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Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée


par ordinateur
B. Lombard

L’avènement d’une technologie nouvelle a fréquemment constitué, dans l’histoire moderne de la


médecine, le point de départ d’un progrès sensible soit en augmentant l’acuité perceptive du médecin –
source de nouvelles possibilités diagnostiques – soit en s’interposant entre la main du thérapeute et le
corps malade, source d’affinement de l’acte thérapeutique. Ainsi en est-il, par exemple, du microscope, de
l’électrocardiographe, ou encore des rayons X, chacun à l’origine de spécialités médicales majeures.
L’application à la chirurgie oto-rhino-laryngologique des possibilités immenses de la technologie
numérique est encore trop récente pour mesurer objectivement son impact. Mais, outre le fait qu’elle est
déjà incontournable, il se pourrait qu’elle conduise non seulement à une nouvelle manière d’opérer, mais
aussi à une façon différente de penser la chirurgie. Nouvelle manière d’opérer : grâce à l’association des
possibilités de l’endoscope-laveur panoramique et de micro-instruments motorisés couplés au guidage
numérique, élargissant le champ d’application de la chirurgie cranio-maxillo-faciale tout en offrant la
possibilité de voies d’abord de plus en plus subtiles. Façon nouvelle de penser la chirurgie : par la
possibilité de planifier l’acte opératoire, d’analyser ses écueils prévisibles, de l’optimiser, voire de le simuler
à partir des données acquises par une imagerie, elle aussi numérique et en perpétuelle amélioration. Le
but du présent article est de présenter dans leurs grandes lignes les concepts qui président à la chirurgie à
assistance numérique, certains aspects techniques indispensables pour bien utiliser ces systèmes, et enfin
ce qu’il est raisonnable d’en attendre en l’état actuel du savoir-faire technologique.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Chirurgie assistée par ordinateur ; Chirurgie infodromique ; Chirurgie maxillofaciale ;
Chirurgie de la base du crâne

Plan ¶ Règles d’utilisation 8


¶ Conclusion : intérêt et limites de la chirurgie infodromique.
¶ Introduction 1 Perspectives d’avenir 8
¶ Histoire de la chirurgie infodromique 2
Chirurgie stéréotaxique sur cadre 2
Radiologie cranio-encéphalique
Stéréotaxie sans cadre
2
2
■ Introduction
Chirurgie craniofaciale assistée par ordinateur 3 La chirurgie assistée par ordinateur a pour but d’offrir au
¶ Concepts fondateurs de la chirurgie assistée par ordinateur 3 chirurgien une assistance sous forme de guidage lors d’interven-
Systèmes de localisation spatiale 3 tions portant sur des régions anatomiques complexes, à haut
Mise en œuvre d’un système de navigation chirurgicale 4 risque fonctionnel ou vital et où l’étroitesse de la voie d’abord
pratiquée ou encore la déformation tissulaire ne permettent pas
¶ Systèmes disponibles 5
un repérage direct constant, visuel et tactile. Cette définition
¶ Précision 5 élimine les situations périopératoires où l’ordinateur est présent,
¶ Navigation couplée à un microscope opératoire 6 comme il l’est d’ailleurs devenu dans la plupart des actes, même
les plus courants, de toute activité professionnelle. Nous
¶ Indications cranio-maxillo-faciales de la chirurgie infodromique 6
écartons également de ce cadre la cyberchirurgie ou chirurgie
Chirurgie endoscopique des tumeurs de la face et de la base
réalisée par robot, car elle pose des problèmes différents, encore
antérieure du crâne 6 imparfaitement résolus.
Voies d’abord externes craniofaciales 6 D’un point de vue sémantique, cette technologie encore
Guidage biopsique. Chirurgie mini-invasive 6 neuve n’a pas de nom définitif. Le terme de « chirurgie guidée
Céphalométrie préopératoire et méthodes morphométriques par l’image » est souvent utilisé, mais il ne permet pas d’en
peropératoires 7 distinguer la chirurgie vidéo-endoscopique qui se pratique sans
Planification et réalisation d’ostéotomies, contrôle ordinateur. Les termes neuronavigation et sinusonavigation sont
du positionnement de greffons osseux 7 trop restrictifs. Le terme franglais surgétique parfois avancé,
Chirurgie reconstructrice à partir d’un modèle stéréolithographique 8 quoique concis, est vide de toute étymologie et donc de sens.
Implantation prothétique 8 L’acronyme CAO est déjà réservé pour signifier la conception
Extraction de corps étrangers 8 assistée par ordinateur. La NAO ou navigation assistée par

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22-360-A-30 ¶ Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur

ordinateur est également utilisée par aviateurs et marins, dans


un contexte évidemment tout autre. Nous proposons le terme
de « chirurgie infodromique » (de « info », en référence à la
nature intrinsèquement numérique de cette technique et
dromos : trajet, chemin, en grec).

