Vous êtes sur la page 1sur 9

Réacteur de synthèse et de trempe dans un plasma hors

d’équilibre : application à la synthèse des oxydes d’azote


J. Amouroux, S. Cavvadias, D. Rapakoulias

To cite this version:


J. Amouroux, S. Cavvadias, D. Rapakoulias. Réacteur de synthèse et de trempe dans un plasma
hors d’équilibre : application à la synthèse des oxydes d’azote. Revue de Physique Appliquée, Société
française de physique / EDP, 1979, 14 (12), pp.969-976. �10.1051/rphysap:019790014012096900�. �jpa-
00244687�

HAL Id: jpa-00244687


https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00244687
Submitted on 1 Jan 1979

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE TOME 14, DÉCEMBRE 1979, 969

Classification
Physics Abstracts
52.90 ; 82.20M ; 82.30

Réacteur de synthèse et de trempe dans un plasma hors d’équilibre :


application à la synthèse des oxydes d’azote
J. Amouroux, S. Cavvadias et D. Rapakoulias
Laboratoire de Génie Chimique, E.N.S.C.P., 11, rue Pierre-et-Marie-Curie, 75231 Paris Cedex 05, France

(Reçu le 2 juillet, révisé le 20 septembre, accepté le 24 septembre 1979)

Résumé. Dans cet article nous proposons une étude de la synthèse des oxydes d’azote dans un réacteur chimique
2014

à plasma hors d’équilibre. La spectroscopie d’émission indique que notre système est hors d’équilibre et permet
de relier les paramètres macroscopiques aux températures électronique, vibrationnelle et rotationnelle. Le dia-
gnostic chimique nous permet de déterminer les conditions favorables pour cette synthèse et indique que l’évo-
lution de la réactivité de notre système est contrôlée par la variation de la température vibrationnelle.
Abstract. 2014

nitrogen oxides direct synthesis in a low pressure chemical plasma


This article deals with the study of
reactor. Emission spectroscopy shows that our plasma is a non-equilibrium system and enables us to
link macroscopics parameters to Te1, Tvib, Trot. The best yield for this synthesis is determined with a chemical
diagnostic. As far as the reactivity is concerned this diagnostic shows also that it is controlled by the variation of
the vibration temperature.

1. Introduction. L’utilisation des décharges élec-


-

II. Rappel de l’étude thermodynamique. -

Pour
triques pour l’oxydation directe de l’azote remonte appréhender au départ les éléments essentiels des
au début du siècle. Mais les rendements obtenus processus réactionnels du mélange N2-02 nous avons,
alors furent insuffisants, ne dépassant guère le 5 %. dans un article précédent [1 ], étudié l’équilibre thermo-
Ainsi, la synthèse directe des oxydes d’azote, dynamique de ce système entre 300 et 6 000 K. Il
séduisante à cause de sa simplicité par rapport au s’agit d’une étude prévisionnelle du travail expéri-
procédé complexe actuellement utilisé dans l’industrie, mental qui nous permettra de dégager plusieurs
nécessite l’amélioration du taux de fixation de l’azote éléments de réponse (définition d’une plage de
dans les décharges. travail en pression et en composition, nature des
L’objectif de ce travail est de déterminer les étapes- radicaux et atomes stables à haute température)
clés de formation des oxydes d’azote dans une décharge tout en sachant bien que notre réacteur travaille
de haute fréquence à pression modérée. Cette pre- hors d’équilibre.
mière étude sera suivie d’un deuxième article analysant Les diagrammes d’équilibres du système N-0 ont
le système réactionnel azote-méthane. été calculés par la méthode de minimalisation de
Nous utiliserons dans ces deux études une nouvelle l’enthalpie libre mise au point par White et al. [2].
méthode d’analyse du réacteur, basée sur l’associa- Cette méthode est décrite en détail dans un article
tion de l’observation expérimentale systématique de antérieur [4]. Les tableaux de Janaf [3] donnent
la réactivité chimique (diagnostic chimique) et de l’enthalpie libre pour toutes les espèces que nous
l’analyse spectroscopique du plasma (diagnostic spec- avons retenues, à savoir N2, O2, NO, N02, N20, N, 0

troscopique). entre 300 et 6 000 K. Parmi ces espèces NO2, N20


Nous espérons ainsi arriver à une meilleure connais- n’apparaissent jamais à une fraction supérieure à
sancedes processus de fixation de l’azote dans ce type 10-2.
de décharges, première étape vers la mise en oeuvre La figure 1 représente l’évolution du % de l’azote
des réactions catalytiques qui seules permettront une atomique prévue par la thermodynamique en fonction
amélioration substantielle du taux de fixation. de la composition du mélange initial (rapport N/0).

