2021
Depuis plus d’un an, nos liens culturels ont été cou-
pés, décousus, déconsidérés. Nous ne sommes par Julie Maréchal, Centre culturel de Huy
plus à l’abri des restrictions. Nous ne savons pas
non plus combien de temps prennent les blessures La Biennale Dédale revient après une longue pé-
pour cicatriser. riode de silence alors qu’elle avait fait du bruit à
sa dernière édition en explorant la thématique des
En 2021, Dédale propose de renouer avec l’essence tabous.
même de la création artistique : la culture du lien. En effet, en 2018, nous avions été confrontés à la
Se lier aux autres, aux objets et aux lieux est une censure, à la dégradation de certaines œuvres,
activité humaine vitale menacée. à une manifestation lors du vernissage et à des
réactions diverses, tant positives que négatives,
Les passants ont été invités à coconstruire un es- émanant des réseaux sociaux et des pouvoirs pu-
pace public, se déplacer différemment, activer une blics. Il apparaissait que nous touchions à des su-
pratique symbolique, refonder un lieu, agir sur la jets sensibles à propos desquels se manifestaient
durée d’une installation artistique dans l’espace ur- parfois craintes et pudeur.
bain.
Des questionnements sur les enjeux démocra-
Pour celles et ceux qui y ont participé et pour les tiques et l’ordre public furent soulevés, de nou-
absents, ce journal relate une aventure artistique velles pistes de travail se dessinèrent rapidement.
inédite avec Julien Celdran, Frans Daels, Maud Dal- Nous devions ouvrir le débat sur les enjeux ci-
lemagne, Design For Everyone, Pauline de La Bou- toyens avec la participation immanquable des
laye, Julie Maréchal. riverains. Chemin faisant, nous arpentions les ten-
tacules des œuvres maudites aux propos socié-
Dédale 2021 est organisé par le Centre culturel de Huy. taux pour rêver de nouvelles alliances entre les
Pour les résidences artistiques, Dédale 2021 a reçu le soutien du
habitants des quartiers, les pouvoirs publics et
programme « Un Futur pour la Culture » de la Fédération Wallonie-
Bruxelles.
les artistes.
Dédales pu aller à pied mais je n’ai pas envie, je préfère rester dans
ma bulle d’acier. Elle montrera au monde que je ne suis pas
enfants nus ou déformés gravés sur les murs de la biblio-
thèque, des projets immobiliers mégalos dont celui d’un
par Nathalie Melis si pauvre que ça. L’arc-en-ciel a disparu, je me dis que ça centre œcuménique multiconfessionnel dans l’abbaye de
aurait été magnifique qu’il relie les deux rives de Huy, tel- Neufmoustier, des plaques de parking qui nomment des
13h00 lement inégales, l’une pauvre, justement, et l’autre riche... non-dits au quadrilatère, au Batta et au Centre culturel
Journée chaude d’automne. Collines et air dorés. Je J’aperçois, sur le pont, une amie qui a grandi loin d’ici et ne (« conard »), une liste des bâtiments désaffectés de la rive
roule vers Huy le long d’un fleuve kaki dans l’ombre. parle pas bien le français. Je me dis que les plaques ne lui gauche sur la vitrine de l’ancienne boulangerie « À la bonne
Une boule d’anxiété est logée dans mon ventre. J’ai auraient fait ni chaud ni froid. De toute façon, elle n’a pas femme », une girouette politique rue du Pont, des stèles
bu un café de trop ce midi et je ressasse depuis ce de voiture. imprimées de variations sur le symbole de la radioactivi-
matin un documentaire visionné hier soir : Nothing té dans le parc Vierset Godin-Parnajon… Et un drapeau du
to hide. Ou comment nous pensons naïvement que 14h05 ciel hissé dans le ciel au-dessus de la maison communale
nous n’avons rien à cacher en ces temps de sur- Dans le quadrilatère, il n’y a plus des masses de places. Je et dans le parc Henrion.
veillance généralisée mais invisible. Car l’analyse m’engage et je cale littéralement. À nouveau une plaque Toutes nos douleurs collectives comme la cohabitation
des métadonnées collectées sur nos smartphones d’immatriculation ! Cette fois, je lis « viol ». Mmmh, tout un des religions, les identités (meurtrières ?), les inégalités so-
et ordis par de multiples sociétés mais aussi par programme. Décidément, pas moyen d’avoir la paix au- ciales, la morale, la spéculation immobilière, la pédophilie,
nos gouvernements établit des profils très précis jourd’hui. Et tac, la boule est de nouveau dans mon ventre. les stéréotypes, le nucléaire, les croisades, la délocalisation
de nos existences, nous met en boîte. Je suis sur le Ce sont des chiffres qui me viennent tout d’abord à l’es- de nos industries percutent notre espace intime, l’intérieur
point de jeter mon smartphone dans la Meuse mais prit. Je les ai entendus l’autre jour à la radio. « Une femme de nos bulles d’acier et révèlent leur dimension locale. Ça
je m’abstiens, Dieu sait pourquoi. Je me dis que j’ai sur trois en Belgique ». « 70% des cas se passent à l’inté- se passe près de chez nous, en fait. Comme le smartphone
envie d’un sandwich et je roule vers le Batta. rieur des familles ». J’ai envie de reculer, mais j’avance et je qui nous espionne depuis notre poche.
