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FR - 15/05/2020 13:50 | UNIVERSITE DE SAVOIE

La liberté d'expression artistique dans le domaine de la musique Le juge face aux paroles de chansons en
droit comparé

Issu de Revue du droit public - n°4 - page 1047


Date de parution : 01/07/2017
Id : RDP2017-4-010
Réf : RDP 2017, p. 1047

Auteur :
Par Vanessa Lobier, Docteur en droit public, université Grenoble-Alpes (CESICE)

SOMMAIRE

I. — LA PROTECTION ÉTENDUE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ARTISTIQUE DANS LE DOMAINE DE LA MUSIQUE

A. — L’impossibilité de caractériser une incitation à commettre une action illégale imminente liée aux paroles de chansons dans la jurisprudence
américaine

B. — L’octroi d’une liberté d’expression renforcée pour les paroles de chansons

II. — L’ARTICULATION DÉLICATE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ARTISTIQUE DANS LE DOMAINE DE LA MUSIQUE AVEC LE DISCOURS DE HAINE

A. — La délicate caractérisation du discours de haine dans les paroles de chansons

B. — Les limites de la liberté artistique : le cas de la white power music

« La musique et la liberté d’expression sont deux éléments vitaux dans toute démocratie réussie. Elles sont aussi des trésors humains inestimables.
John F. Kennedy et Nelson Mandela ont utilisé la même phrase de trois mots : “la liberté est indivisible”. Cela dit tout. Il est impossible de diviser la
liberté. En faisant cela, il n’y a plus de liberté. […] Restreindre la liberté artistique c’est restreindre la démocratie tout entière »1.

La protection de la liberté d’expression artistique2 a été appréhendée assez tôt dans les textes internationaux de protection des droits de l’homme. Elle
est mentionnée à l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme3 et elle apparaît à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (PIDCP) de 19664. Au niveau régional, la liberté artistique est expressément consacrée à l’article 13 de la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne5. Certains textes assurent plus spécifiquement la protection de la liberté de création, à l’image du Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dans son article 15, § 36. Il est également fait référence à celle-ci dans la Charte arabe
des droits de l’homme7. Cette distinction entre la consécration large de la liberté artistique et celle plus spécifique de la liberté de création se retrouve
également au niveau constitutionnel, notamment dans les États membres de l’Union européenne. Ainsi, la Loi fondamentale allemande dispose, en son
article 5, § 3, que « l’art et la science, la recherche et l’enseignement sont libres ». Une disposition similaire existe également dans la Constitution
finlandaise8, en Estonie9, ou encore en Italie10. En dehors de l’Union européenne, la Suisse consacre également la liberté artistique à l’article 21 de sa
Constitution, c’est aussi le cas de la Constitution turque, même si cette liberté apparaît plus strictement encadrée11. D’autres États se focalisent
davantage sur la protection de la liberté de création12, comme l’Espagne qui « reconnaît et protège le droit : […] à la production et à la création
littéraires, artistiques, scientifiques et techniques » dans son article 20, en Pologne13 ou encore à l’article 42 de la Constitution du Portugal.

Certains textes ne mentionnent pas directement la liberté artistique, mais celle-ci est protégée via le prisme de la liberté d’expression. En effet,
« l’assimilation de la liberté de création à la liberté d’expression repose sur l’hypothèse que la création est mode d’expression. Ainsi, elle est souvent
considérée comme une “branche” de la liberté d’expression »14. Cette approche a été retenue par la Convention européenne des droits de l’homme,
dont l’article 10 vient protéger la liberté d’expression. En revanche, ce n’est qu’en 1988, à l’occasion d’une affaire Müller c/ Suisse 15, que la Cour de
Strasbourg a déclaré que l’article 10 « englobe la liberté d’expression artistique – notamment dans la liberté de recevoir et communiquer des
informations et des idées – qui permet de participer à l’échange public des informations et idées culturelles, politiques et sociales de toute sorte ». Au
niveau étatique, cette approche indirecte a été choisie par la France. Le bloc de constitutionnalité ne contient aucune référence à la liberté artistique,
toutefois, la liberté de création artistique a récemment été consacrée en France par la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l’architecture
et au patrimoine16. Cette position est également celle de nombreux autres États européens tels que la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas ou encore la
Suède. Il s’agit également de l’approche retenue par les États-Unis. Le premier amendement de la Constitution américaine prévoit que « le Congrès ne
fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit
qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre ». La liberté
de l’art existe donc à travers la liberté d’expression17, cela est également le cas au Canada, en Norvège ou encore en Islande.

À l’instar de la littérature, de la peinture ou du cinéma, la musique entre dans le champ de la liberté artistique. La musique peut être définie comme
« un ensemble de sons temporellement organisés par une personne (ou un groupe de personnes) dans le but d’enrichir, d’intensifier l’expérience par
une relation active avec des sons (via par exemple l’écoute, la danse ou l’exécution à l’aide d’un instrument) considérés avant tout, ou du moins de
manière significative, comme des sons »18. L’intégration de la musique dans le champ d’application de la liberté artistique est explicite dans la
jurisprudence américaine. En effet, la Cour suprême, dans son arrêt Ward v. Rock against racism, a estimé que la musique était protégée par le Premier
amendement19. La musique est donc protégée soit de manière directe à travers la liberté artistique, soit de manière indirecte via le prisme de la liberté
d’expression. Se pose dès lors une première question, celle de l’homogénéité de cette protection, même si celle-ci ne sera pas directement traitée, il
apparaît d’emblée que les enjeux ne sont pas les mêmes dans tous les États20. La conception de la liberté artistique est loin d’être universelle, à ce titre,
la musique, sous des formes telles que le rock et le hip-hop, est particulièrement vulnérable et fait souvent l’objet d’une censure et d’une répression
particulièrement virulente dans les régimes autoritaires21, ainsi que le dénonce fréquemment l’organisation non gouvernementale Freemuse. La
deuxième question qui se pose est liée au mode de protection de la liberté artistique, direct ou indirect. Il est possible de se demander si la protection
indirecte de la liberté artistique à travers le prisme de la liberté d’expression est adaptée ou bien s’il est plus pertinent – et surtout plus efficace – que
celle-ci soit consacrée de manière indépendante22. Enfin et surtout se pose la question de savoir si la liberté artistique bénéficie d’une protection plus
étendue. En matière musicale, cela revient à se demander si un chanteur peut s’exprimer plus librement dans les paroles de ses chansons compte tenu
de la liberté d’expression artistique dont il bénéficie, mais également s’il existe des limites à cette liberté.

Il apparaît que la protection de la liberté d’expression artistique en matière musicale, qu’elle soit protégée de manière directe ou indirecte, est
particulièrement étendue en ce qui concerne les paroles de chansons (I). En revanche, la liberté d’expression artistique en matière musicale est

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délicate à articuler avec les discours de haine contenus dans les paroles de chansons (II).

I. — LA PROTECTION ÉTENDUE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ARTISTIQUE DANS LE DOMAINE DE LA


MUSIQUE
Compte tenu du caractère artistique qui lui est attaché, la musique bénéficie d’une protection particulière à l’image de celle dont disposent les autres
arts. Le message véhiculé par la musique doit pouvoir être protégé en ce qu’il représente un mode d’expression particulier. À ce titre, la protection
accordée à la musique s’est exprimée de deux manières dans la jurisprudence. Les juridictions américaines ont mis en évidence l’impossibilité
d’engager la responsabilité d’un chanteur pour les paroles de ses chansons, sauf à démontrer que celles-ci peuvent être considérées comme une
incitation à commettre une action illégale imminente (A). En outre, les chanteurs semblent bénéficier d’une liberté d’expression renforcée se
traduisant par la reconnaissance d’un certain droit à la critique ou à tenir des propos pouvant choquer dans les paroles de chansons (B).

A. — L’impossibilité de caractériser une incitation à commettre une action illégale imminente liée aux paroles de
chansons dans la jurisprudence américaine
La société américaine s’est interrogée assez tôt sur la question de la liberté d’expression dans la musique, et plus particulièrement dans le rock. À la fin
des années 1980, il y a eu une série de développements à ce sujet liés à l’influence du Parental Music Resource Center, un groupe de pression fondé par
les « Washington Wives », notamment Tipper Gore, et visant à protéger les mineurs de l’impact de certaines paroles de chansons23. De cette initiative
est né le célèbre slogan « Parental advisory – Explicit Lyrics », apposé sur les jaquettes de certains albums24. Prenant le contre-pied de ce mouvement, la
jurisprudence américaine s’est montrée plutôt protectrice de liberté d’expression des artistes dans une série d’affaires visant à tenir pour responsables
les auteurs de chansons des comportements violents de certains auditeurs. La première série de décisions concerne les cas d’incitation au suicide du
fait des paroles de certaines chansons (1), la seconde concerne l’incitation au meurtre (2).

1. Les affaires relatives à l’incitation au suicide


Dans certaines affaires, des chanteurs se sont retrouvés devant les juridictions américaines, accusés d’incitation au suicide à cause des paroles de
certaines de leurs chansons25. Ozzy Osbourne, le chanteur du groupe de heavy metal britannique Black Sabbath, a été confronté à cette situation à
cause de l’une de ses chansons intitulée Suicide Solution présente sur son album Blizzard of Oz sorti en 1980. Suite au suicide de leur fils, les parents ont
intenté une action contre le chanteur et sa maison de disques CBS Records, estimant que les paroles de la chanson susmentionnée ont poussé leur fils
à commettre son geste et que de ce fait, le premier amendement ne serait pas applicable en vertu de la jurisprudence Brandenburg v. Ohio . Dans cette
dernière, la Cour suprême américaine a déclaré que « les garanties constitutionnelles de la liberté d’expression et de la liberté de la presse ne
permettent pas à un État d’interdire ou de proscrire l’apologie de l’utilisation de la force ou la violation de la loi, sauf si ce plaidoyer vise à inciter ou à
produire une action illégale imminente et est susceptible d’inciter ou de produire une telle action »26. Afin de vérifier si le discours était susceptible
d’être constitutif d’une telle incitation, la Cour a développé un test au cours duquel elle a d’abord vérifié si celui-ci était dirigé vers l’objectif de produire
l’action illégale imminente, en l’espèce l’incitation au suicide, et s’il était susceptible de produire une telle action. La Cour californienne est arrivée à une
conclusion négative en estimant que ni la chanson Suicide Solution, ni aucune autre chanson de Ozzy Osbourne ne pouvaient être analysées comme
un ordre de commettre un acte suicidaire. Celle-ci a ajouté une justification liée au caractère artistique de l’œuvre puis a mentionné que les paroles de
chansons ne pouvaient être interprétées de manière littérale. Enfin, et surtout, la Cour a estimé qu’une solution inverse reviendrait à limiter la liberté
artistique27.

