COVID-19 : Impact des mesures de

la Banque Centrale de Tunisie sur

les Banques
23 Avril 2020

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Table des matières

INTRODUCTION.............................................................................................3

SYNTHÈSE DES PRINCIPALES MESURES PUBLIÉES PAR LA BCT........................4

Les communiqués de la Banque Centrale..............................................................................4

Les circulaires de la Banque Centrale....................................................................................6

Des opérations en front-office des agences..............................................................................6
Circulaire N° 05 – 2020 du 19 mars 2020.............................................................................6

Des opérations liées aux crédits à la clientèle..........................................................................7

Circulaire N° 06 – 2020 du 19 mars 2020.............................................................................7
Circulaire N° 07 – 2020 du 25 mars 2020 et circulaire N° 08 du 1 er avril 2020.....................9

Actifs éligibles en cas de circonstances exceptionnelles.........................................................12

Circulaire N° 10 – 2020 du 17 avril 2020.............................................................................12

LES EFFETS DU COVID-19 SUR LES SITUATIONS INTERMÉDIAIRES ET

SUIVANTES..................................................................................................13

Indicateurs du 1er trimestre 2020........................................................................................13

Arrêté du 30 juin 2020 et suivants......................................................................................13

CONCLUSION...............................................................................................14

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COVID 19 :

Retour sur les mesures prises par la

Banque Centrale de Tunisie et impacts
sur les Banques

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COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Introduction
Dans le contexte de pandémie actuelle COVID-19, la
Banque Centrale de Tunisie a mis en place des mesures
exceptionnelles afin d’apporter son soutien au marché
et aider l’ensemble des acteurs de la place à traverser
cette crise sans précédent.

Ces mesures d’urgence annoncées depuis le 17

mars 2020 ne sont pas sans impact sur les banques,
tant d’un point de vue comptable, financier
qu’opérationnel.

“ La BCT continuera, dans

le cadre de ses
prérogatives, à prendre
toutes les mesures
nécessaires pour soutenir
l’économie tunisienne
pendant cette période
exceptionnelle, tout en
veillant à ce que le
système bancaire dispose
de liquidités suffisantes
pour que le marché du
crédit puisse continuer à
bien fonctionner.”
Marouane El Abassi
Gouverneur de la Banque Centrale de
Tunisie

3
COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Synthèse des principales mesures

publiées par la BCT
Les communiqués de la Banque Centrale

Depuis le début de la crise du COVID-19 et jusqu’à la publication de cette note, la Banque centrale a émis les 2 communiqués
suivants :

Date du
communiqué Mesures Impacts

17 Mars 2020 Baisse du taux directeur de 100 points

Impact financier sur le PNB :
de base passant de 7,75% à 6,75%.
 Baisse de la marge d’intérêt dû à l’effet compensé de la
diminution des produits reçus des clients et celle du coût des
ressources.
 Baisse des revenus des placements.
1er Avril 2020 Autorisation de report de la date des
 Décalage des approbations des comptes par les Assemblées
Assemblées Générales au-delà du
Générales.
délai légal fixé au 30 avril.

Appel à la suspension des opérations

de :
• Distribution des dividendes au
titre de l’exercice 2019
• Rachat des actions propres.
 Renforcement des fonds propres des banques et du ratio de
solvabilité exigé par la circulaire 2018-06.
 Absence de distribution de dividendes aux actionnaires.

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Devant les ralentissements économiques et la crise de liquidité qui se profilent, la BCT a choisi une position prudente et
anticipatrice. Première mesure phare de soutien à l’économie, la BCT a décidé de baisser son taux directeur de 1% ce qui a
eu pour conséquence la baisse du TMM et donc l’allégement des charges d’intérêts des entreprises. Il est toutefois
légitime de se poser la question quant à la suffisance de cette baisse que l’on aurait pu imaginer aller jusqu’à 3 points de
base - soit son niveau d’avril 2017 - pour financer les investissements nécessaires à une croissance économique durable.

L’appel à la suspension de distribution des dividendes a, quant à lui, suscité de vives réactions auprès des
actionnaires des Banques, et pour cause ! Cette incitation ayant pour objectif de renforcer la stabilité des fonds propres
des établissements financiers n’a pas été très bien accueillie par les porteurs de parts qui voient leurs revenus
financiers s’éloigner pour cette année. Encore faudrait-il que les Assemblées Générales d’approbation des états
financiers 2019 puissent se tenir….

