “vous pouvez enlever ​ceci​ de votre table” : valeur de ceci pris en contexte
certains mots de la langue peuvent être R3O2 qui renvoie à un processus de signification
car prennent leur valeur dans leur utilisation. Ils peuvent avoir une valeur d’indice dans un
processus de signification.

symbole :​ O3, un signe est un symbole lorsqu’il renvoie à son objet en vertu d’une loi, d’un
règle, d’une association d’idées générales.

R103 : impossible

R2O3 : impossible

R3O3 : ​légisigne symbolique

(catégorie representamen < catégorie objet donc impossible que representamen < objet)

N.B.1 : la règle symbolique peut avoir été formulée a priori par convention ou a posteriori par
habitude.

N.B.2 : le symbole réalise pleinement le processus sémiotique : il signifie son objet par
l’intermédiaire d’un interprétant, alors que l’indice ne fait que désigner son objet et que
l’icône s’assimile à son objet, le décrit, en donne une image.
On retrouve l’arbitrarité du signe

ex :​ idée de fumer = idée du feu →“pas de fumée sans feu”

f. Trichotomie de l’interprétant

L’interprétant d’un signe est un signe lui-même, qui renvoie le premier signe (R) à son objet
parce qu’il entretient le même rapport avec le même objet. L’interprétant est la règle qui
permet au representamen de renvoyer à l’objet.

L’interprétant devient lui-même un signe qui renvoie le premier signe R … (processus


illimité)

rhème ​ou​ signe rhématique : ​I1, un signe qui est compris comme représentant son objet
dans ses caractères seulement
Un rhème dit que les caractéristiques du representamen sont possibles. Il permet de
reconnaître dans un representamen les traits pertinents de tout un paradigme d’objets
possibles.
Il va rendre la qualité généralement reconnaissable.
Tous les mots de la langue pris isolément sont rhématiques.
ex :​ pomme (sans contexte) : légisigne et généralisable à tous les signes de pomme
representamen pomme est général à toutes les pommes

42 / 64
dicisigne​ ou ​signe dicent :​ I2, un signe qui est compris comme représentant son objet par
rapport à l’existence réelle.
C’est un signe qu’on interprète selon la secondéité (réalité). Expérience qui va établir la
liaison entre R et O par une relation logique (vrai ou faux)
ex :​ R portrait de qqn, nom de cette personne écrit : si portrait est le portrait ou non de cette
personne, ça veut dire que l’on inscrit la question de si c’est cette personne ou non est
représenté sur le tableau dans l’expérience.

argument ​ou ​signe argumental :​ I3, un signe qui est compris comme représentant son
objet dans son caractère de signe
Il formule la règle qui relie R et O.
ex :​ feu rouge = ordre de s’arrêter
fumée = feu

g. Récapitulation des dix niveaux différents d’interprétation des signes

Ce tableau n’est pas une classification, on peut “les interpréter comme”.

qualisigne iconique rhématique (R1-O1-I1) :​ pure sensation qui renvoie à l’image


d’elle-même, et qui est compris comme représentant les caractéristiques de la peine
ex :​ un sentiment vague de peine

sinsigne iconique rhématique (R2-O1-I1) : ​chose réelle spatio-temporellement


déterminée, qui renvoie par similarité à l’objet et qui s’interprète comme représentant les
caractéristiques d’une classe de maisons
ex :​ une maquette (représente une maison par exemple, ... )

43 / 64
sinsigne indiciel rhématique (R2-O2-I1) :​ événement spatio-temporellement déterminé qui
renvoie à l’objet par contiguïté et qui s’interprète comme représentant les caractéristiques
d’un cri de quelqu’un à qui il arrive quelque chose
ex :​ un cri spontané (quelqu’un qui se fait agresser)

sinsigne indiciel dicent (R2-O2-I2) : ​le representamen est une chose


spatio-temporellement déterminée (girouette), dont la direction est affectée par la direction
du vent (indice de l’objet “vent”) et dont l’interprétant met en connexion existentielle ces 2
faits d’expérience, la position de la girouette et la direction du vent sont une relation indicielle
avec l’objet auquel elle renvoie
ex :​ une girouette est dans une direction donnée à un moment donné à cause du vent

légisigne iconique rhématique (R3-O1-I1) : ​le representamen est un signe général qui fait
partie de la langue, d’un système ; il représente son objet par rapport de similarité et qui est
interprété comme représentant tous les objets possibles.
ex :​ cri du coq cocorico censé représenter tous les cris de coq possibles

légisigne indiciel rhématique (R3-O2-I1) : ​le representamen est un signe général