Peu de temps après cette décision favorable au chanteur, Ozzy Osbourne s’est de nouveau retrouvé devant une juridiction américaine pour des faits
similaires, portant également sur la chanson Suicide Solution. Toutefois, compte tenu de l’échec de la procédure devant la juridiction californienne, les
nouveaux requérants ont avancé un argument supplémentaire. D’après les parents de la victime, cette chanson contenait un message subliminal qui
aurait poussé leur fils à se suicider. La Cour a estimé que les requérants n’avaient pas démontré l’existence d’un tel message28, rejoignant ainsi la
décision d’une juridiction du Nevada rendue un an auparavant à propos d’une chanson du groupe de heavy metal britannique, Judas Priest 29. En
l’espèce, les faits étaient similaires, deux jeunes hommes se sont suicidés, leurs familles ont intenté une action en justice, estimant que leur geste avait
été influencé par l’écoute de l’album Stained Class de Judas Priest, lequel contiendrait des messages subliminaux. La Cour a longuement examiné la
question et notamment par rapport à la chanson Better by you, better than me qui contiendrait le message caché « Do it, do it ». Toutefois, la Cour a
estimé que ces mots résultaient d’une combinaison de sons et n’avaient pas été délibérément formés. Dès lors, la Cour a estimé que le groupe ne
pouvait être tenu pour responsable du suicide des deux jeunes hommes, celle-ci ayant relevé l’existence de facteurs extérieurs à la musique ayant
contribué au passage à l’acte.

2. Les affaires relatives à l’incitation au meurtre


Une dernière affaire illustre l’étendue de la protection de la liberté d’expression musicale offerte par la jurisprudence américaine. En l’espèce, la
situation était relativement différente des affaires précitées dans la mesure où il n’était pas question d’incitation au suicide, mais de meurtre. Lors d’un
contrôle de police, un individu avait ouvert le feu sur un policier, alors qu’il était au volant d’une voiture volée. L’individu avait tenté d’expliquer son
geste par l’écoute intensive de l’album 2pacalypse Now du rappeur américain Tupac. La veuve du policier a intenté une action en justice au civil à
l’encontre du rappeur et de sa maison de disques, celle-ci les tenant pour responsables de la mort de son mari30. D’après la requérante, cet album n’est
pas protégé par le Premier amendement dans la mesure où il inciterait, entre autres, à des comportements criminels. En l’espèce, la Cour texane faisait
face à des problèmes de juridiction à l’encontre de Tupac Shakur, mais également de sa maison de disques, ce qui l’a conduit à rejeter l’action de la
requérante. Néanmoins, la Cour a examiné les questions relatives au Premier amendement et a estimé que l’album de Tupac était protégé par celui-ci
dans la mesure où cet album ne pouvait pas être qualifié d’incitation à commettre une action illégale imminente d’après la jurisprudence
Brandenburg v. Ohio 31. La Cour en est arrivée à la conclusion selon laquelle cet album était protégé par le Premier amendement, bien qu’elle n’ait
visiblement pas apprécié le contenu des paroles. En effet, la Cour a déclaré que bien qu’elle « ne puisse recommander 2Pacalyse Now à quiconque, cela
ne retirera pas les droits à la liberté d’expression de Shakur sur la base des preuves présentées par les Davidson »32.

Ces affaires démontrent que la protection offerte par le premier amendement est applicable aux paroles de chanson et qu’elle est relativement
étendue, à l’image de la place importante occupée par le Premier amendement aux États-Unis. Celle-ci apparaît pleinement justifiée en ce qui
concerne les cas « d’incitation au suicide » dans la mesure où la liberté d’expression artistique serait gravement entravée si les auteurs d’une chanson
pouvaient être tenus pour responsables de la réception de celle-ci par les auditeurs33. Il apparaît difficilement concevable qu’une chanson évoquant le
suicide puisse être pénalisée par rapport à un film ou à un livre sur le même sujet. Une distinction est en revanche à faire entre l’évocation du suicide et
la provocation au suicide. En France, cette dernière est réprimée depuis la loi du 31 décembre 198734. C’est sur le fondement de cette loi que l’éditeur
du livre Suicide, mode d’emploi a été condamné en 199535.

En matière de liberté d’expression artistique, l’analyse de la jurisprudence américaine démontre que les paroles d’une chanson ne peuvent être
constitutives d’une incitation à une action illégale imminente qu’à des conditions strictes. Cela témoigne, de manière plus générale, de l’octroi d’une
liberté d’expression renforcée dans les paroles de chansons.

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B. — L’octroi d’une liberté d’expression renforcée pour les paroles de chansons
La musique est souvent un vecteur de contestation, de dénonciation de certains travers de la société. De ce fait, elle contribue au débat démocratique, il
est donc nécessaire que celle-ci bénéficie d’une protection renforcée36. Dans la jurisprudence, cela s’est traduit par la reconnaissance d’un certain droit
à la critique (1) et d’un droit de choquer (2).

1. La reconnaissance d’un droit à la critique


Le juge a reconnu que la liberté artistique dans le domaine de la musique s’accompagnait d’un certain droit de critiquer. Cela s’est illustré en Espagne
avec une affaire concernant le groupe punk Soziedad Alkoholika. Il était reproché au groupe de faire l’apologie du terrorisme dans plusieurs de ses
chansons, notamment dans la chanson Síndrome del Norte faisant référence au syndrome dont souffraient certains membres de la Guardia Civil en
lien avec l’organisation ETA. Le groupe a été relaxé en première instance en 2006 37. Suite à cette décision, un recours a été formé par l’Association des
victimes de terrorisme devant la Cour suprême espagnole en 200738. En l’espèce, la motivation de la Cour est intéressante dans la mesure où elle fait
directement référence à la liberté d’expression en citant l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ainsi que la jurisprudence de la
Cour de Strasbourg. La Cour a examiné le grief selon lequel les paroles de cette chanson seraient constitutives de discrédit, de mépris ou d’humiliation
envers les victimes de crimes terroristes, en violation de l’article 578 du Code pénal espagnol39. Cet article a été introduit par la LO 7/2000 en raison de
« l’apologie répétée du terrorisme, […] l’infraction la plus fréquente de l’ETA »40. La Cour a réfuté cet argument dans la mesure où elle a estimé qu’une
interprétation stricte de la notion de victime était nécessaire pour que l’article soit applicable et que cette condition n’était pas remplie en l’espèce. La
Cour a estimé que le type de discours contenu dans les paroles du groupe relevait d’un certain droit à la critique, tolérable dans une société
démocratique41. La Cour suprême a donc confirmé l’acquittement des membres du groupe et a démontré, en accord avec les dispositions de la
Convention européenne des droits de l’homme42, que les restrictions à la liberté d’expression devaient être strictement encadrées, même si en
l’espèce, la Cour ne fait pas directement référence à la liberté artistique. En revanche, la Cour suprême a mis en application l’article 578 du Code pénal
à l’encontre de Tasio Erkizia Almandoz, un membre du parti indépendantiste basque. La Cour a reproché à ce dernier d’avoir fait la glorification
publique de José Miguel Beñarán Ordeñana, dit « Argala », qui fut l’un des dirigeants de l’ETA43. Suite à cette décision, le requérant a formé un recours
d’amparo devant le Tribunal constitutionnel en estimant que ses droits à la liberté d’opinion et d’expression avaient été violés. Le Tribunal a confirmé
cette décision, considérant que la condamnation du requérant pour apologie du terrorisme ne heurtait pas son droit à la liberté d’expression44. Dans
ce cas, la proximité du requérant avec le mouvement basque semblait moins difficile à établir, à l’inverse le groupe Soziedad Alkoholika avait
condamné publiquement et à plusieurs les actions de l’ETA, ce qui a pu permettre au juge de privilégier le droit à la liberté d’expression.

En France, une affaire a opposé le rappeur Youssoupha au journaliste politique Éric Zemmour. Ce dernier avait porté plainte contre le rappeur pour
injures publiques à cause des paroles de l’une de ses chansons45, délit prévu à l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de presse46, l’injure est
définie comme « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait »47. La juridiction de première
instance a donné raison au requérant. En revanche, la cour d’appel de Paris a infirmé ce jugement48. En l’espèce, la cour a écarté le délit d’injures
publiques d’une part, car elle a estimé qu’Éric Zemmour était un « personnage public » et d’autre part, et surtout, car elle a tenu compte du caractère
artistique de la chanson. De ce fait, « la chanson de rap bénéficie d’un préjugé favorable surtout quand elle contient un message politique ou encore
qu’elle traite d’une question d’intérêt général. […] En somme, le critère de débat d’intérêt général permet à la cour d’appel de faire prévaloir la liberté
d’expression artistique du chanteur de rap sur la protection de la réputation du journaliste »49. Cette décision traduit également la reconnaissance d’un
certain droit à la critique, en particulier lorsque cela concerne un personnage public. En l’espèce, le caractère artistique de l’œuvre et la nature
particulière de la chanson de rap ont été pris en considération par le juge. À titre de comparaison, Dieudonné a été condamné pour injure publique du
fait des propos tenus à l’encontre du Premier ministre, Manuel Valls, dans une vidéo mise en ligne sur Internet50. En l’espèce, il n’y avait aucun
caractère artistique attaché à la vidéo dans la mesure où celle-ci relevait simplement d’un « billet d’humeur » posté par l’auteur.

