Investir 10   Nouvelle semaine difficile pour nos sélections.   LIRE PAGE 12

Cac 40, en clôture

6.061,66
– 10,23 %à sur la semaine

LE JOURNAL DES FINANCES REJOIGNEZ­NOUS SUR INVESTIR.FR N° 2513 DU 5 MARS 2022 — 4,70 €

GUERRE

DÉFENSE
EN UKRAINE
TIELLE
PRÉSIDEN
2022
Jean-Luc
Mélenchon
TROISIÈME 

BANQUE CANDIDATURE 
r Une cinquième place 
dans les sondages 
r 11 % d’intentions de vote, 
mais en progression
LES SECTEURS EN PREMIÈRE LIGNE UN PROGRAMME 
CHOC
r Pas de succession de 
plus de 12 millions d’euros
r Rétablir et renforcer l’ISF
ENTRETIEN 
r « L’agression de l’Ukraine 
est inacceptable »
r L’impôt sur les sociétés 
sera modulé
LIRE PAGES 10 ET 11

STELLANTIS
IMMOBILIER Route 2030
Les 6 villes qui  Le groupe a présenté son plan à long 
terme. D’ici à la fin de la décennie, le 
attirent le plus  chiffre d’affaires doit doubler, avec 
une marge opérationnelle de plus de 
les Français 10 %. Dans un contexte très défavo­
rable au secteur, cette annonce est 
passée inaperçue. PAGE 14
PAGES 23 À 26
LIRE PAGES 4 À 7
CGG
« Moins de 4 % 
de notre chiffre 
ALTEN BIOMÉRIEUX d’affaires 
Une forte rentabilité  Sanction
en 
Le groupe de conseil en R&D a 
publié une marge opérationnelle 
Le groupe de diagnostic a bouclé une 
année 2021 exceptionnelle, dopée par  Russie »
supérieure à son niveau d’avant­
crise, soutenue par une activité 
son activité de biologie moléculaire 
pour les tests de dépistage de la Covid. 
Interview de 
Sophie Zurquiyah,
florissante dans tous les secteurs et 
un levier opérationnel performant. 
Le bilan est impeccable. PAGE 13
Ses objectifs pour 2022, année de 
transition, ont déçu, mais les tendan­
ces de fond restent porteuses. PAGE 15
directrice générale 
PAGE 16

Les villes de taille moyenne  En € 14,95 Marge opérationnelle d’activité En € 86,90

sont les grandes gagnantes  18
(en %)
125
de la fièvre acheteuse dans  16
l’immobilier depuis un an. 14 9,9 6,1 10,9
100

12 75
Ú   Les plus fortes hausses 
de prix concernent Tours, Mars 2021 Mars 2022 2019 2020 2021 Mars 2021 Mars 2022

Limoges, Reims, Brest,
Nantes et Marseille
Ú   A Paris, les prix ont baissé  NOUVELLES TENDANCES MARCHÉ DE L’ART
en 2021. Du jamais­vu 
depuis 2015. Les ventes
Le vieillissement de la population ou la  L’art brut, 
reprennent enfin montée inexorable de la « silver » économie en forte 
croissance
D
Ú   La cote des maisons  ans  un  environnement  marqué  par Cette évolution va toutefois créer de nou-
monte en flèche une  forte  volatilité et beaucoup veaux défis sociétaux, qui devront être inté- PAGE 22 
d’incertitudes liées à la crise ukrai- grés par les autorités publiques.
nienne, les valeurs et les secteurs refuges ne Nous avons identifié les secteurs qui profite- Malgré son entrée au musée 
sont pas légion. ront de ce bouleversement générationnel. et parfois de belles enchères, 
Les entreprises qui répondent aux besoins LIRE PAGES 18 À 20 il reste globalement sous­coté.
spécifiques de consommation des seniors et
apportent des solutions aux problématiques Part des plus de 60 ans dans la population,
de santé liées à l’âge bénéficient de tendan- en Europe
ces favorables longues et inéluctables. 35 %
Elles interviennent sur des marchés de l’« or 29 %
gris », en forte croissance, qui sont portés 25 %
par la lame de fond démographique. Selon
les chiffres des Nations unies, le nombre de
personnes de plus de 60 ans va doubler dans
le monde d’ici à 2050, alors que la population
générale n’augmentera, quant à elle, que de 2020 2030 2050
Source : Nations unies.
25 % sur la même période. Josep Baqué (1895­1967), Trois monstres, aquarelle, gouache et encre sur 
traits de crayon, 25 × 32,5 cm, vendu 4.708 € par Ader, le 11 avril 2013. ©Ader

FRANCE : 4,70 € ­ SUISSE : 8,90 CHF ­ BELGIQUE ET LUXEMBOURG : 5,20 € ­ DOM : 6,30 € ­ MAROC : 58 DH ­ TOM : 1.560 XPF ­ ZONE CFA : 4.700 CFA ­ ANDORRE : 5,20 € ­ ÎLE MAURICE : 6,90 € ­ IMPRIMÉ EN FRANCE

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 02 / STRATÉGIE Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

Le chiffre de la semaine
Variations de la semaine

CAC 40
INVESTIR 10GV
DOW JONES
3 Mds€
L’assurance­vie a connu une collecte nette de 3 milliards 
d’euros au mois de janvier. Un niveau qui n’avait pas été 
Thales
107,65
+ fortes hausses CAC 40

THALES
DASSAULT SYST.
+ fortes baisses CAC 40

SOCIETE GENERALE
ENGIE
RENAULT
NASDAQ atteint depuis avril 2019 et qui s’est porté sur les unités  VEOLIA ENV.
NIKKEI de compte (à risque) par crainte de l’inflation. 2017 18 19 20 2022 STELLANTIS

Les pistes d’investissement
Par Rémi Le Bailly,
rédacteur en chef

Tirer la couverture à soi
de celui-ci dans un BX4 ! Sur un compte-titres classi-
que, les possibilités sont beaucoup plus larges, car on
peut y loger les différents produits de Bourse bais-
siers (on les appelle les puts), en particulier les puts
warrants et les turbos puts. Les premiers sont très
réactifs mais difficiles à manier : sensibles à la volati-
 Protection  La Bourse de Paris a connu sa pire semaine depuis mars 2020  lité et disposant d’une échéance, leur valeur diminue
mécaniquement lorsque l’échéance approche. Ce
et le début de la crise sanitaire. La volatilité atteint des sommets. Nous vous  sont des produits qui nécessitent d’avoir raison rapi-
dement.
livrons quelques pistes qui vous permettront de couvrir, au moins partiellement,  Les turbos puts nous semblent plus adaptés. Ils se
valorisent de façon linéaire en fonction de l’évolution
votre portefeuille. de l’indice, en procurant un effet de levier. Attention
toutefois, ils sont dotés d’une barrière désactivante

V
ladimir Poutine a échoué. Le blitzkrieg
dont il rêvait risque de se transformer en
un long conflit. Si les troupes russes pro-
gressent dans une Ukraine qui commence
à se vider de sa population, elles se heurtent aussi à
une résistance plus farouche que prévu.
En Bourse, cette guerre dans l’est de l’Europe, aux
portes de l’Union européenne, se traduit par une
accélération de la baisse des marchés. Avec un recul
de 10,2%, la semaine qui s’achève est la plus sombre
pour le Cac 40 depuis celle du mois de mars 2020,
quand l’indice avait plongé de près de 20 % à
l’annonce du confinement d’une grande partie de la
planète. La Bourse de Paris évolue désormais 18 %
sous les records historiques touchés en janvier. Tou-
tefois, aucune séance n’a été marquée par une pani-
que généralisée même si l’on s’en est approché
vendredi. Pour employer une formule qui prend un
sens bien particulier dans le contexte actuel, les mar- Mais tenir ne veut pas dire non plus rester totalement
chés (pas plus que la population et l’armée ukrai- inactif. Il faut protéger son portefeuille. La façon la
nienne) n’ont pas capitulé. Mais ils sont fortement plus radicale de procéder consiste à augmenter le
baissiers et extrêmement volatils : la séance la plus poste de liquidités en cédant certains titres, mais on
« calme » de la semaine, celle de lundi, a enregistré un se heurte rapidement au choix des actions à céder.
écart de 2,6 % entre le plus-haut et le plus-bas du jour. Cela peut convenir si l’on veut seulement dégager un
La semaine dernière, en nous référant aux précé- peu de liquidités. Cela devient compliqué si l’on sou-
dents conflits armés observés depuis la fin de la haite aller au-delà. « Il est plus simple de vendre l’indice
Seconde Guerre mondiale, et de se protéger contre un ris-
que généralisé de baisse. Cou-
nous avions conseillé de tenir
les positions, dans un con- « Les turbos puts  vrir évite d’avoir à choisir les
texte où nous recomman- sont les produits les  titres à vendre, ce qui est tou-
dions déjà depuis quelque
temps une certaine pru- plus adaptés. Ils se  jours un casse-tête », explique
Arnaud Raimon, gérant chez
dence, avec une part valorisent de façon  Alienor Capital. Pour ce
d’actions de seulement 45 %,
soit au-dessous de la situa-
linéaire en fonction de  faire, les professionnels ven-
dent des contrats à terme sur
tion équilibrée de 50 %. l’évolution de l’indice » indice. La baisse des actions
détenues en portefeuille est
compensée par le gain enregistré sur les contrats à
terme vendus. Seul problème, ces contrats à terme ne
qui, si elle est atteinte, leur fait perdre toute leur
valeur. Il faut donc se méfier des effets de levier trop
élevés. Par exemple, si vous achetez un turbo put
Cac 40 de prix d’exercice – c’est l’autre nom de la bar-
rière désactivante – de 6.550 points, il procurera cer-
tes un effet multiplicateur de 14, mais ne vaudra plus
rien si l’indice remonte rapidement.
En résumé, il n’existe pas de produit parfait pour pro-
téger son portefeuille. De plus, une couverture totale
a un coût assez élevé, de l’ordre de 13 % de la valeur du
portefeuille si l’on souhaite se réserver, comme dans
l’exemple ci-dessous, une bonne marge de sécurité.
En revanche, une protection partielle permettra
d’atténuer les effets de la crise sur ses actions.
- RELEBAILLY@INVESTIR.FR
Exemple de couverture partielle
avec des turbos puts
Portefeuille de 100.000 €
Hypothèse Couverture visée: 30 %.
Indice Cac 40 à 6.105 points

INVESTIR DANS LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE sont pas facilement accessibles pour les particuliers,
sauf à recourir aux CFD (contracts for difference) que Turbo Put Cac 40,

01 - Liste officielle proposent certains établissements. En outre, le sys-

Produit
barrière désactivante à 7.005 points,
parité de 100 pour 1,
tème des appels de marge quotidiens en rend l’usage choisi cours de 9,02 €,
7 mars Si la période des parrainages est close depuis le 4 mars, il faudra attendre lundi 7 mars pour  compliqué et potentiellement coûteux. Distance à la barrière : 14,7 %,
connaître la liste officielle des candidats à la fonction suprême, le Conseil constitutionnel devant  Il existe d’autres solutions, notamment en ayant Levier 6,8
valider les candidatures pendant le week­end. Onze, voire douze prétendants devraient être qualifiés. recours aux produits de Bourse. La plus simple, et la
seule possible, dans le cadre d’un PEA, consiste à Nombre
02 - Interviews et programmes acheter des ETF baissiers, comme l’Amundi ETF de turbos ((100.000 x30 %)/6.105)x100=491
à acheter
10 avril En vue du premier tour, nous avons sollicité les candidats arrivant en tête dans les sondages  Short Cac 40 (code : C4S). Quand le Cac 40 recule de
et les avons interrogés sur les grands thèmes : politique internationale, pouvoir d’achat, fiscalité,  3 %, ce produit monte de 3 %. Attention, le calcul est
Investis- 491x9,02= 4.428 € soit 4,4 %
économie, écologie… Nous présentons également de façon résumée les grandes lignes de leur  quotidien. Cela signifie que, sur longue période, ce sement de la valeur du portefeuille
programme. Nous démarrons cette série par une double page consacrée à Jean­Luc Mélenchon. produit est loin de suivre parfaitement l’évolution de
l’indice. Il existe des variantes plus offensives grâce à
Cac 40 à 5.500 points (-10%)
03 - Comparaisons un effet de levier. Les détenteurs de PEA connaissent
Le turbo call vaut 15,05€ soit 7.389 €
bien le Lyxor ETF XBear Cac 40, plus connu sous le pour 491 turbos, soit un gain de 2.961 €
29 janvier et 5 février Sur deux sujets fiscaux importants, les donations­successions et l’impôt sur  nom de BX4, qui double l’évolution du Cac 40 (il se Simulation
la fortune, nous avons déjà publié de grandes infographies permettant de comparer les propositions  valorise de 4 % quand l’indice perd 2 %). Mais atten- Le portefeuille a perdu 10 %
soit 10.000 €
des uns et des autres. tion, compte tenu des sommes en jeu, la couverture
La couverture a permis de compenser,
ne peut être que partielle : pour protéger totalement comme prévu, 30 % de la baisse.
un portefeuille, il faudrait investir un tiers de la valeur

Arbitrages
Nos hypothèses pour le Cac 40 à fin juin 2022 Notre allocation d’actifs Nos changements de conseils
Plus sûr mais moins Plus risqué mais plus
6.200 pts 6.600 pts 7.000 pts 7.300 pts de potentiel de gains de potentiel de gains Rothschild & Co
13 % 35 % Acheter
Liquidités, livrets d’épargne, France Conseil précédent : Vente partielle,
comptes à terme, PEL, PEP 16-9-2021

5% Vallourec

15 %
5 % Or Achat spéculatif
10 % Conseil précédent : Ecart,
Europe 18-2-2021

40 % 5 % SCPI

25 %
6%
Assurance-vie
en euros
14 %

15 % Plan d’épargne
retraite
Mandat de gestion
équilibré à horizon
48 %
Amérique
du Nord

10 % INVESTIR 10 Valeurs moyennes

Assurance-vie
7 % Japon PEUGEOT INVEST NEOEN
en unités de compte
2 % Bitcoin 10 % Pays émergents SORT ENTRE

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 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022
STRATÉGIE / 03
Les valeurs qui font l’unanimité.  Ce tableau regroupe les valeurs pour lesquelles Investir, le consensus des analystes et l’analyse graphique affichent un conseil identique.
Valeurs à l’achat 65 Bolloré 7 Stef Sorties à l’achat S Albioma
Nombre de semaines (S = valeur ne faisant plus
de conseils unanimes à l’achat
31 General Electric 5 Dassault Aviation l’unanimité)
S M6­Métropole TV
(S = valeur ne faisant plus 12 Carmila 2 Edenred S Safran
l’unanimité) 8 Carrefour 2 Worldline S Stellantis
8 Orange 1 GTT S TF1
8 Sanofi 1 Ipsos S TotalEnergies
8 Thales 1 SES
8 Vivendi 1 Vallourec
7 Beneteau

