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Université marocaine et culture entrepreneuriale: quels enjeux et

quelles perspectives de développement ?


Rachid ZAMMAR
Enseignant chercheur à la Faculté des Sciences de Rabat
Université Mohammed V - Rabat / Maroc
zammarrachid@gmail.com
Noureddine ABDELBAKI
Enseignant chercheur à la FSJES d’Agadir
Université Ibn Zohr - Agadir / Maroc
nourabdelbaki@hotmail.com

Abstract
The development of an entrepreneurial culture in the university is to promote the principles of autonomy,
creativity, taking initiative and sense of responsibility among students. And entrepreneurship should not be seen
only as a tool for the creation of new organizations but as a general attitude to adopt in daily life and work.
To develop the entrepreneurial spirit of students, entrepreneurship training play a key role in the extent that their
objective is the promotion of creativity, innovation and self-employment
View of its importance and strategic economic role, entrepreneurship education was enacted in several countries
in the world as a fundamental part of university teaching curriculum.
In Morocco, and after a long period of marginalization where these formations were very rare and proactive
initiative of some training institutions, we are seeing relatively recently from a growing awareness for the
implementation of this segment formations.
This research sets itself the goal of trying to understand the role played by Moroccan universities in the
development of entrepreneurial culture and discuss the following question: «What are the challenges and
prospects for dissemination of Moroccan university of a true entrepreneurial culture? ».

Key Words: entrepreneurial culture, development, Morocco, university

Résumé
Le développement de la culture entrepreneuriale dans l’université consiste à promouvoir les principes de
l’autonomie, la créativité, la prise d’initiatives et le sens de responsabilité auprès des étudiants. Ainsi
l’entrepreneuriat ne doit pas être perçu seulement comme un outil favorisant la création de nouvelles
organisations mais plutôt comme une attitude générale à adopter dans la vie quotidienne et professionnelle.
Afin de développer l’esprit d’entreprendre des étudiants, les formations à l’entrepreneuriat jouent un rôle
primordial dans la mesure où leur objectif vise la promotion de la créativité, l’innovation et l’auto-emploi.
Vue son importance et son rôle économique stratégique, la formation à l’entrepreneuriat a été décrétée, dans
plusieurs pays au monde, en tant que partie fondamentale des cursus pédagogiques universitaires.
Au Maroc, et après une longue période de marginalisation où ces formations ont été très rares et à l’initiative
volontariste de quelques établissements de formation, nous assistons depuis une période relativement récente à
une prise de conscience croissante pour l’implémentation de ce segment de formations.
Ce travail de recherche s’assigne comme objectif d’essayer d’appréhender le rôle joué par l’université marocaine
dans le développement de la culture entrepreneuriale et de débattre la problématique suivante: « Quels sont les
enjeux et les perspectives de diffusion de l’université marocaine d’une véritable culture entrepreneuriale ? ».

Mots clés : culture entrepreneuriale, développement, Maroc, université


Introduction
La culture entrepreneuriale regroupe l’ensemble de principes qui orientent le comportement
des individus et des organisations vis à vis de la création d’entreprises. Ces principes
s’articulent autour des valeurs principales suivantes: l’autonomie, la créativité, la prise
d’initiatives et le sens de responsabilité.

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Le développement de la culture entrepreneuriale dans l’université consiste à promouvoir ces
principes auprès des étudiants. Ainsi l’entrepreneuriat ne doit pas être perçu seulement
comme un outil favorisant la création de nouvelles organisations mais plutôt comme une
attitude générale à adopter dans la vie quotidienne et professionnelle.
L’esprit d’entreprise suppose de la créativité, de l’innovation et une prise de risques, ainsi que
la capacité de programmer et de gérer des projets en vue de la création de valeur.
Afin de développer cet esprit et ces comportements, les formations à l’entrepreneuriat jouent
un rôle primordial. En effet, les programmes et modules d’entrepreneuriat offrent aux
étudiants les outils nécessaires pour trouver des solutions créatives afin de résoudre
effacement les problèmes, pour analyser une idée de manière objective, ainsi que pour
communiquer, pour travailler en réseau, pour diriger et évaluer n’importe quel projet. De ce
fait, la formation des étudiants dans le domaine de l’entrepreneuriat est la voie la plus sûre et
la plus pérenne pour alimenter, en permanence, le tissu économique national par des
entrepreneurs créateurs de richesses ainsi que des managers créatifs pour leurs entreprises.
Vu son importance et son rôle économique stratégique, la formation à l’entrepreneuriat a été
décrétée, dans plusieurs pays au monde, en tant que partie fondamentale des cursus
pédagogiques universitaires.
Au Maroc, et après une longue période de marginalisation où ces formations ont été très rares
et à l’initiative volontariste de quelques établissements de formation, nous assistons depuis
une période relativement récente à une prise de conscience croissante pour l’implémentation
de ce segment de formations.
A cet effet, le ministère de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la
recherche scientifique (MESFCRS) a initié, en partenariat avec des universités et écoles
d’ingénieurs, et avec la contribution de plusieurs acteurs nationaux et internationaux,
plusieurs programmes pour inculquer la culture entrepreneuriale et l’esprit d’entreprises aux
étudiants et aux élèves ingénieurs.
Après des phases pilotes qui ont concerné quelques universités ou écoles, le MESFCRS a
visé, à partir de l’année universitaire 2011 – 2012, la généralisation de l’enseignement de
l’entrepreneuriat à toutes les licences nouvelle approche et ce dans le cadre des modules
« parcours » qui sont enseignés durant le semestre 6.
Ce travail de recherche s’assigne comme objectif d’essayer d’appréhender le rôle joué par
l’université marocaine dans le développement de la culture entrepreneuriale et de débattre la
problématique suivante: quels sont les enjeux et les perspectives de diffusion de l’université
marocaine d’une véritable culture entrepreneuriale ?
Il sera développé en quatre points : le premier est réservé à la problématique et la
méthodologie suivie ; le deuxième consiste à faire une revue de littérature relative à des
concepts ayant trait à l’entrepreneuriat notamment : la sensibilisation, la formation et
l’accompagnement ; le troisième traite des résultats de la recherche et le dernier est une
discussion sur les contraintes et les préconisations pour le développement d’une véritable
culture entrepreneuriale dans l’université marocaine.
1. Méthodologie
S’intéressant au contexte marocain, où la culture entrepreneuriale au sein de l’université
connait des enjeux suite à la généralisation de l’enseignement de cette discipline, nous nous
sommes proposé d’appliquer une méthode d’analyse systémique pour appréhender
l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements d’enseignement supérieurs au
Maroc.
L’analyse systémique nous apprend qu’un système peut être décrit sous deux aspects : aspect
structurel et aspect fonctionnel. Et afin de soulever les enjeux et les perspectives de
l’application d’une telle approche au sein d’un système qui est l’université nous allons tenter

