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Introduction à la Science Politique

Semestre I

Professeur : M. Hassan DANANE

Année Universitaire 2021-2022


Chapitre 4 : Les régimes politiques
• La notion de régime politique comporte quatre
composantes majeures : le principe de légitimité, la
structure des institutions, le système de partis, la
forme et le rôle de l’État. Ce concept semble plus
restreint dans son application que celui de « système
politique » qui, par son degré de généralité, rend plus
difficiles les possibilités de saisir les réalités
auxquelles il correspond. La notion de système
politique est en effet plus vaste.
Huntington distingue en son sein, cinq
éléments :
la culture (valeurs, attitudes, orientations,
croyances, mythes), la structure (relations
des éléments structurés), les groupes (qu’on
repère au vu de leurs exigences), les leaders,
les policies (modèles d’activité qui affectent
la distribution des bénéfices et des sanctions
dans la société, c’est-à-dire les décisions).
David Easton définit cependant le régime comme
une composante du système politique – un sous-
système – composé de trois éléments : les valeurs
(buts et principes), les normes (procédure pour le
traitement des «exigences»), les structures
d’autorité (mode de distribution et d’organisation
du pouvoir).
Section 1 : Les anciennes typologies

L’effort de classement général des régimes et/ou systèmes répond à une


interrogation ancienne héritée de l’Antiquité.
§ 1. Aristote
Jusqu’au XIXe siècle, les modes de gouvernement ou régimes politiques sont
classés d’après le nombre de titulaires du pouvoir. Aristote appelle ainsi «
monarchie, l’État où le commandement n’appartient qu’à un seul, l’aristocratie,
celui où il est confié à plus d’un(e) (…), personnes parmi les plus honnêtes, parce
qu’elles n’ont en vue que le plus grand bien de l’État et de membres ; république,
celui où la multitude gouverne pour l’utilité publique ». Ces trois formes peuvent
dégénérer : la royauté en tyrannie ; l’aristocratie en oligarchie ; la république en
démocratie. La tyrannie n’est en effet que la monarchie tournée à l’utilité du
monarque ; l’oligarchie, à l’utilité des riches ; la démocratie à l’utilité des pauvres
: aucun des trois ne s’occupe de l’intérêt public.
On peut encore dire autrement que la tyrannie est le gouvernement despotique
exercé par un homme sur un État, que l’oligarchie s’entend comme le
gouvernement des riches et la démocratie comme celui des pauvres ou des gens
peu fortunés.
La classification se situe en fait sur trois registres : le nombre de détenteurs
formels du pouvoir, le mode réel d’exercice du pouvoir, la distribution du pouvoir
entre les groupes sociaux.
§ 2. Charles de Montesquieu
• Montesquieu, dans sa théorie des gouvernements, distingue la nature de chacun – ce
qui fait son être – et son principe, ce qui le fait agir. Il distingue trois types de
gouvernement, « de régime ». Le gouvernement républicain : sa nature est celui où le
peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la « souveraine puissance ».
• Quant au gouvernement monarchique, sa nature est qu’un seul gouverne : son principe
est l’honneur. Le gouvernement despotique, seul condamné formellement par l’auteur,
a pour nature qu’un seul gouverne selon son caprice, sans lois ni règles. Montesquieu
vise implicitement la monarchie absolue. « Tout serait perdu si le même homme ou le
même corps des principaux ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs :
celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques et celui de juger les
crimes ou les différends des particuliers ».
• Les principes énoncés par Montesquieu dans L’Esprit des Lois sont d’apparence simples.
La puissance exécutrice est entre les mains du monarque, celle de juger entre celles des
magistrats, celle de légiférer dans les mains des chambres, mais le Roi y prend part par
sa faculté d’empêcher. Il s’agit donc moins d’organiser une quelconque « séparation »
des pouvoirs qu’une combinaison de ceux-ci : les trois puissances s’équilibrent autant
qu’elles se neutralisent.
§ 3. J.J. Rousseau

Rousseau distingue quant à lui la démocratie, l’aristocratie et la monarchie. La


première existe dès lors que « tout le peuple ou la plus grande partie du
peuple » exerce la souveraineté. Ce régime sous sa forme pure ne peut
exister, sauf dans les petits États. L’aristocratie est le gouvernement d’une
minorité. La monarchie consiste en la concentration « dans les mains d’un
magistrat unique dont tous les autres tiennent leur pouvoir ». Chacun de ces
modes de gouvernement présente des avantages et des inconvénients :
Rousseau souligne les possibilités de corruption de chacun malgré sa
préférence pour la démocratie.
Section 2 : Typologie des régimes politiques contemporains
§1 Le régime démocratique

