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Franck RIESTER

Député-maire de Coulommiers,
Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias

Emmanuel HAMELIN
Conseiller régional,
Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias

Frédéric LEFEBVRE
Président d’honneur du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias

« Création et Internet »
Mission confiée à Patrick ZELNIK, Jacques TOUBON et Guillaume
CERUTTI

Mardi 2 février 2010


Frédéric LEFEBVRE, Président d’honneur du Club parlementaire sur
l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Bonsoir à tous. Nous sommes heureux de vous réunir ce soir et
d’accueillir nos invités, Patrick ZELNIK et Jacques TOUBON. Avant toute
chose, je tiens à rappeler que j’ai plaisir à accueillir nos amis parlementaires.
Quels que soient les sujets que nous abordons dans le cadre du Club, la question
du contenu apparaît comme essentielle, tout comme celle de la création et de
son financement. Nous avons également eu l’occasion d’évoquer les textes de
loi comme HADOPI et la loi sur l’audiovisuel public. Nous avons défendu des
dispositifs, des amendements et différentes des positions. Nous avons parfois eu
raison de voter sur des dispositifs comme ceux de l’audiovisuel public.
Dans les mois à venir, nous travaillerons énormément sur la question des financements. A ce
titre, le rapport ZELNIK constitue une piste majeure pour travailler sur cette question d’avenir. Il est
donc important et utile d’en débattre aujourd’hui. C’est ensemble que nous parviendrons à bâtir un
système qui, quoi qu’il en soit, ne peut permettre à chacun de vivre que dès lors que l’on n’occulte pas
cette question cruciale du contenu.
Lors du lancement du débat sur l’identité nationale, nous recevions Frédéric MITTERRAND.
J’indiquais déjà à cette époque qu’un des points majeurs du débat réside dans la question de
l’exception culturelle française. Le débat sur l’identité nationale s’étend à la question de la
mondialisation et de ses conséquences. Il recoupe les questions d’immigration, d’industrie au sens
large (délocalisations). Mais également l’exception culturelle française. Dans un monde de plus en
plus mondialisé, il faut réfléchir ensemble aux moyens qui permettront de préserver notre identité. Se
pose donc un débat sur le consumérisme vis-à-vis de la création, c’est-à-dire des débats d’ores et déjà
évoqués par le biais de la loi HADOPI et que nous évoquerons à nouveau par les autres pistes
ouvertes.
Je vous invite donc à un débat ouvert, qu’il s’agisse de la question de la taxe dite Google ou
les questions de gestion collective. Nous attendons que vous vous exprimiez librement sur votre vision
de l’avenir. C’est important pour les parlementaires, Patrick ZELNIK, Jacques TOUBON et nos amis
journalistes qui pourront ainsi mesurer l’état du débat et notre volonté commune de parvenir à des
solutions pour le financement durable de la création française.

Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du


Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Nous sommes ravis de vous accueillir à nouveau pour cette séance du
Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias. Nous sommes
également heureux d’accueillir Patrick ZELNIK. Cette journée reste
particulière pour ce qui me concerne car l’Alsace est la première région de
France à avoir basculé à la télévision tout numérique. Comme vous le savez,
je suis maire de Coulommiers, première commune à être passé à la télévision
tout numérique. Toutes les régions en feront autant d’ici novembre 2011. Ce
rassemblement du Club en ce jour constitue donc un signe fort.
D’autre part, nous recevons Patrick ZELNIK pour évoquer les
questions de création et d’Internet. Nous saluons la présence de Michel THIOLLIERE, rapporteur du
projet de la loi HADOPI au Sénat. Tous les parlementaires présents ce soir ayant participé au débat
sommes ravis de poursuivre les échanges sur les travaux qui nous ont mobilisés pendant 110 heures à
l’Assemblée nationale. Ces derniers ont pour objectif que les offres légales sur Internet soient les plus
facilement accessibles aux consommateurs et que les auteurs et la création soient rémunérés.
Enfin, c’est avec un immense plaisir que nous accueillons Marie-Françoise MARAIS,
Présidente de HADOPI. Merci de l’applaudir. Tous nos efforts pour créer cette autorité administrative
indépendante sont incarnés par sa présence. Michel THIOLLIERE et moi-même participons à la
HADOPI. Nous avons été respectivement nommés par le Président du Sénat et celui de l’Assemblée

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
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Nationale. Nous resterons mobilisés pour que les décisions parlementaires soient mises en œuvre le
plus rapidement possible.
Je rappelle aux professionnels présents ce soir que la HADOPI regroupe de nombreux
parlementaires de toutes mouvances politiques. Certains parlementaires se sont opposés au texte.
Quelle que soit leur opinion, tous peuvent nous rejoindre pour débattre avec vous. Nous saluons à ce
titre Jean DIONIS DU SEJOUR, Marcel ROGEMONT, Lionel TARDY et Patrice MARTIN-
LALANDE qui ont joué un rôle majeur lors des débats parlementaires sur la loi HADOPI.
Ce texte et sa mise en œuvre sont une chose. Il nous faut continuer à travailler et réfléchir à
des solutions qui permettront aux offres, biens et œuvres culturels d’être diffusés le plus largement à
nos concitoyens, et qui permettront aux auteurs, créateurs et autres personnes travaillant dans les
filières culturelles d’être légitimement rémunérés pour leur travail.

Emmanuel HAMELIN, Conseiller régional, Coprésident du Club


parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Je tiens à vous remercier de votre présence à ce dîner-débat portant sur le
fond de l’audiovisuel. Nous avons déjà évoqué la HADOPI par le passé. Je me
réjouis de la venue de nos invités pour débattre sur la mission « création
Internet », avec Jacques TOUBON, que je connais depuis quelques années, et
Patrick ZELNIK, avec qui j’ai travaillé en 2005. Je connais sa clairvoyance sur les
différents sujets que nous évoquons et je me réjouis de sa nomination à cette
mission. Nos invités se joignent à nous non pas délivrer une conférence, mais pour
débattre.
Nous connaissons globalement les thématiques qui font débat, comme la gestion collective ou
la taxe Google, par exemple. Nous savons par ailleurs que de nombreuses propositions font consensus.
Néanmoins, il faut en débattre également. Nous ne nous réunissons pas uniquement pour évoquer les
difficultés. A présent, je laisse la parole à Patrick ZELNIK.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Bonsoir à tous. Je suis ravi d’être parmi vous. On m’a annoncé une soirée
mouvementée. Vous savez que je suis opposé à toute violence physique. Internet
constitue davantage qu’un sujet de société. C’est un véritable sujet de civilisation.
Ce média a chamboulé nombre de professions. Par exemple, la presse, qui souffre
énormément à l’heure actuelle, a vu dans un premier temps Internet comme un
moyen de promouvoir ses articles. Aujourd’hui, elle réalise que la gratuité sur
Internet constitue une sérieuse menace.
La meilleure manière d’aborder HADOPI consiste à mentionner la
réaction des autres pays européens et des Etats-Unis. Cette loi est perçue comme une solution
homéopathique. La riposte graduée ne constitue pas un médicament véritablement brutal. L’Espagne,
le Royaume-Uni et l’Allemagne s’inspireront prochainement de HADOPI . Ces pays suivent
attentivement les différentes discussions et les conclusions du rapport que je vous présente
aujourd’hui, qui suscite de nombreuses controverses.
Nous avons formulé 22 propositions. Constance RIVIERE, présente parmi nous, est
rapporteuse de ce rapport. Nicolas COLIN a également apporté sa contribution. Nous aurions préféré
disposer de davantage de temps pour rendre ce rapport. Par conséquent, nous nous sommes focalisés
sur les problématiques essentielles. A ce titre, il ne faut pas confondre les objectifs et les moyens. Par
exemple, le débat s’est cristallisé autour de la gestion collective obligatoire, un moyen parmi les autres
pour atteindre nos objectifs. D’autres moyens sont tout aussi efficaces, dont la gestion collective
volontaire.
Rappelons les grands objectifs. Il s’agit d’abord d’améliorer et enrichir l’offre légale, qui ne
pose pas uniquement un problème de piraterie. Je préfère le terme de téléchargement « illicite ». J’ai
toujours indiqué, pour ma part, que l’une des causes essentielles de la crise réside dans la
concentration de l’industrie du disque. A cet égard, la Commission européenne n’a pas toujours joué
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
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son rôle de régulateur. Tirons les leçons du passé du marché physique pour ne pas répéter nos erreurs
sur Internet.
L’exemple de l’industrie du livre montre un avenir sur ce nouveau média alors que le livre
électronique représente uniquement 0,8 % du marché américain du livre. Cette industrie met
actuellement en place un portail de référencement du GIE pour éviter le cloisonnement et la
segmentation de l’offre qui se sont révélés dévastateurs pour l’industrie de la musique. Cela fait donc
partie de nos propositions.
En deuxième élément, la simplification des droits peut permettre aux citoyens d’accéder à
l’ensemble des biens culturels et les contenus (écrit, image et son). A ce titre, non seulement Internet
est un médium multimédia, mais il est également interactif. Il existe une relation directe, et parfois
trop instantanée avec l’utilisateur. Peut-être mes propos actuels sont-ils déjà en train d’être reportés sur
Internet, titrés : « Le fiasco de la mission ZELNIK »…
La troisième piste est le financement de la création et de l’industrie culturelle. Nous
recherchons un modèle économique. L’industrie musicale est celle qui souffre le plus à l’heure
actuelle. La mission lui a prévu un « plan orsec » avec des mesures d’urgence comme le crédit d’impôt
et l’amélioration du financement par l’IFCIC. Selon moi, le financement est une question de jours
pour cette industrie. La rémunération des artistes joue également un rôle majeur. Je me trouve certes à
la tête d’une entreprise indépendante.
Toutefois, nous devons parvenir à un accord entre l’ensemble des acteurs de la filière, y
compris les majors qu’il ne faut pas diaboliser car elles doivent animer le marché. Tous les acteurs,
auteurs, artistes, interprètes, éditeurs (en ligne ou non), producteurs et l’industrie globale doivent
recouvrer une santé financière. Voilà pour l’introduction du débat. Je serai ravi de répondre aux
différentes questions.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la


