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OBJECTIFS DU COURS
Objectif général : avoir des notions sur l’art patrimonial Objectifs
spécifiques :
Les Krou qui comprennent une quinzaine d’ethnies dont les plus connus
sont les Bakoué, les Godié, les Dida, les Kroumen, les Neyo, les Wê, les
Bété, les Kouya, les Niédébwa et les Niabwa. La moitié des communautés
ne manque pas d’avoir de fortes incidences sur le plan plastique. Certains
groupes Krou ont fourni un apport artistique bien connu dans le monde
occidental ;
Les Gours qui comprennent les Senoufo, les Lobi et les Koulango qui se
sont installés dans le nord et nord–est de la Côte d’Ivoire. Les Senoufo
constitués de groupes divers sont mieux connus sur le plan artistique
grâce à leurs sculptures très riches composées de masques-heaumes,
initiatiques appelée poro dont l’objectif est d’insérer harmonieusement
l’individu dans la société en le conduisant de l’adolescence à l’âge adulte.
Les Koulango sont musulmans mais certains d’entre eux restent attachés à
leurs institutions de masques. Les Lobi tout installés au Nord-est et
longtemps attachés à l’animisme se caractérisent par :
• Leurs réalisation architecturales traditionnelles, maisons
forteresses carrées avec un toit à terrasse faites de bandes de
terre superposées et distantes les unes des autres ;
• Leurs statuettes sculptées d’après les conseils des devins et
fixés sur un autel d’argile.
Au terme de cette rapide présentation des aires culturelles de la Côte
d’Ivoire, on constate qu’au-delà de l’émiettement ethnique apparent, il n’y a pas,
à vrai dire, une parcellisation artistique, une totale autonomie artistique, mais
"au contraire d’infinis échanges accomplis au cours des siècles, des interférences
réciproques… des fusions, appropriations, intégration… En raison de
l’interprétation des populations et des mouvements divers, les cultures
ivoiriennes sont intensément perméables, malléables et l’étaient sans doute
davantage encore avant colonisation…"
Les communautés, au cours des siècles, n’ont cessé de se regrouper, de se
séparer, et surtout d’échanger des traditions aussi bien que des styles artistiques.
(Alain-Michel Boyer in Arts premiers de Côte d’Ivoire, Edition Sépia).
Toutefois beaucoup de communauté ont su affirmer leur identité en inventant
leur propre tradition visuelle, de sorte que leurs arts restent parfaitement
reconnaissables par rapport à ceux de leurs voisins. Certaines d’entre elles, tels
que les Sénoufo, les Dan, les Baoulé, etc. ont développé un art d’une grande
richesse.
Dans ce cours, nous étudierons principalement les masques et la statuaire.
D’autres aspects seront étudiés sous forme de devoir de maison ou d’exposés.
II.LES MASQUES
Toutes les sociétés du monde à un moment donné de leur histoire ont eu
recours au masque comme élément de culte. Mais le développement aidant, le
masque a perdu son caractère sacré dans les pays occidentaux pour devenir un
objet profane utilisé à certaines occasions, tels que le carnaval, le bal masqué,
etc. Mais en Afrique, en général, et en Côte d’Ivoire, en particulier, le masque
joue un rôle de premier plan et influence la vie des communautés villageoises
tous les jours pendant les siècles.
Le masque est une entité. Il désigne aussi bien l’objet sculpté, le costume ainsi
que la personne qui le porte. Celle-ci est souvent un initié dont l’incognito est
bien préservé. Dans le cas des masques cultuels, elle laisse place à un être sacré
ou un génie. On distingue les masques de divertissement et les masques de
contrôle social.
Les masques de divertissement apparaissent lors des cérémonies de
réjouissance ouvertes à toute la communauté villageoise y compris la gente
féminine bien qu’elle ne soit pas autorisée à le toucher. C’est par exemple, le cas
du Zahouli chez les Gouro. Ce type de masque est caractérisé par sa beauté
faciale qui en est l’élément déterminant. Certains expliquent que ce critère
esthétique est nécessaire pour que les spectateurs puissent exprimer leur plaisir
en offrant aux danseurs des cadeaux.
Les masques de contrôle social sont présents chez les Baoulé, les Gouro, les
Wan, les Wê, les Dan… les masques Sénoufo d’initiation rentrent dans cette
catégorie.
Ces masques conçus comme des intermédiaires entre la réalité et le surnaturel
appartiennent à des sociétés secrètes qui les portent lors de cérémonies.