Le vent se lève, les feuilles de la sécheresse tour- la regarde bien en face, une bonne fois pour toutes, comme
billonnent, quelques gouttes s’écrasent sur le pare- par défi. Ça me fait du bien, en fait. Je ris toute seule dans 16h00
© JM
brise. Un immense arc-en-ciel se déploie au-dessus la voiture. Fin de la minute philosophique. J’allume le PC pour visiter
du pont de Fer, du téléphérique et de la tour Batta. Facebook. Je constate que ça crie de toutes parts. L’expo
Je remarque un morceau de ciel bleu, d’une pâleur 14h06 provoque un tollé dans les communautés virtuelles. Ça ne
intense tellement de chez nous, dans une fenêtre Je sors de ma bulle et déambule dans le parking à la re- discute pas, ça s’insulte. Je remarque tout de même une
du huitième étage. cherche d’autres plaques. Il y a quelques badauds visi- conversation sur les pâtisseries plus ou moins regrettées
Je m’engage dans un emplacement de parking et blement pas contents. Faut dire qu’ils sont garés devant de la Bonne Femme. Dommage que je ne l’ai pas connue.
me retrouve face à une plaque d’immatriculation, d’autres mots pas forcément agréables à rencontrer : fel-
comme si quelqu’un avait voulu réserver la place. lation, souffrance, cancer, miraculé, faible, masturbation... 16h15
Je lis : « pauvre ». Mes noires pensées se désa- C’est fou comme ces mots deviennent durs à encaisser Je décide de redescendre en ville pour aller rendre visite à
grègent dans le carré de ciel bleu et je reviens à la quand on nous les écrit en rouge sur blanc sur une plaque Pierre l’Hermite et son futur centre multiconfessionnel. Ça
vie concrète, celle de là maintenant en vrai, visible. de voiture, assignée à une place de parking, bien délimitée fait longtemps que je n’y suis pas passée. L’endroit est de-
L’étiquette « pauvre » agit comme un miroir qui dé- par une belle ligne blanche. Je remarque aussi « bonté » de- venu lugubre. Je constate que la matérialisation de nos an-
clenche une série de sensations désagréables, une vant une grosse Jeep rouge. goisses a fait une victime. La grande bâche de présentation
forme de stress. Du coup, ça se rebouscule dans du projet immobilier et ses symboles religieux mélangés ont
ma tête : pourquoi « pauvre »? Pourquoi là, de- 15h00 reçu des coups de couteau et ont été taguée : « pas ici ».
vant moi ? Une place réservée aux pauvres ? Suis- En route vers la maison. J’habite sur une colline de laquelle Je reviens par le parc Vierset Godin-Parnajon. Certaines
je pauvre ? Pourquoi cette étiquette ? Je n’aime pas j’aperçois Huy nichée dans un creux douillet. Dans ma boîte stèles ont été déterrées et renversées. Malgré moi, j’accé-
les étiquettes. Mais je « suis » pauvre selon les sta- mail : une invitation à l’exposition « Dédale » : des œuvres lère et me dirige machinalement vers le parking du qua-
tistiques du ministère des Finances (et sans doute sur les tabous exposées dans les rues de Huy à partir du 14 drilatère.
les analyses des logiciels espions qui habitent mon septembre. Nous y voilà! Des tabous que l’on nomme sur
smartphone). Mais suis-je vraiment pauvre? Cela des plaques, par exemple. Des tabous qui prennent corps 16h45
veut-il dire que je dois être malheureuse? Bon, qu’à dans des lieux de notre quotidien. C’est autre chose qu’un Tout a disparu. Nous préférons les périls invisibles. Rien à
cela ne tienne, je suis aussi plein d’autres choses, et péril invisible, bien sûr. C’est plein de matière et ça nous cacher, mais tout à dissimuler.
cette plaque peut chanter ce qu’elle veut, j’ai faim. rentre dedans de plein fouet.
4 5
© JM
Une brève histoire
Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il y vie, à l’hégémonie du blanc dans les hôpitaux, les
de l’humanité
pour tous. Ces vœux, issus d’une profonde bles-
1
talitaire, amnésique et qui avait fini par tout enva-
sure, ont donné naissance à l’Organisation des hir sans rien relier.
Nations unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO) et à la construction d’écoles et Finalement, la culture était devenue une manière
et des arts
de centres culturels dans une Europe naissante pla- de consommer massivement le spectacle d’ob-
cée sous le signe de l’union. jets anesthésiés. Les artistes se sont mis à créer
des œuvres pour White cube réfrigéré. Des initiés
En moins d’un siècle, on est parti à la dérive. On transhumaient de foires en musées, de biennales
s’est mis à consommer la culture ! Les supermar- en expositions, retrouvant des codes d’une créa-
par Pauline de La Boulaye, auteure-commissaire invitée chés ont ouvert des rayons après l’an 2000. Dans tion contemporaine légitimée par un curieux ma-
nos caddies : livres imprimés en Chine, fruits trans- riage entre marché et institutions publiques. Un art
géniques et produits de l’industrie agroalimentaire. sous contrôle, sous cloche, hors-sol. Une créa-
Des touristes du monde entier ont dévoré Venise tion artistique séparée de la vie. Une fast culture
« L’art au service de la vie2 ! » et Bruges. Le vieux continent est devenu un pro- indigeste et autodestructrice comme la fast food.