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:019790014012096900


970

NZ est favorisé par de faibles pressions, des rapports


N/0 faibles et les températures élevées.
A partir de ces résultats nous avons calculé l’énergie
nécessaire (à température et à pression données)
pour la synthèse du NO ou pour la formation d’azote
atomique, en supposant une marche adiabatique du
réacteur.
Ces calculs nous ont permis de définir les rende-
ments énergétiques optimaux de fixation de l’azote
(Fig. 3, 4). Ainsi le rendement énergétique de la
fixation de l’azote est favorisé par une augmentation
de la pression alors que celui de la dissociation de
l’azote est favorisé par une augmentation du rapport
Fig. 1. Fig. 2.
N/0 et une diminution de la pression. Ces résultats
sont résumés dans le tableau suivant :

L’étude thermodynamique nous a montré l’existence


de deux voies possibles pour la formation du N0.
La première voie s’étend de 3 000 à 4 500 K. Elle
Fig. 3. Fig. 4. correspond à la synthèse directe du NO et elle exige
des fortes pressions et des rapports N/0 faibles.
Fig. 1. -

Taux de dissociation de NZ à 6 000 K en fonction du


Dans ce même domaine le rendement énergétique
rapport N/0.
passe par un maximum pour les mélanges stoechio-
[Nitrogen dissociation rate at 6 000 K as a function of N/0 ratio.]
métriques. La deuxième voie s’étend de 4 500 à
Fig. 2. Taux de fixation de N2 en fonction du rapport N/0.
-
6 000 K et elle correspond à la dissociation de l’azote.
fixation rate as a function of N/0 rate.]
Sa production nécessite de faibles pressions et des
[Nitrogen
rapports N/0 faibles, le rendement énergétique étant
Fig.3. Rendement
-

énergétique de fixation du N2 en fonction optimal pour des faibles pressions mais des rapports
du rapport N/0.
N/0 élevés (mélanges proches de l’air).
[Energy yield of Nitrogen fixation as a function of N/0 rate.]

Fig.4. Rendement
-

énergétique de dissociation de N 2 en fonction III. Description de l’appareillage (Fig. 5 et 6). -

du rapport N/0. L’installation comporte un générateur haute fré-


[Energy yield of Nitrogen dissociation as a function of N/0 rate.] quence 38 MHz, d’une puissance variable de 500

La figure 2 montre l’influence du rapport N/0 sur


le % de l’azote transformé en NO (azote fixé).
L’influence de la pression et de la température sur
ces deux pourcentages est résumée sur le tableau
suivant :

La synthèse directe de NO est donc favorisée par


des fortes pressions, des rapports N/0 faibles et
exige des températures entre 3 000 et 4 500 K (suivant Fig. 5. Schéma d’installation.
-

la pression). Par contre le taux de dissociation de [Experimental apparatus.]


971

ASPECT QUALITATIF. -

La mesure spectroscopique
intègre toute la largeur du plasma, sans analyse
radiale.
Nous n’avons détecté que des bandes du spectre
d’émission de l’azote. Les systèmes détectés sont le
deuxième positif (C3 03A0u ~ B3 II g), le premier positif
(B3 03A0g ~ A3 Eu) de N2, ainsi que le premier négatif
de l’ion Ni (B2 03A3u+ ~ X2 Eg ). Ce dernier système
est beaucoup moins intense. Nous n’avons pas
observé de raies atomiques de l’azote [12, 14].
Mesure de la température de vibration du deuxième
système positif l’azote. La mesure de la tempé-
de -

rature de vibration a été effectuée par la méthode


graphique de Boltzmann. Cette mesure a été réalisée
Fig. 6. -

Dispositif d’analyse spectroscopique. sur les séquences Av = 2 et Av


- = 3. La pré-
-

[Spectroscopic arrangment.] cision des mesures est de 300 K environ.