6. Le masque Sénoufo
Les Sénoufo sont présents au Burkina Faso, dans le sud du Mali (Sikasso) et
en Côte d’Ivoire. Des sociétés initiatiques dont la plus importante est le Poro, on
utilise plusieurs types de masques : les masques zoomorphes
Fig 17 : Masque waou à face unique
Fig 18 : Masque waou à double face
Fig 19 : Masque waou vu dans son ensemble
Fig 20 : Masque Korobla
Fig 21 : Masque Kpelie en bois à face unique
Fig 22 : Masque Kpelie en bronze à double face
Selon B.Holas, le long bec représente l’organe viril qui vient féconder
mystiquement le ventre proéminent, symbole des générations à naître sous le
signe de la mère divine.
Outre le Pigeais-gris, le sculpteur Sénoufo réalise souvent une statue de bois
liée à la maternité. D’une hauteur atteignant environ 30 cm, la femme assise sur
un tabouret, n’est pas conventionnellement anatomique. Coulibaly Dolourou
nous en donne la description : "Son corps est droit. Les jambes sont courtes, les
pieds ne touchent pas le sol, les seins allongés et aplatis, sa coiffure est
constituées de grosses tresses, de petites lèvres et les yeux mi-clos. (idem
p68).Elle représente la mère idéale Katyeleo, l’ancêtre mythique qui éduque les
enfants non encore initiés à être des hommes accomplis dans la société. (Fig.
26) "
Parmi les statues anthropozoomorphes, il y a une de plus de 1,60 mètre à la
forme mi- animale, mi- humaine du nom de Yaridjogue qui tient un fouet à la
main. Son rôle est de montrer à l’initié la nécessité de la discipline civique. (Fig.
27)
Fig.25 : Statue du Pigeais-gris
Fig. 26 : Statue de la mère Katyeleo
Fig.27 : Yaridjogue
2. La statuaire Baoulé
Les statuettes Baoulé appelées waka sonan ou waka sran sont connues dans
le monde entier par les collectionneurs. Elles appartiennent à deux catégories :
les assy éousso, les blol obla et les blolo bian.
La première catégorie est le représentant du monde parallèle. Dans l’univers
Baoulé, le monde matériel s’oppose au monde spirituel (blolo).Dans l’imagerie
populaire chaque être humain avant de naître avait dans l’au-delà un conjoint ou
une conjointe spirituel, qui selon Alain Michel Boyer, se manifeste "à partir de
15 ans, lorsque des troubles surviennent (une femme ne peut avoir des enfants,
un homme ne trouve pas de conjointe durable ou il est impuissant, il se tient
pour différent des autres et estime que ses semblables le repoussent).
Brusquement à l’énigme de son identité, aux défaillances ou aux exigences de
son corps, à un conflit psychique, l’individu projette son désarroi intime sur ce
double sexuellement inversé… la personne atteinte d’un tel coup du sort va
consulter le devin (le Komian ou le n’goimanfoué) qui dévoile l’origine des
ennuis. Comme un homme possède toujours une épouse dans l’autre monde
(blolobla) et la femme un époux (blolobian), le devin après avoir établi les
raisons de la colère du conjoint, demande que la personne venue en consultation
fasse sculpter une statuette qui évoquera (au sens précis du terme) cette présence
de l’autre monde. Dans beaucoup d’ethnies, il fournit même l’indication
formelle assez précise : Hauteur de la statuette, position des membres, type de
coiffure, etc. (Alain Michel, Arts premiers de Côte d’Ivoire, Edition Sépia)
La statuette en question permet le contact avec le conjoint spirituel. Elle est le
réceptacle de son esprit dont on attire les faveurs par des offrandes, onctions,
invocations. L’intéressé (e) ne se sépare jamais de son (sa) conjoint(e) de
l’audelà qu’il (elle) emporte lors de ses voyages. (Fig.32)
Ce type de statuette est d’une très grande finesse d’exécution et d’une belle
patine. Les sujets féminins ont souvent les deux mains posées de chaque côté du
ventre décoré de scarifications et portent souvent un enfant dans les bras. Quant
aux blolobian, ils tiennent souvent une barbe tressée. D’autres encore plus
récentes sont revêtues d’une couleur rouge.
La deuxième catégorie représente les assyé oussou qui figurent les esprits de la
brousse qui sont supposées avoir le pouvoir de posséder les humains, de les
utiliser comme médium appelés Komian. Aussi les Assye oussou interviennent-
ils dans les rituels de divination pour satisfaire des esprits assez mécontents.