■ Histoire de la chirurgie
infodromique
La chirurgie assistée par ordinateur a pour objet essentiel
d’offrir à l’opérateur une assistance sous forme de guidage, dans
le but d’améliorer la précision de son geste. Pour cette raison, il
semble logique de la considérer comme le prolongement naturel
de la chirurgie stéréotaxique, née bien avant l’ère des ordina-
teurs puisque les premiers cadres stéréotaxiques sont apparus à Figure 2. Cadre stéréotaxique de Perry (1980). Conçu pour fonctionner
la fin du siècle dernier. avec un scanner, il comporte des tiges diagonales radio-opaques permet-
tant de retrouver son référentiel géométrique à partir de l’imagerie. Des
Chirurgie stéréotaxique sur cadre abaques trigonométriques permettent de calculer sur les coupes scanner
la position d’un instrument placé dans le cadre. C’est le premier véritable
En 1908, Clarke et Horsley décrivent une méthode de topo-
système de chirurgie infodromique ... sans ordinateur.
graphie rectilinéaire du cerveau de macaque Rhésus et mettent
au point le premier cadre stéréotaxique moderne, dont la
complexité préfigure le problème général du référencement et
du recalage que nous reverrons plus loin (Fig. 1). Ce cadre leur demi-siècle, les techniques vont s’affiner peu à peu, aboutissant
permet d’appliquer des courants électriques lésionnels en à une multitude d’indices, repères et autres ratios utilisés
différents points du cerveau à travers des aiguilles isolées et comme guides par les neurologues qui deviendront peu à peu
guidées. En 1947, Spiegel reprend les travaux de Clarke et neurochirurgiens avec l’individualisation de cette discipline.
Horsley et décrit une méthode alternative à l’effroyable loboto- L’idée d’utiliser un ordinateur pour piloter un générateur de
mie frontale d’Egas Moniz, en générant des lésions électriques rayons X remonte au début des années 1960 avec le neurologue
du nucleus médian et du thalamus, sécurisées grâce à un cadre californien Oldendorff, qui publie un rapport sur l’insuffisance
stéréotaxique [1]. Ses résultats ne sont guère meilleurs que ceux de l’imagerie encéphalique traditionnelle comparée aux possibi-
de Moniz, mais aboutissent à une psychochirurgie moins lités d’exploration d’autres organes et souligne le danger des
hémorragique et donc moins létale. méthodes d’encéphalographie iodée, gazeuse ou d’angiographie
À Paris, Talairach publie en 1949 son célèbre atlas stéréotaxi- cérébrale. Il suggère l’utilisation d’un ordinateur pour piloter
que basé sur une série de dissections cérébrales soigneusement avec précision les rotations d’un radiotomographe et recueillir
mesurées dans un repère cartésien triplanaire et qui, 50 ans plus ses données. Mais le problème est complexe et les ordinateurs
tard, constitue toujours une référence, parfois intégré aux encore rudimentaires. En 1969, les bénéfices colossaux de ventes
applications neurochirurgicales des systèmes de navigation de disques des Beatles par la firme anglaise EMI induisent de
actuels. nombreux programmes de recherches. L’un deux est confié à
l’ingénieur Hounsfield. Après 4 années de recherches, celui-ci
réussit à obtenir la première coupe transversale de la tête d’un
Radiologie cranio-encéphalique patient après quelques minutes de calcul. Ambrose, son associé
Mais les travaux précités ignorent le potentiel formidable de est un neuroradiologue à l’œil très exercé et malgré la qualité
l’imagerie médicale et s’appuient sur une analyse statistique de encore rudimentaire des images, arrive à des diagnostics
la topographie encéphalique humaine, acquise à travers la impossibles sans cet EMI-scanner. Hounsfield et Ambrose se
dissection post-mortem. C’est probablement Cushing, vers 1914, partageront le prix Nobel. La médecine numérique est née, et la
qui le premier a pressenti l’intérêt topométrique considérable de chirurgie assistée par ordinateur n’en sera qu’une conséquence.
la radiographie craniofaciale. Pour déterminer une stratégie Peu de temps après l’avènement de l’imagerie par résonance
d’abord de la selle turcique en vue d’hypophysectomie, il magnétique (IRM) va permettre des images encore plus
développe une méthode de mensuration de clichés radiologi- détaillées mais d’une précision spatiale plus limitée [3].
ques pris sous des incidences précises [2]. Et ainsi, pendant un Désormais, la stéréotaxie ne sera plus envisagée autrement
que couplée au scanner : Leksell imagine un nouveau cadre [4]
que perfectionnent Berstrom et Greitz. Le cadre de Brown [5]
permet de placer une sonde cérébrale avec une précision
moyenne de 1,8 mm, précision que Perry améliore encore grâce
à des marqueurs opaques repérés avec plus de finesse (Fig. 2).
Aujourd’hui, les cadres stéréotaxiques sont peu à peu abandon-
nés au profit de systèmes dits frameless.

Stéréotaxie sans cadre


Les cadres précédemment décrits, quoique fiables et précis,
sont encombrants pour le chirurgien, douloureux et angoissants
pour le patient qui doit rester la tête emprisonnée plusieurs
heures dans un carcan métallique avant d’entrer en salle
d’opération. De plus, leurs possibilités se limitent à guider
précisément une aiguille poussée sur une certaine distance et
selon un angle déterminé, à partir d’un point d’entrée de
coordonnées relatives connues. Il ne s’agit pas à proprement
parler de système de navigation, mais plutôt d’accessoires de
Figure 1. Cadre stéréotaxique de Horsley et Clarke (1908). Ce cadre est
visée balistique. Les neurochirurgiens qui les utilisent savent le
la première tentative d’utilisation de valeurs numériques pour guider un
temps consommé par leur installation et les calculs trigonomé-
geste opératoire, et à ce titre, peut être considéré comme l’ancêtre des
triques qui s’y associent obligatoirement. On comprend dès lors
systèmes de chirurgie infodromique.
le formidable intérêt suscité en 1987 par la publication des

2 Stomatologie
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Écran d'affichage

Station
informatique

Imagerie Système de
TDM localisation
IRM spatiale

Figure 4. Principe général de la chirurgie infodromique. TDM : tomo-


densitométrie ; IRM : imagerie par résonance magnétique.

