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Réalisé par :
SOUHAILA ROUDANI SOUHAILA FARHANI
ASMAE EL KHALFIOUI AHMED ABROUQ
Encadré par :
Professeur AMINE MZOURI
Année universitaire :
2021/2022
INTRODUCTION
Introduite pour la première fois en France en 1954, la taxe sur la valeur ajoutée a
constitué une révolution dans le domaine fiscal et a très vite été adoptée par plus de 140
pays1. Elle a été instituée au Maroc en 1986 par la loi n° 30-85 dans le cadre de la réforme
fiscale du Royaume amorcée en 1984.
Cet impôt indirect, par opposition à l’impôt sur le revenu et à l’impôt sur les sociétés, est
supporté par le consommateur final à travers son incorporation dans le prix du produit
acheté et collectée par l’entreprise assujettie pour le compte de l’État. Ainsi, la taxe sur la
valeur ajoutée ne représente en aucun cas une charge pour l’entreprise assujettie dont le
principal rôle est l’intermédiation entre le consommateur final et l’Etat marocain.
La taxe sur la valeur ajoutée est régie par les articles 87 et suivants du Code général des
impôts. L'assiette de la TVA correspond au chiffre d'affaires réalisé par les entreprises
assujetties à l'occasion de la vente de biens ou de prestations de services, englobant ainsi la
quasi-totalité des opérations économiques. Quant au taux, le système fiscal marocain, à
l’instar du modèle français et européen a introduit une TVA à taux normal de 20 %2 et à
taux réduits de 7 %, 10 % et 14 %.3
La taxe sur la valeur ajoutée occupe actuellement une grande place dans le système fiscal
mondial grâce, principalement, à son grand rendement budgétaire et à son efficacité
économique. En effet, cet engouement de gouvernements pour la TVA s’explique par sa
capacité non seulement à générer efficacement les recettes fiscales mais également à
accroître les rentrées fiscales, celle-ci étant la première source fiscale du budget de l’État,
le rendement fiscal dépend essentiellement de la TVA représentant 33,5%, des recettes
fiscales au Maroc a fin janvier 2022. 4
Si cet impôt semble répondre au souci d’efficacité fiscal. Qu’en est-il du souci d'équité ?
La TVA est-elle un impôt juste ?
La TVA est payée de la même manière par tous les contribuables, quel que soit leur niveau
de vie (A). Si cela peut s'avérer inégalitaire en raison des capacités contributives inégales,
1
https://www.oecd.org/tax/consumption/46109145.pdf, consulté le 14 février
2
Article 98 du CGI de 2022
3
Article 99 du CGI de 2022
4
Bulletin mensuel de statistiques des finances publiques, Janvier 2022, Trésorerie Générale du Royaume, p. 7
des taux réduits et des exonérations ont été instaurés afin de favoriser la justice de la TVA
(B).
A- La neutralité de la TVA :
5
https://www.labase-lextenso.fr/revue-francaise-de-finances-publiques/RFFP2014-128-011
6
https://www.oecd.org/fr/ctp/consommation/principes-directeurs-internationaux-tva-tps.pdf
7
Andrade, Philippe, Martine Carré, et Agnès Bénassy-Quéré. « TVA et taux de marge : une analyse empirique
sur données d'entreprises exportatrices françaises », Économie & prévision, vol. 200-201, no. 2-3, 2012, pp. 1-
17.
- Le mécanisme de taxation totale et la déduction totale ne concerne qu’une seule
opération.
- La taxation et la déduction de taxes doit être effectuée selon le même taux.
- Ce processus qui s’applique à une seule opération doit donner lieu en principe à un
débit de taxe.
Or dans la pratique, l’entreprise effectue réellement plusieurs opérations au même
temps, ainsi pour des raisons de recouvrement de taxe à la charge des entreprises
assujetties et afin de périodiser ces opérations, le législateur a institué des déclarations
mensuelles ou trimestrielles pour consolider l’ensemble de ces opérations.