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de décrire l’aspect structurel à travers une revue de littérature relative à l’ouverture de
l’université sur son environnement socio-économique d’un coté et des concepts phares de
l’entrepreneuriat de l’autre coté avec une évaluation de l’aspect fonctionnel via l’expérience
des formateurs et accompagnateurs des modules portants sur l’entrepreneuriat.
2. Revue de littérature
2.1. Concepts phares
La culture est considérée par l’Unesco (1982) « comme l’ensemble des traits distinctifs,
spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent un groupe social ».
Selon Hofstede (1980)1, la culture est une programmation mentale collective propre à un
groupe d’individus. C’est un système fondamental de valeurs particulières à un groupe ou à
une société particulière qui forme le développement de certains traits de personnalité et
motive les individus dans une société pour s’engager dans des comportements qui ne seraient
pas évidents dans d’autres sociétés.
Fillion (1997, p. 156) définit l'entrepreneuriat comme étant "le champ qui étudie la pratique
des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets économiques et sociaux de
leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont apportés pour faciliter
l'expression d'activités entrepreneuriales".
Herandez (1999, p. 19-21), traite au sens large l’entrepreneuriat comme un processus qui
étudie plusieurs aspects tels : l’aspect juridique, l’essaimage, la croissance, la succession et
transition, la reprise.
De même Birley et Muzyka (1998a, p. 14-15) analyse le champ de l'entrepreneuriat dans un
coté plus large et plus diversifié. Il traite les aspects d’acquisition des entreprises soit par une
équipe de direction extérieure (MBO : Management buy out), soit par le rachat de la firme par
les salariés, de la franchise, de la création et développement de nouvelles activités au sein des
firmes de grande taille (corporate entrepreneurship), des entreprises familiales et des
entreprises publiques.
Jusqu’au aujourd’hui, il n’existe pas de consensus clair parmi la communauté scientifique
autour de la notion d’esprit d’entreprendre.
Pour certains auteurs, c’est un ensemble d’activités ou d’actions visant à identifier des
opportunités pour créer de la richesse (Albert et Marion, 1997). Pour d’autres il est défini à
partir des caractéristiques de l'entrepreneur, qui se distingue du manager et de l'inventeur
(Fayolle, 2001). Léger-Jarniou (2001) observe pour sa part, qu’il faut distinguer l’esprit
d’entreprise (attitudes positives à l'égard de l'entreprise et de l’entrepreneuriat) de l’esprit
d’entreprendre (attitudes, prise d’initiatives bien avant de penser à créer une entreprise).
Selon Albert et Marion (1997), l’esprit d’entreprendre consiste à identifier des opportunités et
à réunir des ressources suffisantes et de nature différente pour les transformer en entreprises.
L’esprit d’entreprendre est davantage relié à la prise d’initiative et à l’action. Les individus
dotés d’un tel esprit ont la volonté d’essayer de nouvelles choses ou de faire les choses
différemment simplement parce qu’il existe une possibilité de changement (Block et Stumpf,
1992).
Dans leur premier chapitre, Surlemont et Kearney choisissent de présenter l’esprit
d’entreprendre comme un ensemble de capacités transversales qu’ils situent à mi-chemin sur
un continuum allant des qualités (ou attributs de la personne) aux connaissances et
compétences considérées comme explicites et disjointes.
La finalité d’un enseignement de l’entrepreneuriat n’est-elle pas plutôt d’éduquer les jeunes à
l’esprit d’entreprendre et leur donner envie d’agir de façon autonome et d’intervenir