Figure 3. Le Neuronavigator de Watanabe. Premier système de chirur-


gie assistée par ordinateur, le Neuronavigator permit d’optimiser les voies possibilités d’affichage graphique des micro-ordinateurs moder-
d’abord neurochirurgicales en réduisant la taille des volets de craniotomie. nes, pour mettre en correspondance en temps réel les coordon-
Malgré sa précision très modeste, c’est une machine révolutionnaire qui nées d’un capteur spatial solidaire de l’instrument utilisé par
aida au traitement de près de 800 patients. l’opérateur avec le point homologue situé sur l’imagerie du
patient. Le résultat de cette opération est exprimé sur un écran
visible du chirurgien, qui a ainsi l’illusion de naviguer au sein
travaux de Watanabe, neurochirurgien du Tokyo General des structures anatomoradiologiques du patient qu’il opère. Au
Hospital [6]. Le Neuronavigator qu’a mis au point son équipe fur et à mesure de sa progression, il peut ainsi connaître avec
pour pratiquer l’exérèse de tumeurs cérébrales diverses utilise un précision la position de son instrument, y compris dans des
bras mécanique relié à un ordinateur dans lequel ont été régions exiguës, noyées par l’hémorragie, remaniées par la
préalablement introduites les images tomodensitométriques du pathologie ou encore la fibrose d’un geste chirurgical antérieur.
patient (Fig. 3). La précision est médiocre, l’erreur atteint Cette technologie suppose donc la mise en œuvre d’un
souvent 10 mm. L’ordinateur ne peut stocker que 8 images. La système de localisation spatiale, d’une station informatique, et
présence d’un ingénieur en salle d’opération est indispensable la réalisation d’une imagerie adéquate : tomodensitométrie ou
au fonctionnement de l’appareil. Aussi, le Neuronavigator, trop IRM (Fig. 4).
cher et peu précis ne sera jamais commercialisé, mais la
chirurgie assistée par ordinateur est inventée. Systèmes de localisation spatiale
Chirurgie craniofaciale assistée Ils constituent un maillon très important de cette technologie
en convertissant en coordonnées cartésiennes relatives la
par ordinateur position d’un capteur assujetti à un instrument.
Initialement développés pour leurs applications en neurochi-
rurgie, les systèmes de navigation suscitent très vite l’intérêt Systèmes électromécaniques
d’équipes chirurgicales ORL et maxillofaciales, elles aussi
Ils ont été les premiers utilisés en raison de leur simplicité.
confrontées aux problèmes du repérage anatomique peropéra-
Une potence supporte un bras constitué de plusieurs segments
toire. En effet, l’avènement de l’endoscope moderne permet une
articulés entre eux de manière à offrir 5 ou 6 degrés de liberté.
chirurgie mini-invasive donnant l’accès à des régions très
Les articulations contiennent généralement un potentiomètre de
enclavées comme le labyrinthe ethmoïdal, la base antérieure du
précision encodant l’angle relatif formé par chaque segment.
crâne ou encore la fosse ptérygomaxillaire. Des interventions,
Quoique robustes et peu onéreux, ils ne peuvent fonctionner
comme celle de De Lima, abandonnées pour leur très haut
qu’avec un patient parfaitement immobilisé. Aussi ont-ils été
risque fonctionnel ou vital, sont alors repensées sous l’angle de
abandonnés en raison de leur ergonomie trop médiocre.
l’endoscopie par des équipes comme celle de l’Autrichien
Messerklinger, avec des résultats autrement meilleurs et une
morbidité raisonnable. La chirurgie endoscopique s’impose.
Systèmes à faisceau ultrasonore
Mais elle a aussi ses désavantages : les optiques panoramiques Ils sont constitués d’un émetteur piézoélectrique fixé sur
modernes entraînent une déformation sphérique de l’image l’instrument et d’une baie d’au moins trois microphones située
aboutissant à des erreurs de perception spatiale du champ à distance du champ opératoire et analysant le temps de vol
opératoire qui peuvent atteindre 1 centimètre pour un opérateur d’impulsions ultrasonores émises par l’émetteur. Connaissant le
non entraîné. Les voies d’abord utilisées, essentiellement temps de propagation du son dans l’air, on peut en déduire la
endonasales, sont très exiguës et rendent difficile un geste position relative de l’instrument à partir d’une triangulation
hémostatique. La chirurgie infodromique craniofaciale, intro- quadratique. Malheureusement ce temps de propagation est
duite vers 1997, apparaît comme une solution très intéressante largement dépendant de la température et de l’hygrométrie
à ces problèmes de repérage topographique, d’autant plus qu’ils ambiantes, entraînant des erreurs cumulées pouvant atteindre
concernent des régions associées à un cadre anatomique osseux plusieurs centimètres, même après un calibrage soigneux. En
et donc rigide. outre, l’interposition d’objets (mains de l’opérateur, instrumen-
tation) ou de brusques déplacements d’air entraînent des
■ Concepts fondateurs aberrations difficilement détectables. Pour cette raison, ces
systèmes sont restés à l’état de prototypes.
de la chirurgie assistée
Systèmes optoélectroniques
par ordinateur Ils sont apparus un peu plus tard. Ils reposent sur l’emploi
La chirurgie assistée par ordinateur consiste à utiliser la d’une baie de deux ou trois caméras CCD à haute résolution
puissance de calcul, la capacité à stocker de l’information et les située à distance du champ opératoire. Ces caméras analysent

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par stéréotriangulation la position d’un minimum de 2 à


3 diodes électroluminescentes émettant dans le proche infra-
rouge et fixées sur l’instrument chirurgical. Ces diodes peuvent
éventuellement être remplacées par des sphères recouvertes de
microprismes réfléchissant la lumière infrarouge émise par un
projecteur placé dans la baie de caméra (système passif), ce qui
permet de s’affranchir du câble alimentant les diodes. Leur
précision est excellente, de l’ordre du demi-millimètre pour les
systèmes à diodes électroluminescentes, un peu moins bonne
pour les systèmes passifs. Mais ils ont l’inconvénient d’inter-
rompre leur fonctionnement dès qu’un objet s’interpose entre
la ligne de vue des caméras et les diodes émettrices. Il en résulte
une ergonomie difficile à gérer, puisque le chirurgien n’est plus
libre de positionner ses aides, ses instruments et ses mains à sa
guise. La baie de caméra est encombrante et surtout fragile car
elle contient un système de lentilles cylindriques susceptibles de
se défocaliser lors de chocs, entraînant une perte de précision.
Aussi, si ces systèmes apparaissent très adaptés à la gestuelle
quasi statique de la neurochirurgie pour laquelle ils ont été
primitivement conçus, ils semblent l’être beaucoup moins pour
la dynamique gestuelle des interventions craniofaciales.