2. La reconnaissance d’un droit de choquer


La protection étendue de la liberté d’expression artistique implique également la reconnaissance d’un droit d’offenser ou de choquer. Cela ressort
particulièrement lorsqu’il est question du caractère obscène de certaines paroles de chansons.

Comme cela a été vu, la protection offerte par le Premier amendement à la Constitution américaine est très étendue, toutefois elle ne couvre pas les
propos obscènes. Afin de déterminer si des propos peuvent être considérés – ou non – comme obscènes, la Cour suprême américaine a mis en place le
« Miller test »51. Pour qualifier des propos d’obscènes, trois conditions doivent être réunies. Il faut tout d’abord que « la personne moyenne, appliquant
les normes contemporaines de la communauté, trouve que le travail dans son ensemble fait appel aux instincts les plus bas ». Ensuite, il est nécessaire
que « le travail dépeigne ou décrive, de manière manifestement offensante, une conduite sexuelle spécifiquement définie par la loi applicable de
l’État ». Enfin, il faut que « le travail, dans son ensemble, manque de valeur littéraire, artistique, politique ou scientifique sérieuse »52. La jurisprudence
américaine s’est montrée hésitante en ce qui concerne la qualification d’obscène de certaines paroles de chansons de rap. Une cour de district de
Floride a été confrontée à une affaire concernant un groupe de rap, 2 Live Crew, dont l’album As Nasty As They Wanna Be avait été qualifié d’obscène
par les autorités du comté de Broward, en Floride. En conséquence de cette qualification, les magasins de disques avaient été contraints de retirer le
disque des rayons. C’est la raison pour laquelle la maison de disques a contesté cette décision devant la juridiction de Floride53. Il appartenait donc aux
juges de vérifier si les propos contenus dans l’album de 2 Live Crew pouvaient être qualifiés d’obscènes d’après les critères du Miller test. La cour a
commencé à vérifier l’existence d’un « prurient interest », à la lumière de la définition retenue par l’arrêt Roth v. United States de la Cour suprême54. En
l’espèce, la cour a estimé que ce premier critère était rempli, eu égard aux paroles de certaines chansons. Ensuite, la cour devait établir si l’album en
question était « manifestement offensant ». D’après elle, cela était le cas dans la mesure où l’album « dépeint la conduite sexuelle en détail graphique.
La spécificité de la description rend le message audio analogue à une caméra avec un zoom »55. Enfin, pour que la protection du Premier
amendement soit levée, il était nécessaire de démontrer l’absence de valeur littéraire, artistique, politique ou scientifique. A priori, ce troisième élément
semble exclure la possibilité de qualifier un travail musical d’obscène. Pourtant, la cour a estimé que « la musique […] n’est pas exemptée des lois
relatives à l’obscénité d’un État. Les œuvres musicales sont obscènes si elles répondent au Miller test ». Or, d’après elle, pris dans son ensemble, l’album
de 2 Live Crew ne possède pas de caractère artistique, ni de valeur sociale. D’après la cour, les trois conditions du « Miller test » étaient réunies et l’album
du groupe pouvait donc être considéré comme obscène, par conséquent il n’entrait pas sous la protection du Premier amendement.

La décision de la cour de Floride pose la question de savoir si le « Miller test » est adapté au domaine artistique et notamment à celui de la musique.
Dans son arrêt, la cour s’est défendue de tout rôle de censeur ou de critique d’art56, pourtant en déniant la valeur artistique de l’album de 2 Live Crew,
force est de constater que le résultat est similaire. En effet, dans cette troisième étape, le juge est amené à estimer la valeur artistique et non pas à
prendre en compte la nature artistique de l’œuvre57. Or, que le juge puisse apprécier la valeur artistique d’une œuvre semble laisser une place trop
importante à l’interprétation et à la subjectivité. En ce qui concerne l’affaire 2 Live Crew, la maison de disques a fait appel de la décision de la district
court, et c’est précisément la question de l’interprétation de la valeur artistique qui fut au cœur de la décision d’appel58. Dans sa décision, la cour
d’appel a rejeté l’argument selon lequel la simple écoute d’un disque pouvait permettre au juge de déterminer si celui-ci avait une valeur artistique. La
cour a donc renversé le jugement et a refusé de reconnaître le caractère obscène de cet album. Cette décision est incontestablement plus objective
dans sa motivation et surtout plus protectrice de la liberté artistique. Elle est même allée plus loin, car d’après la cour, « parce que la musique possède
une valeur artistique inhérente, aucune œuvre musicale seule ne peut être déclarée obscène ». Pourtant, la même année, l’album de 2 Live Crew a été

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qualifié d’obscène par une juridiction canadienne59. En l’espèce, l’album avait été déclaré obscène sur le fondement de l’article 163 (8) du Code
criminel canadien60. D’après les requérants, cette disposition contrevenait à l’article 2 (b) de la Charte canadienne des droits et libertés garantissant la
liberté d’expression. Quelques jours avant que la cour de l’Ontario ne se prononce, la Cour suprême canadienne a rendu une décision dans laquelle elle
a reconnu qu’il pouvait exister des limites à la liberté d’expression en ce qui concerne l’obscénité61. Dans le cas de 2 Live Crew, la cour s’est prononcée
en faveur du caractère obscène de l’album en raison de sa vulgarité à l’égard des femmes. Toutefois, la cour n’a pas fait référence au caractère artistique
de l’œuvre, alors même que cela était prévu dans la décision de la Cour suprême62.

La position de la cour d’appel de Floride semble la plus respectueuse de la liberté artistique, celle-ci a d’ailleurs été confirmée dans l’affaire précitée
concernant le rappeur Tupac. Les requérants avaient soulevé l’argument selon lequel l’album 2pacalypse Now ne serait pas protégé par le Premier
amendement en raison de son caractère obscène, ce que la Cour a refusé d’admettre63. Cette position protectrice de la jurisprudence américaine
tranche avec celle qui a été retenue, pendant un temps, par l’Allemagne, dont la Loi fondamentale protège pourtant la liberté artistique. L’affaire
mettait en cause le groupe de metal allemand Rammstein dont l’album Liebe ist für alle da a été indexé dès sa sortie en 2009. En Allemagne, il existe
une autorité administrative, rattachée au gouvernement, appelée Bundesprüfstelle für jugendgefährdende Medien , dont le but est de protéger les
mineurs des médias susceptibles de constituer un danger. D’après l’article 18 (1) de la loi sur la protection des mineurs, « il s’agit surtout des médias
produisant un effet indécent, abrutissant, incitant à la violence, à la criminalité ou au racisme ». Si cette autorité estime qu’un média présente un tel
caractère, il est inscrit sur une liste appelée « Index » et ne peut par conséquent pas être distribué à des mineurs. L’album de Rammstein a été placé sur
l’« Index » en raison de son caractère obscène lié aux paroles de la chanson Ich Tu Dir Weh ainsi que d’une photographie présente dans le livret. La
décision des autorités allemandes semblait donc en contradiction avec l’article 5 (3) de la Loi fondamentale allemande garantissant la liberté artistique.
C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu la cour administrative de Cologne, en autorisant la levée de l’album de l’« Index »64. Si les juridictions allemandes ont
finalement tranché en faveur de la liberté artistique, il n’en demeure pas moins que la décision des autorités allemandes a été préjudiciable pour le
groupe Rammstein dans la mesure où cela l’a privé d’un certain nombre de ventes d’albums. C’est la raison pour laquelle le groupe a décidé d’engager
une procédure à l’encontre des autorités allemandes, devant la cour régionale de Bonn, afin d’obtenir réparation. Le 15 juin 2016, la cour de Bonn a fait
une proposition de règlement entre le groupe et la République fédérale d’Allemagne après avoir jugé illégale l’interdiction temporaire de l’album
Liebe ist für alle da. Basé sur la compensation pécuniaire des pertes dues à l’interdiction de diffusion de l’album évaluée à 15 000 euros, le règlement
doit également engager une déclaration officielle d’erreur du département fédéral des médias dangereux pour la jeunesse65.

En termes de propos obscènes, la musique paraît bénéficier d’un traitement plus favorable que d’autres modes d’expression artistique. À titre de
comparaison, il ressort de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme que la confiscation de toiles ayant un caractère obscène
n’entraîne pas une violation de l’article 10, à l’image de la décision de la Cour dans l’affaire Müller66.

La liberté d’expression artistique renforcée dont bénéficie la musique semble indispensable dans une société démocratique. La réception directe du
message artistique contenu dans la musique par l’auditeur nécessite une attention particulière de la part des juges. Toutefois, « l’utilisation du moyen
artistique ne saurait toujours suffire à excuser le propos »67. Aussi, se pose la question de l’articulation de la liberté d’expression artistique avec le
discours de haine qui peut être véhiculé dans les paroles de chansons.