Qu’en est-il de l’aspect juridique de la difficulté de tenue des Conseils d’administration et

Assemblées Générales ?
Une des mesures majeures de lutte contre la pandémie COVID-19 est la mise en place par certains gouvernements du
confinement sanitaire total ayant pris effet en Tunisie le 22 mars ; celui-ci se poursuivra jusqu’au 4 mai prochain pour
laisser place à un déconfinement progressif dont les modalités restent encore à définir. Ces décisions ne sont pas sans impact
sur la tenue des Conseils d’administration d’arrêté des comptes et des Assemblées Générales d’approbation des états
financiers au 31 décembre 2019 et arrêtés des situations intermédiaires suivantes.

En effet, s’il est autorisé que les réunions se tiennent en utilisant les moyens de communication à distance, celles-ci doivent
être réalisées en bonne et due forme et vérifier que la convocation des membres du conseil et des commissaires aux comptes
ait été effectuée de façon régulière afin de garantir les droits de tous les administrateurs.

En revanche, concernant les Assemblées Générales, le sujet est un peu plus délicat. Bien que le vote puisse se faire par
correspondance ou par représentation par une personne dûment mandatée, celui-ci n’est valable que si la signature apposée
au formulaire est légalisée. En cette période de confinement généralisé et de limitation des services publics, ces conditions
sont bien difficiles à remplir… Se pose alors la question de la validité des délibérations relatives aussi bien à l’approbation
des comptes qu’aux décisions portant par exemple sur l’affectation des résultats, la distribution de dividendes et des
jetons de présence si ces conditions n’étaient pas respectées.

Voilà encore une belle opportunité pour la Tunisie pour mettre en place la signature électronique et sauter le pas de la
digitalisation.

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Les circulaires de la Banque Centrale

Des opérations en front-office des agences

Circulaire N° 05 – 2020 du 19 mars 2020

La circulaire n°05 a porté sur des mesures relatives à la tarification et à la continuité

de certains services bancaires.

Mesures
Retrait interbancaire de billets de banque
des Distributeurs Automatiques de Billets
gratuit.
Suspension, pour toute transaction
inférieure à 100 dinars, du prélèvement de
toute commission appliquée aux facturiers
et aux commerçants pour le service de
paiement électronique.
Remise, gratuite, d’une carte bancaire à
tout client titulaire d’un compte, qui en
fait la demande.
Remise, gratuite, à toute personne qui en fait
la demande une carte bancaire prépayée.
Alimentation permanente des DAB, en
veillant à la disponibilité permanente des
plateformes techniques des paiements et en
prenant toutes mesures nécessaires pour
résoudre dans les meilleurs délais les
éventuelles pannes ou interruptions et
traitement avec la diligence requise les
réclamations de leur clientèle.
Impacts
Impact financier :
 À court terme, impact direct sur le PNB
qui se traduit par la baisse des
commissions.
 À long terme, augmentation du chiffre
d’affaires, compte tenu d’un effet de
baisse possible du taux des
commissions largement compensé par
un effet volume.
Surveillance des risques :
 Veiller au plafonnement de paiement
et de retrait des cartes bancaires.
Gestion des liquidités :
 L’augmentation du taux d’équipement
en cartes de crédit aura pour impact la
baisse du cash en circulation, et par
conséquent la modification de la
politique de gestion des liquidités par
les banques.
Impact financier :
 Cette mesure peut avoir une pression
sur les liquidités (AC 1) de la banque et
entrainer par conséquent la baisse des
dépôts de la clientèle (PA 3).
Impact opérationnel :
 Suivi des niveaux des liquidités dans les
DAB et rotation des alimentations.

Ces décisions auront un impact financier direct sur le chiffre d’affaires 2020 avec
une baisse significative du volume des commissions, qui pourra toutefois être
compensée par une reprise à partir de 2021, et ce sur le long terme, avec un effet
volume non négligeable si le taux d’équipement en carte des ménages est
maintenu.