Hormis les figurines à visage humains, le sculpteur réalise des statuettes d’un
style unique aux Baoulés appelé, aboya. Mi- humain, mi- animal à tête de
cynocéphale, ou d’hyène, elles portent une coupe d’offrande. La gueule
rectangulaire laisse apparaitre des crocs. Ces aboya évoquent des divinités des
forêts ou des champs et trouvent refuge à l’écart des habitations, à l’opposé des
blolo bian et blolo bla qui sont placés dans un coin de la maison. Ils ont pour
rôle de protéger le village. Le sacrificateur dépose un œuf dans le creux de la
coupe ou l’écrase sur le crâne et immole un animal dont le sang asperge la
statuette, ce qui explique que sur celle-ci la présence d’un enduit croûteux et de
fragments de coquilles.
Dans un autre registre, il convient de mentionner, une statuette Baoulé
remarquable par son style : l’oracle à souris orné de la statuette d’un homme
assis. "Techniquement, l’intérieur est divisé à l’horizontal par un plancher percé
d’un orifice. Le devin place une ou plusieurs souris dans la chambre inférieure et
dispose dans la partie du haut des bâtonnets de porc-épic, écailles de tortue et un
peu de nourriture dans un ordre soigneusement étudié.
Une fois le pot refermé, le devin récite des incantations. Les souris affamées
grimpent aussi tôt dans la partie supérieure pour y manger la nourriture. Elles
modifient involontairement la disposition des objets que le devin se charge,
ensuite de déchiffrer et d’interpréter."
(www.brunotmigno.com/galeries/oracles/3515-boîte-oracle-à-souris...)
Les collectionneurs ont pu acquérir un grand nombre wakasran grâce au fait
que chaque personne avait son blolo bian ou son blolo bla. Ceux-ci sont
semblables aux assye oussou mais leur surface est nettoyée et polie.
Fig.32 : Maris et femmes de l’au-delà
Fig.33 : Aboya
Fig.34 : Boîte à oracle
3. La statuaire Dan
Les Dan ont produit des statuettes féminines (fig.35) qui présentent des
caractéristiques suivantes :
D’une façon générale, la statuette Dan magnifie la mère. Elle présente pour la
plupart des femmes aux seins pendants. L’explication vient de ce que "la femme
joue un rôle très important dans la société. Femme, épouse, elle est initiée
comme les hommes de manière très discrète dès son jeune âge. Elle est porteuse
de vie et assure la continuité de la vie par l’éducation des enfants. Le pouvoir et
la fortune se transmettent par elle dans la société matrilinéaire. A l’âge de la
ménopause, elle rejoint le cercle très fermé des hommes qui prennent les
dernières décisions. C’est ainsi que l’hommage lui est rendu à travers les
sculptures." (www.afriquearts.com/détail? phpid=1155)
4. La statuette Bété
Les statues Bété sont avant tout commémoratives ; elles sont dédiées à des
ancêtres illustres bien définis et illustrés après le décès, à l’exemple du mma
agni. De ce fait, elles reproduisent quelques particularités physiques (coiffure,
scarifications, silhouettes, etc.).Elles donnent lieu à des processions à travers le
village lors des fêtes consacrées au défunt (Fig.33).
Les scarifications autour du nombril, rappelle ceux qui ont donné naissance par
le passé. Taillées dans du bois dur et remarquables par leur sobriété, ces effigies
portent des traces de Kaolin (couleur de pureté et de respect) lors des séances
divinatoires qui indiquent bien leur caractère surnaturel.
En effet, elles sont utilisées lors des séances divinatoires. La statuette Bété se
caractérise par :
6. La statuaire Lobi
Excellents chasseurs et société de guerriers, les Lobi vivent repliés sur
euxmêmes. Ils ne possèdent pas de masques mais leurs nombreuses statuettes
servent au culte des esprits, culte appelé thil. Ces objets sont cachés dans des
sanctuaires, mais aujourd’hui, beaucoup sont devenus, grâce aux
collectionneurs, des pièces ayant droit de citer dans le royaume occidentale de
l’art.
Cela dit, la statuette Lobi présente une diversité des particularités
anatomiques, une multiplicité des types humains (Fig.40).Mais au-delà de cette
réalité, un certain nombre de traits récurrents permettent de caractériser le style
Lobi. "archetypal" présentés ci-dessous.
1-Les yeux sont matérialisés par une simple incision, un disque, un rectangle, ou
un bouton ovoïde. Ils sont sans regard, traduisant en cela l’aversion des Lobi
pour la curiosité, considérée comme une marque d’impudeur.
