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Exécution des rideaux de palplanches en acier
Cette Infofiche se penche sur la mise en œuvre des rideaux de palplanches en acier.
Dans un premier temps, cette technique de fondation sera brièvement décrite. Ensuite,
l'Infofiche s'attardera sur les matériaux utilisés et les dimensions caractéristiques.
Enfin, il sera également question de la capacité portante et du déplacement horizontal
des rideaux, de leur domaine d'application, des points importants concernant cette
technique, des variantes envisageables ainsi que du contrôle de la qualité.
1. Description du système
Pour de plus amples informations concernant leur mise en œuvre, on consultera la norme
NBN EN 12063 [7].
Lors de l'exécution d'un rideau de palplanches, on peut distinguer les phases suivantes :
tout d'abord, les différentes palplanches sont placées successivement dans le sol par
vibrofonçage, par battage ou par enfoncement statique
ensuite, on procède à une excavation jusqu'au niveau du fond de fouille final ou jusqu'au
niveau d'installation des éventuels supports horizontaux (tirants d'ancrage, pieux de
traction ou étançons), avant de poser ces derniers
enfin, on poursuit l'excavation jusqu'au niveau du fond de fouille final ou jusqu'au niveau
d'installation des éventuels supports horizontaux supplémentaires.
L'extraction des rideaux de palplanches est possible, mais elle doit faire l'objet d'une
évaluation préalable pour chaque cas.
3. Matériaux
La largeur b des palplanches est généralement comprise entre 0,40 et 0,80 m (voir figure 2).
La hauteur du rideau h varie en règle générale entre 0,1 et 0,5 m (voir figure 2), tandis que sa
longueur se limite normalement à < 30 m (voir figure 3).
Les tolérances admissibles pour la forme et les mesures des palplanches sont fixées dans les
normes NBN EN 10248-2 [4] et NBN EN 10249-2 [6].
5. Capacité portante
À moins que la couche finale ne soit très résistante (roche, par exemple), la portance
géotechnique des rideaux de palplanches en compression ou en traction est principalement
déterminée par la résistance des palplanches au frottement [8]. Lors de l'évaluation de la
charge verticale effective pouvant être reprise par la palplanche, il convient en outre de
prendre en compte la composante verticale de la pression du sol et des éventuels tirants
d'ancrage obliques ou pieux de traction ainsi que le facteur de forme et l'influence
d'excavations éventuelles.
6. Déplacement horizontal
Les rideaux de palplanches présentent une rigidité flexionnelle (EI) moyenne. Par
conséquent, les déplacements horizontaux ne sont pas négligeables, et ce, même si l'on
applique un support horizontal. Cette donnée doit être prise en considération lors de la
conception du rideau de palplanches.
7. Domaine d'application
Les rideaux de palplanches peuvent remplir une fonction de soutènement des terres, une
fonction de retenue d'eau et/ou une fonction portante limitée et peuvent être temporaires
(fouille, par exemple) ou définitifs (parkings souterrains, murs de quai, culées, écrans
antibruit, renforts de berge, etc.).
Dans les sols présentant une résistance, une compacité ou une cohérence restreinte, la mise
en place des palplanches est en général très facile. Dans les sols fermes (argile tertiaire, par
exemple), les sables très compacts, le gravier ou les sols comportant des obstacles durs
(pierres, restes de fondations et autres), la mise en œuvre peut en revanche s'avérer ardue.
Dans ces cas, des précautions particulières peuvent être prises (voir § 8).
L'enfoncement statique des palplanches peut constituer une solution lorsque le risque de
nuisances vibratoires dans l'environnement est important.
8. Points importants
L'équilibre horizontal du rideau et les moments de flexion des palplanches doivent être
contrôlés au cours des différentes phases d'exécution.