La démocratie est une notion qui dérive des mots grecs Démos et Kratos qui
signifient respectivement Peuple et pouvoir. Elle envoie ainsi au pouvoir du
peuple dans l’Etat. Abraham Lincoln considère ce régime comme le
gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.
Le sens étymologique du mot démocratie (Demos
« peuple » et Kratos « pouvoir ») signifie
littéralement que « le pouvoir appartient au
peuple ». Toutefois, la notion de souveraineté du
peuple – s‘exprimant directement par référendum
ou indirectement par l‘entremise de ses
représentants – se retrouve dans bien des
définitions et constitue l‘essence de bien des
régimes démocratiques.
En outre, d‘autres spécialistes des sciences
sociales tiennent compte – avec différents degrés
d‘importance – de plusieurs autres principes
fondamentaux tels que les libertés individuelles, la
séparation des pouvoirs, l‘indépendance
judiciaire, la primauté du droit ou le pluralisme
politique pour conceptualiser la démocratie.
La démocratie nous apparaît alors comme le mode
d’organisation d’un État, mis en place à l’issue
d’élections libres, transparentes et régulières,
garantissant le respect des droits et libertés, et au
service de ses citoyens qui sont eux-mêmes
représentés par des institutions indépendantes.
Pour pouvoir fonctionner correctement, ce mode d‘organisation
de l‘État présuppose six conditions essentielles :
4. L‘existence de recours effectif devant
1. La subordination de tous les pouvoirs au des juges indépendants en mesure de
principe de primauté du droit garantir la primauté des règles
constitutionnelles.
2. Le respect et l‘application stricto sensu 5. Les ingérences internationales, qu‘elles
des règles établies légitimement par les soient d‘ordre économique, politique,
représentants de l‘État et leurs juridique ou environnemental, ne doivent
concitoyens. pas être appliquées au détriment des
principes de souveraineté de l‘État et de
3. Une séparation effective du pouvoir primauté de sa Constitution.
politique et judiciaire, ainsi qu‘une liberté
d‘action et une indépendance pour toutes 6. Le droit de voter et de se porter
les institutions de l‘État. candidat à des élections doit être accordé
à tous les citoyens. Aucun citoyen ne doit
être privé de ses droits et libertés
fondamentaux.
La démocratisation

La démocratie doit être considérée comme un idéal qui n‘est jamais


totalement atteint dans les faits. Par conséquent, l‘évolution qui
conduit vers cet idéal est, ce que l‘on décrit par le terme «
démocratisation ». La quête d‘une définition de la démocratisation
est moins laborieuse, il s‘agit du processus qui conduit à la
démocratie. Les politologues la définissent comme le passage d‘un
système autoritaire à un régime démocratique, « on parle alors
couramment de transition démocratique ».
Démocratisation et transition démocratique sont donc deux termes
semblables.

Ce concept de transition renferme néanmoins deux dimensions importantes, le


processus de transition ne dure qu‘un certain temps et son issue est incertaine.

Il faut donc observer la transition comme un changement progressif de l‘ancien


mode d‘organisation de l‘État vers le nouveau mode d‘organisation souhaitable
qui est la démocratie, tout en gardant à l‘esprit que la trajectoire souhaitée
n‘aboutit pas toujours, et ce, pour diverses raisons.

Schmitter et Guilhot évoquent à ce propos la nature conflictuelle de la


transition pour justifier « le degré élevé d‘incertitude ».
§2. Régimes autoritaires, régimes totalitaires

« Tyrannies », « dictatures », derrière ce vocable d’usage courant


se cachent des réalités bien différentes dont la distinction entre
régimes autoritaires (I) et régimes totalitaires (II) rend compte avec
beaucoup de clarté.
I. Les régimes autoritaires
• Les régimes autoritaires se caractérisent par le refus du jeu démocratique
(élections libres, compétition électorale). Ils contrôlent la vie politique dans
ses diverses expressions avec plus ou moins de réussite. L’autoritarisme qui
les caractérise désigne « un rapport gouvernants-gouvernés reposant de
manière suffisamment permanente sur la force plutôt que sur la persuasion.
Également, une relation politique dans laquelle le recrutement des dirigeants
relève de la cooptation et non de la mise en concurrence électorale des
candidats aux responsabilités publiques »

• Les élections ne sont qu’une apparence démocratique et visent à légitimer le


système politique aux yeux du monde et à l’intérieur de s’assurer de l’apathie
des masses, sans que leur résultat connu d’avance, n’ait une quelconque
influence
Juan Linz : Le régime autoritaire représente un
système politique à pluralisme limité qui permet
l’apparition de certaines formes de semi-
opposition et qui n’a pas d’idéologie officielle
élaborée. Par conséquent, la mobilisation
politique de la société est relativement réduite.
Ce régime est illustré par l’Espagne franquiste)
II. Les régimes totalitaires

Le régime totalitaire, dont le nazisme et le stalinisme sont les exemples, se distingue


par l’absence du pluralisme politique, économique ou social, par la détention de jure
et de facto du monopole politique par le parti officiel et par une mobilisation
extensive de la population dans des organisations militantes créées par le régime.
Souvent charismatiques, les leaders sont recrutés en vertu de leur passé militant au
sein du parti et leur gouvernement souffre d’un haut degré d’imprédictibilité.
Projet d’unification totale de la société, les régimes totalitaires se distinguent
fondamentalement des régimes autoritaires. Ils se caractérisent d’abord par l’absence
de clivage ou de relation différenciée entre l’État et la société. Ce trait, qui persiste
dans les régimes autoritaires, disparaît dans les régimes totalitaires niant non
seulement le pluralisme politique mais aussi le pluralisme social et mettant en œuvre
toute une série de méthodes de persuasion et/ou de coercition pour effacer tout
pluralisme.
Ainsi, les régimes totalitaires fonctionnent à l’idéologie et à la mobilisation
idéologique visant à éliminer toute autonomie humaine.

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