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Thaqif THARIK, Yusuf UCUR, Beyza KACAR & Thom CHHUN

STID Groupe 15

SAE Economie Gestion

Toute société est structurée et hiérarchisée, les classes sociales ont longtemps été utilisées
pour traduire cette structuration. Mais cette dernière, évoluant sous l’impact de plusieurs facteurs,
interroge sur la pertinence d’une telle approche. Avant tout, L’Insee a établi la nomenclature des
professions et catégories par la réalisation d’une stratification des actifs. Un actif désigne une
personne avec ou à la recherche d’emploi. Le taux d’activité est de 72.4% et le taux d’inactivité est
de 31,1% en France en 2021. Le taux d’activité concerne la tranche d’âge [15,64] car c’est dans
cette intervalle d’âge qu’on retrouve les personnes actives. Certains enfants travaillent à partir de
13 ans, cela remet en question l’âge à partir duquel la société considère que nous sommes des
enfants. La borne supérieure représente l’âge de la retraite. Cependant, il existe la situation
particulière dans laquelle se trouve les chômeurs. Un chômeur, au sens du Bureau international
du Travail (BIT), est une personne âgée de 15 ans ou plus sans emploi durant une semaine
donnée, qui est disponible pour travailler dans les deux semaines et qui a effectué, au cours des
quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui
commence dans les trois mois. Cette définition du chômeur possède des inconvénients dans la
mesure où un individu ayant travaillé une seule semaine n’est pas considéré comme un chômeur,
ce qui réduit drastiquement le nombre de chômeurs. De plus, les chômeurs sont classés dans la
nomenclature des PCS en fonction de leur catégorie d’origine.

Après avoir défini ce qu’est un actif, nous allons résumer les atouts et les limites de la
nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles de l’Insee, en posant la
question suivante : Comment est structurée la société française actuelle ? Pour répondre à cette
problématique, tout d’abord nous allons étudier les facteurs et critères qui structurent et
hiérarchisent l’espace social. Dans un second temps, nous analyserons les applications de la
nomenclature sur les évolutions que la structure socio-professionnelle a connues en France.
Ensuite, nous nous intéresserons aux théories des classes et de la stratification sociale. Enfin,
nous allons réfléchir aux limites de la nomenclature pour rendre compte de la société française.

Premièrement, les catégories socio-professionnelles sont les professions et catégories qui


permettent de classer les professions et les métiers en fonction de leurs proximités sociales. Ce
classement, établi par l’Insee, se fonde sur les sept critères à la base du niveau agrégé de la
nomenclature : le statut, le secteur d’activité, la nature de l’employeur (public ou privé), la
qualification, la position hiérarchique, le métier et la taille de l’entreprise. On distingue 6 groupes
d’actifs : les agriculteurs exploitants, les artisans, les commençants et chef d’entreprise, les cadres
et professions intermédiaires, les employés et les ouvriers. Ainsi, la classe socio-professionnelle
dépend du revenu. Le revenu est la combinaison des revenus primaires qui rémunèrent la
participation à la production et des revenus de transfert à travers les prestations sociales. D’une
autre part, la classe socio-professionnelle dépend également de la qualification, c’est-à-dire les
qualités et capacités humaines nécessaires pour occuper un emploi. La qualification renvoie à la
formation initiale acquise par l’enseignement et à l’expérience, qui s’assimile notamment au sein
de l’entreprise.

La société est structurée selon le sexe. En effet, les femmes occupent des positions moins
avantageuses que les hommes dans l’espace social. Il existe une inégalité dans la répartition des
tâches domestiques car elles sont aux mains des femmes, cela a un impact sur leur insertion sur

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le marché du travail et donc sur leur revenu. Ces inégalités existent dans des domaines très
diverses notamment dans l’inégalité d’accès aux hautes sphères politiques ou publiques. La
société est également structurée en fonction de la position dans le cycle de vie qui détermine la
place dans l’espace social. Ce critère de la position dans le cycle de vie explique une différence
de patrimoine et de revenu. On constate une ascension sociale de l’enfance à l’âge adulte, puis
on remarque un déclin.

Il existe également d’autres facteurs qui structurent et hiérarchisent la société, notamment


la composition du ménage. Un ménage désigne l’ensemble des occupants d’un même logement
sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. L’analyse des
inégalités des niveaux de vie doit prendre en compte la composition des ménages. Pour un même
revenu, le nombre d’enfants et de parents définit le niveau de vie par tête. On observe une
corrélation négative entre la taille du revenu et le montant du revenu par tête. Cependant, le lieu
de résidence est à l’origine des différences d’accès à l’emploi et aux services publics. Le lieu de
résidence influence l’accès au marché du travail et d’autres types de ressources : le transport,
l’offre culturel, les réseaux internet et les services publics de santé et de formation professionnelle.
Le lieu de résidence structure ses inégalités. Certains vont cumuler les inégalités, tandis que
d’autres vont cumulés les privilèges.

