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Université de Strasbourg Licence Informatique (L3)

UFR de Mathématiques et Informatique Année 2010/2011

Réseaux Locaux et Interconnexions


TD 01 : Anneau à jeton (IEEE 802.5) & CSMA/CD (IEEE 802.3)

Exercice 1
Soit un anneau à jeton où R est un paramètre connu de toutes les stations, D le débit de l’anneau, L la longueur
fixe d’une trame et T le temps de propagation autour de l’anneau.
Considérons l’algorithme suivant (la fonction time rend l’heure actuelle) :

Si arrivée jeton alors :


dispo ← R-(time-dernier) ;
Si dispo > L/D alors Ntrame ← ⌊ dispo
L/D ⌋ sinon Ntrame ← 1 ;
Tant que ∃ trame à émettre et Ntrame> 0 faire :
émettre trame ; Ntrame ← Ntrame -1 ;
fin tant que
émetttre jeton ;dernier ← time ;

Le rendement de l’anneau est la fraction de temps utilisée pour l’émission de trames de données, et le temps d’ac-
cès désigne le temps d’attente avant de pouvoir émettre une trame de données.
1- Quel est le temps de rotation maximal et minimal du jeton selon la valeur prise par R ?

Correction : Si R est petit (e.g. R < T + L/D), ⇒ dispo < 0 ⇒ N trame = 1, ce qui veut dire qu’à chaque tour
au pire chaque station émet une trame et le temps de rotation est alors N × L/D + T .
Si, en revanche, R est assez grand (e.g. R > T + L/D), une station peut garder le jeton et envoyer N trame =
R−time+dernier
L/D trames. Le temps de rotation sera alors ≈ R + N × L/D (si le jeton est “en retard” ⇒ dispo <
L/D ⇒ N trame = 1 : chaque station peut quand même envoyer une trame !).

2- Si une seule station a des trames à émettre, quelle débit peut-elle atteindre en fonction de R,T,L et D ? Comment
le rendement évolue-t-il en fonction de R ?

Correction : Le jeton met un temps T pour revenir à la station active car les autres stations ne le capturent pas.
quantité
Donc dispo = R − T et N trame = ⌊ R−T N trame×L
L/D ⌋. Le débit d est alors de d = temps = N trame×L/D+T ≈
(R−T )×D
R = D × (1 − T /R). Donc le débit d obtenu augmente avec R, et tend vers D quand R >> T , ce qui
d
veut dire que le rendement r = D tend vers 1 : le temps d’attente du jeton devient négligeable, beaucoup de
trames étant émises à chaque tour.

3- Si toutes les stations ont des trames à émettre, quel est le rendement ? Quel est le temps d’accès le pire ?
Correction : Le nombre de trames émises par tour est le même que précédemment, donc le débit global et le ren-
dement son identiques. Le pire temps d’accès est inférieur à R + (N − 2) × L/D (l’anneau est “rempli” par la
station 1 pendant au plus R − T , les stations 2,..., N − 1 peuvent encore émettre une trame, la station N a donc
attendu R − T + T + (N − 2) × L/D. On observe que ce temps d’accès augmente avec R.

4- Commenter l’algorithme ci-dessus en comparant ses propriétés par rapport à l’algorithme à jeton vu en cours
(nombre fixe de trames à émettre).
Correction : Dans l’algorithme de base si un émetteur peut émettre K trames, alors soit on choisit K petit ce

1
qui donne un bon temps d’accès mais un rendement faible quand il y a un seul émetteur, soit on choisit K
grand pour améliorer le rendement, mais alors le temps d ?accès grandit très vite si toutes les actions sont
actives : proportionnel à KN . Le temps d’accès augmente avec le nombre de stations actives. Dans l’algorithme
du sujet, le nombre de trames émises par tour est partagé sur toutes les stations actives. Cette technique se
révèle donc efficace lorsque seule une station veut émettre mais aussi lorsque plusieurs stations sont actives.
En effet, admettons que toutes les stations soient très actives (elles désirent émettre en permanence) : dans
ce cas, au premier tour, la station 1 va émettre pendant R − T alors qu’au second tour elle émettra pendant
R − ((N − 1) × L/D + T ) ce qui permettra à la station 2 d’émettre davantage (N − 1 trames de gagner si R
le permet)...et ce jusqu’à ce qu’elle profite entièrement de R (il faut attendre ≈ R/N tours), alors ce sera à son
tour de lacher du lest à la station 3 et ainsi de suite... Paradoxalement, plus une station attend le jeton, moins elle
émet ! mais cela signifie aussi qu’elle prend en compte le désir des autres stations en attendant son heure.

Exercice 2
Deux stations d’un réseau CSMA/CD essaient de transmettre simultanément des fichiers importants (comportant
de nombreuses trames). Après une transmission de trame, chaque station est en compétition pour l’utilisation du canal
selon l’algorithme Binary Exponential Backoff de tirage d’un temps d’attente aléatoire.