(légisigne) interprété comme représentant toute une classe d’objets possibles (rhème), mais
dont chaque occurrence représente un de ces objets dans une relation contextuelle. Il prend
sa valeur quand on l’utilise, représente toutes les classes possibles et va s’interpréter dans
un contexte particulier et devient donc indiciel
ex :​ chaque “je” est une variable qui indique le trait pertinent “être locuteur” et qui prend sa
valeur indicielle dans le contexte de communication

légisigne indiciel dicent (R3-O2-I2) : ​le representamen est un signe général qui fait partie
d’un système, dont chaque occurrence est provoquée par son objet.
ex :​ le code de la route : la volonté de la gendarmerie de communiquer un ordre de s’arrêter
dans telles circonstances spatio-temporelles (indice). L’interprétant est un dicisigne qui met
en rapport deux constantes sous la forme d’une proposition (feu rouge en contexte)

légisigne symbolique rhématique (R3-O3-I1) : ​le representamen est un signe général


(légisigne) qui signifie son objet par convention (on parle de symbole chez Peirce et
d’arbitraire chez Saussure toute une classe d’objets possibles)
ex :​ le mot “pomme” désigne toutes les sortes de pomme

légisigne symbolique dicent (R3-O3-I2) :​ le representamen est un signe général


(légisigne) qui signifie son objet par convention, et qui est interprété chaque fois qu’il est
actualisé, comme réellement affecté par son objet et communiquant une information sur cet
objet (dicisigne).
ex :​ l’interprétant met en relation 2 faits réels : l’occurrence de la proposition (R) et le fait qu’il
fasse froid ici (O)

44 / 64
légisigne symbolique argumental (R3-O3-I3) : ​le signe général (légisigne) qui signifie son
objet par convention (symbole) et dont l’interprétant (argument) formule la règle qui les relie.
Il existe trois types d’arguments selon la nature de la règle qui relie le representamen à son
objet :
- déduction : quand la règle est imposée aux faits, elle relève de la tiercéité. Le règle
se justifie elle-même en tant que règle
ex :​ feu rouge = arrêt
- induction : quand la règle résulte des faits, elle relève de la secondéité. La règle
découle de l’observation répétée des faits divers
ex :​ fumée = feu
- abduction : quand l’argument consiste à découvrir, sous forme d’hypothèse, une
règle susceptible d’expliquer un fait. L’argument relève de la priméité
ex :​ hypothèse → règle possible

h. Conclusion de la représentation des signes

La conception théorique du signe résulte toujours de la combinaison de plusieurs termes.


Ces termes vont dépendre de la théorie que l’on évoque.

Les différents penseurs vont penser une réflexion particulière de la semiosis (= processus
qui engendre la signification)

Il faut se poser la question du signe, c’est se poser la question de sa relation avec la réalité
avec le monde naturel et toutes les théories ne répondent pas de la même façon à ce sujet.

On a étudié les trois conceptions du signe : Saussure, Klinkenberg et Peirce.

Saussure : représentation qui renvoie à une conception

Au début du XXe siècle, Saussure instaure un signe binaire ou dyadique. Cette conception
au début implique la distanciation avec le monde naturel et la réalité n’est pas intégrée à sa
réalité. Il y a une mise à l’écart de ces 2 termes (Sa et Sé).
Cette conception est adoptée par A.J. Greimas et F. Rastier.

Remarque :​ avec sa conception, on travaille sur les signes et sur les systèmes de signe
comme des systèmes formels : courant formaliste. Il fonctionne grâce à des règles internes,
mise en avant de ces règles pour voir ce qui les relie en excluant plus ou moins la question
du rapport au monde et du rapport du sujet au monde (l’homme).
La relation au monde est quand même traitée mais par des concepts qu’il rajoute :
l’arbitraire et la motivation.
La question du rôle de l’être humain dans ce processus sera traitée plus tard, notamment
par Greimas.

45 / 64
Peirce : le signe triadique

Les termes du triangle sémiotique :

Ce sont les théories les plus nombreuses, on parle de​ triangle sémiotique​ : base figurée
par des pointillés car la relation entre representamen et objet est moins directe que les
autres relations.

Profusion / confusion terminologique : ​beaucoup de termes créent la confusion. Parfois,


les termes sont identiques mais ils ne signifient pas la même chose pour différentes théories
ou inversement.

Remarque :​ On voit que ces conceptions intègrent dans la théorie la question du rapport
avec le monde, avec l’objet.
Une partie de ces théories, celle de Peirce est la plus aboutie car elle intègre des données
sémantiques, pragmatiques et formels.

46 / 64
Klinkenberg : signe tétradique

La proposition intègre aussi la relation au monde naturel comme Peirce mais la conception
de la signification n’est pas la même.

Ce modèle insiste sur la relation de parenté entre Sa et Sé (expérience du sens) et entre


stimulus et référent (expérience du monde). Ce modèle montre que l’expérience du monde
et celle du sens sont bien deux choses différentes mais qui ont des relations entre elles,
étudiées par la sémiotique.

L’ordre dans lequel sont présenté ces termes va montrer qu’on est face à ce que Luis Ebert
nomme le parcours référentiel.

Donc ce sont les représentations du signe.