Si les palplanches sont battues ou vibrofoncées, la force nécessaire à leur installation doit
être calculée. Cette dernière dépend de la résistance du fût, de la résistance à la base et de
la résistance des serrures. On s'assurera en outre que la palplanche est capable de
reprendre la force nécessaire à l'installation.
Dans le cas d'applications permanentes, une attention particulière sera accordée à la
durabilité des palplanches [2, 7].
Lorsqu'on utilise des palplanches en U (auquel cas les serrures se trouvent dans la ligne
neutre) il convient, en fonction de l'étançonnement ou de l'ancrage, d'appliquer des facteurs
de réduction spécifiques au moment de résistance et au moment d'inertie.
Les palplanches peuvent être placées dans le sol par vibration à basse fréquence ou à haute
fréquence. Les vibrations à haute fréquence (> 30 Hz) se traduisent généralement par des
niveaux de vibration plus faibles dans l'environnement. C'est pourquoi des vibrateurs à haute
fréquence dotés de masselottes excentrées variables ont été mis au point, en vue d'éviter les
nuisances vibratoires importantes que le passage aux basses fréquences (lors du démarrage
ou de l'arrêt notamment) pourrait créer.
Dans les sables compacts ou le gravier, l'installation des palplanches peut être facilitée grâce
à des précautions supplémentaires [10]:
Aucune de ces deux techniques ne peut être appliquée sur le dernier 1,5 m des palplanches
si celles-ci assurent une fonction de retenue d'eau.
De plus, l'installation des palplanches peut être simplifiée grâce au procédé de jetting à basse
ou à moyenne pression (< 40 bars et 120 à 250 l/min par jet ou par tuyau) ou au procédé de
jetting à très haute pression (250 à 500 bars et 30 à 60 l/min par jet ou par tuyau) [10].
La technique du préforage est également envisageable. Elle consiste à ameublir le sol, avant
la mise en place des palplanches, au moyen de forages à la tarière continue sans enlever de
terre. Si une partie des terres est tout de même extraite, on vérifiera si le trou de forage doit
être rempli d'un mélange à base de bentonite, de ciment et d'eau afin de limiter le risque de
décompression du sol.
Pour les rideaux de palplanches assurant une fonction de retenue d'eau, on peut, si
nécessaire, traiter les serrures (à l'aide d'un remplissage de joint, par exemple) dans le but
d'améliorer leur étanchéité à l'eau.
Lorsque le risque de dégrafage des palplanches est accru, on peut utiliser un mât de guidage
ou opter pour un battage ou un vibrofonçage en touches de piano. Le dégrafage des
palplanches peut être contrôlé au moyen de dispositifs indicateurs mécaniques ou
électriques.
Pour extraire les palplanches, on opérera par vibration à haute fréquence. Ce procédé peut
toutefois donner naissance à des cavités et des tassements (voir figure 5). Lorsque le risque
de problèmes de tassement est trop important, on évitera l'extraction des palplanches.
Les déplacements horizontaux doivent être limités en vue de prévenir toute nuisance
vibratoire dans l'environnement et de permettre une extraction facile des éventuels rideaux
temporaires.
Le risque de rencontrer des difficultés lors de l'extraction est plus important dans les
palplanches battues (surtout dans les sols argileux) et les palplanches en U que dans les
palplanches vibrofoncées et les palplanches en Z.
Les forces de réaction des étançons, des tirants d'ancrage ou des pieux de traction sont
transmises aux palplanches par le biais de poutres de répartition ou de plaques d'ancrage.
Lorsque les palplanches sont réutilisées, leur intégrité doit être vérifiée. Les écarts
dimensionnels des palplanches ne peuvent dépasser les tolérances et, en fonction de
l'application, il peut s'avérer nécessaire de combler les trous éventuels.