HADOPI
Bonsoir à tous. Je suis heureux de participer à ce Club parlementaire. Je
remercie Frédéric LEFEVBRE et Emmanuel HAMELIN de nous avoir conviés
rapidement après la sortie du rapport, les déclarations du Président de la
République et la tenue du MIDEM. Le sujet dont vous traitez constitue aux yeux de
tous une question d’urgence. Le Président de la République et le Gouvernement ont
demandé aux Ministères de préparer rapidement les mesures d’application des
propositions dur rapport ZELNIK. Le Gouvernement les jugera opportunes ou non.
Je suis également ravi de rencontrer aujourd’hui de nombreuses personnalités, dont Marie-
Françoise MARAIS, Présidente de la HADOPI. Pour ma part, je siège en tant que membre du collège
de la HADOPI.
Le travail effectué par la mission Zelnik s’inspire d’une idée simple : les caractéristiques de la
diffusion par les plateformes et les réseaux numériques conduisent inexorablement à penser qu’on ne
peut régler les différentes problématiques, y compris les problématiques culturelles, que par le marché
et son bon fonctionnement. Cette technologie et l’usage qui en est tiré défie tous les cloisonnements et
les conceptions « administrées » de l’économie.
De fait, nous nous sommes inscrits dans cette optique non pas pour faire plaisir aux
consommateurs, ni parce que nous pensons qu’il est bon que les grands soient plus forts que les petits
sur le marché, mais parce que nous n’atteindrons véritablement nos objectifs : mettre en place des
services culturels en ligne qui mettent à la disposition du plus grand nombre, dans de bonnes
conditions de qualité et de rentabilité économique, la musique, le cinéma, la vidéo, la télévision et le
livre, que par le fonctionnement régulé du marché.
Nous n’avons pas abordé la question de la presse parce que nous ne pouvions pas tout aborder.
Cette question se pose néanmoins.
Offrir les services dans les conditions que je viens d’indiquer, tout en respectant les droits des
ayant droits et leur réalité. Il faut donc trouver un équilibre dans le partage de la valeur tout au long de
la chaîne de la musique, du compositeur à l’auditeur. Dès lors, il faut essayer de viabiliser un modèle
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économique. Notre rapport traite des trois secteurs (musique, cinéma et audiovisuel, et livre) avec
cette philosophie commune à partir de mesures que nous souhaitons concrètes et étroitement adaptés
aux caractéristiques et la culture de chaque secteur. Par exemple, la présomption de cession de droits
pour les producteurs de cinéma ne se retrouve pas dans l’industrie musicale.
Nos propositions s’efforcent d’apporter de la stabilité à l’économie de l’Internet et une qualité
qui permette qu’on puisse y accéder sans le piratage ou gratuité par la fraude. Il faut donc des
entreprises capables de produire l’offre que je décris et qui puissent en vivre. Parallèlement, nos
propositions consistent à identifier les trois ou quatre éléments de blocage de ce processus. Il s’agit
d’abord des déséquilibres dans le partage de la valeur ou des inégalités de puissance. C’est le rôle
d’une politique de régulation culturelle d’essayer d’y pourvoir. De ce point de vue, la gestion
collective constitue un moyen et non une fin.
Deuxièmement, il s’agit d’éviter la concentration, dont celle de la recette publicitaire, qui
conduit au formatage et à l’appauvrissement de la proposition. Troisièmement, il s’agit d’éviter qu’un
seul acteur qui paie systématiquement, c’est-à-dire le contribuable. Nos propositions disent à Monsieur
WOERTH qu’en cas d’accord du Gouvernement, nous ne lui demanderons pas plus d’argent qu’il
n’en disposera, via le grand emprunt sur lequel 700 millions d’euros seront affectés à la culture, par
exemple, ou via les propositions fiscales que nous formulons. Une de ces dernières consiste à réduire
le manque à gagner sur la TVA réduite au bénéfice des abonnements « triple-play ». Une autre
consiste à récupérer une nouvelle recette à partir des moteurs de recherche.
J’ai eu grand plaisir à travailler avec Patrick ZELNIK, Guillaume CERUTTI et nos deux
rapporteurs. Selon moi, nous sommes restés cohérents sans chercher le compromis entre les
positionnements des uns des autres. Nous avons reçu 200 personnes et recueilli une cinquantaine
d’opinions différentes. Notre travail a consisté à se placer dans la réalité économique. Qu’on le veuille
ou non, il n’existe pas de politique culturelle sans respect de certaines réalités économiques. Certes la
culture n’est pas une marchandise, mais nous ne devons pas en faire une enclave irréelle, auquel cas
elle finira par disparaître. Nous devons donc jouer sur le terrain de l’économie mondialisée et rendue
instantanée par Internet.
Certaines de nos propositions sont accueillies favorablement. D’autres restent plus
controversées. Nous les mettons en lumière. Quoi qu’il en soit, les 22 propositions se placent dans une
cohérence culturelle, budgétaire et économique.

Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club parlementaire sur


l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Avant de poursuivre par le débat, laissons la parole à Marie-Françoise MARAIS.

Marie-Françoise MARAIS, Présidente de la HADOPI


Bonsoir à tous. Je suis ravie d’être parmi vous ce soir. Je souhaite me
présenter. Ceux qui m’ont croisé dans les différents colloques ont appris à
connaître mon franc-parler. Je suis conseiller à la première chambre civile de la
Cour de Cassation et je rapporte les affaires de propriété littéraire et artistique. Je
suis spécialiste de la question des droits d’auteur depuis une vingtaine d’années.
Lorsque j’étais jeune juge à Nanterre, on m’appelait Madame Disney parce que
j’avais eu à traiter une affaire de vidéo pornographique détournant le film « Qui
veut la peau de Roger Rabbit ? ».
Parvenue à la Cour d’Appel, on m’a ensuite appelée Madame « Estelle Hallyday » à cause
d’une affaire où j’ai dû défendre la plaignante contre la diffusion de photographies sur Internet. Le
malheur a voulu que, en tant que Président de la Chambre des Référés, j’aie horreur du vide. J’ai
recouru à l’article 1382 pour retenir la responsabilité de l’hébergeur. Le droit existe. Ce fut d’une
certaine façon un appel du pied vers le législateur. Il n’existait alors aucune loi, et la loi de 2000 fut
ensuite votée.
A la Cour de Cassation, on m’appelle Madame « Mulholland Drive » car j’ai validé les DRM
de ce film. Cette responsabilité qui m’est confiée et qui m’honore me fait dire qu’on peut encore
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expérimenter de nouvelles voies à mon âge. En tant que juge, je suis enfermée dans le cadre de la loi.
En tant que Présidente de HADOPI, j’espère pouvoir faire autre chose.
Cette commission de protection des droits constitue un instrument, mais pas simplement de
répression. Notre collège a pour vocation de faire de la HADOPI non seulement un lieu de pédagogie
où tous les dispositifs seront mis en œuvre pour la protection des droits intellectuels, mais également
un lieu de dialogue. Nous ne pourrons établir ce dernier qu’avec vous tous.
Je reconnais que la HADOPI s’installe aujourd’hui dans la douleur et nous ne sommes pas
encore opérationnels à ce jour. Nous nous y employons. Il nous manque quelques décrets pour avancer
sur un dispositif sérieux. Parallèlement, notre porte sera ouverte. Nous ne construirons pas le monde
d’Internet de demain sans cela. Soyez les bienvenus et prenez contact avec nous. Quoi qu’il en soit,
nous vous contacterons. Dans quelques semaines, je serai entièrement installée. Merci de votre écoute.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


La Présidente de la commission de protection des droits a été élue cette semaine par le
Ministère de la Culture. Il s’agit de Mireille IMBERT-QUARETTA. Avant d’être au Conseil d’Etat,
elle a été magistrate de l’ordre judiciaire.

Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club parlementaire sur


l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Merci pour ces précisions et invitations. Ouvrons le débat. Je vous invite à prendre la parole
sur les différents sujets que nous avons abordés dans les discours préliminaires.

Jean DIONIS DU SEJOUR, Député du Lot-et-Garonne


Je souhaiterais rappeler le plaisir que j’ai à vous retrouver. Nous avons en
fin un visage sur le dispositif HADOPI. Nous avons lu les propositions en nous
rendant sur Internet. Certaines nous plaisent davantage que d’autres. Je souhaiterais
me concentrer sur les propositions 16 et 17.
La 16ème évoque une question qui a trait à Google. Votre proposition en la
matière me semble importante et légitime, c’est-à-dire la saisie de l’autorité de la
concurrence à l’égard de la prédominance de Google sur le marché de la publicité
en ligne. Parallèlement, on reproduit dans la 17ème proposition le « délire » fiscal qui a caractérisé ce
début de mandat.
La prédominance de Google pose problème car elle porte sur un marché croissant qui
deviendra un véritable « aspirateur » de la valeur, soit un marché stratégique. Nous sommes donc
favorables à la 16ème proposition. La 17ème proposition, pour sa part, consiste à examiner la création
d’un prélèvement obligatoire sur les revenus publicitaires en ligne. Quelle est la légitimité et la
faisabilité de cette éventualité ?
J’appartiens à la majorité parlementaire. J’ai signalé au gouvernement que la taxe sur les
opérateurs de télécoms pour financer la suppression des publicités sur les chaînes publiques me
semblait être un dispositif fragile. Nous avons appris que la commission avait engagé une procédure
qui sera sans doute menée à terme.
Google est un moteur de recherche qui a construit un modèle économique et se finance sur la
publicité en ligne. Où se situe la légitimité dans le financement de la création culturelle ? La 17ème
proposition, que je conteste, pose un problème de fond. D’autre part, mon expérience acquise avant
d’entrer en politique m’indique qu’elle reste peu faisable. Comptabiliser les clics sur des mots
commerciaux en reposant sur la transmission de ces données stratégiques par la filiale commerciale de
Google me sembler relevé d’une très grande naïveté.
Le secteur de l’audiovisuel a connu la mise en place d’un financement parallèle, c’est-à-dire la
redevance. Nous n’avons pas souhaité la modifier, ce qui a posé débat. Les consommateurs et le
budget de l’Etat demeurent deux éléments légitimes. Parallèlement, on recherche des moyens de
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financements qui échoueront par manque de légitimité et de faisabilité. En résumé, je félicite d’avoir
posé la question du monopole et regrette l’aspect populiste de la proposition en matière de taxe.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


