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Rapport LABS

Introduction

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I. Contextualisation et échantillonnage
1. Cadre de la mission

Dans le cadre de la fin de la mission du programme d'appui au renforcement du


secteur culturel tunisien (Tfanen - Tunisie Créative) faisant partie du programme de
soutien au secteur culturel en Tunisie (PACT) lancé par l'Union européenne (UE) en
partenariat avec le gouvernement sur la période 2016-2021, Tfanen a fait appel au
bureau de consulting HFCONSEIL pour une mission externe de suivi et d’évaluation.
Les deux consultants Hana Chebbi et Hamdi Frigui ont été mandatés en tant que
chargés d’études qualitatives afin de réaliser une étude d’évaluation auprès d’un
échantillon représentant une dizaine de Labs implantés dans 8 régions. Cette étude
devrait avoir lieu entre Mai et Octobre 2021 et vise à évaluer l'expérience des
participants aux labs, les compétences et connaissances acquises par ces derniers
ainsi que le niveau d’application des acquis dans leurs projets culturels.

2. Rappel du contexte

L’étude d'évaluation a été entamée depuis le mois de Mai 2021, elle s’est
focalisée sur les 3 typologies de LABS assurés par Tfanen. En effet, Tfanen a
organisé une trentaine de Laboratoires d’apprentissage et de partage (“Labs”) pour
le secteur de la culture, entre Septembre 2018 et Novembre 2021 :
● Les LABS régionaux à El Kef, Tabarka, Bizerte, Djerba, Ariana et Ben Arous,
ainsi que Mannouba et Zaghouan, menés entre 2018 et 2020, visant à
contribuer à la consolidation et au renforcement des compétences des
participants issus des secteurs privés et publics dans une finalité de co-
construction de politiques publiques afin de trouver des solutions à des
problèmes concrets communs.
● Le LABS Jumelage organisé en 2021 à Bizerte conjointement entre le projet
de « Jumelage » (Jumelage Culture Tunisie) et Tfanen ; deux composantes
du programme d’appui au secteur de la culture en Tunisie.
● Le LABS accélérateur pour les organisations présélectionnées pour le Fonds
d’Appui Structurant (FAS) en octobre 2019 à Tunis. Une quarantaine de
participants ont pris part à l’événement. Il avait pour objectif d’accompagner
les participants à la formulation d’un plan stratégique pour renforcer leurs
performances managériales et de soutenir leurs positions dans le secteur
culturel.

3. Répartition de l’échantillon de l’étude & participants

Afin de bien mener cette mission, un échantillon représentatif a été convenu avec
l’équipe du projet et constitué de 30 entretiens au total, répartis en fonction de :
● La région du Labs ou son objectif

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● Le nombre de participants par LABS et le nombre de Labs par région
● L’institution d’origine pour les participants (Établissement public, acteur privé
ou entreprise ou organisme de la société civile)

Ce mode d’échantillonnage a permis de définir la répartition donnée par le


graphique qui suit (le listing en annexe).

A. Répartition de l’échantillon LABS Régionaux

L’échantillon total pour les labs régionaux est au nombre de 25 répartis en


fonction du nombre de participants et du nombre des labs réalisés par région comme
l’indique le graphique ci-dessus.

Répartition de l’échantillon selon les régions des labs

● 4 entretiens ont été réalisés respectivement pour les labs de Tozeur, Tabarka,
Djerba, et Bizerte.
● 3 entretiens pour les Labs respectivement du Kef, Mannouba/ Zaghouan et
Ariana/Ben Arous.

Cette répartition a aussi pris compte dans sa représentativité de l’axe


professionnel des participants, vu la présence de participants issus du secteur
public, d’associations mais aussi d’artistes travaillants à leurs comptes ou dans des

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entreprises. L’échantillon dont la répartition est visible dans le graphique suivant se
défini comme suit :
● 9 participants travaillant dans le secteur public
● 10 participants acteurs de la société civile
● 6 artistes travaillant pour leurs comptes ou aux seins d’entreprises

Répartition de l’échantillon des entretiens labs des régionaux selon le profil professionnel des
participants

B. Répartition entretiens LABS Jumelage

Le labs Jumelage est représenté dans cette étude par 2 entretiens de


participantes issues du secteur culturel publique vu que la totalité des participants de
ce labs y appartiennent.

C. Répartition entretiens LABS Accélérateur

Pour le labs Jumelage, destiné à accompagner les entreprises dans l’éventualité


d’avoir un financement de Tfanen, l’échantillon a englobé 3 entretiens répartis
comme suit :
● 2 entretiens pour ceux qui ont reçu un financement
● 1 entretien pour une association n’ayant pas reçu de financement

II. Feedbacks et perception des LABS

La perception des LABS est mitigée selon les différents participants et leurs
catégories, elle est automatiquement associée à la formation. Le labs est perçu
comme une nouvelle expérience d’apprentissage en termes d’andragogie et de

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déroulement, mais aussi comme une occasion de réseautage. Néanmoins, cette
expérience est aussi perçue comme un mélange de plusieurs profils « n’ayants pas
le même intérêt ni le même niveau » qui freine un déroulement optimal de la
formation.

