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Neuropsychiatr Enfance Adolesc 2002 ; 50 : 1-24

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S022296170200065X/FLA
Évaluations

Une nouvelle édition de la classification française


des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent :
la CFTMEA R-2000

R. Misès*, N. Quemada, M. Botbol, C. Bursztejn, B. Durand, J. Garrabé,


B. Golse, P. Jeammet, A. Plantade, C. Portelli, J.P. Thevenot

Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, université Paris-Sud, fondation Vallée, 7, rue Benserade, 94257 Gentilly cedex,
France

(Reçu le 20 novembre 2001 ; accepté le 20 décembre 2001)

Un groupe de travail1 s’est efforcé d’introduire dans troubles figurant sous la rubrique « Autisme et
la classification française diverses innovations qui Psychoses ».
portent sur des aspects cliniques, psychopathologi- Pour le très jeune âge, on est allé plus loin encore,
ques, nosographiques et permettent, en même en créant un « axe I Bébé » qui se trouve justifié par
temps, de renforcer les liens avec la CIM 10. les progrès réalisés en ce domaine et, aussi, par
Ces renouvellements n’ont modifié ni les princi- l’avènement de la nouvelle classification internatio-
pes, ni les modes d’utilisation qui, depuis sa créa- nale « 0-3 ans ».
tion, confèrent son originalité à la CFTMEA : Enfin, une attention particulière a été accordée à
celle-ci garde sa maniabilité et son adéquation aux l’établissement de nouvelles correspondances avec
orientations dominantes de la pédopsychiatrie en la CIM 10. Un tableau d’équivalence figurait en
France. Cependant, il est apparu possible de recon- annexe de la précédente édition, il a été remplacé
naître la place prise par des terminologies ou par des par des correspondances plus étudiées qui se situent
modes d’orientation taxinomique qui sont employés désormais dans le cadre même du glossaire, pour
dans d’autres classifications – mais cela sans céder chacune des sous-catégories.
sur le maintien des perspectives psychopathologi- Cette nouvelle version de la classification fran-
ques. çaise, dénommée CFTMEA R-2000, a été présentée
et discutée le 22 octobre 2001, au cours d’une
Par ailleurs, avec l’appui des membres de notre rencontre organisée sous l’égide de la Fédération
groupe qui se sont illustrés sur ces terrains, des française de psychiatrie au siège de la Société
contributions très innovantes ont été apportées pour médico-psychologique, avec le concours d’autres
le classement des troubles observés aux âges extrê- associations : la Société française de psychiatrie de
mes : chez le bébé et à l’adolescence. l’enfant et de l’adolescent, le Collège national uni-
Vis-à-vis de l’adolescence : l’introduction de nou- versitaire de psychiatrie, l’Association des psychia-
velles catégories, classées selon des perspectives tres d’inter-secteurs. Parmi les textes exposés à cette
plus précises, a entraîné une refonte étendue des occasion, il est apparu souhaitable de publier, dans

*Correspondance et tirés à part.


1
Le groupe de travail est constitué de : R. Misès, N. Quemada, M. Botbol, C. Bursztejn, B. Durand, J. Garrabé, B. Golse, P. Jeammet,
A. Plantade, C. Portelli, J.P. Thévenot.
2 R. Misès

notre revue, deux documents essentiels : un article . Le chapitre 3


concernant les révisions apportées à la classification
et le texte même de la CRTMEA R-20002. Antérieurement dénommé « Troubles de la person-
nalité et troubles évolutifs hors névrose et psy-
. LES PRINCIPALES RÉVISIONS DE L’AXE chose » s’intitule désormais « Pathologies limites ».
I GÉNÉRAL Ceci répond à la tendance, de plus en plus affirmée,
qui vise à réunir dans ce cadre élargi, sur des critères
cliniques et psychopathologiques clairement définis,
. Le chapitre 1 « Autisme et psychoses » les organisations qui trouvent place entre les trou-
bles névrotiques et les psychoses.
1. Pour la sous-catégorie 1.0 « Psychoses préco- À côté des expressions cliniques, déjà reconnues
ces », apparaît la dénomination conjointe « Troubles antérieurement, à type de « Dysharmonies évoluti-
envahissants du développement » : l’introduction de ves » (3.0) ou de « Pathologies limites avec domi-
cette terminologie est justifiée car, dans l’ensemble, nance des troubles de la personnalité » (3.1), appa-
c’est bien la même problématique qui se trouve raissent deux nouvelles catégories, l’une à
couverte par les deux termes ; cependant, ceci n’in- « dominante schizotypique » (3.2), l’autre à « domi-
clut pas une adhésion des pédopsychiatres français nante comportementale » : le clinicien est appelé à
aux théories étiologiques réductrices qui ont fait classer dans cette dernière sous-catégorie les trou-
rejeter le concept de psychose, tant par le DSM que bles des conduites qui sont sous-tendus par des
par la CIM 10. organisations limites.
Dans ce groupe des « Psychoses précoces Trou-
bles envahissants du développement », à côté des
catégories antérieurement mentionnées, ont été in- . Le chapitre 4 « Troubles réactionnels »
troduits « le Syndrome d’Asperger » (1.03) et les
« Troubles désintégratifs de l’enfance » (1.05). Il garde son intitulé, mais il se voit augmenté d’une
2. La sous-catégorie 1.1 « Schizophrénie » est sous-catégorie « Syndrome de stress post-
considérablement augmentée, afin de faire place aux traumatique » de façon à inclure des manifestations
modes actuels de classement de ces troubles à qui ont suscité de nombreux travaux au cours des
l’adolescence. dernières années, sous la référence au stress.
3. La sous-catégorie 1.3 « Troubles délirants » est
clairement distinguée des troubles schizophréniques . Le chapitre 5 « Déficiences mentales »
de l’adolescence.
4. La sous-catégorie 1.4 regroupe les « Troubles Il reste inchangé.
psychotiques aigus ».
5. Enfin « les Troubles thymiques » (1.4), bien que
n’appartenant pas strictement au registre psychoti- . Le chapitre 6
que, apparaissent ici afin de classer les cas où, par
leur sévérité et leur massivité, les perturbations Antérieurement « Troubles des fonctions instrumen-
thymiques viennent obérer temporairement le rap- tales et des apprentissages », il devient « Troubles
port au réel, tout en s’associant souvent, en cours du développement et des fonctions instrumentales ».
d’adolescence, à des manifestations psychotiques Plus complet que dans l’édition précédente, il est
avérées. Sur ces bases, sont détaillées diverses divisé en trois grandes sous-catégories :
formes cliniques, déjà utilisées par la CIM 10, qui – « Troubles de la parole et du langage » ;
concernent les épisodes maniaques ou dépressifs. – « Troubles cognitifs et des acquisitions scolai-
res » ;
– « Troubles psychomoteurs », d’où l’instabilité se
. Le chapitre 2 « Troubles névrotiques » trouve exclue, pour être classée au chapitre suivant
qui regroupe des manifestations à dominante com-
Il reste inchangé. portementale.

2
L’ensemble des communications paraîtra dans un numéro spécial des Annales Médico-Psychologiques (Elsevier Ed). La CFTMEA
R-2000 sera disponible à partir de janvier 2002 chez l’éditeur habituel (CTNREHI, PUF Diffusion).
CFTMEA R-2000 3

. Le chapitre 7 . Le chapitre 8

Antérieurement « Troubles liés à l’usage de drogue Antérieurement « Troubles à expression somatique


et d’alcool », a été totalement remanié ; il devient et comportementale » se réduit désormais aux
une grande catégorie des « Troubles des conduites et « Troubles à expression somatique ».
des comportements ». On retrouve ici les « Affections psychosomati-
ques » (8.0), les « Troubles psychofonctionnels »
Certaines de ces manifestations constituent des (8.1), le « Trouble hypocondriaque » (8.2), l’« Énu-
syndromes d’individualisation récente, décrits en résie » (8.3), l’« Encoprésie » (8.4), les « Troubles
particulier aux âges extrêmes, chez le très jeune du sommeil » (8.5), le « Retard de croissance…. »
enfant et chez l’adolescent. La classification fran- (8.6).
çaise prend donc ici en compte les orientations
symptomatiques et comportementales, mais elle . Le chapitre 9 « Variations de la normale »
oblige, en même temps, le clinicien à s’interroger
sur la signification de ces troubles. Plutôt que d’en Il reste inchangé.
faire, trop vite, des entités dotées d’une entière
autonomie et individualisées, exclusivement, sur les . Les correspondances avec la CIM 10
manifestations extérieures, il convient en effet, par
une étude clinique et psychopathologique élargie, de Un tableau d’équivalence entre CFTMEA et CIM 10
rechercher, en premier, la présence d’une pathologie figurait, en annexe, dans la précédente édition ;
sous-jacente qui commanderait, prioritairement, la désormais, sous une perspective plus ambitieuse,
classification du sujet dans l’une des quatre premiè- figure, dans le cadre même du glossaire et pour
res catégories de l’axe I : dans ce cas, le syndrome chaque sous-catégorie de la classification française.
comportemental coté au chapitre 7 apparaîtra seule- Le souci ainsi exprimé de renforcer les correspon-
ment au titre de catégorie complémentaire. dances entre les deux classifications trouve naturel-
En dehors de cette éventualité, lorsque le syn- lement ses limites dans les particularités de chacune
drome comportemental suffit pour délimiter le cadre d’entre elles. Ainsi, la classification française pro-
clinique, les catégories du chapitre 7 sont utilisées pose des catégories mutuellement exclusives qui
sont définies sur des critères qui permettent de
comme catégorie principale. différencier « Psychoses » (1), « Troubles Névroti-
Ces cadres concernent des domaines très diversi- ques » (2), « Pathologies limites » (3), « Troubles
fiés : réactionnels » (4), « Variations de la normale » (9) :
– « Troubles hyperkinétiques » (7.0), où l’instabi- la CIM 10 est éloignée de ce mode de repérage, elle
lité trouve sa place. va même, on le sait, jusqu’à récuser les références à
– « Troubles des conduites alimentaires » (7.1) où la psychose et à la névrose. D’un autre côté, la
des précisions sont apportées sur les anorexies classification internationale envisage « les Dépres-
atypiques, les boulimies atypiques, les troubles des sions » sous une perspective unitaire qui néglige les
conduites alimentaires du nouveau-né, du nourris- aspects propres aux différents âges ; à l’inverse, la
son, de l’enfant. classification française met en valeur les aspects
– « Tentatives de suicide » (7.2) ; différentiels entre les diverses formes de la dépres-
– « Troubles liés à l’usage de drogue et d’alcool » sion de l’enfant qui sont catégorisées à travers
(7.3) ; l’opposition entre « dépressions psychotiques »,
« dépressions névrotiques », « dépressions liées aux
– « Troubles de l’angoisse de séparation » (7.4) ; pathologies limites », « dépressions réactionnel-
– « Troubles de l’identité et des conduites sexuel- les », « moments dépressifs liés aux variations de la
les » (7.5). Dans ce cadre, sont différenciés les normale ».
troubles de l’identité sexuelle, les troubles de la Ces écarts d’ordre conceptuel ont conduit à des
préférence sexuelle et d’autres manifestations de la résultats inégaux dans les tentatives de mise en
même série ; relation des deux classifications : l’adaptation est
– « Phobies scolaires » (7.6) ; très bonne pour certaines catégories et sous-
– Autres troubles caractérisés des conduites (7.7) ; catégories ; avec d’autres, il a fallu s’en tenir à des
sous ce titre, se trouvent classés divers comporte- correspondances plus approximatives. En dépit des
ments dont la signification reste incertaine. imperfections, les progrès réalisés sont appréciables
par rapport à l’édition précédente. On peut espérer
4 R. Misès

que l’Organisation mondiale de la santé s’efforcera, – les démences ;