S’agissant de la proposition concernant la saisine de l’autorité de la concurrence, je ne regrette
qu’une seule chose : nous avons publié notre rapport le 6 janvier et nous sommes le 2 février ; nous
avons préparé une demande d’avis entièrement rédigée ; je suis étonné que Bercy n’ait pas encore
effectué sa part du travail. Il n’existe aucun problème. Je vous le dis honnêtement. De nombreuses
personnes jugent même que notre rédaction reste en dessous de la situation réelle.
En tant que politique, je ne comprends donc pas la carence du gouvernement sur ce sujet. La
proposition 16 constitue une mesure massive, notamment vis-à-vis de la concentration des majors de
l’industrie du disque. Il s’agit d’indiquer à la Commission de ne pas agir en fonction de ce qui
l’arrange mais de ce qui sert l’intérêt des Etats membres et des industries culturelles.
Apporter un avis favorable à la fusion Double_Click en 2008 a semblé souhaitable à la
Commission. Le problème portait « seulement » sur trois milliards d’euros de chiffre d’affaires et l’on
ne voyait pas à l’époque de risque d’un abus de position dominante. 18 mois s’écoulent, et 85 % des
recherches sont effectuées sur Google désormais. Google recueille 70 % des revenus publicitaires.
Cette tendance aura inévitablement des conséquences, notamment culturelles. Je souhaiterais donc
qu’on se mette au travail.
D’autre part, la proposition 17 ne me paraît pas être de l’acharnement fiscal. Pour un chiffre
d’affaires de plus de 900 millions d’euros, nous proposons un système déclaratif permettant de
récupérer entre 25 et 40 millions d’euros. Il ne s’agit donc pas de « scalper » le contribuable.
De plus, ce dispositif revêt toute sa légitimité. La concentration à laquelle nous assistons et
l’assèchement de la valeur conduisent les acteurs du système, dont les éditeurs de contenus et les
grands groupes de médias, à voir s’amenuiser les revenus de la publicité. Ce qui s’ajoute à la crise
économique.
Par exemple, les groupes de télévision ont mis en place des sites Internet intelligents et qui
intéressent les internautes. Doit-on leur indiquer aujourd’hui que c’est peine perdue face à un
hébergeur auquel la technologie donne la priorité ? Les éditeurs sont responsables et sont les acteurs
qui possèdent entre leurs mains l’avenir des contenus et des industries culturelles. Dans le cadre du
rééquilibrage du partage de la valeur, étant donné que l’acteur qui assèche la valeur des acteurs
créateurs de contenus en ligne se contente du rôle de porte d’entrée sans responsabilité ni
investissement autre qu’en matière de software, le prélèvement devient légitime pour réduire la
concentration et équilibrer le système dans une perspective culturelle.
Même si nous occultons l’aspect culturel, il est également légitime d’empêcher une position
dominante et de faire payer des impôts sur une activité se déroulant dans notre pays. C’est la raison
pour laquelle nous avons emprunté le modèle des conventions d’assurance. Exemple : si je suis
Anglais et que je possède une maison en Dordogne que j’assure chez Allianz à Düsseldorf, je dois
payer une taxe sur cette assurance en Périgord. La logique est imparable.
Un parlementaire français m’indique aujourd’hui que cela n’est pas faisable. Autrement dit, il
faut laisser Google récupérer des milliards d’euros de revenus qui sont seulement taxés à 10 % en
Irlande. Le Parlement sert à effectuer des choix que seule la loi permet. C’est à cet endroit que nous
devons prendre la mesure de la responsabilité historique qui repose sur nous. Dans trois ans, la partie
sera terminée.
Un premier acteur est en train de récupérer la mise et l’on demande parallèlement aux autres
acteurs de produire des offres non exclusives et des premiums, de baisser leur prix et de continuer à
créer. Où va-t-on ? Vous avez évoqué le financement de la télévision par la redevance. On pourrait
aussi imaginer de financer par le budget de l’Etat la totalité de la création et de la diffusion culturelle
en France. Il s’agirait alors d’une soviétisation de la culture.
Les parlementaires responsables n’échapperont pas au dilemme suivant : soit on introduit une
régulation par des règles comme celle du prix unique, de la lutte contre la concentration et une fiscalité
adéquate, soit on n’introduit pas un rééquilibrage dans un modèle économique stable. Depuis la loi sur
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l’exception culturelle française de 1993, nous avons toujours évité de placer la culture en dehors du
marché et de toutes données économiques et de la faire financer par le contribuable exclusivement.
Sur le plan politique, certaines personnes souhaitent ce type de financement et d’autres
pensent, comme moi, que cela reviendrait à tuer le « petit cheval ». Dans le premier cas, les
parlementaires se lasseraient de voter tous les ans les crédits pour la musique, le théâtre, les livres et le
cinéma… Nous en viendrions alors au modèle américain, avec, en cas de crise comme aujourd’hui, la
suppression de la moitié des crédits alloués aux musées, par exemple.
Par ailleurs, je trouve insupportable que le gouvernement « pinaille » sur la proposition
relative à la saisie de l’autorité de la concurrence. Dans la proposition 17, pour l’impôt, nous avons
employé le terme « examiner ». Le président de la République, quant à lui, a utilisé le mot
« expertiser » lors de ses vœux du 7 janvier. Il s’agit effectivement d’un sujet complexe. Nos
rapporteurs l’ont étudié avec les personnes compétentes. Il ne s’agit ni d’une proposition lancée en
l’air, ni populiste. Elle est véritablement articulée.

Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club parlementaire sur


l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Yoram ELKAIM, directeur juridique de Google, est présent parmi nous ce soir et ne manquera
pas de vous répondre.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Jacques TOUBON a parfaitement posé le problème. Comme je l’ai indiqué précédemment, il
faut resituer la question au niveau européen et mondial. La mission en l’état ne peut être considérée
comme terminée. Son objectif est de réguler le marché sur Internet. Un grand groupe comme Vivendi
Universal semble être une PME comparé à Google. Les grands opérateurs comme Microsoft, Apple et
Google doivent contribuer à l’industrie des contenus sans quoi ceux-ci disparaîtront. La question n’est
pas juridique, politique ou économique, mais relève simplement du bon sens.

Yoram ELKAIM, Directeur des affaires juridique de Google


J’essayerai de ne pas énerver davantage Monsieur TOUBON. Tout
d’abord, nous avons été ravis de pouvoir discuter avec vous dans le cadre de la
mission et de poursuivre cette discussion ce soir. Nous adhérons entièrement à un
certain nombre des propositions du rapport.
Revenons aux propositions 16 et 17. En matière de régulation, Google
reste persuadé que le marché fonctionne. Ce dernier doit bénéficier du temps
nécessaire pour permettre aux acteurs poursuivent leurs travaux de protection des
contenus et de développement des offres légales. La saisine de l’autorité de la
concurrence permettra le cas échéant de confirmer ou non le bon état de fonctionnement du marché.
Nous évoquons ces questions de publicité en ligne depuis que nous avons acquis double-clic.
Il s’agira alors de déterminer s’il existe ou non une position dominante et, le cas échéant, abus
de cette position. Pour notre part, nous ne sommes pas certains que cette prédominance existe
véritablement. En revanche, la taxation d’acteurs comme Google part du postulat selon lequel le
marché n’aurait pas su fonctionner et qu’une intervention en matière de partage des richesses serait
indispensable. Google pense que cela va dans le mauvais sens. Cela revient à mettre un frein à la
collaboration entre le monde de la culture et l’univers d’Internet.
A ce titre, nous émettons différentes propositions que nous mettons d’ores et déjà en œuvre sur
le terrain, comme les technologies de protection des contenus ou le développement d’un nouveau
modèle économique de distribution des œuvres, par exemple. La collaboration des acteurs permet
aujourd’hui de résoudre un grand nombre de problèmes liés à la gratuité.
A cet égard, Google ne prêche la gratuité de façon radicale. Nous menons de nombreux
travaux en matière de presse et d’audiovisuel pour habituer les internautes aux offres payantes. La
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force actuelle des outils publicitaires de Google et d’autres acteurs réside dans son aspect
démocratique. Nous permettons à des PME et PPE de bénéficier d’une communication de masse sans
barrière à l’entrée. Taxer Internet conduit donc à taxer également ces petits acteurs et freiner la
promotion de certaines activités économiques françaises.
Dès lors, nous pensons qu’il est encore trop tôt pour intervenir sur le marché. Pour rappel,
Google a reversé l’année dernière plus de quatre milliards d’euros aux sites qui l’utilisent comme régie
publicitaire. Cet écosystème permet donc de reverser les revenus publicitaires à ce type de partenaires.
Nous poursuivrons notre travail sur ce dossier. Nous regrettons simplement que le rapport ne reflète
pas davantage ce travail.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Nous partageons la première partie de votre intervention. La Commission européenne ne
s’oppose qu’aux abus, et non aux positions dominantes elles-mêmes. Nous connaîtrons ultérieurement
l’avis de l’autorité de la concurrence. Cependant, nous conservons une approche modérée sur cette
question. Partout autour de moi, j’entends dire que nous restons trop gentils avec Google.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


L’avocat de Patrick ZELNIK m’a fortement alerté sur le texte de notre proposition, jugé
comme trop plein de concessions.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Votre discours m’incite donc à davantage de fermeté. Jusqu’à aujourd’hui, je restais dans un
état d’esprit relativement pacifique. A l’écoute de vos propos, je changerai d’avis.