VI. Syntagme et paradigme

Pour construire des énoncés verbaux, ou des représentations non verbales, qui ont du sens,
les unités d’un ou plusieurs systèmes de signes s’organisent entre elles et contractent des
relations particulières. L’agencement des unités, ou la relation que les unités entretiennent
entre elles dans un système de signes, s’appréhende par la syntagme et paradigme : elles
permettent de définir des types d’agencement, de relations.

Ces relations entre les unités sont repérables sur deux axes :
- l’​axe syntagmatique
- l’​axe paradigmatique

Les langages ou systèmes de signes (chez Saussure, ce sont des synonymes) prévoient
des syntagmes et des paradigmes. Chacune de ces entités met en relation des entités de
façon particulière que l’on va repérer sur les axes. Ces deux notions ont d’abord été mises
en évidence dans l’étude du langage verbal puis généralisées à d’autres systèmes de
signes.

47 / 64
1. Syntagme et axe syntagmatique

syntagme :​ relation entre les signes

Dans un système de signes, les unités sont agencées entre elles pour produire des
énoncés. Cet agencement d’unités s’appelle un syntagme.

ex de syntagme en langue :
Jules aime Julie vs Julie aime Jules

ex de syntagme dans un système de signes non verbal :

syntagme :​ combinaison des unités entre elles telles qu’elles sont actualisées / manifestées
dans un énoncé

Ce qui permet de produire deux énoncés différents, c’est la manière dont les entités sont
mises en relation. Différentes séquences sont possibles mais “Julie Jules aime” n’est pas
possible car ils ne respectent pas le français.

Un syntagme correct respecte les règles imposées par le code.

syntaxe :​ ensemble des règles qui déterminent le bon agencement des unités mises en
séquence. Ces règles sont appelées des règles syntagmatiques.

La syntaxe permet de produire des énoncés grammaticaux.

Remarque :​ les règles syntagmatiques ne sont valables que dans un système de signes
donné. Les règles changent en fonction du système.
ex :​ en français, l’ordre des mots est pertinent mais en latin non : ​Julius amat Julia, Julia
amat Julius, Julia Julius amat, …
Le latin n’a pas les mêmes règles qu’en français, donc le français ne va pas subir les
mêmes règles syntagmatiques.

Les formes ou énoncés qui ne respectent pas les règles syntagmatiques d’un système de
signes sont agrammaticales : elles enfreignent les lois de la syntaxe du système duquel
elles émanent.

48 / 64
Axe syntagmatique (relation des unités en “et”) :
- axe horizontal
- axe de la succession
- axe de la combinaison

Les relations syntagmatiques mettent en relation des éléments co-présents : relations ​in
praesentia (​ élément a et élément b etc)

règles syntagmatiques :​ règles d’agencement des unités prévues par le code et


permettant de construire des énoncés grammaticaux, c’est-à-dire que le code permet
d’intégrer.

« Les règles syntagmatiques diffèrent suivant les sémiotiques […]. Alors que dans le
langage verbal, l’ordre séquentiel, linéaire, est capital […] dans les langages visuels, les
syntagmes sont spatiaux, tabulaires, et leurs unités sont appréhendées au même instant.»
Klinkenberg, ​Précis de sémiotique générale

« Le syntagme est une combinaison de signes qui a pour support l’étendue ; dans le
langage articulé, cette étendue est linéaire et irréversible. Chaque terme tire sa valeur de
son opposition à ce qui précède et à ce qui suit. »
Barthes, ​L’aventure sémiologique

langage articulé = langage verbal

La linéarité est une référence au signe linguistique

2. Paradigme et axe paradigmatique

paradigme :​ classe homogène d’un certain point de vue

ex :​ Julie aime Jules


Julie aime bleu (tout ce qui peut suivre doit être un COD du verbe aimer)
Julie apprécie Jules

Les unités peuvent commuter entre elles dans un énoncé de bases de données qui font
partie du même paradigme.
Dans l’exemple, on teste le paradigme du verbe aimer

paradigme :​ classe d’éléments homogènes sur un certain point. Les unités peuvent
apparaître au même endroit d’un syntagme donné (elles peuvent commuter).

49 / 64
Axe paradigmatique (relation des unités en “ou”) :
- axe vertical
- axe virtuel :​ on laisse de côté les autres possibilités qui sont virtuelles et non
manifestées
- axe de la sélection :​ un paradigme est un ensemble dans lequel on va choisir une
unité

Les relations paradigmatiques mettent en relation des éléments non co-présents : relation ​in
absentia​ (élément a ou élément b etc)

« La notion de relation paradigmatique vise donc l’ensemble des liens que des unités non
manifestées entretiennent entre elles, hors d’un énoncé particulier. Ces relations
paradigmatiques opèrent sur l’axe de la sélection. Comme elles mettent en relation des
éléments qui ne sont pas co-présents, on dira qu’elles opèrent in absentia, littéralement
« en absence » (absence d’un élément par rapport à l’autre, présent. »
Klinkenberg, ​Précis de sémiotique générale

L’axe paradigmatique constitue l’inventaire de toutes les unités susceptibles de remplir la


même fonction dans le même contexte.

ex :​ panneaux de signalisation → règles qui ne s’appliquent pas seulement au langage

Triangle rouge : contexte de base qui ne varie pas


A l’intérieur de panneau : unités qui appartiennent au même paradigme car tout ne marche
pas (énoncé agrammatical)
Le P n’est pas commutable avec les 3 autres unités : pas la même catégorie.