duit touristique super-rentable. Chaque ville, petite,
Anna Halprin moyenne, grande, s’est soumise à cette économie, Lorsqu’elle sortait pour s’exposer dans nos rues, le
optant pour la consommation et le divertisse- choc pouvait être violent. Il est arrivé que les habi-
La crise sanitaire a profondément modifié notre ment; plutôt que pour l’amélioration de la vie des tants détruisent les œuvres ou bien que le chef de
rapport aux autres et aux lieux publics : visages autochtones et des autres êtres vivants. ville appelle la police pour les enlever. La provoca-
tion cristallisait les stéréotypes, renforçait les a prio-
masqués, distance sociale, couvre-feux... Les rues,
Quand il n’y avait pas assez de patrimoine racoleur, ri, le contrôle et les rapports de pouvoir, bref séparait
les parcs, les jardins, les places, les bancs publics on s’est mis à construire des musées d’art contem- l’art de la vie (et de la ville).
n’ont jamais été aussi inhospitaliers ! porain pour dynamiser des zones urbaines
ravagées par la perte de sens. C’était la Ça ne se passait pas toujours comme ça. Dans cer-
première fois dans l’histoire de l’humanité; que l’on tains cas, les villes commandaient des graffiti ou
Nos villes souffraient déjà : délitement des liens
conservait des œuvres fraîchement créées; sans des sculptures monumentales parachutées comme
sociaux, privatisation du sol par le libéralisme leur laisser le temps de vivre, de se frotter au réel, des ovnis : ça donnait des images instagrammables,
rampant, contrôle armé chronique depuis les de s’user, d’être aimées, critiquées, rafistolées. ready-made pour touristes et passants. Ça restait
hors-sol.
attentats, penchant politique pour le tourisme,
On a inventé le White cube. Un cube blanc du sol
attaque du milieu habité, perte d’échelle. au plafond, éclairé par des néons et qui ressemblait Dans d’autres circonstances, hors marché et hors
à un intérieur désinfecté, à un endroit détaché du commande publique, des artistes travaillaient le
Aujourd’hui, la peur de la contagion nous a monde et de ses microbes : un lieu sans af- tissu social et urbain, de façon plus « pri-
marqués et laisse une empreinte tangible dans nos fect, sans histoire, sans passé, sans attaches, dans mitive », plus émancipatrice, plus discrète : elles
lequel l’art régnait totalement. Ce lieu ressemblait et ils renouaient avec l’appropriation collective de
corps, ainsi que dans notre relation aux autres et à son époque : à la rationalisation et à l’optimisa- formes surgissant de la vie. C’était ce dont
aux lieux partagés. tion des espaces de vie et de travail, aux assurances nous allions avoir besoin.
Pauline de La Boulaye
1 Yuval Noah Harari, Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Albin Michel, 2015.
2 Anna Halprin est une danseuse et chorégraphe américaine décédée à l’âge de 100
ans en mai 2021. Atteinte d’un cancer à l’âge de 52 ans, elle a décidé de dédier la
danse à la vie (guérison) et non sa vie à la danse.
6 7
2020-2021 Les villes sont entrées en état d’urgence permanent. En dehors des sentiers balisés du marché de l’art et À l’heure d’écrire ces lignes, les catastrophes na- symbolise le lien, le rapport à l’autre, la coopéra-
Et après ?
Énigmes à Huy en 2021
La crise est totale : sociale, religieuse, migratoire, sa- des institutions culturelles, des artistes expéri- turelles s’accumulent comme les grands fléaux de tion avec ceux d’en face. Il enjambe l’eau, elle-même
nitaire, environnementale… Nos rues, nos places, mentent. Elles et ils ont développé des pratiques in- l’Histoire. Des pluies diluviennes ont défiguré les miroir et reflet de notre rapport au monde. Source
nos paysages sont de plus en plus sous contrôle : clusives, participatives, tissent des liens concrets paysages belges et allemands. Les incendies ra- de vie et de destruction, l’eau est un être mystérieux
contrôle militaire, contrôle sanitaire, privatisation du avec des territoires, des communautés d’habitants. vagent le sud de l’Europe. Beaucoup ont perdu leur aux fonds invisibles. Le pont est donc devenu le lieu
sol par les terrasses, les commerces, les logements. Leur propos est de lutter contre l’exclusion cultu- maison, certains la vie. L’épidémie de Covid semble idéal pour vous rencontrer et réveiller votre curiosité
Les oubliés débordent comme un raz de marée. relle, de réparer le lien humain, de se lier à des ne plus avoir de fin : on se demande si nous al- avec la présence d’un guichet ambulant. Non pas un
Les précaires sont migrants, oiseaux, territoires. Il y a ceux qui ont une approche éco-en- lons vers de nouveaux confinements. Nous arrivons guichet standard, mais quelque chose de singulier,
intellectuels, fleuves, ouvriers, forêts, vironnementale, d’ouverture poétique de l’espace, dans une période de grande fragilité économique de mystérieux, qui change du marchand de glaces,
artistes, rivières, femmes, abeilles, en- de revitalisation urbaine et qui invitent les habitants et sociale. Après un an et demi d’éducation à dis- de gaufres, des réservations culturelles sur Internet
fants… Les équipements traditionnels sont sub- à modifier leur perception concrète ou inconsciente tance et de culture sur écrans, nous touchons aux et des injonctions provoquées par la crise sanitaire.