Systèmes électromagnétiques
Ils sont d’apparition plus récente. Ils reposent sur la généra-
tion d’un champ magnétique alternatif selon trois axes ortho- Figure 5. Exemple de système de navigation (DigiPointeur®).
gonaux. Un capteur, constitué de bobinages également
orthogonaux, déduit sa position et son orientation vis-à-vis de
l’émetteur en fonction du champ relatif induit dans chacun de • calibrage de l’instrument chirurgical : en effet, le localisateur
ses bobinages. Les champs magnétiques décroissant selon une ne connaît que la position de son capteur fixé à l’instrument.
puissance cubique de la distance à la source, la sensibilité et la Le chirurgien, lui, ne s’intéresse qu’à la position de l’extré-
résolution de ces systèmes sont excellentes, de l’ordre du mité active de son instrument. Il convient donc d’indiquer à
dixième de millimètre. L’avènement d’échantillonneurs électro- la machine les caractéristiques dimensionnelles de cet
niques à haute résolution et grande cadence, intégrés à des instrument. C’est le calibrage, opération simple et rapide mais
processeurs digitaux de signal, devrait encore accroître ces qui doit être renouvelée chaque fois que l’instrument chirur-
performances. Cette technologie est très robuste et suffisam- gical choisi comme sonde par l’opérateur, est modifié ;
ment miniaturisable pour pouvoir faire oublier au chirurgien sa • enfin, vérification de la cohérence des informations retour-
présence sur le site opératoire. Autre avantage, ils fonctionnent nées par le système avant de débuter l’intervention.
sans restriction quelle que soit la position du chirurgien, de ses
instruments ou de ses aides, puisqu’ils ne sont pas tributaires Recalage des images
d’un axe de vision à préserver. L’émetteur mesurant générale-
ment 1 ou 2 cm3, peut être fixé directement sur le patient, Principe général
supprimant le capteur de référence requis par les systèmes La position et l’orientation de la tête du patient sur les
infrarouges, et divisant ainsi par un facteur 2 l’erreur de mesure. images dépendent de la manière dont celui-ci a été installé sur
Les premiers systèmes avaient un inconvénient majeur, celui la table radiologique vis-à-vis du tube radiogène. Il n’y a bien
d’être sensibles aux masses métalliques inévitablement présentes sûr aucune raison pour que, une fois allongé sur la table
dans le champ opératoire. Ce défaut est à présent largement d’opération, sa position vis-à-vis du localisateur soit identique.
réduit grâce à une technologie complexe de génération et de Le but du recalage est de déterminer les équations de transfert
traitement du signal éliminant la plupart des distorsions permettant de convertir les coordonnées de tout point retourné
métalliques. Cette technique électronique peut aussi être par le localisateur, de sorte qu’il corresponde exactement au
combinée à des algorithmes capables de prédire avec une très point homologue dans le système de coordonnées des images.
forte probabilité l’occurrence d’une distorsion et, sur la base C’est un problème complexe. La manière la plus simple de le
d’un modèle mathématique préétabli, de corriger l’erreur ainsi résoudre consiste à fournir à la machine les coordonnées d’un
détectée, par exemple par la méthode des éléments finis. certain nombre de points pris sur le visage et le crâne du
L’emploi d’un capteur témoin additionnel permet d’accroître patient, et à sélectionner ces mêmes points sur les images. Pour
encore la fiabilité du système en avertissant l’utilisateur de la ce faire, on peut utiliser soit des repères anatomiques naturels
survenue d’une erreur non corrigée. Cette technologie confère (nasion, sutures frontozygomatiques, tragus, jonction nasola-
désormais à ces localisateurs une fiabilité au moins égale à celle biale), soit des marqueurs radio-opaques collés sur la peau ou
des systèmes infrarouges, sans leur inconvénients. vissés dans la table externe du crâne. Cette deuxième technique
est la plus contraignante pour le patient comme pour l’opéra-
Mise en œuvre d’un système de navigation teur puisqu’elle nécessite un examen radiologique spécifique
chirurgicale suivi du geste chirurgical dans un délai aussi court que possible,
pour éviter la gêne entraînée par des plots vissés ou le risque de
Quel que soit le type de système considéré, sa mise en œuvre déplacement de marqueurs collés. Mais elle est plus précise que
requiert invariablement les étapes suivantes : la précédente puisqu’elle n’est pas tributaire de l’habileté de
• réalisation d’une imagerie, transfert de la série d’images sur l’opérateur à repérer un point tridimensionnel sur l’imagerie et
la station informatique du navigateur (via un réseau ou à viser avec exactitude ce même point sur le patient.
un support tel qu’un CD-Rom) et traitement de ces
images, généralement livrées au format DICOM a , pour les Recalage surfacique
rendre accessibles à la navigation ; Certains systèmes (VectorVision II®, Système DigiPointeur®)
• recalage de ces images pour les placer dans le même système résolvent élégamment ce problème grâce à un algorithme de
de coordonnées que celui du localisateur spatial ; recalage surfacique (Fig. 5). Son principe consiste à recréer un
modèle surfacique tridimensionnel interpolé à la résolution
a
Norme internationale des systèmes d’imagerie médicale, acronyme de désirée à partir du volume d’images, puis, après acquisition de
« Digital Imaging and COmmunication in Medicine ». quelques centaines de points prélevés aléatoirement sur le

4 Stomatologie
Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur ¶ 22-360-A-30

visage du patient à l’aide d’une sonde assujettie au localisateur, machine. C’est là une philosophie essentielle, sans laquelle
d’ajuster rotations et translations de manière itérative, jusqu’à l’usage d’un système de navigation peut s’avérer plus dangereux
obtenir la superposition optimale des points sur le modèle que bénéfique.
surfacique. Des artifices algorithmiques permettent d’éviter une
convergence erronée vers un minimum local [7]. Cette ajustage,
qui ne réclame que quelques secondes de calcul, est réalisé ■ Systèmes disponibles
automatiquement par l’ordinateur. Cette technologie présente
des avantages pratiques importants : Des efforts considérables ont été faits par les concepteurs pour
• il n’est pas nécessaire de prévoir un examen radiologique tenter de simplifier en apparence une technologie complexe et
spécial pour l’intervention ; la rendre suffisamment conviviale pour être utilisable dans des
• le procédé, simple et très rapide, est peu opérateur-dépendant ; actes de pratique quotidienne. Cet aspect nous paraît essentiel,
• l’appariement des points est réalisé avec une précision car seul un matériel utilisé en pratique de routine – donc simple
mathématique théorique plusieurs milliers de fois supérieure et rapide à installer – peut être suffisamment maîtrisé pour des
à la main d’un opérateur ; interventions plus lourdes où la machine devient significative-
• mais surtout, le nombre de points mis en jeu pour le recalage ment contributive.
peut être très élevé comparativement aux quelques cinq ou Le choix d’un système doit prendre en compte divers para-
dix points des méthodes traditionnelles. L’optimisation mètres, parfois contradictoires :
mathématique du recalage dépendant de la racine carré du • l’ergonomie globale du système. De ce point de vue, les
nombre de points mis en jeu, il en résulte un gain évident de systèmes électromagnétiques sont très performants [10-14],
précision. grâce à la gestuelle naturelle qu’ils permettent ;
• la fiabilité et la précision réelles du système, souvent très
L’utilisation d’un faisceau laser (VectorVision II®, BrainLab,
éloignées des prétentions du constructeur ;
Allemagne) améliore encore la simplicité de cette opération
• sa simplicité de mise en œuvre et plus précisément le temps
mais son usage est limité à des zones cutanées parfaitement
effectif requis par un utilisateur ordinaire pour installer et
glabres et semble moins précis que l’acquisition au moyen d’un
lancer le système. Un appareillage trop compliqué n’est
palpeur [8].
qu’exceptionnellement utilisé, et donc peu fiable entre les
mains d’un utilisateur inexpérimenté car occasionnel ;
Problème du référencement • sa capacité à s’adapter à tout types de procédures chirurgica-
Après recalage, la tête du patient doit être maintenue dans les, quelle que soit la voie d’abord choisie ;
une position constante vis-à-vis du système localisateur, faute de • ses possibilités d’adaptation instrumentale : le fait de pouvoir
quoi les informations délivrées par le navigateur deviennent utiliser l’instrumentation à laquelle l’opérateur est habitué est
inexactes au moindre déplacement de celle-ci. Les systèmes une donnée importante ;
destinés à la neurochirurgie contournent cette difficulté en • sa capacité a être piloté directement par l’opérateur d’une
façon simple et efficace. Les systèmes utilisant un pédalier de
immobilisant la tête du patient dans une têtière à pointes (étrier
commande semblent peu pratiques, quoique ceci relève d’un
de Mayfield). Cette modalité est inapplicable dans les spécialités
choix personnel ;
cranio-maxillo-faciales, lesquelles requièrent une dynamique
• l’encombrement, le poids, la fragilité globale du système sont
gestuelle très différente. Pour maintenir valide le recalage malgré
à considérer avant de les faire pénétrer dans des blocs
la mobilisation de la tête du patient, on fixe sur celle-ci un
opératoires déjà surchargés de consoles d’anesthésie, micros-
capteur secondaire dit capteur de référencement, qui renseigne
copes, lasers, moteurs suspendus et autres amplificateurs de
le système de tout déplacement relatif vis-à-vis du localisateur,
brillance ;
pour permettre sa compensation. La manière dont ce capteur est
• enfin, le coût d’un système de navigation n’est pas nécessai-
fixé sur le patient est cruciale puisqu’elle doit être à la fois très rement corrélé à sa performance. La pression commerciale
stable, ne pas gêner l’opérateur et autoriser tout type de voie étant devenue très forte dans le domaine des équipements
d’abord. Selon les systèmes, le capteur de référencement peut médicaux, il importe de pouvoir essayer un matériel avant de
être solidarisé au crâne du patient par un arceau métallique, un l’acquérir, et de ne se fier qu’à son jugement ou à l’expérience
casque, un bandeau, un trépied vissé dans la table externe de la de confrères. Pour minimiser en apparence les coûts d’acqui-
calvaria, une empreinte dentaire ou encore une petite pièce sition, certaines marques proposent des systèmes multiappli-
buccale autostatique immobilisée entre maxillaire et cations, à partager entre ORL, neurochirurgiens, orthopédistes
mandibule [9]. et chirurgiens maxillofaciaux. Cette formule nous semble
Le référencement mandibulaire pose un problème particulier, poser le problème de la gestion du partage et, d’autre part,
puisque l’angle d’ouverture buccale et l’éventuelle latéro- ou conduit à des systèmes plus complexes car devant épouser le
propulsion de la mandibule sont variables entre l’instant où a cahier des charges de spécialités aux besoins très différents. La
été réalisée l’imagerie et celui où le patient est installé intubé diminution régulière des prix permet désormais de préférer
sur la table d’opération. L’utilisation d’un système de navigation des systèmes spécifiquement dédiés à une spécialité ;
pour guider la réalisation d’ostéotomies mandibulaires ou • le coût des consommables est également un point essentiel à
encore pour positionner avec précision des implants mandibu- considérer, certains fabricants compensant le coût modéré de
laires nécessite un recalage spécial sur la mandibule pour assurer leur système par des éléments à usage unique dont le prix est
son référencement de manière indépendante du reste de très élevé.
l’extrémité céphalique.