à son tour, de faciliter les rapprochements, au – les troubles complexes du langage oral.
moment où elle entreprendra la révision de la CIM Correspondance CIM 10 : F 84.0 - Autisme infan-
10 : ceci serait justifié par l’audience qu’a acquise la tile
CFTMEA, au-delà même des pays francophones. 1.01. Autres formes de l’autisme
Syndrome autistique incomplet ou d’apparition re-
. L’AXE I BÉBÉ (0-3 ANS) tardée après l’âge de trois ans
Inclure :
De nombreuses situations concernant le très jeune – certaines psychoses de type symbiotique avec
enfant sont déjà répertoriées dans les différents traits autistiques.
chapitres de la classification générale, cependant les Exclure :
développements récents de la psychiatrie du bébé – les autres psychoses de l’enfant ;
ont justifié la création d’une section spécifique. Le – les déficiences intellectuelles dysharmoniques ;
clinicien y trouvera un appui pour le classement de – les démences ;
troubles qui ne trouvent pas leur place au sein de – les troubles complexes du langage oral.
l’axe général. Correspondance CIM 10 : F 84.1 - Autisme aty-
pique
. CLASSIFICATION FRANÇAISE
DES TROUBLES MENTAUX DE L’ENFANT 1.02. Psychose précoce déficitaire. Retard mental
ET DE L’ADOLESCENT avec troubles autistiques ou psychotiques
CFTMEA R-2000 Intrication d’un retard mental sévère, et d’emblée
AXE I : CATÉGORIES CLINIQUES présent, avec des traits autistiques ou psychotiques,
notamment des accès d’angoisse psychotique asso-
1. Autisme et troubles psychotiques ciés à des régressions et à des comportements
auto-agressifs.
On classera ici des troubles autistiques et psychoti- Ces signes témoignent de l’existence d’un noyau
ques avérés chez l’enfant et l’adolescent. Bien que psychotique, dont l’expression peut varier avec
n’appartenant pas strictement au registre psychoti- l’âge (des phénomènes dissociatifs ou des épisodes
que, on y fera figurer également des troubles thymi- de délires peuvent survenir aux alentours de la
ques de l’adolescent, dont la sévérité et la massivité puberté).
obèrent temporairement le rapport au réél. C’est le caractère massif et la survenue d’emblée,
qui justifie l’individualisation de ces formes de
1.0. Psychoses précoces (Troubles envahissants psychoses, sachant que par ailleurs, dans la plupart
du développement) des cas d’autisme ou d’autres psychoses de l’enfant
coexistent habituellement un retard mental ou des
1.00. Autisme infantile précoce - type Kanner troubles cognitifs.
1° Début généralement au cours de la première Inclure :
année avec présence des manifestations caractéris- – psychose à expression déficitaire ;
tiques avant l’âge de trois ans. – débilité évolutive.
2° Association de : Exclure :
– troubles majeurs de l’établissement des relations – les autres psychoses de l’enfant ;
interpersonnelles et des relations sociales ; – les déficiences dysharmoniques.
– altération qualitative de la communication (ab- Correspondance CIM 10 : F 84.1 - Autisme aty-
sence de langage, troubles spécifiques du langage, pique
déficit et altération de la communication non ver-
bale) ; F 84.8 - Autres troubles envahissants du dévelop-
– comportements répétitifs et stéréotypés avec sou- pement
vent stéréotypies gestuelles ; intérêts et jeux res- 1.03. Syndrome d’Asperger
treints et stéréotypés Présence d’un syndrome autistique sans retard du
– recherche de l’immutabilité (constance de l’envi- développement cognitif et surtout du développe-
ronnement) ; ment du langage. L’autonomie de ce syndrome par
– troubles cognitifs. rapport à l’autisme infantile, et notamment aux
Exclure : formes d’autisme dites « de haut niveau » est discu-
– les autres psychoses de l’enfant ; tée. C’est notamment dans de tels cas qu’ont été
– les déficiences intellectuelles dysharmoniques ; décrites des capacités particulières dans certains
CFTMEA R-2000 5

domaines (mémoire, calcul, etc…), isolées de l’en- – les dysharmonies évolutives de structure psycho-
semble du fonctionnement psychique. tique ;
Inclure : Psychopathie autistique. – les psychoses pseudo-névrotiques ;
Correspondance CIM 10 : F 84.5 - Syndrome – les psychoses pseudo-caractérielles ;
d’Asperger – le syndrome dit de l’enfant atypique ;
– les psychoses de type symbiotique ;
1.04. Dysharmonies psychotiques – les Multiplex Developpmental Disorders (MDD).
Classer ici les formes présentant les caractéristiques Exclure :
suivantes : – les autres sous-catégories des psychoses de l’en-
– leur expression est manifeste à partir de l’âge de fant ;
trois à quatre ans ; – les pathologies de la personnalité (catégorie 3) ;
– la symptomatologie varie d’un cas à l’autre et – les troubles névrotiques (catégorie 2).
pour le même enfant, elle se modifie en cours Correspondance CIM 10 : F 84.8 – Autres trou-
d’évolution. On rencontre, parmi les motifs de bles envahissants du développement
consultation, les manifestations somatiques ou com- Les diverses organisations citées parmi les inclu-
portementales, l’instabilité, les inhibitions sévères, sions soulèvent des problèmes diagnostiques diffi-
les manifestations phobiques, hystériques ou obses- ciles. Ainsi, les psychoses symbiotiques décrites par
sionnelles, les dysharmonies dans l’émergence du M. Mahler sur des critères psychanalytiques n’en-
langage et de la psychomotricité sans que le déficit trent pas toutes dans ce cadre mais peuvent être
intellectuel mesuré aux tests occupe une place classées également parmi les psychoses de type
centrale, au moins dans la période initiale. Les autistique (1.01), ou de type schizophrénique (1.04),
échecs dans les essais de scolarisation sont fréquents selon les aspects cliniques dominants.
(phobies scolaires, difficultés d’apprentissage) ; De même, les enfants dénommés par certains
– derrière cette symptomatologie variable, les traits auteurs atypiques ou schizoïdes, entrent assez rare-
et mécanismes de la série psychotique constituent un ment dans le cadre des psychoses, ils trouvent plutôt
élément commun : leur place parmi les pathologies de la personnalité
• menace de rupture avec le réel, absence ou (catégorie 3), les troubles névrotiques (catégorie 2),
mauvaise organisation du sentiment de soi et des et même quelquefois parmi les variations de la
rapports avec la réalité ; normale (catégorie 9).
• tendance au débordement de la pensée par des 1.05. Troubles désintégratifs de l’enfance
affects et des représentations d’une extrême cru- Après un début de développement normal, généra-
dité ; lement jusqu’à l’âge d’au moins deux ans, survenue
• les angoisses sont de divers types : angoisses de d’une perte manifeste des acquisitions cognitives et
néantisation, angoisses dépressives et de sépara- psychomotrices accompagnée de l’apparition d’élé-
tion, parfois attaques de panique ; ments plus ou moins complets, plus ou moins
• dominante d’une relation duelle avec incapacité caractéristiques du syndrome autistique.
d’accès aux conflits et aux modes d’identification Un cas particulier est le syndrome de Rett dans
les plus évolués ; lequel l’arrêt du développement psychomoteur est
• prédominance de positions et d’intérêts très précoce, entre 5 et 30 mois, avec une diminution de
primitifs. la croissance crânienne et de symptômes caractéris-
– en dépit de ces traits et mécanismes propres à la tiques : la perte de l’usage fonctionnel et intention-
psychose, les capacités d’adaptation et de contrôle nel des mains ainsi que des mouvements stéréotypés
assurent souvent une protection contre les risques de des mains à type de torsion ou de lavage. Par la suite
désorganisation. Ainsi, les modes d’expression pa- se manifestent des troubles de la marche et du tonus
thologique peuvent être limités à certains domaines du tronc ainsi qu’un retard psychomoteur sévère.
ou ne se manifester ouvertement que dans certaines Inclure : démence.
phases évolutives. Cette adaptation repose toutefois Exclure :
sur la mise en œuvre de modalités contraignantes – autisme infantile ;
impliquant des restrictions notables dans les échan- – autres psychoses précoces ou troubles envahis-
ges avec autrui. sants du développement ;
Inclure, lorsqu’ils répondent aux critères précé- – aphasie acquise avec épilepsie (syndrome de
dents : Landau-Kleffner) ;
– les prépsychoses ; – mutisme électif ;
– les parapsychoses ; – schizophrénie.
6 R. Misès

Correspondance CIM 10 : F 84.3 – Autres trou- leur accentuation régulière sur plusieurs mois, ainsi
bles désintégratifs de l’enfance que leur association à une anxiété constante, enva-
F 84.2 - Syndrome de Rett hissante, voire à une angoisse massive, indicible,
1.08. Autres psychoses précoces ou autres troubles quasi continue, qui permet de retenir ce diagnostic.
envahissants du développement Le tableau clinique peut être dominé par des
Correspondance CIM 10 : F 84.8 – Autres troubles conduites antisociales et des irruptions violentes
envahissants du développement incontrôlables contre des biens, des personnes ou
contre eux-mêmes, associées à une activité projec-
1.09. Psychoses précoces ou troubles envahissants
du développement non spécifiés tive massive et continue et à une intolérance totale
Correspondance CIM 10 : F84.9 – Trouble envahis- aux affects dépressifs immédiatement relayés par
sant du développement, sans précision des passages à l’acte violents hétéro- ou auto-
agressifs. Il est de plus en plus fréquent que ces
1.1. Schizophrénies tableaux cliniques s’associent à une prise de drogue
1.10. Schizophrénie de l’enfant ou d’alcool continue ou discontinue. L’évolution
Survenue après l’âge de quatre ou cinq ans de vers la schizophrénie avérée n’est pas constante.
troubles psychotiques, se manifestant soit progres- Exclure : un syndrome dépressif sévère.
sivement soit à partir d’un épisode aigu ou subaigu, Correspondance CIM 10 : F20 – Schizophrénie
et s’inscrivant dans un processus évolutif au long
cours ; dans la clinique prédominent dissociation, 1.111. Schizophrénie avérée
discordance, manifestations d’angoisse psychotique, On regroupe ici l’ensemble des manifestations schi-
retrait et désorganisation majeure de la vie mentale zophréniques qui sont celles des tableaux classiques
avec perte rapide des capacités adaptatives. Les des schizophrénies de l’adulte.
manifestations délirantes sont moins fréquentes et
plus difficiles à mettre en évidence que chez Correspondance CIM 10 : F 20 – Schizophrénie
l’adulte, elles prennent la forme d’idées persécutives
ou d’idées de transformation corporelle, ou encore 1.2. Troubles délirants
de phobies étranges.
L’évolution se fait généralement vers la persis-
tance de troubles schizophréniques sévères avec Classer ici les troubles caractérisés essentiellement
souvent une altération de l’efficience intellectuelle. par la présence d’idées délirantes persistantes ne
Ces formes de psychose peuvent aussi constituer un correspondant pas aux troubles schizophréniques.
mode d’évolution d’une psychose précoce (certains Il s’agit habituellement d’idées délirantes uniques
cas d’autisme ou de dysharmonie psychotique no- ou multiples de persécution, mégalo-maniaques,
tamment). hypochondriaques ; de délires passionnels ou d’ima-
Correspondance CIM 10 : F 20 – Schizophrénie gination ; de dysmorphophobies délirantes.
1.11. Troubles schizophréniques à l’adolescence Correspondance CIM 10 : F22 troubles délirants
persistants
1.110. Aspects prodromiques
Ils comportent une multitude de symptômes atypi-
ques parmi lesquels les signes dits « négatifs » de la 1.3. Troubles psychotiques aigus
schizophrénie sont dominants, mais sur un mode
mineur qui ne permet pas d’affirmer le diagnostic de Épisodes aigus ou subaigus, pouvant prendre la
schizophrénie mais fait craindre cette évolution. Les forme de la bouffée délirante des auteurs français
signes les plus habituels sont une réduction de (survenue brutale de manifestations délirantes poly-
l’attention et des capacités de concentration, une morphes, par leurs thèmes et leurs mécanismes-
baisse sensible des résultats scolaires, des désirs et
des motivations, une anhédonie, un retrait social, – hallucinations, interprétations, intuitions) ou de la
une tendance à l’isolement, l’inversion du rythme schizophrénie aiguë des auteurs anglo-saxons,
nycthéméral, une irritabilité, des accès de violence, d’autres aspects cliniques comportant une rupture
une pensée diffluente, un discours désaffectivisé, des brutale des repères usuels, un remaniement profond
idées bizarres, une mégalomanie, des pensées ou des du vécu peuvent s’observer.
gestes suicidaires. Aucun de ces signes n’est suffi- Une évolution rapidement favorable est nécessaire
sant à lui seul. C’est leur regroupement et surtout au diagnostic.
CFTMEA R-2000 7