La conséquence de ce mécanisme pratique est prévue par l’article 101 deuxième alinéa
du CGI qui dispose « au cas où le volume de la taxe due au titre d’une période ne
permet pas l’imputation totale de la taxe déductible, le reliquat de taxe est reporté sur le
mois ou le trimestre qui suit »
En fait les deux aliénas de l’article susvisé sont complémentaires et que l’institution
des déclarations périodiques n’entravent en rien l’objectif recherché de la neutralité
fiscale, ce mécanisme déclaratif consacre toujours la position de l’entreprise en tant
intermédiaire et aussi le principe que la taxe cumulée durant le processus d’exploitation
doit être supportée par le consommateur final. De ce qui précède, il est nécessaire de
préciser que le paiement de la taxe doit constituer la règle pour un redevable, alors que
le crédit de taxe constitue simplement une exception.8
8
EL MOSTAFA R. (2019) « La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) : le Principe de Neutralité Fiscale et la
Problématique du Champ d'application », Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit « Numéro 11 :
Décembre 2019 / Volume 4 : numéro 3 » pp : 943 - 954
9
https://expert-maroc.com/differents-cas-exonerations-tva-maroc/
10
Chambas, Gérard. « TVA et transition fiscale en Afrique : les nouveaux enjeux », Afrique contemporaine, vol.
215, no. 3, 2005, pp. 181-194.
Maroc, l’exonération de la TVA ou de tout type d’impôt peut concerner une partie du
montant de la taxe ou la totalité du montant de cette taxe.
Il existe trois types d’exonération de la TVA :
D’abord l’exonération sans droit de déduction : Prenons l’exemple de la vente de pain
qui est, nous le savons, exonéré d’impôt sur le territoire marocain. Nous savons que
pour la fabrication de son pain, le boulanger a eu besoin de farine, d’eau, d’électricité
et d’autres matières premières qu’il a achetées avec TVA incluent dans le prix d’achat
des matières premières. Ce boulanger était censé déduire cette TVA sur le prix de
chaque produit à vendre, donc sur le prix de chaque pain. Mais, dans ce contexte
d’exonération sans droit à déduction, il n’a pas le droit de rajouter le prix de sa TVA
sur le pain qui sera vendu. Ainsi, on peut dire que c’est seulement au stade final que
l’opération est exonérée sans que le commerçant ne puisse déduire sa TVA
préalablement payée.
- Article 91 - Exonérations sans droit à déduction : A citer à titre d’exemple
1- Les ventes, autrement qu’à consommer sur place toute matière essentielle
2-Les produits artisanaux locaux encourageants l’artisanat local
3-Les ventes portantes sur les produits d’énergie quotidienne
Il faut mentionner qu’au Maroc la plupart des produits de premières nécessités ou
produits de consommation locale sont exonérés d’impôt sans droit de déduction comme les
farines pour l’alimentation, les semoules, le couscous, le lait, le sucre brut, les levures de
fabrication, les dattes provenant du Maroc, la pêche (que ce soit les produits frais ou
congelés), la viande fraiche ou congelée, l’huile d’olive.
En deuxième lieu on a l’exonération avec droit de déduction : le droit à déduction
prend effet lors du paiement partiel ou total des factures, ou lors de l’établissement
des quittances au niveau de la douane. Il faut aussi souligner que pour que la TVA
soit déductible, celle-ci doit avoir été inscrite sur un document justificatif de paiement
(facture ou paperasse douanière), ou elle doit être déjà payée.11
12
Idem
II- Un flux économique souterrain mettant à mal l'équité
fiscale :
L'équité de la TVA est mise à mal par l'existence de flux économiques échappant à la
fiscalisation et alourdissant par conséquent la charge fiscale sur les autres catégories de
contribuables. Il s'agit du secteur informel (A) et de la fraude à la TVA (B).
Selon ses résultats, «la TVA est la principale composante qui influence le secteur
informel ». « Les chefs d’unités de production informelles (UPI) s’approvisionnent en
amont auprès de fournisseurs qui eux-mêmes sous-déclarent ou travaillent dans l’informel.
Ce qui leur permet d’acheter sans facture réglementée et donc d’échapper à la facturation
en mode TVA », est-il souligné. Dès lors, peut-on se demander s’il suffit de supprimer la
TVA pour que l’informel disparaisse ?