mergés. Les anciennes structures relationnelles de de la ville (Agence nationale de psychanalyse ur- limites de la transmission des connaissances sans
la société se fissurent. Nous assistons à une véri- baine en France, Stalkers en Italie, Design For Eve- contact humain. Les installations artistiques n’étant volontairement
table attaque du milieu : la destruction de nos re- ryone en Belgique). Il y a ceux qui questionnent les pas référencées sur un plan, vous avez pu vous lais-
lations aux autres et à ce qui nous entoure. Nous institutions humaines, gardiennes de l’ordre urbain Dans l’incertitude du monde qui vient, ser surprendre par le hasard d’une rencontre dans
sommes sur le point de basculer dans la tyrannie : (justice, police, prison), du mode de vie en ville le grand défi est de réparer le lien humain, nous ras- un parc, un centre commercial, une rue commer-
un monde dans lequel des individus isolés ne voient (hôpital, école), de la culture (musée, statuaire pu- sembler autour de lieux communs en partageant des çante, dans votre quartier ou... sur le pont Roi Bau-
dans les êtres et les choses que des objets consom- blique) et du rapport à la nature. Ceux-là invitent les responsabilités et des valeurs. Et pour ce faire : co- douin.
mables et jetables. Nous atteignons les limites du habitants à réfléchir aux normes et à la marge, à se habiter, inclure, débattre, discuter, essayer, recom-
« prêt-à-habiter » l’espace privé / « prêt-à-consom- positionner (Arnaud Théval en France, Habitant·e·s mencer...
mer » l’espace public. des images en Belgique). Il y a ceux qui proposent de
Avec le guichet, comme avec ce
réparer la chaîne du soin. Il y ceux qui renouent avec Pour la première fois depuis la création de Dédale, texte qui s’adresse à votre sensibilité,
Quelle place pour la rencontre gratuite les origines, le mystère de la création, les rites (Julien l’exposition urbaine a été précédée d’une résidence
je voudrais m’adresser à votre
et la création d’imaginaires communs ? Celdran en Belgique). Il y a ceux qui créent des com- artistique. Car créer dehors, c’est s’ancrer dans
Des artistes, des philosophes et des poètes pro- munautés, des tiers-lieux et cherchent de nouveaux le sol (l’humus), dans l’humain, avec devenir artiste, à quelque chose qui
posent de renouer avec les échelles intermédiaires, formats culturels de vie. Dans la rencontre de l’autre humilité. C’est comme l’eau dans le sol, ça prend dort en vous.
de recoudre notre rapport au monde pour retrouver et l’apaisement des tensions (Oiseaux sans tête en beaucoup de temps, ça doit décanter, ça demande
le sentiment d’appartenance à des paysages vivants Belgique). Tous travaillent la dimension symbolique, de la ténacité, de la patience, des outils, de la mé- Je voudrais vous détourner de votre
et des communautés humaines. Ils nous aident à créent des dispositifs ou des objets relationnels qui diation, de la traduction, de la cristallisation... chemin et vous orienter vers une
voir, dans chaque chose qui nous entoure, des su- installent un lien durable entre habitants
jets. Ils nous rappellent que la création artistique est et lieux. Ils sont souvent à la fois artistes, anthro- Au printemps 2021, les artistes sont donc venus tis-
œuvre qui pourrait transformer votre
née de la nécessité de se lier symboliquement au pologues, social designers, architectes, ou bien ser des liens avec la ville de Huy et ses habitants. journée, votre week-end ou votre vie.
monde. Sculpture, ornement, peinture, danse, mu- agissent en collectif. Elles et ils prennent le risque J’ai le plaisir de faire partie des invités aux côtés de Je voudrais que vous me racontiez ce
sique existaient avant l’invention du langage. de créer du commun sans attendre une re- Design For Everyone, Julien Celdran, Maud Dalle-
connaissance individuelle des institutions. Au lieu magne et Frans Daels. Elles et ils sont généreux, que vous avez vu et ce que vous en
Nous avons quelque chose d’important à faire : par- de mettre leur art directement sous cloche dans un curieux des autres, de prendre des risques avez pensé.
tager le pouvoir esthétique et politique, redonner à White cube, ils mettent leur art à l’épreuve du et ont des positions critiques vis-à-vis des dérives
chacun et chacune la capacité de se lier symbo- social, du climat et du temps. du monde. Je m’engage à leurs côtés pour transfor-
Je voudrais que vous ne soyez pas
liquement à ce qui nous entoure. C’est mer le parcours d’arts en une expérience col- d’accord et qu’on puisse trouver une
un projet de renaissance, un projet de civi- lective dont ce journal est le témoin. Il importe de solution.
lisation : changer la place de l’art dans la ville, c’est- changer notre rapport à la culture. Le Centre cultu-
à-dire dans les lieux publics, dans les quartiers et rel de Huy nous a invités dans ce sens. Des Hutois Je voudrais vous demander, ainsi
dans les équipements collectifs (hôpitaux, écoles, nous ont hébergés et ont participé avec d’autres qu’aux élus, si l’art peut contribuer
prisons). (représentants de la commune, associations…) à
ce qui suit. à réparer le lien social, la chaîne du
soin, notre rapport au monde.