50 / 64
3. Croisement des axes syntagmatiques et paradigmatiques

Ces deux types de relations sont solidaires.


A chaque point d’un syntagme se profile un paradigme possible.
Chaque unité d’un paradigme peut entrer dans un ensemble possible de combinaisons.
Un langage sera d’autant plus complexe qu’il va pouvoir combiner plus d’unités.

ex en langue :

Autre système : les panneaux routiers

51 / 64
Un signe peut être n’importe quoi du moment que c’est interprétable et qu’on lui donne une
interprétation (Peirce)

Question fondamentale sur l’observation de la langue.

VII. Rapports syntagmatiques et associatifs selon Saussure

“Ainsi, dans un état de langue, tout repose sur des rapports; comment fonctionnent-ils ?
Les rapporte et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères
distinctes dont chacune est génératrice d'un certain ordre de valeurs; l'opposition entre
ces deux ordres fait mieux comprendre la nature de chacun d'eux. Ils correspondent à
deux formes de notre activité mentale, toutes deux indispensables à la vie de la langue.
D'une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur
enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la
possibilité de prononcer deux éléments à la fois (voir p. 103). Ceux-ci se rangent les uns à
la suite des autres sur la chaîne de la parole. Ces combinaisons qui ont pour support
l'étendue peuvent être appelées syntagmes. Le syntagme se compose donc toujours de
deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple: re-lire;contre tous; la vie humaine;
Dieu est bon; s'il fait beau temps, nous sortirons, etc ). Placé dans un syntagme, un terme
n'acquiert sa valeur que parce qu'il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à
tous les deux.
D'autre part, en dehors du discours, les mots offrant quelque chose de commun
s'associent dans la mémoire, et il se forme ainsi des groupes au sein desquels règnent
des rapports très divers. Ainsi le mot enseignement fera surgir inconsciemment devant
l'esprit une foule d'autres mots (enseigner, renseigner, etc., on bien armement,
changement, etc, ou bien éducation, apprentissage); par un côté ou
un autre, tous ont quelque chose de commun entre eux. On voit que ces coordinations
sont d'une tout autre espèce que les premières. Elles n'ont pas pour support l'étendue;
leur siège est dans Ic cerveau; elles font partie de ce trésor intérieur qui constitue la
langue chez chaque individu. Nous les appellerons rapports associatifs. Le rapport
syntagmatique est ​in praesentia​; il repose sur deux ou plusieurs termes également
présents dans une série effective. Au contraire le rapport associatif unit des termes in
absentia dans une série mnémonique virtuelle. A ce double point de vue, une unité
linguistique est comparable à une partie déterminée d'un édifice, une colonne par
exemple; celle-ci se trouve, d'une part, dans un certain rapport avec l'architrave qu`elle
supporte; cet agencement de deux unités également présentes dans l'espace lait penser
au
rapport syntagmatique; d'autre part, si cette colonne est d'ordre dorique, elle évoque la
comparaison mentale avec les autres ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des
éléments non présents dans l’espace: le rapport est associatif.
Chacun de ces deux ordres de coordination appelle à quelques remarques particulières.”

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

Selon Saussure, le syntagme et le paradigme sont 2 manières de lire les choses.

syntagme ​(ou ​série effective​) ​:​ enchaînement de mots sur la chaîne de la parole (phrase)
selon où sont placés les mots, ils forment des sens différents

52 / 64
paradigme​ (ou ​série mnémotechnique​) ​:​ paquets de mots par rapport à un mot
selon les catégories grammaticales par exemple

rapports associatifs​ ​:​ mise en association des mots


ex :​ mots en -ment, par rapport au sens

« Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives


[…]. Placé dans un syntagme, un terme n'acquiert sa valeur que parce qu'il est
opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à tous les deux. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

Saussure envisage le syntagme essentiellement du point de vue de sa linéarité (syntagme


linguistique) → opposition,...

« Le rapport syntagmatique est in praesentia; il repose sur deux ou plusieurs termes


également présents dans une série effective. Au contraire le rapport associatif unit
des termes in absentia dans une série mnémonique virtuelle. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

Terminologie saussurienne :
- “série effective” = syntagme
- “rapport associatif” = rapport paradigmatique
- “série mnémonique virtuelle” = paradigme

« […] une unité linguistique est comparable à une partie déterminée d’un édifice, une
colonne par exemple ; celle-ci se trouve d’une part dans un certain rapport avec
l’architrave qu’elle supporte ; cet agencement est d’ordre syntagmatique ; d’autre part, si
cette colonne est d’ordre dorique, elle évoque la comparaison mentale avec les autres
ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des éléments non présents dans l’espace : le
rapport est associatif. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

dorique : style d’architecture


Entre la colonne et le dessus, c’est un rapport syntagmatiqe (2 unités mises ennsemble).