9. Variantes
rideaux mixtes : chaque série de deux palplanches en acier ou plus est alternée avec un
profilé en acier plus rigide (pieux tubulaires ou profilés en H, par exemple)
rideaux de palplanches installés dans une paroi en ciment-bentonite, une paroi moulée ou
une paroi de type 'soil mix'
batardeaux : il s'agit de deux rangées de rideaux de palplanches parallèles qui sont
ancrées l'une à l'autre et dont l'interstice est rempli de terre ou d'un autre matériau de
remplissage. Le poids de ce matériau de remplissage confère au batardeau sa fonction de
retenue des terres
rideaux cellulaires : il s'agit de batardeaux constitués de cellules circulaires ou
partiellement circulaires, elles-mêmes composées de rideaux de palplanches plates
spéciales
rideaux composés de palplanches profilées en bois, en plastique ou en béton précontraint.
Les tolérances de positionnement des rideaux de palplanches (voir figure 6) sont reprises
dans la norme NBN EN 12063 [7].
L'écart maximal par rapport à la position horizontale des palplanches (au niveau de la surface
du sol) perpendiculairement à la paroi est de 75 mm sur terre et de 100 mm en eau libre.
L'écart maximal par rapport à la position verticale des palplanches est de 100 mm (au niveau
de la partie inférieure des profilés).
L'écart maximal par rapport à la pente des palplanches est de 1 % sur terre et de 1,5 % en
eau libre. Dans les sols particuliers, les tolérances peuvent être plus larges (2 %), pour autant
qu'aucune exigence sévère (en matière d'étanchéité à l'eau, par exemple) n'ait été fixée et
que l'on puisse supposer que le dégrafage des palplanches ne pose aucun problème lors de
l'excavation.
Des tolérances plus strictes peuvent être reprises dans le cahier des charges (pour des
raisons esthétiques ou de gain de place, par exemple). Dans ce cas, l'exécutant devra porter
une attention particulière à la précision de l'installation lors de la mise en œuvre.
Le cahier des charges doit prendre en compte non seulement les tolérances lors de
l'implantation des constructions souterraines, mais aussi les éventuels coûts supplémentaires
(surconsommation de béton, par exemple) liés au respect de ces tolérances.
Les tolérances susmentionnées sont parfois difficiles à respecter lorsqu'aucun guide (poutres
de guidage) n'est mis en place.
Bibliographie
1. Bureau de normalisation
NBN B 03-003 Déformation des structures. Valeurs limites de déformation. Bâtiments.
Bruxelles, NBN, 2003.
2. Bureau de normalisation
NBN EN 1993-5 Eurocode 3. Calcul des structures en acier. Partie 5 : pieux et
palplanches (+ AC:2009). Bruxelles, NBN, 2007.
3. Bureau de normalisation
NBN EN 10248-1 Palplanches laminées à chaud en aciers non alliés. Partie 1 : conditions
techniques de livraison. Bruxelles, NBN, 1995.
4. Bureau de normalisation
NBN EN 10248-2 Palplanches laminées à chaud en aciers non alliés. Partie 2 : tolérances
sur forme et dimensions. Bruxelles, NBN, 1995.
6. Bureau de normalisation
NBN EN 10249-2 Palplanches profilées à froid en aciers non alliés. Partie 2 : tolérances
sur forme et dimensions. Bruxelles, NBN, 1995.
7. Bureau de normalisation
NBN EN 12063 Exécution des travaux géotechniques spéciaux. Palplanches. Bruxelles,
NBN, 1999.
10.SBRCURnet (http://www.sbrcurnet.nl)
Damwandconstructies. Rotterdam, SBRCURnet, CUR-publicatie n° 166, 2012.
11.Whenham V.
Power transfer and vibrator-pile-soil interactions within the framework of vibratory pile
driving. Louvain-La-Neuve, Université catholique de Louvain (UCL), Thèse de doctorat
(http://dial.academielouvain.be/handle/boreal:75975), 2011.
Cette Infofiche a été conçue en étroite collaboration avec le groupe de travail Soutènements,
avec le soutien financier du NBN et du SPF Economie.