Frédéric LEFEBVRE, Président d’honneur du Club parlementaire sur l’avenir de


l’audiovisuel et des médias
Nous savons tous que le « gâteau » publicitaire n’est pas extensible. Dans notre pays et
d’autres, nous nous intéressons aux contenus et contenants représentés ce soir. Le modèle gratuit n’est
pas viable pour tout le monde. Nous l’avons constaté dans le rééquilibrage de l’audiovisuel public. On
ne peut pas développer sans cesse les contenants, les tuyaux et les émetteurs. Les créateurs de contenu
de valeur permettent aux acteurs comme Google de vivre.
Dès lors, notre question commune consiste à définir des modes de répartition de la publicité
permettant à chacun de vivre. Ces modes par construction doivent s’alimenter dans le gisement de
création qu’est la publicité. Nous devons réfléchir aux moyens de répartir la richesse, non pas de la
manière la plus équitable, car cela reste complexe, mais dans la proportion d’apport de valeur des
contenus. Cela peut être mis en place par la taxe évoquée précédemment ou d’autres outils.
Lors du débat sur l’audiovisuel public, j’étais partisan d’un système de fonds pour récolter des
suites de taxation des acteurs comme Google pour alimenter tous les modes de création. Ce mode de
répartition doit être mis en place sans que chacun vise à s’attribuer le tuyau du financement. La
taxation est nécessaire dès lors que le système économique crée de la richesse et demande une
répartition. Cependant, très souvent, chacun cherche à s’accaparer le produit de cette taxation et à
brancher le tuyau sur sa propre activité.
Nous devons parvenir collectivement à brancher les différents tuyaux aux bons endroits. Ce
travail est complexe et demande à tous les acteurs certains efforts. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas
accepter que certains des acteurs échappent à la taxation, au motif qu’ils regroupent de nombreux
acteurs, richesses ou valeurs.
D’autre part, les propositions du rapport et les réactions de chacun valident la proposition que
j’ai formulée il y a longtemps sur la nécessité d’un G20 de l’Internet, comme cela est également
nécessaire sur la régulation des échanges de capitaux ou les paradis fiscaux. Il existe aujourd’hui des
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
« paradis du Net ». Ces derniers doivent être régulés non pas par un seul pays comme la France, mais
au niveau international.
Comme cela était le cas lors de la mise en place de l’exception culturelle française, la France
est de nouveau porte-drapeau de cette idée. Au niveau de l’Europe, la HADOPI nous permet de
remporter la bataille pays après pays. S’agissant des questions de financement et de taxation, nous
devons ouvrir la voie. En aval, nous devrons mener la bataille au niveau mondial. J’espère que
certaines des pistes que notre pays ouvrira seront suivies.
Quoi qu’il en soit, je souhaite vous remercier d’avoir ouvert cette piste dans votre rapport. De
nombreuses personnes l’évoquaient au sein des comités, mais personne n’avait encore posé le débat
permettant de relever véritablement le défi.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


Frédéric LEFEBVRE a évoqué la notion d’équité. Dans le domaine de la culture, l’équité se
définit par le pluralisme et l’indépendance : « plusieurs et libres ». c’est ce qui vise la politique
culturelle française ou allemande, par exemple.
D’autre part, la technologie et l’environnement numérique (plateformes et réseaux) et
l’évolution des comportements des consommateurs conduisent à des adaptations nécessaires du
comportement des acteurs situés en amont. Ceci est également vrai en dehors du monde de la culture.
Je viens d’entendre à France Info les résultats du commerce électronique en 2009 : 26 %
d’augmentation et 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le rédacteur en chef des Echos en venait
à s’interroger sur l’avenir du commerce physique.
Selon moi, nous devons aussi prendre en compte l’environnement international. Par exemple,
la fiscalité directe n’est pas harmonisée au plan européen. La TVA, c’est-à-dire la fiscalité indirecte,
est harmonisée depuis 1977. Les Espagnols ont déclaré qu’ils comptaient diminuer la TVA sur le livre.
Ils ne peuvent pas le faire seuls.
Le Conseil des ministres de la Culture a eu lieu le 27 novembre dernier. Le président de la
République s’est prononcé sur notre rapport. La semaine prochaine, les commissaires seront élus et
définitivement installés.
Nous ferons face à un trio de personnalités telles que Joaquim ALMUNIA, commissaire
désigné à la Concurrence, Neelie KROES à la Société de l’Information et Michel BARNIER au
Marché intérieur. José Manuel BARROSO, quant à lui, reste très sensible à ces questions. La
présidence espagnole de l’Union européenne va tenter de prendre un certain nombre d’initiatives. Elle
sera suivie de la présidence belge. 2010 sera donc marqué par deux présidences expérimentées et
sensibles à nos préoccupations.
Par conséquent, l’idée de mettre place une stratégie européenne d’ensemble n’est pas
utopique. Elle l’est d’autant moins que le Royaume-Uni est de plus en plus sensible aux mêmes
interrogations et propositions que les nôtres. Si nous parvenons à réunir les pays majeurs, notre
stratégie sera véritablement efficace.
Par ailleurs, le rapport ne porte pas sur les jeux vidéos, ce qui est regrettable dans la mesure où
il s’agit d’un secteur de poids. Cependant, nous ne pouvions pas tout englober. Il faudra aborder ce
thème parallèlement. D’autre part, nous avons occulté également le spectacle vivant. Comme vous le
savez, les difficultés rencontrées par les maisons de disque se reportent progressivement sur le
financement des concerts et des tournées. Le Ministère de la Culture devra donc se poser cette
question.
Enfin, nous n’avons pas traité les droits des auteurs, compositeurs et éditeurs qui sont gérés en
France par la SACEM. Le système de gestion collective en la matière existe d’ores et déjà. Nous
n’avions pas de propositions à caractère novateur sur ce sujet. Aux représentants du ministère de la
Culture et des grands diffuseurs présents ce soir, je rappelle la nécessité d’engager des négociations
pour revaloriser la rémunération des auteurs, notamment pour ce qui concerne la télévision. Par
comparaison, la commission de la rémunération équitable par les droits voisins a décidé d’augmenter
de 18 % cette rémunération qui était restée bloquée durant dix ans.
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
D’autre part, augmenter le prélèvement sur les abonnements triple-play en réduisant la part
soumise à la TVA réduite posera problème. Ce prélèvement constitue la base de la taxe COSIP, de
taxes en faveur des auteurs. Nous devrons faire le nécessaire pour garantir ces deux types de
ressources si nous réduisons la part de l’abonnement sommaire à la TVA réduite de 50 % à 45 %, par
exemple.

Emmanuel HAMELIN, Conseiller régional, Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir


de l’audiovisuel et des médias
A présent, je propose d’aborder la question de la gestion collective.

Bruno BOUTLEUX, Directeur Général d’ADAMI


L’ADAMI gère les droits voisins des artistes interprètes et fait partie de ceux qui ont proposé
la mise en œuvre d’une gestion collective des droits musicaux sur Internet. Dans un premier temps je
souhaite évoquer la proposition de contribution des FAI. Après avoir tenté, sans succès, de rassembler
les producteurs de phonogrammes sur cette question, l’ADAMI et la SACEM ont proposé la création
d’une rémunération compensatoire versée par les fournisseurs d’accès à Internet. Nous considérons en
effet que le meilleur dispositif HADOPI ne parviendra jamais à endiguer la totalité des échanges
illicites. Il perdurera toujours une forme d’ « angle mort » qui mérite compensation.
Dans la mesure où a déjà été mis en place un cadeau fiscal aux FAI en échange de leur
contribution à l’audiovisuel, il nous semblait légitime que la musique soit traitée de la même façon.
Notre proposition n’a pas été retenue par la mission. Je souhaiterais savoir quelles sont les raisons de
ce refus.
Par ailleurs, la question de la gestion collective a suscité des réactions extrêmement vives,
voire caricaturales. Certains producteurs ont tenu à ce sujet des propos indignes des enjeux. On a parlé
du « retour de la Corée du Nord » !
La gestion collective nous semble parfaitement adaptée aux richesses créées par Internet, mais,
compte tenu du grand nombre d’ayants droits, cela génère ce que nous appelons des nano paiements.
Aujourd’hui, il existe un réel déséquilibre de la répartition de la valeur des exploitations de la
diffusion de musique en ligne. La gestion collective semble constituer la réponse adéquate.
Aujourd’hui, sur internet, la réalité des revenus des artistes interprètes est infinitésimale : on parle de
millièmes d’euros.
Suite à la nomination d’Emmanuel HOOG comme médiateur sur ce sujet, nous, Adami,
souhaitons nous mettre au travail pour inventer une gestion intelligente des revenus d’Internet. De ce
point de vue, la gestion collective semble être la réponse à apporter à la problématique posée, en tout
ou partie.

Vincent FREREBEAU, Président de l’UPFI


Notre débat a d’abord porté sur l’éventuelle taxation de
Google. La création musicale te les producteurs indépendants que je
représente se trouvent dans une situation économique
catastrophique. Pour autant, la France est un des pays le plus actifs
en matière de production. En matière de production, nous
concurrençons même l’Angleterre. Dès lors, je trouve choquant que
l’on se pose avant toute chose la question de la taxation de Google avant celle du financement de la
création.
Je souhaite apporter un éclairage sur les propositions 7, 8 et 9. Elles évoquent la question du
financement de la création et d’un sujet qui nous tient à cœur : l’extension du crédit d’impôts. Cette
mesure à permis aux producteurs indépendants et internationaux de poursuivre leur investissement
dans les contenus culturels alors que le marché diminuait de 60 %. Nous avons donc pu développer de
nouveaux artistes et d’employer de nouvelles personnes sur ces projets.

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Cette mesure nous apparaît essentielle. Nous devons continuer de pouvoir produire et de
s’orienter vers un véritable marché. Le marché des téléchargements musicaux a augmenté de 56 %. Ce
chiffre contredit absolument le projet de licence globale. Aujourd’hui, nous avons la démonstration
que le marché existe réellement, qui progresse. Toutes les mesures pour parvenir au marché de demain
doivent être mises en place de façon urgente.
Si ce marché émerge comme nous le souhaitons, il ne faudra pas lui faire prendre de risques.
Nos modèles le prévoient à échéance de trois ou quatre ans. Des mesures devront accompagner la
baisse résiduelle de valeur que la gestion collective induira pour pouvoir continuer à investir dans les
contenus. A la lecture du rapport, on comprend que la gestion collective constitue une solution par
défaut. Or notre part, nous sommes prêts à travailler pour que ce défaut n’advienne pas.