1. Les LABS et leurs objectifs ; comme source d’apprentissage

Les trois LABS partagent des objectifs d’apprentissage et/ou de


perfectionnement des connaissances qui sont reconnus presque unanimement par
les participants en spontané ou en assisté. Cependant, ces objectifs se dissipent de
la mémoire des participants avec le temps surtout chez les participants “parachutés”
pour les Labs régionaux.

Pour le LABS Jumelage, les participantes expliquent spontanément que l'objectif


est « le perfectionnement des connaissances acquises lors des LABS régionaux ».
Cependant, pour les autres catégories de Labs, seulement un tiers se rappelle
spontanément des objectifs comme étant une occasion d’apprendre à monter un
projet culturel.

2. Feedbacks globaux :

Globalement, les feedbacks sont positifs par rapport aux LABS de toutes les
catégories confondues pour approximativement 90% des participants.

A. La logistique

D’un point de vue organisation, le choix de l'hôtel et le catering, la totalité des


participants des différents types affirment leurs satisfactions quant aux conditions
logistiques des LABS. Seuls deux points sont à revoir, à savoir :
● L'emplacement des LABS organisés en présence des officiels étrangers où
l’emplacement des traducteurs a perturbé la concentration des groupes
installés sur les tables au fond (cas de LABS Ariana/Ben Arous).
● Le logement pour les habitants de Djerba pour le LABS de Djerba qui
finissent tard et qui ont du mal à rejoindre leurs logements le soir.

B. Le timing & le déroulement :

Le timing des formations, réparties sur deux jours, fait que les sessions
deviennent intenses. Point faible des sessions, cette intensité du rythme est
associée à une fatigue extrême et une déconcentration. Même si les formations ne
sont pas magistrales et intègrent plusieurs activités, le rythme diminue
essentiellement après le déjeuner. Certains participants proposent une formation de
trois jours avec un planning finissant à 15h au plus tard qui, en cas de retard ou de
dépassement, prendra fin à 16h.

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C. Les formateurs et les facilitateurs

En spontané, la présence des facilitateurs dans les LABS est l’atout satisfaisant
pour la moitié questionnées. Leurs rôles dans la dynamique des formations et la
cohésion des groupes est incontestable. Ils accentuent l’aspect ludique des activités
et les rendent plus accessibles. Ils sont globalement bien perçus par les participants.

Pour les formateurs, les avis sont mitigés. Bien que la plupart des formateurs
soient jugés “excellent”. Wafa Belgacem est citée comme un exemple de
disponibilité. En outre, pour la formatrice chargée de présenter la partie collecte et
bailleurs de fonds, il y a eu un reproche récurrent à sa manière de présenter son
contenu et la langue utilisée.

D. Contenus et activités

Bien que, en spontanée, les participants ne se rappellent pas le contenu des


formations, ce sont les activités ludiques qui prônent dans les mémoires des
participants comme celle avec le ballon visant à expliquer métaphoriquement
l'importance du travail du groupe ainsi que le concours entre les groupes des
participants pour appliquer les compétences et connaissances vues lors de la
formation dans un une idée de projet culturel. “La bonne chose est qu’il y a eu une
partie théorique qui précède une partie pratique. Il y a eu aussi un cercle de
discussion”. Cette approche change des formations magistrales classiques.

En outre, bien que le volet application des connaissances soit succinct, l’idée de
le faire avec un concours entre les participants où les projets peuvent gagner un
petit financement comme prix est un point fort du LABS.

E. Matériaux de formations

Si la qualité des matériaux des formations est jugée bonne, plusieurs participants
n’ont pas reçu les supports de formations en aval des LABS (Ben Arous, Bizerte, Le
Kef …) Il est à noter que seulement 10% de l’échantillon affirme avoir s'être référé
aux supports reçus. Si les supports sont jugés simples, ils ne reprennent pas tous
les détails de la formation. De ce fait, plusieurs participants reviennent à leurs
propres notes en cas de besoin.

F. Langues de la formation

La langue de formation a été un obstacle d’apprentissage pour quelques


participants. Ce point est mis en avant dans les LABS régionaux seulement. En
effet, les formateurs qui ne parlent qu’une seule langue et qui n'expliquent pas avec

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le dialectale freinent la compréhension pour les personnes issues de la fonction
publique qui sont plus arabophones, ou celles issues de la société civile qui sont
plus francophones.