Le baromètre mensuel des styles de valeurs 
Les performances des différentes composantes  droite ligne de janvier : forte surperformance de la  les valeurs financières et cycliques, très représen­
stylistiques du marché ont été assez homogènes en  Value, et un style Visibilité à la peine. Puis, à partir  tées dans le segment Value. En parallèle, les taux 
février. Cette homogénéité est cependant trom­ du 11 février, la tension géopolitique en Ukraine a  court terme et long terme effaçaient la hausse du 
peuse, car le mois peut être scindé en deux pério­ progressivement occupé tous les esprits, provo­ début d’année, et le style Visibilité bénéficiait de 
des bien différentes. Un début de février dans la  quant une brutale aversion au risque qui a pesé sur  son statut défensif en relatif.
Le style Momentum a pour caractéristique de 
Les performances des 4 grandes catégories de valeurs Les secteurs du Momentum sélectionner les valeurs les plus performantes sur 
Les secteurs profitant le plus actuellement Les plus fortes évolutions de la note un horizon moyen terme (six à douze mois). Son orien­
En % Sur l’année 2022 Février Mois précédent de la dynamique moyen terme des marchés* Momentum depuis un mois** tation reste encore à dominante Value. Les secteurs 
Données au 28 février 2022
Value Croissance Visibilité Momentum
Télécoms A la hausse A la baisse de Value domestique, Télécoms et Utilities, sont, 
82 Santé
à titre d’illustration, les deux secteurs qui disposent 
+5 + 10 (75)
Utilities actuellement de la meilleure note Momentum. 
+ 0,7 Utilities
81 + 10 (81) La Value financière se voit, quant à elle, déclassée, 
Pétrole Tourisme-loisirs mais se maintient dans le haut du peloton des secteurs 
–2,4
– 4,1 –4,2 –4,7 80 – 3 (58) de Momentum. Notons également que les secteurs 
–7,5 –9,5 Médias Banque sensibles au prix de l’énergie et des matières premières 
–11,4 –11,7 –16,1 –12 80 – 6 (76) (Energie, Produits de base, Utilities) sont désormais 
Calculs effectués hors dividendes sur une base de 1.700 valeurs européennes dont la capitalisation boursière dépasse 100 M€. * Note sur 100. ** Variation (note Momentum actuelle). dans le premier quartile des secteurs de Momentum.

Les indiscrétions
Les analystes 
aiment

SAINT­GOBAIN On murmure 
l Canonisé
Saint­Gobain a reçu un
que…
soutien de taille cette semaine : 
la banque américaine Morgan 
Locataire russe
Stanley a relevé son avis sur le  La foncière cotée Vitura (ex­
fabricant de matériaux. L’ana­ CeGeReal) n’a pas de chance ! 
lyste se satisfait de la nouvelle  L’immeuble Arcs de Seine, à 
stratégie qui a permis un retour  Boulogne­Billancourt, l’un de 
sur investissement de plus  ses six actifs de bureaux, devait
de 10 % en 2021 et du niveau  déjà faire face au départ de 
important de liquidités. L’action  Canal+. Désormais, il faut 
« est sous-évaluée », considère­ discuter avec Russia Today 
t­il encore. L’exposition à la 
Russie, qui compte pour moins 
(RT), la chaîne russe dont la 
diffusion a été interdite dans 
pour demain
de 1 % du chiffre d’affaires, ne  l’Union européenne. Toutefois, 
devrait pas être un handicap.  ce locataire occupe moins 
L’objectif de cours est maintenu  de 1 % de la surface de 
à 73 €. Barclays, Oddo BHF, BNP  47.200 mètres carrés (m2). 
et JP Morgan sont également  Et d’autres preneurs ont signé 
à l’achat, comme Investir. des baux, notamment la société 
spécialiste des énergies locales 
renouvelables Idex, et Babyliss 
Ils n’aiment  (3.000 m2 et 2.300 m2). « 2021 a été une année charnière, marquée par la fin
plus
d’une phase de transformation du Groupe qui produit
ATOS Les gérants vendent 
d’excellents résultats. La grande solidité d’AXA est la clé
Bug majeur
l Mauvaise semaine pour
à découvert de son impact économique, social et sociétal fort. »
l’entreprise de services numéri­
ques Atos. En proie à de graves 
difficultés (lire p. 13), elle a été  En partenariat avec Thomas Buberl,
dégradée par Oddo BHF et HSBC.  Directeur Général d’AXA
Le premier analyste a ramené 
son conseil sur le titre à « sous­
performer », alors qu’il affichait   
auparavant une position  Nous analysons ici l’évolution
« neutre ». L’objectif de cours a  des positions courtes (short),
été réévalué à 23 €, contre 29 € 
jusque là. Il souligne que des 
c’est­à­dire vendeuses.
RÉSULTATS ANNUELS 2021
« problèmes d’approvisionne-
ment » et « l’inflation salariale »,  CGG CHIFFRE D’AFFAIRES RÉSULTAT OPÉRATIONNEL DIVIDENDE PAR ACTION NOTATION ESG MSCI
de même qu’une baisse des  Cinq fonds au lieu 
l
activités historiques, ont amené 
le groupe à définir des objectifs 
plus bas que ceux attendus par le 
de trois sont à la vente,
pour un total égal à 4,6 % 
du capital (+ 1,62 point).
100 Md€ 6,8 Md€ 1,54 € AAA
consensus. Oddo BHF s’attend  +6% +9% +8%
ainsi à une baisse organique de  ATOS
l’ordre de – 2 % à 0 %. Morgan  Deux fonds ont renforcé
Stanley et Bryan Garnier & Co ont  l leurs positions à la baisse.
également publié un conseil de  Les quatre intervenants 
vente. HSBC, moins sévère, est  misent sur 3,59 % du capital 
passé à « conserver » et vise  (+ 1,32 point).
30 €, au lieu de 43 € précédem­
ment. CIC, Redburn, Stifel et  ALSTOM Retrouvez nos résultats sur axa.com @axa
JP Morgan sont sur la même  Le nombre de fonds
ligne. La Société Générale, elle,  l baissiers est passé 
est à l’achat, comme Investir de deux à quatre, pour un cumul 
(achat spéculatif). de 2,14 % du capital (+ 0,77 point).

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 04 / ÉVÉNEMENT Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

GUERRE
EN UKRAINE
Géopolitique
Une semaine 
qui a tout bouleversé
  Dramatique    L’offensive  russe  et  les  mesures  de  rétorsion  occidentales  se  sont  considérablement 
intensifiées.  Les  conséquences  économiques  se  font  déjà  sentir.

U
ne semaine après le début des péenne à Zaporijia, le 4 mars, par les Russes fait de l’approvisionnement aurait de lourdes implica- attaque des Etats de l’ex-URSS désormais ralliés
hostilités, l’invasion russe en craindre une tournure encore plus dramatique tions . La proximité géographique de la zone euro au traité, à l’instar des pays baltes. Outre des poli-
Ukraine s’est amplifiée de façon des événements. la rend bien entendu plus vulnérable que les tiques monétaires moins agressives que prévu, les
alarmante : plus d’un million de Les conséquences économiques n’ont pas tardé à autres régions à la crise. Déjà aux prises avec une gouvernements devraient aussi activer le levier
réfugiés, des avancées russes se faire sentir, avec l’effondrement du rouble et la forte inflation depuis plusieurs mois, les grandes budgétaire avec, en particulier en Europe, la mon-
rapides face à une armée ukrai- flambée des matières premières. « Toute la ques- banques centrales vont désormais devoir aussi tée en puissance des dépenses militaires.
nienne d’une pugnacité redoutable, des mesures tion est de savoir combien de temps va durer la guerre faire face à des pressions sur la croissance, avec le A plus long terme, ce conflit réorganise aussi en
de rétorsion occidentales sans précédent et et jusqu’où iront les prix du pétrole », résume David spectre d’une stagflation dans le pire cas de figure. effet l’échiquier diplomatique, entre une défense
aucun espoir d’appaisement à court terme. La Chao, stratégiste chez Invesco. Avec 22 % de Le scénario le plus sombre fait entrer en jeu l’Otan renforcée en Europe, une Otan régénérée et une
prise de la première centrale nucléaire euro- l’énergie européenne importée de Russie, un arrêt à la suite d’une provocation russe, comme une Chine encore indécise. - CAROLINE MIGNON

La guerre a pris une autre dimension en quelques jours

Etat des lieux du conflit au 4 mars Flux de réfugiés Contrôle russe Combats/bombardements Envolée des prix du gaz... ... et des cours du pétrole
Futures sur le gaz des Pays-Bas, en euros Cours du Brent,
par mégawattheure, à Rotterdam en dollars par baril
POLOGNE BIÉLORUSSIE 193,99
650.000 (ALLIÉ DE LA RUSSIE) 200 120
Plus haut 119,72
Plus haut 199 115
Tchernobyl 114,17
Centrale nucléaire prise par RUSSIE 110
les Russes le 24 février
180
Tchernihiv 105

100

160 95
Okthyrka
plus Kiev 90
Kharkiv
d’1 million 24 25 28 1er 2 3 4
de réfugiés Février Mars
UKRAINE Zaporijia 140
SLOVAQUIE Centrale nucléaire prise par Lougansk
50.000 les Russes le 4 mars En €
Kherson Donbass 0,0110
Ville prise par Donetsk
les Russes le 3 mars 0,0115
Marioupol 120
HONGRIE MOLDAVIE 0,0100
Melitopol 0,0079
150.000 50.000 Odessa
Mars Ville prise par 0,0095
les Russes le 25 février
0,0090
ROUMANIE Mer d’Azov 100
40.000 Crimée 0,0085
Mer Noire
0,0080
AUTRES PAYS D’EUROPE Sébastopol
Annexée par la Russie 80 0,0075
60.000 depuis 2014 24 25 28 1er 2 3 4 24 25 28 1er 2 3 4
Février Mars Février Mars
Sources : Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Institute for the Study of War, Investir. Source : Bloomberg.

Les sanctions
utilisées pour payer les livraisons
de gaz et de pétrole : la première
banque du pays, Sberbank (dont
la filiale européenne, à court de
liquidités, a dû déposer le bilan),
Les pays occidentaux frappent le  et Gazprombank. « La stratégie de
l’Europe est très pertinente : elle est
russes. A cela s’ajoutent le gel des
avoirs du président et des oligar-
ques russes et l’interdiction de
leur fournir des fonds, avec égale-
ment la suspension des médias
Russia Today et Sputnik, détenus
par l’Etat russe et à l’origine de la
nouveaux projets en Russie. De
grands groupes comme Apple,
Boeing, ExxonMobil, H&M,
Volvo et General Motors ont
arrêté toute exportation vers la
Russie, tandis que Disney, War-
ner et Sony Pictures n’y diffu-

système financier et l’économie russes calibrée pour inciter les groupes

RÉTORSION -L’Ouest a considéra-
blement durci le ton contre la
Russie. L’Allemagne, jusqu’ici
réticente à des restrictions trop
sévères en raison de ses liens
commerciaux avec la Russie, a
fini par se ranger auprès des
Etats-Unis, des autres pays euro-
péens et désormais du Japon.
« Toutes ces mesures affaibliront de
manière significative la capacité de
Poutine à financer sa guerre. Elles
dégraderont petit à petit son éco-
nomie », a déclaré Ursula von der
Leyen, présidente de la Commis-
sion européenne.
Les principales mesures visent
à asphyxier financièrement le
pays, avec le gel des avoirs en
devises (630 milliards de dollars)
de la Banque centrale de Russie
(BCR) et l’exclusion de certaines
banques russes du programme
Swift (lire encadré ci-contre).
Avec un risque très élevé d’une
crise de liquidité en devises, la
BCR se voit empêchée de soute-
nir sa devise en achetant des
roubles avec des devises fortes.
LE ROUBLE S’EFFONDRE
« Environ la moitié des réserves
de la Banque centrale russe sont
libellées en devises des pays mem-
bres de l’Otan et, comme très sou-
vent, détenues dans les institutions
financières des pays où elles ont
cours ; la BCR n’y a donc plus
accès », explique Gilles Moëc,
chef économiste chez Axa IM. Le
rouble, qui s’était jusqu’ici bien
tenu, a chuté de 30 % par rapport
au dollar après ces annonces.
Pour contenir l’inflation et
l’effondrement de sa monnaie, la
BCR n’a donc eu d’autre choix que
de doubler son taux directeur à
20 % le 28 février. Et Vladimir
Poutine de contraindre les expor-
tateurs russes à convertir 80 % de
leurs recettes en devises étrangè-
res en roubles. La chute du rouble
devrait néanmoins entraîner une
forte inflation, qui érodera le
pouvoir d’achat des ménages. Les
prix à la consommation s’étaient
déjà appréciés de 8,7 % sur un an
en janvier.
LISTE PROVISOIRE
Autre mesure de rétorsion
majeure, l’Union européenne a
exclu sept banques russes du sys-
tème Swift : la deuxième banque
russe, VTB, VEB, Bank Otkritie,
Novikombank, Promsvyazbank,
Rossiya Bank et Sovcombank. La
mesure prendra effet le 12 mars,
permettant aux entreprises et
marchés financiers de l’Union
européenne de s’organiser. « En
fonction du comportement de la
Russie, la Commission est disposée
à ajouter rapidement d’autres ban-
ques russes à la liste », a déclaré la
Commission européenne. Certai-
nes banques importantes sont
pour le moment épargnées car
russes à continuer de vendre du gaz
désinformation dans l’Union
européenne.
sent plus leurs films. Le pays sera
aussi privé d’événements spor-
russe afin de s’approvisionner en tifs, avec déjà le déplacement de
devises étrangères », juge Gilles LE PRIVÉ S’IMPLIQUE la finale de la Ligue des cham-
Moëc. L’économiste estime que La sphère privée n’a pas tardé à pions par l’UEFA au Stade de
l’opinion publique, qui a proba- entrer dans le jeu. Shell et BP ont France, alors qu’elle était initia-
blement été à l’origine du bascu- annoncé leur sortie du capital lement prévue à Saint-Péters-
lement de l’Allemagne vers des des russes Gazprom et Rosneft, bourg. Enfin, les espaces aériens
mesures plus musclées, pourrait tandis que TotalEnergies a se ferment et les espaces mariti-
aussi exiger une fermeture totale adopté une position plus timide, mes se bloquent. La Russie est
du protocole Swift aux banques s’engageant à ne pas lancer de isolée. - C. M.
SWIFT donc un rouage essentiel du commerce internatio­
nal. Une fois les instructions transmises, un autre 
Une messagerie  système que Swift est utilisé pour débiter le 
compte de l’acheteur et créditer celui du vendeur, 
interbancaire  dans leurs banques respectives. 
Lors de l’invasion de la Crimée en 2014, 
Cette société coopérative basée à Bruxelles a été  les banques russes avaient été menacées de 
créée en 1973. Sa plateforme est une messagerie  déconnexion. Par conséquent la Russie a créé sa 
d’échange d’informations standardisées, peu  propre plateforme, SPFS, mais son réseau est 
sophistiquée mais très sécurisée. Elle est utilisée  limité (400 adhérents). Le réseau chinois CIPS, 
par 11.600 institutions financières dans plus de  connecté à Swift, peut aussi être une alternative, 
200 pays, pour transmettre des ordres de paie­ ainsi que la plateforme indienne. Sont aussi possi­
ment transfrontaliers irrévocables. Pas moins de  bles le recours au bon vieux fax ou à l’ancien 
10,6 milliards d’instructions ont ainsi transité par  système télex, bien plus lent. Enfin, l’utilisation 
cette plateforme en 2021. Swift (Society for World­ des cryptomonnaies est une solution permettant 
wide Interbank Financial Telecommunication) est  de contourner les banques (lire ci-contre). – J.­L. C.