53 / 64
Mais si la colonne est d’un style particulier, il y a d’autres styles possibles aussi donc
paradigme entre ces différents types de colonnes (rapport paradigmatique)

1. Les rapports syntagmatiques

Nos exemples de la page 170 donnent déjà à entendre que la notion de syntagme
s'applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de
toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase,
phrases entières).
Il ne suffit pas de considérer le rapport qui unit les diverses parties d'un syntagme entre
elles (par exemple contre et tous dans contre tous, contre et maître dans contremaître); il
faut tenir compte aussi de celui qui relie le tout à ses parties (par exemple contre tous
opposé d'une part à contre, de l'autre à tous, ou contremaître opposé à contre et à
martre).
On pourrait faire ici une objection. La phrase est le type par excellence du syntagme. Mais
elle appartient à la parole, non à la langue (voir p. 30); ne s'ensuit-il pas que le syntagme
relève de la parole ? Nous ne le pensons pas. Le propre de la parole, c'est la liberté des
combinaisons; il faut donc se demander si tous les syntagmes sont également libres.
On rencontre d'abord un grand nombre d'expressions qui appartiennent à la langue; ce
sont les locutions toutes faites, auxquelles l'usage interdit de rien changer, même si l'on
peut y distinguer, à la réflexion, des parties significatives (cf. à quoi bon, allons donc, etc ).
il en est de même, bien qu'à un moindre degré, d'expressions telles que prendre la
mouche, forcer la main à quelqu'un, rompre une lance, ou encore avoir mal à (la tête, etc
), à force de (soins, etc.), que vous ensemble ?, pas n'est besoin de .., etc., dont le
caractère usuel ressort des particularités de leur signification ou de leur syntaxe. Ces
tours ne peuvent pas être improvisés, ils sont fournis par la tradition On peut citer aussi
les mots qui, tout en se prêtant parfaitement à l'analyse, sont caractérisés par quelque
anomalie morphologique maintenue par la seule force de l'usage (cf. difficulté vis-à-vis de
facilité, etc., mourrai en face de dormirai, etc.).
Mais ce n'est pas tout; il faut attribuer à la langue, non à la parole, tous les types de
syntagmes construits sur des formes régulières. En effet, comme il n'y a rien d'abstrait
dans la langue, ces types n'existent que si elle en a enregistré des spécimens
suffisamment nombreux. Quand un mot comme indécorable surgit dans la parole (voir p.
228 ), il suppose un type déterminé, et celui-ci à son tour n'est possible que par le
souvenir d'un nombre suffisant de mots semblables appartenant à la langue
(impardonnable, intolérable, infatigable, etc.). Il en est exactement de même des phrases
et des groupes de mots établis sur des patrons réguliers; des combinaisons comme la
terre tourne, que vous dit-il ? etc., répondent à des types généraux, qui ont à leur tour leur
support dans la langue sous forme de souvenirs concrets.*
Mais il faut reconnaître que dans le domaine du syntagme il n'y a pas de limite tranchée
entre le fait de langue, marque de l'usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la
liberté individuelle. Dans une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison
d'unités, parce que l'un et l'autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des
proportions qu'il est impossible de déterminer.

54 / 64
Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

C’est un passage par excellence du syntagme mais il appartient à la parole et non à la


langue car besoin d’un sujet pour former une phrase.
Saussure donne l’exemple du syntagme figé : expérience qu’on ne peut changer

ex :​ facilité ​≠​ difficulté mais ils ne sont pas construits de la même manière

ex : ​indécorable est un syntagme car 3 morphèmes.

On va pouvoir créer de nouveaux mots car on reconnaît des mots déjà existants.
La manière de parler est déjà enregistré dans la langue.

« […] dans le domaine du syntagme il n'y a pas de limite tranchée entre le fait de langue,
marque de l'usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la liberté individuelle. Dans
une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison d'unités, parce que l'un et
l'autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des proportions qu'il est impossible de
déterminer. »

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

Le syntagme relève à la fois de la langue et de la parole.

