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La surprise a été telle que même le journaliste chargé


du desk anglophone deRussia Today (RT) en Russie
Isolé dans sa tour d’ivoire : comment
s’est senti obligé de s’excuser d’avoir cru au bluff
Poutine en est arrivé à lancer l’invasion de jusqu’au bout, avant de se murer dans le silence depuis.
l’Ukraine Un de ses jeunes collègues à Moscou a démissionné.
PAR JULIAN COLLING
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 4 MARS 2022 «Même en Russie, très peu d’experts pensaient que
cela arriverait, rappelait Kadri Liik, chercheuse
au Conseil européen des relations internationales
(ECFR). Car cela contredit tout ce que l’on pensait
savoir de la logique, des objectifs et moyens de la
politique étrangère russe.»

Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse à Moscou,


le 23 décembre 2021. © Photo Natalia Kolesnikova / AFP
La décision du chef du Kremlin a surpris, en Russie
même, les meilleurs spécialistes et jusque dans les
rangs du pouvoir, où le ministre de la défense,
Sergueï Choïgou, et l’ancien patron du FSB, Nikolaï Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse à Moscou,
le 23 décembre 2021. © Photo Natalia Kolesnikova / AFP
Patrouchev, ont pris le pas sur le ministre des affaires
étrangères, Sergueï Lavrov. En plus d’un pan de la société russe abasourdi,
Moscou (Russie).– Aux aurores du 24février 2022, le choix radical de Vladimir Poutine a ainsi
Vladimir Poutine annonçait l’invasion militaire de pris de court toute une communauté habituée à
l’Ukraine, armé d’un nouveau discours maniaque déceler en lui un homme déterminé mais rationnel.
et agité sur une Ukraine qu’il faudrait «dénazifier», «Tellement de spécialistes avaient l’habitude de
censé justifier sa décision. L’attaque du pays voisin, traiter Poutine comme un acteur pragmatique… C’est
ami, «frère» pour de nombreux Russes, la plus lourde terminé», ajoutait l’universitaire Seva Goutnitsky.
offensive dans l’espace européen depuis 1945, peu «La présomption de rationalité avec laquelle
pouvaient l’imaginer encore quelques heures plus tôt. j’analysais Poutine depuis 23ans devra être jetée à la
poubelle», écrivait le journaliste Leonid Berchidski.
«Plus rien ne sera jamais comme avant, la Russie
que l’on connaissait n’existera plus»,regrettait à chaud Appelée à bouleverser la Russie pour de longues
Gleb Pavlovski, ancien conseiller de Poutine devenu années, la décision de Vladimir Poutine est le
critique. Une tonalité qui revenait en boucle sur terme d’un long cheminement qui s’est récemment
les réseaux sociaux. « C’est totalement incroyable», et brutalement accéléré, fruit d’une vision du monde
réagissait auprès de Mediapart Elena Tchernenko, emplie de revanchisme, de paranoïa et de frustration
respectée correspondante diplomatique du quotidien face à l’Occident, d’un homme isolé et radicalisé, au
Kommersant, pourtant loin d’être d’opposition. processus de décision de plus en plus solitaire et, enfin,
de tout un système.
Dans la foulée, de très nombreux «Russia watchers»
(observateurs et spécialistes de la Russie) faisaient leur Et Poutine bascula…
mea culpa sur Twitter, pour n’avoir pas cru, jusqu’au « Jusqu’au mois de décembre, on pouvait débattre
dernier instant, que le président russe irait aussi loin. du fait que les demandes de Poutine en matière
de sécurité face à l’OTAN étaient plus ou moins
rationnelles par rapport à ses discours précédents,
claires en tout cas, et certains pouvaient être d’accord,