Dédale 2021 s’est ainsi ancré dans un territoire
en mutation. Territoire traversé par la Meuse, Je voudrais savoir si une œuvre peut
fleuve à l’origine de l’occupation humaine de la val- devenir un bien commun.
lée, personnalité archaïque reliant Huy à un ailleurs. Je voudrais vous demander ce que
Il faut la franchir pour ressentir qu’une rive n’est
pas l’autre. vous voulez faire des installations de
Dédale 2021 : maintien ? recyclage ?
La rive droite est une imbrication de fort militaire
déplacement ? destruction ?
Pauline de La Boulaye
Pauline de La Boulaye
et de collégiale démesurée, de collines abruptes
et vertes, de bâtiments de styles médiéval, Renais- Je voudrais qu’ensemble, nous
sance, néogothique, moderniste… Un peu plus loin,
inventions un peu le monde qui
la centrale nucléaire de Tihange génère électricité
et emplois. La rive gauche est plus récente, indus- vient.
trielle, sidérurgique, commerciale, abandonnée par
endroits. Les strates du temps s’accumulent comme Comme avec le guichet, à travers les pages qui
dans un grand bug de l’Histoire. suivent, je vous oriente à la découverte des pro-
positions artistiques et vous invite à réfléchir à leur
Les artistes ont choisi l’une ou l’autre rive, parfois les devenir.
deux. J’ai choisi le pont Roi Baudouin pour y instal-
8 ler les week-ends un guichet ambulant. Le pont 9
Design
For Everyone
Publification : coconstruction d’un nouvel espace public
Le collectif Design For Everyone rassemble des personnes venant de l’architecture, de l’éducation permanente, du
design social, de la coconstruction, des arts et de différents pays européens.
Design For Everyone questionne l’espace public en cer le « droit de cité » réservé aux hommes libres. Ils
agissant directement sur le mobilier urbain et les lieux étaient la plupart du temps assignés à la vie domestique
publics. À Bruxelles, depuis 2018, le collectif intervient du foyer ou bien à des travaux spécifiques. Tandis que
sur les bancs de métro : des accoudoirs séparent les les hommes libres organisaient la vie citoyenne. Les es-
assises, créent de la distance sociale, empêchant, entre paces privés et publics restaient relativement poreux :
autres, les sans-abri de s’allonger. Design For Everyone aux thermes, dans les rituels collectifs, les assem-
prend les mesures de ce mobilier inhospitalier, fabrique blées citoyennes, les enseignements philosophiques,
des modules adaptés, puis vient les greffer pour apla- les banquets… l’intimité et la vie publique s’entremê-
nir le banc, le rendre plus hospitalier. laient, comme chez les peuples nomades. Il faut dire
que l’humanité venait de se sédentariser. La cité ve-
L’architecture du mépris et de l’hostilité3 se déploie dans nait d’être inventée.
les métropoles. Des grilles de séparation aux herses
anti-assises, des bancs inconfortables aux caméras 2500 ans et 8 milliards d’humains plus tard, à quoi
de surveillance... ce que racontent ces installations, ce ressemble notre vie publique ? Dès que nous
n’est ni une société de l’inclusion ni une démocratie, franchissons une porte, c’est pour nous déplacer dans
mais une société de contrôle pour des individus isolés, une prison invisible : masque, propreté, tracking géolo-
désolidarisés, sans liens avec ce qui les entoure. Par calisé, culpabilité d’être potentiellement dangereux pour
ses interventions, Design For Everyone rend visibles les autres… Notre vie publique se définit à travers ce qui
les aménagements qui conditionnent nos comporte- nous a manqué ces derniers temps : les cafés, les restau-
ments, nos manières d’interagir sans que nous nous rants, les lieux culturels, les loisirs. Mais quoi ? Le seul
en rendions compte. Le collectif nous alerte sur l’im- contrechamp à nos vies privées ne serait que divertis-
portance de préserver nos espaces de rencontres gra- sements, loisirs et culture consommable ? Le « prêt-
tuites, de convivialité sociale et d’hospitalité pour les à-penser urbain ».
personnes précaires. C’est là que se joue notre vie ci-
toyenne. L’espace public est un bien com- Design For Everyone souhaite rendre possible
mun, un territoire menacé. l’émergence d’autres espaces publics, fa-
voriser de nouveaux usages urbains pour une démo-
Ce qui menace notre espace public menace la démo- cratie renaissante.
cratie : la privatisation du sol (par exemple l’extension
des terrasses de café et des commerces) et le contrôle À Huy, durant Dédale 2021, le collectif Design For Eve-
chronique de nos déplacements et de nos usages so- ryone a transformé un espace commercial en espace
ciaux. Or, avec la pandémie, le contrôle augmente et public. Une façon d’inverser la tendance de la privati-
le domaine privé est en expansion. sation en cours.