Emmanuel HOOG, Président Directeur Général de l’INA


Etant donné le démarrage de ma mission de médiation et de concertation, la sagesse
m’imposerait davantage d’écouter que d’intervenir. Cette mission doit durer un an, ce qui paraît long.
Elle consiste à mettre en tension les différents acteurs. J’éviterai que ces derniers soient conduits à
répéter leurs positions, auquel cas le débat sera trop fatiguant.
La méthode de cette mission devra être définie collectivement. Nous nous donnerons rendez-
vous prochainement dans des commissions bilatérales et multilatérales.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Je souhaite revenir sur la question de la gestion collective et appuyer l’intervention de Vincent
FREREBEAU. Nous devons éviter de cristalliser le débat autour d’un moyen que nous mettrons en
œuvre faute de mieux. L’objectif initial de la mission consiste à créer un électrochoc pour faire
prendre conscience de l’urgence de la mise en œuvre de solutions à une situation critique, notamment
pour les petits producteurs de musique.
Notre constat initial ne s’oppose pas aux majors. L’industrie française du disque ou d’ailleurs
n’a pas su construire le marché numérique. Nous nous sommes interrogés sur les raisons de cet échec.
Nous avons rassemblé les points de vue. Personne n’a proposé des solutions, et tout le monde a
dénoncé les dysfonctionnements du marché. Ce dernier est cloisonné, segmenté et asphyxié par des
contrats d’exclusivité et des systèmes d’avance qui avantageaient les grands acteurs.
Dès lors, nous avons tenté de formuler des propositions, quitte à ce qu’elles soient quelque peu
provocatrices : si nous ne parvenons pas à construire le marché, nous devrons prendre des mesures
législatives. Toutefois, nous préférons la régulation à la réglementation et l’incitation à la subvention.
Le crédit d’impôt, par exemple, ne constitue pas une subvention, mais une incitation intelligente à
l’investissement. Cette idée de mesure d’intérêt général a été émise par Stéphane BOURDOISEAU,
ancien Président de l’UPFI.
Cessons de cristalliser le débat sur les points qui fâchent. Frédéric MITTERRAND a évoqué
l’échéance de 2011 pour le crédit d’impôt. Il faut le mettre en place en 2010 car la situation est
urgente.
D’autre part, nous devons tenir des moyens pour faire décoller l’offre légale, comme la carte
musique. Pourquoi la réserver aux jeunes ? Cette mesure concerne 1,5 million de personnes de 12 à 25
ans qui paieront à moitié prix les CD et les offre d’abonnement. Le modèle d’avenir ne réside
certainement pas dans le streaming gratuit, mais dans le streaming interactif avec abonnement payant.
Celui-ci se mettra en concurrence avec le téléchargement payant. Nous verrons le gagnant. L’objectif
est de créer et d’inciter les acteurs à créer un marché sain, transparent et libre.
Les chiffres évoqués lors du MIDEM sont encourageants. Aux Etats-Unis, le numérique
représente 40 % du marché, qui certes s’effondre par ailleurs, mais dans une moindre mesure qu’en
France. Dans notre pays, la substitution du physique vers le numérique reste très faible. Si dans les 18
mois à venir, le marché du numérique décolle véritablement, cela équivaudra à la possibilité pour des
milliers d’artistes et des centaines de producteurs de créer sur la toile et dans le marché physique.

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
A cet égard, les pays où le marché numérique progresse rapidement connaissent également
une reprise du marché du physique. Voilà les conditions pour établir un marché de pluralisme des
acteurs, de diversité de l’offre et de démocratisation d’Internet. Notre rapport n’est ni protectionniste
ni coercitif.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


Mon propos porte sur les trois ou quatre mesures que nous avons proposées en matière
d’investissement dans la création. Pour ce qui concerne le monde du livre, nous proposons d’alimenter
les crédits qui existent d’ores et déjà au CNIL pour la numérisation des livres sous droits.
On a longuement débattu de la HADOPI en se concentrant sur le monde de la musique et axé
le débat de la numérisation des livres uniquement sur les bibliothèques. Cependant, la question la plus
importante sur le plan économique à long terme est celle de la numérisation des livres sous droits,
c’est-à-dire ceux qui continuent à apporter des revenus aux ayant droits.
Je m’adresse à présent à mes collègues parlementaires. Vous devez faire en sorte de
convaincre le gouvernement d’introduire certaines de ces mesures dans la loi sur l’emprunt national et
au plus tard dans le collectif qui suivra les élections régionales. Essayez d’obtenir le fait qu’on ne
passe pas la loi sur l’emprunt national sans mettre en place certaines mesures. De ce point de vue, le
crédit d’impôt est simple à mettre en œuvre. Il s’agit de modifier un petit curseur.
D’autre part, s’agissant des producteurs et de la gestion collective, je réalise parfaitement les
contraintes que ce système représente. On peut poser certains arguments sur les questions de
trésorerie, de bureaucratie et la possibilité d’investir dans les nouveaux talents. La gestion collective
est un système souple car il repose sur des sociétés civiles administrées par leurs membres. Ce système
apporte une certaine marge de manœuvre dans l’organisation des deux sociétés de producteurs, des
sociétés d’artistes et d’éventuelles sociétés nouvelles. La gestion collective ne constitue donc pas un
carcan.
En revanche, les producteurs ne peuvent pas nous demander de ne rien faire sous prétexte que
le marché est reparti à la hausse grâce à la menace de la loi HADOPI et la mort de Michael
JACKSON, je cite l’entretien de Pascal Nègre dans « Le Monde ». En réalité, le chiffre d’affaires du
détail a continué sa chute, ce qui prouve bien que c’est à l’intérieur du système qu’il faut prendre des
mesures.

Vincent FREREBEAU, Président de l’UPFI


J’évoquais précédemment une hausse des ventes numériques où les notions de détail et de gros
n’existent pas.

Christophe LAMEIGNERE, Président du SNEP


Je représente les quatre grands producteurs associés à une cinquantaine de petits producteurs.
Certains points du rapport me semblent positifs. En revanche, je pense que la gestion collective
constitue une grave erreur.
Le marché numérique français représente 18 % du marché global. En comparaison, il
représente 9 % en Allemagne. Il décolle donc davantage que dans d’autres pays similaires au nôtre.
Seule la Suède affiche un chiffre supérieur grâce une loi votée plus tôt et Spotify.
Dire que nous ne sommes pas capables de prendre des risques pour établir des recettes
innovantes et un marché nouveau, voire novateur, est erroné. Il y a cinq ans, nous avons fait éclore
Deezer. C’est le premier véritable succès de streaming au monde, et ce grâce à la SACEM qui a
accepté de signer un contrat, et à une société major, c’est-à-dire Sony.
Nous sommes donc innovants et non pas rétrogrades. Le marché du numérique véritablement
prend son envol. Il est regrettable que la gestion collective soit apportée comme une solution par
défaut. Nous devons faire éclore ce nouveau marché en stimulant la consommation et en adaptant les
règles du jeu.
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club parlementaire sur
l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Je propose d’écouter Jonathan BENASSAYA et Denis LADEGAILLERIE, deux acteurs de
l’offre musicale numérique. Ensuite, peut-être Messieurs SEYDOUX et GOLDSMITH pourront-ils
nous apporter leurs éclairages concernant le cinéma. Et l’audiovisuel.

Denis LADEGAILLERIE, Président de Believe Digital


Revenons à la nécessité d’organiser un G20 de l’Internet. Believe est leader européen de la
distribution d’artistes et de labels sur Internet. Actuellement, nous n’avons aucun concurrent en
Europe. Nos principaux concurrents sont des sociétés de logiciels et de distribution basées aux Etats-
Unis.
Les deux marchés clés, selon moi, sont le marché de la musique numérique et celui du livre
numérique. Le leader mondial du premier est iTunes et celui du deuxième est Amazon. Tous les deux
sont américains. En décembre dernier, Amazon a vendu davantage de livres numériques que de livres
physiques. La dématérialisation constitue un véritable enjeu industriel pour les vingt ou trente
prochaines années. Il y a dix ans, Bill CLINTON a considéré qu’il s’agissait d’industries d’avenir et a
choisi d’établir un moratoire sur la TVA sur toutes les transactions numériques. Aucun état américain
n’a imposé les taxes sur ce type de transaction.
Lorsque nous vendons un titre en Europe ou aux Etats-Unis, nous le facturons 70 centimes
d’euro. Aux Etats-Unis, 29 centimes d’euros tombent dans l’escarcelle d’iTunes, soit 30 % de marge.
En France, parmi ces 29 centimes, 19 vont à l’Etat sous forme de TVA et 10 sont payés au
distributeur. La capacité des producteurs et des distributeurs en matière d’investissement dans la
création est donc trois fois plus faible en Europe qu’aux Etats-Unis.
Se pose donc aujourd’hui une question d’harmonisation globale. La priorité se situe à ce
niveau dans l’objectif d’établir le nouveau marché. Il faut apporter aux distributeurs les marges de
manœuvre de développement, et l’abaissement de la TVA est un enjeu majeur. Selon moi, la création
collective ne fera pas accélérer l’émergence du marché, contrairement à des mesures sur la TVA ou
des dispositifs comme la carte musique. Favoriser l’émergence de ce marché numérique est essentiel
pour faire de la France le 1er marché numérique en Europe et faciliter l’émergence de champions
internationaux d’origine française.

Jonathan BENASSAYA, Président de Deezer.com


Notre marché nécessite avant toute chose une stimulation de l’offre. De ce point de vue, la
carte musique apparaît comme une solution adaptée. Deezer tente de stimuler l’appétence pour la
musique via un site gratuit financé par la publicité. Pour autant, ce n’est pas dans ce cadre que nous
trouverons les relais de croissance pour la création musicale. Nous avons lancé les offres
d’abonnement il y a trois mois et comptons actuellement 15.000 abonnés, soit un long chemin à
parcourir. Nous avons entamé nos négociations avec les opérateurs de téléphonie mobile.
Nous devons stimuler l’offre et son accès au public. La gestion collective semble relever du
constat d’échec : les plateformes ne parviennent pas à générer suffisamment de revenus et les
producteurs ne parviennent pas à établir un modèle pérenne pour tout le monde. Pour ma part, je pense
que nous possédons encore une certaine marge de manœuvre. Deezer se positionne comme vecteur de
développement de la carte musique. Nous croyons dans la jeunesse, c’est-à-dire les consommateurs de
demain. C’est en leur proposant une offre à un coût adapté que nous permettrons à la musique de
demain de trouver son modèle économique.
Je compte donc sur les producteurs pour mettre collectivement en place les offres adéquates
pour ne plus avoir à évoquer la gestion collective.

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club parlementaire sur
l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Cette carte musique reste essentielle pour le développement des nouveaux marchés et pour
habituer les jeunes à consommer des offres légales sur Internet. Lors de nos débats sur la loi HADOPI,
nous avons constaté qu’une grande partie de nos jeunes concitoyens pratiquent le téléchargement
illégal.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


On ne peut pas se contenter d’affirmer que le marché va
se développer. Il faut prendre conscience des inégalités d’accès à
Internet. Il est faux d’affirmer qu’Internet permet à chaque artiste
de se faire entendre aux quatre coins du monde. Les producteurs
indépendants ne possèdent pas les accords avec les grands
opérateurs comme Youtube que possèdent les majors. On peut
certes être libéral, mais de manière tempérée et intelligente.
De ce point de vue, la gestion collective n’est pas une fin en soi, mais une réponse au constat
selon lequel le marché ne parvient pas à s’organiser correctement. Cette organisation ne s’appuie pas
uniquement sur la carte musique pour les jeunes. Le SNEP indique depuis plusieurs mois que le
marché est sinistré. On ne peut pas affirmer du jour au lendemain que tout va bien.
Pour notre part, nous avons tenté de conserver une vision macroéconomique de la situation.
Notre objectif est bien de réguler le marché pour permettre aux majors de vivre correctement et au
tissu de PME et TPE d’animer le marché.
Il y a quelque temps, Chris ANDERSON a introduit la notion de longue traîne. Ce concept
s’est avéré erroné : les consommateurs finissent par plébisciter les top albums, c’est-à-dire uniquement
les albums qui bénéficient de plus grandes campagnes marketing.
J’indique souvent qu’on organise davantage de colloques sur la diversité culturelle qu’on
trouve de diversité dans les colloques. La diversité n’est pas un simple concept. Il faut en créer les
conditions d’existence. Le monde du cinéma est parvenu à établir des modèles de financement
intelligents qui, pour l’heure, permettent de mieux maîtriser la situation.
D’autre part, la proposition 11 consiste à créer une plateforme unique de distribution des livres
numériques sous la forme d’un groupement d’intérêt économique. L’industrie du disque n’a pas su
mettre en œuvre ce type de solution.