0- Soit une ligne ayant un taux d’erreur de p. Quelle est la probabilité qu’une trame soit transmise avec succès à
la k e tentative ? Quel est le nombre moyen de transmissions requis pour en envoyer une ?
Correction :
X
∞ X

1 − p∞ 1
k × Pk = k × (1 − p)pk−1 = (1 − p) × (1 + 2p + 3p2 + ... + kpk−1 + ...) = =
1−p 1−p
k=1 k=1

1- Quelle est la probabilité du cycle k d’avoir une situation de contention ?


Correction :
1
2 min(k,10)

2- Quelle est la probabilité du cycle k de ne pas avoir une situation de contention ?


Correction :
1
1 − min(k,10)
2
3- Quelle est la probabilité pour que la situation de contention prenne fin au cycle k ?
Correction :
Y
k−1
1 1 1 1
min(i,10)
× (1 − min(k,10) ) ≈ (k−1)(k−2)/2 × (1 − min(k,10) )
i=1
2 2 2 2
4- Quel est le nombre moyen de cycles utilisés par chaque période de contention ?
Correction :
X∞
1 1
j × (k−1)(k−2)/2 × (1 − min(k,10) )
j=1
2 2

Exercice 3
On construit un réseau CSMA/CD de débit 1 Gb/s sur un câble de 1 km de longueur sans répéteur. La vitesse de
propagation sur ce câble est de 200 000 km/s.
– Quelle doit être la taille minimale des trames sur ce réseau ?
1
Correction : L/D ≥ 2p ⇒ L ≥ 2pD = 2 × 200000 × 109 = 10−5 × 109 = 10000 bits

– L’ajout d’un répéteur à mi-chemin change-t-il cette valeur ?

2
Correction : Non pas vraiment, car le temps de traitement dans un hub est vraiment négligeable. En revanche,
le temps de processing d’une trame dans un commutateur serait lui significatif (mais pas de collision avec des
switches full duplex !).

Exercice 4
Soit un réseau Ethernet utilisant la technique d’accès au medium CSMA/CD.
1- Comment un émetteur détecte-t-il une collision ? Est-ce qu’un récepteur peut aussi en détecter ? Est-ce utile ?
Correction : Un émetteur détecte une collision si pendant l’émission le signal émis est différent du signal présent
sur le support. Un récepteur n’a pas réellement besoin de détecter les collisions. Néanmoins une collision se
traduit par une trame erronée, normalement un fragment de trame plus court que la plus petite trame légale, ce
qui est détectable par le récepteur.

2- Soit un réseau à 10 Mb/s. Quelle est la durée d’émission d’une trame minimale et maximale ? Quel est le temps
d’attente maximal avant l’émission réussie d’une trame ? Même question sur un réseau à 100 Mb/s.
Correction : Une trame de 64 octets à 10 Mb/s est émise en 64 × 8/10 microsec = 51,2 microsec = t 1 . A noter
qu’une trame maximale de 1514 octets est émise en T = 1514 × 8/10 = 1211, 2µ s.
Le délai maximal est composé de l’attente que le canal soit libre, la détection de collision, l’attente d’un délai
aléatoire, puis recommencer le tout jusqu’à la 16ième tentative.
Le temps d’attente aléatoire à la ième tentative vaut au pire (2i −1)×t pour i < 11 puis 1023t pour 10 < i < 17
ce qui donne au total 8175t. Le temps de détection des 16 collisions peut prendre 16 × t, et le temps d’attente
avant émission peut prendre 16 trames maximales, soit 16T . Au total 8175t + 16t + 16T soit environ une demi
seconde. A noter qu’en théorie une collision peut se produire à la 16ième tentative et la trame n’est pas transmise
du tout.

3- Supposons que deux émetteurs entrent en collision sur leurs k premières tentatives d’émission. Durant la ten-
tative suivante, un troisième émetteur entre en collision avec les deux premiers. Est-ce que les trois émetteurs
auront les mêmes chances d’émettre par la suite ? Comment cela évolue t’il en fonction de k ? Est-ce équitable ?
Correction : E1 et E2 vont tirer un nombre aléatoire entre 0 et 2k − 1, alors que E3 va tirer entre 0 et 1 et a donc
plus de chance d’avoir le nombre le plus petit. L’avantage de E3 croît quand k augmente. Ce mécanisme n’est
pas équitable puisque le dernier venu a plus de chance d’émettre rapidement que les précédents.

4- Est-ce que le problème du terminal caché peut se produire sur un réseau Ethernet en bus ?
Correction : Le réseau étant en bus, le signal arrive à toutes les autres stations, avec un certain affaiblissement.
Les limites imposées sur les longueurs de câbles font que l’affaiblissement est minime et n’empêche pas chaque
station de capter toutes les autres. En ne respectant pas les limites sur ces longueurs, le problème pourrait se
produire.

5- Si la norme Ethernet 10 Giga utilisait le mode CSMA/CD, quel serait l’ordre de grandeur de la taille d’un tel
réseau ?
Correction : Si on conserve les mêmes tailles de trames minimales, le temps aller-retour devrait être inférieur à
51, 2 nanosec, donc même si les délais ne provenaient que de la propagation du signal (à v = 300000km/s), la
distance d serait limitée à d < L/D×v
2 c’est à dire 300000 km/s × 51, 2 nanosec /2 soit environ 8, 5 m.