Cet atelier de publification d’un espace privé invitait
Depuis un an et demi, l’espace privé est en train de se les passants à coconstruire du mobilier urbain et, ce
refermer sur nous. La situation nous pousse à regar- faisant, à codécider des usages de ce nouvel espace
der de plus près nos corps, nos proches, nos murs, nos public, ses conditions d’accès, la responsabilité collec-
architectures, nos plantes, nos animaux, nos lits, nos tive qui en découle…
Design For Everyone
Dans la cité grecque antique, les femmes, les enfants 3 Michaël Labbé, Reprendre place, contre l’architecture du mépris ,
Payot, 2019.
et les esclaves étaient privés de leur puissance
10 publique, c’est-à-dire qu’ils ne pouvaient pas exer- 11
À l'issue de notre Et pourtant… malgré nous lors du week-end
résidence exploratoire notre réponse à un appel de lancement de Dédale
à Huy, occuper un à projets d'occupation 2021. Vous avez souvent
espace commercial d'espaces gérés par la exprimé votre plaisir à voir
sans affectation pour y Ville – qui s'est soldée par le volet métallique ouvert.
déployer un espace public un échec cuisant – des Parfois, vous vous êtes
éphémère nous est apparu demandes et propositions enthousiasmé·e·s d'une
comme une évidence. d'aides des un·e·s et des telle proposition
autres, ce sont finalement « rive gauche ». Mais,
Signes d'une mutation – et tardivement – les très plus régulièrement, il
urbaine en cours, ces commerciales agences faut le concéder, vous
espaces privés – vides immobilières qui nous étiez déçu·e·s que ce ne
– dédiés au commerce ont permis – non sans soit qu'une éphémère
contrastaient avec la bourse délier – d'accéder proposition culturelle…
privatisation de l'espace à l'espace que nous avons
public pour y déployer des investi ! Cruel parcours Et pourtant, nous avons
activités commerciales. semé d'embûches… été en lien, nous nous
sommes parlé, nous avons
La voie nous semblait Vous avez été nombreuses échangé… les espaces où
toute tracée et aisée tant et nombreux à nous rendre ça se produit sont-ils si
le nombre d'espaces une petite visite dans cet nombreux ?
vacants nous semblait, à espace de l'avenue de Design For Everyone
Et après ?
Questions ouvertes aux riverains, aux propriétaires du local commercial, aux associations et aux élus
Selon vous, que faire de ce nouvel espace public après Dédale 2021 ?
• Souhaitez-vous qu’il redevienne un espace privé commercial ? oui / non
• Souhaitez-vous qu’il devienne un espace public ? oui / non
• Pensez-vous qu’il s’agit d’un nouveau type d’espace ? oui / non
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Souhaitez-vous faire partie d’un groupe qui pourrait continuer à faire vivre ce nouvel espace public ? oui / non
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Maud
Dallemagne
Constellation urbaine :
extractions subjectives d’un paysage menacé
Maud Dallemagne crée à travers un travail graphique manuel : peinture en lettres, ateliers ambulants de sérigraphie
urbaine, collages. Elle sillonne quotidiennement la Wallonie, en tant que membre du collectif artistique Les Tontons
Racleurs (Charleroi) et enseignante en communication visuelle et graphique à l’École supérieure des arts Saint-Luc Liège.
Maud superpose textes, photographies et images Ces 6 peintures-étoiles sont exposées dans le centre
pour révéler l’épaisseur du monde qui nous commercial Batta. Elles ne sont pas consommables.
entoure. Elle cherche à reproduire le paysage na- Elles replacent à l’intérieur du temple de la consomma-
turel, urbain, minéral à travers textures et couleurs : tion et des publicités sur papier glacé, des extraits
murs, roches, architectures. Déconstruire les rugueux du dehors, des morceaux de réel, des
images-écrans des médias pour générer une symptômes de l’effondrement dont les panneaux
vision sensible, incarnée, rugueuse du réel. publicitaires ne parlent pas.
Au printemps, elle parcourait Huy en quête de lieux, Mais en dehors des pubs qui ont envahi l’espace ur-
de détails, de situations représentant la mutation ur- bain, où sont passés les affiches sauvages, les murs
baine en cours. Elle dit avoir photographié « des chan- d’expression libre ? Les affiches de mai 68 ont été célé-
gements, des nouvelles habitudes, des traces que brées en 2018 dans des musées qui les stérilisent. Elles
l’homme laisse derrière lui impactant son environne- sont devenues les icônes d’une révolution de la subjec-
ment. Ces traces sont, pour moi, des constellations tivité. Depuis, l’affichage urbain est devenu de plus en
d’étoiles. Chacune d’elles a une intensité différente, plus réglementé et limité. Durant Dédale 2021, Maud a
une couleur distincte. Chacune est une composante dressé un panneau d’affichage géant et a proposé aux
d’un nouveau développement urbain. » habitants des ateliers de sérigraphie urbaine pour fa-
Elle a ensuite choisi 6 images qu’elle a imprimées en briquer des affiches et redonner à chacun la possibili-
grand format (100 x 150 cm) puis retravaillées en pein- té de partager sa vision subjective et rugueuse du réel.