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


Le gouvernement souhaite identifier des opérateurs dans le cadre d’un appel à projets pour
pouvoir proposer des systèmes de micro-paiement pour que les services culturels en ligne puissent
mettre en service des solutions comme la carte. Je vous lance un appel : rassemblez les personnes
susceptibles d’apporter les technologies adéquates.
S’agissant de la gestion collective, nous pensons qu’il faut apporter de la transparence, de
l’équilibre et une stabilité économique dans les services culturels, c’est-à-dire les distributeurs finaux.
Naturellement, il revient aux acteurs de négocier sur les modalités du dispositif. Emmanuel HOOG a
donc été chargé par le ministre d’organiser la concertation et la négociation sur ce point.
Dans le cas où aucun accord collectif volontaire ne serait trouvé au bout d’un an, la loi
pourvoira à une gestion collective obligatoire, comme cela existe dans certains cas. En revanche, si
tous les partenaires trouvent un accord dans trois mois ou six, cette gestion volontaire sera mise en
place sur le champ.
Notre objectif est de stabiliser le marché en développement. La gestion collective pourrait
intervenir simplement dans une période de mise en place de ce système pour trois ans, par exemple.
Ensuite, nous pourrions retrouver un système de négociation directe dès lors que les économies seront
assainies et stabilisées.
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Mathieu GALLET, Conseiller du Ministère de la Culture et de la
Communication
Le crédit d’impôt que Patrick ZELNIK a évoqué existe d’ores et déjà et a
été reconduit jusqu’en 2012. Nous étudions la mesure préconisée par la mission de
le déplafonner. Néanmoins, nous ne déciderons pas seuls de ce déplafonnement.
Jaques TOUBON évoquait un collectif à venir pour augmenter les impôts dans
notre pays dès le mois de juin. Je ne suis pas certain de cela. Quoi qu’il en soit, un
collectif sera mis en place en fin d’année.
Comme cela a été évoqué précédemment, la rémunération de la musique et de la radio a été
relevée il y a deux ans, ce qui n’avait pas été effectué depuis le début des années 1990. De plus, le
barème des lieux sonorisés, qui représentent un montant plus substantiel que celui de la radio, vient
d’être relevé selon la décision de la commission pour la rémunération équitable le 5 janvier 2010. Ces
mesures sont évaluées à cinquante millions d’euros injectés dans le secteur de la musique pour les
quatre prochaines années. Nous nous satisfaisons de cette mesure importante de rattrapage.
Enfin, Laurence FRANCESCHINI et ses services travaillent depuis trois semaines sur les
différentes solutions proposées par la mission. Par exemple, Frédéric MITTERRAND a indiqué que
parvenir à mettre en place la carte musique pour la fête de la musique constituera un joli symbole.

Nicolas SEYDOUX, Président de l’ALPA


Je félicite la mission pour avoir rendu son rapport, comme si le dispositif HADOPI était en
place depuis trois ans. Le problème d’aujourd’hui demeure le téléchargement illicite. Nous espérons
que cette loi se révèlera suffisamment efficace pour construire un marché légal dans un environnement
au sein duquel le téléchargement illicite sera devenu marginal.
Je m’adresse aux parlementaires et notamment à ceux qui ont voté contre le
dispositif HADOPI : laissez le temps au système de se mettre en place. La propriété littéraire et
artistique n’est qu’un des éléments de la propriété intellectuelle. Les sociétés avancées, comme la
société française, ne perdureront qu’en inventant de nouveaux produits, protégés par la propriété
intellectuelle, qui seront fabriqués en Chine, en Inde et ailleurs…
Si le Parlement ne comprend pas que la propriété intellectuelle est l’avenir et le seul avenir de
nos sociétés, il tue à terme nos sociétés. Il faut que la HADOPI fonctionne correctement et que la
propriété intellectuelle soit protégée.
Le débat ce soir, a porté sur la seule musique. Je rappelle les ordres de grandeur 500 000 titres
musicaux contre 600 films sortent annuellement en France. Le rapport n’évoque pas le problème de la
gestion collective pour le cinéma et ce à juste titre. Il s’agit d’un non sujet. Je ne connais aucun auteur
ou producteur de cinéma qui y soit favorable. En revanche, le crédit d’impôt qui a montré son
efficacité pour le cinéma peut inspirer les autres secteurs.
Par ailleurs, Google ne pose pas uniquement un problème pour les personnes présentes ce soir,
mais pour les grands absents que sont les bibliothèques publiques. On ne peut que se réjouir du succès
d’une telle entreprise. Néanmoins, comme l’a indiqué Jacques TOUBON, la culture réside dans la
diversité. Nos sociétés estiment qu’il ne peut exister un seul fournisseur de voitures ou de téléphones.
A fortiori, il ne peut exister un seul fournisseur d’accès à la culture. Enfin, comme tous les diffuseurs
précédents, il serait logique que les diffuseurs numériques rémunèrent la création.
Lorsque AOL a pris le contrôle de WARNER, j’ai estimé, alors seul dans le désert, qu’il
s’agissait d’un drame pour nos sociétés. Il a fallu longtemps à WARNER pour remonter la pente.
L’essentiel réside dans l’imagination, la création et l’intelligence. Personne ne peut prédire les tuyaux
de demain qui diffuseront les talents, mais quel que soit le tuyau, c’est le talent qui prime.
Je demande à tous les députés et notamment à ceux qui ne sont pas favorables à des mesures
d’encadrement de la diffusion, de comprendre qu’ils doivent protéger tous les talents sans quoi nos
enfants et petits-enfants ne regarderont que les créations d’hier.
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Merci de mettre en place la HADOPI pour permettre à notre pays, qui a inventé la propriété
littéraire et artistique, de continuer à la développer le plus longtemps possible.

Frédéric GOLDSMITH, Directeur Général de l’APC


Si Vivendi Universal est une PME, que sont alors les maisons de
production indépendantes ? Peut-être des auto-entrepreneurs ? Il faut saluer le
travail réalisé par la mission. Il s’agit d’abord de poser les principes. Deux d’entre
eux sont posés pour la première fois de façon claire. Premièrement, réguler le
marché est un principe fondamental qui a permis au cinéma de survivre au moment
de l’arrivée de la télévision. La régulation est un principe cardinal et utile qui
permet dès lors qu’il est acquis de poursuivre le raisonnement. Tous les secteurs
culturels sont conduits naturellement à reposer sur la régulation face à une évolution aussi importante
que celle d’Internet.
Deuxièmement, le rapport indique la nécessité de reconnaître la valeur des contenus, des
œuvres et des créations. Il faut de l’argent pour créer. Ce qui rapproche l’art des personnes réside dans
l’argent. Le budget moyen d’un film s’élève à cinq millions d’euros. Ces films sont créés par des PME
qui doivent rassembler 200 à 300 personnes et trouver des moyens d’investissements. Cela s’effectue
via la régulation : les acteurs qui exploitent les créations doivent investir. On crée ainsi un écosystème
vertueux fondamental pour la création et l’innovation. L’investissement de nouveaux acteurs apporte
de l’innovation et parallèlement des créations à exploiter.
Nous sommes très favorables à certaines propositions du rapport, dont celle qui porte sur la
régulation de l’exposition des œuvres. Le principe d’accès non discriminatoire au réseau semble
intéressant. D’autre part, le décret à venir sur les médias audiovisuels à la demande reste crucial. Plus
l’offre est large, plus la consommation tend à se concentrer sur les produits fortement commercialisés.
Il faut donc contrebalancer cela de façon raisonnable, efficacement et volontairement. Il ne faut pas
craindre une forme de complexité. Il ne faut pas mettre en œuvre des solutions simplistes face des
enjeux subtils.
Nous sommes également favorables à l’évolutivité de la chronologie des médias dès lors qu’il
existe un investissement. Les acteurs qui désirent se situer plus en amont doivent donc participer au
financement de la création. Nous sommes favorables à l’examen d’une plateforme stockage et de
distribution qui livrerait les films aux plateformes avec éventuellement la réédition de comptes. Cela
placerait les producteurs dans un système équitable qui favorise techniquement la mise en place d’un
outil efficace de livraison.
D’autre part, le rapport ne semble pas le point final de notre réflexion. A ce titre, la question
de la convergence se pose. Ce phénomène semble extrêmement puissant. Nous souhaitons poursuivre
la réflexion commune avec le Ministère de la Culture sur le financement du cinéma dans le contexte
de convergence numérique. Enfin, la taxe des télécoms évoquée par Frédéric LEFEBVRE apparaît
également comme un sujet majeur. Je vous remercie de votre écoute.

Emmanuel HAMELIN, Conseiller régional, Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir


de l’audiovisuel et des médias
Le cinéma ne constitue pas un sujet de seconde zone au sein du Club parlementaire. Nous
avons pour principe de conserver les meilleurs pour la fin. Je remercie les intervenants de leur
participation au débat. Avant d’écouter les conclusions de Jacques TOUBON et Patrick ZELNIK, je
laisse la parole à Sylvie FORBIN, représentante de la « PME » Vivendi.