G. La sélection et ses critères

Cette question n'étant pas inclus dans le guide de discussions au départ, ce point
s’est imposé au fur et à mesure des entretiens pour les LABS régionaux. En effet, si
les deux autres LABS ont une cible homogène, la présence des acteurs issus de
trois milieux différents mais complémentaires représente une “arme à double
tranchant". Bien que l’idée de les réunir soit noble et peut être efficiente en termes
de réseautage, les besoins, les niveaux et les visions des participants sont diverses.
Pour 70% des membres de la société civile, la gestion et la rédaction de projet est
une thématique déjà connue lors de formations avec d’autres bailleurs de fonds. Il
en est de même pour les acteurs issus des institutions publiques où le niveau par
rapport à ces compétences diffère, par exemple, des responsables de bibliothèques
aux directeurs des centres et complexes culturels.

En outre, il est à noter que faire passer l’appel à participation à la sélection par
les commissariats régionaux de la culture a posé quelques difficultés, vu que les
associations n’ont pas bien saisi l’appel ou qu’on a contacté des associations
n’ayant aucune activité culturelle antécédente ou future. Un autre cas de figure a été
recensé dans deux cas lors des entretiens. On parle des associations et/ou les
entreprises qui envoient un représentant au hasard “juste pour marquer la présence”
faute d’avoir eu l’information tardivement. Le système de sélection et d’appel à
candidature est à revoir ainsi que l’idée d'associer les différents profils dans un
même LABS.

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I. Les connaissances et compétences ; évaluations impacts et
partages
Concernant les compétences et les connaissances, et avec la période du
confinement, nous avons fait face à un oubli de la part des participants. De ce fait
toute cette partie s'est faite en assisté. En outre, comme les modules qui n’ont pas
été traités en totalité d’un LABS à un autre (LABS régionaux).

I. Evaluation des acquis ; connaissances et compétences

Pour la question, “Qu’avez-vous appris du Labs”, la réponse est timide et


généralement associée à la gestion du projet généralement et les outils d’analyse de
contexte comme l’arbre à problèmes et à solutions.

Pour le LABS jumelage, le fait qu’ils soient issus du secteur public et ayant des
connaissances de bases a renforcé la cohésion du groupe. Cependant, la
redondance des mêmes thématiques que pour les LABS régionaux a été jugé
“ennuyeuse”

Pour le LABS accélérateur, l’ancrage des acquis est faible encore plus chez ceux
qui n’ont pas reçu de financement. Les participants ayant reçu des financements ont

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pu renforcer leurs connaissances par la suite grâce aux mentorats ou encore des
sessions d’informations.

Cependant, l’unanimité de la réponse des participants est remarquable sur l’idée


d’avoir des séances en ligne enregistré ou des podcasts autour des modules de
mise en place d’un projet culture. La disponibilité de tels supports est un atout pour
eux afin de se rappeler ou de se concentrer sur un point non assimilé lors du LABS.
De plus ceci permettra de faire circuler les informations d’une maniérer plus fluide
avec ses collègues et amis.

A. Développement de partenariats

Pour le volet développement et gestion des partenariats, peu de participants à


peine 10% se rappellent cette partie en spontanée. Cependant, quasiment 70% des
participants affirment pouvoir être en mesure de mieux identifier les responsabilités
des parties prenantes. Même une grande majorité, surtout des secteurs publics,
affirment être plus capables de reconnaître et d’identifier les partenaires potentiels.
Ceux qui affirment comprendre le partenariat et les modèles respectifs sont
moindres. Par conséquent, ils sont en mesure d’identifier les responsabilités des
parties prenantes. Seulement un quart des participants disent pouvoir identifier les
risques, les avantages et les inconvénients des partenariats potentiels. Cette partie
de la formation a permis aux participants des bibliothèques et autres institutions
publiques de comprendre la nécessité de renforcer les partenariats avec les
associations.

B. Analyse du contexte et diagnostic

Si, en spontané, la thématique ne dégage dans la majorité des cas aucun


souvenir, en assisté, environ deux tiers des participants peuvent identifier les
problèmes et effectuer un diagnostic. En outre, l’ancrage de l’outil arbre de solutions
et de problèmes est unanime chez les participants. Leurs aspects ludiques et le fait
de les avoir pratiqués favorisent leur compréhension. Le cas est autre pour la
gestion axée sur les résultats (RBM) dont presque peu se rappellent le nom et les
principes fondamentaux.

Cette partie de la formation a permis d’avoir une vision plus poussée des projets.
Certains participants affirment se questionner sur l’impact à long terme de leurs
projets.