Navigation ■ Précision
Une fois réglé et opérant, un système de navigation ne doit
Les spécifications techniques des constructeurs de navigateurs
pas être utilisé aveuglément. Au début de l’intervention, il chirurgicaux, tout comme certaines études menées par des
importe à l’opérateur de vérifier la pertinence et la précision des cliniciens, s’avèrent souvent fantaisistes quant à la précision et
informations graphiques renvoyées par le système, sur des ne s’appuient généralement sur aucune méthodologie
repères anatomiques fiables et indiscutables. Il y a lieu de métrologique [10-12]. La plupart des chiffres exprimés représen-
multiplier ces vérifications sur des repères variés, de manière à tent la valeur moyenne RMS b d’un vecteur erreur apprécié
valider cette fiabilité sur les trois axes de l’espace. Tout au long
de l’intervention, il est souhaitable d’observer le comportement
du système de manière à connaître sa pertinence et savoir, le
b
moment venu, face à un problème de repérage ou d’identifica- RMS : Root Mean Square, ou moyenne géométrique. Représente une
tion anatomique crucial, quelle confiance accorder à la distance euclidienne.

Stomatologie 5
22-360-A-30 ¶ Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur

empiriquement par l’utilisateur, sur les trois axes x, y, z, pour n l’oculaire du microscope et correspondant à peu près (mais pas
échantillons (où l’indice i représente un échantillon de mesure exactement) au centre du champ optique. Cet oculaire muni
renvoyé par le système de navigation, et r la position réelle de d’un réticule en forme de croix doit être installé du côté de l’œil
ce même point, après correction) : dominant de l’opérateur. Après calibrage, le système de naviga-
tion renvoie la position de ce point virtuel lorsque l’opérateur