Sylvie FORBIN, Directrice des affaires institutionnelles et européennes


de Vivendi
Nous nous sentons frustrés vis-à-vis de la dénégation apportée par Patrick
ZELNIK sur notre capacité à apporter de l’imagination et des propositions
originales dans le monde de la musique. Pour ma part, je pense que Nicolas
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
SEYDOUX a rétabli la chronologie dans le bon sens. Il faut laisser à la HADOPI le temps nécessaire
pour se mettre en place et de jouer son rôle. Cette mission avait été engagée par le ministre au milieu
du débat sur la phase 2 de la loi HADOPI pour apporter un volet positif à nos travaux. Pour autant,
cela ne signifiait pas de placer la charrue avant les bœufs. Nous savons que cette loi est intervenue à la
suite d’un travail considérable.
Nous sommes intervenus dans cette mission en sachant qu’il s’agissait d’apporter des
propositions sur les différents sujets. Nous restons quelque peu frustrés à l’issue de la publication des
propositions. Nous avons travaillé avec les FAI sur la plateforme musicale et avons commencé à
monter un schéma qui devait être développé. Vous nous indiquez de le mettre en place nous-mêmes.
Or, l’idée initiale consistait bien à vous proposer des solutions. De ce point de vue, nous sommes
déçus de nous voir proposer la gestion collective, solution retenue par personne hormis l’ADAMI.
Pour autant, l’ADAMI fait-elle l’alpha et l’oméga de la production et la distribution des biens culturels
en ligne dans notre pays ?

Jacques TOUBON, Ancien Ministre de la Culture, membre du collège de la HADOPI


C’est justement par ce que nous avons formulé des propositions qui ne résultent d’aucun
lobbying que certaines d’entre elles paraissent intéressantes. Il ne s’agissait pas de proposer le plus
petit dénominateur commun de plusieurs centaines d’interlocuteurs.

Sylvie FORBIN, Directrice des affaires institutionnelles et européennes de Vivendi


Pour autant, notre proposition méritait probablement davantage qu’un simple revers de main.
Aujourd’hui, on retient que nous n’avons pas effectué notre part de travail. C’est regrettable. Nous
souhaiterions que nos idées soient également approfondies comme l’est celle de la gestion collective.

Patrick ZELNIK, Président de NAIVE


Vivendi Universal est une très grosse PME. De ce point de vue, le groupe Lagardère semble
être davantage une petite PME. Le constat premier indique que les grands opérateurs sont tous
américains. Il ne s’agit pas de verser dans l’antiaméricanisme. Cependant, ce fait doit stimuler les
acteurs européens. Il ne s’agit en aucun cas d’être anti-Google, anti-Vivendi ni anti-majors. J’étais
favorable au rachat d’Universal par Vivendi. Je préfère que les masters de BRASSENS soient entre les
mains de Vivendi que d’autres acteurs.
Travaillons ensemble sur votre suggestion. Je vous présente mes excuses dans le cas où nous
aurions occulté votre proposition. Nous avons organisé de nombreux débats et auditions. Cette soirée
nous aura permis de mettre l’accent sur les points faibles du rapport. A cet égard, l’intervention de
Nicolas SEYDOUX reste cruciale. Il a évoqué la propriété intellectuelle au sens global du terme et a
souligné son aspect vital pour l’économie elle-même. Il faut donc mettre l’économie au service de la
culture, et non l’inverse.
Nous n’avons pas évoqué longuement la question du cinéma car ce secteur a d’ores et déjà su
inventer des systèmes que l’industrie de la musique n’a pas su mettre en place. Nos propositions font
l’objet de discussion entre les hommes politiques, les parlementaires et les autres ministères, dont
Bercy. Notre travail consiste à faire en sorte que ce rapport ne soit pas un rapport supplémentaire, mais
un rapport exécutoire.
Ce soit, je m’attendais à davantage de propos virulents. Au final, j’ai trouvé les débats
relativement modérés. Je le regrette. Je vous remercie de votre écoute. Nous organiserons des réunions
constructives avec Vivendi Universal, dont nous restons très fiers.

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Emmanuel HAMELIN, Conseiller régional, Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir
de l’audiovisuel et des médias
Je remercie Patrick ZELNIK et Jacques TOUBON, qui seront auditionnés demain par la
Commission des Affaires culturelles à l’Assemblée nationale. Merci de votre participation et à bientôt
pour un nouveau sujet d’actualité.

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Présents au dîner-débat

Nom Prénom Société


ALEXANDRE Fabrice Communication & Institutions
ARCHAMBAULT Jean-Luc Lysios
AVDEEVA Olga Staut & associés
BADOZ Pierre-Antoine France Telecom
BALLARIN Patrick Digitime
BELLANGER Pierre Skyrock
BENASSAYA Jonathan DEEZER.COM
BENLOLO Sarah La Correspondance de la Pub
BLANC Yves Eutelsat
BOKOBZA Frédéric DGCMI
BORDES Jean-Marc INA (institut national de l’audiovisuel)
Secrétariat d'Etat Charge de la prospective et du développement de
BORDRY Anne-Sophie l'Economie Numérique
BOUNEAU Laurent Skyrock
BOURDOISEAU Stéphan UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants)
BOURQUIN Philippe France Televisions
BOUTLEUX Bruno ADAMI
BREGEON Jean-François Image 7
BRUNET Arnaud Sony/Simavelec
CAMMAS Thierry MTV Networks
CHARRIERE Marc Alcatel Lucent
COUDERC Anne-Marie Lagardère Active
DACIE Jean AFDESI
DE GUERRE Guillaume TV NUMERIC
DE LABRIFFE Hortense UNICINÉ
DECKER Arnaud Lagardère Active
DEXIDOUR-STAUT Fabienne Staut & associés
DIONIS DU SEJOUR Jean Député du Lot et Garonne
DREANT Yvane Satellifax
DURUPTY Anne CNC (centre national de cinématographie)
EL SAYEGH David SNEP Syndicat national de l’Edition Phonographique
ELKAIM Yoram Google
ESQUIROU Martine Technicolor
FORBIN Sylvie Vivendi
FRANCESCHINI Laurence DGCMI
FREREBEAU Vincent UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants)
GALLET Mathieu Ministère de la Culture et de la Communication
GARRIGUE Daniel Député de Dordogne
GAUTHIER Emmanuel Studio 37
GOLDSMITH Frédéric APC Association des producteurs de cinéma
GRAND D’ESNON Anne France Televisions
GRAPIN Jean-Michel YACAST France
HAMELIN Emmanuel CPAA
HENNI Jamal La Tribune
HERISSON Pierre Sénateur de Haute-Savoie
HOOG Emmanuel INA (institut national de l’audiovisuel)
HUBERT Jean-Michel CSN, Conseil Stratégique pour le Numérique
HUCK Didier Technicolor
JACQUIER Sarah HOGAN & HARTSON
JAMOIS Vincent Time Warner
KALTENBACH Laure Forum d’Avignon
LABARRAQUE François-Xavier Radio France
LACOMBLED David Orange/IAB France
LADEGAILLERIE Denis Believe Digital
LAFERRIERE Alexandra Google
LAMEIGNERE Christophe SNEP Syndicat national de l’Edition Phonographique
LARIDAN Marie-Laure Affaires Publiques Consultants
LE GOUVELLO Peggy Bollore
LEBLANC Guillaume Assemblée Nationale
LEFEBVRE Frédéric CPAA
LUNA-PALMA Rosa Alcatel Lucent
MADELIN Axelle Photographe

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
MANCEL Brigitte Assemblée Nationale
MANCEL Jean-François Député de l'Oise
MARAIS Marie-Françoise HADOPI
MARIE Pascale SPMI
MARTINEL Martine Député de Haute-Garonne
MARTINEL Monsieur
MARTIN-LALANDE Patrice Député de Loir-et-Cher
MIRSKI Jean-Yves SEVN
MONIN Jean-Baptiste
MONS Alexis Groupe Reflect
MORENVILLIER Philippe Député de Meurthe et Moselle
MOYNE-BRESSAND Alain Député de l'Isère
ORSINI Nicolas DGCMI
PATIN O'COOHOON Charles La lettre de l'Audiovisuel
PELLETIER Jean ADAMI
POCHOLLE Alexandra Eutelsat
POZZANA Aurélien Affaires Publiques Consultants
PRIEUR Guillaume SACD (Sté des Auteurs et Compositeurs Dramatiques)
REPITON Isabelle La Tribune
RICHARD Dominique CNIL Commission nationale de l’informatique et des libertés
RIESTER Franck Député de Seine et Marne
RIVIERE Constance Conseil d'Etat
ROGEMONT Marcel Député d'Ille et Vilaine
ROGER Jérôme UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants)
SCHMITT Fabienne La Correspondance de la Presse
SEYDOUX Nicolas ALPA (assoc de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle
SIAMMOUR Didier CB NEWS
SILBERT Nathalia Les Echos
SIRITZKY Serge Ecran Total
SOULIE Christian Avocat
STAUT André Staut & associés
STENER Christophe ALLIANCE TICS GITEP TICS
SZIJ Eric Assemblée Nationale
TARDY Lionel Député de Haute Savoie
THIOLLIERE Michel Sénateur de la Loire
TORREGANO Emmanuel Electron Libre
TOUBON Jacques Ancien Ministre de la Culture
TRABAND Maxime Orange
VIVIEN Romain Believe Digital
WIRSZTEL Joel Satellifax
ZELNIK Patrick NAIVE

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Club parlementaire
sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias

LE CLUB
Après avoir organisé, le 15 avril 2004, un important colloque sur le lancement de la Télévision
numérique terrestre, qui a permis de confronter les positions contribuant à faciliter le processus,
Emmanuel HAMELIN, alors député de Lyon et président du Groupe d’études sur la TNT à
l’Assemblée nationale, a souhaité en prolongement et dans le même esprit créer un lieu d’échanges qui
permette de faire un état des lieux permanent avec l’ensemble des acteurs concernés, en constituant un
Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias.
En cette période de pleine mutation dans les médias et en particulier la télévision et l’audiovisuel à
l’heure du numérique, le Club a depuis réuni régulièrement les acteurs majeurs du secteur autour des
sujets d’actualité, pour des échanges libres et riches en informations pour les parlementaires,
l’Administration et les professionnels.
En 2007 Frédéric LEFEBVRE, député des Hauts-de-Seine, est venu rejoindre le Club comme
coprésident et en septembre 2009 ayant quitté l’Assemblée il devient président d’honneur du Club,
avec l’arrivée de Franck RIESTER, député-maire de Coulommiers, spécialiste de ces questions à
l’Assemblée, renforçant ainsi la dynamique de cette plate-forme reconnue pour favoriser les échanges
mais aussi participer à l’aide à la décision.
Le cabinet staut&associés, cofondateur du Club avec Emmanuel Hamelin, a depuis l’origine reçu
délégation pour assurer l’organisation et la gestion du CPAA.

LES RENCONTRES DU CLUB


 Les rencontres du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias.