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 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022
ÉVÉNEMENT / 05

Conséquences Cryptomonnaies
La flambée des matières premières  Une piste sérieuse pour les transferts 
va affecter l’économie mondiale avec la Russie, malgré des limites
ÉVALUATION -Déjà aux prises avec fin 2023, dans l’hypothèse d’un nir la zone euro, en particulier les TABOU  - Au moins un grand ces lignes. Le prix, qui a d’abord « incensurable ». Les oligarques
un niveau d’inflation qui n’avait prix du gaz à 125 € le MWh et du pays aux marges de manœuvre groupe français envisage de chuté, a ensuite redécollé à plus pourront donc recourir aux
pas été atteint depuis des décen- pétrole à 125 $ le baril. Une esti- budgétaires réduites, comme recourir aux cryptomonnaies de 45.000 $. De quoi faire finale- cryptomonnaies, mais de façon
nies, les grandes économies mation qui pourrait prendre de l’Italie et l’Espagne. « Une pre- pour assurer la rémunération de ment accéder le bitcoin au titre de limitée, car les plateformes cen-
voient ce fléau prendre une nou- l’ampleur, avec un dérapage des mière hausse de taux ne devrait pas ses salariés russes, ou du moins valeur refuge, contrairement à ce tralisées sont incontournables
velle ampleur avec la guerre en matières premières encore plus avoir lieu avant la toute fin de des transferts internationaux, à que nous constations la semaine pour la conversion en devises.
Ukraine. Peu exposées dans leurs prononcé. L’inflation en zone l’année ou en 2023 », prévoit Gilles défaut de pouvoir se servir du dernière. L’enjeu secondaire est de s’assurer
exportations au marché russe, les euro a déjà grimpé de 5,8 % sur un Moëc. Si l’approvisionnement de réseau d’échanges interbancaires que les cryptomonnaies ne rem-
économies européennes vont an en février, après 5,1 % en jan- gaz russe venait à être coupé, plus Swift, selon nos informations. INCENSURABLE placent pas Swift, afin que les
souffrir de la flambée des prix du vier et contre 5,4 % attendus. De probablement à l’initiative des L’utilisation d’actifs numériques, Bruno Le Maire, ministre fran- sanctions conservent leur effica-
pétrole et du gaz naturel, entraî- son côté, Stéphane Monier, direc- Européens – bien qu’aucune en Russie comme en Ukraine, a çais de l’Economie, a déclaré cité. Mais les blockchains auraient
nant une baisse du pouvoir teur des investissements chez éventualité ne soit plus à exclure été évoquée par des analystes dès jeudi : « Les cryptomonnaies ne de toute façon du mal à supporter
d’achat. Le prix des matières pre- Lombard Odier, table sur un point du côté russe –, certaines usines le début de la guerre. Et la prédic- doivent pas être utilisées pour un soudain passage à l’échelle.
mières a connu en une semaine sa de croissance en moins pour la devraient alors fermer leurs por- tion s’est réalisée. La semaine du contourner les sanctions finan- Le gouvernement ukrainien et
plus grande envolée depuis les zone euro dès cette année, la tes en Europe, avec des consé- 21 février, la plateforme d’échan- cières. » Pour Bercy, l’enjeu prin- des ONG de soutien à ses forces
années 1970, avec des flambées ramenant à 3,3 %. quences déplorables. « L’arrivée ges Binance a enregistré un cipal est de contrôler les flux des ou aux populations ont, de leur
concernant les hydrocarbures des beaux jours permettrait de volume net d’achat de 1.396 bit- oligarques, dont les actifs doi- côté, récolté des dons en crypto-
mais aussi le charbon, l’alumi- MODÉRATION DE LA FED réduire la demande de gaz, mais il coins en roubles (soit 47 millions vent être gelés. Les Etats ne peu- monnaies, pour l’équivalent de
nium ou le blé. Le cours du De quoi rendre encore plus diffi- faudrait reconstituer des stocks d’euros au cours d’alors), en très vent y parvenir que via des plus de 55 millions de dollars,
pétrole s’est approché jeudi cile la tâche des banques centra- aujourd’hui bas pour se prémunir forte progression, avec un pic le plateformes d’échanges centrali- rapporte le cabinet d’analyse
3 mars de ses niveaux de 2012, à les, prises en étau entre une contre une pénurie l’hiver prochain 24 février, premier jour de l’offen- sées qui appliquent une procé- Elliptic. Un NFT d’une valeur de
près de 120 $ le baril de Brent, inflation plus vive et une crois- si la crise perdure », estime l’écono- sive. La demande est toujours très dure de connaissance client. Le 200.000 $ a même été offert.
tandis que le gaz naturel en sance menacée. Jerome Powell l’a miste d’Axa IM. - C. M. élevée à l’heure où nous écrivons marché de gré à gré reste, lui, - RÉMY DEMICHELIS
Europe s’envolait à près de 200 € bien compris : il ne faudra aucun
le mégawattheure (MWh). choc dans la normalisation de la
Les économistes sont à pied politique monétaire. Pendant son
d’œuvre pour mesurer l’impact allocution au Congrès le 2 mars, le
de ces chocs sur la croissance président de la Réserve fédérale a
mondiale. Pour Gilles Moëc, chef donc écarté l’éventualité d’une
économiste chez Axa IM, la hausse des taux de 50 points de
guerre réduirait d’un point de base lors de la réunion du 16 mars,
pourcentage environ la crois- privilégiant un tour de vis d’un
sance en zone euro, région la plus quart de point seulement. De son
touchée en raison de sa dépen- côté, la Banque centrale euro-
dance à l’énergie russe, d’ici péenne devra continuer de soute-
RÉSULTATS ANNUELS 2021
Une faible exposition directe à la Russie...
Exportations vers la Russie, en % du total des exportations
4 CROISSANCE
2013 (avant l’annexion de la Crimée) 2020
3 Chiffre d’affaires
Sources : Haver, UBS.

2 44,2 Mds€ + 18,4 %(1) VS 2020

1 Résultat d’exploitation
0
4,5 Mds€ + 60 % (1)
VS 2020
Allemagne Italie Zone Euro France Pays-Bas Espagne
Résultat net courant(2)
...mais une forte ... et ses conséquences potentielles
dépendance énergétique... En points de %, pour 2022
2,8 Mds€ + 91 % VS 2020
Part des importations russes et 2023 cumulés* Dividende par action(3)
en zone euro, en 2019, en % Croissance Inflation 1,63 €
en hausse de 23 %
20 + 1,6
33 + 1,1
IMPACT
Source : UBS.

Gaz Pétrole
− 0,9
− 0,1
Zone euro Etats-Unis
Notation A sur la liste 2021 du CDP en matière
*Avec un baril (WTI) à 125$ et un gaz à 125€/MWh. Source : Axa Im.
de lutte contre le changement climatique
Le modèle étant linéaire, les conséquences économiques seront redoublées avec des hypothèses multipliées par deux.
Réduction de 23 % de nos émissions de CO2 vs 2017
1,3 Md de tonnes de CO2 évitées grâce

Paradoxe
aux solutions vendues par le Groupe en un an
35 % de femmes dans les recrutements de cadres en 2021
Top Employer Global pour la 7e année consécutive

Un contexte plutôt 
favorable aux émergents
SANTÉ FINANCIÈRE -Les tensions rejoignent dans la spirale de
CONSTRUIRE UNE CROISSANCE
géopolitiques réveillent l’aver-
sion au risque. Mais, cette fois
– un paradoxe relevé par l’heb-
hausse la plupart des denrées
agricoles, est susceptible de don-
ner un sérieux coup de pouce
DURABLE À IMPACT POSITIF
domadaire financier américain aux grands exportateurs de Référence mondiale de la construction durable, Saint-Gobain conçoit, produit et distribue
Barron’s –, les actifs à risque que l’hémisphère Sud. Le Brésil des matériaux et services pour l’habitat et la décarbonation de l’industrie. Notre stratégie vise
représentent les marchés des figure parmi les gagnants, à la à accélérer notre croissance tout en ayant un impact positif, pour répondre aux enjeux climatiques,
pays émergents pourraient fois producteur de pétrole – l’un de protection des ressources et d’urbanisation rapide. En 2021, notre performance a encore
échapper à la règle. des dix premiers mondiaux, au démontré le succès du modèle Saint-Gobain : une culture multi-locale et orientée solutions,
De grands pays comme l’Indo- niveau du Koweït – et puissance la force d’une innovation ouverte au service de nos clients, des équipes engagées,
nésie, l’Inde ou le Brésil sont en agricole, acteur majeur, à ce mobilisées autour de notre raison d’être : MAKING THE WORLD A BETTER HOME,
bien meilleure santé financière titre, dans les biocarburants. faire du monde une maison commune plus belle et plus durable.
aujourd’hui que lors de précé- Le tout redonne de l’attrait aux
dentes phases de crispation émergents en termes de diversi-
sécuritaire dans le monde, avec fication. D’autant que leurs Retrouvez tous nos résultats sur saint-gobain.com
un déficit de la balance des paie- actions sont bon marché : autour
ments courants ramené, en de 12 fois les profits anticipés à 0 800 32 33 33
moyenne, de 4,4 % à 0,4 % en dix un an pour le MSCI Emerging
ans. Markets, contre 19 fois pour les Les prochains rendez-vous
valeurs du S&P 500, selon 28 avril : Publication du chiffre d’affaires
COUP DE POUCE Bloomberg, soit le plus impor- du premier trimestre 2022
L’heure est à la sortie de crise du tant écart en vingt ans. Et la 2 juin : Assemblée générale
27 juillet : Résultats du 1er semestre 2022
Covid-19 pour ces géants, au pre- dynamique est bien orientée,
mier rang desquels la Chine. De avec des bénéfices 2022 atten- (1) À structure et taux de change comparables. (2) Résultat net (part du Groupe), hors plus ou moins-values de cessions, dépréciations d’actifs
plus, l’envolée supplémentaire, dus en hausse de 10,2 % au Sud, et provisions non récurrentes significatives. (3) Montant qui sera proposé à l’Assemblée générale, versé intégralement en espèces.
avec la guerre, du prix des matiè- contre 8,9 % pour les 500 valeurs
res premières et de l’énergie, que américaines. - J. V.­S.

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 06 / ÉVÉNEMENT Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

Les secteurs en  p
GUERRE
EN UKRAINE

La défense retrouve de l’attrait en Bourse
L ’invasion de l’Ukraine par la Russie est un élec- l’armée, et les budgets européens de la défense sont Les dépenses de défense maintenant, d’année en année, investir plus de 2 % de
notre produit intérieur brut dans notre défense », un

Source : OTAN.
trochoc géopolitique, qui s’est traduit par une déjà repartis – légèrement – de l’avant. Une politique
Part du PIB en %, est. 2020
envolée en Bourse des valeurs de défense : de sécurité et de défense commune se mettait, très objectif demandé par l’Otan, mais non tenu.
+ 22 % en cinq séances pour Thales et + 10 % pour Das- doucement, en place dans l’Union ces dernières 3,73 En conséquence, Jefferies voit dans la décision alle-
sault Aviation à Paris ou + 15 % pour BAE Systems à années, tirée notamment par la France. 2,32
mande « un premier pas » qui pourrait être suivi par
2,04 2
Londres, dans des volumes d’échanges importants. Or, en un week-end, quatorze pays européens se sont 1,56 d’autres pays européens, conduisant à une hausse
Pour cause, la période « des dividendes de la paix », héri- engagés à livrer des armes à l’Ukraine, tandis que significative des commandes pour les industriels. Et
USA Royaume- France Allemagne Objectif
tée de la chute du mur de Berlin, semble clairement l’Union européenne (UE) va débloquer 450 millions Uni Otan « la guerre en Ukraine a remis le secteur de la défense en
terminée, comme celle des coupes budgétaires. d’euros pour soutenir le mouvement. Une première. tête de liste chez les investisseurs qui n’ont pas de réticence
Budgets européens Des titres recherchés
« A ce retour brutal du tragique dans l’histoire, nous nous Surtout, parmi ces pays, la Finlande et la Suède (qui [éthique] à investir dans le domaine », estime le broker
Croissance annuelle Variation 24 févr.-3 mars
devons de répondre par des décisions historiques », a appartiennent à l’UE mais pas à l’Organisation du moyenne, En % américain, pour qui les commandes pourraient croî-
? +36
estimé le président de la République, Emmanuel traité de l’Atlantique Nord – Otan) et l’Allemagne (UE en % +33 tre de 50 % sur les cinq prochaines années et la valori-
+4
Macron, lors de son allocution télévisée, mer- et Otan) ont rompu avec leur politique en retrait héri- +27 sation (des actions) de 25 %. Reste que, comme l’a

credi 2 mars. « Notre pays amplifiera donc l’investisse-
ment dans sa défense », a déclaré le chef de l’Etat, qui a
ajouté : « Notre défense européenne doit franchir une
nouvelle étape » La loi de programmation militaire
tée de la Seconde Guerre mondiale. « Le monde est
entré dans une nouvelle ère » avec l’invasion de
l’Ukraine, a martelé le chancelier, Olaf Scholz, devant
les députés allemands, promettant une enveloppe
Source : AlixPartners.
rappelé Patrice Caine, PDG de Thales, « les program-
+2,1 +14 +15 mes aéronautiques et de défense sont sur des temps longs
− 0,6 et le resteront ». Sans oublier que cela profitera aussi
aux industriels américains, dont les pays européens

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2019-2025 prévoyait déjà une remontée des crédits, à immédiate de 100 milliards d’euros pour moderniser sont d’importants clients, particulièrement par