1.30. Trouble psychotique aigu polymorphe sans zophrénique laisse très au second plan les troubles
symptômes schizophréniques affectifs et les fait classer en schizophrénie avérée.
Exclure : les états dépressifs survenant dans un
1.31. Trouble psychotique aigu polymorphe avec contexte névrotique, de pathologie de la personna-
symptômes schizophréniques lité ou de troubles réactionnels.
1.410. Épisode maniaque
1.38. Autres
Exclure :
– les formes dans lesquelles les troubles persistent 1.4100. Épisode maniaque actuel s’inscrivant dans
au-delà de quelques semaines ; un trouble affectif bipolaire
– les cas dans lesquels les accès se répètent, et dans
lesquels persistent des modifications de la person- 1.4101. Manie sans symptômes psychotiques
nalité ;
– les décompensations d’allure aiguë d’une psy-
chose confirmée. 1.4102. Manie avec symptômes psychotiques
Correspondance CIM 10 : F 23 – Troubles psy-
chotiques aigus et transitoires 1.4103. État mixte
1.4. Troubles thymiques
1.4104. Hypomanie
1.40. Psychoses dysthymiques de l’enfant Inclure : certains états schizo-affectifs.
Classer ici les psychoses où les troubles de l’humeur Correspondance CIM 10 : F25 – Troubles schizo-
occupent une place centrale. affectifs (en partie) ; F 30 – Épisode maniaque ;
Les manifestations peuvent apparaître à partir de F31.0 à F31.2 – Trouble affectif bipolaire, épisode
trois, quatre ans sous la forme d’expressions symp- actuel hypomaniaque ou maniaque ;
tomatiques appartenant à la dépression et à l’exci- F31.6 – Trouble affectif bipolaire, épisode actuel
tation. L’envahissement par des affects dépressifs, le mixte ; sans leur être entièrement assimilables
repli sur soi, le ralentissement idéique, le vide de la
pensée, s’associent ou alternent avec des phases 1.411. Épisode dépressif
d’excitation de type maniaque, des accès d’agitation
ou des phénomènes de débordement idéique. 1.4110. Épisode dépressif actuel s’inscrivant dans
Inclure : les formes de même nature mais qui ont un trouble affectif bipolaire
été décrites sous une autre dénomination : les psy-
choses affectives ; les troubles thymiques de struc-
ture psychotique. 1.4111. Épisode dépressif sévère sans dimension
Correspondance CIM 10 : F 25 – Troubles schizo- mélancolique manifeste
affectifs ; F 30 à 39 – Troubles de l’humeur ; sans
leur être entièrement assimilables 1.4112. Épisode dépressif sévère sans dimension
1.41. Troubles thymiques de l’adolescent mélancolique manifeste, avec symptômes
Les troubles de l’humeur, (« troubles affectifs ») psychotiques
inaugurant ou non des troubles maniaco-dépressifs
uni ou bipolaires peuvent survenir dès l’adoles- 1.4113. Épisode dépressif sévère avec dimension
cence. Ils sont de mieux en mieux reconnus même mélancolique
sous une symptomatologie atypique. Bien que n’ap-
partenant pas strictement au registre psychotique,
nous classons dans cette rubrique les troubles thy- 1.4114. Épisode dépressif sévère avec mélancolie
miques dont la sévérité et la massivité obèrent délirante
temporairement le rapport au réel. Ils s’associent Inclure : certains états schizo-affectifs.
fréquemment, surtout à cet âge, à des manifestations Correspondance CIM 10 : F25 – Troubles schizo-
psychotiques. Il nous paraît plus satisfaisant, à affectifs (en partie) ; F31.3 à F31.5 - Trouble affectif
l’heure actuelle, de privilégier les troubles de l’hu- bipolaire, épisode actuel dépressif ; F32.2 et .3
meur sur les symptômes psychotiques. Cela nous a Épisode dépressif sévère ; F33.2 et .3 – Trouble dé-
conduit à classer ici les troubles schizo-affectifs, à pressif récurrent, épisode actuel sévère ; sans leur
l’exception des cas où la symptomatologie schi- être entièrement assimilables
8 R. Misès

1.5. États dépressifs après épisode psychotique capacités et potentialités des sujets, mais sur un
mode limité à certains secteurs ;
Épisode dépressif survenant au décours d’un épi- – les distorsions apportées à la mise à l’épreuve de
sode psychotique le plus souvent aigu ou classé dans la réalité restent limitées à certains domaines : il n’y
le registre de la schizophrénie. Il est difficile de a pas menace de rupture ni véritable perte de contact
savoir dans ces troubles dépressifs ce qui relève du avec le réel (on discutera ici les frontières vis-à-vis
registre psychotique, dont les symptômes les plus de la psychose et des pathologies de la personnali-
manifestes ont disparu, de l’effet des neuroleptiques, tés).
d’une réaction psychologique à la maladie ou d’un Les sous-catégories proposées ici constituent des
état dépressif spécifique. regroupements syndromiques qui ne s’excluent pas
Correspondance CIM 10 : F20.4 – Dépression toujours les uns les autres, surtout dans une pers-
postschizophrénique pective diachronique, c’est pourquoi la possibilité
de retenir deux sous-catégories est autorisée dans les
formes comportant l’intrication de plusieurs aspects
1.8. Autres troubles psychotiques syndromiques.
Correspondance CIM 10 : F28 – Autres troubles 2.0. Troubles névrotiques à dominante anxieuse
psychotiques non organiques
Classer ici lorsqu’elles répondent aux critères ci-
1.9. Troubles psychotiques non spécifiés dessus les manifestations névrotiques pour lesquel-
les l’expression symptomatique se fait essentielle-
Correspondance CIM 10 : F29 – Psychose non or- ment sur le mode de l’angoisse, que celle-ci revête
ganique, sans précision la forme de manifestations aiguës ou de l’anxiété
diffuse, chronique ou intermittente.
Inclure :
2. TROUBLES NÉVROTIQUES – états anxieux ;
– anxiété généralisée ;
Classer ici des troubles variables dans leur expres- – panique ;
sion et leur intensité, mais qui ont en commun les – équivalents d’angoisse.
éléments suivants, observables à partir de trois ans, Exclure :
quelles que soient les hypothèses étiopathogéni- – les autres troubles névrotiques, sauf trouble asso-
ques : cié ;
– il s’agit de perturbations durables sans tendance – les psychoses dysthymiques (1.4) et les formes
spontanée à la guérison, non explicables par les limites de la psychose (1.2) ;
événements récents mis souvent en avant par l’en- – les pathologies limites (catégorie 3) ;
tourage de l’enfant et qui constituent surtout des – les variations de la normale (catégorie 9).
facteurs déclenchants ; Correspondance CIM 10 : F41 – Autres troubles
– les relations avec l’environnement s’établissent anxieux (en partie)
sous le double signe de la contrainte et de la
dépendance mais sans aboutir à un dessaisissement
complet des capacités d’individuation et d’autono- 2.1. Troubles névrotiques à dominante
mie (se discutent ici les limites vis-à-vis des patho- hystérique
logies de la personnalité non psychotiques, catégorie
3) ; Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères géné-
– l’enfant tend à répéter, dans un environnement raux ci-dessus énoncés les troubles névrotiques
nouveau, les conduites et les conflits développés dominés par les manifestations suivantes :
initialement dans le milieu familial ; – soit des symptômes de conversion de type
– la souffrance psychique – particulièrement l’an- sensitivo-moteur, sensoriel, convulsif, etc. accompa-
goisse sous la forme pure ou sous d’autres aspects – gnés le plus souvent de la classique « belle indiffé-
occupe une place centrale, y compris pour les cas où rence »
certains mécanismes limitent les expressions direc- – soit des manifestations regroupées classiquement
tes du malaise affectif de fond ; sous l’appellation de « rétrécissement du champ de
– quelles que soient les variations symptomatiques, conscience » et qui se caractérisent par des scoto-
fréquentes, l’évolution inclut une restriction des misations massives de certains secteurs du champ
CFTMEA R-2000 9

perceptif, cognitif ou de la mémoire toujours signi- 2.3. Troubles névrotiques à dominante


ficativement liés aux conflits du patient obsessionnelle
– soit des comportements et modalités relationnel-
les dominées par le théâtralisme, la mise en scène et Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères géné-
le faire-valoir, associés à une grande vulnérabilité à raux ci-dessus énoncés les traits et mécanismes
l’appréciation d’autrui, une dépendance et une quête appartenant au registre obsessionnel comportant
affective, une propension aux réponses dépressives
et à la mythomanie. notamment :
Inclure : – soit des symptômes dominés par l’activité com-
– le syndrome de Briquet (on regroupe sous cette pulsionnelle, qu’elle porte sur les idées obsédantes
entité les cas essentiellement féminins où l’on ren- et / ou les rituels conjuratoires ;
contre à leur maximum la surconsommation – soit des comportements et modalités relationnel-
médico-chirurgicale et un handicap chronique cons- les dominées par l’hésitation, le doute, le besoin de
titué par des plaintes somatiques ou des manifesta- vérification, l’ambivalence, l’alternance de rappro-
tions de conversion polysymptomatiques.) ; chers et de mises à distance des personnes investies ;
– certaines personnalités multiples. les traits de caractère dits anaux : ordre, entêtement,
Exclure : avarice ; les formations réactionnelles : scrupulosité,
– les autres troubles névrotiques sauf trouble asso- pitié, obséquiosité, manie de la propreté…
cié, notamment les personnalités névrotiques à clas- Inclure :
ser en 2.6 ; – les compulsions, les gestes conjuratoires, les tics,
– les cas où des manifestations similaires s’inscri- les ruminations mentales chez l’adolescent ;
vent parmi les symptômes d’une personnalité de – les phobies d’impulsion pour lesquelles les com-
type abandonnique, narcissique, pervers,
psychopathique…à classer en catégorie 3 ; posantes compulsionnelles sont dominantes.
– les formes à expression hystérique de la psychose Exclure :
à classer en 1.04. – les autres troubles névrotiques sauf trouble asso-
Correspondance CIM 10 : F44 – Troubles disso- cié ;
ciatifs de conversion, F48.8 – Autres troubles névro- – les pathologies de la personnalité (catégorie 3) ;
tiques spécifiés (en partie) – les tics isolés, la maladie de Gilles de la Tourette
(catégorie 6) ;
2.2. Troubles névrotiques à dominante – les obsessions appartenant à la psychose (1.03) ;
phobique – les variations de la normale (catégorie 9).
Correspondance CIM 10 : F42 – Trouble
Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères géné- obsessionnel-compulsif
raux ci-dessus énoncés les traits et les mécanismes
appartenant au registre phobique avec les symptô-
mes caractéristiques notamment : les crises d’an- 2.4. Troubles névrotiques avec prédominance
goisse et les comportements de fuite devant un des inhibitions
élément phobogène. Nombre d’attaques de panique
entrent dans ce cadre. Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères géné-
Inclure : raux ci-dessus énoncés les cas dominés par une
– les dysmorphophobies quand elles répondent aux inhibition durable dans le domaine des apprentissa-
critères de la névrose, sinon discuter les limites avec ges et des acquisitions intellectuelles avec réduction
les pathologies de la personnalité ; des activités, défaut d’utilisation des potentialités.
– les phobies d’impulsion quand le registre hystéro- Outre l’inhibition, le déroulement des activités est
phobique est dominant. marqué par l’absence de plaisir, le sentiment de
Exclure : doute et d’incapacité.
– les autres troubles névrotiques sauf trouble asso-
cié ; Exclure :
– les phobies appartenant à la psychose (1.04) ou à – la dépression sous toutes ses formes ;
une pathologie limite (catégorie 3.). – les formes marginales de la psychose ;
Correspondance CIM 10 : F40 – Troubles anxieux – les variations de la normale.
phobiques, F93.1 – Trouble anxieux phobique de Correspondance CIM 10 : F48.9 – Trouble névro-
l’enfance tique, sans précision
10 R. Misès