II. — L’ARTICULATION DÉLICATE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ARTISTIQUE DANS LE DOMAINE DE LA


MUSIQUE AVEC LE DISCOURS DE HAINE
Si la musique bénéficie d’une protection plus étendue en matière de liberté d’expression artistique, cela ne signifie pas qu’il n’existe aucune limite. En
effet, la liberté d’expression n’est pas un droit absolu et elle peut être soumise à des restrictions, comme le mentionne l’article 10, § 2 de la Convention
européenne des droits de l’homme68 par exemple. La Cour européenne des droits de l’homme a admis que des restrictions puissent être apportées à
cette liberté en matière de discours de haine soit au titre de l’article 10, § 2, soit au titre de l’article 17 relatif à l’abus de droit69. Aussi, il semble
nécessaire de s’interroger sur l’articulation de la liberté d’expression artistique dans le domaine de la musique avec le discours de haine. En effet, la
musique est un moyen particulièrement fort pour exprimer des idées, même les plus extrêmes70. Reste toutefois à déterminer ce qui constitue un tel
discours71. D’après la recommandation 97 (20) du Comité des ministres du Conseil de l’Europe sur le discours de haine, ce terme « doit être compris
comme couvrant toutes formes d’expression qui propagent, incitent à, promeuvent ou justifient la haine raciale, la xénophobie, l’antisémitisme ou
d’autres formes de haine fondées sur l’intolérance ». Toutefois, la qualification du discours de haine dépend beaucoup de ce qui est prévu dans les
législations nationales, lorsqu’elles existent. Le juge se doit donc d’opérer une conciliation délicate entre la liberté d’expression renforcée accordée à la
musique et l’existence d’un discours de haine dans les paroles de chansons. Il apparaît que du fait de la protection renforcée dont bénéficie la musique,
le discours de haine est difficile à caractériser (A). Néanmoins, certains types de discours véhiculés dans les paroles de chansons sont davantage
réprimés par le juge, à l’image de ceux contenus dans la « white power music » (B).

A. — La délicate caractérisation du discours de haine dans les paroles de chansons


Le message véhiculé par la musique est direct, c’est la raison pour laquelle il est souvent difficile de concevoir l’existence d’une distanciation entre les
paroles de la chanson et leur auteur. Pourtant, la prise en compte de cette distanciation est indispensable puisque, si elle existe, elle permet de ne pas
attribuer le discours de haine à l’auteur des paroles (1). En revanche, si cette distanciation ne peut être établie, l’auteur des propos haineux contenus
dans les paroles peut être condamné (2).

1. La prise en compte nécessaire de la distanciation entre les paroles et l’intention de l’artiste


Au Canada, un requérant a saisi la Commission des droits de l’homme d’Alberta après avoir trouvé, dans un magasin de disques, deux albums lui
semblant exposer une personne ou un groupe de personnes à un discours de haine72. En l’espèce, étaient en cause la chanson Kill the Christian du
groupe Deicide issue de l’album Once Upon the Cross, ainsi que la chanson Kill all the White People, présente sur l’album Bloody Kisses du groupe Type
O Negative . D’après lui, les paroles issues de ces chansons seraient contraires à l’« Human Rights Act » de la province d’Alberta, et plus précisément aux
dispositions des sections 2 et 3 prévoyant notamment l’interdiction des discours de haine. La Commission a refusé de suivre le requérant, si celle-ci ne
fait pas directement référence à la liberté artistique, elle semble avoir pris en considération la spécificité du message. En effet, elle mentionne que
« l’artiste lui-même ne s’attendait pas à être pris au sérieux et le communique volontiers au public ». Aussi, la Commission a rejeté la demande du
requérant en estimant que les paroles en cause ne constituaient pas une véritable atteinte à la vulnérabilité du groupe concerné, notamment du fait de
la prise de distance entre celles-ci et leurs auteurs.

Cette affaire souligne la difficulté à laquelle le juge peut être confronté afin de distinguer entre les paroles qui peuvent être directement attribuées à
leur auteur et celles qui relèvent d’une certaine distanciation. Comme l’explique Baptiste Nicaud, « le caractère par principe fictionnel d’un message
artistique doit influer sur l’analyse traditionnelle de l’intention de l’auteur, son “objectif”. Classiquement, la question revient à savoir si l’œuvre est
marquée par une “distanciation” à l’égard des propos litigieux ou si elle renferme “la pensée directe” de l’auteur et devient un instrument
propagandiste. L’objet de l’analyse est de rechercher si l’auteur a l’intention d’inciter à la haine ? »73 Or, cette distanciation semble plus délicate à
admettre en ce qui concerne la musique. En effet, la réception du message artistique contenu dans une chanson est plus directe par rapport au
message contenu dans un roman où l’auteur n’apparaît qu’à travers un « personnage de fiction », il en va de même pour un film ou une pièce de

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théâtre. Une affaire illustre particulièrement bien ce cas de figure, elle concerne le rappeur français Orelsan . À l’origine des faits, il y a un concert au
Bataclan le 13 mai 2009 au cours duquel ce dernier a interprété plusieurs chansons dont certaines paroles seraient constitutives des délits réprimés par
la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, dont celui de provocation à la haine envers les femmes. Une action en justice a été engagée à son
encontre par plusieurs associations féministes. Le 31 mai 2013, Orelsan a été reconnu coupable du délit d’injure publique envers un groupe de
personnes à raison de leur sexe ainsi que du délit de provocation à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur sexe pour certaines
paroles. Après quelques difficultés procédurales, l’affaire a été renvoyée devant la cour d’appel de Versailles74. Les juges devaient donc déterminer si les
paroles prononcées par Orelsan dans les chansons incriminées relevaient ou non d’une œuvre de fiction. Si les associations requérantes niaient cette
possibilité, Orelsan , de son côté mettait en avant que « toutes ses chansons s’inscrivaient dans le cadre d’une œuvre de l’esprit, avec des histoires et des
personnages imaginaires, totalement distincts de sa personne et de ses convictions personnelles ». Ce dernier revendiquait donc la liberté de création et
d’expression artistique. La cour d’appel a tranché en faveur du rappeur et sa motivation apparaît particulièrement convaincante. Celle-ci a tout d’abord
commencé par rappeler le régime de protection renforcée dont bénéficie le domaine de la création artistique et plus particulièrement le rap75. À ce
titre, la juridiction s’inscrit dans la lignée jurisprudentielle visant à accorder une protection renforcée au rap, comme ce fut le cas dans les affaires
concernant le groupe Sniper76 et le rappeur Youssoupha77. La cour d’appel de Versailles a, ensuite, noté que le rappeur Orelsan n’avait jamais tenu de
propos violents à l’égard des femmes en interview. Il s’agit ici d’un élément important dans la mesure où il traduit bien une certaine forme de
distanciation entre l’auteur et les paroles de ses chansons. À ce propos, Agnès Tricoire établit une différence significative entre le cas Orelsan et celui du
groupe Sexion d’Assault. Dans une de leurs chansons, ces derniers tenaient des propos particulièrement virulents à l’égard des homosexuels et ils
avaient, en outre, déclaré ouvertement être homophobes en interview, l’argument de la distanciation n’est donc plus valable dans ce cas de figure78.
Dans l’affaire Orelsan , la cour d’appel de Versailles en est arrivée à la conclusion selon laquelle « les paroles de ses textes […] par nature injurieuses et
violentes à l’égard des femmes […] doivent en réalité être analysées dans le contexte du courant musical dans lequel elles s’inscrivent et au regard des
personnages imaginaires, désabusés et sans repères qui les tiennent. Les sanctionner au titre des délits d’injures publiques à raison du sexe ou de
provocation à la violence, à la haine et à la discrimination envers les femmes, reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-
être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération, en violation du principe de la liberté d’expression ».

En se gardant de tout jugement de valeur, la cour d’appel de Versailles a rendu une décision équilibrée et protectrice de la liberté artistique. Le critère
de l’existence d’une distanciation entre l’auteur et les paroles semble particulièrement pertinent, même s’il faut bien reconnaître que cette distance
peut s’avérer difficile à évaluer. Cependant, dans le cas d’espèce, rien ne permettait d’affirmer que les paroles des chansons d’Orelsan représentaient
autre chose qu’une œuvre fictionnelle, comme cela aurait pu être le cas dans un roman ou un film. Inversement, lorsqu’une telle distanciation n’existe
pas et que le discours de haine est caractérisé, une limitation de la liberté d’expression artistique semble donc possible.

2. L’absence de distanciation caractérisant le discours de haine


En l’absence de distanciation entre l’auteur et les paroles de ses chansons, la liberté d’expression artistique peut être limitée si les paroles s’apparentent
à un discours de haine. La Cour suprême espagnole l’a admis dans une affaire concernant le rappeur Pablo Hasel79. Ce dernier s’est vu attrait devant
les juridictions espagnoles sur le fondement de l’article 578 du Code pénal relatif à l’apologie du terrorisme. Il lui était reproché de faire notamment
l’apologie du groupe ETA dans plusieurs de ses chansons largement diffusées sur Internet. Contrairement à la conclusion à laquelle était parvenue la
Cour pour le groupe Soziedad Alkoholika, elle a confirmé la décision de condamnation du rappeur. La différence entre les affaires est précisément liée à
l’idée de distanciation. En effet, le groupe Soziedad Alkoholika avait clairement manifesté son rejet des actions menées par le groupe ETA, comme l’a
rappelé la Cour suprême en l’espèce. Cette distanciation ne pouvait être établie de manière aussi claire en ce qui concerne Pablo Hasel, c’est la raison
pour laquelle la Cour suprême a traité l’affaire de manière différente. En outre, les paroles des chansons du requérant ne relevaient pas simplement de
la critique, comme dans le cas précité, mais pouvaient s’apparenter à un discours de haine. Pour ces différentes raisons, la Cour suprême a estimé que
les paroles des chansons de Pablo Hasel allaient au-delà de ce qui peut être toléré par la liberté d’opinion, mais qu’elles dépassaient également les
limites de la liberté artistique garantie par l’article 20 de la Constitution espagnole80.