Nous avons étudié l’influence de la pression des
à 2 000 W, un réacteur chimique, un groupe de gaz de l’énergie induite et du débit des gaz dans le
réacteur sur la température vibrationnelle. Dans les
pompage et des appareils de mesure.
Le réacteur tubulaire est composé par un tube
figures [8] nous présentons ces trois courbes. Les
valeurs de la pression vont de 5 à 40 torrs celles de
de verre de diamètre intérieur de 10 cm et de longueur
de 1 m disposé verticalement. Il reçoit à sa base l’énergie induite de 2 à 10 kcal/1 de NZ et celles du
débit de 1 à 4,51/min. Dans ce cas la température
soit l’oxygène soit l’azote soit les deux à la fois.
vibrationnelle est comprise entre 4 000 et 6 000 K.
La zone réactionnelle haute température débute au
Nous constatons que l’augmentation de l’énergie
niveau de la self-inductrice, et elle se termine par
induite la fait augmenter. L’augmentation du débit,
une zone de trempe constituée par une paroi en acier
c’est-à-dire la diminution du temps de séjour, ne
inoxydable refroidie par eau. Cette paroi comporte change pratiquement pas la température vibration-
un fritté métallique par lequel une injection d’oxy-
nelle.
gène permet de réaliser une trempe par un gaz.
Les variables macroscopiques d’action sur le Mesure de la température de rotation du deuxième
réacteur sont le temps de séjour, la pression (5 à système positif l’azote (Fig. 9).
de Pour la mesure
-

40 torrs), la puissance induite, et la composition des de la température rotationnelle nous avons utilisé
réactifs. la bande vibrationnelle 0-0. Toutefois à cause de
Les mesures spectroscopiques sont effectuées sur la mauvaise séparation de la branche P nous avons
un monochromateur Jobin-Yvon HR2 muni d’un utilisé la branche R. Ici aussi nous avons tracé les
réseau de 1 200 tr/min. La détection est assurée par courbes qui donnent la température rotationnelle
un photomultiplicateur Hamamatsu R 374. La plage en fonction de la pression, de l’énergie induite et

de travail est de 2 500 à 8 000 A. du débit d’azote. La pression varie de 2 à 30 torrs,


L’analyse des gaz sortant du réacteur est effectuée l’énergie induite de 4 à 14 kcal/1 de N2 et le débit
par chromatographie en phase gazeuse. Nous avons de 1 à 41/min.
utilisé une colonne de polytétrafluoroéthane traitée Ces températures rotationnelles varient de 1 500
au NaCI, spécialement mise au point dans notre à 2 000 K. Ici nous constatons que l’augmentation
laboratoire [24] pour la séparation des oxydes d’azote, de la pression et de l’énergie induite fait augmenter
et un tamis moléculaire 13 X pour les gaz légers la température rotationnelle alors que l’augmentation
du débit fait diminuer légèrement celle-ci.
(02, N2).
Mesure de
IV. Les mesures spec-
la température électronique moyenne
Analyse spectroscopique. -

(Fig. 7). -

Là température électronique moyenne


troscopiques du rayonnement émis par le plasma a été mesurée à du
partir de deux raies l’une
rapport
ont un double objectif : fournir une analyse qualitative ionique etl’autre neutre. Comme raie ionique a été
des états excités radiatifs présents dans le plasma choisie la 0-0 du 1 S - du Ni(7=3 914 A) et la
d’une part, et mesurer l’excitation interne des parti- raie neutre choisie est la 2-5 du 2 S + du NZ
cules en termes de vibration, rotation-translation (7 = 3 943 A). Dans ce cas (Fig. 7) la pression va
et électroniques d’autre part. de 6 à 40 torrs l’énergie induite de 5 à 18 kcal/1 de N2
La comparaison de la variation de ces paramètres et le débit de 1,5 à 4,51/min.
et de la variation correspondante de la composition Ici nous constatons une diminution de la tempé-
chimique des produits de la réaction en fonction des rature électronique avec l’augmentation de la pression
variables d’action macroscopiques constitue la et une augmentation de celle-ci avec l’augmentation
méthode d’analyse originale utilisée dans ce travail. de l’énergie induite et du débit.
972