2.5. Dépression névrotique fonctions instrumentales : maladresses psychomotri-


ces, troubles du langage, défauts d’apprentissage,
Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères géné- troubles de la pensée et du raisonnement chez des
raux ci-dessus énoncés les troubles névrotiques où le enfants intelligents.
syndrome dépressif domine le tableau clinique dans Les conflits sont à la fois déplacés sur les symp-
un contexte marqué par la continuité avec la person- tômes et masqués par eux, mais ils demeurent
nalité antérieure. Ce diagnostic reflète un état actuel, repérables dans ce que l’enfant ou l’adolescent en
il est éminemment variable avec le temps. laisse filtrer dans son discours lors des entretiens,
Inclure : névrose dépressive. dans les circonstances d’apparition des troubles,
Exclure : dans les variations des relations avec cet entourage
– les dépressions réactionnelles (4.0) ; susceptibles d’en modifier le cours, enfin dans la
– les dépressions appartenant au registre psychoti- propension à répéter ces conflits dans les relations
que (catégorie 1) ; nouvelles, notamment thérapeutiques.
– les états dépressifs appartenant à une pathologie Inclure : dysharmonies névrotiques.
limite (3.3) ; Exclure :
– les variations de la normale (9.1). – les autres troubles névrotiques sauf trouble asso-
Correspondance avec la CIM 10 : les dépressions cié ;
névrotiques répondent dans l’ensemble aux catégo- – les dysharmonies psychotiques (1.04) ;
ries F32 – Épisodes dépressifs et F33 – Trouble dé- – les troubles isolés des fonctions instrumentales
pressif récurrent, sans que l’on puisse pousser plus (catégorie 6) ;
loin la différenciation aux niveaux des sous- – les pathologies limites (catégorie 3).
catégories. Correspondance avec la CIM10 : F48.9 – Trouble
névrotique, sans précision + F83 – Troubles spécifi-
2.6. Caractères névrotiques, ques mixtes du développement ; sans leur être en-
pathologies névrotiques de la personnalité tièrement assimilables

Classer ici les cas dont le comportement, la relation 2.8. Autres


à la réalité, la vie relationnelle, appartiennent au
registre névrotique précédemment défini, mais dont Correspondance CIM 10 : F48.8 – Autres troubles
les traits névrotiques sont déjà fixés dans des attitu- névrotiques spécifiés ; F93.8 – Autres troubles émo-
des de caractère peu mobilisables, entraînant peu de tionnels de l’enfance
souffrance et d’angoisse. Les manifestations sont
présentées comme des données de fait ou des états
imposés par la réalité. Ces traits peuvent apparaître 2.9. Non spécifiés
dans les comportements sado-masochistes par
exemple ou se manifester par des composantes Correspondance CIM 10 : F48.9 - Trouble névroti-
hystériques, phobiques ou obsessionnelles à domi- que, sans précision ; F93.9 – Trouble émotionnel de
nante ego-syntonique. l’enfance, sans précision
Inclure :
– névrose de destinée ; 3. PATHOLOGIES LIMITES,
– névrose d’échec. TROUBLES DE PERSONNALITÉ
Exclure :
– les autres troubles névrotiques ; Les pathologies limites de l’enfant s’expriment à
– les variations de la normale (catégorie 9) ; travers des manifestations très diversifiées, variables
– les dysharmonies psychotiques (1.04) ; d’un cas à l’autre et qui peuvent se modifier dans le
– les pathologies limites (catégorie 3). cours de l’évolution. Beaucoup se présentent sous
Concordance avec la CIM10 : F60.9 – Trouble de l’aspect dominant de troubles de la personnalité qui
la personnalité, sans précision occupent une place originale entre troubles névroti-
ques et organisation psychotique.
2.7. Troubles névrotiques avec perturbations Au point de vue clinique et psychopathologique,
prédominantes des fonctions instrumentales on relève les éléments suivants :
– des défauts précoces d’étayage d’où résultent des
Classer ici lorsqu’ils répondent aux critères ci- failles et des distorsions dans l’organisation de la vie
dessus les cas où prédominent les perturbations des mentale ; cependant l’enfant met en œuvre des
CFTMEA R-2000 11

capacités adaptatives notables, en s’appuyant sur 4.1. Manifestations réactionnelles


des fonctionnements en faux-self ;
– des défaillances portant sur l’abord du champ Classer ici les troubles répondant aux critères énon-
transitionnel et sur les supports de la pensée : en cés ci-dessus qu’ils aient une expression mentalisée
découle une dominance des expressions par le corps ou qu’ils apparaissent sous la forme de conflits
et par les agirs ; extériorisés dans le milieu familial, scolaire ou
– des atteintes portées au travail de séparation et à social. Ces troubles répondent rapidement à une
l’élaboration de la position dépressive : elles ne intervention thérapeutique précocement instaurée.
permettent pas l’intégration des angoisses dépressi- Exclure :
ves ; elles entraînent une extrême vulnérabilité à la – la dépression réactionnelle (4.0) ;
perte d’objet ; néanmoins l’enfant accède à une
différenciation soi / non soi où se marque l’écart – les variations de la normale (catégorie 9), en
vis-à-vis des psychoses ; particulier les conduites normales
– des failles narcissiques constantes : elles peuvent d’opposition (9.2) ;
inclure une représentation de soi inacceptable, au – les troubles névrotiques (catégorie 2) ;
point de porter atteinte au sentiment d’identité ; à – les pathologies limites (catégorie 3) ;
titre défensif, l’enfant est souvent conduit à déve- – les psychoses (catégorie 1) ;
lopper des réactions de prestance qui mènent à des – les troubles isolés des conduites et du comporte-
affrontements répétitifs avec le milieu. ment (7).
En dépit de ces composantes péjoratives, des Correspondance avec la CIM10 : la catégorie F
ouvertures de type névrotique se dessinent, mais 43.2 - Troubles de l’adaptation (en partie), sans lui
sans permettre un véritable affrontement aux conflits être entièrement assimilable.
de désir et d’identification. En résulte une hétérogé-
néité structurelle, soutenue par des clivages, de sorte
que, d’un côté, se développent des capacités d’adap- 4.2. Syndrome de stress posttraumatique
tation, tandis que, sur un autre versant, persistent des
modalités archaïques de symbolisation et de fonc- Dans les mêmes conditions d’apparition récente, de
tionnement mental. lien avec une cause déclenchante précise et d’inté-
Les sous-catégories proposées ci-dessous consti- grité de la personnalité surviennent ici des troubles
tuent des regroupements syndromiques parmi les qui vont constituer une réponse relativement persis-
plus fréquents. tante – parfois différée – aux facteurs déclenchants.
À travers des manifestations d’anxiété et des
4. TROUBLES RÉACTIONNELS symptômes, variables d’un cas à l’autre, on relève la
reviviscence répétitive des événements traumati-
Classer ici les troubles définis par l’apparition ré- ques, sous la forme de rêves, de cauchemars, de
cente, le lien avec une cause précise, l’intégrité de la scènes jouées ou représentées, dans un contexte
personnalité. d’hypervigilance et de réaménagements des rapports
avec l’environnement.
4.0. Dépression réactionnelle L’évolution est favorable, dans la plupart des cas,
lorsqu’on intervient avec les moyens adaptés ; par-
Classer ici les troubles répondant aux critères énon- fois cependant, elle mène à des modifications nota-
cés ci-dessus où la composante dépressive est au bles de la personnalité qui feront alors classer le
premier plan. Ces troubles répondent rapidement à sujet dans un autre cadre nosographique.
une intervention thérapeutique précocement instau- Inclure :
rée. – les réactions secondaires à un facteur de stress ;
Exclure : – les troubles de l’adaptation posttraumatique.
– les mouvements dépressifs qui constituent des Exclure :
variations de la normale (9.1) ou se relient à – les décompensations liées à des facteurs intercur-
l’angoisse de séparation (7.4) ; rents chez des enfants ou des adolescents que leurs
– les dépressions de la psychose (1.06), de la troubles font d’emblée classer dans l’une des caté-
névrose (2.5), des pathologies limites (3.3). gories suivantes :
Correspondance avec la CIM10 : F 43.2 – Trou- • les troubles psychotiques ;
bles de l’adaptation (en partie), sans lui être entiè- • les pathologies limites ;
rement assimilable. • les troubles névrotiques.
12 R. Misès

Correspondance avec la CIM10 : F43.1- Etat de 5.6. Déficiences dysharmoniques


stress posttraumatique et F43.2 Troubles de l’adap-
tation (en partie) Classer ici les troubles de l’intelligence s’inscrivant
dans un processus évolutif incluant des retards
5. DÉFICIENCES MENTALES accessibles à des actions curatives. Les traits défi-
(ARRIÉRATIONS, DÉBILITÉS MENTALES, citaires sont ici intriqués à des troubles de la
DÉMENCES) personnalité et / ou à des troubles instrumentaux
divers (troubles du langage, troubles gnoso-
Ne classer ici comme catégorie principale, que les praxiques) qui débordent les manifestations explica-
formes où la déficience mentale constitue l’élément bles par le seul déficit intellectuel de base.
central. Les autres formes sont à classer par priorité Inclure ici, sous réserve qu’elle réponde aux
en 1, 2 ou 3 d’après la nature de la pathologie critères précédents :
dominante, la déficience mentale n’apparaissant que – la débilité dysharmonique ;
comme catégorie complémentaire. – la débilité avec troubles associés ;
Indiquer à la fois le niveau mental et la catégorie – la pseudo-débilité lorsqu’il existe un versant dé-
de la déficience. ficitaire déjà fixé, quelle que soit l’étiologie évo-
Le niveau mental doit être évalué à partir de toutes quée.
les informations disponibles, c’est-à-dire à la fois la
symptomatologie clinique et les données psychomé- Exclure :
triques. Les quotients intellectuels indiqués sont – les autres formes de la déficience mentale, en
ceux de tests ayant une moyenne égale à 100 et un particulier la déficience avec polyhandicap sensoriel
écart-type de 15. L’échelle utilisée reprend celle de et moteur (5.x7) où les troubles liés au déficit
la classification internationale des Maladies de répondent à des atteintes neurologiques avérées et
l’OMS. sévères alors que dans les déficits dysharmoniques,
5.0x Q I 50-69 les troubles intriqués de la psychomotricité et du
5.1x Q I 35-49 langage n’ont pas la même gravité et ne relèvent pas
5.2x Q I 20-34 d’une étiologie univoque ;
5.3x Q I < à 20 – les troubles des fonctions instrumentales (catégo-
5.4x Q I Non spécifié rie 6).
Correspondance avec la CIM10 : F70 à
5.5. Déficiences harmoniques F79 – Retard mental + F… autre trouble mental
spécifié
Classer ici toutes les formes où les troubles de
l’intelligence apparaissent fixés et constituent l’élé- 5.7. Déficience avec polyhandicap sensoriel
ment central du tableau clinique : les diverses ma- et / ou moteur
nifestations peuvent être rattachées aux perturba-
tions affectant globalement le développement et Classer ici les formes d’origine encéphalopathique
l’organisation des fonctions cognitives, quelle qu’en où le déficit intellectuel est intriqué à des troubles
soit l’étiologie. neurologiques sévères à expression motrice et / ou
Inclure, sous réserve qu’elles répondent aux cri- sensorielle et est accompagné souvent d’une comi-
tères précédents : tialité. Ce polyhandicap comporte une limitation
– la débilité mentale simple ;
– la débilité homogène ; considérable de l’efficience et de l’adaptation.
– la débilité harmonique. Exclure :
Exclure : – les déficiences dysharmoniques où, dans un ta-
– les autres formes de la déficience mentale (5.x6, bleau de gravité moindre, les troubles associés ne
5.x7, 5.x8) ; sont pas rattachables à une atteinte neurologique
– les troubles des fonctions instrumentales (catégo- caractérisée mais correspondent plutôt à des pertur-
rie 6) ; bations d’ordre fonctionnel (5.x6).
– les retards ou régressions transitoires (catégorie Correspondance avec la CIM10 : F 7x1 – Retard
9). mental avec troubles du comportement significatifs
Correspondance avec la CIM10 : F 70 à F 79 nécessitant une surveillance ou un traitement + un
– Retard mental code éventuel pour le trouble neurologique
CFTMEA R-2000 13