1
www.legrain2sel.com/wpcontent/documents/entrepreneuriat/developper-culture-entrepreneuriale-
chez-les-jeunes.pdf
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activement, en prenant des initiatives innovantes, au sein des organisations dans lesquels ils
comptent s’investir (Block & Stumpf, 1992).
Pour Johannisson (1984)2, la culture entrepreneuriale est une culture qui valorise les
caractéristiques personnelles associées à l’entrepreneurship soit l’individualisme, la
marginalité, le besoin de réalisation personnelle, la prise de risques, la confiance en soi et les
habiletés sociales ; qui valorise également le succès personnel tout en pardonnant l’échec ;
qui encourage la diversité et non l’uniformité et qui encourage le changement et non la
stabilité.
La culture entrepreneuriale ne peut être étudiée sans faire référence à la pédagogie ou
l’andragogie (selon le public cible) qui permettent de la développer.
De plus, l’enseignement de l’entrepreneuriat devrait s’inscrire dan une logique facilitant le
développement des compétences entrepreneuriales des apprenants, en recourant à l’approche
« learning by doing ».
Concernant les actions entreprises par l’université marocaine pour développer la culture
entrepreneuriale, elles portent sur trois volets : la sensibilisation, la formation et
l’accompagnement.
2.2. La sensibilisation
La sensibilisation a pour objectif de développer les compétences interpersonnelles de l’étudiant en
lui permettant de devenir plus confiant et de découvrir les traits de caractères essentiels d’un
entrepreneur, en particulier le leadership, la négociation, la prise d’initiatives, la communication et
le travail en groupe. Elle aborde plus particulièrement des aspects en rapport avec l’organisation
du travail, la prise de décision, la prise mesurée de risques et l’esprit d’entreprise (Zammar &
Abdelbaki, 2014).
La sensibilisation consiste à inciter la curiosité des étudiants afin qu’ils viennent assister aux
manifestations organisées par l’université. Elle a pour objectif de stimuler, favoriser,
d’éveiller ou de réveiller des attitudes entrepreneuriale chez eux.
La sensibilisation vise à présenter l’entrepreneuriat comme un élargissement des choix
possibles et comme une étape dans la carrière (Fayolle et al, 2005, p.30). Elle revêt un
caractère essentiel puisque l’enjeu est de changer les mentalités afin de voir dans
l’entrepreneuriat une option de carrière et de dépasser le système binaire fonctionnaire/salarié.
Sensibiliser n’a pas comme unique visée de susciter des « vocations » d’entrepreneur, mais le
« sensibilisé » pourra être tenté d’accéder à un autre niveau, par exemple celui de la formation
(Senicourt & Verstraete, 2000, p.4)
2.3. La formation
La formation à l’entrepreneuriat regroupe l’ensemble des actions pédagogiques qui visent la
dotation des étudiants par les comportements, compétences et qualités nécessaires pour le
développement de l’esprit d’entreprendre.
– de plonger les étudiants dans les réalités de l’entrepreneuriat pour un apprentissage par
l’action et un rapprochement des réalités de l’entreprise ;
– de stimuler et développer les capacités généralement associées à l’entrepreneur afin
d’inciter au comportement afférent, lequel peut être adopté aussi par les salariés et mieux
compris par les parties prenantes ayant suivi une telle formation ;
– de former au processus entrepreneurial, soit pour bien en faire saisir les réalités évoquées
plus haut, soit pour former les entrepreneurs demandeurs et porteurs d’un projet de création
(Senicourt & Verstraete, 2000, p.5).

2
www.legrain2sel.com/wpcontent/documents/entrepreneuriat/developper-culture-entrepreneuriale-chez-les-
jeunes.pdf