C. Gestion financière et budgétisation

Pour le volet budgétaire du LABS, tous les participants s’en rappellent. L’objectif,
selon eux, était de pouvoir par la suite élaborer un budget de projet selon un modèle
budgétaire. Si seulement un quart des participants se sentent capables d’élaborer un

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budget, les autres expliquent que le temps alloué à cette partie ne fut pas suffisant
pour assimiler et pratiquer avec des budgets détaillés afin de pouvoir atteindre une
gestion budgétaire efficace.

D. Mobilisation des ressources et collecte de fonds

Cette partie fut décisive pour les participants issus des OSC, surtout car les
institutions publiques affirment “ne pas être concernées vu qu’ils n’ont pas droit aux
financements externes sauf en cas de partenariat". Cet éclaircissement sur les outils
et les approches de financement a bien été accueilli. La présentation des dates et
des sites des bailleurs de fonds fut fortement bien reçue. Cependant, la tâche
d’identification des types et des sources de financement et de ressources pour
élaborer une stratégie de mobilisation des ressources demeure encore difficile pour
eux. L’absence d’application pendant le LABS pour cette partie et l'arrêt des activités
culturelles durant la pandémie font que les participants ne se sentent pas capable de
maîtriser à un bon niveau la mobilisation des ressources et la collecte de fonds.

E. Pitch

Le volet pitch n’a pas été abordé par tous les LABS. Pour ceux qui l’ont fait, le
terme n’est pas bien connu surtout pour les participants du secteur public. En
assistant à une session dont l’objectif est de donner aux participants les bases et
outils de faire un bon argument, concis et attrayant en accord avec le projet, les
participants se rappellent l’aspect rude et difficile de la tâche. Ils mettent l’accent
aussi sur le peu de temps alloué à la session et le besoin d’en refaire pour pouvoir
réaliser un pitching structuré qui mets en avant le projet en 7-10 minutes (problème,
solution, budget, activités, partenaire).

F. Partage d'expériences

Ce volet exclusif au LABS accélérateur avec la participation d’un témoignage


étranger (formateur marocain en l'occurrence) et des expériences des différents
acteurs présents a été le point en termes de connaissances et de compétences
selon les participants

II. Application & partage des compétences et des connaissances

A la question “qu’avez-vous appris du Labs”, les réponses de la moitié des


participants en top of mind est la connaissance du tissu travaillant dans la culture
dans sa région. Cette réponse est unanime pour le LABS accélérateur et différente
pour le Jumelage où la réponse en top of mind est le perfectionnement des
connaissances.

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La notion de partage des compétences et connaissances est présente à une
hauteur de 80% des participants essentiellement dans le premier cercle. Pour ceux
qui sont dans l'associatif, le partage s'est fait avec les membres de l’association.
Quant à ceux qui sont dans les institutions publiques, surtout les bibliothèques et les
maisons de cultures, elle s’est faite avec les collègues du travail. Ce partage s’est
effectué sur deux volets : raconter la formation et ensuite partager les outils avec les
supports (matériel de formation). Néanmoins, pour le volet application des
connaissances et compétences, les participants et leurs collègues se trouvent face à
un obstacle majeur. En effet, la pandémie ainsi que la suspension et l’annulation des
activités culturelles dans le pays ont stoppé toutes possibilités d’application des
connaissances. "Même si on a des idées, il est inutile de les monter en projets vu
qu’il n’y a ni activités ni financements”.

Peu de concrétisation de projets ont été recensées surtout avec les


bibliothécaires qui ont plus de confiance et d’outils clairs pour travailler avec les
associations partenaires. Cependant, l’usage des outils aident les participants à
l’échelle quotidienne surtout pour les OSC, qui se disent mieux munis pour gérer le
budget, trouver des financements, comprendre le contexte et structurer des projets,
et pas que dans le domaine culturel. Pour le volet budgétaire, plusieurs affirment
revoir le budget de chaque petite action “ J’utilise ceux que j’ai appris dans la gestion
de mon association mais aussi dans celle de mon foyer même"

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III. Le LABS une expérience centrée sur le participant
Au-delà de la formation, le LABS a été une aubaine pour des rencontres
d’acteurs différents travaillant sur la même région et dans le secteur culturel.

1. Relationnel et réseautage

Le réseautage dans les LABS régionaux a été une prémisse pour chaque
participant pour avoir une connaissance plus approfondie du spectre d’acteurs
présents dans sa région. Néanmoins, hormis ceux qui se connaissent déjà, peu de
relations et de contacts ont perduré après le LABS. Peu de participants ont affirmé
rester en contact constant autre qu’à travers des connexions via les réseaux sociaux
et des partages de vœux occasionnels.

Pour le LABS jumelage, la rencontre de ceux qui se connaissent déjà en


travaillant dans le même secteur et ayant déjà participé à des LABS ou d’autres
formations n’a fait que renforcer leurs liens.