L’augmentation de la pression provoque une


accélération du transfert vibration-rotation, ainsi
qu’une baisse de l’énergie moyenne des électrons.
Les processus de réactivité à partir des niveaux
vibrationnels excités seront donc défavorisés par
une pression élevée. Par contre les réactions faisant

appel à des états électroniques excités et à une tem-


pérature de rotation (ou de translation) élevée seront
favorisées.
-

L’augmentation de l’énergie induite ne provoque


qu’une légère hausse des différentes « températures ».
Il est donc évident que l’élévation de la quantité
d’énergie fournie au plasma sert essentiellement à
augmenter le nombre des molécules excitées, sans
modification notable de la répartition entre les diffé-
rents niveaux d’excitation.
-

La variation du débit (temps de séjour) ne


semble pas non plus influencer la répartition de
l’excitation entre les différents degrés de liberté de
la molécule N2.
-

Enfin, la vérification de la distribution de


Boltzmann sur l’excitation vibrationnelle et rotation-
nelle indique que l’excitation par collision électron-
molécule est la source principale de l’excitation de
N2 dans le réacteur [5-9, 14].
Fig. 7a.-

Te en fonction de la pression. V. Diagnostic chimique. V .1 ETUDE DE LA RÉAC-


-

[Electronic temperature as a function of pressure.] TIVITÉ CHIMIQUE DE L’AZOTE EXCITÉ AVEC DE L’OXYGÈNE
FROID (ÉTUDE DU RÉACTEUR A CONTRE-COURANT). -

Fig. 7b. - Te en fonction de l’énergie induite. Dans cette partie du travail expérimental nous avons
[Electronic temperature as a function of induced energy.] voulu tester l’aptitude de l’azote excité à réagir avec
Fig. 7c. Te en fonction du débit de NZ.
-

l’oxygène froid.
[Electronic temperature as a function of N2 flow rate.] Nous avons donc créé un plasma d’azote seul,
en introduisant l’oxygène o froid » au niveau de
Fig. 8a. Tvib en fonction de la pression.
-

la paroi de trempe. Ce réacteur est hors d’équilibre


[Vibrational temperature as a function of pressure.] puisqu’il s’agit d’un réacteur de trempe qui fait
réagir un gaz excité avec un gaz froid. Les paramètres
Fig. 8b.-

Tvib en fonction de l’énergie induite.


que nous avons étudiés et qui déterminent la marche
[Vibrational temperature as a function of induced energy.] du réacteur sont : la composition du mélange
Fig. 8c. Tvib en fonction du débit de N2.
-
(rapport N/0), l’énergie induite dans le réacteur
et la pression. Au cours des manipulations nous
[Vibrational temperature as a function of N2 flow rate.]
avons étudié l’évolution du taux de fixation de l’azote

Fig. 9a. Trot en fonction de la pression.


-

en fonction de la composition du mélange, du débit

[Rotational temperature as a function of pressure.] total de gaz et de l’énergie induite (en kcal/1 de N2)
dans le réacteur. Dans les figures (10, 11, 12, 13, 14)
Fig. 9b.-

Trot en fonction de l’énergie i induite. nous présentons les diagrammes qui donnent le
[Rotational temperature as a function of induced energy.] taux de fixation de l’azote en fonction de ces quatre
paramètres, ainsi que la consommation énergétique
Fig. 9c.-

Trot en fonction du débit de N2. de formation de NO.


[Rotational temperature as a function of N2 flow rate.]
Influence de la composition du mélange (Fig. 10). -

Dans ces manipulations le débit total de 2 1/min,


Cette température est de l’ordre de la puissance a été fixée successivement à 0,5, 1,
électronique
2 à 3 eV. 1,5 kW et la pression à 10 torrs.
Nous constatons que le taux de fixation croît
Conclusion sur le diagnostic spectroscopique. -

avec le rapport N/0 (à puissance constante).