Th
2009 14 19 20 ...
295 milliards sur sept ans, pour la rénovation de son armée sous-équipée, « et nous allons, à partir de l’intermédiaire de l’Otan. - DELPHINE TILLAUX

 Thales  Des marchés porteurs   Dassault Aviation  « Bravo à l’Europe 
grâce à un bon positionnement de s’intéresser à la défense mais… »

R éservée à la hausse à
l’ouverture lundi matin à la
Bourse de Paris : l’action
Thales est, parmi les grandes
entreprises, celle qui a le plus été
entourée cette semaine. Et pour
cause, sans être un pure player de la
défense, elle est la plus impliquée
dans les activités militaires.
La présentation des comptes
annuels, jeudi, était donc très
attendue, même si le groupe s’est
finalement montré très prudent
sur les conséquences futures des
événements actuels en matière de
chiffre d’affaires. En revanche, ses
résultats ont dressé un tableau
déjà favorable et meilleur
qu’attendu : la croissance est là, la
rentabilité et le cash aussi.
Les prises de commandes (hors
transport ferroviaire, en cours de
cession) ont été soutenues, attei-
gnant 19,9 milliards d’euros, en
hausse de 18 %. Au moins quatre
commandes « éléphants », de plus
de 500 millions, ont été enregis-
trées, dont deux auprès du minis-
tère des Armées français pour le
maintien des systèmes de sur-
veillance aérienne et les
Mirage 2000, un pour l’avionique
des Rafale égyptiens et un autre
pour les satellites du système de
géolocalisation européen Galileo.
Le chiffre d’affaires de 16,2 mil-
liards a avancé de 5,3 % en organi-
que, tiré par le redressement du
De la haute technologie civil
et militaire
Répartition des activités, en 2021
Identité et
sécurité
Militaire
numériques
18,6 %
53,7 %
27,7 %
Aérospatiale Défense et
sécurité
spatial et la division Défense et
Sécurité, l’aéronautique civile et la
biométrie étant encore sous les
niveaux de 2019. Le groupe a
dégagé une marge opérationnelle
de 10,2 % malgré une hausse des
dépenses de recherche, et même
de 12,9 % dans Défense et Sécurité
(D&S) et de 11,9 % dans Identité et
Sécurité numériques (DIS), les
activités héritées de Gemalto.
Enfin, le groupe a généré 2,5 mil-
liards d’euros de trésorerie dispo-
nible, un record, et a ramené sa
dette de 2,5 à 0,7 milliard d’euros.
POTENTIEL ÉLEVÉ
Pour la suite, « la défense et la sécu-
rité représentent un marché au
potentiel élevé et sur lequel notre
positionnement est solide, comme
dans les radars et les sonars, les
réseaux et communications sécuri-
sées, le “commande et contrôle”, etc. »,
a rappelé Patrice Caine, le PDG. Le
groupe table en conséquence sur
une croissance organique de 2 % à
6 % cette année, un niveau plus
soutenu que ses concurrents, en
raison de son bon positionnement
sur la chaîne de décision critique. Il
estime à 100 millions d’euros de
chiffre d’affaires l’impact négatif
direct de la guerre en Ukraine (le
groupe a une activité de cartes
bancaires et télécoms en Russie,
fournit l’avionique pour les avions
régionaux de Soukhoï et travaille
aussi dans le spatial avec la Russie,
via l’ESA). Les prises de comman-
des devraient dépasser le chiffre
d’affaires, tandis que le groupe
table sur une marge opération-
nelle de 10,8 % à 11,1 %, soit le
niveau précrise. Il a relevé son
objectif de cash, à 5,5 milliards
entre 2021 et 2023. Quant à la
remontée des dépenses militaires
en Allemagne (4 % des ventes de
D&S), « il y aura probablement un
effet positif, mais il est encore trop tôt
pour le mesurer », estime le groupe.
- D. T.
NOTRE CONSEIL
ACHETER Thales est bien
l placé dans des secteurs en
croissance. Nous avons relevé notre  férents contrats, et 35 Falcon. Le
objectif de cours. La forte généra­
tion de trésorerie soutient une  ser, ce qui était déjà intégré par le
valorisation plus élevée du titre.  consensus. En outre, les sanctions
Objectif : 130 € (HO).
E
ric Trappier, le PDG de
Dassault Aviation, n’a pas
pour habitude de mâcher
ses mots et ce n’est pas dans le con-
texte actuel qu’il va changer. Le
Carnet de commandes,
en Mds€
Rafale
France
3,1
Falcon
55 avions
40 avions
constructeur aéronautique pré- 7,8
sentait, vendredi 4 mars, ses 20,8
comptes 2021. Sur les résultats Mds€
eux-mêmes, le tableau est positif, 9,9
Rafale
puisqu’ils traduisent la reprise du export*
marché des jets d’affaires et la 46 avions
bonne santé de l’avion de combat * Hors commande Emirats arabes unis.
Rafale. Les prises de commandes
ont atteint 12 milliards d’euros,
pour 49 Rafale (Egypte, Grèce, geler le support et les ventes (en
France) et 51 Falcon. Le carnet cours ou à venir) de jets d’affaires
n’intègre pas encore les 80 Rafale dans le pays. Le groupe alerte éga-
pour les Emirats arabes unis et les lement sur les difficultés de la
42 pour l’Indonésie. Par ailleurs, chaîne de sous-traitants. Ce alors
l’avionneur a livré en 2021 que son nouvel appareil, le 6X,
25 Rafale au Qatar et à l’Inde, et doit entrer en service en fin
30 Falcon (pour un objectif de 25). d’année et que les cadences de pro-
Conséquence : tous les résultats duction des Rafale accélèrent.
sont en nette hausse et supérieurs Elles devraient passer de deux par
aux attentes : avec un chiffre con- mois à trois pour assurer les pro-
solidé de 7,2 milliards (+ 32 %), la chains gros contrats.
marge opérationnelle est passée
de 4,5 % à 7,5 %, et le bénéfice net a EN ATTENDANT LE NGF
doublé, à 605 millions d’euros. Le sujet de préoccupation actuel
L’exercice 2022 s’annonce plus du groupe porte toutefois sur
compliqué. Le groupe prévoit de l’avion européen du futur (NGF,
livrer seulement 13 Rafale, selon Next Generation Fighter), central
les calendriers établis dans les dif- dans le système de combat Scaf, et
dont le contrat de développement
chiffre d’affaires devrait donc bais- n’a toujours pas été signé. Dassault
Aviation, représentant la France, a
été désigné comme maître
contre la Russie vont l’amener à d’œuvre, avec Airbus Allemagne et
Airbus Espagne comme partenai-
res, représentant ces deux pays.
L’accord de répartition des char-
ges trouvé en septembre 2021 n’a
toujours pas été validé par Airbus
et l’Allemagne, et Dassault Avia-
tion d’expliquer que ses bureaux
d’études pourront difficilement
attendre plus longtemps de tra-
vailler sur le projet. D’ailleurs, « si
l’Allemagne veut augmenter ses
efforts militaires, c’est une bonne
chose. Mais le NGF sera opération-
nel après 2050, donc cela n’a rien à
voir avec le contexte actuel ».
D’ailleurs, pour le dirigeant, il y a
peu de doute, l’Allemagne achè-
tera des avions américains F35
dans le cadre de l’Otan, « la préfé-
rence européenne est un gros mot ».
Quant à l’Union européenne,
« Bravo à l’Europe de s’intéresser à la
défense si c’est pour soutenir les
industriels, mais si c’est pour faire de
la taxonomie, qui est une arme con-
tre les professionnels de l’armement…
Car les grands groupes s’en tirent,
mais certains petits commencent à
avoir des difficultés à obtenir des
financements auprès des banques »,
dénonçait ainsi le PDG. - D. T.
NOTRE CONSEIL
ACHETER La valorisation
l remonte pour 2022, du fait
de la baisse des résultats, mais 
les perspectives sont favorables.
Objectif : 155 € (AM).

 Egide, NSE, CS Group, Airbus, Safran  Spéculations et activités civiles
C ertaines petites valeurs
comme Egide, NSE ou
CS Group ont, elles aussi,
bénéficié de l’intérêt des investis-
seurs pour la défense. Un petit flot-
(boîtiers de communication, enre-
gistreurs de vol, systèmes de
vision nocturne, etc.) destinés à
l’aéronautique et à la défense, a
bondi de 45 % entre le lundi
dans le domaine, Airbus est même
le numéro un européen et parmi
les dix premiers acteurs mon-
diaux. Le constructeur fabrique à
la fois des avions de combat – les
Part d’activités militaires
Estimations

tant ou un caractère de penny stock
(un cours proche de 1 €) ont
encore accentué la volatilité de ces
titres. Egide, qui fabrique des boî-
tiers hermétiques (en céramique
ou en métal) pour protéger les sys-
tèmes électroniques présents,
notamment, dans les avions de
combat, les calculateurs pour mis-
siles ou les équipements pour blin-
dés et qui réalise 50 % de son
activité aux Etats-Unis, a ainsi
gagné 22 % le 28 février. NSE, qui
fournit des services supports et
des équipements électroniques
28 février et le jeudi 3 mars. Enfin,
CS Group, un éditeur et intégra-
teur de systèmes d’exploitation
sécurisés (cybersécurité) dont la
division Défense, espace et sécu-
rité publique a représenté en 2021
58 % de son chiffre d’affaires total,
a pris 33 % sur quatre jours.
TROP CIVILS
A l’inverse, les titres d’Airbus et de
Safran n’ont pas, eux, bénéficié de
l’envolée récente autour des
valeurs de défense. Les deux grou-
pes sont pourtant bien présents
Eurofighter Typhoon en service
en Allemagne –, de transport –
l’A400M et le C295 – ou ravi-
tailleur – l’A330 MRTT (transport
et ravitaillement en vol) utilisé par
l’armée française pour accompa-
gner les Rafale en Ukraine. Il est
également très présent dans les
hélicoptères militaires. Le groupe
s’est d’ailleurs vu confier, mer-
credi 2 mars, le contrat (environ
4 milliards d’euros) pour la moder-
nisation de l’hélicoptère d’attaque
Tigre pour les armées française et
espagnole… mais pas encore alle-
AIRBUS
Environ
22 %
mande. Le groupe est maître
d’œuvre dans le programme Euro-
drone (drone de surveillance) et
est partenaire de Dassault Avia-
tion dans le futur avion de combat
européen (le NGF dans le système
SAFRAN
d’ensemble Scaf), même si celui-ci
tarde à se concrétiser. Enfin, il
détient 37,5 % du missilier MBDA
et 50 % d’ArianeGroup (le reste est
détenu par Safran), fabriquant les
missiles de la force de dissuasion
Environ océanique française (la tête atomi-
25% que vient du CEA).
Safran, de son côté, est un spécia-
liste de la navigation inertielle et
de l’optronique, et c’est surtout
Source : Investir.
l’un des quatre motoristes occi-
dentaux capables de fournir un
moteur complet d’avion de com-
bat, ce qu’il fait avec son M88 pour
le Rafale. Il est aussi présent sur le
NGF et le Scaf. Comme nous
l’expliquait Olivier Andriès, le
directeur général de Safran, en
novembre 2021 : « Le Scaf est un
vrai enjeu de souveraineté pour la
France et l’Europe : il n’y a pas de
souveraineté sans maîtrise de l’avia-
tion de combat, il n’y a pas de souve-
raineté sans maîtrise du moteur. »
Mais, pour Airbus comme pour
Safran, l’aéronautique civile est
dominante dans leurs comptes et
elle pourrait souffrir du conflit.
- D. T.
NOS CONSEILS
ACHETER Nous sommes
l acheteurs d’Airbus, 140 €
(AIR) et de Safran, 145 € (SAF) mais 
aussi de CS Group, 8 € (SX) et 
d’Egide, 2 € (GID).
RESTER À L’ÉCART Nous
l restons à l’écart de NSE
(ALNSE).

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 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022
ÉVÉNEMENT / 07

 première ligne
Envolée du pétrole à près de 120 $
S ommes-nous à l’aube d’un choc pétrolier
majeur ? C’est fort possible. Depuis le
23 février, veille de l’entrée des troupes russes
en Ukraine, le baril de pétrole a bondi de 20 %, avec
une accélération au cours des derniers jours,
compte tenu de l’intensification des combats. Le
baril de Brent a ainsi frôlé les 120 $ jeudi avant de
reperdre un peu de terrain. Sur le marché du gaz
aussi, les prix sont repartis à la hausse, les opérateurs
craignant que de nouvelles sanctions interdisent à la
Russie d’exporter son gaz.
Cette flambée des prix de l’énergie, qui va
lourdement peser sur le pouvoir d’achat des popula-
tions occidentales, laisse de marbre, pour l’heure, les
grands producteurs. En effet, à l’issue de la réunion
en visioconférence des pays de l’Opep+ (organisa-
tion des treize pays producteurs de pétrole, y com-
pris la Russie et dix autres pays), il a été décidé de ne
pas augmenter les quotas de production. Ils vont
donc continuer d’ajouter 400.000 barils équivalent
pétrole par jour chaque mois, comme cela avait été
décidé à l’été 2021. En d’autres temps, une telle envo-
lée des cours aurait poussé à pomper davantage, afin
de détendre le marché, mais certains pays (notam-
ment les Emirats arabes unis) sont partagés entre
leurs liens avec la Russie et leurs relations avec les
Occidentaux.
Même si Moscou est encore autorisé à vendre son
pétrole (troisième producteur mondial après les
Etats-Unis et l’Arabie saoudite) et son gaz (deuxième
producteur derrière les Etats-Unis), le président
américain, Joe Biden, a annoncé dans un récent dis-
cours que « rien n’était exclu ». De plus en plus d’ache-
teurs internationaux se détournent des barils russes,
La Bourse n’a pas regardé tous les pétroliers de la
même façon. Les producteurs et entreprises de ser-
vices peu ou pas présentes en Russie ont vu leurs
cours s’envoler, tel Maurel & Prom (+ 22 % en cinq
séances) ou Vallourec (+ 42 %, lire aussi p. 15). GTT,
très présent dans le GNL, et La Française de l’Ener-
gie, qui profite de la hausse des cours du gaz, ont
aussi été plébiscités. A l’inverse, TotalEnergies,
Engie et Technip Energies (lire ci-dessous) ont souf-
fert. - S. A.