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commente Tatiana Stanovaïa, fine connaisseuse des d’État, pressé, se sentirait investi d’une mission quasi
arcanes du pouvoir russe et fondatrice du cabinet messianique devant l’histoire, à savoir la protection du
d’analyse R. Politik. Mais face au refus ferme et peuple slave orthodoxe et «sa réunification en un seul
prévisible du bloc occidental, il a dégoupillé. » État d’ici à 2024», fin de son mandat actuel.
D’autres observateurs, comme Anton Barbachine, se Tatiana Stanovaïa, fondatrice du cabinet d’analyse R.
demandent si la décision d’envahir l’Ukraine n’était Politik
pas en réalité prise depuis longtemps, camouflée Comme l’a très justement rappelé le magazine
par une parodie de diplomatie pendant quelques britannique The Spectator, l’Occident ne devrait pas
semaines. Car depuis le Maïdan ukrainien de 2014, se montrer très surpris de l’évolution (logique) du
le leader russe est convaincu que l’Ukraine est président russe depuis 2007, si l’on se fie aux textes de
instrumentalisée par l’Ouest pour déstabiliser la ses prises de parole.
Russie. «La tentative de révolution en Biélorussie en
Mais dans le même titre, le journaliste anglo-russe et
2020 a également beaucoup fait peur au Kremlin et
longtemps correspondant à Moscou Owen Matthews
aux durs du régime, ajoute l’universitaire spécialiste
disait ne pas reconnaître le «joueur d’échecs» habituel,
des services de sécurité russes Mark Galeotti. Il
aux différents succès stratégiques au fil des ans. Pour
s’est ensuite agi de préparer, niveler le terrain en
lui, Poutine a basculé d’un coup dans quelque chose
démolissant l’opposition russe.»
de beaucoup plus sombre, «isolé dans sa chambre
Surtout, du fameux discours de Munich en 2007 sur la d’écho, plaçant une distance aussi énorme que sa
nécessité d’un monde multipolaire, jusqu’aux discours désormais célèbre table entre lui et la réalité».
agités du 21février 2022, le chef du Kremlin semble
s’être radicalisé dans une idéologie impérialiste Tour d’ivoire
et irrédentiste vis-à-vis de l’Ukraine, devenue son Divers éléments esquissent l’enfermement mental
obsession, couchée sur le papier dans son long article du dirigeant russe depuis deux ans. En premier
de juillet 2021 sur la proximité historique des peuples lieu, la pandémie du Covid-19. Elle a, de l’avis
ukrainien et russe. Depuis quelques années, Poutine de tous, grandement isolé un Vladimir Poutine
parlait même de «génocide», mot lourd de sens mais qui craint démesurément le virus, et impose des
sans fondement, au sujet du sort des russophones du conditions drastiques à tous ses visiteurs. Le boss,
Donbass ukrainien. qui n’utilise notoirement pas d’ordinateur ni Internet,
passerait énormément de temps devant les chaînes
« Après l’annexion de la Crimée, autour de d’information officielles, qu’il influence sans doute
2015-2016, il a commencé à se plonger dans les autant qu’elles le confortent dans sa vision des
archives et les documents historiques concernant événements – notamment sur les années de conflit
l’Ukraine, poursuit Stanovaïa. Il s’est forgé tout seul dans le Donbass séparatiste.
la conviction qu’il fallait agir. Le facteur émotionnel
Les avis divergents ont disparu de son espace
a peu à peu pris le dessus, on l’a vu avec ses discours
informationnel. «Il n’y a plus aucune discussion dans
récents. Difficile de dire qu’il est devenu “fou”, car
la prise de décision, confirme Tatiana Stanovaïa.
son discours de mars 2014 après l’annexion de la
Poutine ne parle plus, en réalité, qu’à ses conseillers
Crimée avait déjà les mêmes relents, mais il est
militaires. Il est désormais clair qu’il a décidé
maintenant dans une bulle, ça a conditionné son état
d’envahir l’Ukraine avec un tout petit cercle autour de
d’esprit.»
lui, l’état-major de l’armée, des généraux, peut-être
Sur Telegram, l’influent rédacteur en chef de la radio des membres du GRU [le renseignement militaire –
Écho de Moscou – qui a cessé d’émettre le 1ermars ndlr]. Cela l’a coupé de la possibilité de pondérer les
–, Alexeï Venediktov, donnait du crédit à une théorie risques de l’invasion. Le choc est réel, y compris pour
qui a de plus en plus cours. À 70ans, l’homme