Le réseautage est le point fort du LABS accélérateur. Réunir autant d’acteurs


professionnels et de la société civile dans un même LABS est un point sur lequel les
participants questionnés mettent l’accent. “On a entendu parler les uns des autres,
mais on n’a pas eu l'occasion de se rencontrer”. Ce réseautage a facilité le travail
sur des projets par la suite.

2. Les partenariats

Durant notre étude, aucun partenariat réel n’a été recensé grâce aux LABS. Bien
que plusieurs participants aient parlé d’idées de partenariats ou de projets
communs, ils demeurent à l’idée embryonnaire. Ce manque de partenariats peut
être expliqué par l’absence de visions communes ou de champs d’action communs
vu que les formés parviennent de différents secteurs (public, privée, OSC) et
travaillent autour de plusieurs spécialités de l’art et de la culture ou sont hors ces
thématiques (chasse, citoyenneté). De plus, la pandémie a renforcé l’absence de
tentative pour entamer toute action. Cette probabilité de signer des partenariats ou
travailler sur des projets communs peut être relancée selon les questionnés quand
l’activité culturelle et son financement reconnaîtront une certaine stabilité.

I. Les LABS ; pistes d'amélioration


Les LABS que TFANEN a organisé sont perçus par plusieurs participants comme
des sessions pilotes et pionnières dans la sphère culturelle en Tunisie. du fait des
points d’amélioration dans les axes logistique, timing, sélection des participants,
andragogie et formateurs.

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1. Axe logistique

Du côté logistique des LABS, peu de recommandations ont été émises. En effet
vu le degré de satisfaction élevé, les participants demandent de maintenir le même
standing. Pour les LABS régionaux, il faudrait penser à ceux qui habitent loin surtout
ceux hors du grand Tunis et couvrant une grande région géographique (exemple
Djerba, Tozeur et Le Kef). Pour les LABS ayant lieu à Tunis, au centre-ville, deux
participantes ont mis l’accent sur le problème du parking et l’obligation de chercher
sa voiture le soir dans des conditions peu gratifiantes en termes sécuritaires.

Dans un autre contexte, en cas de présence d’invités officiels, il faudrait prendre


en compte l’emplacement des boxes de traductions. De même, essayer de mieux
étudier le timing de leur visite pour ne pas entraver le déroulement.

2. Axe temps et durée

Le choix de la période des LABS doit se faire selon la région et/ou la cible. Il est
important dans le futur d’étudier le timing pour choisir celui où l'activité culturelle de
la région est basse pour s’assurer de la présence des participants. Par exemple pour
le LABS de Tozeur, il faudra éviter la période entre novembre et décembre et
mars/avril où les festivals et les événements battent leurs pleins dans le sud du
pays.

Les deux jours de formations des LABS ne sont pas “adéquats” aux contenus ni
au rythme des participants. De ce fait, les formés demandent à Tfanen de réétudier
la durée afin de ne pas épuiser les participants. Pour la majorité, il est primordial de
ne pas finir tard et de ne pas réaliser des journées chargées d’informations et
d’activités pendant lesquelles “ la concentration chute de plus en plus après la pause
déjeuner''. Dans la continuité de cette piste, ils proposent de faire des sessions de 3
jours finissant à une heure plus précoce pour que “ en cas de dépassement du
timing, la journée ne se termine pas à 19h30”. D’autres participants à l’étude, plus
minoritaire, proposent de garder tous les participants à l'hôtel et de faire quelques
activités ludiques d’application des acquis le soir.

3. Axe andragogie et choix des formateurs

Pour le volet formation, l’ancrage des connaissances et des compétences est un


point qui demande plus d’investissement de la part de l’équipe de Tfanen mais aussi
des formateurs et facilitateurs. En effet, la pandémie a stoppé l’application des
connaissances dans la vie de tous les jours et leurs mémorisations. Plusieurs points
sont à améliorer d’un point de vue andragogique pour y remédier. Pour commencer
les participants sont unanime sur l’importance de la présence des facilitateurs et la
nécessité de les garder.

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Premièrement, Les LABS ayant durée chacun 2 jours, il s’avère que les
thématiques et outils n’ont été que sommairement travaillés d’un point de vue
théorique et pratique. En effet, les participants trouvent qu’il y a trop de thématiques
pour une période de deux jours.

Si l’idée du concours a eu du succès et fait passer la formation de l’aspect


théorique au pratique, beaucoup du temps est perdu dans la création des groupes et
l’instauration de leur cohésion. Cette dernière est encore fragilisée en cas d’absence
ou d'abandon de participants durant le deuxième jour ou l'après-midi.

Ensuite, comme les personnes issues du secteur public sont plus à l’aise avec la
langue arabe littéraire et les autres plus francophones voir anglophones, les
formateurs doivent être bilingue dans leurs présentations.