1. Attention, ce temps t correspond au 2t vu en cours, à savoir le temps de propagation aller/retour.

3
Exercice 5
On considère un réseau Ethernet avec 3 stations A, B et C. Les stations A et B sont en cours de communication et
envoient chacune une trame de 113 octets (préambule compris) à l’autre 50 fois par seconde. La station C est située à
mi-chemin entre A et B, et le signal met 10 µs pour aller de A à C. On suppose que C décide d’émettre une trame à
un temps indépendant des échanges entre A et B.
Quelles sont les probabilités pour que :
– Le départ de la trame émise par C soit retardée par le passage d’une trame de A ou B ?
113×8
Correction : Le temps d’émission d’une trame est de 10×10 −6 + 9.6µ = 100µs, ainsi le nombre de trames échan-

gées par seconde est de :


2 × 50 × 100 × 10−6
ce qui nous donne une probabilité de 1 % pour que le canal soit occupé au moment où C désire émettre.

– La trame émise par C subisse une collision avec une trame de A ou B ?


Correction : Si on considère une période de contention de 2 × 10µ s pour la station C, la probabilité que C entre
en collision avec A ou B est équivalente à la probabilité que A ou B tentent une émission pendant cet intervalle
de temps, à savoir :
1
2 × 50 × = 0.2%
20 × 10−6
Ainsi cette probabilité ne dépend pas de la taille des trames échangées.

Exercice 6
Soit un réseau Ethernet utilisant la technique d’accès au medium CSMA non persistant. Soit une probabilité uni-
forme p de retransmission dans un slot pour chaque station. Rappel : Après une collision, le temps est divisé en slots
de 2t secondes : le double du plus long temps de propagation t (si on arrive à transmettre pendant ce temps, on est
certain que la trame ne subira pas de collision).
1- Soit k stations toujours prêtes à émettre, quel est la probabilité P qu’une station obtienne le canal dans un slot
donné ?
Correction :
P = k × p × (1 − p)k−1
2- Pour quelle valeur de p obtient-on une probabilité maximale Pmax en fonction de k ? Justifiez.
Correction : P atteint sa valeur maximale lorsque p = k1 car P ′ (p) = 0 pour cette valeur de p.

3- Quelle est l’efficacité maximale d’un tel réseau ? Par efficacité, on entend le ratio e = TT′ avec T=temps
d’émission théorique d’une trame et T’=temps d’émission réel en considérant l’attente moyenne après conten-
tion. (A.N : 500 m de câble, trames de 500 bits, k=3 nombre moyen de stations en attente d’émission)
Correction :
T T
e= ′ =
T T + 2t × A
avec A étant le nombre moyen de trames à transmettre avant succès. En utilisant les résultats obtenus dans
l’exercice 2, on sait que A = P1 et que cette valeur est maximisée (de même que e) lorsque P = k1 donc :

T T
e= 1 = = 81.6%
T + 2t × P T + 2t × (1− 11)k−1
k

avec une vitesse de propagation de 200000 km.s− 1.

4
Exercice 7
Quelques questions de probabilité de base (“appliquables” aux méthodes d’accès probabiliste).
– Imaginez un jeu de où vous pouvez choisir entre trois couleurs et seule une couleur est gagnante. Vous faites
votre choix, et dans ma grande générosité, je vous dévoile dans les deux choix restant une mauvaise couleur. Je
vous laisse à nouveau le choix. Que faites vous ? Pourquoi ?
Correction : Trois options : (1) vous ne changez pas de choix, alors vous aurez seulement une chance sur trois de
gagner avec cette stratégie. (2) vous tirez une des deux cases au hasard, dans ce cas vous avez une chance sur
deux de gagner. (3), la bonne, vous changez systématiquement, dans ce cas vous avez deux chances sur trois de
gagner : en effet, vous misez sur le fait, qu’à l’origine, vous n’aviez qu’une chance sur trois de gagner et donc
deux chances sur trois que la bonne solution soit un des deux choix restants !

– Vous jouez au poker, au flop vous disposez de quatre cartes du même signe, quelle est, approximativement (en
négligeant les cartes déjà sorties), la probabilité que vous obteniez une couleur ?
Correction :
1 3 1
+ ×
4 4 4
– Généralisez ce calcul dans une situtation où vous avez une probabilité p qu’un événement survienne à chaque
tour, et k tours.
Correction :
p + (1 − p) × p + (1 − p)2 × p + ... + (1 − p)k−1 × p
– Le paradoxe des anniversaires : calculez la probabilitez que dans une classe de 30 eleves, au moins deux d’entre
eux soient nées le même jour. Formalisez votre calcul.
Correction :
364 363 336
1− × × ... × = 0.7063162427192688
365 365 365
, c’est à dire, plus formellement, avec n, le cardinal de l’espace des choix et p, le nombre de choix :

(n − 1)!
1−
(n − p)! × n( p − 1)

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