2-La bouche est marquée par deux disques ou deux rectangles en relief. Elle
rappelle la déformation provoquée chez les femmes par le port du double Labret.
Le nez est court, droit, pointu ou triangulaire. Les oreilles toujours stylisées sont
formées d’un arc de cercle ou d’un disque en relief.
3-La coiffure : Les statuettes féminines ont le crâne lisse et nu ou une coiffure de
"casque". Chez les Lobi, on rase toujours le tour de la tête des femmes pour
former ainsi une calotte. Sur les statuettes hermaphrodites, à double tête, la
femme porte toujours une coiffure tressée ou un casque de bois taillé pour la
différencier de l’homme.
Les bras et les mains sont généralement collés au corps. Ils peuvent être très
courts, stylés, sans coude ou longs et filiformes. Les mains ont la forme de
trapèze aplatis. Les jambes sont légèrement fléchies. Les pieds reposent sur un
socle. Le bas de la statuette est en général négligé. Si le geste est globalement
expressif, le mouvement du corps traduit des intentions dont la signification
échappe. Chez les Lobi, les techniques du corps sont en général codées et seuls
les initiés sont instruits du sens de telle attitude, de tel geste, ou de la fonction de
telle œuvre. La richesse de la statuaire Lobi se caractérise par l’extrême variété
des attitudes. Aucune scène de la vie quotidienne n’a échappé au regard des
sculpteurs.
Il y a des statuettes appelées "Yadawoza".Elles évoquent l’impuissance de
l’homme face aux contingences de sa condition humaine. Statuettes
propitiatoires, elles ont les bras levés au ciel, écartés ou tendus en arrière, ou
même croisés et souvent les mains sur les épaules. Bras levés au ciel, écartés ou
tendus en arrière, sont les attitudes d’un homme affligé, d’un désespéré en quête
d’une aide, d’un secours. Un bras levé ou tendu, une tête tournée à droite ou à
gauche, traduisent un malheur ayant frappé, soit le matriclan, soit le patriclan. La
forme traduit rarement la fonction, elle renvoie à des représentations sociales et
religieuses.
La statuaire Lobi, dans le cas des "Yadawoza ", est remarquable par la
gestuelle, expression qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Côte d’Ivoire.
Chaque geste est figé dans une attitude dont la signification échappe au profane
(Fig.40).
On a qualifié la statuaire Lobi de brute, manquant de technicité. Cela
s’explique par le fait que chez les Lobi, il n’existe pas de classe de sculpteurs.
Le sculpteur est comme tout autre Lobi. Il ne tire pas un prestige particulier de
son travail et n’est guère rémunéré.
Fig.40 : Statuettes Lobi
Fig.41 : Statuettes Lobi (Yadawoza)
8. La statuaire Akyé
A l’instar des Bété, les Akyé ont eux aussi des statuettes d’ancêtres. Le culte
des morts encore vivace de nos jours fonde la communication avec les ancêtres
qui continuent de participer à la gestion du monde visible.
Les statuettes votives servent d’intermédiaires, entre les vivants et les morts.
En général, elles sont associées à deux, l’homme et la femme, qui figurent les
ancêtres à l’origine du lignage, ou plus simplement les grands parents défunts :
les statuettes sont un hommage que l’on rend à ceux-ci.
Outre les statuettes d’ancêtre, il y a aussi des statuettes représentant des génies.
Réceptacles des esprits, ces figurines confèrent aux hommes possession (kunso)
inspirés par les génies qui expriment par leur bouche et communiquent avec le
monde invisible. Ce type de statuettes exige des offrandes alimentaires. D’autres
statuettes peuvent intervenir dans le culte lié à la fécondité.
Fig.42 : Statuettes Akyé
Chez les Baoulé, les waka sonan ou les waka sran (être de bois) statuettes
sculptées à l’image de l’être humain appartiennent à deux catégories : les assyé
oussou qui sont les représentants de la nature tout comme chez les Lobi et les
Blolo bla et les Blolo Bian qui sont les époux de l’outre-monde.
Chez les Bété et les Dan, la statuaire est avant tout commémorative.
Chez les Sénoufo, la statuaire est liée au Poro.
Chez les Gouro, la statuaire est plutôt honorifique, voire narrative : elle
honore et raconte les personnes légendaires.
Chez les Akyé, la statuaire joue un rôle d’intermédiaire entre les kunso et
le monde invisible mais elle peut aussi être liée au culte de la fécondité et à des
cérémonies de guérison.
CONCLUSION GENERALE