Nous pouvons également voir dans cette crise une occasion unique afin de généraliser
la bancarisation de la population tunisienne, introduire le concept de « mobile
paiement », moderniser et digitaliser notre système bancaire, introduire le recours
aux cartes virtuelles encaissables auprès de tous les guichets de la poste, des
établissements bancaires et des DAB pour le paiement des aides sociales … et
pourquoi pas lutter contre le blanchiment d’argent en limitant la circulation des
espèces dans un pays où l’économie informelle en représente une part significative.

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Des opérations liées aux crédits à la clientèle

Circulaire N° 06 – 2020 du 19 mars 2020

La circulaire n°06, à destination des banques et des établissements financiers, est relative aux mesures prises au profit des
entreprises et aux professionnels. Elle traite du report possible des tombées d’échéances de toute nature de crédit quelle
que soit la classification de la relation.

Mesures Impacts
Possibilité de reporter le paiement des tranches de toute Impact financier :
nature de crédit arrivant à échéance (principal et intérêt)  Pression sur les liquidités.
durant la période allant du 1 er mars au 30 septembre 2020 sur  Risque de non-respect du ratio de liquidité en l’absence de
demande écrite du bénéficiaire. solutions alternatives dont le refinancement.

Cette modification aura pour conséquence la modification de Impact comptable :

l’échéancier du crédit initial.  Comptabilisation des intérêts intercalaires durant la période de
grâce en chiffre d’affaires 2020, en contrepartie des créances
rattachées.

Possibilité d’octroyer de nouveaux financements aux
bénéficiaires du report.
Les mesures de soutien ne seront pas considérées comme étant
une restructuration des crédits et la période du report ne sera
pas comptabilisée dans l’ancienneté des créances.
Flexibilité dans le respect du ratio des prêts sur les dépôts (ratio
LTD) sur les 3 premiers trimestres avec instauration d’une
règle d’amélioration progressive.
Impact Juridique :
 Difficulté opérationnelle du fait de l’effet volume, dans la mise
en œuvre : cette mesure nécessitera la mise en place
d’avenants dans un délai contraint précisant les nouvelles
dispositions (encours, taux d’intérêts, échéanciers,
garanties…).
Surveillance des risques :
 Apprécier la solvabilité des bénéficiaires ayant déjà demandé
un report compte tenu d’un contexte de crise et de baisse
des liquidités.
Impact financier :
 Absence de comptabilisation d’agios réservés.
Impact règlementaire :
 Les banques pourront continuer à libérer des crédits malgré
une baisse des dépôts.

La procédure de report doit ici être initiée par le client de la banque, quelle que soit la classe de la relation au 31/12/2019. Le
report convenu entre les 2 parties contractantes fera l’objet d’un accord écrit avec de nouvelles conditions et la
constatation d’intérêts intercalaires sur la période de grâce.

Schématisation de la procédure d’octroi du report des échéances pour les entreprises et professionnels

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Quelles sont les possibilités qui s’offrent aux banques pour le traitement des reports ?
Plusieurs possibilités se présentent aux banques pour le traitement des reports pour la clientèle Entreprises et Professionnels.
Impact sur le montant des mensualités ou allongement de la durée des crédits, la décision prise par les banques devra
nécessairement prendre en compte la capacité de remboursement des bénéficiaires.

 La 1ère alternative consisterait à allonger la durée du crédit initial d’une durée équivalente à celle du report ou
plus. Cette possibilité a pour avantage de conserver le montant de la mensualité initiale en allongeant la durée totale
du crédit, pour prendre en compte les intérêts intercalaires et la capacité de remboursement du créancier. La
question portera alors sur les modalités d’imputation des intérêts intercalaires sur les flux de remboursement.

 La 2ème solution consisterait à conserver la même durée de remboursement et le même nombre d’échéances
en imputant les intérêts intercalaires courus sur toute ou partie de la période de report. Ainsi la date d’échéance
initiale serait conservée, mais le montant des mensualités se verrait majoré par rapport à l’échéancier initial et le
taux effectif du crédit augmenté.

 Enfin, une 3ème hypothèse pourrait être la mise en place d’un nouveau crédit dont le principal serait égal à la somme
du capital restant dû à la date de mise en place du report et du montant des intérêts courus.