langue : ​combinaisons d’unités régulières


ex :​ locutions figées comme “avoir du pain sur la planche”
La langue marque l’usage collectif

parole :​ combinaisons individuelles, productions d’énoncés particuliers par un énonciateur


spécifique (principe d’énonciation)
La parole exprime la liberté individuelle

55 / 64
2. Les rapports associatifs

Les groupes formés par association mentale ne se bornent pas à rapprocher les termes
qui présentent quelque chose de commun; l’esprit saisit aussi la nature des rapports qui
les relient dans chaque cas et crée par là autant de séries associatives qu'il y a de
rapports divers. Ainsi dans enseignement, enseigner, enseignons, etc, il y a un élément
commun à tous les termes, le radical; mais le mot enseignement peut se trouver impliqué
dans une série basée sur un autre élément commun, le suffixe (cf. enseignement,
armement, changement etc.) ; l’association peut reposer aussi sur la seule analogie
des signifiés (enseignement, instruction, apprentissage, éducation, etc.), ou au contraire,
sur la simple communauté des images acoustiques (par exemple enseignement et
justement). Donc il y a tantôt communauté double du sens et de la forme, tantôt
communauté de forme ou de sens seulement. Un mot quelconque peut toujours évoquer
tout ce qui est susceptible de lui être associé d’une manière ou d’une autre.
Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un
nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en
nombre défini, ni dans un ordre déterminé. Si on associe désir-eux, chaleur-eux, peur-eux,
etc., on ne saurait dire d’avance quel sera le nombre des mots suggérés par la mémoire,
ni dans quel ordre ils apparaîtront. Un terme donné est comme le centre d’une
constellation, le point où convergent d’autres termes coordonnés, dont la somme est
indéfinie. (voir figure)
Cependant, de ces deux caractères de la série associative, ordre indéterminé et nombre
indéfini, seul le premier se vérifie toujours ; le second peut manquer. C’est ce qui arrive
dans un type caractéristique de ce genre de groupements, les paradigmes de fléxion. En
latin, dans dominus, domini, domino etc., nous avons bien un groupe associatif formé par
un élément commun, le thème nominal domin-, mais la série n’est pas indéfinie comme
celle de enseignement, changement, etc. ; le nombre des cas est déterminé ; par contre
leur succession n’est pas ordonné spatialement, et c’est par un acte purement arbitraire
que le grammairien les groupe d’une façon plutôt qu’une autre ; pour la conscience des
sujets parlants le nominatif n’est nullement le premier cas de la déclinaison, et les termes
pourront surgir dans tel ou tel ordre

Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

Association de son, de forme, d’opposition, de sens, … tout est possible

« Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un
nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en
nombre défini, ni dans un ordre déterminé. […] Cependant, de ces deux caractères de la
série associative, ordre indéterminé et nombre indéfini, seul le premier se vérifie toujours ;
le second peut manquer. »

56 / 64
Extrait du ​Cours de linguistique générale​ (1972), Saussure

syntagme :​ implique un ordre particulier entre les unités et un nombre fini d’unités

paradigme :​ implique un ordre indéterminé entre les unités et un nombre non défini d’unités

N.B. : Seul le premier caractère se vérifie toujours, le second est plus aléatoire : beaucoup
de paradigmes présentent un nombre défini d’unités
ex :​ les désinences en latin (rosa, rosae, rosarum, … 1ère déclinaison mais il en existe 5)
mais au bout d’un moment elles s’arrêtent, ce n’est pas infini
code de la route (apprentissage des panneaux mais au bout d’un moment ça s’arrête,
ce n’est pas infini)

Au départ, Saussure réfléchit à partir de signe de la langue mais il envisage d’élargir sa


notion à d’autres signes qui ne sont pas la langue.

VIII. Arbitraire et motivé

arbitraire : adjectif
motivé : adjectif

arbitrarité : nom
motivation : nom, notion sémiotique

Si on parle d’arbitrarité et de motivation, on parle du statut sémiotique des unités (ou nature
des signes), lien entre Sa et Sé pour produire du sens, construire de la signification.

Dessin Mot verbal oral Mot verbal écrit


(phonétique)

signifiant [so] seau

signifié récipient de forme cylindrique (avec une anse) déf du dico

3 signes : le signifié est le même mais le signifiant change


Signifiant renvoie au même concept
Ce sont des synonymes (dessin → def, son → déf, écrit → déf)

57 / 64
Dessin Mot verbal oral Mot verbal écrit
(phonétique)

signifiant [so] seau

signifié récipient de forme cylindrique (avec une anse) déf du dico

Différences non apprentissage apprentissage car besoin de connaître


(à condition que langue
dessin correcte et
que la personne qui
doit interpréter signe
sait ce que c’est) →
nécessité
d’appartenir à une
même communauté
pour comprendre

ce signe est polysémie : saut, polysémie (hors


monosémique : 1 sot, sceau contexte)
seul sens

Arbitraire : ​on parle de signe arbitraire quand le rapport du signe à l’objet auquel il renvoie a
été établi par pure convention, ou encore quand le signifiant (l’expression) et le signifié (le
contenu) s’unissent sur la base d’une relation indirecte et conventionnelle

L’association entre mot phonétique avec la définition et mot écrit avec définition.
Le signe linguistique nécessite un apprentissage et il est polysémique → arbitraire (que ce
soit oral ou écrit)