 Engie  Environ 20 % du   TotalEnergies  Ne  ÉNERGIES RENOUVELABLES

gaz acheté à Gazprom pas brader les actifs La crise, un accélérateur ?
« Cette crise montre l’urgence d’accélérer la transition

L L
’action Engie a plongé de
13,4 % mardi et poursuivi sa
baisse les jours suivants. Le
détonateur a été l’intervention de
Bruno Le Maire ce jour-là, dans la
matinale de France Info. Le
a guerre en Ukraine a
Exposition d’Engie
poussé les cours du baril à
au gazoduc Nord Stream 2 des niveaux historiques, et
(prêt et intérêts)
dans le même temps, l’action
TotalEnergies a chuté. Entre le
23 février en clôture, veille de la
La Russie, premier pays
du groupe
Production annuelle de liquides et
de gaz naturel en 2020 (en millions
de barils équivalent pétrole)
énergétique en Europe », a affirmé Engie en conclusion 
de son communiqué de mercredi soir, publié une heure 
avant le plaidoyer télévisé d’Emmanuel Macron en faveur de 
l’indépendance énergétique de notre continent. Si le président 
de la République inclut la filière nucléaire dans cet objectif, 
l’énergéticien met en avant ses « investissements de
croissance », la production d’électricité d’origine renouvelable 

ministre de l’Economie a en effet
déclaré, visant TotalEnergies et
Engie : « Il y a désormais un pro-
blème de principe à travailler avec
toute personnalité politique ou éco-
nomique proche du pouvoir russe. »
L’exposition d’Engie à la Russie
diffère de celle de son confrère.
L’ex-Gaz de France a rappelé
mercredi soir qu’il « n’a pas d’acti-
vité industrielle en Russie et ne
développe pas de projets d’investis-
sements sur ce territoire », mais il
en importe bien sûr du gaz, par
« des contrats de long terme avec
Gazprom ». Ceux-ci ont repré-
senté en 2021 « de l’ordre de 20 % de
[ses] ventes et consommations
mondiales de gaz ».
DAVANTAGE D’ACHATS DE  lions d’euros qui pourrait se maté-
GAZ NORVÉGIEN ET DE GNL
Dans un premier communiqué
diffusé mardi soir, Engie avait
annoncé revoir ses approvision-
nements, même si Catherine
MacGregor, sa directrice géné-
rale, avait qualifié le 15 mars le gaz
russe de « composant absolument
majeur » pour la France et
l’Europe. « Sur la période récente,
nous avons augmenté nos achats
de gaz d’origine norvégienne et de
GNL », a indiqué le groupe. Il a
ajouté mercredi disposer d’« un
portefeuille de contrats de long
terme avec la Norvège, les Pays-Bas,
la Russie, l’Algérie et les Etats-Unis,
qui incluent une part de gaz naturel
987M€
première attaque des troupes
russes, et le 1er mars, le titre a
perdu 10 %. C’est considérable en
si peu de temps pour une compa-
gnie de cette importance. C’est
aussi contre-intuitif, lorsqu’on
Source : société.
sait à quel point les profits du
groupe bénéficient de l’envolée
liquéfié ». Par ailleurs, Engie a cofi- des prix du pétrole.
nancé depuis 2017 le gazoduc Toutefois, la Bourse a analysé la
Nord Stream 2, dont la construc- situation différemment. La Rus-
tion, entre la Russie et l’Allemagne sie est le premier pays de la com-
via la Baltique, s’est achevée pagnie, en termes de production
fin 2021. Sa mise en service restait (175 millions de barils équivalent
soumise à une certification alle- pétrole, soit 16,6 % du total en
mande, procédure suspendue le 2020). En outre, le groupe pos-
22 février. Entre le prêt accordé au sède une participation de 19,4 %
projet et ses intérêts, Engie a con- dans la société privée pétrolière
firmé être « exposé à un risque de russe Novatek et détient 20 %
crédit pour un montant de 987 mil- dans Yamal LNG, un projet géant
de gaz naturel qui a démarré en
rialiser notamment en cas de dépôt 2017. Le groupe est également
de bilan » de Nord Stream 2 AG, présent à hauteur de 10 % dans
l’opérateur du gazoduc, basé à Arctic LNG2, un autre énorme
Zoug (Suisse). Ce dernier a projet de gaz en cours de cons-
démenti mercredi à l’agence Reu- truction et qui devrait démarrer
ters les rumeurs de sa faillite, mais en 2023. Les investisseurs ont
admis avoir licencié ses salariés estimé qu’il y avait un risque de
du fait des sanctions américaines. dépréciation d’actifs.
- C. L. C. Alors que BP, Shell, ExxonMobil
et quelques autres anglo-saxons
NOTRE CONSEIL ont rapidement annoncé céder
ACHETER Le risque  leurs avoirs dans des sociétés
l d’une interruption des d’Etat russes, la direction de
approvisionnements en gaz russe  Total a indiqué pour sa part
et de la perte de créance ne sont  qu’elle « n’apportera[it] plus de
pas à exclure, mais la valorisation  capital à de nouveaux projets en
de l’action est très modeste.  Russie ». En clair, il n’est pas ques-
Objectif : 15 € (ENGI). tion pour la compagnie de céder
1 Russie 175
ainsi que les gaz verts, hydrogène et biométhane. Barrages 
2 Nigeria 100
hydroélectriques, centrales solaires et éoliennes, surtout si ces 
3 Emirats arabes unis 99 dernières sont couplées à des systèmes de stockage compétitifs, 
4 Norvège 79 constituent des sources d’énergie locales, comme le sera aussi 
la filière de production d’hydrogène vert qui s’amorce en Europe, 
5 Angola 78
avec le gros coup de pouce financier de Bruxelles.
Le généraliste qu’est Engie n’en a pas profité en Bourse, lesté par 
sa participation dans Novatek. A ses activités traditionnelles (lire ci-contre), mais les spécialistes 
l’image de l’attitude adoptée dans cotés impliqués dans la production d’électricité et de gaz 
le passé, face à la crise en Iran par décarbonés ont bénéficié d’un regain d’intérêt des investisseurs 
exemple, TotalEnergies appli- dès l’attaque de l’Ukraine par la Russie, le 24 février. Le rebond 
quera à la lettre les sanctions déjà de certaines valeurs a été d’autant plus fort que, après leur 
adoptées et celles qui pourraient exceptionnel rally de 2020, elles ont souffert d’un courant 
être prises à l’avenir. vendeur très important en 2021, prolongé sur le début 2022 : 
De son côté, Technip Energies, qui la pandémie et ses restrictions sanitaires ont retardé 
est chargé pour le groupe du pro- les chantiers de nouvelles centrales (entraînant des profit
jet Arctic LNG2, a indiqué que, à warnings), pénalisés aussi par les pénuries et la hausse 
fin décembre 2021, 23 % de son des prix des équipements, solaires en particulier.
carnet de commandes, 35 % de son De plus, la remontée des taux d’intérêt, dans la perspective d’un 
chiffre d’affaires et 15 % du résultat resserrement des politiques monétaires des banques centrales, 
opérationnel étaient liés à la Rus- renchérit le coût des projets, financés en général à 80 % par de 
sie, des chiffres qui seront moins la dette, et amoindrit donc la compétitivité de l’électricité solaire 
élevés dans les années à venir, ce ou éolienne produite. A l’inverse, la détente des taux constatée 
qui a rassuré la Bourse. - S. A. depuis l’éclatement de la guerre a contribué à ramener les 
investisseurs vers les valeurs vertes. Parmi les électriciens, 
NOS CONSEILS Albioma (lire p. 14) et Neoen se sont octroyé, respectivement, 
ACHETER TotalEnergies  18 % et 25 % entre les 22 et 28 février, tandis que Voltalia 
l profite des niveaux élevés  s’envolait de 26 % en quatre jours (24­28 février). McPhy 
du brut. Le rendement (près de 6 %)  Energy, fabricant d’électrolyseurs et de station­service 
est attrayant.  pour l’hydrogène vert, s’est repris de 25 % du 22 au 28 février. 
Objectif : 60 € (TTE).  Quant aux nouvelles venues en Bourse, Waga Energy, dont la 
On achète aussi Technip Energies,  technologie permet de transformer le gaz des décharges en 
dont les résultats 2021 ont été  biométhane, a été entourée seulement certaines séances, 
excellents et qui gardera de la  comme Hydrogène de France (lire p. 17), qui développe des pro­
croissance en 2022, même sans  jets de stockage des énergies intermittentes, avec hydrogène et 
la Russie. Le groupe versera un  piles à combustible. Nous sommes favorables au secteur, 
dividende de 0,45 €.  mais à titre spéculatif pour les trois dernières valeurs. C. L. C.
Objectif : 13 € (TE).

Les banques au cœur de la tourmente
T rès recherchées avant
l’invasion de l’Ukraine, les
valeurs bancaires se sont
brutalement retournées. D’abord,
l’offensive russe a mis fin à la
remontée des taux d’intérêt, qui
leur était favorable, même si on
peut penser que ce mouvement
reprendra, en raison de la reprise
de l’inflation. Selon Lazard Frères
Gestion, « si le conflit ne s’éternise
pas, les banques centrales pourraient
même être amenées à agir plus rapi-
dement que prévu » et « la reprise de
la hausse des taux sur le marché obli-
gataire reste un scénario probable
dans le courant de l’année ».
Malheureusement, les banques
seront aussi confrontées au ralen-
tissement de la croissance écono-
mique, qui fragilisera certains
emprunteurs et se traduira par des
provisions accrues. La charge du
risque était tombée à un niveau
anormalement bas en 2021, mal-
gré la pandémie, en raison des
aides publiques.
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE,  serait réduit de 0,5 point, mais, fin
LA PLUS CONCERNÉE
Le plus difficile est de bien mesu-
rer le degré d’exposition des ban-
ques en Russie et en Ukraine.
Société Générale a précisé cette
semaine être « tout à fait en mesure
d’absorber les conséquences d’un
éventuel scénario extrême qui affec-
terait les droits de propriété de ses
actifs bancaires en Russie, dont
l’impact en capital [...] ne remettrait
pas en cause le versement du divi-
dende au titre de 2021 ». Une perte
totale de sa filiale Rosbank lui coû-
terait 2,6 milliards d’euros de fonds
propres. Son ratio de solvabilité
2021, il s’élevait à 13,7 %, soit
4,7 points au-delà du minimum.
Reste les pertes possibles sur les
engagements en Russie, soit
18,6 milliards (1,7 % des risques),
Vifs replis
Evolution des cours du 24 février
au 3 mars
BNP
Paribas
Crédit
Agricole
Société
Générale
de « contreparties sous sanctions »
(ce qui ne leur interdit pas de rem-
bourser...). En revanche, la SocGen
n’est pratiquement pas exposée en
Ukraine (80 millions via ALD
(filiale à 60 % Ukrsibbank notam-
ment) et l’Ukraine correspon-
daient fin 2021 à « moins de 0,07 %
et 0,09 % des encours bruts, bilan et
hors bilan », soit 1,3 et 1,7 milliard,
Automotive). Pour sa part, Crédit avec d’importantes garanties.
Agricole indique que la Russie et - J.­L. C.
l’Ukraine représentaient respecti-
– 14,8 % – 15,1 % vement « moins de 0,5 % et 0,2 % des NOTRE CONSEIL
engagements commerciaux ACHETER Nous maintenons
fin 2020 », soit 4,7 et 1,9 milliard. l nos avis positifs sur BNP
– 25,6 %
CA Ukraine a une implantation Paribas (BNP) et sur Crédit Agricole 
modeste (148 agences, 2 % de part (ACA), avec toutefois des objectifs 
dont 15,4 milliards via Rosbank et de marché) et l’équipe en Russie abaissés à respectivement 65 € et 
le solde de 3,2 milliards en direct. de Cacib (grande clientèle) se 14 €. Le titre Société Générale (GLE) 
Ce dernier chiffre, l’encours offs- limite à 180 personnes. BNP Pari- reste spéculatif, avec un objectif 
hore, inclut 0,7 milliard net auprès bas est la moins exposée. La Russie réduit à 34 €. 

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 08 / ÉCONOMIE-POLITIQUE Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

Radioscopie à l’aube d’un
  France    Cinq  années  passent  vite,  surtout  quand  l’environnement  économique  est  hors  normes,  ce  qui  a  été 
le  cas  de  2017  à  nos  jours.  Des  avancées  ont  eu  lieu,  des  échecs  également.  Les  efforts  sont  à  poursuivre. 

U
n quinquennat s’achève et il est déjà
Etat des lieux de l’économie française en 2021
temps de préparer les cinq prochai- Variation du PIB PIB par habitant
nes années. Les candidats à la prési- En % +7 En $, en 2020
dentielle s’agitent, les programmes se Evolution des dépenses

1
publiques
précisent (lire les propositions de Jean-
Luc Mélenchon, p. 10 et 11, et celles des
En Mds€ Finances publiques + 2,3 + 1,9 + 1,8
France 38.625
2020 Allemagne 45.724
autres candidats les semaines prochaines). L’économie
française a été malmenée pendant la pandémie de 2017 2018 2019 2021 Royaume-Uni 40.285
Covid-19, avec une dérive violente de la dette publi- 99 Italie 31.676
que. Le bilan global aurait été pire si le gouverne- OCDE 37.976
Dette publique
ment français n’avait décidé de mener le fameux Union européenne 33.928
« quoi qu’il en coûte ». Les faillites d’entreprises se 2.834 Mds€ * -8
seraient multipliées et une montée du chômage 116 % du PIB
aurait été inexorable. Les années qui ont suivi la crise Revenu médian Immigration
financière (2007) et surtout la crise souveraine euro-
péenne (début des années 2010), dans la foulée de la
faillite grecque, ont montré à quel point pouvait être 37
44
37
40 1.837€ / 3.857€
Pour un célibataire/couple avec 2 enfants
élevé le prix de l’inaction. 31

REDRESSER
24

11 14
22
11 2,4 M de chômeurs (8,1 %) 104.577
demandes d’asile
Le prochain quinquennat devra s’attaquer à redresser
un certain nombre de facteurs structurels, le plus pré-
occupant étant bien évidemment la perte de compéti- 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 1,9 M desouhaiteraient
personnes
54.094
demandes acceptées
tivité française. Cette dégradation ne date pas d’hier * 3e trimestre 2021
13.403 expulsions
mais du début des années 2000, avec l’adoption des travailler
35 heures et l’uniformisation des Smic qui en a découlé.
Des mesures avaient ensuite été adoptées qui com-
mençaient à porter leurs fruits (lire l’entretien, p. 11),
Emploi 2 De travailleurs
en temps
733.067
271.675
visas délivrés

titres de séjour
partiel 18 %
avant que l’arrêt de l’économie française durant la pan- Taux d’emploi, en % 94.092 naturalisations
démie ne provoque une rechute. La redresser sera cer-
tainement l’objectif numéro un du prochain
gouvernement, quelle que soit sa couleur politique.
A cette fin, des mesures fiscales peuvent être adoptées.
82,5
Royaume-Uni
Suède
France Allemagne Pays-Bas
3 Balance commerciale
Part des exportations françaises de biens dans les exportations totales
La plupart des candidats de droite prônent l’allége- de biens de la zone euro Déficit
ment des impôts indirects, qui pèsent sur la produc- 80 En % commercial
18
tion. Le mouvement a déjà été amorcé sous l’ère
Macron, avec quelque 10 milliards d’euros. Ils restent
toutefois encore beaucoup plus élevés dans l’Hexa-
77,5

75
17 84,7 Mds€
en 2021
gone que dans de nombreux pays européens. L’écono- 16
58

Source : Eurostat, comptes nationaux.