ture, pour rendre le relief, l’épaisseur, l’intensité de ces
extractions de paysages hutois. « Cette transcription PLB
est un état de transition où la photo devient peinture,
où le réel devient abstrait, où les textures et les cou-
leurs se mélangent pour obtenir une nouvelle informa-
Et après ?
tion visuelle qui se détache de l’original. » Questions ouvertes aux riverains, aux propriétaires du local
commercial, aux associations et aux élus :
Maud Dallemagne
musée ? Batta / musée
magasin ouvert sur rendez-vous • Avez-vous une autre idée ? Souhaitez-vous faire partie d’un
© Colguy
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Julien
Celdran
Vœux de bon rétablissement à une société malade :
Archéo-sculpture votive
Carnavals, arbres à clous, arbres à loques, sources mi- réacteurs de la centrale nucléaire de Tihange pres-
raculeuses... Julien Celdran questionne nos croyances surisent l’eau du fleuve, générant électricité et em-
symboliques. Que ce soit en Afrique, en Islande, en plois. Des fissures inquiètent. Le Hoyoux, affluent de
Belgique, en Australie ou ailleurs, les humains répètent la Meuse, coule derrière l’hôpital. Sous haute tension
des pratiques venues de la nuit des temps, nouent des depuis la crise sanitaire, l’hôpital serait le dernier en-
droit où l’on soigne en Europe. Les fissures de
Julien Celdran
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« Du pied il dégagea des guérir. Résurgence de rituels païens, magie ou sym-
bolisation : peu importe, le geste veut dire espérance.
emplacements dans le sable pour À Huy coule la Meuse. C’est sa force. Au fond de la
les hanches et les épaules du petit à Meuse se cache l’inconscient collectif. Avec un aimant
(l’aimant aime : il aime l’acier qui est le passé industriel
l’endroit où il allait dormir et il s’assit
de la Wallonie), j’en ai retiré des éléments métalliques :
en le tenant contre lui, ébouriffant ses déchets, outils, armes, clés, clous… Ils sont altérés,
cheveux pour les faire sécher près mais énergétiques, ils sont chargés par le courant.
Et puis j’ai un établi. Un vieil établi en bois. L’établi,
du feu. Tout cela comme une antique c’est le support du travail. Celui du travail de soin pour
bénédiction. Ainsi soit-il. Évoque les notre collectif, pour notre société.
Dans l’établi, je plante les clous, les barres, les clés,
formes. Quand tu n’as rien d’autre les fusils de notre inconscient collectif au fond de la
construis des cérémonies à partir de Meuse.
rien et anime-les de ton souffle. » Et puis il y a le collectif des masques. Le masque
comme symbole de l’attention à l’autre (on le met pour
Cormac McCarthy - La route ne pas le contaminer) et comme symbole de la perte
du lien, de la perte du sourire, du dialogue et du baiser.
On peut charger le masque comme la Meuse charge
Dans les situations du plus grand désarroi, l’humani-
l’acier. Tout ce qu’on dit s’y incruste.
té symbolise. Symboliser, c’est effectuer des gestes
Vœux de bon rétablissement à une société malade
© Guy Colombel
aînés isolés doit trouver une formulation symbolique.
Autrefois et encore aujourd’hui, en Wallonie et ail-
leurs, des vœux sont énoncés de manière ritualisée.
Arbres à clous, arbres à loques, fontaines miracu-
leuses portent les vœux déposés par chacun et Annexe sonore à la sculpture votive
constituent l’image d’un collectif cherchant la gué- de Julien Celdran : une création
rison. Là on cloue à l’arbre le vêtement d’un malade podcast de Vincent Matyn.
(l’arbre est assez fort pour en détruire la maladie), là
on noue à la fontaine un vêtement, un masque, pour
Et après ?
Questions ouvertes aux riverains, aux associations et aux élus
Selon vous, que faire de la sculpture votive après Dédale 2021 ?
• Souhaitez-vous la remettre à la Meuse ou dans un musée ? Meuse / musée
• Réusage ? ……………………………………………………………………………………………
Souhaitez-vous une installation à plus long terme dans le parc Henrion ? oui / non
Pensez-vous qu’il serait utile de l’installer ailleurs dans la ville ? oui / non
• Si oui, où ? ………………………………………………………………………………………………
Julien Celdran
Julien Celdran
Souhaitez-vous faire partie d’un groupe qui pourrait continuer à faire vivre cette sculpture votive ? oui / non
• Avez-vous une autre idée ? ……………………………………………………………………………………………………………
20 21
Frans
Daels
Mi Dica, Dis-moi :
Sculpture de gestes manifestes
Depuis plus de 20 ans, Frans arpente le monde avec blancs dans les rues de San Francisco. Quand les pas-
une pancarte muette, un panneau blanc, un cri si- sants demandaient « Contre quoi protestez-vous ? », les
lencieux, un support d’expression vierge. Il l’a fait danseurs leur répondaient « Contre quoi voulez-vous
longtemps seul, posant sur des photographies captu- protester ? ». Ils marchaient à trois mètres de distance
rées par son épouse. Il faut être au moins deux pour pour ne pas avoir à déclarer l’organisation d’une ma-
se dire l’indicible, pour ouvrir du possible dans le réel nifestation à la police.
saturé de mots-commentaires.