Cette étude nous permet de tirer des conclusions
tant vis-à-vis de l’état d’équilibre du mélange réac- Influence de la pression (Fig. 12). -

Dans ces
tionnel que vis-à-vis de la marche du réacteur : manipulations la puissance a été fixée à 1,5 kW le
973

rapport N/0 à 0,5 et le débit total à 21/min et la


pression varié
a de 10 à 60 torrs.
Nous constatons une diminution du taux de fixation
de l’azote lorsque la pression augmente.
Influence de l’énergie induite (Fig. 11). -

Ces
diagrammes dérivent de ceux qui donnent le taux
Fig. 10. Taux de fixation de N2 en fonction du rapport N/0.
-

de fixation de l’azote en fonction du rapport N/0

[Nitrogen fixation rate as a function of N/0 ratio.] (l’abscisse kcal/1 de N2) introduit dans le
est en
réacteur, elle se déduit du rapport N/0 et du débit
total de gaz (21/min).
Le taux de fixation de l’azote croît si l’énergie
induite augmente.
Toutefois cette augmentation tend vers un palier
pour les fortes valeurs d’énergie induite. Le meilleur
taux de fixation que nous avons obtenu est de 5 %
pour une énergie induite de 80 kcal/1 de N2.
Influence du débit total des gaz (Fig. 13). -

Dans
cette manipulation nous avons fixé la pression à
Fig. 11. Taux de fixation de N 2 en fonction de l’énergie induite.
-

10 torrs la puissance de 1,5 kW le rapport N/O ~ 1.


[Nitrogen fixation rate as a function of induced energy.] Nous avons fait varier le débit total entre 2 et
41/min. Nous n’avons pas pu aller au-delà de 4 1/min
par suite des limites imposées par le groupe de pom-
page. Ici nous constatons que le débit n’influe pas
sur le taux de fixation du N.

Conclusion sur le réacteur à contre-courant. -

La
comparaison des diagnostics chimique et spectro-
scopique est résumée sur le tableau suivant :

Fig. 12. Taux de fixation de N2 en fonction de la pression.


-

[Nitrogen fixation rate as a function of pressure.]

Il est intéressant de constater que la pression a


le même effet sur la température de vibration et la
réactivité de l’azote, c’est-à-dire que la réactivité
Fig. 13. Concentration du
-

N02 à la sortie du réacteur en fonction chimique de l’azote est proportionnelle à son excitation
du débit total des gaz.
vibrationnelle (Fig. 15). Nous tirerons les consé-
[Concentration of NO function of gaz flow rate.]
quences de cette constatation dans l’article suivant,
as a

Fig. 1 S.
-

Taux de fixation de N2 et température vibrationnelle


Fig. 14. -

Energie de formation du N02 en fonction de l’énergie en fonction de la pression.


induite.
[Nitrogen fixation rate and vibrational temperature variation with
[Energy of formation of NO as a function of induced energy.] pressure.]
974

à l’aide de la théorie de la réactivité chimique des induite et débit total du gaz (temps de séjour). En
milieux hors d’équilibre [21-23]. plus nous avons établi un diagramme qui donne le
Pour établir le mécanisme réactionnel de forma- pourcentage volumique à la sortie du réacteur en
tion de NO dans le réacteur, il faut souligner qu’elle fonction des pressions partielles des deux gaz. Les
nécessite la dissociation de l’azote qui est l’étape figures 16, 17, 18, 19, 20 donnent respectivement le
difficile du processus (9,7 eV). Les deux mécanismes taux de fixation de l’azote en fonction des para-
les plus probables pour la dissociation de l’azote mètres N/0, pression, énergie induite et débit total
dans la décharge sont les collisions dissociatives du gaz.
électron-molécule et à partir des niveaux vibration- Nous constatons que la teneur en azote fixée est
nels supérieurs par transfert V-V. ,
augmentée par rapport à celle obtenue pour les essais
Le premier de ces mécanismes

ne doit pas contribuer d’une manière importante


à la dissociation de l’azote. En effets, compte tenu
de l’absence de raies atomiques, le taux de disso-
ciation de NZ dans notre réacteur est de l’ordre de 1
à 3 % [25].
Ainsi une deuxième voie de formation de NO
doit exister dans le réacteur à partir de N2 excité
vibrationnellement et l’oxygène lui aussi excité par
transfert à partir de l’azote
Fig. 17.-

Taux de fixation de l’azote en fonction de la pression.