72,5
miste Patrick Artus propose aussi d’autres dispositions, Mds€
comme « le redressement des compétences, dont le rôle est 70 15 en 2019
fondamental pour la réindustrialisation, l’innovation et la 67,5
14
modernisation de l’économie ».
65
FAIRE CORPS 62,5
13

Au-delà, des mesures de cohésion sociale sont égale- 12

60
ment inévitables. « L’amélioration du pouvoir d’achat, en 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021
1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021
particulier des ménages les plus modestes, malgré la Sources : OCDE, Natixis.
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020
hausse des prix de l’énergie et la nécessité d’éviter la des-
truction d’emplois peu qualifiés, [...] la résorption des inéga-
lités de patrimoine fortement accrues par la hausse des
prix des actifs, en particulier des prix de l’immobilier »,
En France, le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans, en %

28
La désindustrialisation se poursuit 4
Nombre d’entreprises manufacturières de 20 salariés et plus
sont des éléments retenus par l’expert, dans une Indice 2002 = 100
récente note d’analyse. Il reste du travail, car si un rap- 110
26
port de l’Institut des politiques publiques (IPP) estime
que, par rapport à 2017, presque tous les Français ont 100
vu leur niveau de vie augmenter, il existe une exception 24
pour les 5 % de ménages les plus modestes (moins de 90
Source : Eurostat, calculs Rexecode.

800 € par mois). Ils auraient perdu jusqu’à 0,5 % de pou-

voir d’achat. A l’inverse, les 1 % les plus riches (10.500 € 80
22
mensuels) ont, eux, connu un gain de 2,8 % de leur
niveau de vie (soit 3.500 € par an) et même de 4,1 % 70
pour les 0,1 % d’ultrariches. Assurer la soutenabilité de 20
la dette publique sera également un challenge, tout 60 Allemagne France
comme la transition énergétique. La Cour des comptes Italie Espagne
européenne estime que la France continue à subven- 18 50
tionner davantage les énergies fossiles que les énergies 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019
renouvelables ! - PHILIPPE WENGER Sources : Refinitiv, Eurostat, Natixis. 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Résultats tout rebondi de 7 % en 2021, soit

Du bon et du moins bon
CONTRASTÉ  - Un quinquennat
s’achève. Il fait penser à celui de
Nicolas Sarkozy (2007-2012), qui
fut perturbé par la crise finan-
cière dès son arrivée à l’Elysée.
Ces cinq années ont, en effet, été
très particulières. Tout d’abord,
le mouvement des « gilets jau-
nes », qui a largement pénalisé
l’économie pendant de longs
mois, tout particulièrement les
commerces de centre-ville les
samedis. Ensuite, la pandémie de
Covid-19 a incité les gouverne-
ments à plonger l’économie en
coma artificiel, puis à la réanimer
à coups de centaines de milliards
d’euros de plans de soutien et de
dépenses publiques. Ainsi, après
trois années de croissance sans
relief et déclinante (+ 1,9 %en
moyenne, de 2017 à 2019), le pro-
duit intérieur brut (PIB) s’est
effondré de 8 % en 2020. Il a sur-
la meilleure performance de la
zone euro. L’Allemagne, elle, n’a
crû que de 2,7 % – après un repli
plus limité de 4,9 % en 2020 –,
très affectée par les pénuries de
matières premières et de compo-
sants pour l’industrie.
INVESTISSEMENT
ET EMBAUCHES
L’investissement des entreprises
et celui des ménages, notam-
ment dans l’immobilier, sont
revenus à leur niveau d’avant-
crise, grâce au surcroît d’épargne
dégagée durant les confine-
ments. Les richesses créées
demeurent toutefois en léger
retrait par rapport à fin 2019. Le
PIB (en volume) n’est revenu
qu’à 2.296,53 milliards d’euros,
contre 2.333,12 milliards avant le
grand plongeon. Pis, l’écart est
élevé par rapport au niveau qu’il
aurait atteint sans la crise. Sous
l’hypothèse que la croissance de
2019 se soit poursuivie en 2020
et en 2021 au même rythme
(1,8 %), l’écart (avec le PIB actuel)
serait de 121 milliards d’euros,
soit 5,2 % (estimations Investir).
Au total, la croissance aura été de
seulement 0,9 % en moyenne sur
les cinq années, avec un profil
très heurté.
En revanche, l’emploi a éton-
namment résisté pendant la crise
sanitaire, grâce au chômage par-
tiel et aux prêts garantis par
l’Etat (PGE), qui ont évité de
nombreuses faillites d’entrepri-
ses. Les intentions d’embauche
demeurent élevées. Mieux,
jamais autant de personnes
n’auront été employées dans
l’Hexagone ! Le moral des ména-
ges est proche de sa moyenne de
long terme, et leurs anticipations
sur le niveau de chômage sont
revenues à leur plus bas niveau.
Il est vrai que le chômage a dimi-
nué de 480.000 personnes (caté-
gorie A) rien qu’en 2021, près de
son niveau de la fin 2012.
Ce soutien économique sans
faille a permis d’éviter un creuse-
ment des inégalités en France.
Après avoir augmenté en 2018,
les inégalités de niveau de vie et
le taux de pauvreté monétaire
ont même diminué en France
métropolitaine en 2019, selon
l’Insee. Ils se seraient stabilisés
ensuite. En 2020, le niveau de vie
des 20 % des Français les plus
aisés était 4,4 fois supérieur à
celui des 20 % les plus modestes.
Un ratio identique à celui de
l’année précédente. Les chif-
fres 2021 feront peut-être appa-
raître une dégradation de la
situation. Si le pouvoir d’achat
des ménages a résisté jusqu’au
printemps, il en a sans doute été
différemment après l’impact de
la flambée des coûts de l’énergie
et des matières premières sur
l’ensemble des prix des biens et
des services. - P. W.

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 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022
ÉCONOMIE-POLITIQUE / 09

un nouveau quinquennat
Réformes
Les chantiers mis à l’arrêt  par l’impôt sur la fortune immo-
par la crise sanitaire
FISCALITÉ  - Les réformes
menées depuis bientôt cinq ans
par Emmanuel Macron se
découpent aisément en trois
parties : celles de son prédéces-
seur que le président de la
République a poursuivies, celles
qu’il a lancées et celles qu’il n’a
pas pu mener à bien, arrêté
dans son élan par l’éclatement
de la crise sanitaire.
Sur le plan fiscal, la baisse de
l’impôt sur les sociétés (IS)
adoptée dans le projet de loi de
finances 2017 sous François
Hollande a été mise en œuvre
sous l’ère Macron. Le taux d’IS
est ainsi passé de 33 % à 25 %,
désormais.
CONVERGENCE FISCALE
L’actuel président a poursuivi
cet effort par une série de ges-
tes de la même ampleur (envi-
ron 10 milliards d’euros), avec la
baisse des impôts de produc-
tion. Concrètement, il s’agit de
trois mesures : la réduction de
moitié de la cotisation sur la
valeur ajoutée des entreprises
(CVAE), celle de la cotisation
foncière des entreprises et de la
taxe foncière sur les propriétés
bâties pour les établissements
industriels et, enfin, l’abaisse-
ment de 3 % à 2 % du taux de
plafonnement de la cotisation
économique territoriale.
« Résultat de l’ensemble de ces
décisions, la fiscalité française est
moins défavorable par rapport à
ses partenaires européens : le taux
de prélèvement pour les entrepri-
ses est passé de 70 % de l’excédent
brut d’exploitation (sans les sub-
ventions d’exploitation à la pro-
duction) à 57 % en prévisionnel en
2022, contre un taux de 40 % pour
les pays comparables de l’OCDE,
à hauts revenus », explique Sté-
phane Colliac, économiste chez
BNP Paribas.
Reste que 70 % des prélève-
ments concernent les cotisa-
tions sociales, et qu’il y a encore
du chemin à parcourir de ce
côté-là pour parvenir à une
véritable convergence avec nos
voisins. Certes, le crédit d’impôt
pour la compétitivité et l’emploi
(Cice), créé en 2013, a été trans-
formé de façon pérenne en
baisse des charges sociales,
mais pour continuer de réduire
les cotisations il faudrait procé-
der parallèlement à une baisse
des dépenses sociales, afin de
ne pas creuser davantage le
déficit. Trois options s’offrent
alors au futur gouvernement : la
réforme des retraites, qui devait
être le gros chantier du quin-
quennat et qui n’a pas pu voir le
jour, celle du système de santé
et celle de l’assurance-chômage.
En raison de la crise sanitaire,
Emmanuel Macron n’a pas pu
mettre en œuvre la baisse de
5 points des dépenses publiques
qu’il avait prévue : elles se sont
maintenues à 56 % du PIB entre
2017 et 2022.
Du côté des ménages, plusieurs
grandes mesures ont été lan-
cées, entre la suppression de la
taxe d’habitation et celle de
l’impôt sur la fortune (remplacé
bilière), le prélèvement à la
source et la révision de la tran-
che d’imposition de 14 % à 11 %,
et le prélèvement forfaitaire
unique sur les revenus de place-
ment. Autant de décisions qui
visent à renforcer le pouvoir
d’achat, mis à mal par l’inflation
de 2018 (ayant provoqué le
mouvement des « gilets jau-
nes ») et de ces derniers mois.
Enfin, la loi Pacte, votée en
2019, a permis de poursuivre la
libéralisation de l’économie
(simplification des seuils appli-
cables aux PME, création
d’entreprise facilitée, ouverture
de la concurrence sur certains
marchés, renforcement de la
recherche publique-privée,
simplification de la transmis-
sion d’entreprise, etc.).
MARCHÉ DU TRAVAIL
Du côté du marché du travail,
Emmanuel Macron a pour-
suivi, dès son arrivée au pou-
voir, le mouvement amorcé par
la loi El Khomri visant à fluidi-
fier l’emploi, avec de multiples
dispositions (plafond des
indemnités prud’homales,
assouplissement des ruptures
du contrat de travail, référen-
dum d’entreprises, etc.).
« Résultat, le taux d’emploi est à
un record, ce qui s’explique aussi
par le recul des défaillances
d’entreprises et par le télétravail
qui a incité certaines personnes
à revenir sur le marché », expli-
que Stéphane Colliac. Difficile,
comme toujours, d’évaluer
l’impact exact de chaque
mesure.
- CAROLINE MIGNON
L’AVIS DE L’EXPERT
Baisser les impôts de production 
et réformer la formation professionnelle
EMMANUEL JESSUA / 
DIRECTEUR DES ÉTUDES DE REXECODE
Pourquoi la compétitivité française  a continué. Les politiques en France se 
s’est­elle dégradée depuis le début sont adaptées, avec un allégement du coût 
des années 2000 ? du travail grâce aux mesures de baisse 
On a observé une véritable rupture au début  des charges (cotisations sociales) financées 
des années 2000. Auparavant, la situation  par les finances publiques (Cice et pacte de 
était équilibrée, notamment par rapport aux  responsabilité). La divergence de coût salarial 
voisins européens de la France. Au passage du  unitaire (c’est­à­dire par unité produite) entre 
millénaire, la France et l’Allemagne ont adopté  l’Allemagne et la France s’est progressivement 
des politiques diamétralement opposées.  résorbée, du fait également de l’accélération 
La naissance de l’euro a rendu impossible  des salaires en Allemagne. Les exportations 
toute dévaluation. Les 35 heures en France,  françaises de biens se sont stabilisées vers 
payées 39 heures, ont eu comme conséquence  13,9 % de la zone euro jusqu’en 2019.
directe une hausse du coût horaire, même 
si l’impact a été limité par un allégement  Où en est­on en 2022 ?
des cotisations sociales. La convergence des  Pendant la pandémie, la compétitivité fran­
Smic, née de la réduction du temps de travail,  çaise est repartie à la baisse, tout comme la 
a amplifié ce choc initial. L’Allemagne a, elle,  part des exportations dans le total de la zone 
adopté une stratégie de modération salariale.  euro (de 13,9 % à 12,9 %). La spécialisation 
La divergence entre ces deux économies,  industrielle, comme l’importance du secteur 
qui pèsent 50 % du PIB de la zone euro,  aéronautique, n’a pas été favorable. Mais 
a été violente.  cela n’explique pas tout. Les parts de marché 
Ce grand écart des coûts salariaux unitaires  dans tous les secteurs ont chuté en 2020 et le 
a affecté la compétitivité­coût de la France.  mouvement s’est accentué en 2021 (à 12,5 %). 
Les parts de marché à l’export des entreprises  La situation reste préoccupante. La position 
françaises ont décroché par rapport  allemande se détériore un peu aussi en 2021.
à leurs partenaires européens (la part des 
exportations françaises de biens dans les  Une proposition pour le prochain 
exportations totales des pays de la zone euro  quinquennat ?
est passée de 17,6 % en 2000 à 14,6 % en  Les impôts de production demeurent élevés 
2007). Les pertes de revenus induites sont  par rapport aux autres pays européens. 
considérables. Cette dégradation a été corré­ Ils représentent 2,8 % du PIB en France, 
lée avec la désindustrialisation de l’Hexagone  malgré la baisse des 10 milliards d’euros 
(la France représentait 17,9 % de l’industrie  du plan de relance, contre 1,6 % pour la zone 
de la zone euro, mais plus que 15,7 % en 2007).  euro et 0,4 % en Allemagne. L’impact positif 

Dette
La dette souveraine française
est considérée comme telle-
ment sûre que les rendements à
dix ans sont en effet à 0,7 %.
Rappelons qu’ils étaient à plus
Les taux bas autorisent  de 5 % au début des
années 2000 et à plus de 2 %
Les entreprises industrielles ont été prises en  peut être rapide sur la compétitivité­coût. 
ciseaux entre une hausse de leurs coûts et la  Les sujets comme la formation ne produisent 
nécessité de maintenir des prix concurrentiels.  leurs effets qu’à moyen­long terme, mais le 
Seuls les plus efficaces ont survécu. contexte de recul dans les classements des 
compétences (mesurés par les enquêtes Pisa 
Le Cice a­t­il apporté un peu de répit ? et Piaac de l’OCDE) appelle une poursuite 
Après la crise financière, la dérive s’est 
atténuée, même si la désindustrialisation 
des réformes des formations initiale et profes­
sionnelle. - PROPOS RECUEILLIS PAR P. W. 