58 / 64
Preuve de l’arbitrarité :​ dans une autre langue, le signifiant est différent alors que c’est la
même chose. Pas de prédisposition à nommer une chose mais c’est une convention par les
langues

Motivé :​ on parle de signe motivé quand le rapport du signe à l’objet auquel il renvoie a été
établi sur la base d’une relation naturelle (​≠ conventionnel), ou encore quand le signifiant
(l’expression) et le signifié (le contenu) entretiennent par le biais du référent, une relation
que l’on est capable de mettre en évidence et de qualifier.

naturel ≠ convention donc expérience de la vie (pour l’aspect naturel)


Le dessin est motivé car les caractéristiques du dessin ressemblent à ce que nous
connaissons
Preuve de la motivation : ​on reconnaît entre Sa et Sé des propriétés analogiques de
ressemblance

/!\ tous les dessins ne sont pas motivés, ça dépend de ce qu’on prend en compte
ex :​ croix géométrique en vert (Sa) → pharmacie (Sé) : pas de ressemblance donc arbitraire
croix verte géométrique (Sa) → idée de croix verte (Sé) : motivé car ressemblance

Donc la motivation dépend du Sé associé.

Nécessaire de préciser la relation qu’on analyse (quel Sé ? quel Sa ?)


La motivation d’un signe consiste en quelque chose de naturel entre Sa et Sé (besoin de
préciser ce lien)
L’arbitrarité consiste en l’absence de toute motivation (0 lien naturel entre Sa et Sé)

Remarques : arbitrarité ​≠​ motivation :


- opposition dissymétrique​ (qui n’est pas égal) : si un signe est arbitraire, il est donc
totalement arbitraire. Mais un signe motivé l’est partiellement car il peut aussi être
arbitraire (part d’interprétation). Pour rester totalement motiver, il faudrait que ce soit
l’objet en lui-même mais quasi impossible.
- opposition graduelle : ​on peut parler de degré de motivation si signe motivé (car
toujours présence d’arbitrarité). Une partie va être motivé et une autre arbitraire mais
à différents degrés, niveaux

59 / 64
Différents types de motivation :

- LA motivation directe :​ lien naturel entre Sa et référent constitue une ressemblance


(propriétés communes de type perceptuelle)

ex :​ 4 Sa différents, la pomme, au niveau de leur degré d’iconicité. Reconnaissance


entre les Sa qu’il y a entre eux des degrés de ressemblance à l’objet auquel il
ressemble, si le Sé associé est pomme
degré de motivation = degré d’iconicité

- LES motivations indirectes :​ motivations va s’appuyer sur une relation qui


préexiste au signe, établie ailleurs. Il y aura un relais. S’il y a beaucoup de relais
alors le signe est peu motivé.

- la ​motivation morphologique :​ exploiter un lien sémiotique (Sé - Sa) déjà


existant et établi dans un même code

ex :​ forme triangle à liseré rouge = attention / danger. Si de nouveaux


panneaux sont créés à partir de ce signe, on parle de motivation
morphologique car il utilise lien qui existe déjà
tri (Sa - Sé : 3) et angle (Sa - Sé : idée d’angle) st des morphèmes arbitraires
mais le triangle est motivé morphologiquement

60 / 64
- motivation transsémiotique : ​exploitation d’un lien sémiotique (Sa - Sé)
déjà existant et établi dans un autre code. Actualisation d’un autre code
connu.
ex :​ “ ! ” (Sa) qu’on retrouve dans panneaux du code de la route mais il
présente aussi une “idée d’émotion” au sens large (Sé)
ex :​ Street art → détournement de panneaux de la signalisation routière

- motivation par lien rhétorique :​ transfert sémantique :


● le lien rhétorique est une ​métonymie​ : ​motivation par métonymie​.
La métonymie est le fait de substituer un signe par un autre et entre
les deux rapport de contiguïté (proche, qui se touche, à côté).
Encodage​ = création des signes ou substitution d’un signe par un
autre (rapport de contiguïté).
ex :​ création d’un pictogramme “jour” par un soleil → on prend un
élément qui représente le jour.
Décodage​ = interprétation des signes (transfert sémantique) on va du
sens littéral au sens dérivé.
ex :​ le soleil représente le jour (rapport de contiguïté : cause à effet).
ex :​ effet à cause → mort aux rats désignait par l’effet (mort) pour
désigner la cause (rat) donc un produit qui tuera les rats
ex :​ un bordeaux (vin) → on l’appelle par le nom du lieu pour désigner
l’endroit de fabrication
ex :​ le contenant pour un contenu → boire un verre (contenant) pour
parler du contenu du verre
ex :​ auteur pour l’objet → un Van Gogh, un Picasso
ex :​ partie pour le tout → vous voyez les voiles (désigne bateau)
ex :​ le tout pour une partie → l’Amérique pour désigner EU
ex :​ pictogramme du restaurant. Le Sa est un dessin d’assiette et de
couverts. Le Sé est un lieu dans lequel on peut se restaurer.