Il n’est pas exclu que les banques utilisent des solutions différenciées en fonction du profil de leur clientèle et de
l’évolution de leur situation financière. Dans tous les cas, et afin de se prémunir contre les risques de non-remboursement,
les banques devraient, malgré un coût certain et une difficulté opérationnelle de mise en en place, procéder à des avenants
sur les crédits en cours précisant les nouvelles modalités applicables.

Quid des frais de gestion liés à la mise en place des nouveaux protocoles et des pénalités
de retard ?
La circulaire est restée muette quant à l’existence ou non de frais de gestion liés à la mise en place des nouveaux
protocoles et pénalités de retard. Devant cette abstention, il nous apparait évident que, oui, les banques feront supporter
aux professionnels qui demandent le report, des frais supplémentaires pour la mise en place des nouveaux échéanciers.

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Circulaire N° 07 – 2020 du 25 mars 2020 et circulaire N° 08 du 1 er avril 2020

Les circulaires n°7 et 8 sont à destination des banques uniquement et traitent des reports des tombées d’échéances au profit
des particuliers.

Si la première circulaire ne concernait que les revenus inférieurs à 1 000 TND, la 2ème circulaire est venue élargir le périmètre à
l’ensemble des revenus. Elle a suscité de nombreux débats quant au traitement de ces reports et la question de l’impact
de la charge sur les particuliers ou non.

La Banque Centrale a finalement tranché : la charge de remboursement mensuelle restera inchangée, pas de frais
supplémentaires en intérêts, commissions ou autres charges bancaires ; même si ces dispositions se traduisent effectivement
par la concession d’une partie des marges des banques.

Mesures
Report automatique pour les relations classées 0 ou 1 au
31/12/2019, du paiement des tranches de toute nature de
crédit non professionnel arrivant à échéance de la façon
suivante :
- Si le revenu mensuel est inférieur à 1 000 TND : report
d’une période de 7 mois allant de mars à septembre 2020
- Si le revenu est supérieur à 1 000 TND : report d’une
période de 3 mois allant d’avril à juin 2020.
Report sans impact sur le montant des mensualités, sans frais
supplémentaires ni pénalités de retard.
Possibilité d’appliquer ce report pour les relations classées 2 ou
3 au 31/12/2019 sur demande de l’intéressé.
Impacts
Impact financier :
 Manque à gagner pour la banque correspondant à la
diminution de la marge compte tenu du maintien de la
mensualité initiale avec une baisse des taux effectifs.
 Alourdissement des frais de gestion sans couverture par
contrepartie.
Impact comptable :
 Comptabilisation des intérêts de la période du report sur
l’exercice 2020 en contrepartie des créances rattachées.
 Comptabilisation des intérêts courus de la période post-
report par application d’un taux d’intérêt révisé par
rapport au crédit initial permettant de conserver les
mensualités initiales.

Impact opérationnel :
 Adaptation des systèmes d’informations.

Impact Juridique :
 Difficulté opérationnelle dans la mise en œuvre, cette
mesure nécessitera la mise en place d’avenants entre
les contractants précisant les nouvelles dispositions
(encours, taux d’intérêts, échéanciers, assurance…), afin
de limiter les risques juridiques en cas de non
reconnaissance du report automatique par les bénéficiaires
sur les mensualités hors échéancier initial.

Les mesures de soutien ne seront pas considérées comme étant
une restructuration des crédits et la période du report ne sera
pas comptabilisée dans l’ancienneté des créances pour les
relations classées 0 ou 1 au 31/12/2019.
Flexibilité dans le respect du ratio des prêts sur les dépôts (ratio
LTD) sur les 3 premiers trimestres avec instauration d’une
règle d’amélioration progressive.
Reporting mensuel à la BCT relatif au montant total des
échéances reportées et du nombre des bénéficiaires.
Impact financier
 Absence de comptabilisation d’agios réservés.
Impact règlementaire :
 Dégradation des ratios bancaires.
 Les banques pourront continuer à libérer des crédits malgré
une baisse des dépôts.
Impact opérationnel :
 Développements des systèmes d’informations pour obtenir
une information exacte et exhaustive en temps réel.