Cet exemple tiré de la jurisprudence espagnole démontre que la liberté d’expression renforcée dont bénéficie la musique n’est pas illimitée. Lorsque
les paroles d’une chanson peuvent s’apparenter à un discours de haine et qu’une distanciation ne peut être établie entre celles-ci et leur auteur, le juge
peut admettre une restriction à la liberté d’expression. À ce titre, la décision de la Cour suprême espagnole s’inscrit dans la lignée de la jurisprudence
de la Cour européenne des droits de l’homme, liée au discours de haine, à l’image de l’arrêt Leroy81. En l’espèce, le requérant, un dessinateur
collaborant avec plusieurs journaux basques, avait été condamné pour apologie du terrorisme sur le fondement de l’article 24, alinéa 6 de la loi du
29 juillet 1881 sur la presse. Suite aux attentats du 11 septembre, ce dernier avait réalisé un dessin représentant les attentats accompagné du texte :
« Nous en avions tous rêvé… le Hamas l’a fait », en référence au slogan de la marque Sony. Suite aux réactions provoquées par le dessin, un communiqué
avait été publié par le journal la semaine suivante accompagné d’une explication du dessinateur. Devant la Cour de Strasbourg, le requérant a fait
valoir que sa condamnation pour apologie du terrorisme entraînait une violation de l’article 10 de la Convention. Après avoir exclu l’application de
l’article 17 de la Convention82, la Cour de Strasbourg a donc examiné l’affaire sous l’angle de l’article 10. D’après elle, la condamnation du requérant
constituait bien une ingérence dans l’exercice de sa liberté d’expression, celle-ci était prévue par la loi et poursuivait plusieurs buts légitimes83. La Cour
devait ensuite déterminer si cette ingérence était nécessaire dans une société démocratique. Lors de son examen, elle a tenu compte « du langage
inhérent à la caricature, qui peut être une forme d’expression artistique, par définition provocatrice »84. Si la juridiction strasbourgeoise a reconnu le
caractère satirique de la publication du requérant et la nécessité d’examiner avec une attention particulière l’atteinte au droit d’un artiste de recourir à
ce mode d’expression, elle a ajouté que cela n’empêchait pas toute possibilité de restriction. D’après la Cour, la condamnation du requérant n’entraînait
pas une violation de l’article 10 de la Convention, compte tenu du fait que le dessin avait été publié seulement 2 jours après les attentats du
11 septembre et dans une région politiquement sensible.

La liberté d’expression artistique n’est donc pas illimitée. Lorsqu’il n’est pas possible d’établir une distance entre les paroles, susceptibles d’entrer dans
la catégorie du discours de haine, et leur auteur, celui-ci peut, a priori, faire l’objet d’une condamnation. En matière musicale, il existe un mouvement
particulier répondant à l’appellation de « white power music », qui pose question en matière de limites à la liberté d’expression artistique.

B. — Les limites de la liberté artistique : le cas de la white power music


La « white power music » peut être définie comme « toute musique produite et distribuée par des individus qui cherchent activement à promouvoir ce
qu’ils considèrent comme un programme de suprématie blanche »85. Elle n’est pas limitée à un genre musical, elle se retrouve dans une certaine
branche du courant punk, mais également dans le black metal à travers un courant intitulé, de manière explicite, le national socialist black metal86.
Les artistes évoluant dans cette mouvance ne peuvent ici se retrancher derrière l’idée de distanciation dans la mesure où ces derniers sont souvent
partisans de l’extrême droite et qu’ils le revendiquent ouvertement87. Pourtant, tous les États n’ont pas la même attitude face à ces groupes, ce qui
témoigne de deux conceptions différentes de la liberté d’expression. Alors que certains États n’hésitent pas à condamner les membres de ces groupes
pour les propos contenus dans leurs chansons (1), d’autres, comme les États-Unis, privilégient la liberté d’expression (2).

1. La condamnation des discours de haine contenus dans la white power music


L’Allemagne compte un nombre important de groupes se rattachant à la white power music. Face à ce phénomène, le gouvernement fédéral a

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commencé, dans les années 1990, à prendre davantage de sanctions à l’encontre de ces groupes88. L’une des possibilités de sanctions est de placer les
albums contenant des propos ouvertement néonazis sur l’« Index ». Il existe aussi une disposition spécifique dans à l’article 130, alinéa 1 et 2 du Code
pénal allemand qui punit le discours de haine (Volksverhetzung)89. Cela témoigne d’une tension entre la garantie constitutionnelle de la liberté
artistique, prévue à l’article 5, § 3 de la Loi fondamentale allemande et l’interdiction pénale du discours de haine.

Deux affaires illustrent la position des juridictions allemandes par rapport à certains groupes issus de la white power music. La première concerne le
groupe allemand Landser dont tous les albums ont été placés sur l’« Index », en raison de leur contenu ouvertement néonazi qui transparaît tant au
niveau des jaquettes d’albums, qu’au niveau des titres et des paroles des chansons. En 2003, le groupe a été qualifié d’organisation criminelle par la
deuxième chambre criminelle de la cour d’appel de Berlin90. Cette affaire a été examinée à l’aune de la liberté artistique, protégée par l’article 5,
alinéa 3 de la Loi fondamentale. D’après la Cour, cette liberté n’est pas illimitée, notamment lorsqu’elle est utilisée pour s’opposer aux valeurs de la
Constitution. Or, la Cour note qu’« en l’espèce, les défendeurs avaient clairement l’intention d’abuser de l’art, on retrouve cela de manière significative
dans une ligne de la chanson Rock gegen ZOG qui dit : “L’art est une arme pour les musiciens disposés à la violence” »91. La cour d’appel allemande a
refusé de faire prévaloir la liberté artistique des membres du groupe Landser, le chanteur a été condamné à une peine de prison et le groupe a eu
l’interdiction de se reformer. La Cour constitutionnelle allemande a également eu l’occasion de se prononcer sur les limites de la liberté artistique dans
le domaine de la musique, en ce qui concerne le groupe Spreegeschwader92. Tout comme Landser, les membres de ce groupe ont vu leurs albums
placés sur l’« Index » en raison du contenu des paroles de certaines chansons qui, selon le département fédéral, glorifiaient le nazisme et incitaient à la
haine raciale. C’est précisément cette inscription sur l’« Index » que contestaient les requérants devant la Cour de Karlsruhe, en ce qu’elle porterait
atteinte à leur droit à la liberté d’opinion, protégé par l’article 5 de la Loi fondamentale. La Cour a refusé de suivre l’argument des requérants, d’après
elle « même si son indexation représente une intervention significative dans la liberté d’expression, l’intervention est par conséquent justifiée par le
rang élevé de protection de la jeunesse »93. Dans ces deux affaires, il était clairement établi que le contenu des chansons ne relevait pas d’une œuvre
de fiction, les membres de ces groupes étant ouvertement liés à des organisations d’extrême droite94. En l’absence de distanciation, la protection
renforcée de la liberté artistique ne semble plus pouvoir jouer pour le juge ce qui lui permet d’admettre des restrictions à celle-ci, dès lors que
l’existence d’un discours de haine est caractérisée.

Les juridictions allemandes ne sont pas les seules à avoir admis des restrictions à la liberté d’expression artistique en matière de white power music. En
juillet 2009, une juridiction tchèque a été confrontée à ce cas de figure avec le groupe Imperium. En l’espèce, était en cause un album du groupe
intitulé Triumph of the Will , en référence à un film de propagande nazie des années 1930. La Cour a estimé que les paroles des chansons présentes sur
l’album pouvaient s’analyser comme une forme de propagande haineuse et a condamné le chanteur à une peine de prison. Comme en Allemagne, il
n’existait en l’espèce pas de distanciation possible entre le chanteur et les paroles puisque ce dernier était militant dans un mouvement néonazi95. En
dépit de la protection de la création artistique présente à l’article 15, § 2 de la Charte des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la
République tchèque a fait prévaloir les restrictions pouvant s’opposer à celle-ci, en raison du discours de haine véhiculé par les chansons du groupe.

Récemment, la question de la condamnation des groupes ouvertement néonazis a resurgi dans l’actualité. Le 15 octobre 2016, une commune suisse est
devenue le centre d’un concert néonazi rassemblant plus de 5 000 personnes. Si le concert en lui-même s’est déroulé sans incident, il pourrait
connaître des répercussions sur le plan judiciaire. En effet, la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) a estimé qu’il y avait violation de la
norme antiraciste prévue à l’article 261 bis du Code pénal suisse96. Dans un communiqué du 18 octobre 2016, elle a déclaré avoir déposé plainte contre
plusieurs groupes présents à ce concert ainsi que contre les organisateurs de ce dernier. Si en l’espèce le concert n’a pas été interdit en amont97 des
mesures postérieures peuvent donc être envisagées. En juillet 2016, l’association française SOS Racisme a saisi le préfet de l’Ain afin d’obtenir
l’interdiction du « Ragnard Rock Fest », un festival qui devait se tenir du 21 au 24 juillet. Dans un communiqué de presse du 7 juillet 2016, l’association
dénonçait la présence de plusieurs groupes dont les paroles de chansons « faisant l’apologie de crimes contre l’humanité et incitant à la haine raciale ».
Comme l’a rappelé le Conseil d’État dans l’ordonnance « Dieudonné » du 9 octobre 2014 : « l’exercice de la liberté d’expression est une condition de la
démocratie et l’une des garanties du respect des autres droits et libertés ; qu’il appartient aux autorités chargées de la police administrative de prendre
les mesures nécessaires à l’exercice de la liberté de réunion ; que les atteintes portées, pour des exigences d’ordre public, à l’exercice de ces libertés
fondamentales doivent être nécessaires, adaptées et proportionnées »98. Il appartenait donc à l’autorité de police, en l’espèce le préfet, d’évaluer si la
manifestation en question était susceptible de porter atteinte à l’ordre public. Dans le cas d’espèce, le préfet a maintenu le festival après avoir reçu des
engagements de la part des organisateurs, ces derniers ayant nié toute présence de groupes néonazis. Dans le cas du « Ragnard Rock Fest », la situation
était différente de ce qui s’est passé en Suisse, où le rassemblement était ouvertement une tribune néonazie. Il apparaît donc nécessaire que chaque
affaire soit traitée au cas par cas afin d’éviter toute atteinte injustifiée à la liberté d’expression artistique.