Cette structure sociale est déterminée par de multiples facteurs qui évoluent avec le temps,
en particulier la structure professionnelle française depuis 1950.

Depuis 1950, la structure socio-professionnelle française a connu 4 mutations, la structure


se recomposant avec le temps. En effet, la nomenclature permet d’étudier l’essor de la
salarisation et de la tertiairisation que connait la société française durant la deuxième moitié du
15e siècle. La salarisation est l’augmentation de la part de salariés dans la population active par
rapport aux emplois non-salariés car les PCS des artisans, commerçants et chefs d’entreprises
chutent profondément. Le salarié est lié par un contrat de travail dans lequel il y a un lien de
subordination avec l’employeur. La montée de l’emploi salarié dans le taux de l’emploi se traduit
par un déclin de la profession indépendante. Certains indépendants deviennent salariés du fait de
la concentration des entreprises, ce qui explique la salarisation. D’une autre part, la tertiairisation
désigne l’augmentation de la part des activités de service au sein de l’économie. Il s’agit d’un
processus de développement du poids des services. Il existe de types de services : les services
marchands, concernant la finance, l’hôtellerie, la restauration et les transports, et les services non
marchands concernant essentiellement les services publics. On assiste à un déclin de l’industrie
ouvrière et du monde agricole avec une désindustrialisation et une diminution du nombre d’ouvrier.

La nomenclature explique également l’élévation du niveau de qualification. Le niveau de


qualification est la qualité et la capacité humaine nécessaire pour occuper un emploi. La
qualification est permise par la formation continue et initiale. En effet, nous sommes témoins du
phénomène de massification scolaire. La massification scolaire désigne le processus par lequel
l’accès aux études secondaires, puis supérieures s’est progressivement ouvert à tous les jeunes.
Le nombre de lycéens, puis d’étudiants, ainsi que la durée des études, ont donc augmenté. La
massification, dans le supérieur, se traduit par une augmentation du nombre de diplômés du
supérieur dans tous les diplômes. Ainsi, la société se dirige vers des emplois de plus en plus
qualifiés. On constate 2 types de qualification : la qualification de l’emploi et la qualification de la
population.

Ainsi, on assiste à une tendance à la polarisation des métiers et du marché du travail. Cette
polarisation menace la cohésion sociale en entrainant un risque de fracture sociale. On remarque
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une polarisation de la création d’emplois très qualifiés et non qualifiés, ce qui réduit la part des
emplois de qualification intermédiaire. On retrouve également une polarisation au sein de la
féminisation de l’emplois. La féminisation est l’augmentation de la part des femmes dans la
population active depuis 1950. La féminisation des emplois est inégale selon les postes de
responsabilités et des métiers. Ses inégalités sont le résultat de la socialisation différentielle
genrée qui explique que les vocations sont guidées par cette dernière.

Après avoir étudier les applications de la nomenclature, nous allons aborder les deux
théories majeures des classes.

Il existe différentes théories des classes et de la stratification sociale. La classe sociale est
le groupe social de grande taille fondée sur le parage d’un même critère économiques. La
définition de Marx est une société où on retrouve 2 groupes sociales en opposition et la notion de
lutte des classes avec une mobilité sociale impossible. L’analyse de Marx repose sur le fait que
les classes sociales jouent un rôle central dans l’évolution des sociétés au travers des conflits. Les
individus appartiennent à une classe en fonction de leur place dans le système de production. Les
capitalistes vont tirer profit de la force de travail et de la possession de leur capital. Les prolétaires
tirent leurs salaires de la vente de leur force de travail. L’ouvrier est dépossédé de son travail et il
devient aliéné entrainant la déshumanisation du travail.

Le critère économique est central chez Marx mais il accorde une place importante aux
critères subjectifs à travers le sentiment d’appartenance à une classe sociale qui débouche à la
lutte des classes. On distingue la classe en soi et la classe pour soi. La classe en soi est le groupe
qui partage la même position dans le processus de production. La classe pour soi est le groupe
qui a pris conscience d’intérêts communs et que ses intérêts doivent être collectivement protégés
et défendus. L’appartenance à une classe permet de se mobiliser pour défendre ses intérêts et la
mobilisation mène à la lutte. Les individus forment une coalition pour défendre leurs intérêts, voire
envisager un nouveau projet de société. L’exploitation des ouvriers par le capitaliste est au cœur
du processus de production. La lutte des classes est la notion de l’analyse marxiste de la structure
sociale, elle désigne le fait que les classes sociales sont antagonistes quant à leurs intérêts et se
mobilisent dans le cadre d’une opposition politique. Les capitalistes dominent car ils sont
propriétaires du capital de production et extorquent une plus-value. Le dominé reçoit un salaire de
subsistance pour sa survie et sa reproduction. En devenant une classe pour soi et en prenant
conscience de cette domination, la classe ouvrière entre en conflit.