De plus, un certain manque dans le passage du théorique à la vie réelle rend la


formation abstraite pour les participants. Pour y faire face et rendre le contenu plus
palpable, ils préconisent plus de pratique sur des cas issus de l'expérience des
participants ou plus de partage d'expériences avec des témoignages de personnes
ayant réussi ou subi des échecs.

Pour finir, les participants réclament pour les notions de projets des modules
d'initiation sur le marketing et la communication digitales dédiés aux actions et
projets culturels.

D’un point de vue formateur, peu de remarques sont recensées sauf celles qui
recommandent d’éviter les “formateurs présentateurs" qui se contentent de lire
seulement les diaporamas.

4. Axe sélection des participants

La sélection des participants est l’axe sur lequel Tfanen devra se focaliser dans le
futur. Point fort pour le LABS jumelage et LABS accélérateur, il est le point fragile
des LABS régionaux. De ce fait, tout le processus doit être revu.

Il est préférable que la sélection soit entamée par une meilleure analyse du
contexte pour chaque LABS régional ou thématique par l’équipe de Tfanen. Cette
analyse devra dresser le listing des spécialités culturelles et artistiques présentes
dans la région, la cartographie des acteurs et leurs besoins pour finaliser les critères
de sélection.

De même, un rapprochement des champs d’action des participants serait


pratique afin d’optimiser les interactions dans les projets du concours et dans la
manière d'appréhender l’aspect pratique du LABS (par exemple, tout ou une bonne

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partie dans le domaine de la musique et la danse ou tout dans le domaine du
patrimoine)

Afin d'éviter d’avoir des participants non impliqués (envoyés au hasard) ou


inconscients de l’importance des LABS il faut faire un appel à participation en ligne.
Cet appel évitera de sélectionner des participants hors cible (les responsables
d’espaces publics qui ne peuvent pas lancer de projet ou des membres des OSC
sans aucune relation avec le domaine culturel) en expliquant les objectifs de la
formation. De même, cet appel pourra être sélectif en demandant aux participants
leurs visions et attentes afin de dégager leurs motivations et s’assurer qu’ils
n’abandonnent pas la formation en cours, tout en expliquant que ce n’est pas une
garantie pour un financement. Pour réussir cette sélection, il serait important de ne
pas passer par les entités publiques comme les CRAC qui peuvent devenir des
acteurs d’appui à la diffusion de l’appel à participation.

Bien que la rencontre OSC, privée et publique peut être bénéfique pour
développer le networking, elle est une menace pour le déroulement des LABS
régionaux. D’une part, le niveau est différent car les membres des associations et
des entreprises privées sont dans l’obligation d'être plus à jour et de chercher des
financements pour mettre en œuvre des projets culturels. D’une autre part, les
besoins ne sont pas les mêmes en termes de formations et d'applications pour les
deux secteurs. Les participants issus de secteurs publics portent moins le souci du
financement que les autres participants dont leurs survies en dépendent.

Dans un dernier point, l’implantation de plusieurs LABS dans des régions et pas
dans d’autres est synonyme de susceptibilité. Si les participants du nord-ouest
pensent que deux LABS sont insuffisants pour leurs régions (Kef et Tabarka), ils
mettent aussi l’accent sur leurs absences dans les zones ouest du pays (Kasserine,
Sidi Bouzid, Kairouan) ainsi que dans la zone du Sahel alors qu’ils sont plus
nombreux sur le grand Tunis et Bizerte.

I. Image de Tfanen pour les participants des LABS


Tfanen, s’est implanté en Tunisie en 2016. Le travail des LABS et son
implantation dans différentes régions a participé à la mise en place de sa notoriété et
la création de son image dans le pays et le monde des acteurs culturels en Tunisie.

1. Image de Tfanen chez les formés

Les LABS ont fortement contribué à la mise en place de la notoriété de Tfanen


comme premier programme d’appui et de financements des programmes culturels.
Cependant, cette image est mitigée. Pour un quart des questionnés Tfanen est

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connue mais son rôle et ses programmes ne sont pas encore clairs. Une
présentation de Tfanen au démarrage des LABS sera fortuite.

En outre, pour la moitié, même si Tfanen offre une bonne initiative avec ces
LABS, son image est entachée. Les participants reprochent à l’équipe un certain
favoritisme vu l’absence de transparence en termes des critères de sélection des
formés des LABS mais aussi des projets financés. Une fraction a une version plus
dure et pense que la sélection des LABS est aléatoire “juste pour marquer un
nombre de présents par session”.

De plus, le manque de communication et de médiatisation des actions de Tfanen


et des projets qu’elle a financés dans les médias est mal perçu. Il est
malheureusement traduit par un manque de travail de communication ou par un
manque de succès des actions entreprises ou même par le reflet du favoritisme cité
auparavant.