5.8. Démences 6.0. Troubles de la parole et du langage

Classer ici exclusivement les déficiences réunissant Troubles dans lesquels l’acquisition du langage est
les deux critères suivants : perturbée ou retardée dès les premiers stades du
1/ la réduction des capacités mentales tend à se développement, en l’absence d’anomalies neurolo-
faire de façon extensive pour évoluer vers une giques, d’anomalies anatomiques de l’appareil pho-
limitation durable, natoire, d’atteinte sensorielle, de retard mental glo-
2/ les troubles sont en rapport direct avec des bal. Les troubles du développement de la parole et
facteurs organiques reconnus (à préciser nécessaire- du langage s’accompagnent souvent de problèmes
ment sur l’axe II). associés, tels une perturbation des relations interper-
Exclure : sonnelles, des troubles émotionnels et des troubles
– les déficiences avec polyhandicap sensoriel ou du comportement.
moteur (5.x7) qui représentent des états fixés alors
que les démences sont prises encore dans un pro- 6.00. Troubles isolés de l’articulation.
cessus évolutif ; Troubles dans lesquels l’utilisation par l’enfant des
– les déficiences mentales apparaissant au cours de phonèmes est inférieure au niveau correspondant à
l’évolution des psychoses de l’enfant (catégorie 1) et son âge mental, mais avec un niveau linguistique
des troubles évolutifs de la personnalité non psycho- normal. Il existe des déformations involontaires et
tiques (catégorie 3) : systématiques d’un ou plusieurs phonèmes (conson-
a) en période évolutive, l’enfant sera classé nes essentiellement). Exemples : zozotement, zé-
d’après la nature des troubles de base, dans l’une des zaiement (sigmatisme interdental), chuintement (ou
sous-catégories des catégories 1 ou 3 ; sigmatisme latéral).
b) lorsque le déficit en vient à dominer le tableau Inclure :
clinique dans un état déficitaire fixé postévolutif, – Troubles spécifiques du développement phonolo-
l’enfant sera classé d’après la forme prise par le gique ;
déficit, soit dans les déficiences harmoniques (5.x5), – Dyslalie.
soit dans les déficiences dysharmoniques (5.x6). Correspondance CIM 10 : F 80.0 - Trouble spé-
Correspondance avec la CIM10 : F 02.8 – Dé- cifique de l’acquisition de l’articulation.
mence associée à d’autres maladies classées 6.01. Troubles du développement du langage
ailleurs ; sans lui être entièrement assimilable.
Troubles du développement dans lesquels les capa-
cités de l’enfant à utiliser le langage oral sont
5.9. Non spécifiée nettement inférieures au niveau correspondant à son
âge mental.
Correspondance CIM 10 : F79 – Retard mental,
sans précision 6.010. Retard de parole
Trouble du développement du langage portant es-
sentiellement sur l’ensemble de l’organisation pho-
6. TROUBLES SPÉCIFIQUES nétique, avec la persistance, au-delà de l’âge de
DU DÉVELOPPEMENT ET quatre ans, d’altérations phonétiques observées nor-
DES FONCTIONS INSTRUMENTALES malement vers trois ans : confusion et substitution
de phonèmes voisins dont l’articulation est moins
Ces troubles sont envisagés dans une perspective difficile, omissions des syllabes finales, etc. (persis-
descriptive, sans référence étio-pathogénique. Cer- tance du « parler bébé ») ; le développement des
tains d’entre eux, en l’absence d’une cause précise, autres aspects du langage (vocabulaire, syntaxe)
sont définis par l’expression « troubles spécifiques étant dans les limites de la normale.
du développement ». Ces troubles s’associent souvent à des signes
Ne classer ici comme catégorie principale que les d’immaturité affective : notamment des habitudes
troubles du développement et des fonctions instru- orales du premier âge (suçage du pouce ou de la
mentales ne s’inscrivant pas dans une pathologie qui langue, prédilection pour une alimentation lactée et
doit être classée par priorité dans les rubriques 1 à 5. semi-liquide) ; ils s’inscrivent souvent dans une
Dans les autres cas, ne faire apparaître les troubles relation avec l’entourage familial favorisant l’entre-
instrumentaux et des apprentissages que comme tien de ces conduites régressives. L’évolution est le
catégorie complémentaire. plus souvent spontanément favorable.
14 R. Misès

Correspondance CIM 10 : F 80.1 - Trouble spé- 6.020. Aphasie acquise avec épilepsie (syndrome
cifique de l’acquisition du langage (de type expres- de Landau-Kleffner)
sif). Régression du langage - après un développement
normal - portant à la fois sur le versant expressif et
6.011. Retard (simple) de langage réceptif, sans atteinte globale de l’efficience intel-
Retard du développement du langage portant sur ses lectuelle. La survenue du trouble s’accompagne
composantes syntaxiques et linguistiques d’anomalies paroxystiques à l’EEG (pointes-ondes
-généralement associé à des troubles phonétiques- activées par le sommeil) et, dans la plupart des cas,
en dehors de tout retard mental global, de trouble de crises d’épilepsie. Le trouble apparaît habituelle-
auditif ou de trouble grave de la personnalité. ment entre trois et sept ans, avec perte du langage en
L’ensemble des étapes du développement du lan- quelques jours ou quelques semaines. La succession
gage est retardé : les premiers mots n’apparaissent dans le temps, entre le début des crises épileptiques
pas avant deux ans, et surtout les premières phrases et la perte du langage, est assez variable, l’une des
n’apparaissent qu’après 3 ans, la compréhension est deux manifestations précédant l’autre (ou inverse-
bonne ou peu perturbée. ment) de quelques mois à deux ans. Ce trouble
L’évolution est spontanément favorable mais par- pourrait être dû à un processus encéphalitique in-
fois de façon lente. Des difficultés d’acquisition du flammatoire. Dans environ deux tiers des cas, les
langage écrit peuvent faire suite aux troubles du sujets gardent un déficit plus ou moins important du
langage oral. langage (de type réceptif).
Correspondance CIM 10 : F 80.1 - Trouble spé- Correspondance CIM 10 : F 80.3 – Aphasie ac-
cifique de l’acquisition du langage (de type expres- quise avec épilepsie (syndrome de Landau-Kleffner)
sif).
6.028. Autres aphasies acquises
6.012. Dysphasie Correspondance CIM 10 : F80.8 – Autres troubles
Trouble portant sur l’acquisition de la structure du du développement du langage et de la parole
langage, sans substrat organique décelable, en l’ab-
sence de déficit auditif, de retard mental majeur et 6.03. Mutisme
de trouble psychotique. Suspension ou disparition de la parole chez un
Avec l’âge, le langage reste très sommaire : le enfant qui l’avait acquise antérieurement.
langage spontané est réduit, avec un vocabulaire Le mutisme peut être total ou électif.
rudimentaire parfois difficilement compréhensible 6.030. Mutisme total
en raison des troubles phonétiques ; il existe un Survenue le plus souvent brutale, à la suite d’un
agrammatisme ou d’importantes erreurs syntaxi- événement à valeur traumatique ou à forte charge
ques. Il existe habituellement des troubles de la émotionnelle (agression, deuil, séparation, etc.). Il
compréhension et/ou de la discrimination des élé- est généralement transitoire, de quelques jours à
ments phonétiques. Enfin, certains enfants dyspha- quelques semaines, parfois prolongé par une période
siques présentent d’importantes dyspraxies bucco- où l’enfant ne parle qu’en chuchotant. Un mutisme
faciales contribuant aux troubles articulatoires. peut s’observer au cours de troubles psychotiques.
À l’extrême on parle d’audimutité, lorsqu’il n’y a Correspondance CIM 10 : F98.8 – Autres troubles
pratiquement aucun langage compréhensible. comportementaux et émotionnels spécifiés apparais-
Correspondance CIM 10 : F 80.2 – Trouble spé- sant habituellement durant l’enfance ou à l’adoles-
cifique de l’acquisition du langage (de type récep- cence
tif).
6.031. Mutisme sélectif
6.018. Autres Troubles du développement Le mutisme ne se manifeste que dans certaines
du langage conditions ou vis-à-vis de certaines personnes :
Correspondance CIM 10 : F80.8 – Autres troubles – Le plus souvent il s’agit d’un mutisme extra-
du développement du langage et de la parole familial : l’enfant ne parle qu’aux personnes fami-
lières et reste mutique vis-à-vis des étrangers y
6.02. Aphasie acquise compris le plus souvent en milieu scolaire. À
Détérioration du langage, consécutive à une atteinte l’école, l’enfant est souvent inhibé, participe peu
du système nerveux central, survenant chez un aux activités ou seulement aux activités écrites.
enfant ayant déjà acquis un certain niveau de com- – Dans le mutisme intra-familial, l’enfant n’accepte
préhension et d’expression verbale (au delà de deux de parler, parfois seulement en chuchotant, qu’à
ans environ). certains membres du groupe familial.
CFTMEA R-2000 15

Correspondance CIM 10 : F 94.0 – Mutisme élec- 6.100. Dyslexie isolée


tif. Altération spécifique de l’acquisition de la lecture,
affectant la compréhension de la lecture, la recon-
6.04. Bégaiement. naissance des mots, la lecture orale et les perfor-
Trouble de la fluidité de la parole caractérisée par mances dans les tâches nécessitant la lecture. Les
des répétitions ou des prolongations involontaires de troubles consistent en des confusions de graphèmes
syllabes, se manifestant de façon très fréquente. dont la correspondance phonétique ou la forme
Il peut être : graphique est proche, en des inversions ou encore
– tonique : blocage qui vient interrompre pour une des additions ou substitutions. Au niveau de la
durée variable le débit normal de la phrase ou qui phrase, il existe une difficulté à en saisir le décou-
empêche sa production dès le début ; page et le rythme. La compréhension du texte s’en
– clonique : répétition saccadée d’une syllabe au ressent, mais elle est généralement supérieure à ce
début d’un mot ou d’une phrase. que pourrait laisser croire le déchiffrage.
Ces deux formes coexistent le plus souvent avec Ce trouble de la lecture s’accompagne fréquem-
une prédominance plus ou moins marquée de l’une ment de difficultés en orthographe, persistant sou-
ou de l’autre selon les individus. vent à l’adolescence, même quand l’enfant a pu faire
Correspondance CIM 10 : F 98.6 – Bégaiement. quelques progrès en lecture. Il existe souvent des
antécédents de troubles de la parole ou du langage.
6.08. Autres troubles de la parole et du langage Des troubles émotionnels et des perturbations du
Correspondance CIM 10 : F80.8 – Autres troubles comportement sont souvent associés pendant l’âge
du développement du langage et de la parole scolaire.
Correspondance CIM 10 : F 81.0 - Trouble spé-
6.09. Troubles de la parole et du langage non cifique de la lecture.
spécifiés 6.101. Trouble de l’orthographe sans trouble
Correspondance CIM 10 : F80.9 – Troubles du dé- de la lecture
veloppement du langage et de la parole, sans Altération spécifique et significative de l’acquisition
précision de l’orthographe, en l’absence d’antécédents de
dyslexie et non imputable à un âge mental bas, à des
troubles de l’acuité visuelle ou à une scolarisation
6.1. Troubles cognitifs et des acquisitions inadéquate. Les capacités à épeler oralement et à
scolaires écrire correctement les mots sont toutes deux affec-
tées.
Troubles dans lesquels les modalités habituelles Correspondance CIM 10 : F 81.1 - Trouble spé-
d’apprentissage sont altérées dès les premières éta- cifique de l’orthographe.
pes du développement. L’altération n’est pas seule-
ment la conséquence d’un manque d’occasions 6.108. Autres troubles lexicographiques
d’apprentissage ou d’un retard mental et elle n’est Correspondance CIM 10 : F 81.8 – Autre trouble
pas due à un traumatisme cérébral ou à une atteinte des acquisitions scolaires (en partie).
cérébrale acquise. 6.11. Troubles spécifiques de l’arithmétique
Correspondance CIM 10 : F 81 - Troubles spéci- (dyscalculie)
fiques des acquisitions scolaires Trouble de l’acquisition de l’arithmétique : non
imputable exclusivement à un retard mental global
6.10. Troubles lexicographiques ou à une scolarisation inadéquate. L’altération
Troubles de l’acquisition de la lecture et de l’ortho- concerne la maîtrise des éléments de base du calcul :
graphe chez un enfant ayant l’âge habituel d’acces- addition, soustraction, multiplication et division
sion à la lecture, en dehors de toute déficience (c’est-à-dire, n’est pas limitée aux capacités mathé-
intellectuelle ou sensorielle et de carence pédagogi- matiques plus abstraites impliquées dans l’algèbre,
que notable. L’expression dyslexie-dysorthographie la trigonométrie, la géométrie ou le calcul différen-
est souvent utilisée pour désigner ces troubles tiel et intégral).
lorsqu’ils sont nets et se prolongent, en opposition Inclure :
aux erreurs similaires, transitoires, banales par leur – Acalculie de développement ;
fréquence au début de l’apprentissage. – Syndrome de Gerstmann.
Exclure : les difficultés d’apprentissage liées à une Correspondance CIM 10 : F 81.2 - Trouble de
scolarisation inadéquate ou à un retard intellectuel. l’acquisition de l’arithmétique.
16 R. Misès