e =
Σ n
i=1 √(xi – xr)2 + (yi – yr)2 + (zi – zr)2 fait parfaitement coïncider – et avec une mise au point opti-
male – la mire de l’oculaire sur une structure anatomique.
n–1 Cependant, les bons microscopes ayant une profondeur de
Une telle formulation a l’avantage d’exprimer par une valeur champ de plusieurs centimètres, il est difficile d’effectuer un
numérique unique des données à trois dimensions. Mais elle pointage précis le long de l’axe optique. À cette limitation
tend à minimiser l’erreur et ne permet pas de connaître la s’ajoutent les imperfections optiques (mauvaise superposition
pertinence ou fiabilité du système. L’écart-type et les extremas des champs lors du changement de grossissement, distorsion
(erreurs minimale et maximale), souvent retrouvés dans les optique, jeu dans les mécanismes de zoom ou de mise au point)
publications, n’ont aucune pertinence. En effet, l’écart-type n’a qui diminuent sensiblement la précision globale du couple
de signification que dans un système où l’erreur se distribue navigateur + microscope. Plusieurs études [17, 18] montrent que
selon une loi normale, ce qui n’est pas le cas des erreurs de l’intégration d’un microscope dans la chaîne de navigation y
navigation, lesquelles ne sont pas un bruit mais un biais de ajoute une erreur systématique, de l’ordre de 2 à 3 mm.
mesure. Dans ce même contexte, les minimas n’expriment rien Certains microscopes équipés d’un sondeur laser peuvent
d’autre qu’un hasard et les maximas sont très souvent en améliorer le problème de visée, mais le coût d’une telle option
rapport avec un accident ou une mauvaise utilisation du reste élevé.
système, souvent sans rapport avec sa performance intrinsèque. En pratique, nous pensons que la navigation avec microscope
Aussi, exprimer la précision sous forme de statistiques robustes ne se justifie que pour les applications neurochirurgicales avec
(par exemple au 95e percentile) est beaucoup plus pertinent et injection d’image. Dans ce cas, une cible définie lors du
fournit à l’utilisateur un intervalle de confiance probabiliste [13, planning chirurgical est visée par l’opérateur qui voit simulta-
15]. Une norme devra sans doute être créée pour éviter à des nément le champ opératoire et la projection des contours de la
fabricants d’annoncer une précision globale nettement meilleure cible dans l’oculaire. En chirurgie cranio-maxillo-faciale, où les
que la taille du pixel (ou point élémentaire) des images utilisées exigences de précision sont souvent plus élevées et où les
pour naviguer. systèmes électromagnétiques offrent une grande liberté d’instal-
Le volume englobé dans la mesure est également très impor- lation et de gestuelle, la navigation au microscope nous semble
tant à préciser : cent mesures prises à quelques millimètres de dénuée d’intérêt pratique.
distance n’apprécient pas la précision de la même manière que
cent autres mesures réparties dans un volume d’un décimètre
cube. Or, ce volume de mesure n’est qu’exceptionnellement ■ Indications cranio-maxillo-faciales
rapporté dans les études publiées. de la chirurgie infodromique
Enfin, les études de précision menées par des équipes chirur-
gicales indépendantes ne reposent le plus souvent que sur une Elles sont nombreuses et tendent à augmenter de jour en
appréciation visuelle perendoscopique de l’erreur euclidienne, jour. Aussi, n’en citerons-nous que quelques exemples.
avec néanmoins des résultats parfois exprimés en centièmes de
millimètre. Seuls des protocoles utilisant des marqueurs de Chirurgie endoscopique des tumeurs
référence implantés de manière stable dans l’os permettent une
analyse rigoureuse de la distribution volumique de l’erreur [15]. de la face et de la base antérieure du crâne
Mais de telles études sont bien sûr lourdes à mener et éthique- Les risques de blessure vasculaire, neuro-optique ou de plaie
ment discutables car sans bénéfice direct pour le patient. Et méningée avec ou sans pénétration cérébrale inhérents à cette
celles menées en laboratoire sur des pièces fantômes sont trop chirurgie expliquent que les premiers essais de chirurgie
éloignées de la réalité chirurgicale pour être intéressantes. craniofaciale infodromique aient porté sur cette indication.
À ces remarques près, la plupart des systèmes de navigation L’association endoscope-navigateur permet d’accroître très
ont une précision globale inférieure à 2 mm. Les machines de sensiblement la qualité de l’exérèse chirurgicale, avec certaine-
dernière génération ont même une précision qui peut aller en ment une morbidité sensiblement réduite (Fig. 6, 7). Les gestes
deçà du millimètre dans le volume opératoire utile, lorsqu’elles de réparation de brèches méningées ou de décompression du
sont correctement mises en œuvre. Il convient cependant de nerf optique, notamment pour des atteintes d’origine traumati-
remarquer que cette précision dépend d’une chaîne où inter- que, idéalement, ne devraient plus être réalisés autrement que
viennent de nombreux facteurs : sous l’assistance d’un système de navigation [19-23].
• qualité de l’imageur, de son calibrage et de ses paramètres de
réglage [16] ;
• immobilité plus ou moins complète du patient durant
Voies d’abord externes craniofaciales
l’examen ; Les voies externes bénéficient également de la navigation,
• précision intrinsèque du localisateur spatial ; sous réserve que l’ancillaire de référencement soit compatible
• habileté de l’opérateur réalisant le recalage ; avec l’incision et le décollement du lambeau musculocutané
• performance de l’algorithme de calcul du recalage ; envisagés. L’utilisation d’un ancillaire de référencement buccal
• précision du calibrage dimensionnel de l’instrument (lequel autostatique peut s’avérer précieux pour réaliser sans encombre
doit être parfaitement rigide pour n’induire aucune erreur une incision bitragienne en vue d’aborder un sinus frontal. Le
supplémentaire due à sa déformation). navigateur permet le repérage exact de la projection des
contours des sinus frontaux au cas où un volet ostéoplastique
est décidé. La résection de tumeurs du complexe ethmoïdo-
■ Navigation couplée fronto-orbitaire devrait être menée plus sûrement lorsqu’un
navigateur est capable de donner une appréciation rigoureuse de
à un microscope opératoire profondeur et de renseigner sur la proximité du pédicule neuro-
optique ou de la méninge.
L’emploi d’un microscope opératoire en tant qu’instrument
de navigation pose un certain nombre de problèmes tendant à
dégrader la performance du repérage spatial et qui doivent être
Guidage biopsique. Chirurgie mini-invasive
connus de l’utilisateur. La biopsie de lésions situées dans des régions profondes, par
L’extrémité de l’instrument habituellement utilisée comme exemple étage antérieur ou moyen de la base du crâne, peut
sonde est ici remplacée par un point virtuel projeté dans être réalisée de manière performante et peu invasive, avec des

6 Stomatologie
Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur ¶ 22-360-A-30

Figure 6. Exérèse d’un fibrome nasopharyngien. L’apport d’un système Figure 8. Biopsie du toit du sinus sphénoïdal gauche. Lésion ostéolyti-
de navigation pour ce type de chirurgie est évident : noter la contiguïté de que de la paroi supérolatérale du sinus sphénoïdal gauche. Cette lésion,
l’angiofibrome avec le nerf optique gauche (enfant de 7 ans). Il devrait quoique de petite taille, est située à 4,3 mm du nerf optique. Son caractère
permettre de traiter certaines formes par voie endoscopique exclusive, ostéolytique fait craindre un processus néoplasique ou fungique nécro-
limitant les séquelles esthétiques pour cette pathologie survenant essen- sant. L’IRM n’apporte pas d’orientation étiologique supplémentaire. L’in-
tiellement chez l’enfant. (Cliché Pr Herman, Hôpital Lariboisière, Paris). jection d’agent de contraste n’a pas pu être réalisée. Une biopsie est
indispensable pour préciser la nature exacte de cette lésion, mais fait
courir un risque certain pour le pédicule optique de ce patient. Le système
de navigation permet de situer exactement les limites et rapports de la
lésion simultanément dans les trois plans de l’espace et de l’aborder avec
une précision inframillimétrique par voie du récessus sphénoethmoïdal.

lors de carcinomes ethmoïdaux incontrôlables, des infiltrations


neurolytiques de la deuxième branche du nerf trijumeau à son
émergence au trou grand rond, avec une précision et une
sécurité difficiles à atteindre par les techniques manuelles
classiques.