[Nitrogen fixation rate as a function of pressure.]
Ces deux réactions ont lieu dans la zone de mélange
du plasma d’azote et de l’oxygène « froid », qui
constitue ainsi à la fois le réacteur de synthèse et
le réacteur de trempe.

V. 2 ETUDE DU RÉACTEUR Mise


A COCOURANT. -
en oeuvre expérimentale.L’étude du réacteur à
-

cocourant est réalisée avec la même installation


expérimentale mais cette fois-ci les deux gaz sont
envoyés à la base du réacteur et subissent les phéno-
mènes d’excitation et d’ionisation. Dans ce cas la
trempe s’effectue uniquement par la paroi refroidie.
(Nous rappelons que dans le réacteur à contre-
courant l’oxygène joue le rôle de gaz de trempe.)
Comme précédemment nous avons étudié le taux Fig. 18.-

Taux de l’azote fixé en fonction de l’énergie induite.

de fixation de l’azote en fonction des paramètres, [Nitrogen fixation rate as a function of induced energy.]

composition du mélange (N/0), la pression, l’énergie

Fig. 19.-

Concentration de NO à la sortie du réacteur en fonction


Fig. 16. Taux de fixation de l’azote en fonction du rapport N/0.
-

1
du débit total.
[Nitrogen fixation rate as a function of N/0 ratio.] [NO concentration as a function of total gaz flow rate.]
975

ce qui augmente la population des états 0* et permet


aussi la réaction avec l’oxygène atomique

d’autre part, une nouvelle réaction de surface


a lieu

Il faut remarquer qu’aussi bien lors des réactions


Fig. 20. -

Concentration de NO en fonction du rapport N/0 à


débit constant. en phase gazeuse que lors de la réaction de surface,
le produit NO est formé à un état excité. Son obtention
[NO concentration as a function of N/0 rate at constant gaz flow
rate.] finale dépend de la trempe efficace sur la paroi
refroidie [ 16-20J.

à contre-courant. Ainsi le meilleur taux de fixation VI. Conclusion. Les mesures expérimentales
-

est de 9,5 % pour une énergie induite de 80 kcal/mole effectuées dans le diagnostic spectroscopique établis-
de N2. sent le caractère hors d’équilibre des plasmas employés.
Le tableau suivant résume les résultats expéri- En effet les températures électroniques mesurées
mentaux : sont de l’ordre de 2 à 3 eV, les températures de vibra-
tion de l’ordre de 5 000 et les températures de rotation
de l’ordre de 1 500 K.
Parmi les paramètres expérimentaux que nous
avons étudiés, la pression a une importance primor-
diale. En effet dans le diagnostic spectroscopique
la modification de la pression fait varier de façon
appréciable la température de vibration. Par ailleurs
la pression influe de la même façon sur le taux de
fixation de l’azote (Fig. 15). Un autre paramètre
important est l’énergie induite : effectivement elle
fait augmenter toutes les températures et favorise
la fixation de l’azote (Fig. 11). Cette augmentation
Conclusion sur le réacteur à cocourant. La relation -
de l’énergie dans le cas des techniques haute fré-
entre la réactivité chimique et la température de quence entraîne une augmentation du nombre de
vibration est la même, qu’avec le réacteur à contre- molécules excités plutôt qu’une élévation de leur
courant. degré d’excitation [25].
Les résultats concernant l’influence du temps de La synthèse de NO se fait par deux processus
simultanés :
séjour et de la pression partielle des réactifs laissent
supposer la présence d’une réaction de formation processus homogène en phase gazeuse à
un
-

sur les parois du réacteur. Nous avons cherché à partir de l’azote dissocié ou l’azote et l’oxygène
confirmer cette hypothèse en faisant varier le rapport moléculaires vibrationnellement excités
surface/volume du réacteur. L’expérience a montré -

un processus hétérogène par réaction de surface

que le taux de fixation diminue lorsque ce rapport entre l’azote chimisorbé et l’oxygène.
diminue. Il serait intéressant de rechercher une liaison entre
Ainsi, par rapport réacteur à contre-courant,
au le déséquilibre constaté à l’intérieur du plasma et
le réacteur à cocourant permet d’augmenter le taux notamment la forte excitation vibrationnelle et les
de fixation de l’azote de deux manières : mécanismes réactionnels proposés. Nous tenterons
-

d’une part, la réaction 2 est bien plus efficace cette analyse dans l’article suivant, conjointement
car l’oxygène est excité directement par la décharge, avec l’analyse du système N2-CH4.