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Cependant, il ne faut pas confondre formation à l’entrepreneuriat et études de commerce ou
d’économie, l’objectif de la formation à l’entrepreneuriat étant de promouvoir la créativité,
l’innovation et l’emploi indépendant. C’est pourquoi, on considère les programmes existants
comme des activités de formation à l’entrepreneuriat dès lors qu’ils comportaient au moins
deux des éléments suivants:
a) développement des qualités personnelles et des qualifications génériques qui constituent les
bases de l’esprit d’entreprise et d’un comportement entrepreneurial;
b) sensibilisation des étudiants aux perspectives de carrière que peuvent leur offrir l’activité
indépendante et l’entrepreneuriat;
c) réalisation de projets et activités entrepreneuriaux concrets, comme la création de mini
entreprises gérées par des étudiants;
d) acquisition des compétences et connaissances professionnelles nécessaires pour créer une
entreprise et bien la diriger.
Les programmes et modules d’entrepreneuriat offrent aux étudiants les outils nécessaires pour
trouver des solutions créatives afin de résoudre effacement les problèmes, pour analyser une
idée de manière objective, ainsi que pour communiquer, pour travailler en réseau, pour diriger
et évaluer n’importe quel projet. Un étudiant hésitera moins à créer sa propre entreprise s’il
peut tester son idée dans un contexte éducatif.
Toutefois, l’intérêt de la formation à l’entrepreneuriat ne se limite pas à l’accroissement du
nombre de nouvelles entreprises, au lancement de projets innovants et à la création d’emplois.
L’entrepreneuriat est une compétence clé pour tous: elle aide les jeunes à être plus créatifs et à
acquérir un surcroît d’assurance dans toutes les activités qu’ils entreprennent.
A côté de ces programmes structurants qui ciblent plusieurs écoles et universités, certains
établissements ont mis en place des formations continues ou masters en entrepreneuriat, et ce
en partenariat avec des universités étrangères.
La plupart de ces formations associe l’entrepreneuriat à d’autres thématiques adjacentes :
innovation, management PME, gestion de projets…
2.4. L’accompagnement
R. Cuzin et A. Fayolle3 définissent l’accompagnement comme une « pratique d’aide à la
création d’entreprise, fondée sur une relation qui s’établit dans la durée et n’est pas
ponctuelle, entre un entrepreneur et un individu externe au projet de création. A travers cette
relation, l’entrepreneur va réaliser des apprentissages multiples et pouvoir accéder à des
ressources ou développer des compétences utiles à la concrétisation de son projet».
Il ressort de cette définition les éléments que Cuzin et Fayolle ont identifiés comme des
facteurs clés de l’accompagnement : une relation qui s’établit dans la durée entre un
entrepreneur et un individu externe au projet de création. C’est à travers cette relation que
l’entrepreneur va pouvoir accéder à des ressources ou développer des compétences utiles à la
réalisation de son projet.
Selon Sammut4, « La mission de l’accompagnant (…) doit permettre le développement de
compétences suffisantes (…) pour révéler le talent du créateur. (…) L’accompagnement est
un processus au cours duquel les expériences partagées avec le formateur, les discussions
engagées –voire les oppositions-, les connaissances acquises, vont permettre au créateur de
s’engager dans un cheminement plus ou moins réagencé par rapport à la trajectoire
initialement prévue. (…) C’est donc dans une dynamique récursive que le créateur s’engage
en acceptant ou en initiant un processus d’accompagnement ».

3
Cuzin R et Fayolle A, « Les dimensions structurantes de l’accompagnement en création d’entreprise », Revue
des Sciences de Gestion, Direction et Gestion, n°210, 2004, p.77-88.
4
Sammut S, « L’accompagnement de la jeune entreprise », Revue Française de Gestion, n°144, mai -juin 2003,
p.153- 164.

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En effet, l’accompagnement désigne l’ensemble des services offerts à un porteur de projet
(que celui-ci ait crée ou non son entreprise) par une « structure d’accompagnement » (un
incubateur, une pépinière, une couveuse, …) : au niveau logistique (bureau, services
administratifs), au niveau de l’insertion dans un réseau (bénéfice d’une légitimité au niveau
commercial, financier/levée de fonds… grâce au label de l’incubateur comme l’a montré
Cullière (2004))5, de sessions de formation, d’un accompagnement individuel sur son projet…
Il favorise le passage d’une situation projet (idée) à une situation d’entreprise (concrétisation
de l’idée).
La relation d’accompagnement est caractérisée par trois éléments: l’importance du
changement et de la nouveauté dans le processus d’accompagnement, la prise en compte des
représentations du porteur de projet et la dynamique des interactions dans le processus
d’accompagnement6.
L’accompagnement consiste à placer le porteur du projet dans un contexte lui permettant
d’acquérir les ressources nécessaires pour développer son projet et appréhender la complexité
du processus qu’il tente de mener. Ainsi, on assiste à un contexte caractérisé par le passage
d’un modèle d’accompagnement quasi-exclusivement technique à la recherche d’un
accompagnement plus individualisé.
L’accompagnement des étudiants leur permet d’avoir une meilleure orientation de leurs
projets et une élaboration efficace de leurs business plans. Les accompagnateurs sont sollicités
pour les aspects suivants :
- l’élaboration de l’étude de marché ;
- la méthodologie d’estimation du chiffre d’affaire ;
- l’élaboration de l’étude technique ;
- l’évaluation du programme d’investissement
- l’établissement du compte des produits et charges prévisionnel ;
- le choix du plan de financement ;
- la finalisation du business plan.
Aujourd’hui, l’université marocaine conclut des accords de partenariat avec plusieurs
organismes publics et privés tels que le patronat, les ONG, les centres de recherches
scientifiques, les opérateurs de formations publics et privés, les acteurs dans le domaine de
l’emploi et de la formation.
Le modèle de partenariat entre l’agence nationale de promotion de l’emploi et des
compétences est un indicateur d’ouverture de l’université sur son environnement socio-
économique, qui vise le positionnement de l’université en tant qu’acteur donateur de visions
stratégiques en matière de développement et aussi en tant qu’organisme pivot incontournable
en matière de formation et de développement des compétences du pays.
3. Résultats
3.1. Historique et situation actuelle7
Les formations à l’entrepreneuriat au Maroc ont été quasi absentes au niveau des universités
et écoles il y a 10 ans à l’exception de quelques actions rares de sensibilisation à l’esprit
d’entreprises.

5
Cullière, O., La légitimité du conseil aux TPE : le cas d’une pépinière d’entreprises technologiques
innovantes, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Montpellier, 2004.
6
Cuzin R et Fayolle A, « Les dimensions structurantes de l’accompagnement en création d’entreprise », Revue
des Sciences de Gestion, Direction et Gestion, n°210, 2004, p.77-88.
7
Ce paragraphe s’inspire largement du travail de recherche : Zammar R et Abdelbaki N., L’université marocaine
et la problématique de l’entrepreneuriat innovant, 6ème Conférence internationale sur l’Economie Et Gestion
Des Réseaux Economics and Management of Networks, EMNet 2013, p 4.