Mais Frans veut transmettre le geste à des non-dan-
Frans expérimente, décline, répète les façons de porter seurs, à des habitant·e·s, dans l’ancrage et dans la
son support en lien avec les lieux et les gens. Il sculpte durée. Il veut éveiller nos pouvoirs insoupçonnés,
le panneau et le geste. Un travail approfondi d’ajuste- nos attitudes pour questionner nos lieux. Il revient à
ment, d’échelle et de posture. Il consacre sa vie à cela : Huy en 2021 pour sculpter le port du panneau avec
porter un signe en devenir. les Hutois à qui il propose des ateliers pour que cha-
cun puisse sculpter son port de signes en devenir.
Nous avons tous des choses non formulées, une part Ce n’est plus lui qui pose sur les photos, mais Ka-
non exprimée, quelque chose qui échappe à la rai- rine, Martine, Baptiste, Mogamed, Sofia, Nono, Ariane,
son, que l’on sait mais que l’on ne libère pas toujours, Maria, Maurane, Simon, Pauline, Gerard, Sylvano, Sa-
comme s’il nous manquait un pouvoir. bine, Muccino, Quentin, Yter, Aurelie, Charlotte, Annie,
Jacques, Marina, Jean-Marie, Isabelle, Farida, Nico-
Durant Dédale 2021, Frans proposait aux habitants de las, Virginie, Sacha, Jérôme, Marie-Jeanne, Claude,
Huy d’éveiller cette part, en devenant porteurs de Ronny, Jeannette et Hélène. En partageant des por-
signes en devenir. traits d’habitants porteurs de panneaux vides, en
mettant à disposition des pancartes muettes, en pro-
Il était déjà venu à Huy pour organiser une performance posant des ateliers de transmission de gestes, Frans
silencieuse. Ce fut spontané, éphémère, évanescent. Il cherche à redonner à tout un chacun une
y avait peut-être un air de la Blank Placard Dance créée forme de pouvoir esthétique et politique.
par la danseuse américaine Anna Halprin en 1967 : une
procession de vingt danseurs portant des panneaux PLB
Et après ?
Questions ouvertes aux riverains, aux associations et aux élus :
Selon vous, que faire des pancartes muettes après Dédale 2021 ?
• Destruction ou recyclage ? destruction / recyclage
• Souhaitez-vous qu’on les place dans un musée ? oui / non
• Réusage ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………
Frans Daels
• Qu’en ferez-vous ? …………………………………………………………………………………………………………………………………
Souhaitez-vous faire partie d’un groupe qui pourrait continuer à organiser des marches-performances muettes ?
oui / non
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Postface
par Pauline de La Boulaye et Julie Maréchal
Dédale 2021
Au fil des week-ends, nous avons rencontré, sur
le pont Roi Baudouin, des passants venus de par-
tout. De chaque côté du pont, artistes et piétons
merci !
ont activé des installations évoluant au fur et à me-
sure du parcours.
Cools, Jérémie Leclerck, Ariane Rire, Maurane imbrication de bâtiments historiques, souligne la
Lassine, Lhomme, Simon Decroes, Pauline nécessité de créer de nouveaux usages sur cette
Heneaux, Marina Marangi, Sabine Morsa, esplanade qui sera bientôt réaménagée. Puisse-
Miccino, Quentin Lambert, Ytere Massaux, t-elle devenir un espace favorable au lien social et
Aurelie Lardinois, Charlotte Belery, Jean-Marie environnemental !
Vanebempt, Isabelle Tchekeroul-Kouch, Nicolas
Michiels, Virginie Skieresz, Marie-Jeanne Merci aux personnes qui sont venues coconstruire,
Preuveneers, Claudy Jalet, Ronny Verstraeten, occuper et questionner le nouvel espace public
Hélène Lemmens, Nicole Devillers, Pétronille proposé par Design For Everyone, dont les artistes
Séleck, Sylvano Scorier, Véronique Demaret, Roberto Cassol, Christophe Bailleau, Ania Cyrson
Étienne et Évelyne Lannois, Aurore Guiot, et le collectif Huy Espace Public Partagé (HEPP)…
Catherine Migeot, Manuel Hody, Sandrine Morel,
Allô Pizza Huy… À l’heure où nous écrivons ces lignes, Dédale dure
encore 20 jours. Nous ne savons pas quelles fu-
À l’équipe du Centre culturel de Huy tures rencontres, quels nouveaux liens et quelles
Au programme « Un Futur pour la Culture » de la propositions feront leur apparition chemin faisant.
Fédération Wallonie-Bruxelles Merci à tout ce qui n’est pas encore advenu !
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Quel Dédale pour 2023 ?
Avenue Delchambre 7a
4500 Huy
085 21 12 06
www.centrecultureldehuy.be
/centrecultureldehuy
© Maud Dallemagne