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 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

La figure ci-contre schématise le processus

d’application du report pour les particuliers.
Notons
que :

 Contrairement au cas de la clientèle

Entreprises et Professionnels, toute
personne ne désirant pas bénéficier de cet
avantage doit en informer sa banque « par
écrit ».

À cet effet, les banques doivent mettre à la

disposition de leur clientèle, un formulaire à
remplir et une boîte mail dédiée.

 Les banques doivent informer les clients

par tout moyen laissant trace de la
démarche du report du crédit en y
intégrant les conditions applicables et
précisant que les nouveaux aménagements
ne seront pas générateurs de frais
supplémentaires ni de pénalités.

De notre avis, cette disposition n’est pas Schématisation de la procédure d’octroi du report des
suffisante d’un point de vue juridique pour échéances pour les particuliers
couvrir les risques de non-paiement des
mensualités supplémentaires.

Quel est alors le sort des intérêts intercalaires ?

Selon un communiqué ayant pour objet le traitement du report des échéances d’après la circulaire 07-2020 et 08-2020
publié par l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Établissements Financiers (APTBEF) le 14 Avril 2020, il
a été convenu d’appliquer une même démarche pour toutes les banques.

Celle-ci consiste à consolider l’encours arrêté à la date du report majoré des intérêts courus au taux conventionnel
du crédit initial durant la période du report, sans intérêts de retard et sans pénalités, sur la durée initiale du crédit prolongée
de la période du report (3 ou 7 mois).

Il est important de souligner que le principe de base du nouvel échéancier est que la charge de remboursement mensuelle
n’augmente pas. Selon notre analyse, le traitement le plus probable est la mise en place d’un avenant entre la banque
et le client garantissant le montant de la mensualité et le même nombre de tombées que le crédit initial. Le manque à gagner
relatif à la non facturation des intérêts intercalaires sera alors supporté par la banque et se traduira par une baisse des
taux d’intérêts effectifs.

Le report pourra être effectué selon 2 hypothèses :

- Hypothèse 1 : Réaménagement du crédit à compter du 1er juillet ou 1er octobre avec l’application d’un taux d’intérêt révisé
à partir de cette date et maintien du taux initial sur la période du report.
- Hypothèse 2 : Réaménagement du crédit à compter de la date de report, avec l’application un taux d’intérêt révisé dès
cette date.

Quelle que soit l’hypothèse retenue, les banques sont appelées à opter pour les démarches les plus souples, sans
complexité technique au titre des opérations de report pour modifier les clauses contractuelles.

Dans tous les cas, ce sont les banques qui supporteront le manque à gagner par diminution de leurs marges.
1
 COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les

Les autres impacts de la crise sur les établissements financiers

Compte tenu des volumes en présence et du caractère automatique des reports pour les particuliers, les banques devront
faire preuve d’agilité dans l’adaptation de leurs systèmes d’informations afin d’intégrer rapidement les nouvelles
dispositions de ces circulaires tout en s’assurant de la maitrise des risques opérationnels et risques de crédit.

D’un point de vue de gestion des risques, la

Quelques impacts opérationnels résultant du
surveillance des relations classées qui bénéficieront de
report des échéances
ces avantages devra être accentuée afin d’anticiper
les éventuelles difficultés de liquidité, voire de
solvabilité de certaines contreparties.

Une attention particulière devra également être portée sur

le suivi des secteurs déjà en difficulté tel que par exemple
le tourisme, la restauration ou le bâtiment… etc. À noter Développement et
que les critères de détermination des sociétés touchées adaptation des
par la pandémie seront fixés par décret après concertation systèmes Mise à la disposition des
entre les départements ministériels et les organisations d’informations clients d'un canal de
syndicales nationales. communication
Analyse et étude des centralisé
obligations
Quant à l’impact sur le plan réglementaire, il contractuelles avec les
concernera compagnies
principalement : d’assurances
Traitement
automatique des
 La suspension du respect du ratio (LTD) pour le 1 er
demandes PP
et le 2ème trimestre 2020 : les banques dont le Signature des nouveaux
Traitement classées 0 et 1
ratio dépasse 120% durant un trimestre doivent protocoles et mise en
manuel des PP
garantir un ratio de T-1 minoré de 1%, au place des nouveaux
n’optant pas pour
trimestre suivant. échéanciers
le report et des
demandes des
 Les reports d’échéances ainsi que les clients classées 2 et
3
arrangements, rééchelonnements et
consolidations qui en découlent, et entrant dans
le cadre des circulaires, ne seront pas pris en
compte parmi les critères d’aggravation de la
classification des bénéficiaires.