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A partir des années 2000-2002, certaines écoles et facultés ont commencé à insérer des cours
ou modules d’entrepreneuriat dans leur cursus. Ces actions volontaristes ont vu le jour dans le
cadre des mutations du contexte économique et du système d’enseignement supérieur. Les
principaux éléments reflétant ces mutations pédagogiques et économiques sont les suivants :
- la réforme de l’enseignement supérieur marocain (loi 01/00) qui a donné une nouvelle
dynamique à la vision entrepreneuriale dans le cursus pédagogique et au rapprochement de
l’université de son environnement économique. C’est ainsi que les premières expériences
d’enseignement de l’entrepreneuriat ont été l’œuvre des incubateurs et des interfaces
université-entreprises ;
- la mise en place des programmes de stratégies sectorielles qui ont apporté plus de visibilité à
l’acte d’entreprendre au Maroc et ont poussé quelques établissements à mettre en place des
formations entrepreneuriales dédiées aux étudiants des écoles et filières axées sur les
disciplines en relation avec ces secteurs ;
- la mise en place des centres régionaux d’investissement, suite à la lettre royale de janvier
2002, qui a apporté une nouvelle approche pour la création d’entreprises au Maroc. C’est ainsi
que les centres régionaux d’investissement (CRI) ont été des partenaires de choix pour les
établissements ayant opté pour la mise en place des formations à l’entrepreneuriat ;
- la multiplication et l’implication des associations et organismes d’aide à la création
d’entreprises au Maroc (Fondation BP, AFEM, CJD, Injaz AL Maghrib, Maroc
Entreprendre,..). Ces associations ont animé une multitude d’actions de sensibilisation à
l’esprit d’entreprises dans les universités marocaines, ce qui a poussé quelques unes à insérer
ces actions dans un cadre pérenne via des modules de formation.
Parmi les écoles et universités qui ont été les premières à lancer les formations à
l’entrepreneuriat au Maroc, on peut citer l’université Cadi Ayyad à Marrakech et l’ENSIAS.
La première a mis en place, en partenariat avec la CCIS de Marrakech, un module au profit
des étudiants des DESS en 2001. L’ENSIAS, quant à elle, est une des premières écoles
d’ingénieurs à mettre en place un module de formation sur l’entrepreneuriat en se basant sur
une équipe interne dynamique tout en invitant des professionnels vacataires ou intervenants
bénévoles sur des thématiques ponctuelles.
Toutefois, la prise de conscience réelle de l’importance des formations à l’entrepreneuriat n’a
pris son ampleur que suite aux partenariats noués avec des organismes internationaux ayant
une expérience confirmée dans ce domaine.
C’est ainsi que des formations structurantes ont été mis en place, dont les principales sont :
- le Programme Comprendre L’Entreprise (CLE) dans des universités en partenariat avec le
Bureau International du Travail (BIT) ;
- le Programme Culture Entrepreneuriale dans les écoles d’ingénieurs marocaines
(CEEIMTEMPUS);
- les formations EDP et ESP dans le cadre du projet ALEF de l’USAID.
Par ailleurs, et dans le cadre du plan d’urgence et du projet de « renforcement de la licence :
nouvelle approche», piloté par le MESFCRS, l’avenir de la formation à l’entrepreneuriat au
Maroc s’annonce très prometteur avec une généralisation de ces formations à tous les
étudiants des licences fondamentales et professionnelles à partir de l’année universitaire 2011-
2012.
3.2. Analyse de l’état des lieux des formations à l’entrepreneuriat au Maroc
L’analyse de l’état des lieux des formations à l’entrepreneuriat au Maroc fait ressortir les
principaux points suivants :
- la formation à l’entrepreneuriat au Maroc ne concerne qu’un nombre limité d’universités et
écoles d’ingénieurs;