Céphalométrie préopératoire et méthodes


morphométriques peropératoires
La mesure des angles céphalométriques et le tracé de lignes
d’appui menés traditionnellement sur des calques apposés sur
des clichés xéroradiographiques sont sensiblement facilités par
la technologie numérique. Elle permet, par exemple, une
simulation des ostéotomies d’avancement ou de recul mandibu-
laire dans le cadre d’un projet de profiloplastie avec calcul
automatique chiffré des angles et distances relatifs [24] . En
Figure 7. Kyste de la grande aile du sphénoïde droit. À l’origine d’un peropératoire, elle offre la possibilité d’effectuer des mensura-
syndrome comitial majeur avec état de mal épileptique, ce kyste dermoïde tions très précises et de les confronter au projet préopératoire.
du processus ptérygoïde droit étendu à la grande aile du sphénoïde et Cette assistance est encore plus appréciable si la correction à
comprimant la portion antérieure du lobe temporal, pose le problème de apporter exige une symétrie rigoureuse.
son abord chirurgical. On décide un abord endoscopique de la fosse
infratemporale par voie transantrale avec fraisage de la paroi postérieure Planification et réalisation d’ostéotomies,
du sinus maxillaire puis ligature du pédicule sphénopalatin. La tumeur contrôle du positionnement de greffons
kystique est largement marsupialisée et sa matrice épidermique réséquée
au maximum. Le système de navigation permet d’optimiser la voie osseux
d’abord et de contrôler l’évidement kystique, geste essentiellement aveu- À partir de l’imagerie préopératoire, des algorithmes de
gle. Les sensations tactiles de contact osseux sont confrontées aux don- reconstruction surfacique 3D permettent de déterminer exacte-
nées affichées par le navigateur et permettent un contrôle des limites de la ment les axes directeurs sur lesquels agir pour réduire de
lésion. manière optimale fractures et translocations du massif facial et
de la base du crâne. En fixant sur le fragment osseux à reposi-
tionner un second capteur, il est possible d’apprécier sa réduc-
délabrements limités au strict minimum. Les abords endoscopi- tion au millimètre près, y compris lorsque hématomes et
ques endonasaux assistés par ordinateur de lésions traditionnel- œdème post-traumatique plus ou moins extensifs empêchent
lement considérées comme du seul ressort de la neurochirurgie toute appréciation visuelle [25]. Par exemple, dans le cas d’ostéo-
stéréotaxique autorisent dans bon nombre de cas un diagnostic tomies médiofaciales de Lefort-III, particulièrement difficiles à
histologique, voire l’éradication de la lésion, avec des séquelles exécuter aussi bien en termes de décision que de réalisation,
esthétiques et fonctionnelles sans commune mesure avec celles l’opérateur peut définir, lors d’une phase de planification
générées par les voies d’abord externes traditionnelles (Fig. 8). préopératoire, des plans de référence puis le trajet des ostéoto-
Sur ce même principe, nous avons pu réaliser à titre antalgique, mies décidées. Durant la phase opératoire, le système de

Stomatologie 7
22-360-A-30 ¶ Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur

Extraction de corps étrangers


Les corps étrangers, notamment ceux localisés dans la fosse
infratemporale, balistiques ou à type de foret dentaire cassé et
migré, quoique peu fréquents, posent des problèmes considéra-
bles de localisation lorsque leur extraction s’impose, par
exemple après constitution d’un granulome réactionnel extensif.
L’emploi de clichés radiologiques sous plusieurs incidences ou
même d’un amplificateur de brillance ne permet pas toujours de
venir à bout de ce problème comme peut le faire un système de
navigation tridimensionnel.

■ Règles d’utilisation
Chaque équipe chirurgicale a, bien sûr, ses préférences
personnelles. Mais le fait de réserver à des situations d’exception
un système de navigation est un frein certain à sa bonne
maîtrise et conduit l’utilisateur à devoir découvrir ou redécou-
vrir son matériel au moment où, précisément, il est le plus
Figure 9. Implantologie dentaire : planification préopératoire (système accaparé par les exigences d’une chirurgie difficile. Aussi, nous
DigiPointeur®). Reconstruction volumique à partir d’un DentaScan. La pensons que les navigateurs devraient être utilisés fréquemment,
modélisation 3D surfacique permet de manipuler virtuellement la mandi- y compris pour des indications qui ne posent pas a priori de
bule, de repérer par transparence le canal du nerf dentaire inférieur et de gros problèmes de repérage.
déterminer la position et l’orientation optimales des implants à mettre en Lorsque le système de navigation en dispose, les outils de
place. La mesure des densités (unités Hounsfield) permet de calculer les manipulation de l’imagerie (navigation virtuelle dans les trois
couples d’effort à prévoir lors du taraudage de l’os, lesquels sont étroite- plans de l’espace, mensurations, reconstructions avec rendu
ment corrélés avec la qualité de l’ancrage. surfacique...) permettent une analyse beaucoup plus fine de la
pathologie du patient que les quelques planches fournies par le
service d’imagerie. Leur utilisation préopératoire quasi-systéma-
navigation est utilisé pour surveiller la bonne réalisation des tique permet quelquefois d’affiner l’indication chirurgicale et
ostéotomies et leur rapport vis-à-vis des structures anatomiques constitue toujours un moyen d’enseignement et d’autoperfec-
fonctionnelles ou vitales. Les ostéotomies complétées, une tionnement [20, 29].
empreinte dentaire réalisée préalablement à l’intervention est
Il ne faut jamais faire aveuglément confiance au système de
couplée à un second capteur de référencement. La médiostruc-
navigation. Aucune décision importante ne doit être prise sans
ture peut alors être réajustée avec une grande précision,
s’être préalablement assuré de la validité du guidage sur des
notamment vis-à-vis des reliefs zygomatiques et de la pyramide
repères limitrophes.
nasale [26, 27].
Si l’opérateur et la machine sont en désaccord quant à la
Chirurgie reconstructrice à partir position effective de l’instrument, il faut toujours considérer que
la machine a tort jusqu’à preuve du contraire, mais toujours
d’un modèle stéréolithographique chercher cette preuve, même aux prix de quelques secondes
La stéréolithographie permet de fabriquer des pièces réelles rajoutées au temps opératoire.
grâce à une sorte d’imprimante 3D. Un faisceau laser est déplacé
selon les trois plans de l’espace au sein d’une cuve remplie de
résine liquide photopolymérisable à la longueur d’onde du laser.
Une fois polymérisée, la résine prend une consistance dure. On ■ Conclusion : intérêt et limites
peut ainsi obtenir simplement des pièces très précises, soit à de la chirurgie infodromique.
partir du scanner du patient, soit à partir d’un logiciel de dessin
3D, soit de l’association des deux. De telles pièces permettent de Perspectives d’avenir
planifier une intervention reconstructrice en représentant les
defects osseux à reconstruire (modèle négatif), ou encore en Depuis ses premières apparitions dans les blocs opératoires, la
fournissant un patron pour le greffon réparateur à obtenir chirurgie assistée par ordinateur a considérablement évolué dans
(modèle positif) [27]. ses performances, en même temps que sa mise en œuvre s’est
simplifiée. Son coût, il y a encore peu, n’était accessible qu’à de
Implantation prothétique gros services universitaires occidentaux. Aujourd’hui il est
accessible à tout bloc chirurgical de moyenne capacité.
Les navigateurs sont capables de déterminer un centre
À ce jour, aucune étude prospective contrôlée n’a pu apporter
géométrique et de renvoyer avec précision un jeu de valeurs
la preuve que les navigateurs chirurgicaux aient réduit morbi-
angulaires pour les trois plans de l’espace. Il en résulte la
possibilité de positionner d’emblée de manière optimale un dité et mortalité opératoires, problèmes pour lesquels ils ont été
implant dentaire sans avoir à en corriger secondairement les initialement conçus. La raison en est d’ordre éthique et tend
axes par des pièces intermédiaires. Il est également possible implicitement à démontrer l’intérêt de ces systèmes puisque les
d’effectuer des reconstructions en trois dimensions avec rendu services qui en sont équipés tendent à les utiliser systématique-
volumique (Fig. 9) pour simuler la position et les contraintes de ment, empêchant dès lors toute étude comparative prospective.
l’implant vis-à-vis des dents adjacentes et sus-jacentes [28]. La Les études rétrospectives sont d’intérêt moindre, puisqu’elles
situation exacte de l’outil de forage vis-à-vis du canal du nerf comparent généralement des résultats à différentes périodes
dentaire inférieur ou du plancher du sinus maxillaire ainsi que (avant, puis après acquisition d’un navigateur) de groupes
la distance qui les sépare peuvent être ainsi connues au milli- d’opérateurs dont l’expérience s’est accrue au fil des années [1,
10] . Toutes ces études en revanche expriment un bénéfice
mètre près. Lorsque l’implant concerne la réhabilitation d’une
cavité orbitaire exentérée ou un pavillon d’oreille postiche, le sensible pour l’opérateur, plus détendu dans la réalisation de
navigateur peut être utile pour déterminer le meilleur site pour son acte, lequel est généralement plus complet [1, 19, 20] avec
placer une vis en titane et déterminer la longueur de vis en parfois un gain de temps non négligeable [20]. Toutes aussi
fonction de l’épaisseur de la table osseuse. insistent sur les capacités didactiques indiscutables de ces