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des officiels de très haut rang. Le président n’a pas Elle aura au moins eu le mérite de mettre en lumière un
préparé son environnement à cette guerre.» En 2014 organe méconnu à l’étranger mais central aujourd’hui:
déjà, la décision de lancer l’annexion de la Crimée le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie
avait été prise en commando, avec un petit cercle (lire ici l’analyse de Mark Galeotti). C’est simple, il
d’individus. regroupe toute la fine fleur du leadership russe (voir ci-
Dans un podcast (en russe) du média indépendant dessous la liste des membres en 2019, encore actuelle).
Meduza, les ultra-connectés journalistes Konstantin
Gaaze et Andreï Pertsev ont raconté comment
les «civils» du Kremlin, conseillers, membres de
l’administration présidentielle et même ministres,
n’étaient pas au courant de la décision d’attaquer
l’Ukraine avant qu’elle ne soit annoncée.
De quoi expliquer la sidération de l’élite et de la
société russes – et, peut-être, les déboires actuels de
l’opération russe. La question de «l’après» en Ukraine,
en cas de renversement du pouvoir à Kiev (Kyiv en
ukrainien), ne semble pas non plus avoir été pensée,
faute de concertation.
« Le ministère des affaires étrangères, par exemple,
n’a plus aucun poids dans la décision, affirme La séquence aura surtout montré l’état des rapports de
Andreï Soldatov, autre spécialiste des services secrets force au sein du pouvoir russe.
russes. Alors que le ministère de la défense monte
« Les faucons en matière de géopolitique dominent
en puissance. Globalement, l’idéologie dure et les
totalement désormais,constate Tatiana Stanovaïa.
militaires l’emportent désormais. Le président a vu
Tout le monde est poussé à suivre, il s’agit de ne
en 2014, avec l’annexion de la Crimée, puis en Syrie
pas montrer de fragilité. Lors de la réunion, on a
l’année suivante, qu’il pouvait compter sur son armée,
vu les acteurs plus mesurés comme Sergueï Lavrov
efficace. Il a commencé à s’appuyer de plus en plus
[ministre des affaires étrangères – ndlr],Viatcheslav
sur ces types sûrs d’eux, confiants, convaincus comme
Volodine [président de la Douma –ndlr] ou l’envoyé
lui. Cela a changé le cours des choses.»
spécial sur l’Ukraine Dmitri Kozak obligés de
« Fauconisation » et militarisation du régime consentir béatement à la ligne dure de Poutine. Ils
La radicalisation du président russe accompagne en n’ont rien su de l’invasion prévue.»
réalité celle de tout un système, en matière de politique Le directeur du renseignement extérieur (SVR),
extérieure comme intérieure. Une autre séquence, Sergueï Narychkine, perçu comme affable – il a
théâtralisée, montée puis diffusée à la télévision en donné une rare interview à la BBC en 2020 – a
différé, a marqué les observateurs de la Russie: la été humilié publiquement par le maître des lieux
séance de «consultations» de Vladimir Poutine avec jusqu’à bredouiller, livide. L’image a fait le tour du
ses plus hauts gradés. C’était le lundi 21février, juste monde, illustrant un climat de peur qui règne autour
avant l’annonce de la reconnaissance par la Russie de de Poutine, le chef absolu malmenant ses subalternes.
l’indépendance des deux républiques séparatistes du «Mais on a vu que d’autres acteurs s’en sont mieux
Donbass. sortis, marque d’un plus grand respect de la part du

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chef», analyse Andreï Soldatov. Parmi eux, le patron antagoniste, et l’Ukraine se retrouve au milieu. Il
du Conseil de sécurité lui-même, Nikolaï Patrouchev, faut rebattre les cartes. Et il a la confiance totale de
considéré comme le «faucon des faucons» à Moscou. Poutine.»
Ancien directeur du FSB (les services intérieurs)
jusqu’en 2008, Patrouchev a depuis revitalisé le
Conseil, organe honorifique et maison de pré-retraite
jusque-là. Sérieux, travailleur, il recueille avec son
secrétariat tout le renseignement produit en Russie,
travaille de pair avec le FSB, où l’un de ses hommes
de confiance, Alexander Bortnikov, lui a succédé.
Surtout, Patrouchev a progressivement gagné en
Vladimir Poutine et Nikolaï Patrouchev en hélicoptère lors de la
influence sur la politique extérieure russe. Il est peut- visite d’un avant-poste militaire à Naltchik dans le Caucase, le 4
être le haut gradé qui rencontre le plus souvent en tête- février 2008. © Photo Mikhail Klimentyev / Ria Novosti / AFP