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- même au sein de ces établissements, cette formation n’est pas encore généralisée à toutes les
facultés, filières ou options ;
- 75% des modules animés en entrepreneuriat sont dispensés en classe et 25% seulement qui
font appel à des approches terrain, ce qui réduit leur impact sur les étudiants ;
- les enseignants permanents représentent 75% de l’effectif global en charge de l’animation de
ces modules ;
- cette situation pourrait constituer un élément de pérennisation des formations à
l’entrepreneuriat si les enseignants concernés disposent d’une connaissance parfaite du monde
de l’entreprise avec des qualités en accompagnement des projets. Dans le cas contraire, ce
constat représenterait un élément qui réduirait l’impact de ce module qui requiert une forte
liaison de l’enseignant avec l’environnement de l’entreprise;
- la majorité des modules enseignés est l’œuvre d’actions volontaristes prises par des
universités et écoles d’ingénieurs plus que des partenariats avec des organismes ayant
développé des modules d’entrepreneuriat : BIT, Tempus, USAID… ;
- la faiblesse du coaching des étudiants et d’accompagnement des projets vu la faible
mobilisation des entreprises dans l’animation de ces formations;
-la concentration des cours animés sur l’esprit et la culture d’entreprise avec une place moins
forte pour l’appropriation de la logique de montage de projet et la connaissance de
l’environnement de la TPE et des startups au Maroc : organismes, mécanismes d’appui et de
financement, cadre légal… ;
- la faible implication des entreprises dans l’animation du module, ce qui réduit l’impact du
module sur l’inculcation des réflexes d’entrepreneur chez les étudiants ;
- la quasi-absence d’actions d’évaluation de l’impact de ces formations sur les étudiants
surtout après l’obtention de diplômes : taux de création d’entreprises, insertion
professionnelle. Ce constat est logique à l’état actuel vu que la majorité de ces formations sont
assez récentes, et il est prématuré d’en évaluer l’impact sur le taux de créations d’entreprises ;
- la faiblesse de l’approche innovation dans l’animation des modules à l’exception de rares
formations dédiées à l’innovation (master ou licence professionnelle en management de
l’innovation..). L’absence de vision nationale en matière de stimulation de l’innovation ainsi
que la période difficile traversée par les incubateurs universitaires durant la période 2006 –
2010 a compliqué la mise en place d’actions structurantes dans ce cadre. La mise en place de
la stratégie Maroc Innovation et la redynamisation progressive des incubateurs dans le cadre
des cités de l’innovation sont de nature à donner une place plus prépondérante à l’innovation
dans les formations à l’entrepreneuriat ;
- les jeux d’entreprises et les études de cas sont fortement appréciés par les étudiants.
Cependant, ils sont faiblement répandues dans les différentes approches pédagogiques à
l’exception de quelques écoles d’ingénieurs et des universités qui ont déployé le programme
CLE ;
- la faible utilisation des nouvelles technologies et des approches e-learning dans l’animation
des modules d’entrepreneuriat, ce qui réduit le nombre de bénéficiaires cibles de ces
formations ;
- la rareté d’actions régulières dans le volet de la formation des formateurs en entrepreneuriat.
Ce constat réduit la constitution d’un gisement suffisant d’animateurs des modules à
l’entrepreneuriat surtout que le besoin est énorme en termes de cible et de qualité
d’enseignement.
3.3. Enjeux de développement de la culture entrepreneuriale
La forte implication de l’université marocaine pour la promotion de la culture
entrepreneuriale revêt une double importance : d’abord pour l’université elle-même et ensuite
pour l’économie du Maroc.

91
3.3.1. L’emploi des lauréats universitaires
Aujourd’hui 180000 nouveau lauréat universitaire arrive sur le marché de travail chaque
année et pour les intégrer tous il faut atteindre un taux de croissance de 6% et puisque
l’économie marocaine ne peut pas atteindre ce taux, l’alternative restante n’est rien d’autre
que l’entrepreneuriat. Et comme le font remarquer Vestraete (2000) et Schmitt et Bayad
(2001), les étudiants et les enseignants-chercheurs universitaires constituent un « réservoir »
riche et varié d’entrepreneurs potentiels mais souvent inexploité. Ainsi, le développement au
sein de l’université d’une véritable culture entrepreneuriale permet aux lauréats universitaires
de créer leur propre emploi à travers la création de leur entreprise ce qui va stimuler
l’investissement et la croissance.
3.3.2. Les enjeux pour l’économie du Maroc
Pour l’économie marocaine, l’enjeu consiste à faire en sorte que les universités et les
enseignants chercheurs marocains jouent un rôle important en matière de développement et de
croissance économique, par les emplois qu’ils créent et par leur contribution dans le PIB. On
peut penser que la faiblesse de la production scientifique marocaine8, et en particulier le fait
que très peu de brevets soient produits, présentent des entraves majeures.
En effet, la production du Maroc en matière de brevet d’origine marocaine reste encore faible
si l’on compare à celle d’origine étrangère (voir tableau 1).
Tableau 1. Evolution des dépôts de demandes de brevets d’inventions

2010 2011 2012 2013 2014


Origine marocaine 152 169 196 315 353
Origine étrangère 855 853 821 803 743
Total 1007 1022 1017 1118 1096
Source: Rapport d’activité OMPIC 2014.
Selon le tableau 2, l’évolution des dépôts de demandes de brevets d’invention d’origine
marocaine, repartie selon les types de déposants, montre que l’année 2014 a connu une
progression significative des dépôts émanant des centres de recherche marocains (+28%), des
universités (+14) ainsi que ceux effectués par des personnes physiques (+23%), par rapport à
l’année dernière. Toutefois, il y a lieu de noter la baisse des demandes provenant des
entreprises marocaines (-7%).
Tableau 2. Evolution par type de déposant des demandes de brevets d’invention
d’origine marocaine
2010 2011 2012 2013 2014
Universités 39 38 58 138 158
Centre de recherche 1 6 16 25 32
Entreprises marocaines 26 32 26 49 36
Personnes physiques 80 93 96 103 127
Total 146 169 196 315 353
Source: Rapport d’activité OMPIC 2014.

8
Selon la base de données bibliographiques Scimagojr, la production scientifique marocaine a été de l’ordre de
2497 publications en 2010, de 2971 en 2011, de 3512 en 2012, de 3802 en 2013 et de 4123 en 2014.