61 / 64
● le lien rhétorique est une​ métaphore​ : mise en regard de 2 signes. Le
fonctionnement sémiotique d’une métaphore est que 2 signes x et y
ont des points communs. C’est utilisé x à la place de y car points
communs. Rapport d’analogie. Il y a ici un rapport de ressemblance
avec 2 signes (différence avec le lien direct car 1 seul signe). 2 types
de métaphores :
○ métaphore ​in praesentia ​:​ 2 signes présents, les éléments X
et Y sont tous les deux présents dans l’énoncé qui les met en
rapport analogique
ex :​ signe x → orange et signe y → Terre. “La terre est une
orange” à cause d’une propriété commune “rotondité”

○ métaphore ​in absentia :​ ​ 1 signe présent mais l’autre est


suggéré, un élément Y est mis en rapport analogique avec un
élément X. L’élément X ne figure pas dans l’énoncé produit
ex :​ orange en rapport avec la terre mais la terre pas
représenté sur l’image → “nous vivons sur une orange” à
cause de la propriété commune de rotondité

● motivation diagrammatique : ​cas particulier de la motivation par


métaphore. X entretient propriété comparable avec Y (comme
“analogie de proposition”). Ça concerne tous les phénomènes
graduels. X et Y n’ont pas de propriétés communes mais les
propriétés de X entretiennent des rapports comparables aux rapports
qu’entretiennent entre elles les propriétés de Y.
ex :​ augmentation volume sonore : barre qui change selon la
hauteur du son. Pourtant aucun rapport entre une barre et un
son, pourtant qd son bas la barre est basse

62 / 64
IX . Arbitrarité et motivation chez Peirce

Ces notions viennent plutôt de Saussure et du structuralisme.


Chez Peirce, ces notions n’existent pas.
Toutefois, questionnement sur ce qui relie objet et representamen

Elles vont correspondre chez Peirce au mode de renvoi du signe (representamen) à son
objet.

Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève de la similarité O1, ​signes iconiques =
signes motivés directement

Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève de la contiguité O2, ​signes indiciels =
signes motivés par métonymie

Soit le mode de renvoi du signe à son objet relève d’une règle O3, ​signes symboliques =
signes arbitraires

On va étudier la classification des signes selon le mode de renvoi du signe à son objet
d’après ​Ecrits sur le signe​ (1978) de Pierce

1. Les icônes (O1)

Signes motivés directement par un rapport de ressemblance

Définition de Peirce “une icône est un signe qui renvoie à l’objet qu’il dénote simplement en
vertu des caractères qu’il possède”.

ex :​ l’image dans le miroir, comme signe qui renvoie au sujet qui se regarde
le plan d’architecte, comme signe qui renvoie à l’architecture réalisée ou à réaliser
le plan d’un montage électrique, comme signe qui renvoie au montage électrique
lui-même
les maquettes, comme signes qui renvoient aux objets “reproduits”
l’imitation d’un parfum de marque, comme signe qui renvoie au parfum de référence
le bruitage au cinéma, comme signe qui renvoie au bruitage “réel” d’une scène de vie

2. Les indices (O2)

Signes motivés indirectement par un rapport de contiguité (métonymie, le plus souvent


cause à effet)

ex :​ la fumée comme signe qui renvoie à la présence d’un feu


le bruit de verre brisé, comme signe qui renvoie à une fenêtre qui vient d’être cassée
la trace de main sur une joue, comme signe qui renvoie à une gifle reçue
la mousse sur une surface naturelle, comme signe qui renvoie à l’humidité d’une
surface

63 / 64
le rond humide sur une table de bar, comme signe qui renvoie à la présence d’un verre
3. Les symboles (O3)

Signes arbitraires (auxquels on attribue une signification par le biais d’une convention)

Définition de Peirce : “un symbole est un signe qui renvoie à un objet en vertu d’une loi”

ex :​ le mot “arbre” comme signe qui renvoie à l’objet de l’expérience du monde “arbre”
la couleur noire, comme signe qui renvoie à l’idée de deuil
la couleur blanche, comme signe qui renvoie à l’idée de pureté
le “croissant” ou la “croix”, comme signes qui renvoient aux idéologies religieuses
correspondantes (Islam, Chrétienté)

Rq : Il ne faut pas croire que certains symboles sont naturels


ex :​ rouge = danger ms aussi la passion amoureuse

Conclusion :
Ces 2 notions permettent seulement de parler de la relation entre un signe et l’objet auquel il
renvoie mais elles ne permettent pas de rendre compte de l’ensemble du processus
sémiotique (interprétation)
C’est pour ça que dans la pratique de l’interprétation des signes, un même signe pourra être
tantôt un indice, un symbole ou une icône selon les circonstances de son interprétation

Suite dans “Le fonctionnement de la communication”

64 / 64

Vous aimerez peut-être aussi