En outre, pour lutter contre le fléau de l’informel il nous parait judicieux de promouvoir
la culture du paiement mobile et la limitation du cash sont des facteurs importants de lutte
contre l’informel Des études ont, en effet, révélé une corrélation entre le paiement
électronique et la croissance du PIB, et prouvé sa pertinence face au fléau de l’informel,
d’où la nécessité de construire une forte culture financière électronique »
Pour renforcer la résilience de ce secteur et améliorer sa performance économique, « une
stratégie nationale dédiée aux activités informelles reposant sur une approche intégrée et
cohérente est indispensable ». Cette stratégie doit tenir compte de plusieurs dimensions
dont notamment l’accès au financement et au marché, la formation, la sécurité sociale, la
réforme du dispositif fiscal, notamment celui qui concerne le mécanisme de la TVA, et
l’amélioration de la gouvernance, surtout en matière d’allègement et d’adaptation de la
réglementation en vigueur.
Dans une avancée de la situation de la pandémie du covid 19 a mis en exergue les
vulnérabilités du secteur informel et l’importance des aides publiques à déployer pour
soutenir le pouvoir d’achat de ses effectifs employés, rappelle l’étude, qui relève que, pour
renforcer la résilience de ce secteur et améliorer sa performance économique, « une
stratégie nationale dédiée aux activités informelles reposant sur une approche intégrée et
cohérente est indispensable ».
Cette stratégie, poursuit la même source, doit tenir compte de plusieurs dimensions dont
notamment l’accès au financement et au marché, la formation, la sécurité sociale, la
réforme du dispositif fiscal, notamment celui qui concerne le mécanisme de la TVA, et
l’amélioration de la gouvernance, surtout en matière d’allègement et d’adaptation de la
réglementation en vigueur.
Selon les chiffres de la Direction générale des impôts (DGI) datant de 2017, au moins 20%
du produit actuel de la TVA échapperaient au Trésor, soit environ 4 milliards de DH.
La fraude à la TVA porte atteinte à l'une des composantes du principe de l'équité fiscale : la
participation de tous aux dépenses publiques. Il s’agit de la catégorie la plus grave de fraude
fiscale ; les agents économiques qui utilisent de fausses factures ou des sous-déclarations afin
de ne pas verser cet impôt entièrement pris en charge par le consommateur implique la
perturbation de la répartition équitable du fardeau du financement public entre les
contribuables en accroissant la charge de ceux qui demeurent honnêtes alourdissant la charge
de la contribution commune pour l’ensemble des contribuables et venant rompre le principe
fondamental d’égalité devant l’impôt. Autrement dit, les contribuables qui ne fraudent pas
supportent une charge fiscale plus lourde puisqu’ils doivent compenser pour ceux qui
s’adonnent à la fraude, qui eux bénéficient des dépenses publiques sans en payer le prix.
Pour éradiquer la fraude, il est indispensable de mettre en place des mesures dissuasifs, ce
qui suppose qu’elles soient élevées et qu’elles soient appliquées à chaque fois que l’impôt a
été fraudé de façon intentionnelle.
Au Maroc, le fraude fiscale est soumis à une sanction administrative prévue à l’article 187
du CGI de l’ordre d’une amende égale à 100% du montant de l’impôt. L’efficacité de cette
sanction est à discuter, car il ne s’agit, pour le contrevenant, que de restituer le montant de la
TVA collectée des consommateurs.
Mais pour renforcer la sanction financière en cas de fraude et la rendre plus dissuasive,
l’article 192 prévoit une sanction pénale sous forme d’une amende de 5000 à 50 000 dirhams
et en cas de récidive on ajoute à l’amende l’emprisonnement de 1 à 3 mois.
Il s’avère également nécessaire d’amélioration de l’environnement général de l’impôt et de
développer le sens civique chez le contribuable pour qu’il soit conscient de l’importance de la
fiscalité dans le financement des services publiques à travers la mise en place des campagnes
de sensibilisation et l’intégration de l’éducation fiscale dans le système éducatif.
BIBLIOGRAPHIE
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