1
Actifs éligibles en cas de circonstances exceptionnelles
Circulaire N° 10 – 2020 du 17 avril 2020

La circulaire n°10, à destination des banques, est relative aux mesures prises au niveau de la politique monétaire de la Banque
Centrale tenant compte des circonstances liées au COVID.

Elle traite des règles relatives aux critères d’éligibilité des actifs admis comme garanties des opérations de refinancement.

Mesures Impacts
Dans des circonstances exceptionnelles, la Banque Centrale de Impact financier :
Tunisie peut admettre, en garantie des opérations de  Faciliter le recours au refinancement BCT afin de faire face à la
refinancement, des actifs négociables et non négociables qui ne baisse de liquidités liée au report de remboursement des
répondent pas aux critères d’éligibilité prévus par les articles 16 créances de 3 et 7 mois tel que prévue par les circulaires 06, 07
et 17 de la circulaire 2017-02 et les articles 51 et 52 de son et 08 et les retraits importants des comptes de dépôts
annexe II.  Modification de la structure du portefeuille titres des banques
 Possibilité de refinancement des créances classées « Classe 1 :
actifs nécessitant un suivi particulier ».

L’idée principale est l’élargissement de l’octroi de refinancement en dégradation de la qualité des garanties financières
reçues de la part des banques en cas de circonstances exceptionnelles. La définition des circonstances exceptionnelles et des
actifs éligibles sera publiée sur le système CAER et le site web de la Banque Centrale de Tunisie.

La crise sanitaire actuelle entrera sans nul doute dans la définition de « circonstance exceptionnelle ».