2. Suivi et évaluation des LABS

Le suivi et l'évaluation des LABS est un point sur lequel les participants des OSC
et les secteurs publics les plus chevronnés mettent l’accent. Bien que les
consultants de CONSEIL aient été bien accueillis par les questionnés, L’équipe de
Tfanen est perçue comme absente du processus des LABS dans les étapes de
sélection, du déroulement et du suivi/évaluation par la suite. Cette absence des
LABS se dissipe seulement “quand les officiels arrivent”.

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Contrairement à ce qui a été remarqué auprès des différents Grants, les formés
des LABS reprochent l’absence de suivi en aval qu’ils soient en termes des
connaissances ou en termes d’évaluation et de satisfaction à vif.

3. Présence et appui après les LABS

La présence et l'appui de Tfanen après les LABS est le plus grand reproche des
participants pour le programme. L'image de Tfanen est donc fragilisée auprès des
participants après les LABS même si les participants se disent satisfaits de la
formation, de son contenu et des formateurs, l’absence de l’équipe pendant et après
la formation touche négativement à l’image de Tfanen. Comme une partie n’a pas
reçu les modules, ils reprochent à l’équipe ce manque de suivi en aval des LABS.
Ce manque s'accentue par le non suivi des projets gagnants des compétitions des
LABS par Tfanen pour réalisation ou pour financement. Cette absence de Tfanen
laisse un goût amer auprès des participants ayant pris au sérieux le volet projet du
LABS qui est parfois perçu comme “un programme cherchant à marquer des
formations accomplies sur son tableau d’activité”. Cette vision est encore plus
accentuée chez les participants du LABS accélérateur qui n’ont pas eu de
financement et qui pensent que “Tfanen mets à l’écart quelques spécialités comme
la mode.” Dans la même vision, des participants ont proposé une rencontre
nationale regroupant dans une compétition (ou hackathon) des finalistes de chaque
labs régional avec un financement total du projet gagnant. D’autres proposent que
les participants aux LABS et surtout les gagnants de la compétition soient prioritaires
pour le financement de projets.

Un Survey de satisfaction et de suivi aurait été une bonne piste. En outre, la mise
à disposition de la liste des participants de tous les LABS dans une plateforme de
réseautage a été suggérée. L’usage de ce data par Tfanen sera aussi important
pour les informer des appels à financement ou toutes autres activités du programme.

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Les LABS ont donc fortement touché l’image de Tfanen d’une manière négative.
L’absence de suivi après les LABS, l’association de différents profils et les “défauts
de sélection” ont fragilisé l’image de Tfanen.

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Conclusion et recommandations
La mini étude d'évaluation réalisée révèle l’importance de la présence de la
formation sur l’élaboration des projets culturels pour les acteurs du secteur surtout
public et les jeunes associations. C’est dans ce contexte que « Tfanen créative »
comme programme d’appui aux programmes culturels a mis en place les LABS, des
journées de formations et de rencontres, dont leurs trois typologies dans la période
allant de 2018 à 2020 :
● Labs régionaux ; pour la formation des acteurs publics, privés et des
organisations de la société civile par région
● Labs accélérateur ; pour la formation des acteurs privés et des associations
spécialisées dans la culture sur le montage de projet et les outils de
présentation un dossier à présenter à Tfanen ou autres bailleurs
● Labs jumelage pour le perfectionnement des connaissances de participants
issus du secteur public ayant déjà participé aux LABS régionaux

Ces LABS ont renforcé la présence de Tfanen ainsi que sa notoriété dans la
sphère culturelle tunisienne mais aussi ont fragilisé son image par la suite. Tfanen a
été accueillie comme pionnière en tant que programme spécialisé dans l’art et la
culture mais aussi en tant qu’entité lançant des programmes de formation pour le
montage des projets culturels à un tel degré. Cependant, l’image de Tfanen comme
programme leader est entachée par ces LABS. En effet, si les formateurs, le
contenu et l'aspect logistique des sessions sont satisfaisants, le déroulement par
rapport aux timings laisse les participants perplexes. La condensation d’un excès de
données en deux jours de formation fait que le rythme est très intense et freine
l’assimilation des connaissances. Le recours aux facilitateurs et la pratique des
connaissances avec la compétition sont les points forts des LABS ainsi que le
partage d'expérience pour le LABS Accélérateur.

Néanmoins, le talon d’Achille de ces LABS est le critère de sélection. Au-delà du


point de vue de la motivation, de l’engagement et de la disponibilité des participants,
la sélection menace l’efficience des LABS. Bien étudier le contexte régional pour les
LABS en amont de la sélection des participants et la possibilité de cohabitation des
participants issus des secteurs privés et publics est primordial. Les besoins, visions
et niveaux des participants forment un gap pour la création d'interaction, l’évolution
de la formation et le travail des formateurs. En outre, l'intérêt des participants diffère
en fonction de la spécialité artistique ou du secteur culturel duquel ils sont issus.