 18 octobre 2004 : Dîner-débat du Club avec Dominique BAUDIS, président du Conseil supérieur
de l’audiovisuel, sur le thème « Télévision numérique terrestre, haute définition, et télévision sur
mobile. État des lieux et perspectives »

 24 novembre 2004 : Dîner-débat du Club avec Renaud DONNEDIEU de VABRES, ministre de la


Culture et de la Communication, sur le thème « Le rôle de la télévision publique dans le paysage
audiovisuel français »

 1er février 2005 : Débat du Club avec Michel BARNIER, ministre des Affaires étrangères,
Dominique BAUDIS, président du CSA, Patrick LE LAY, président de TFI, Marc TESSIER,
président de France Télévisions et Alain SEBAN, directeur des Médias, sur le thème « L’évolution de
notre audiovisuel extérieur : la chaîne d’information internationale et les chaînes
extracommunautaires »

 22 mars 2005 : Dîner-débat du Club avec Marie-Laure DENIS et Philippe LEVRIER, membres du
Conseil supérieur de l’audiovisuel, ainsi que Patrick RAUDE, directeur de la DDM et les principaux
acteurs de la radio, sur le thème « Comment optimiser l’offre radio »

 3 mai 2005 : Dîner-débat du Club avec Patrick DEVEDJIAN, ministre délégué à l’Industrie, sur le
thème « Télévision et mobilité »

 29 juin 2005 : « Quel avenir pour les Télévisions locales ? »

 20 octobre 2005 : Colloque sous l’égide du Groupe d’études TNT présidé par Emmanuel
HAMELIN - « TV mobile : quelle offre, quels usages, quel marché ? »

 6 décembre 2005 : « Couverture TNT à 100 % : quand et comment ? » avec Christian ESTROSI

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
 7 février 2006 : « Production audiovisuelle et distribution : comment favoriser la circulation des
oeuvres » avec Renaud DONNEDIEU de VABRES, ministre de la Culture et de la Communication

 28 mars 2006 : « Redevance publicité abonnement : quels nouveaux équilibres pour le financement
de la télévision numérique ? » avec Jean-François COPÉ, ministre délégué au Budget et à la Réforme
de l’État, porte-parole du Gouvernement

 17 mai 2006 : « Quelle mesure d’audience au tournant de l’ère numérique ? »

 20 juin 2006 : « Les attentes pour une chaîne française d’information internationale » en présence
d’Alain de POUZILHAC, président du directoire de la CFII et Ulysse GOSSET et Jean-Yves
BONSERGENT, directeurs généraux

 10 octobre 2006 : « La fusion CanalSat/TPS » en présence de Bertrand MEHEUT

 5 décembre 2006 : « Cinéma et télévision » en présence de Patrick RAUDE, directeur de la DDM.

 13 février 2007 : « La radio à l’heure des nouveaux défis »

 6 novembre 2007 : Invité : Michel BOYON, président du CSA

 28 novembre 2007 : Dîner-débat du Club. Invitée Mme. Christine ALBANEL, Ministre de la


Culture et de la Communication

 5 février 2008 : «Financement de l’audiovisuel public: peut-on s’inspirer de modèles en vigueur à


l’étranger ?», Catherine SMADJA, BBC et Jean REVEILLON, UER

 16 avril 2008 : « 3 ans de TNT, bilan et prospectives » en présence d’Eric BESSON, secrétaire
d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de
l’économie numérique, auprès du Premier ministre et Michel BOYON, président du CSA

 10 juin 2008 : « Top départ : pour un démarrage rapide de la TMP »

 2 juillet 2008 : « L’avenir de la radio à l’heure de la numérisation »

 9 juillet 2008 : Dîner-débat du Club avec Jean-François COPÉ, Président de la Commission pour la
nouvelle télévision publique

 18 novembre 2008 : Dîner-débat du Club. Invitée Mme. Christine ALBANEL, Ministre de la


Culture et de la Communication

 4 mars 2009 : « Diffuser et protéger la création sur Internet », Christine ALBANEL, Ministre
de la Culture et de la Communication

 7 avril 2009 : «Passage au tout numérique, perspectives et nouveaux usages (TMP, TNT, Radio
Numérique) », Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Secrétaire d'État à la prospective et au
développement de l'économie numérique, auprès du Premier Ministre

 28 octobre 2009 « Le numérique au service de la démocratisation de la Culture », Frédéric


MITTERRAND, Ministre de la Culture et de la Communication

Comptes-rendus disponibles à la demande

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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
« Création et Internet »
2 février 2010
Les membres CPAA 2010
Parlementaires :
Députés
* déjà membres dans la précédente législature

Alfred ALMONT Michel HEINRICH


Député de la Martinique Député des Vosges

Martine AURILLAC* Michel HERBILLON*


Député de Paris Député du Val-de-Marne

Pierre-Christophe BAGUET* Francis HILLMEYER*


Député des Hauts-de-Seine Député du Haut-Rhin

Patrick BALKANY* Michel HUNAULT*


Député des Hauts-de-Seine Député de Loire-Atlantique

Jean-Claude BEAULIEU* Sébastien HUYGHE


Député de Charente-Maritime Député du Nord

Jacques-Alain BENISTI* Denis JACQUAT


Député du Val-de-Marne Député de la Moselle

Marc BERNIER* Christian KERT*


Député de la Mayenne Député des Bouches-du-Rhône

Véronique BESSE Yvon LACHAUD*


Député de la Vendée Député du Gard

Marcel BONNOT Pierre LAMBERT


Député du Doubs Député de la Charente

Jean-Michel BOUCHERON* Pierre LASBORDES*


Député d’Ille-et-Vilaine Député de l’Essonne

Christophe BOUILLON Jean LASSALLE*


Député de Seine-Maritime Député des Pyrénées-Atlantiques

Monique BOULESTIN Marylise LEBRANCHU*


Député de Haute-Vienne Députée du Finistère

Loïc BOUVARD* Jean-Marc LEFRANC


Député du Morbihan Député du Calvados

Valérie BOYER Jean-Marie LE GUEN*


Député des Bouches du Rhône Député de Paris

Françoise BRANGET Michel LEJEUNE


Député du Doubs Député de Seine-Maritime

Bernard BROCHAND François LONCLE*


Député des Alpes-Maritimes Député de l’Eure

François BROTTES* Lionnel LUCA


Député de l’Isère Député des Alpes-Maritimes

Dominique CAILLAUD* Jean-François MANCEL


Député de la Vendée Député de l’Oise

Dino CINIERI* Muriel MARLAND-MILITELLO


Député de la Loire Député des Alpes-Maritimes

Philippe COCHET* Martine MARTINEL


Député du Rhône Député de Haute-Garonne

Jean-Michel COUVE Patrice MARTIN-LALANDE


Député du Var Député du Loir-et-Cher
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« Création et Internet »
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Olivier DASSAULT* Philippe MORENVILLIER
Député de l’Oise Député de Meurthe et Moselle

Marc-Philippe DAUBRESSE Henri NAYROU*


Député du Nord Député de l’Ariège

Jean-Pierre DECOOL Alain NERI*


Député du Nord Député du Puy-de-Dôme

Laure de LA RAUDIERE Etienne PINTE


Député Eure-et-Loir Député des Yvelines

Richard DELL’AGNOLA* Michel PIRON*


Député du Val-de-Marne Député du Maine-et-Loire

Sophie DELONG Jean PRORIOL*


Député de la Haute Marne Député de Haute-Loire

Jean-Pierre DUPONT* Jean-Frédéric POISSON


Député de Corrèze Député des Yvelines

Cécile DUMOULIN Didier QUENTIN*


Députée des Yvelines Député de Charente-Maritime

Yannick FAVENNEC Jacques REMILLER*


Député de la Mayenne Député de l’Isère

Alain FERRY* Bernard REYNES


Député du Bas-Rhin Député des Bouches du Rhône

Jean-Claude FLORY* Franck RIESTER


Député de l’Ardèche Député de Seine-et-Marne

Michel FRANCAIX* François ROCHEBLOINE*


Député de l’Oise Député de la Loire

Claude GATIGNOL* Marcel ROGEMONT


Député de la Manche Député d’Ille-et-Vilaine

Hervé GAYMARD Valérie ROSSO-DEBORD


Député de la Savoie Députée de Meurthe et Moselle

Catherine GENISSON* Jean-Marc ROUBAUD


Députée du Pas-de-Calais Député du Gard

Jean-Patrick GILLE François SAUVADET


Député de l’Indre-et-Loire Député de Côte-d'Or

Louis GISCARD d’ESTAING Dominique TIAN*


Député du Puy de Dôme Député des Bouches-du-Rhône

François-Michel GONNOT* Marisol TOURAINE


Député de l’Oise Députée de l’Indre et Loire

Philippe GOSSELIN Alfred TRASSY-PAILLOGUES*


Député de la Manche Député de Seine-Maritime

Jean-Pierre GRAND Georges TRON*


Député de l’Hérault Député de l’Essonne

François GROSDIDIER Philippe VITEL*


Député de la Moselle Député du Var

Louis GUEDON* André WOJCIECHOWSKI


Député de la Vendée Député de la Moselle

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Sénateurs

Jean-Paul ALDUY Serge LAGAUCHE


Sénateur des Pyrénées-Orientales Sénateur du Val-de-Marne
Jean BOYER Philippe LEROY
Sénateur de Haute-Loire Sénateur de la Moselle

Isabelle DEBRE Hervé MAUREY


Sénatrice des Hauts-de-Seine Sénateur de l’Eure

Christian DEMUYNCK* Colette MELOT


Sénateur de Seine-Saint-Denis Sénatrice de Seine et Marne

Catherine DUMAS Catherine MORIN-DESAILLY


Sénatrice de Paris Sénatrice de la Seine-Maritime

Louis DUVERNOIS Bruno RETAILLEAU


Sénateur des Français établis hors de France Sénateur de la Vendée

Pierre HERISSON Michel THIOLLIERE*


Sénateur de Haute Savoie Sénateur de la Loire

* déjà membres dans la précédente législature

Entreprises :

AB groupe LCP AN
Alcatel-Lucent Mediametrie
APC SFR
APFP SIMAVELEC
Astra Skyrock
Canal+ TDF
Eutelsat Thomson
Forum TV Mobile TV Numeric
France Telecom Vivendi
France Télévisions WarnerBros France
Lagardère Active Yacast

Contact :
STAUT & ASSOCIES
33, rue de Tocqueville – 75017 Paris
Tél. : 01 43 80 62 26 - Fax : 01 43 80 35 54 - mail : cpaa@stautassocies.fr
http://cpaa.unblog.fr/

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