92
Le tableau ci-dessous représente la contribution des universités marocaines dans le dépôt des
brevets d’invention qui a enregistré une nette amélioration de 2010 à 2014 quoique cela ne
dépasse pas les 45%.
Tableau 3. Contribution de l’université marocaine dans les demandes de dépôt
de brevets d’invention
2010 2011 2012 2013 2014

Universités 39 38 58 138 158

Origine marocaine 152 169 196 315 353

% 25,7% 22,5% 29,6% 43,8% 44,8%


Source : Fait à partir des données du rapport d’activité de l’OMPIC, 2014.
Mais cela reviendrait à sous-estimer l’effet des avantages accordés à la production
scientifique: quel intérêt y aurait-il à engager des dépenses colossales d’abord pour parvenir à
une invention, et ensuite procéder à son brevetage, si on connait au préalable que les
possibilités d’exploitation économique sont minimes ? Il ne s’agit pas ici de minimiser les
facteurs structurels qui, au Maroc, sont à l’origine de la faiblesse de la production scientifique,
mais seulement de considérer le problème dans sa complexité tout en intégrant dans l’analyse
d’autres variables tout aussi importantes.
Dans des domaines tels que l’aéronautique, l’offshoring, les technologies alimentaires, la
pharmacie, la chimie, la science des matériaux, le secteur des services…, l’université
marocaine pourrait contribuer à la réalisation de hautes performances économiques. Avec ses
104679 enseignants chercheurs, l’université marocaine regroupe une part importante de
ressources humaines les plus qualifiées du pays, et un gaspillage économique intéressant
serait produit si elle ne s’attribuait pas comme mission de participer à la modernisation et à la
diversification de l’économie marocaine.
4. Discussions
4.1. Les contraintes au développement d’une véritable culture entrepreneuriale
Pour que l’université marocaine puisse participer activement et efficacement au
développement de la culture entrepreneuriale, elle doit pouvoir surmonter au moins deux
contraintes : les méthodes pédagogiques classiques et l’engagement moins fort des autorités
universitaires.
4.1.1. Les méthodes pédagogiques traditionnelles
Les méthodes d’apprentissage adoptées dans les universités marocaines par les enseignants
constituent une résistance forte contre toute méthode ou approche d’apprentissage qui peut
nuire aux valeurs et traditions de l’enseignement universitaire qui prônait la suprématie
magistral du professeur et le savoir académique des sciences et des connaissances sans
aucune connexion ou lien avec la réalité actuelle. Cependant cette donne ne peut guère être
généralisée pour tous les établissements universitaires surtout les grandes écoles d’ingénieurs
et de l’enseignement technique et professionnelle mais dire que l’université prodiguait le
savoir des sciences et des lettres sans projection future de son utilité et sa faisabilité dans la
9
Source: Ministère de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique,
statistiques universitaires 2010-2011.