La pratique des acquis et des connaissances des sessions est rarissime selon
notre mini-étude. La pandémie ayant freiné la vie culturelle, elle a découragé toute

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initiative de mise en place de projets. De ce fait, les compétences acquises sont
juste partagées avec le premier cercle professionnel du participant.

De même, si les LABS ont été conçus comme une occasion de créer et connaître
le relationnel de la sphère culturelle de la région, peu de partenariats ou d'idées de
projets ont eu lieu grâce à eux. De même les participants n'ont pas gardé le contact.
Il est donc important de capitaliser sur la base de données des contacts créés grâce
aux LABS en appuyant les participants par la suite pour leurs dépôts de dossier de
financement de projets et renforcer le lien entre les participants grâce à une
plateforme de contact regroupant les contacts de tous les participants issus des
secteurs.

Pour finir, la présence de Tfanen et de ses représentants pendant les LABS et


par la suite par l'envoi des fichiers et d’un survey de satisfaction peut consolider
l’image de fiabilité. De même, des modules de formation sur la notion des
partenariats public-privé peuvent être pris en compte pour les prochains LABS.

Si cette mini-étude d’évaluation de l’expérience des participants est perçue par


les artistes comme étant un point positif, elle dévoile aussi une multitude de petites
failles à améliorer sur lesquelles Tfanen ou tout autre bailleur de fond culturel doit se
pencher lors des prochaines résidences ou tenter d’appliquer actuellement avec la
reprise de la vie culturelle en Tunisie.

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Annexes
Répartition des participants aux LABS régionaux

Labs Taille Étatique Privé OSC


Tozeur 4 2 1 1
Tabarka 4 0 1 3
Djerba 4 2 0 2
Bizerte 4 2 1 1
Kef 3 1 1 1
Mannouba / Zaghouan 3 1 1 1
Ariana / Ben Arous 3 1 1 1
Total 25 9 6 10

Liste des participants

Nombre LABS Institution Nom Etablissement


1 Bizerte Etablissement public Lotfi Naaouali Maison de culture Bizerte
2 Bizerte Etablissement public Nouredine Khalifa Festival Medina Bizerte
3 Bizerte Acteur Privé Wissal Ben Slimen Artiste plasticienne
4 Bizerte OSC Salah Sfaxi URA Bizerte

5 Ariana / Bens Arous Etablissement public Attyet Othmani Bibliothèque Hammem lif
6 Ariana / Bens Arous Acteur Privé Thameur Hosni Entrepreneur
7 Ariana / Bens Arous OSC Issam Soltani Association Kalima
8 Manouba / Zaghouan Etablissement public Chizar Jedday Crac Zaghouan
9 Manouba / Zaghouan Acteur Privé Khaled Chaieb ASM Zaghouan
10 Manouba / Zaghouan OSC Ines Chebbi Association Founoune
11 Tozeur OSC Rached Zemzeri Association Touris Mansoura

12 Tozeur Etablissement Public Wissem Taleb MC Chedly Ktari


13 Tozeur Etablissement Public Wahiba Hammi Bibliothèque Ahmed Zarrouk
14 Tozeur Acteur Privé Faouzi Ben Mahjoub Café culturel Privé
15 Tabarka OSC Slim Saidi Association ecotourisme
16 Tabarka OSC Firas Manai ‫جمعية زهرة الشمال للفنون الركحية و التنمية بباجة‬

17 Tabarka Etablissement Public lotfi zmeli complexe culturel Beja


18 Tabarka OSC imene jebri Association voix de jeunes
19 Jumelage Etablissement Public Mlaouhi Najouwa Directrice MC benarous
20 Jumelage Etablissement Public Ben Yahia Sonia CRAC Ben Aours
21 Djerba Etablissement public Amor El Kouz Commissariat De La Culture

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22 Djerba Etablissement public Naima Haddar CRAC Gabès
23 Djerba OSC Abdallah Chebli Modatheatre
24 Djerba OSC Bouthaina Ben Abdallah Théâtre libre
25 Kef Etablissement public Ilhem Belhadj Bibliothèque Dahmeni
26 Kef OSC Afef Chograni Ass. Artisans Du Kef
27 Kef Acteur Privé Wided Dhaoui Centre international Jughutrtha
28 Accélérateur Acteur Privé Awatef Mosbeh Morbiket
29 Accélérateur Acteur Privé Khalil Jebali Maison de l'image
30 Accélérateur OSC Sami Montassar Association De Mode

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