Le mouvement white power music fait inévitablement naître des tensions entre la protection de la liberté artistique et la condamnation des discours
de haine qui est prévue dans plusieurs législations des États membres de l’Union européenne. Lorsque de tels groupes sont attraits devant les
juridictions, la liberté d’expression artistique a tendance à s’effacer au profit de la condamnation des propos haineux. Cette position est conforme à
celle de la Cour européenne des droits de l’homme dans la mesure où la protection de l’article 10 de la Convention ne s’étend pas aux auteurs de
propos racistes, aux discours de haine religieuse ou encore aux discours de haine ethnique et antisémite99. En revanche, cette conception tranche
radicalement avec l’approche américaine qui a tendance à privilégier la liberté d’expression face au « hate speech ».

2. La conception extensive de la liberté d’expression artistique aux États-Unis


Le Premier amendement de la Constitution offre une protection étendue à la liberté d’expression, même lorsqu’il est question des discours de
haine100. Depuis l’affaire Brandenburg v. Ohio 101, la Cour suprême américaine considère que seule l’incitation à une action illégale imminente peut
faire perdre la protection du Premier amendement. Cette conception extensive de la liberté d’expression permet donc aux groupes de white power
music de s’exprimer librement, sans avoir à craindre d’éventuelles poursuites judiciaires. D’ailleurs, certains groupes affichent un message clair à
l’image du groupe Angry Aryans dont l’album Racially Motivated Violence comporte une croix gammée sur la liste et dont la liste des chansons ne
laisse aucune place au doute102. Tout aussi explicite est le cas du groupe Ethnic Cleansing et de son album Hilter Was Right103. L’abondance des
sorties, ainsi que les ventes réalisées sur les labels Resistance Records 104 ou encore Micetrap Records démontrent l’expansion de la scène américaine.

À la lumière des affaires jugées par les juridictions allemandes, de tels groupes auraient certainement fait l’objet d’une condamnation sur le territoire
allemand ainsi que d’une mesure d’indexation afin de protéger les mineurs. C’est précisément sur ce point que certaines réflexions ont été menées afin
d’introduire des limites au Premier amendement105. Cependant, cette limitation s’avère délicate, voire impossible106. En effet, le refus de prohiber le
discours raciste est lié à « la nécessité de maintenir le libre marché des idées »107. De ce fait, les opinions – même racistes – restent largement protégées
aux États-Unis.

La prééminence du Premier amendement aux États-Unis rend quasiment impossible la condamnation des groupes de white power music pour les
propos tenus dans leurs chansons. La seule possibilité pour lever la protection du Premier amendement serait de remplir les conditions du
« Brandenburg test », à savoir l’objectif de produire l’action illégale imminente et la possibilité de produire une telle action. La condition de l’incitation à
produire une action illégale semble pouvoir être caractérisée assez facilement dans le cas de la white power music. En effet, comme cela a été vu, il
n’existe généralement aucune distanciation et le groupe et les paroles prononcées dans la mesure où le discours raciste est largement revendiqué, il ne
s’agit donc pas d’une œuvre de fiction. Une étude des paroles du groupe Angry Aryans démontre que plusieurs chansons peuvent être analysées
comme une incitation à commettre une action illégale à l’encontre d’un groupe spécifique108. Toutefois, le critère de l’immédiateté semble difficile à

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mettre en œuvre dans la mesure où « on ne peut envisager de lutter par ce moyen contre les propos à caractère raciste en soutenant seulement qu’ils
tendent, à moyen ou à long terme, à favoriser la violence raciale »109. Aussi, la nécessité d’une action imminente rend difficilement applicable le
Brandenburg test à la white power Music, le lien de causalité entre une action illégale et une chanson étant délicat à prouver. Cela marque encore une
différence entre l’approche américaine et l’approche européenne, et notamment allemande. En effet, dans son arrêt rendu à l’encontre du
groupe Landser, la cour d’appel de Berlin a mentionné l’influence provoquée par les paroles du groupe sur les auteurs de plusieurs actes violents110. La
protection offerte par le Premier amendement au « hate speech » véhiculé par la white power music semble donc très difficile à remettre en cause.

La musique est le vecteur de propos variés, qu’ils soient légers ou engagés, les artistes doivent être en mesure de s’exprimer librement. Toutefois, ce
droit n’est par définition pas illimité. À ce titre, la conciliation entre la liberté d’expression artistique et le discours de haine apparaît bien délicate et fait
l’objet de positions opposées entre la jurisprudence américaine et celle des États européens. Cela démontre la difficulté à trouver un équilibre entre les
droits des musiciens et les droits de ceux qui pourraient être heurtés par leurs propos.