La seconde théorie est celle de la stratification sociale de Weber. Elle renvoie à une
analyse en termes de strates, c’est-à-dire une superposition de classes différenciées selon la
notion de hiérarchie et d’une société harmonieuse permise par la mobilité sociale. Le terme de
strate évoque l’idée de superposition des couches. Les individus n’appartiennent pas à des
classes coupées les unes des autres et entretenant des rapports conflictuels, mais se situeraient
sur un continuum où l'on passe par degrés du plus au moins. Selon Weber, la stratification sociale
est un outil pour étudier la société. Il s’agit s’une approche nominative, à des fins de classifications
sans aucun postulat d’appartenance, ni d’identité commune. C’est une analyse
multidimensionnelle en tant qu’une collection d’individus qui ont une situation économique
semblable et par groupe de statut.

Après l’analyse des théories des classes, nous allons aborder les limites de la
nomenclature de la société française.

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La nomenclature actuelle rencontre ses limites car elle ne prend pas en compte les
évolutions de la société française. En effet, on retrouve une frontière de classes de plus en plus
importantes. Dans notre société actuelle, la distance inter-classe diminue tandis que la distance
intra-classe augmente. La distance inter-classe mesure l’écart entre la position matérielle, les
pratiques et représentations entre classes sociales différentes. La distance intra-classe mesure le
degré d’homogénéité des positions, pratiques et représentation des membres d’une même classe
sociale. On retrouve également une tendance à la moyennisation traduit par l’émergence, entre
les 2 classes extrêmes, d’une vaste classe moyenne avec l’homogénéisation des niveaux de vie.
De plus, la classe s’articule avec les rapports sociaux de genre qui permettent de comprendre la
position de chacun dans les rapports de classe. On assigne aux hommes et aux femmes des
tâches différentes par le biais de la socialisation genrée. On constate une répartition inégalitaire
des tâches au sein du couple.

D’une autre part, l’identification subjective à un groupe social est inégalement réparti entre
les classes. Plus le revenu est important, plus ce sentiment d’appartenir à une classe est
importante. Ce sentiment peut être très important dans les hautes sphères de la hiérarchie du aux
capitaux de Bourdieu. Ainsi, de multiples facteurs d’individualisation émergent dans nos sociétés
modernes. L’individualisation est un processus historique qui conduit les membres d’une société à
se considérer en autonomie par rapport à son groupe d’appartenance. Par l’individualisme,
l’individu gagne en liberté individuelle. Ainsi, l’individu est capable de s’émanciper de son groupe
d’appartenance en quittant un carcan d’appartenance. L’individualisme mène à une moindre
reconnaissance des individus dans une classe.

Enfin, certaines catégories de la nomenclature sont peu homogènes. Parmi les employés,
les différences de diplômes sont fortes car il y a des salariés déclassés, qui n’ont pas trouvé
d’offres d’emplois à leur niveau de diplôme. De plus, il y a le plus de précarité dans la catégorie
des employés. On retrouve de plus en plus de différences entre les ouvriers qualifiés et non
qualifiés du secondaire qui sont menacés par les délocalisations et fermetures d’usines. Certains
ouvriers se rapprochent de la catégorie moyenne en se mariant avec des employées, on peut
alors parler de la diagonale de la foudre avec l’étude l’homogamie.

En conclusion, la nomenclature est structurée et hiérarchisée par la catégorie socio


professionnelle, le revenu, le niveau de qualification, le sexe, la position dans le cycle de vie, la
composition du ménage et le lieu de résidence. L’atout de la nomenclature est de permettre
l’étude de l’évolution de la structure socio-professionnelle française depuis 1950, marquée par
l’essor de la salarisation et de la tertiairisation, l’élévation du niveau de qualification et la
féminisation des emplois. Enfin, la nomenclature des professions et catégories
socioprofessionnelles repose sur la théorie des classes de Marx et celle de la stratification sociale
de Weber. Cependant, les limites de la nomenclature questionnent la pertinence de parler de
classes sociales pour rendre compte de la société française étant donné la moyennisation de la
société due à l’augmentation des distances inter-classe et la diminution des distances intra-classe,
ainsi que le phénomène d’identification subjective à un groupe social et l’émergence de
l’individualisme. En effet, cet outil est critiquable car les catégories ne sont pas toujours bien
homogènes comme celle des employés par exemple. De plus, les vraies différences entre salariés
aujourd’hui sont celle de la précarité, cela n’apparaît pas dans ce classement. Cette grille date
aussi des années 80, l’évolution des métiers demanderait peut-être une petite révision. Enfin, est-
il toujours pertinent d’analyser la société française sous le prisme des classes sociales ?

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Cartes par groupe socioprofessionnel

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