6.12. Troubles du raisonnement (Dysharmonies tiquée. Les échelles de développement psychomo-


cognitives) teur (par exemple l’échelle de Brunet et Lezine)
Classer ici des perturbations plus ou moins locali- permettent d’évaluer le retard dans quatre secteurs :
sées de la pensée et du raisonnement, compatibles domaine postural, domaine verbal, adaptation ou
avec une efficience intellectuelle satisfaisante, voire comportement avec les objets, relations sociales.
élevée, telle qu’elle peut être appréciée par les tests Inclure : les troubles où l’évolution se fait vers un
de niveau intellectuel, mais entraînant des difficultés retard tel qu’on ne peut encore parler de déficience
ou un échec dans certains apprentissages, certaines mentale proprement dite.
activités scolaires ou non : calcul, lecture, situations
concrètes de la vie courante, exigeant observation, Exclure :
réflexion, raisonnement et intervention précise. – les retards spécifiques, isolés, du développement
Les épreuves inspirées des travaux de Piaget (type des grandes fonctions instrumentales (à classer dans
Echelle de pensée logique) contribuent notamment à la sous-catégorie correspondante de la catégorie 6) ;
les mettre en évidence et soulignent l’hétérogénéité – les retards liés à des troubles appartenant aux
très fréquente des processus cognitifs. catégories 1, 2, 3 ou 5.
Inclure : troubles cognitifs non déficitaires. Correspondance CIM 10 : F 82 - Trouble spécifi-
Exclure : que du développement moteur.
– les déficits intellectuels et les retards globaux du
développement ; 6.21. Tics
– les troubles de l’attention liés à une instabilité
psychomotrice, à classer en 7.0. 6.210. Tics isolés
Correspondance CIM 10 : F88 – Autres troubles Classer ici les tics épisodiques caractérisés par des
du développement psychologique (en partie) gestes brusques, soudains, affectant des groupes
6.13. Troubles de l’attention sans hyperkinésie musculaires restreints, « en éclair », impérieux et
Correspondance CIM 10 : F88 – Autres troubles du involontaires, répétés à intervalles variables ; ils ne
développement psychologique (en partie) peuvent faire l’objet d’un contrôle et d’une suppres-
sion volontaire que pendant une période de durée
6.18. Autres troubles cognitifs et des acquisitions réduite ; ils disparaissent pendant le sommeil.
scolaires Exclure :
Correspondance CIM 10 : F88 – Autres troubles du – les tics dans le cadre d’une maladie de Gilles de
développement psychologique (en partie), la Tourette (6.211) ;
F81.8 – Autres troubles des acquisitions scolaires – les mouvements stéréotypés répétés des enfants
6.19. Troubles cognitifs et des acquisitions psychotiques ou déficitaires (cat.1 ou 5) ;
scolaires non spécifiés – les mouvements anormaux d’origine neurologi-
Correspondance CIM 10 : F89 – Trouble du déve- que (choréiques, athétosiques, myo-cloniques, dys-
loppement psychologique, sans précision, kinétiques, etc.).
F81.9 – Trouble des acquisitions scolaires, sans Correspondance CIM 10 : F95.0 et .1 - Tics tran-
précision sitoire et moteur ou vocal chronique

6.2. Troubles psychomoteurs 6.211. Maladie de Gilles de la Tourette


Classer ici les troubles caractérisés par la survenue
On classera ici le retard psychomoteur et les tics de tics multiples, moteurs, affectant plusieurs grou-
sous leurs diverses formes ; l’instabilité sera classée pes musculaires, mais aussi vocaux et d’évolution
parmi les troubles à dominante comportementale prolongée.
(catégorie 7) Exclure :
6.20. Retard psychomoteur (Troubles spécifiques – les mouvements anormaux d’origine neurologi-
du développement moteur) que (choréiques, athétosiques, myo-cloniques, dys-
Classer ici les troubles d’observation précoce, dans kinétiques) ;
les toutes premières années, s’exprimant par un – les mouvements stéréotypés des états psychoti-
retard des grandes acquisitions psychomotrices (par ques et déficitaires.
exemple, tenue assise, préhension, marche), ceci en Correspondance CIM 10 : F95.2 0150 Forme as-
l’absence de troubles psychotiques ou d’une défi- sociant tics vocaux et tics moteurs multiples (Syn-
cience mentale liée à une affection précise diagnos- drome de Gilles de la Tourette)
CFTMEA R-2000 17

6.28. Autres troubles psychomoteurs Du point de vue symptomatique, cet ensemble, est
Classer ici les troubles psychomoteurs non caracté- caractérisé par :
risés par le retard ou l’instabilité mais s’exprimant – sur le versant psychique : des difficultés à fixer
notamment par : l’attention, un manque de constance dans les activi-
– de la maladresse liée notamment à des troubles de tés qui exigent une participation cognitive, une
la latéralisation ou au syndrome de « débilité mo- tendance à une activité désorganisée, incoordonnée
trice » de Dupré (maladresse avec des syncinésies et excessive, et un certain degré d’impulsivité ;
importantes et une paratonie majeure, c’est-à-dire – sur le plan moteur : une hyperactivité ou une
une grande difficulté à la décontraction musculaire agitation motrice incessante.
active), ou encore à des troubles dyspraxiques, c’est Les relations de ces enfants avec les adultes sont
à-dire de l’organisation gestuelle en rapport avec souvent marquées par une absence d’inhibition so-
une perturbation majeure de l’organisation du ciale, de réserve et de retenue.
schéma corporel et de la représentation spatiale ; Ces troubles s’accompagnent souvent d’une alté-
– de l’inhibition psychomotrice qu’expriment la ration des fonctions cognitives et d’un retard spéci-
lenteur, souvent une certaine raideur dans la posture, fique du développement de la motricité et du lan-
les attitudes et les mouvements, parfois des cram- gage. Ils peuvent entraîner un comportement
pes ; dyssocial ou une perte de l’estime de soi.
– des perturbations toniques : par exemple, troubles Ces troubles, en décalage net par rapport à l’âge et
tonico-moteurs précoces (fluctuations toniques, hy- au niveau de développement mental de l’enfant, sont
pertonies, hypotonies) où la dimension relationnelle plus importants dans les situations nécessitant de
est nette ; l’application, en classe par exemple. Ils peuvent
– d’autres troubles limités de l’organisation percep- disparaître transitoirement dans certaines situations,
tivo–motrice et de l’organisation spatio-temporelle. par exemple, en relation duelle ou dans une situation
Exclure : nouvelle.
– le retard psychomoteur à classer en 6.20 ; Inclure :
– les tics, à classer en 6.21 ; – déficit de l’attention avec hyperactivité ;
– l’instabilité psychomotrice à classer en 7.0 ; – hyperactivité avec troubles de l’attention.
– les troubles psychomoteurs imposant le classe- Exclure :
ment dans l’une des catégories principales 1, 2, 3 ou – les troubles de l’attention sans hyperactivité mo-
5. trice proprement dite ;
Correspondance CIM 10 : F82 – Trouble spécifi- – l’activité excessive adaptée à l’âge (chez les petits
que du développement moteur (en partie) enfants notamment) ;
– les manifestations à type d’excitation maniaque (à
6.29. Troubles psychomoteurs non spécifiés classer, selon les cas, dans les catégories 1 ou 3) ;
Correspondance CIM 10 : F82 – Trouble spécifique – réaction hyperkinétique de durée limitée.
du développement moteur (en partie) Correspondance avec la CIM10 : F 90.0 – Pertur-
bation de l’activité et de l’attention, F90.1 – Trouble
7. TROUBLES DES CONDUITES ET DES hyperkinétique et trouble des conduites
COMPORTEMENTS
7.08. Autres troubles hyperkinétiques
Ce chapitre regroupe des troubles à dominante Correspondance avec la CIM10 : F90.8 – Autres
comportementale dont certains constituent des syn- troubles hyperkinétiques
dromes suffisamment individualisés en tant que tels. 7.09. Troubles hyperkinétiques non spécifiés
Néanmoins, il reste essentiel de rechercher dans
quels cas cette symptomatologie peut s’intégrer Correspondance avec la CIM10 : F90.8 – Autres
dans l’une des quatre premières catégories. troubles hyperkinétiques
7.10. Anorexie mentale
7.0. Troubles hyperkinétiques Trouble caractérisé par une perte de poids intention-
nelle, induite et maintenue par le patient. Il survient
7.1. Troubles des conduites alimentaires habituellement chez une adolescente ou une jeune
femme, mais il peut également survenir chez un
7.00. Hyperkinésie avec troubles de l’attention adolescent ou un jeune homme, tout comme chez un
Classer ici les troubles décrits en France par l’ex- enfant proche de la puberté. Le trouble est associé à
pression « instabilité psycho-motrice ». la peur de grossir et d’avoir un corps flasque. Les
18 R. Misès

sujets s’imposent un poids faible. Il existe habituel- tifs sans changement significatif de poids, ou sans
lement une dénutrition de gravité variable s’accom- préoccupation excessive des formes ou du poids
pagnant de modifications endocriniennes et métabo- corporels.
liques secondaires et de perturbations des fonctions Correspondance avec la CIM10 :
physiologiques aménorrhée notamment. F50.3 – Boulimie atypique
7.100. Anorexie mentale restrictive 7.14. Troubles des conduites alimentaires
7.101. Anorexie mentale boulimique du nourrisson et de l’enfant
Exclure : Troubles de l’alimentation caractérisés par des ma-
– Les refus d’alimentation appartenant à un délire nifestations variées habituellement spécifiques de la
(cat. 1) ; première et seconde enfance. Ils impliquent en
– Les phobies alimentaires (2.2) ; général un refus alimentaire et des caprices alimen-
– Les restrictions alimentaires avec ou sans vomis- taires excessifs, pouvant conduire à un amaigrisse-
sement, isolées et ne comportant pas en particulier le ment significatif en l’absence de maladie organique
déni de la maigreur, la peur de grossir et le désir de et alors que la nourriture est appropriée et l’entou-
minceur, à classer en 2.01 rage adéquat.
Correspondance avec la CIM10 : Correspondance avec la CIM10 : F98.2 – Trouble
F50.0 – Anorexie mentale de l’alimentation de la première et de la deuxième
enfance, sans qu’elle puisse lui être entièrement
7.11. Anorexie mentale atypique assimilable
Troubles qui comportent certaines caractéristiques
de l’anorexie mentale, mais dont le tableau clinique 7.15. Troubles alimentaires du nouveau-né
est incomplet. Par exemple : l’un des symptômes, Correspondance avec la CIM10 : F98.22– Trouble
telle une aménorrhée ou la peur importante de de l’alimentation de la première et de la deuxième
grossir, peut manquer alors qu’il existe une perte de enfance, sans qu’elle puisse lui être entièrement
poids nette et un comportement visant à réduire le assimilable.
poids.
Exclure : Perte de poids associée à un trouble 7.18. Autres troubles des conduites alimentaires
somatique. Inclure :
Correspondance avec la CIM10 : – Pica ;
F50.1 – Anorexie mentale atypique – Mérycisme ;
– Potomanie ;
7.12. Boulimie – Autres.
Quelle que soit la personnalité sous-jacente, syn- Correspondance avec la CIM10 : F98.2 – Trouble
drome caractérisé par des accès répétés d’hyperpha- de l’alimentation de la première et de la deuxième
gie et une préoccupation excessive du contrôle du enfance, sans qu’elle puisse lui être entièrement
poids corporel, conduisant à une alternance d’hyper- assimilable, F98.3 Pica de la première et de la
phagie et de vomissements ou d’utilisation de laxa- deuxième enfance
tifs. Ce trouble comporte de nombreuses caractéris-
tiques de l’anorexie mentale, par exemple une 7.19. Troubles des Conduites Alimentaires non
préoccupation excessive par les formes corporelles spécifiés
et le poids. Les vomissements répétés peuvent Correspondance avec la CIM10 : F98.9 – Troubles
provoquer des perturbations électrolytiques et des comportementaux et émotionnels apparaissant ha-
complications somatiques. bituellement durant l’enfance ou à l’adolescence,
Dans les antécédents, on peut retrouver un épisode sans précision
d’anorexie mentale.
Exclure : les accès boulimiques émaillant l’évolu- 7.2. Conduites suicidaires
tion d’une anorexie mentale à classer en 7.10.
Correspondance avec la CIM10 : F50.2 - Bouli-
mie Si le comportement suicidaire apparaît isolé ou
difficilement rattachable à une organisation psycho-
7.13. Boulimie atypique pathologique précise, il sera classé ici en catégorie
Troubles qui comportent certaines caractéristiques principale.
de la boulimie, mais dont le tableau clinique global S’il fait partie de tableaux cliniques classables
ne justifie pas ce diagnostic. Exemple : accès hyper- dans les cinq premières catégories, il sera classé ici
phagiques récurrents et utilisation excessive de laxa- en catégorie complémentaire.
CFTMEA R-2000 19