12
COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les Banques
Les effets du COVID-19 sur les situations
intermédiaires et suivantes
2 mars 2020 : la Tunisie jusque-là spectatrice de la situation
en Chine et de ses voisins Européens recensait son 1 er cas de
COVID-19 sur le territoire. Nous ne pouvions pas alors
encore parler de crise. C’est lorsque la situation
sanitaire a commencé à se détériorer et que les mesures
drastiques de fermeture des frontières et de confinement
généralisé à partir du 22 mars 2020 ont été mises en place
que
l’économie du pays a été fortement impactée et s’est vu
tourner au ralenti, voire à l’arrêt pour certains secteurs.
Les économistes tablent sur une perte de 5 à 7% sur la
croissance du PIB, en espérant un déconfinement à partir du
4 mai sans éventuelle 2ème vague de contamination.
Indicateurs du 1er trimestre 2020
L’effet sur les indicateurs trimestriels publiés par les
établissements financiers au 31 mars ne sera dès lors que
très peu significatif. Bien que le report des échéances
concerne le mois de mars également, les banques se voyant
contraintes de restituer les échéances déjà prélevées, cette
mesure ne sera pas de nature à impacter significativement
les informations publiées et les ratios du 1er trimestre.
À noter qu’à la date de cette note, sur les 10 premières
banques représentant près de 70 Milliards de dinars des
encours du secteur au 31/12/2019, seules 4 d’entre elles
avaient publié les indicateurs du 1er trimestre. Force est de
constater que la crise du COVID n’a pas été mentionnée
dans les informations publiées. Sur le secteur du leasing, les
indicateurs trimestriels ont été publiés et le même constat
est à faire : très peu d’informations disponibles en lien
avec les retombées de la crise sanitaire actuelle.
Arrêté du 30 juin 2020 et suivants
L’impact COVID-19 sera tout autre pour l’arrêté
semestriel au 30 juin qui subira lui le double effet du fort
ralentissement de l’économie d’une part et les impacts
des mesures de report des échéances d’autre part.
Premiers effets attendus de la crise COVID-19 sur le PNB, la
baisse des produits bancaires qui s’explique par :
 La baisse des produits d’intérêts perçus
concomitamment à la baisse du taux directeur de
100 points de base
 La baisse des intérêts liés aux reports de crédit,
 La diminution des commissions bancaires liées aux
opérations monétiques du fait direct de l’impact
13
des mesures de soutien à l’économie (DAB,
carte, TPE,).
Cette baisse sera légèrement compensée par la maîtrise
des coûts de ressources liés aux refinancement BCT pour
les banques.
Pour ce qui est des sociétés de leasing, une amélioration
du PNB est attendue compte tenu de la baisse du coût
des ressources et de la stabilité des intérêts de leasing.
La baisse de l’activité aura davantage un impact fin
2020 et début 2021.
2ème effet, les banques verront leurs ratios de liquidité
fortement se dégrader compte tenu des éléments suivants :
 Baisse importante des dépôts de la clientèle en
raison de la forte contraction de l’économie et de
l’arrêt total d’activité pour certains secteurs tel
que le tourisme, le transport, l’animation, la
restauration ….
 Report du paiement des échéances et donc une
collecte des dépôts liés en forte diminution.
Parmi les principaux impacts, il est également attendu côté
gestion des risques, d’une part une stabilité du taux des
créances classées au 30 Juin par rapport au 31 décembre
2019 pour les particuliers et professionnels non classés en
Mars 2020, et d’autre part l’accroissement du taux de
défaut au titre des créances classées 2 et 3 dès Mars 2020.
Autre effet majeur, l’impact sur les niveaux de
provision tel que prévu par la circulaire 91-24 attendu à
compter du 31/12/2020. Il est néanmoins légitime de se
poser la question quant aux modalités de classement et de
traitement exceptionnel des future dégradations attendues
que connaissent des secteurs très sinistrés / tourisme,
transport restauration…, afin de les refléter dès Juin 2020
par la constitution d’une nouvelle provision spécifique à
caractère général dont le mode de détermination pourrait
être basé sur des stress test.
Enfin nous pouvons également citer dans une moindre
mesure la détérioration des valeurs du portefeuille titre
« sociétés cotées » et la constatation de provisions pour
dépréciation venant impacter le résultat.
Conclusion
La crise du COVID-19 a ébranlé les
équilibres mondiaux et remis les fonctions
régaliennes de l’État au cœur de sa
gestion afin d’en limiter les répercussions.
Compte tenu de la situation actuelle, des
mesures de confinement nationales et de
la fermeture des frontières internationales
limitant les échanges commerciaux dont
est fortement dépendante la Tunisie, il est
difficile à ce stade de se prononcer sur les
évolutions économiques futures.
C’est dans ce contexte que la BCT a
été réactive et pris des mesures tranchées
pour soutenir le tissu économique tunisien,
déjà fortement fragilisé par un climat social
tendu et délétère.
Les banques elles-mêmes subissent de
plein fouet cette crise, voyant les
ressources, les dépôts et la trésorerie
diminuer au fil des semaines.
Afin de préserver la santé et la solidité de
notre système bancaire, des mesures
14
appropriées devront être identifiées pour
alléger les conséquences de cette crise,
nous pouvons citer par exemple :
l’assouplissement des conditions de
tirage sur les marchés monétaires
nationaux et internationaux, la maitrise
des coûts de refinancement par la création
de nouvelles ressources, ainsi que le
renforcement des fonds propres des
banques par apport en numéraires.
Il est enfin attendu que de nouvelles
circulaires en lien avec le respect des ratios
réglementaires et la mise en place de
politiques de provisionnement et de
couvertures des risques de contrepartie
soient publiées sur l’exercice 2020.
Le système bancaire est au cœur de la
stabilité économique et monétaire du pays,
il le sera également lors de la sortie de
crise, il est donc nécessaire de le soutenir
pour traverser cette situation unique.
COVID-19 : Impact des mesures de la Banque Centrale de Tunisie sur les
Banques

Contacts

Mohamed Louzir Selma Bourguiba Faroua Jebabli

Managing Partner Directeur Senior Manager
Email: mlouzir@deloitte.tn Email: sbourguiba@deloitte.tn Email: fjebabli@deloitte.tn
Tel: + 216 29 112 301 Tel: + 216 29 809 145 Tel: + 216 29 112 341

Sonia Louzir Tarek Sahli Aissa Chaabane

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