1 – (1) Thommessen O., président du Parlement norvégien, discours prononcé le 3 mars 2015 à l’occasion du Music Freedom Day : « Music and freedom
of expression are both vital elements in any successful democracy. They are also priceless human treasures. John F. Kennedy and Nelson Mandela used
the same three-word phrase: “Freedom is indivisible”. This says it all. You cannot divide freedom into parts. Do that, and it ceases to be freedom. (…) Curb
artistic freedom and you curb democracy altogether » (traduction libre).
2 – (2) Pour une analyse générale, v. Kearns P., Freedom of artistic expression. Essays on culture and legal censure, 2013, Oxford, Hart Publishing.
3 – (3) DUDH, art. 27 : « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au
progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent (…) ».
4 – (4) PIDCP, art. 19 : « Toute personne a droit à la liberté d’expression », qui « comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des
informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières sous formes orale, écrite, imprimée ou artistique (…) ».
5 – (5) Sur cet article, v. Sayers D., « Article 13 – Freedom of the Arts and Sciences », in Peers S., Hervey T., Kenner J. et Ward A., The EU Charter of
fundamental rights. A Commentary, 2014, Oxford and Portland, Hart Publishing, p. 379-400.
6 – (6) PIDESC, art. 15, § 3 : « Les États parties au présent Pacte s’engagent à respecter la liberté indispensable à la recherche scientifique et aux activités
créatrices ».
7 – (7) Charte arabe des droits de l’homme, art. 42 : « b. Les États parties s’engagent à respecter la liberté de la recherche scientifique et de la créativité et
garantissent la protection des intérêts moraux et matériels liés à la production scientifique, littéraire ou artistique ».
8 – (8) Const. finlandaise, art. 16.
9 – (9) Const. estonienne, art. 38.
10 – (10) Const. italienne, art. 33.
11 – (11) Const. turque, art. 27 : « Chacun possède, en matière de sciences et d’arts, le droit de s’instruire et d’enseigner, de s’exprimer, de diffuser et
d’effectuer toutes espèces de recherches, et ce d’une manière libre. Le droit de diffusion ne peut être exercé dans le but d’obtenir la modification des
dispositions des articles 1er, 2 et 3 de la Constitution. Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à la réglementation par la loi de l’entrée et
de la distribution dans le pays des publications étrangères ».
12 – (12) Pour une liste exhaustive, v. Sénat, Étude de législation comparée, janvier 2016, n° 261, consacrée à la liberté de création artistique.
13 – (13) Const. polonaise, art. 73.
14 – (14) Latil A., Création et droits fondamentaux, 2014, LGDJ, p. 30.
15 – (15) CEDH, 24 mai 1988, n° 10737/84, Müller c/ Suisse.
16 – (16) L. n° 2016-925, 7 juill. 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine : JO 8 juill. 2016.
17 – (17) Sur ce point, v. notamment Eberle E., « Art as speech », University of Pennsylvania Journal of Law and Social Change 2007-2008, vol. 11, n° 1, p. 1-
28.
18 – (18) Levinson J., Essais de philosophie de la musique. Définition, ontologie et interprétation, 2015, Vrin, p. 42 à 43.
19 – (19) U.S. Supreme Court, Ward v. Rock against racism, 491 U.S. 781 (1989): « Music, as a form of expression and communication, is protected under the
First Amendment ». Cela avait déjà été affirmé par une juridiction inférieure en 1984 : United States Court of Appeals, Ninth Circuit, Cinevision Corp. v.
City of Burbank, 745 F. 2d 560, 567 (1984).
20 – (20) Tricoire A., Petit traité de la liberté de création, 2011, La découverte, p. 9 : « La répression des œuvres varie donc en fonction du seuil de
tolérance des lieux et des époques, du degré de liberté communément admis dans la société, sans qu’il y ait une règle commune, un principe de liberté
autres que factuels : non fondée en droit, la liberté de création fluctue au gré du libéralisme ou de l’autoritarisme des gouvernants, qu’ils soient
nationaux ou locaux, et la réaction s’abat comme une foudre aléatoire sur des œuvres désignées comme scandaleuses ici alors qu’elles ne le sont pas là,
aujourd’hui alors qu’elles ne l’étaient pas hier. »
21 – (21) Sur ce point, v. Levine M., Headbanging Against Repressive Regimes – Censorship of heavy metal in the Middle East, North Africa, Southeast Asia
and China, Freemuse Report February 2010, n° 9 ; Korpe M., Shoot the singer! Music censorship today, 2004, Londres, Zed Books.
e
22 – (22) Cohen D., « La liberté de créer », in Cabrillac R. (dir.), Libertés et droits fondamentaux, 22 éd., 2016, Dalloz, p. 575 : « On constate donc que la
liberté de créer procède à la fois de la liberté de pensée et de la liberté d’expression, mais n’est assimilable ni à l’une ni à l’autre, puisqu’elle traduit plus
ou autre chose qu’une pensée, qu’en outre la diffusion n’en est pas nécessairement un élément constitutif et qu’enfin l’usage de cette liberté, en
d’autres termes l’acte de créer, fait naître un objet spécifique appropriable et produit par suite des effets de droit. »
23 – (23) Sur ce phénomène, v. notamment : Berry C. et Wolin D., « Regulating rock music: a new wave of censorship? », Harvard Journal on
Legislation 1986, n° 23, p. 595 à 619 ; Coletti M.-A., « First amendment implications of rock lyrics censorship », Pepperdine Law Review 1987, n° 2, p. 421-
451 ; Goodchild S., « Twisted Sister, Washington wives and the first amendment: the movement to clamp down on rock music », University of Miami
Entertainment & Sport Law Review 1986, n° 2, p. 131-197 ; Holt J.-W., « Protecting America’s youth: can rock music lyrics be constitutionally regulated? »,
Journal of contemporary law 1990, n° 16, p. 53-75.
24 – (24) Nicaud B., « Sexe, drogue et rock’n’roll : faut-il protéger l’auditeur du discours rock ? », in Mastor W., Marguenaud J.-P. et Marchadier F., Droit et
Rock, 2011, Dalloz, p. 102 : « le 1er novembre 1995 est né le Parental Guidance afin de trouver un équilibre entre les intérêts des artistes rock et la
protection des mineurs. Les maisons de disque doivent désormais imprimer sur les pochettes de phonogrammes l’avertissement “ Explicit lyrics –
Parental advisory”, en tant qu’information pour le public lorsque les paroles de chansons sont susceptibles de choquer le jeune public. »
25 – (25) Sur ces affaires, v. notamment : Block P.-A., « Modern-days sirens: rock lyrics and the first amendment », Southern California Law Review 1990,
n° 63, p. 777-832.
26 – (26) U.S. Supreme Court, Brandenburg v. Ohio, 395 U.S. 444 (1969), traduction libre.
27 – (27) Court of Appeals of California, McCollum et al., v. CBS, Inc (1988): « It is simply not acceptable to a free and democratic society to impose a duty
upon performing artists to limit and restrict their creativity in order to avoid the dissemination of ideas in artistic speech which may adversely affect
emotionally troubled individuals. Such a burden would quickly have the effect of reducing and limiting artistic expression to only the broadest
standard of taste and acceptance and the lowest level of offense, provocation and controversy. »
28 – (28) U.S. District Court M.D. Georgia, Waller v. Osbourne (1991), « Plaintiffs failed to demonstrate the existence of a subliminal message or that
defendants’ music incites imminent lawless activity, and were thereby left with the difficult task of attempting to impose liability on the defendants
based on their dissemination of speech fully protected by the first amendment. It was a task plaintiffs were unable to accomplish. »
29 – (29) Second Judicial District Court of the State of Nevada, Vance v. Judas Priest (1990).
30 – (30) U.S. District Court, S.D. Texas, Davidson v. Time Warner Inc (1997). Sur cette affaire, v. : Firestre R. et Jones K., « Catchin’ the heat of the beat: first
amendment analysis of music claimed to incite violent behavior », Loyola of Los Angeles Entertainment Law Review 2000, n° 1, p. 1-31.
31 – (31) Ibid. : « Assuming, as the Davidsons strenuously argue, that Shakur intended his music to incite imminent, lawless conduct, the Court is of the
opinion that the mere broadcast of 2Pacalypse Now is not likely to incite or produce illegal or violent action ».
(32) Ibid. (traduction libre).
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32 – Ibid. (traduction libre).
(32)
33 – (33) Holt J.-W., « Protecting America’s youth: can rock music lyrics be constitutionally regulated? », préc.: « If courts liberalize the Brandenburg test in
order to reach facts similar to the facts of McCollum, artistic expression may be severely inhibited and the “marketplace of ideas” in the realm of artistic
expression may be significantly narrowed ».
er
34 – (34) L. n° 87-1133, 31 déc. 1987 tendant à réprimer la provocation au suicide : JO 1 janv. 1988, p. 13.
e
35 – (35) T. corr. Paris, 16 ch., 11 avr. 1995.
36 – (36) Beauvais P., « Rock et ordre public : jusqu’où peut aller la liberté du rockeur ? », in Mastor W., Marguenaud J.-P. et Marchadier F., Droit et Rock,
2011, Dalloz, p. 54 : « L’histoire de l’art a montré que l’expression pouvait parfaitement contribuer à enrichir le débat démocratique. Ainsi, l’artiste dit
“engagé”, dont les chansons et les déclarations portent sur l’organisation et le devenir de la société, devrait bénéficier de cette liberté d’expression
renforcée. »
37 – (37) Audiencia Nacional Madrid, 21 nov. 2006, n° 62/2006.
38 – (38) Tribunal Supremo, 17 juill. 2007, n° 656/2007.
39 – (39) C. pén. espagnol, art. 578 : « El enaltecimiento o la justificación por cualquier medio de expresión pública o difusión de los delitos
comprendidos en los artículos 571 a 577 de este Código o dequienes hayan participado en su ejecución, o la realización de actos que entrañen
descrédito, menosprecio o humillación de las víctimas de los delitos terroristas o de sus familiares, se castigará con la pena de prisión de uno a dos
años. »
40 – (40) Batarrita A.-A. et Vizcaya M.-A., « La répression du terrorisme en Espagne », Archives de politique criminelle 2006, n° 28, p. 234.
41 – (41) Tribunal Supremo, 17 juill. 2007, n° 656/2007 : « tienen cabida en el derecho a la crítica y en el legítimo ejercicio de la libertad de expresión, y
son tolerables en una sociedad democrática ».
42 – (42) PE, Direction générales des politiques internes de l’Union, « Préoccupations en matière de droits de l’homme par rapport à une législation sur
la provocation ou l’incitation au terrorisme ou l’incitation au terrorisme et aux délits connexes », PE 393, 283, p. 7.
43 – (43) Tribunal Supremo, 14 mars 2012, n° 180/2012 : « La notoriedad de la trayectoria del citado "Argala" y las circunstancias en las que se realizan los
actos, permiten al Tribunal de instancia, concluir, acertadamente, que la mencionada tensión entre el derecho de libertad de expresión y la realización
de los elementos del tipo del art. 578 CP, ha de resolverse a favor de éste. En el caso examinado resulta la procedencia de la condena de Tasio Erkizia,
siendo su conducta penalmente incardinable en el delito de ensalzamiento, previsto y penado en dicho precepto. »
44 – (44) Tribunal Constitucional, 20 juin 2016, STC 112/2016 : « En atención a lo expuesto, debe concluirse que las resoluciones judiciales impugnadas, al
condenar al recurrente como autor de un delito de enaltecimiento del terrorismo por su participación en ese homenaje, no han vulnerado su derecho a
la libertad de expresión. »
45 – (45) Le texte de la chanson « À force de le dire » contenait les paroles suivantes : « À force de juger nos gueules, les gens le savent, qu’à la télé
souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit qu’c’est nous, j’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce
con d’Éric Zemmour. »
46 – (46) L. 29 juill. 1881 sur la liberté de la presse, art. 33.
47 – (47) L. 29 juill. 1881 sur la liberté de la presse, art. 29.
48 – (48) CA Paris, pôle 2, ch. 7, 28 juin 2012, Éric Zemmour c/ Y. Mabiki et autres.
49 – (49) François L., « La liberté d’expression du chanteur de rap ou quand le journaliste “polémiste” crie au dérapage », RLDI 2013, n° 95, p. 32 à 35.
50 – (50) CA Paris, pôle 2, ch. 7, 10 déc. 2015, M. Valls c/ D. Mbala Mbala.
51 – (51) U.S. Supreme Court, Miller v. California, 413 U.S. 15 (1973).
52 – (52) Ibid. : « The average person, applying contemporary community standards would find that the work, taken as a whole, appeals to the prurient
interest; the work depicts or describes, in a patently offensive way, sexual conduct specifically defined by the applicable state law; the work, taken as a
whole, lacks serious literary, artistic, political, or scientific value » (traduction libre).
53 – (53) U.S. District Court Florida, Skyywalker Records Inc. v. Nicholas Navarro (1990). Sur cette affaire v. : Clark A.-L., « “As nasty as they wanna be”:
popular music on trial », New York University Law Review 1990, n° 65, p. 1481-1531.
54 – (54) U.S. Supreme Court, Roth v. United States, 354 U.S. 476 (1957). La Cour rappelle que la notion de « prurient » a été définie par la Cour suprême,
dans l’arrêt Roth, comme « material having a tendency to excite lustful thoughts ».
55 – (55) Ibid. : « depicts sexual conduct in graphic detail. The specificity of the description makes the audio message analogous to a camera with a
zoom lens » (traduction libre).
56 – (56) U.S. District Court Florida, Skyywalker Records Inc. v. Nicholas Navarro (1990): « This court’s role is not to serve as a censor or an art and music
critic. »
57 – (57) Tricoire A., Petit traité de la liberté de création, préc., p. 26 : « Le juge va s’interroger sur les qualités, la valeur artistique de l’objet qui lui est
soumis, alors qu’il devrait, pour rester neutre, s’interroger sur sa nature artistique : il doit donc, à nouveau, réaliser une évaluation qui relève de
l’interprétation, sans que jamais l’œuvre ne soit examinée en tant qu’œuvre. »
58 – (58) U.S. Court of appeals, Eleventh Circuit, 7 mai 1992, Luke Records v. Nick Navarro. Sur cette affaire, v. Wolfe J.-C., « Sex, violence and profanity: rap
music and the first amendment », Mercer Law Review 1993, n° 44, p. 667-686.
59 – (59) Ontario Court of Justice, R. v. Emery, 1992, CarswellOnt 1730 (1992).
60 – (60) Code criminel, art. 163 (8) : « Pour l’application de la présente loi, est réputée obscène toute publication dont une caractéristique dominante
est l’exploitation indue des choses sexuelles, ou de choses sexuelles et de l’un ou plusieurs des sujets suivants, à savoir : le crime, l’horreur, la cruauté et
la violence ».
61 – (61) Supreme Court of Canada, R v. Butler [1992] 1 S.C.R. 452. La Cour suprême a estimé que le caractère obscène pouvait être constitué de trois
manières différentes : « Explicit sex with violence; explicit sex without violence, but which subjects participants to treatment that is degrading or
dehumanizing; and explicit sex without violence that is neither degrading nor dehumanizing. »
62 – (62) Gaudreault-DesBiens J.-F., La liberté d’expression entre l’art et le droit, 1996, Liber, Presses de l’université Laval, p. 236 : « Par ailleurs, la question
de la valeur artistique du matériel en cause, si cru ou déplaisant ait-il été, ne fut même pas abordée. Cela ne manque pas de surprendre étant donné
que le groupe 2 Live Crew est, pour le meilleur ou pour le pire, assez représentatif d’un important courant musical américain. »
63 – (63) U.S. District Court, S.D. Texas, 31 mars 1997, Davidson v. Time Warner Inc.: « In other words, although the Davidsons allege Shakur intended
2Pacalypse Now to appeal to the violent “gangsta” subculture, they have presented no evidence the recording was made to appeal to the prurient
interest. Indeed, the only sexual “appeal” that appears on 2Pacalypse Now’s cassette jacket is the vague statement: “Parental Advisory – Explicit Lyrics.” ».
64 – (64) VG Köln, 31 mai 2010, n° 22 L 1899/09.
65 – (65) LG Bonn – 1 O 471/15.
66 – (66) CEDH, 24 mai 1988, Müller c/ Suisse, préc.
67 – (67) Nicaud B., La réception du message artistique à la lumière de la CEDH, 2011, Université de Limoges, p. 76.
68 – (68) Conv. EDH, art. 10, § 2.
69 – (69) Pour une synthèse de la jurisprudence de la Cour à ce sujet, v. Tulkens F., « When to say is to do : Freedom of expression and hate speech in the
case-law of the European Court of Human Rights », in Freedom of expression. Essays in honour of Nicolas Bratza. President of the European Court of
Human Rights, 2012, Oisterwijk, Wolf Legal Publishers, p. 279-295.
70 – (70) Sur ce phénomène, v. Alberola J., Pushin’ the limits. Anthologie de l’extrémisme et de la transgression dans la musique moderne, 2016, Camion
Blanc.
71 – (71) Sur la notion de discours de haine, v. notamment Weber A., Manuel sur le discours de haine, Strasbourg, 2009, Éditions du Conseil de l’Europe.
72 – (72) Alberta Human Rights and Citizenship Commission, Johnson v. Music World Ltd., 2003 AHRC 3.
73 – (73) Nicaud B., La réception du message artistique à la lumière de la CEDH, préc., p. 407.
e
74 – (74) CA Versailles, 8 ch., 18 févr. 2016, Association Chiennes de garde et autres c/ A. Cotentin dit Orelsan. Sur cet arrêt, v. Englebert J., « L’œuvre
artistique “miroir effrayant” de la société – À propos de la relaxe justifiée du rappeur Orelsan », Légipresse 2016, n° 337, p. 226 à 231.
(75) Sur le statut particulier du rap, v. Droin N., « Le juge et le rap », RDP 2016, n° 5, p. 1377 à 1393.
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(75)
75 – Sur le statut particulier du rap, v. Droin N., « Le juge et le rap », RDP 2016, n° 5, p. 1377 à 1393.
76 – (76) CA Rouen, ch. corr., 14 déc. 2005, Le procureur de la République près TGI Rouen c/ A. Karl Junior, B. Bachir, B. Machouche, R. Selmi. Sur cette
affaire, v. Lepage A., « Le rap à l’épreuve de la loi de 1881 ou… la loi de 1881 éprouvée par le rap », Communication Commerce électronique, 2006, n° 6,
comm. 102.
77 – (77) CA Paris, pôle 2, ch. 7, 28 juin 2012, Éric Zemmour c/ Y. Mabiki et autres, préc.
78 – (78) Tricoire A., Petit traité de la liberté de création, préc., p. 179 : « Ces paroles sont d’une nature différente de celles (…) de Sexion d’Assault dans la
chanson On t’a humilié, lesquelles ont une portée générale et la forme d’un appel à la violence, et sont corroborées par un discours direct, celui de
l’interview. »
79 – (79) Tribunal Supremo, 19 juill. 2015, n° 106/2015.
80 – (80) Ibid., « En conclusión, procede el rechazo del recurso formalizado, ya que declarado que las concretas frases acotadas de los archivos indicados
integran expresiones de alabanza del "discurso del odio" se ha sobrepasado el límite al derecho a la libertad de opinión y de creación artística, y, en
consecuencia, los hechos sí que integran el delito del art. 578 del Cpenal. »
81 – (81) CEDH, 2 oct. 2008, Leroy c/ France, n° 36109/03.
82 – (82) Ibid., § 27.
83 – (83) Ibid., § 36.
84 – (84) Ibid., § 39.
85 – (85) Dick K., Reichsrock. The international web of white-power and neo-nazi hate music, 2016, New Brunswick, Rutgers University Press, p. 2-3
(traduction libre).
86 – (86) Alberola J., Pushin’ the limits. Anthologie de l’extrémisme et de la transgression dans la musique moderne, préc., p. 72 à 73 : « Mouvance
d’extrême-droite, revendiquant les discours de suprématie raciale et d’antisémitisme, le national socialist black metal, aussi connu par son sigle NSBM,
est une branche marginale du genre, mais dont les adeptes érigeant Himmler en modèle de vertu sont dispersés dans le monde entier, de la Russie aux
États-Unis, de la Grèce à la Pologne, mais aussi en Australie, en Amérique du Sud, en Scandinavie et en Italie. »
87 – (87) Pour une analyse de ce phénomène, v. Dyck K., Reichsrock. The international web of white-power and neo-nazi hate music, préc.
88 – (88) Ibid., p. 40 et s.
89 – (89) V. Rudolf B., « Le droit allemand face au discours raciste et aux partis racistes », RTDH 2001, n° 46, p. 277 à 303.
90 – (90) KG, 22. 12. 2003 – (2) 3 StE 2/02 – 5 (1) (2/02).
91 – (91) Ibid., p. 150 (traduction libre).
92 – (92) BVerfGE, 10 sept. 2007, 1 BvR 1584/07.
93 – (93) Ibid., § 33 (traduction libre).
94 – (94) Ibid., § 6.
95 – (95) Belavusau U., Freedom of speech: importing the European and U.S. models in transitional democracies, 2013, Routledge, p. 125 : « Michal
Moravec was a member of the militant neo-nazi movement (National resistance), and was invited to perform his songs during its meetings ».
96 – (96) C. pén. suisse, art. 261 bis.
97 – (97) Jaberg S., « La polémique enfle après un méga-concert néo-nazi en Suisse », swissinfo.ch 18 oct. 2016 : « Le maire d’Unterwasser, Rolf Züllig, vise
également les organisateurs du concert, estimant qu’ils ont obtenu une autorisation en donnant de fausses informations aux autorités ».
98 – (98) CE, ord., 9 janv. 2014, n° 374508, Ministre de l’Intérieur c/ Société Les Productions de la plume, Dieudonné M’Bala M’Bala.
99 – (99) Sur ce point, v. Denizeau C., « L’Europe face au(x) discours de haine », Revue générale du droit 2015, n° 11, p. 28 et s.
100 – (100) Phillipson G., « Hate Speech Laws: What they should and shouldn’t try to do », Revue générale du droit 2015, n° 13, p. 1 : « In the U.S., alone in
the democratic world, intentional incitement to racial hatred is constitutionally protected speech ».
101 – (101) U.S. Supreme Court, Brandenburg v. Ohio, préc.
102 – (102) On retrouve sur cet album des titres particulièrement explicites, tels que : « Aryan Rage », « Asian Invasion » ou encore « Race Mixing is
Treason ».
103 – (103) Sur la scène américaine v. : Alberola J., Pushin’ the limits. Anthologie de l’extrémisme et de la transgression dans la musique moderne, préc.,
p. 150 et s.
104 – (104) Dyck K., Reichsrock. The international web of white-power and neo-nazi hate music, préc., p. 113 : « In the first eighteen months of Resistance
Records’ operations, the label reported that it sold 50,000 CDs and turned a U.S.$300,000 profit. »
105 – (105) Saunders K., « The need for a two (or more) tiered First amendment to provide de protection of children », Chicago-Kent Law Review 2004,
n° 79, p. 269.
106 – (106) Bird K., « L’impossible réglementation des propos à caractère raciste aux États-Unis », RFDC 2001, n° 46, p. 265-287.
107 – (107) Robitaille-Froidure A., « Racisme aux États-Unis : le premier amendement au secours de l’intolérance, pas de la violence », CRDF 2010, n° 8,
p. 86.
108 – (108) Martinez B.-A., Sepalek A., « Power and violence in Angry Aryan song lyrics: a racist skinhead communication strategy to recruit and shape a
collective identity in the White Power Movement », C&S – São Bernardo do Campo 2013, n° 35, spéc. p. 165 et s.
109 – (109) Bird K., « L’impossible réglementation des propos à caractère raciste aux États-Unis », préc., p. 278.
110 – (110) KG, 22. 12. 2003 – (2) 3 StE 2/02 – 5 (1) (2/02), p. 112 et s. Dyck K., Reichsrock. The international web of white-power and neo-nazi hate music,
préc., p. 45 : « Landser songs had been associated with a number of violent crimes in Germany, including several instances in which perpetrators actually
had sung the lyrics to Landser songs before or during the murders of non-white immigrants. »

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