Bibliographie
[1] AMOUROUX, J., CAVVADIAS, S., RAPAKOULIAS, D., Ann. Chim. [4] AMOUROUX, J., RAPAKOULIAS, D., Ann. Chim. 8 (1973) 199.
2 (1977) 269. [5] BELL, A. T., Technics and applications of plasma Chemistry
[2] WHITE, W. B., JOHNSON, S. N., DANTZIG, G. B., J. Chem. Phys. (Wiley and Sons Inc, New-York) 1974.
28 (1958) 251. [6] CAPEZZUTO, P. et al., J. Phys. Chem. 80 (1976) 882.
[3] JANAF, Thermochemicals Tables (Dow Chemical Co Milland, [7] TAL’ROSE, V. L., KARACHESTSEY, G. V., Reactions under
Michigan) 1964. Plasma Conditions (Wiley, N.Y.) 1971.
976

[8] VENUGOPALAN, M., Plasma Chemistry An introduction, Vol. II, [15] WINKLER, C. A., BAKER, R. R., Can. J. Chem. 49 (1971) 1671.
Chap. XI, dans Reactiorses under plasma conditions, ed. [16] POLAK, L. S., Pure App. Chem. 39 (1974) 307.
Venugopalan (Wiley, Interscience) 1971. [17] POLAK, L. S., In Reactions under Plasma Conditions, ed. Venu-
[9] FAUCHAIS, P., BOURDON, E., Université de Limoges, Séminaire gopalan (Wiley, Interscience) Vol. II (1970).
A.D.E.R.P., Chimie des Plasmas, Introduction et Géné- [18] POLAK, L. S., SLOVETSKII, D. E. and SOKOLOV, A. S., Opt.
ralités sur la chimie des plasmas. Dourdan, février (1978). Spektrosk. 32 (1972) 472.
[10] HIRSH, M. N., Université de Minesota, Séminaire A.D.E.R.P., [19] POLAK, L. S., SLOVETSKII, D. E. and TODESAITE, R. D., Khimiya
Chimie des Plasmas, Décharges hautes fréquences et micro- Vysokikh Energii 9 (1975) 142.
ondes. Dourdan, février (1978). [20] CUBANOV, A. M., IVANOV, Yu. A., OVSYANNIKOV, A. A. and
[11]AMOUROUX, J., Rev. Phys. Appl. 12 (1977) 1149. POLAK, L. S., Z. Prikladnoi Spektroskopii 12 (1970) 976.
[12] DUMAS, J. L., Génération et propriétés chimiques spé- [21] ANLAUF, K. G., MAYLOTTE, D. H., POLANYI, J. C. and BERN-
cifiques de l’azote actif diatomique, Contrat n° 76.34.305. TEIN, R. B., J. Chem. Phys. 51 (1969) 5716.
00480.75.01, Air Liquide, mai (1977). [22] POLANYI, J. C., Accounts of Chem. Research 5 (1972) 161.
[13] NIGHAN, N. L., Phys. Rev. (A) 2 (1970) 1989. [23] POLANYI, J. C., WONG, W. H., J. Chem. Phys. 51 (1969) 1439.
[14] (a) SAUER, M. C., Jr and MULAC, W. A., J. Chem. Phys. [24] AMOUROUX, J., RAPAKOULIAS, D., SAINT-YRIEIX, A., Analysis
56 (1972) 4995. 5 (1977) 372.
(b) DELCROIX, J. L., Physique des plasmas. Tome 2 (Dunod) [25] RAPAKOULIAS, D., Thèse, Université P.-et-M.-Curie, Paris
1956. (1979).
(c) HASTED, Physics of atomic collisions (Butterworth) 1972.

Vous aimerez peut-être aussi