à-tête le président. D’ordinaire discret, Nikolaï Patrouchev a ainsi donné


Originaire de Saint-Pétersbourg comme Poutine, depuis 2019 pas moins de quatre interviews au
ancien du KGB où il fit carrière comme Poutine (ils journal quasi officiel Argoumenty i Fakty (Arguments
ne se croisèrent toutefois pas à l’époque soviétique), et faits), dans lesquelles il désigne notamment la
Patrouchev, 70ans, est le symbole parfait de toute main de l’Occident dans les soulèvements populaires.
une génération d’hommes de pouvoir élevés en Union «Patrouchev a cette aura, il est très intelligent et
soviétique. Il est lui aussi animé d’une vision du connaît bien ses dossiers, je n’ai jamais été aussi
monde basée sur la revanche contre l’Ouest, la nerveuse avant une interview qu’avant ma première
confrontation avec une OTAN vue comme menaçante. rencontre avec lui», confie Elena Tchernenko, du
journal Kommersant.
Andreï Soldatov, spécialiste des services secrets russes
Dans leur entretien de l’époque (2015), Patrouchev
« Longtemps, les vues de Patrouchev ont été une
donne déjà une vision paranoïaque: Washington
caricature de celles de Poutine. Leur génération a
voudrait démanteler la Russie, et accaparer ses terres
du mal à se faire à l’idée de la perte de l’URSS, la
et ses ressources. Pour les faucons de Moscou, dont
fin de cet empire », complète Mark Galeotti, qui a
Poutine fait désormais partie, la menace de l’OTAN
dédié un podcast à celui qu’il a appelé «l’homme le
est réelle. Symbole terrible de la dérive d’un régime,
plus dangereux de Russie». «Sa doctrine est simple:
l’ancien président «libéral» Dmitri Medvedev s’est
l’Ouest est une force naturellement hostile à la Russie,
aligné sur une ligne dure. Désormais numéro deux du
Conseil de sécurité, il vient de déclarer que la crise
actuelle était une bonne occasion de rouvrir le débat
sur la peine de mort en Russie.
« Un autre acteur de premier plan est désormais
Sergueï Choïgou, le ministre de la défense,ajoute
Andreï Soldatov. Il est très ambitieux et représente le
soldat de Poutine, prêt à tout, déterminé, on l’a vu
en Syrie.» Populaire, Choïgou, qui part régulièrement
en vacances - très médiatisées - ou à la chasse
avec Poutine, est de plus en plus en vue en Russie.
Même s’il n’est pas un penseur et obéit surtout à

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Poutine, il a été plusieurs fois mentionné comme au passage, menacé d’en venir à la solution nucléaire
possible successeur du maître, et est le symbole de la - et décrit à nouveau l’Ouest comme «l’empire des
militarisation de la Russie. mensonges». De l’avis de nombreux experts, la phase
Enfin, un idéologue comme Sergueï Karaganov peut la plus brutale de cette guerre est sans doute encore
légitimement sourire à la tournure des événements et à venir. Animé par l’esprit de revanche, le Kremlin
savourer sa « victoire ». Le professeur, vétéran des pourrait bien se montrer désormais trop fier pour
relations internationales et ancien conseiller spécial de reculer.
Vladimir Poutine, a toujours été partisan lui aussi de Pendant ce temps au pays, la journaliste Elena
tourner le dos à l’Occident, qui a refusé la main tendue Tchernenko était radiée de la liste des journalistes
de la Russie, d’un pivot vers l’Asie et, si besoin, de accrédités au ministère des affaires étrangères, après
frapper les premiers face à l’avancée de l’OTAN, plus de 10ans de présence, pour avoir lancé une
avant que la Russie ne soit, selon lui, attaquée. lettre ouverte contre l’invasion. La dernière télévision
Dans ce contexte, une machine infernale semble s’être libre du pays, Dojd, était bloquée par le régulateur
mise en branle en Russie pour arriver au résultat actuel, des télécoms russes, et la dernière radio libérale de
une guerre incertaine, où Poutine va déjà de plus grande écoute, Écho de Moscou, cessait d’émettre, une
en plus loin, ayant commencé à bombarder la ville première depuis 1991. La Russie s’enfonce un peu plus
dans l’obscurité.
russophone de Kharkiv le 1ermars. Non sans avoir,

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