tous les débordements début 2013. « Or, la maturité

RECORD  - Pouvoir d’achat,
protection sociale, sécurité,
immigration, emploi, environ-
nement : à lire les enquêtes
d’opinion, la dette et les défi-
cits ne font pas partie des pre-
mières préoccupations des
Français. Le sujet n’arrive
est la cinquième plus impor-
tante de la zone euro, en pro-
portion de la richesse nationale,
après celles de la Grèce, de l’Ita-
lie, de l’Espagne et du Portugal.
Un triste classement, lorsque
l’on se souvient, il y a dix ans, de
la crise des dettes européennes
moyenne de la dette française est
de neuf ans, donc, lorsqu’on la
renouvelle aujourd’hui, elle coûte
moins cher », explique l’écono-
miste. Et la hausse des taux qui
se profile ne devrait être ni
rapide ni spectaculaire.
Dans ces conditions, difficile de
ne pas continuer de vivre à cré-
Abonnez-vous à
dit plutôt que de se lancer dans
un programme de rigueur bud-

qu’en dixième position, voire
plus loin dans les sondages, ce
qui explique qu’il soit quasi
absent de la campagne prési-
dentielle.
RECORD DE DETTE
Ce constat ne doit pas masquer
traversée péniblement par ces
mêmes pays du Sud.
Pourtant, la France continue,
aux yeux des investisseurs, de
faire partie des pays « cœur » de
l’Europe, ceux auxquels on
peut prêter sans crainte. Résul-
tat, le Trésor français se
13,25 €/mois
gétaire impopulaire, avec baisse
des dépenses et hausse
d’impôts. La dette française est
pour moitié détenue par des au lieu de 28,60 €
étrangers, pour moitié par des
résidents.
Avec la reprise économique,
l’endettement devrait conti- PRÈS DE

le niveau de la dette française, à
2.834 milliards d’euros à fin
septembre 2021, selon l’Insee.
Elle représente 115 % du PIB,
contre 98 % fin 2019. Ce ratio
avait atteint un point culminant
au premier trimestre 2021, à
118 % du PIB, en raison des
mesures mises en place pour
atténuer l’impact économique
et social de la pandémie (plan
finance à des taux extrême-
ment faibles qui ont nettement
réduit la charge de la dette,
dont le montant reste toutefois
comparable au budget du
ministère de l’Intérieur.
« Même si la dette ne cesse d’aug-
menter, la charge de la dette, elle,
a légèrement diminué avec le
temps : elle est ainsi passée de
42 milliards d’euros en 2017 à
55%
nuer de décroître par rapport
au PIB, mais en valeur absolue
il devrait porter dans les pro-
chaines années le poids de la DE RÉDUCTION
transition énergétique. Dès
lors, les critères du pacte de sta-
bilité du traité de Maastricht
sont-ils dépassés ?
Pourrait-on exclure les investis- Chaque samedi, le journal chez vous Ou je scanne
le flashcode
sements liés à la lutte contre le + la version numérique dès le vendredi soir et souscris
directement de
réchauffement climatique des mon téléphone

de relance de 100 milliards 40 milliards d’euros attendus critères de dette et de déficit ?

d’euros, etc.). D’après les calculs pour 2022 », indique Stéphane Le sujet est loin d’être tranché. Je m’abonne directement sur http://abo-investir.lesechos.fr/pack
d’Eurostat, la dette française Colliac, chez BNP Paribas. - C. M.

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 10 / ÉCONOMIE-POLITIQUE Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

PRÉSIDENTIELLE La troisième tentative
2022
de Jean­Luc Mélenchon
  Combatif    Premier  de  nos  interviewés,  le  candidat  de  La  France  insoumise  livre  un  troisième  et, 
très  probablement,  dernier  combat  présidentiel.  Il  occupe  la  cinquième  position  dans  les  sondages  mais  a 
l’habitude  de  finir  ses  campagnes  en  beauté.  Nombre  de  ses  propositions  sont  radicales  sur  le  plan  financier.

J
ean-Luc Mélenchon, leader indéboulo-
nable de La France insoumise (LFI), s’est
lancé dans sa troisième candidature à la
présidentielle. Il s’en est fallu de peu qu’il
ne puisse concourir, faute de réunir les
500 signatures d’élus. Il en a obtenu plus
de 800, mais, à trois semaines de la date limite du
4 mars, le Conseil constitutionnel n’en décomptait
que 370, alors que le député des Bouches-du-Rhône
réunissait sur sa personne plus de 10,5 % des inten-
tions de vote dans un sondage Ifop du 18 février (11 %
le 2 mars). L’impossibilité de concourir à l’élection
phare aurait été un déni de démocratie pour nom-
bre de citoyens, supporteurs ou non de LFI.
LE MIEUX PLACÉ À GAUCHE
Pour preuve, David Lisnard, maire de Cannes, que
l’on ne peut soupçonner d’accointance avec LFI, a
apporté son parrainage à Jean-Luc Mélenchon. De
son côté, Ségolène Royal, l’ancienne candidate en
2007 du Parti socialiste (PS) à la présidentielle, lui
a apporté son soutien, estimant qu’il incarnait le
vote utile à gauche. Et pour cause, les chances de
cette partie de l’échiquier politique de se retrouver
au second tour ne reposent que sur sa candidature,
les autres candidats étant très mal placés dans la
compétition.
Un soutien qui a aussi sa logique. « L’insoumis » a
été membre du PS de 1976 jusqu’au Congrès de
Reims (en 2008), et même ministre sous le gouver-
nement Jospin. Il quitte alors la formation créée
en 1969 dans la suite de la Section française de
l’Internationale ouvrière (SFIO), inspirée par
Jean Jaurès, pour fonder le Parti de gauche (PG),
puis se présente aux élections européennes sous la
bannière Front de gauche, coalition du PG et du
Parti communiste (PC). Sous cette étiquette, il est
ensuite candidat à l’élection présidentielle de 2012,
où il obtient la quatrième place, avec 11,1 % des suf-
frages. En 2017, il occupe de nouveau la quatrième
position, avec, cette fois, 19,58 % des voix. Pour
cette troisième tentative, il pointe actuellement en
cinquième position.
- PHILIPPE WENGER

R
RETOUSF
E DE L’I
EUROP
ITES
· Traités illégitimes
· Renforcé avec un volet RETRA
ITÉ
climatique

FISCAISL, IR...
· Ne plus participer aux politiques
européennes contraires
TVA, aux normes sociales · Retraite à 60 ans
françaises avec 40 annuités

Un
· Pension minimale de
· L’impôt sur les sociétés (IS) 1.400 € net (carrière
sera modulé complète)
· Progressivité accrue · Minimum vieillesse

programme
p
de l’impôt sur le revenu (IR) porté à 1.063 €
avec 14 tranches
· Taxe réelle sur les

IE
transactions financières

ÉCOLOG
· Réduire la TVA sur
les produits de première
nécessité et réinstaurer une
TVA sur les produits de luxe
lutionnaire
révolu
· Isoler 700.000 logements

Des taxes et des impôts

par an
· Lancer un plan de 200 Mds€
d’investissements écologique-
ment et socialement utiles
· Planifier le passage
progressif à 100 %
É
MARCH
d’énergies renouvelables
Des salaires revalorisés, un temps
VAIL
DU TRA
de travail réduit, des congés
supplémentaires : des promesses
pour ratisser large !
· Smic à 1.400 € net
· Revenir à 35 heures · Succession
hebdomadaires, voire à 32 heures maximale de
(pour les métiers pénibles) 12 millions d’euros
· Sixième semaine de congés · Taux de 100 % au-delà

ATION
· Prise en compte de tous les dons · Nationalisation d’EDF et Engie
pour tous

IMMIGR
et héritages perçus tout au long · Fin des projets d’EPR
· Fin de l’ordonnance Pénicaud
de la vie · Sortie du nucléaire
et de la loi El Khomri
· Aucun salaire ne doit dépasser
20 fois le salaire minimal
de l’entreprise · Contrôle impossible
· CSG* progressive · Agir sur les causes
(14 tranches) des migrations
· Renforcer les services
ION É
DONATSION MARCHRGIE
publics pour mieux intégrer
· Créer un couloir

SUCCES E
DE L’ÉN
humanitaire
* Contribution vers l’Angleterre
sociale généralisée.

Programme
reçus tout au long de la vie ». Au-
delà de 12 millions d’euros de
succession, le taux sera de 100 %.
Autrement dit, Jean-Luc Mélen-
chon prendra tout, selon une
Un bouleversement sanglant  expression qu’il affectionne
particulièrement. Le risque est
y
La  retraite  à  60  ans  sera
rétablie, mais pas pour tous.
Seuls les salariés ayant cotisé
40 annuités pourront en
bénéficier. Toutes les pensions
à carrière complète seront
augmentées au niveau du Smic,
pour les métiers pénibles. Une
sixième semaine de congés
payés serait accordée à tous les
salariés.
Le salaire maximal dans une
entreprise ne pourrait dépas-
ser vingt fois le montant du

pour les « héritiers » grand, en raison de cette mesure

drastique, que les grandes fortu-
lui-même réévalué à 1.400 € net
(lire l’entretien page ci-contre).
salaire le plus faible.

nes fuient pour préserver la Le minimum vieillesse sera |Les hausses du tarif du gaz

EXTRÊME  - Jean-Luc Mélen-
chon aime bien les formules qui
claquent, mais ses propositions
sont également chocs.
u Ce n’est pas une surprise, la
gauche aime taxer les riches.
L’impôt sur la fortune (ISF) ferait
donc son retour avec Jean-Luc
Mélenchon, et pas dans une
version light ! Un volet climati-
que visant à frapper au porte-
feuille les plus grands pollueurs
sera également ajouté. Il est loin
d’être anecdotique. Selon les
organisations non gouverne-
mentales (ONG) Oxfam et
Greenpeace, le patrimoine finan-
cier de 63 milliardaires français
émet autant de CO2 que la moitié
des Français, soit quelque
152 millions de tonnes par an.
L’idée des économistes à l’origine
de ces travaux n’est pas de sanc-
tionner mais d’inciter les entre-
prises à changer leurs modes de
production pour polluer moins.
v L’impôt sur les sociétés (IS)  renforcés en prenant en compte
sera modulé selon l’usage des
transmission de leur capital à
bénéfices. Le leader de La leurs descendants. Cela serait un
France insoumise (LFI) veut choc pour l’économie française,
également interdire le verse- en raison de l’importante sortie
ment de dividendes d’un mon- de capitaux et d’une vraisembla-
tant supérieur aux bénéfices. ble délocalisation de certaines
Exit également la cotation en entreprises.
continu des entreprises cotées
en Bourse. Enfin, les revenus x Un  impôt  universel sur le
du capital seront autant taxés revenu des ménages sera égale-
que ceux du travail. ment exigé pour limiter l’éva-
sion fiscale. Il sera rendu plus
w Les  droits  de  succession  progressif, avec un barème de
sur les hauts patrimoines seront 14 tranches. Cela rapporterait
près de 5 milliards d’euros de
« l’ensemble des dons et héritages plus, selon l’Institut Montaigne.
aussi rehaussé, à 1.063 €.
zLe candidat LFI estime
illégitimes les  traités  euro­
péens, car ils ont été imposés
p a r l e b i a i s d u t ra i t é d e
Lisbonne, malgré le refus des
peuples français et néerlandais
en 2005. La France ne partici-
perait plus aux politiques
européennes contraires à ses
normes sociales et écologiques.
{ La  durée  légale  hebdoma­
daire de travail serait ramenée
à 35 heures, voire à 32 heures
passées depuis 2017 seront
annulées. Les projets d’EPR
seront stoppés, et EDF et Engie
seront renationalisés.
}Le contrôle de l’immigration
est impossible pour Jean-Luc
Mélenchon. Il faut agir sur
les causes des migrations.
Pour favoriser l’intégration,
le candidat LFI propose « des
services publics de qualité,
notamment au niveau de l’école
publique, et [de] combattre un
racisme absolument abject ».
- P. W.