Pas de correspondance avec la CIM 10 dans le 7.5. Troubles de l’identité et des conduites
chapitre F ; utiliser éventuellement X60 à sexuelles
X84 – Lésions auto-infligées
7.50. Troubles de l’identité sexuelle
7.500. Trouble de l’identité sexuelle de l’enfance
7.3. Troubles liés à l’usage de drogues Trouble se manifestant dans l’enfance (bien avant la
ou d’alcool puberté), caractérisé par une souffrance intense et
persistante relative au sexe assigné, accompagné
Ne classer ici comme catégorie principale que les d’un désir d’appartenir à l’autre sexe (ou d’une
formes où la conduite toxicomaniaque est au pre- affirmation d’en faire partie).
mier plan, quelle que puisse être la pathologie Les troubles de l’identité sexuelle chez les indivi-
sous-jacente . Les autres formes sont à classer par dus pubères ou pré-pubères ne doivent pas être
priorité en 1, 2, 3, 4 d’après la nature de la classés ici, mais en 7.501
pathologie dominante, la toxicomanie n’apparais- Correspondance CIM 10 : F64.2 - Trouble de
sant que comme catégorie complémentaire l’identité sexuelle de l’enfance
On enregistrera à la fois le mode d’usage et le 7.501. Trouble de l’identité sexuelle chez les
produit utilisé. adolescents
USAGE PRODUIT UTILISE – Transsexualisme
7.30xContinu 7.3x0 Alcool – Travestisme bivalent
7.31x Occasionnel 7.3x1 Morphiniques – Trouble de l’identité sexuelle chez l’adolescent,
7.32x En rémission 7.3x2 Cannabis type non transsexuel.
7.38x Autre 7.3x3 Hypnotiques et Tran- Correspondance CIM 10 : F64.0 - Transsexua-
quillisant lisme, F64.1 - Transvestisme bivalent
7.39x Non spécifié 7.3x4 Cocaïne 7.51. Troubles de la préférence sexuelle
7.3x5 Autres psychostimulants et dysleptiques Trouble des conduites sexuelles de caractère perma-
dont amphétamines, ecstasy, L.S.D et autres hallu- nent et exclusif.
cinogènes. Comprend : les paraphilies, fétichisme, traves-
7.36 Tabac - Caféine tisme fétichiste, exhibitionnisme, voyeurisme, pédo-
7.37 Solvants philie, sadomasochisme, troubles multiples de la
préférence sexuelle et autres troubles de la préfé-
7.38 Polytoxicomanies rence sexuelle.
7.39 Autres ou non spécifié Exclure : Manifestations transitoires chez des ado-
lescents.
7.4. Troubles de l’angoisse de séparation Correspondance CIM 10 : F65 - Troubles de la
préférence sexuelle
Classer ici les manifestations somatiques et/ou com- 7.52. Manifestations en rapport avec des
portementales qui sont l’expression de l’angoisse de préoccupations excessives concernant
séparation, notamment chez le jeune enfant. Dans ce le développement sexuel et son orientation
trouble, l’anxiété est focalisée sur une crainte Le sujet est incertain quant à son identité sexuelle ou
concernant la séparation, survenant pour la première son orientation sexuelle et sa souffrance est respon-
fois au cours des premières années de l’enfance. Il sable d’anxiété ou de dépression. La plupart du
se distingue de l’angoisse de séparation normale par temps, cela survient chez des adolescents qui ne sont
son intensité, à l’évidence excessive, ou par sa pas certains de leur orientation, homosexuelle, hé-
persistance au-delà de la petite enfance, et par son térosexuelle ou bisexuelle, ou chez des sujets qui,
association à une perturbation significative du fonc- après une période d’orientation sexuelle apparem-
tionnement social. ment stable, éprouvent un changement dans leur
Dans le cas où le syndrome est isolé, il sera placé orientation sexuelle.
en catégorie principale. Dans les cas où il se relie à Correspondance CIM 10 : F66.0 – Trouble de la
une autre pathologie, il sera classé en catégorie maturation sexuelle
complémentaire. 7.58. Autres troubles des conduites sexuelles.
Correspondance CIM 10 : F93.0 - Angoisse de Correspondance CIM 10 : F66.8 – Autres troubles
séparation de l’enfance du développement psychosexuel
20 R. Misès

Trouble des conduites sexuelles, sans précision. Correspondance CIM 10 :


Correspondance CIM 10 : F66.9 – Trouble du dé- F63.3 – trichotillomanie
veloppement psychosexuel, sans précision
7.73. Fugues
Correspondance CIM 10 : F91. – Troubles des
7.6. Phobies scolaires conduites, type socialisé (en partie)
On classera ici les manifestations d’angoisse ma- 7.74. Violence contre les personnes
jeure avec souvent phénomène panique, liées à la Correspondance CIM 10 : F91.1 – Troubles des
fréquentation scolaire et interdisant sa poursuite conduites, type mal socialisé (en partie)
sous les formes habituelles. 7.75. Conduites à risques
Exclure : Correspondance CIM 10 : F91.1 – Troubles des
– Les manifestations par angoisse de séparation ; conduites, type mal socialisé (en partie)
– Les manifestations phobiques localisées sur un
objet ou une situation qui doivent être classées en 2. 7.76. Errance
Correspondance CIM 10 : F94.8 - Autres troubles Correspondance CIM 10 : F91.1 – Troubles des
du fonctionnement social de l’enfance (en partie) conduites, type mal socialisé (en partie)
7.78. Autres troubles caractérisés des conduites
7.7. Autres troubles caractérisés des conduites Autres variétés de comportements inadaptés persis-
tants et répétés, non secondaires à un syndrome
Classer ici des comportements parfois répétitifs, qui psychiatrique avéré.
inquiètent et attirent l’attention de l’entourage. Ils Correspondance CIM 10 : F91.8 – Autres troubles
peuvent par eux-mêmes avoir des conséquences des conduites (en partie)
graves pour l’individu et / ou son entourage. Autres troubles des conduites et des comporte-
Tantôt le comportement reste isolé et il sera classé ments
ici en catégorie principale, tantôt il fait partie d’un Correspondance CIM 10 : F91.8 – Autres troubles
tableau clinique classable dans les catégories 1 à 5 et des conduites (en partie)
on utilisera alors cette rubrique comme catégorie Troubles des conduites non spécifiés
complémentaire. Correspondance CIM 10 : F91.9 – Trouble des
conduites, sans précision
7.70. Pyromanie
Tendance pathologique à allumer des incendies. Ce 8. TROUBLES À EXPRESSION SOMATIQUE
comportement s’accompagne souvent d’un état de
tension croissante avant l’acte et d’une excitation
intense immédiatement après. 8.0. Affections psychosomatiques
Correspondance CIM 10 : F63.1 – Tendance pa-
thologique à allumer des feux (pyromanie) Classer ici les cas où le tableau clinique est constitué
par une maladie somatique à déterminisme psychi-
7.71. Kleptomanie que, quel que puisse être l’appareil ou l’organe
Tendance pathologique à commettre des vols. touché.
Trouble caractérisé par des impossibilités répétées Parmi les affections les plus fréquentes figurent :
à résister aux impulsions de vol d’objets. Ce com- l’eczéma, la pelade, le psoriasis, l’asthme, les colites
portement s’accompagne habituellement d’un état et recto-colites.
de tension croissante avant l’acte et d’un sentiment Exclure :
de satisfaction pendant et immédiatement après la – les troubles somatiques faisant partie du tableau
réalisation de celui-ci. clinique d’une pathologie psychotique ;
Correspondance CIM 10 : F63.2 – Tendance pa- – telle la catatonie (à classer en 1.1), névrotique
thologique à commettre des vols (kleptomanie) hystérique (2.1) ;
– les troubles des fonctions instrumentales (catégo-
7.72. Trichotillomanie rie 6) ;
Trouble caractérisé par une perte visible des che- – les troubles psychofonctionnels (8.1) ;
veux, causée par une impossibilité répétée de résis- – les troubles hypochondriaques (8.2) ;
ter aux impulsions à s’arracher les cheveux. – les simulations.
Exclure : mouvements stéréotypés avec arrachage Correspondance CIM 10 : F45.0 - Somatisation,
des cheveux F45.1 – Trouble somatoforme indifférencié,
CFTMEA R-2000 21

F45.8 – Autres troubles somatoformes, sans leur 8.3. Énurésie


être entièrement assimilables.
Classer ici les troubles caractérisés par des émis-
8.1. Troubles psychofonctionnels sions d’urine répétées et involontaires, diurnes ou
nocturnes et considérées comme anormales pour
l’âge du sujet (au-delà de quatre ans), qu’elles
Classer ici les cas où le tableau clinique est dominé apparaissent après une phase d’acquisition de la
par des manifestations fonctionnelles sans lésions propreté ou non (primaire ou secondaire).
tissulaires. Exclure : incontinence urinaire d’origine organi-
Parmi les manifestations les plus fréquentes figu- que.
rent : torticolis psychogène, crampe des écrivains, Correspondance CIM 10 : F98.0 – Énurésie
spasme du sanglot, hoquet et toux psychogènes,
syndromes douloureux psychogènes, troubles
cardio-vasculaires fonctionnels psychogènes, prurit 8.4. Encoprésie
psychogène, aérophagie, vomissements psychogè-
nes, dysménorrhées psychogènes, migraines et Classer ici les troubles caractérisés par des émis-
céphalées psychogènes. sions de selles répétées, volontaires ou involontai-
Exclure : res, diurnes ou nocturnes et considérées comme
– les affections psychosomatiques (8.0) ; anormales pour l’âge du sujet (au-delà de quatre
– les manifestations de conversion hystérique (2.1) ans), qu’elles apparaissent après une phase d’acqui-
et les expressions somatiques de l’angoisse dans le sition de la propreté ou non (primaire ou secon-
cadre d’une névrose d’angoisse (2.0). daire).
Correspondance CIM 10 : Exclure : incontinence fécale d’origine organique.
F45.3 – Dysfonctionnement neuro-végétatif somato- Correspondance CIM 10 : F98.1 – Encoprésie
forme, F45.4 – Syndrome douloureux somatoforme
persistant, F45.8 – Autres troubles somatoformes, 8.5. Troubles du sommeil
sans leur être entièrement assimilables.
Classer ici les troubles du sommeil qui ne peuvent
8.2. Trouble hypocondriaque être rattachés à aucun diagnostic d’affection soma-
tique ou psychiatrique.
La caractéristique essentielle de ce trouble est une Inclure :
préoccupation persistante concernant la présence – troubles du coucher et de l’endormissement ;
éventuelle d’un ou plusieurs troubles somatiques, se – cauchemars, rêves d’angoisse, terreurs noctur-
traduisant par des plaintes somatiques persistantes nes ;
ou par une préoccupation durable concernant la – hypersomnies, insomnie, inversion du rythme du
normalité physique. Des sensations et des signes sommeil ;
physiques normaux ou anodins sont souvent inter- – somnambulisme, narcolepsie, syndrome de Geli-
prétés par le sujet et par son entourage comme étant neau.
anormaux. Correspondance CIM 10 : F51 – Troubles du
Inclure : sommeil
– hypocondrie ;
– nosophobie ; 8.6. Retard de croissance psychogène
– peur d’une anomalie corporelle.
Exclure : Classer ici le syndrome associant retard de crois-
– troubles psychosomatiques (8.0) ; sance d’origine non organique et contexte familial
– troubles psychofonctionnels (8.1) ; de conflits et d’abandonnisme (à cocher également
– syndrome de Münchhausen par procuration sur l’axe II).
– dysmorphophobie névrotique (à classer en 2.2) ou Inclure : nanisme psychogène
délirante (1.1). Correspondance CIM 10 : F94.1 – Trouble réac-
Correspondance CIM 10 : F45.2 - Trouble hypo- tionnel de l’attachement de l’enfance + R62 – Re-
condriaque tard de développement physiologique
22 R. Misès