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réalité de la vie sociale et économique est une vérité prouvée par le nombre de chômeurs
diplômés de l’université marocaine et l’incapacité des universités de répondre aux besoins de
l’entreprise marocaine en matière de compétence.
4.1.2. L’engagement moins fort des autorités universitaires
Clark (2001) fait remarquer que l’idée de l’université entrepreneuriale « n’est pas de pousser à
la commercialisation des prestations de l’université dans un but uniquement lucratif ; mais
d’offrir aux chercheurs la possibilité d’obtenir une reconnaissance et un rayonnement de leur
travail grâce à des applications pratiques sociales, économiques et industrielles ». La
valorisation de la recherche et la création d’entreprise, deviennent donc, pour l’université
publique, des enjeux majeurs de premier plan par rapport à l’emploi, l’innovation et la
création d’entreprises (Horr et Russon, 2013, p.135).
Pour que l’université marocaine atteigne les objectifs d’une université entrepreneuriale, cela
nécessite un engagement fort et durable de la part des autorités universitaires et une bonne
coordination des actions menées en faveur du développement de l’entrepreneuriat via de
véritables stratégies. Ainsi il ne suffit pas de créer des structures dédiées à l’entrepreneuriat et
d’offrir quelques modules ou enseignements portant sur l’entrepreneuriat pour en fin de
compte atteindre quelques étudiants et chercheurs, mais il faut cibler tous les chercheurs de
toutes les disciplines et les sensibiliser à la création d’entreprises par le contact avec des
créateurs et une documentation adéquate afin de leur permettre de véhiculer une image
positive sur l’entreprise, de développer des pédagogies actives favorisant les comportements
entrepreneuriaux et d’orienter les étudiants vers les organismes en relation avec
l’entrepreneuriat (Zammar et Abdelbaki, 2013, p.14-15).
4.2. Préconisations pour le développement d’une véritable culture entrepreneuriale dans
l’université marocaine
Les principales recommandations pouvant contribuer à favoriser le développement da la
culture entrepreneuriale peuvent être énumérées comme suit :
Préconisation 1- Valoriser chez les élèves de l’enseignement primaire des qualités
personnelles telles que la créativité, le sens de l’initiative et l’indépendance et faciliter leur
contact avec le monde de l’entreprise.
Préconisation 2- Sensibiliser les élèves de l’enseignement secondaire à l’activité indépendante
en leur adressant le message suivant : « on peut devenir non seulement un employé mais
également un chef d’entreprise ».
Préconisation 3– Organiser des colloques et/ou séminaires portant sur la formation à
l'entrepreneuriat et qui permettrait à des universités et écoles d'échanger sur des initiatives,
des expériences et sur la situation comparée entre le Maroc et d'autres pays. Les colloques
doivent s’ouvrir à l’international et en particulier, les bonnes pratiques anglophones,
francophones et celles des pays ayant un développement comparable à celui du Maroc.
Préconisation 4– Former des formateurs en entrepreneuriat pour développer les matériels
pédagogiques nécessaires en facilitant leur intégration dans des réseaux régionaux et
internationaux (comme le Global Entrepreneurship Monitor). Ces formations peuvent être
organisées aux Etats Unis où il existe une offre très riche de programmes et des pratiques
reconnus, de durée variable organisée aussi bien par des universités comme le Babson College
que des fondations comme Kauffman Foundation.
Préconisation 5– Former des entrepreneurs coachs intéressés par la formation des étudiants
afin de leur permettre d’associer leur savoir pratique avec les impératifs pédagogiques. Il
s’agit d’une pratique courante dans les universités américaines.
Préconisation 6- Organiser, pour faciliter le démarrage et accélérer le processus de diffusion,
le développement et le transfert de matériels pédagogiques (cours packagés, études de cas, ...)
et l'utilisation de nouvelles technologies éducatives. L’entrepreneuriat est étroitement lié au
94
contexte, la culture, et les valeurs de la société. Il est nécessaire d’encourager la recherche
dans le domaine de l’entrepreneuriat pour pouvoir développer un contenu pertinent et adapté
au contexte marocain. Ceci peut s'envisager de différentes façons en :
- encourageant le développement d'études de cas dans le domaine de l'entrepreneuriat, et ce en
organisant, par exemple, chaque année des concours entre enseignants visant à récompenser
les meilleurs cas ;
- organisant des appels d'offres ouverts à la participation internationale destinés à permettre le
développement de cours packagés et/ou des projets de recherche en entrepreneuriat répondant
à des besoins spécifiques bien identifiés ;
- subventionnant les universités qui investissent dans l'acquisition de modules pédagogiques
packagés ;
- encourageant l'utilisation des nouvelles technologies éducatives permettant notamment
l'enseignement à distance ainsi que l'accès via internet à des centres de ressources et à des
réseaux d'expertise (Zammar et Abdelbaki, 2013, p.15).
Préconisation 7– Encourager la création de Centres d’Entrepreneuriat au niveau des
universités. Particulièrement développés aux Etats Unies, en particulier autour des universités
les plus entrepreneuriales, ils sont gérés en étroite collaboration avec les business schools
relevant de ces universités et réunissent des acteurs publics (notamment du milieu
académique) et privés qui ont des compétences et un relationnel complémentaire. Ces centres
ont pour mission d’assurer deux fonctions majeures :
1. L’enseignement de l’entrepreneuriat : en offrant des formations portant sur
l’entrepreneuriat tout en recourant à l’utilisation des cas concrets.
2. L’animation des réseaux d’entrepreneurs : pour promouvoir l’esprit d’entreprendre dans
une région, il ne suffit pas de créer des incubateurs ou des clusters, il est nécessaire d’aller au-
delà dans la démarche et créer des réseaux d’entrepreneuriat qui gravitent autour de ces
structures, ces réseaux ont pour objectifs de : 1) favoriser les contacts et le partage des
expériences entre les membres (certains sont patrons de leur entreprise et d’autres veulent en
créer) dans le but d’échanger des idées et d’apprendre les uns des autres, de faire des affaires
ensemble ; 2) mettre en place un système de mentorat de jeunes entrepreneurs confirmés ; 3)
identifier les besoins communs et organiser les formations sur des problématiques spécifiques
auxquelles sont confrontés les entrepreneurs (Zammar et Abdelbaki,2013, p.16). L’initiative
du club marocain de l’innovation est un excellent canal dans ce sens.
Préconisation 8- Mettre en place et renforcer des structures d'accueil, d'orientation et
d'accompagnement des étudiants porteurs de projets.
Préconisation 9- Lier incubation et diffusion de la culture entrepreneuriale au sein des
universités, coordonner la politique d’incubation dans les universités avec le développement
de formations à la culture entrepreneuriale (études de cas…) et favoriser la création d’une
junior entreprise interuniversitaire ou inter-établissement pour proposer des études de marché
(à effectuer par les étudiants d’écoles de commerce sous l’égide de leurs encadrants ) aux
porteurs de projets.
Conclusion
L’université joue un rôle important dans la diffusion de la culture entrepreneuriale mais il
reste insuffisant puisque cela constitue l’affaire de tout le monde. Ainsi le développement
d’une politique éducative de l’entrepreneuriat progressive et cohérente qui commence très tôt
dés l’enseignement primaire s’avère nécessaire, de plus l’action du secteur public et privé
(banques, partenaires, ONG,…) est primordiale pour la traduction de cette politique en terme
de création d’entreprises. Egalement l’appui de la société civile est fondamental en ce qui
concerne la diffusion des valeurs entrepreneuriales à tous les segments de la société.

95
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