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 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022
« Je rétablirai
et je renforcerai l’ISF »
  Conviction    Le  candidat 
« insoumis »  condamne  la  « Le règne de l’argent
guerre  russe  en  Ukraine 
mais  veut  discuter  de 
la  neutralité  de  Kiev.
Q en modulant l’impôt
uelle est votre position face à la guerre
menée par la Russie en Ukraine ? Les
exigences de Moscou, notamment celle 
de bloquer toute intégration de Kiev 
dans l’Otan, sont­elles légitimes ?
- L’agression russe contre l’Ukraine est inacceptable.
Elle nous renvoie dans une époque où les différends
entre puissances se règlent par la force. Aujourd’hui,
les engrenages peuvent faire dégénérer cette guerre
en conflit nucléaire. Le pouvoir russe porte donc la
responsabilité de rendre notre monde infiniment
plus dangereux. Quels que soient les différents épiso-
des, depuis des années, de l’escalade entre l’Otan et la
Russie, on doit, en tant que Français, la condamner
avec force. La question, maintenant, c’est : que faire
pour ramener la paix ? Cela doit être notre obsession.
Le plus rapidement possible, il faut un cessez-le-feu
sur le terrain. Et il faut revoir l’architecture de sécu-
rité européenne. Le statut neutre de l’Ukraine doit
être mis sur la table. Le président ukrainien, Volody-
myr Zelensky, s’y est dit prêt. Il faudrait aussi discuter
du désarmement, et notamment d’un nouveau traité
sur l’interdiction des missiles de portée intermé-
diaire, que la Russie et les Etats-Unis ne respectent
plus. Pour discuter de tout cela et du règlement paci-
fique des conflits de frontière sur le Vieux Continent,
je propose la convocation de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe.
Comment renforcer la croissance économique  sur investir.fr
et le pouvoir d’achat des ménages ?
- La question, c’est la satisfaction des besoins de
la population. Il faut partir de cela : quels sont les
besoins peu ou mal satisfaits ? Gouverner à partir
des besoins est l’autre nom de la politique de la
demande. L’Etat met en place de la visibilité pour
les entreprises par la planification écologique.
Les salaires sont augmentés grâce au Smic porté
à 1.400 € net et à la convocation immédiate des
négociations sur les salaires au niveau des branches.
Avec un tel cadre, les gens vivront mieux car leurs
besoins seront satisfaits, les entreprises auront le
carnet de commandes rempli, et nous planifierons
la construction d’une société de l’harmonie des
êtres humains entre eux et avec la nature.
Quelle réforme de la retraite proposez­vous ?
- Je propose effectivement un retour à la retraite à
60 ans à 40 annuités. Je propose également que tou-
tes les pensions à carrière complète soient portées au
niveau du Smic tel que je le propose (1.400 € net) et
que le minimum vieillesse soit porté à 1.063 €. Tout
ceci est parfaitement finançable, notamment en met-
tant un terme à l’une des plus grandes injustices de
notre société : les écarts de rémunération entre les
femmes et les hommes. Surtout, je tiens à rappeler
que la réduction du temps de travail dans la journée,
dans la semaine et dans la vie, c’est le sens de
l’histoire.
Rétablirez­vous l’impôt sur la fortune (ISF) ?  leurs 18 ans, et dès leurs 16 ans dans l’enseignement
Dans sa forme existant avant sa suppression  professionnel. Je pense que tout le pays peut se
en 2017 ou remaniée ?
- La suppression de l’ISF par Emmanuel Macron
fut une grave injustice fiscale. Je rétablirai l’ISF, je le
renforcerai par rapport à son précédent format,
notamment en l’élargissant pour inclure un volet
climatique visant à taxer les plus gros pollueurs.
En effet, il faut rappeler que les plus riches sont
également ceux qui possèdent, et de très loin, la
plus grosse empreinte carbone.
Estimez­vous que les revenus des actionnaires (divi­
dendes) sont trop élevés ? Souhaitez­vous augmen­
ter la fiscalité sur les cessions d’actifs financiers ?
- Il y a quelque chose d’insupportable à voir les
dividendes des actionnaires de Pfizer exploser alors
que la pandémie continue ses ravages à travers le
monde, ceux des entreprises du Cac 40 se gaver
comme jamais auparavant alors que les plans
sociaux se multiplient. Je pense par exemple à ceux
de Total, qui s’en mettent plein les poches alors que
le pays entier souffre de la hausse des prix de l’éner-
gie et que Total contribue massivement au réchauf-
fement climatique, dont les conséquences
menacent les fondements mêmes de nos sociétés.
Le règne de l’argent doit prendre fin. Je disciplinerai
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ÉCONOMIE-POLITIQUE / 11
doit prendre fin. 
Je disciplinerai le 
monde de la finance
sur les sociétés en
fonction de l’usage
des bénéfices »
le monde de la finance en modulant l’impôt sur les juste contribution à la solidarité nationale. Je veux
sociétés en fonction de l’usage des bénéfices. Verser mettre un terme à cette injustice qui voit les PME
des dividendes d’un montant supérieur à leurs payer proportionnellement plus que les plus gros-
bénéfices sera interdit. Tout comme la cotation en ses entreprises. Je réformerai donc l’impôt sur les
continu des entreprises en Bourse et en taxant les sociétés en le rendant universel (en basant la taxa-
revenus du capital autant que ceux du travail. Il est tion sur l’activité effectivement réalisée en
temps de définanciariser l’économie réelle et de France) et en le modulant selon un barème pro-
partager les richesses. gressif en fonction des bénéfices réalisés et selon
La fiscalité des successions est­elle adaptée ?  leur usage. Par cette réforme, je rétablirai l’égalité
Au­delà de 12 millions d’euros, taxerez­vous  devant l’impôt entre toutes les entreprises et je
à 100 % les successions ? favoriserai les investissements d’avenir plutôt que
- L’injustice de l’actuelle fiscalité des successions la distribution de dividendes aux montants
est l’un des principaux ressorts de l’accumulation obscènes.
extrême du côté d’une petite minorité, et de Quel est votre projet écologique ?
l’appauvrissement général de l’immense majorité. - Je disais auparavant qu’il fallait partir des
J’augmenterai donc les droits de succession sur les besoins des gens pour organiser notre société.
hauts patrimoines, en prenant en compte l’ensem- Donc partons de ces besoins. Ensuite, nous devons
ble des dons et héritages reçus tout au long de la vie, nous interroger sur la manière de satisfaire ces
et en créant effectivement un héritage maximal de besoins dans les limites de ce que nos écosystèmes
12 millions d’euros. Au-delà de cette somme, la taxa- peuvent supporter. Si nous continuons à dépasser
tion sera à 100 %. Il faut bien se rendre compte que ces limites, comme nous le faisons déjà, nous
cela ne concernera qu’une très faible minorité. Et allons entrer dans une zone où ce sont les condi-
au-delà, je donne tout aux jeunes ! En effet, cette tions d’existence de nos sociétés qui seront mena-
taxation permettra de mettre en place une garantie cées. La règle verte que je propose vise à répondre
d’autonomie de 1.063 € par mois pour les jeunes à ce défi : nous devons satisfaire nos besoins en ne
gens détachés du foyer fiscal de leurs parents dès prélevant pas davantage à la nature que ce qu’elle
est capable de reconstituer. Bien sûr, cela constitue
un immense défi technique. C’est bien pour cela
retrouver dans le désir d’assurer un futur meilleur à que nous ne pouvons pas nous en remettre au
l’ensemble de nos jeunes. Ce futur commence avec chaos des forces du marché. Au contraire, nous
les moyens de vivre et d’étudier dignement. avons besoin d’une vision de long terme, de visibi-
Souhaitez­vous augmenter la fiscalité  lité, d’organisation, bref, nous avons besoin de pla-
des entreprises ? nification. La planification écologique est la mise
- Quand on parle des entreprises, on couvre en en œuvre concrète de la règle verte qui permettra
fait des réalités très différentes. Les grosses entre- de satisfaire nos besoins dans le respect de l’inté-
prises aiment se déclarer solidaires des petites et grité des écosystèmes et du reste du vivant. Ce que
moyennes entreprises afin de pouvoir mieux se je vise, c’est l’harmonie des êtres humains entre
dissimuler et échapper à ce qui devrait être leur eux et avec la nature et le reste du vivant.
Que dire aux lecteurs d’Investir pour les inciter  niquement à réduire les femmes au statut d’instru-
à glisser dans l’urne, le 10 avril, un bulletin « Jean­Luc
Mélenchon » ?
Avec moi, les investisseurs auront une visibilité de long terme grâce à la 
planification. Avec moi, ils auront la certitude de carnets de commandes remplis 
grâce à la relance de la consommation populaire. Avec moi, ils investiront dans des projets socialement 
et écologiquement utiles, bénéfiques pour l’intérêt général, plutôt que dans des bulles spéculatives 
vouées à l’explosion avec pertes et fracas. Ils ne le savent peut­être pas encore, mais je suis sans doute 
la meilleure chose qui puisse arriver à l’investissement productif en France.
PRÉSIDEN
TIELLE
2022
Retrouvez l'intégralité
de l'entretien
Que comptez­vous faire pour l’éducation, 
la formation ?
- L’immense défi technique que constituent la
bifurcation écologique et la mise en œuvre de la
règle verte nécessitera des travailleurs ayant un
très haut niveau de formation et de qualification.
Nous avons plus que jamais besoin d’un enseigne-
ment professionnel public de grande qualité. Je
propose donc d’augmenter le nombre de classes et
de lycées professionnels et agricoles publics, de
créer des centres polytechniques professionnels,
de rétablir le baccalauréat professionnel en quatre
ans et d’en renforcer les enseignements généraux,
d’encourager la poursuite des études après un
bac professionnel ou technologique et de structu-
rer les filières professionnelles qui répondent
aux besoins en main-d’œuvre de la bifurcation
écologique.
Quelles sont vos propositions sociétales ? 
Etes­vous favorable aux mères porteuses pour les 
couples homosexuels ? Condamnez­vous les menaces 
à l’encontre de la journaliste Ophélie Meunier 
après l’enquête de Zone interdite sur l’islam radical ?
- Pour répondre à votre question, je dois vous
rappeler mon parti pris philosophique résolument
humaniste. Je considère que les êtres humains
sont les inventeurs d’eux-mêmes. Par conséquent,
il n’est pas de plus grande liberté que celle d’être
maître de soi-même, de son propre corps, tout au
long de sa vie. Je propose donc de constitutionnali-
ser ces droits et libertés : le droit de mourir dans la
dignité, le droit à la contraception et à l’interrup-
tion volontaire de grossesse, etc. Concernant
l’adoption, je suis pour ouvrir l’adoption plénière à
tous les couples mariés ou pacsés. Je suis égale-
ment favorable à la création d’un statut d’adoption
sociale permettant de créer un partenariat civil
dans lequel chacun doit s’occuper de l’autre, mais
où l’héritage se ferait suivant les règles de la filia-
tion directe. Je suis opposé à la gestation pour
autrui (GPA) parce que je crois qu’elle tend méca-
ment de production. Je suis néanmoins pour que
l’on reconnaisse les enfants nés d’une GPA à
l’étranger, cela afin de faire prévaloir l’intérêt
supérieur de l’enfant en toutes circonstances. Pour
ce qui est de votre dernière question, il est évident
que je condamne toutes les formes de violence et
de pression qui peuvent s’exercer contre une jour-
naliste.
- PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE MIGNON 
ET PHILIPPE WENGER
 12 / INVESTIR 10 Investir, le Journal des Finances / N° 2513 /  5 mars 2022

Nouvelle semaine difficile pour les I10
T
hales était incontestablement la valeur à
détenir en portefeuille cette semaine.
Outre les bons résultats annuels du groupe
de haute technologie, les investisseurs se
sont tournés vers les valeurs de défense, faisant
flamber Thales, par ailleurs peu valorisé. Nous avons
annoncé son entrée dans les Grandes Valeurs dans
notre édition précédente, mais le bond de l’action
lundi (elle a même été réservée à la hausse à l’ouver-
ture) nous a privés d’une partie de la progression (les
titres sont entrés dans les sélections en clôture le
lundi). Nos sélections ont encore souffert, comme
l’ensemble des marchés, avec la dégradation de la
situation en Ukraine, bien que de façon moins mar-
quée que la semaine précédente. Quelques valeurs
ont accusé le coup (selon une évaluation effectuée
d’un jeudi à l’autre), notamment dans l’automobile
(– 6,8 % pour Stellantis dans les Grandes Valeurs,
– 12 % pour Volkswagen dans l’International ou
– 5,6 % pour Michelin dans le Rendement) ou les
banques (– 7,9 % pour BNP Paribas dans le Rende-
ment, – 4 % pour Banco Santander dans l’Internatio-
nal). Quelques rares hausses significatives ont
néanmoins permis d’atténuer le recul, comme
Berkshire Hathaway dans l’International (+ 7,9 %) ou
Ipsos dans les Valeurs moyennes (+ 6 %). - D. T.
NOS ARBITRAGES
Nous réduisons notre exposition au secteur automo­
bile, qui était de 10 % avec Stellantis, Volkswagen, 
Michelin et Peugeot Invest. Ce dernier sera remplacé 
par Neoen, avec en vue une possible accélération dans 
les énergies vertes du fait du conflit ukrainien.

GRANDES VALEURS VALEURS MOYENNES
VARIATIONS DEPUIS FIN 2003 VARIATIONS SUR LA SEMAINE VARIATIONS DEPUIS FIN 2003 VARIATIONS SUR LA SEMAINE
CAC 40 NOTRE SÉLECTION CAC 40 CAC SMALL NOTRE SÉLECTION CAC SMALL
400
+ 79,3 % NOTRE  – 2,7 % – 2,2 % 800
+ 214 % NOTRE – 1,4 % – 0,6 %
SÉLECTION SÉLECTION
300 CAC 40 AVEC DIV. 600 CAC SMALL AVEC DIV.
+ 275,6 % VARIATIONS EN 2022 + 614 % VARIATIONS EN 2022
+ 228,2 % + 351 %
200 NOTRE SÉLECTION CAC 40 400 NOTRE SÉLECTION CAC SMALL

100 – 19 % – 10,8 % 200 – 15,9 % – 13 %

0 Schneider Electric est passé outre la volatilité des  0 Ipsos a bien résisté, profitant de la publication de 
marchés. Il a bénéficié, notamment, du relèvement  résultats annuels très solides et supérieurs aux atten­
– 100 de la recommandation de HSBC, de « conserver » à  – 200
tes. Les six bureaux d’analyse qui suivent la valeur ont 
2004 07 09 11 13 15 17 19 2022 « acheter », avec un objectif de cours ajusté à 160 €. 2004 07 09 11 13 15 17 19 2022 confirmé leur conseil d’achat et relevé leur objectif.
VALEUR DATE PERF. PRIX DE OBJECTIF POTENTIEL PER RDT COURS VARIATION VALEUR DATE PERF. PRIX DE OBJECTIF POTENTIEL PER RDT COURS VARIATION
MNÉMO D’ENTRÉE DEPUIS REVIENT 2021  2021 (3­3­22) (SEMAINE) MNÉMO D’ENTRÉE DEPUIS REVIENT 2021  2021 (3­3­22) (SEMAINE)
L’ENTRÉE EST. EST. L’ENTRÉE EST. EST.
AIR LIQUIDE ALTEN
6­3­06 + 1013 % 13,25 € 185 € 25 % 27 2 % 147,52 € + 2 % 18­10­21 0 % 130,80 € 190 € 45 % 23,1 0,8 % 131,20 € + 0,2 %
AI ATE
AIRBUS ARKEMA
24­1­22 – 2 % 107,34 € 140 € 33 % 19,6 1,4 % 105,12 € – 3,6 % 24­5­21 + 5 % 105,25 € 150 € 36 % 9,3 2,7 % 110 € – 5,3 %
AIR AKE
CAPGEMINI BOLLORÉ
19­7­21 + 12 % 164,60 € 250 € 36 % 21 1,1 % 183,90 € + 0,8 % 13­9­21 – 14 % 5,15 € 6,50 € 47 % 21,8 1,4 % 4,43 € – 0,3 %
CAP BOL
EIFFAGE CATANA GROUP
16­11­20 + 11 % 79,96 € 117 € 32 % 11 3,5 % 88,56 € – 0,3 % 2­8­21 + 34 % 5,43 € 9,50 € 31 % 15,8 1,8 % 7,26 € + 0,3 %
FGR CATG
SAINT­GOBAIN IMERYS
6­1­20 + 53 % 34,67 € 77 € 45 % 9,8 2,5 % 53,21 € – 2,3 % 17­1­22 – 8 % 39,20 € 50 € 38 % 12,8 4,3 % 36,22 € – 3,8 %
SGO NK
SCHNEIDER ELECTRIC IPSOS
SU
2­12­19 + 62 % 83,90 € 190 € 40 % 26,7 2 % 136,06 € + 0,8 %
IPS
17­1­22 – 7 % 44,80 € 52 € 25 % 10 2,8 % 41,55 € Þ + 6 %
STELLANTIS NEXITY
10­1­22 – 16 % 17,88 € 23 € 54 % 3,5 7,2 % 14,95 € – 6,8 % 8­6­20 + 10 % 29,90 € 53 € 61 % 5,7 7,6 % 32,84 € – 7 %
STLA NXI
TELEPERFORMANCE NEOEN
PEUGEOT INVEST – – – 45 € 27 % 114 0,3 % – –
TEP
20­7­20 + 40 % 238 € 470 € 41 % 35 1 % 332,40 € Þ + 3,8 % PEUGEOT INVEST
PEUG
29­3­21
29­3­21
– 2 %
– 2 %
111 €