8 Stomatologie
Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur ¶ 22-360-A-30

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conique (X-Cat®). D’apparition récente, ce type de machine à rayons X
permet l’acquisition d’un volume anatomique durant une intervention. La [11] Fried MP, Moharir V, Shin J, Taylor-Becker M, Morrison P.
partie avant comporte une cage en verre blindé venant coiffer la tête de la Comparison of endoscopic sinus surgery with and without image
table d’opération. L’obtention de la série de coupes ne nécessite que guidance. Am J Rhinol 2002;16:193-7.
quelques minutes et peut être faite directement par le personnel de bloc. [12] Koele W, Stammberger H, Lackner A. Reittner Pia. Image guided
La résolution en densité des images demeure modeste (environ 1024 ni- surgery of the paranasal skull base. Five years experience with the
veaux) mais la résolution spatiale est excellente et particulièrement bien InstaTrak-System. Rhinology 2002;40:1-9.
adaptée à la chirurgie assistée par ordinateur. [13] Lombard B. L’aide au geste chirurgical par les navigateurs et les robots
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apprentissage [11, 20]. stereotactic frames. Neurosurgery 1994;35:682-95.
Les limites actuelles de la chirurgie infodromique sont [16] Zamorano L, Dujovny M, Malik G, Mehta B, Yakar D. Factors
essentiellement liées à celles de l’imagerie. Si les scanners affectings measurements in computed tomography-guided stereotactic
multibarrettes de cinquième génération permettent d’obtenir procedures. Appl Neurophysiol 1987;50:53-6.
des images dont la résolution spatiale, quasiment isométrique, [17] Hauser R, Westermann B, Probst R. Noninvasive tracking of patient’s
est de l’ordre de 0,2 mm, les systèmes de contention de ces head movements during computer-assisted intranasal microscopic
imageurs ne se sont pas encore adaptés aux exigences d’absolue surgery. Laryngoscope 1997;107:491-9.
immobilité du patient, indispensable pour assurer une telle [18] Zheng G, Caversaccio M, Bachler R, Langlotz F, Nolte LP, Hausler R.
précision, même avec des temps d’acquisition désormais Frameless optical computer-aided tracking of a microscope for
inférieurs à la minute. Aussi, l’avènement récent de machines otorhinology and skull base surgery. Arch Otolaryngol Head Neck Surg
miniaturisées à capteur plan et faisceau coniques permettant 2001;127:1233-8.
une acquisition volumétrique nous semble présenter un intérêt [19] Carrau R, Curtin H, Snydermann C, Bumpous J, Stechison M. Practical
majeur. En effet, de telles machines sont prévues pour être applications of image-guided navigation during anterior cranio-facial
utilisées en salle d’opération et les données acquises sur un resection. Skull Base Surg 1995;5:51-5.
patient endormi peuvent être directement introduites dans le [20] Cassou L. Le système de navigation DigiPointeur : application à la
système de navigation (Fig. 10). Leur précision spatiale est égale chirurgie cranio-faciale à propos de 200 interventions. [thèse méde-
ou supérieure à celle d’un scanner conventionnel [30] et les cine], Lyon I, 2004.
images peuvent être réactualisées aussi souvent que nécessaire. [21] Herman P, Hervé S, Portier F, Tran Ba Huy P. Chirurgie du fibrome
Pour un même volume exploré, l’irradiation d’un scanner à nasopharyngé. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirur-
capteur plan est environ 10 fois moindre que celle d’une gicales - Tête et cou, 46-210, 2004.
tomodensitométrie ordinaire. [22] Jankowski R, Auque J, Simon C, Marchal JC, Hepner H, Wayoff M.
Il est probable que les générations de système d’imagerie à Endoscopic pituitary tumor surgery. Laryngoscope 1992;102:
venir vont intégrer peu à peu un ensemble de moyens destinées 198-202.
à optimiser l’intégration chirurgicale d’images, devenues non [23] Klimek L, Wenzel M, Mösges R. Computer-assisted orbital surgery.
plus de simples outils diagnostiques, mais d’authentiques Ophthalmic Surg 1993;24:411-7.
instruments thérapeutiques. [24] Tsuji M, Noguchi N, Shigematsu M, Yamashita Y, Ihara K,
Il ne fait aucun doute que la chirurgie infodromique va Shikimori M, et al. A new navigation system based on cephalograms
constituer peu à peu un standard difficilement contournable and dental casts for oral and maxillofacial surgery. Int J Oral Maxillofac
dans la prise en charge de nombreuses pathologies chirurgicales Surg 2006;35:828-36.
cranio-maxillo-faciales, combinant à des voies d’abord de plus [25] Mischkowski R, Zinser M, KüblerA, Krug B, Seifert U, Zöller J.Appli-
en plus petites un gain de sécurité et de qualité du geste cation of an augmented reality tool for maxillary positioning in
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Stomatologie 9
22-360-A-30 ¶ Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur

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B. Lombard, Chirurgien spécialiste des hôpitaux des Armées, IEEE Senior member (dr_blombard@yahoo.fr).
Service ORL-chirurgie cervicofaciale, Hôpital d’Instruction des Armées Desgenettes, 108, boulevard Pinel, 69275 Lyon cedex 03, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Lombard B. Chirurgie cranio-maxillo-faciale assistée par ordinateur. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Stomatologie, 22-360-A-30, 2009.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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