8.8. Autres troubles à expression somatique Correspondance CIM 10 : F88.8 et .9 – Autres


troubles des acquisitions scolaires et sans précision
Correspondance CIM 10 : F98.8 – Autres troubles
comportementaux et émotionnels apparaissant ha- 9.5. Retards ou régressions transitoires
bituellement durant l’enfance ou à l’adolescence
Correspondance CIM 10 : R62 – Retard du dévelop-
8.9. Troubles à expression somatique pement physiologique
non spécifiés Aspects originaux de la personnalité
Correspondance CIM 10 : Z73.1- Accentuation de
Correspondance CIM 10 : F98.8 – Autres troubles certains traits de la personnalité
comportementaux et émotionnels apparaissant ha- Autres
bituellement durant l’enfance ou à l’adolescence
9.9. Non spécifiées
9. VARIATIONS DE LA NORMALE . CFTMEA R-2000
Axe I bébé (0 à 3 ans)
Cette catégorie ne peut être utilisée qu’isolément, à compléments de l’axe I général
l’exclusion de toute autre catégorie.
Classer ici des symptômes ou des conduites qui ne Généralités
peuvent être inclus dans l’un des cadres précédents.
Certains se retrouvent souvent dans l’évolution • Un certain nombre de situations psychopathologi-
normale de l’enfant ou de l’adolescent (phobies ques concernant le très jeune enfant sont déjà
précoces, rituels du jeune âge, moments dépressifs, répertoriées et donc classables au sein des différents
décalages et régression transitoires dans l’émer- chapitres de la classification générale, mais les
gence et l’organisation des grandes fonctions). Ils développements récents de la psychiatrie du bébé
sont transitoires et peuvent correspondre à des rendent nécessaire la création d’une section spécifi-
moments féconds du développement, sans que leur que pour les troubles du très jeune enfant (0 à 3 ans).
intensité ou la gêne qu’ils apportent éventuellement Il s’agit en effet de permettre au clinicien un
à la vie relationnelle leur donnent pour autant une repérage clinique plus facile et plus congruent
valeur pathologique. compte tenu de l’évolution des connaissances dans
On classera également dans cette rubrique des ce champ et de rendre possible le classement d’un
manifestations plus durables, mais dont le caractère certain nombre de situations qui ne trouvent pas leur
pathologique ne peut être affirmé, par exemple place au sein de l’axe général.
certaines difficultés scolaires qui semblent en rela- • La psychiatrie du bébé et la psychopathologie
tion avec des facteurs antérieurs (orientation, enca- précoce ont ceci de particulier qu’elles imposent de
drement, pédagogie) ou certains aspects originaux centrer le regard sémiologique simultanément sur le
de la personnalité de l’enfant ou de l’adolescent bébé lui-même mais aussi sur la nature du lien entre
Angoisses, rituels, peurs le bébé et l’adulte qui dispense les soins et enfin sur
Correspondance CIM 10 : R45.0 - Nervosité l’adulte de référence (c’est-à-dire sur l’environne-
Moments dépressifs ment relationnel de l’enfant).
Correspondance CIM 10 : R45.2 - Tristesse Alors que la clinique du bébé et du lien nécessite
une codification spécifique en axe I bébé, par contre,
9.2. Conduites d’opposition les particularités de l’environnement peuvent être
codées en se servant de l’axe II de la classification
Correspondance CIM 10 : F91.8 – Autres troubles générale dans la mesure où, par exemple, les notions
des conduites de stress traumatique, de carence, de maltraitance et
de parents en grande souffrance s’y trouvent déjà
prises en compte.
9.3. Conduites d’isolement • Certains chapitres de la psychopathologie du
bébé ne font pas encore l’objet d’un consensus
Correspondance CIM 10 : F93.2 – Anxiété sociale absolu entre les différents cliniciens ; les proposi-
de l’enfance tions énoncées ci-dessous ne constituent donc qu’un
Difficultés scolaires non classables dans les caté- matériel initial qui demandera à être progressive-
gories précédentes ment affiné, voire remanié, en fonction des avancées
CFTMEA R-2000 23

qui ne pourront manquer d’avoir lieu dans ce Un certain nombre de symptômes – dont les re-
domaine au cours des années à venir. groupements peuvent être variables d’un enfant à un
autre – doivent ici avoir valeur d’appel.
Deux remarques à propos de l’axe I bébé On citera :
Les troubles de l’attachement n’ont pas été rete- – l’évitement ou la perte du regard ;
nus comme rubrique classificatoire. – les conduites de détournement du regard peuvent
On sait en effet qu’en dépit du profond renouveau avoir la même valeur en privilégiant l’utilisation du
théorique qu’a apporté la théorie de J. Bowbly, les regard périphérique au détriment du regard central ;
différents types de schémas d’attachement qui ont – le maintien au-delà de plusieurs semaines d’un
été décrits (attachement sécure, attachement insé- regard adhésif sans acquisition stable d’un regard
cure, attachement évitant, attachement désorganisé) pénétrant ;
apparaissent davantage comme des catégories expé- – une insomnie précoce, calme (sans appel vis-à-vis
rimentales que comme des catégories étroitement de la présence de l’adulte) et pouvant durer plusieurs
corrélées avec tel ou tel profil psychopathologique. heures ;
Autrement dit, certains enfants à l’attachement – une anorexie primaire grave ou d’autres troubles
sécure peuvent fort bien présenter des troubles du sévères de l’oralité ;
développement psychique alors que certains enfants, – des phénomènes cliniques de pseudo-surdité ;
insécures ou évitants en situation d’évaluation, peu- – des cris monotones, monocordes et sans valeur
vent fort bien fonctionner de manière cliniquement relationnelle ou significative repérable ;
satisfaisante. – l’absence d’instauration de l’angoisse de l’étran-
Seul le schéma de type désorganisé semble actuel- ger autour du huitième mois de la vie ;
lement témoigner d’un risque potentiel de dysfonc- – des phobies multiples, variables, insolites et par-
tionnement clinique. fois intenses ;
Les troubles de l’identité de genre n’ont pas non – un évitement ou un retrait relationnel (en excluant
plus été retenus, étant donnée la diffıculté qu’il y a les évitements ou les retraits observés en cas de
à les repérer avant l’âge de trois ans. dépression, d’asthénie ou de douleur physique) ;
– des troubles du tonus (en hyper ou en hypo) sans
En dépit des résultats énoncés par certaines étu- cause neuropédiatrique reconnue ;
des, la majorité des cliniciens actuels met en effet en – parfois présence de stéréotypies.
doute la possibilité même de parler de troubles de
l’identité de genre chez l’enfant pré-œdipien. C’est le regroupement et le maintien conjoint dans
le temps d’un certain nombre de ces symptômes qui
À cette époque de la vie, seuls seraient déjà doit attirer l’attention du clinicien
repérables d’éventuels facteurs de risque dont la
description et la valeur prédictive sont, à l’heure Inclure : le syndrome d’évitement relationnel pré-
actuelle encore, fortement sujet à caution. coce.
Les dépressions du bébé
Axe I bébé Les dépressions du bébé peuvent être liées à des
situations de carence relationnelle quantitative ou
Bébés à risque de troubles sévères du développe- qualitative.
ment Parmi les symptômes devant faire évoquer une
À côté des très jeunes enfants chez qui le diagnos- organisation dépressive chez le bébé, on peut citer :
tic d’autisme ou de psychose peut être fait d’après – l’atonie psychique ;
les critères de l’axe I général, il existe des bébés Manque du tonus vital qui imprègne normalement
dont le repérage précoce est essentiel pour les le fonctionnement psychique du bébé avec absence
activités de prévention. Ce sont des enfants dont le de curiosité et d’ouverture envers le monde des
développement semble présenter des zones de vul- objets et envers le corps propre (absence d’instau-
nérabilité ou de fragilité susceptibles de les faire ration ou extinction progressive des auto-érotismes).
s’engager dans un fonctionnement ou une organisa- – le retrait interactif qui correspond à une absence
tion de type autistique ou psychotique. d’engagement dans l’échange relationnel ;
De nombreuses recherches sont actuellement en – Le ralentissement psychomoteur
cours pour préciser ou affiner les limites de ce Mouvements répétitifs et partiels, s’interrompant
groupe d’enfants dont le devenir ne peut bien sûr avant d’avoir atteint leur but et avec une lenteur
être prédit ou figé dans une annonce qui ne viendrait prédominant sur les racines tandis que les extrémités
que cristalliser le risque évoqué. conservent une motilité déliée ;
24 R. Misès

– l’absence de structuration de l’angoisse de On peut retenir également comme critères d’inclu-


l’étranger ; sion, différents symptômes d’augmentation de la
– des troubles psychosomatiques d’appel ou d’épui- vigilance (terreurs nocturnes, difficultés d’endormis-
sement. sement, réveils nocturnes, troubles de l’attention et
Au début de l’épisode dépressif, on a le sentiment de la concentration, hypervigilance et réaction de
que les divers troubles fonctionnels de l’enfant sursaut), ainsi que l’apparition soudaine ou progres-
visent à réanimer l’environnement et à solliciter son sive de symptômes qui n’existaient pas avant l’évé-
attention tandis qu’à l’issue d’une certaine période nement traumatique (agressivité, peurs, angois-
d’évolution, les défenses recrutées sont débordées et ses…)
les troubles fonctionnels de l’enfant traduisent alors
un débordement et un effondrement de l’équilibre Hypermaturité et hyperprécocité pathologiques
psychosomatique de l’enfant. Celles-ci concernent tout ou partie des registres
Inclure : les situations de « syndrome du compor- cognitif, émotionnel ou social du développement de
tement vide » et celles de « dépressions blanches » l’enfant.
en fonction de la date de survenue et de la durée de Elles peuvent se développer en secteurs (problè-
la situation carentielle. mes des surdons) ou au contraire de manière glo-
bale.
Bébés à risque d’évolution dysharmonique Elles peuvent être ou non une réponse à une
Certains éléments du tableau décrit au chapitre psychopathologie parentale.
3.00 de l’axe I général peuvent être déjà repérables
avant trois ans et seront classés dans cette rubrique. Distorsions du lien
À l’heure actuelle, il s’agit ici d’un cadre d’attente On ne peut pas décrire, dans l’absolu, une qualité
dont la pertinence est encore sujette à caution du lien qui serait dite « normale ».
puisqu’il paraît difficile d’affirmer la filiation noso- Seuls comptent en fait les aspects dynamiques,
logique entre ces tableaux cliniques et le groupe des ouverts et créatifs du lien parent-enfant et notam-
pathologies limites ultérieures. ment du lien mère-enfant dont il importe ainsi de
Ces enfants présentent des atteintes sévères, mais prendre en compte de nombreuses possibilités de
non totales, de la capacité à engager une relation variations de la normale.
émotionnelle ou sociale, des atteintes marquées de Les distorsions du lien impliquent l’idée qu’une
la faculté d’établir, de maintenir ou de développer modalité particulière du lien devient prévalente,
certaines formes de communication (gestuelle, sym- répétitive et monotone, imprégnant la relation
bolique et verbale), des dysfonctionnements signifi- adulte-enfant de telle sorte que celle-ci se fige en
catif dans le traitement des diverses informations perdant alors tout degré de souplesse et de liberté.
sensorielles (auditives, visuo-spatiales, tactiles, pro- On inclura pour l’instant les rubriques suivantes :
prioceptives ou vestibulaires par exemple). – contrôle intrusif ;
Inclure : Multi-System Developmental Disorders – relation adhésive ;
(MSDD) (classification Zero to three) – troubles de la régulation (hypersensible, sous-
Les états de stress réactive, impulsive, autre) ;
Entrent dans ce cadre les états où le stress cons- – relation chaotique (désorganisée, inclassable).
titue le facteur étiologique principal. Retards d’acquisition divers (dans le champ
Ces états sont suspectés devant des remémorations du développement psychomoteur, langagier, co-
plus ou moins angoissées, des cauchemars répétitifs, gnitif…)
un comportement de détresse à l’occasion d’un Se reporter à la catégorie 6 de l’axe I général.
rappel du traumatisme ou des reviviscences impré-
visibles, on prendra en compte comme critère d’in- Troubles des grandes fonctions psychosomatiques
clusion une baisse de réactivité ou une entrave au (sommeil, alimentation…)
rythme du développement sur l’un au moins des Rubrique à prendre en compte quand les troubles
critères suivants : accentuation du retrait social, fonctionnels considérés ne s’intègrent pas dans un
restriction du champ des affects, régressions tempo- tableau dépressif caractérisé.
raires diverses, diminution ou réduction des activités Se reporter aux catégories 7 ou 8 de l’axe I
ludiques habituelles. général.

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