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Université Badji Mokhtar Annaba

Département d’Architecture

Master 2 : option Architecture, Environnement et Technologie

Support de cours

Matière d’appui 1 :
Performance environnementale et innovations technologiques dans le bâtiment

Cours 7

Choix des matériaux de construction

Présenté par :

Dalel MEDJELEKH

Année universitaire 2020-2021


Dalel MEDJELEKH Cours 7 : Choix des matériaux de construction

Table des matières

Introduction ................................................................................................................................ 2
I- Impacts des matériaux ............................................................................................................ 2
II- Cycle de vie des matériaux .................................................................................................... 2
III- Types de matériaux utilisés dans le bâtiment ...................................................................... 3
IV- Quelques propriétés des matériaux ...................................................................................... 3
II-1. Propriétés physiques ....................................................................................................... 3
IV-2. Propriétés thermiques .................................................................................................... 4
IV-2-1. La capacité thermique et la conductivité thermique .............................................. 4
IV-2-2. L’inertie thermique................................................................................................. 4
IV-2-3. Résistance au feu .................................................................................................... 5
IV-3. Propriétés hydriques ...................................................................................................... 5
IV-3-1. L’inertie hydrique................................................................................................... 5
IV-3-2. Le tampon hydrique ............................................................................................... 6
IV-4. Propriétés mécaniques ...................................................................................................... 6
V- Matériaux recommandés pour l’enveloppe ........................................................................... 7
V-1. Les matériaux recommandés dans l’isolation thermique ................................................... 8
VI- Effets des matériaux bio-sourcés sur le confort hygrothermique, la qualité de l’air et la
consommation énergétique ......................................................................................................... 9
VI-1. Effets des matériaux bois et à base de bois ................................................................... 9
VI-1. Effets des bétons végétaux .......................................................................................... 10
VI-2. Effets des matériaux terre crue et terre-paille ............................................................. 10
Conclusion ................................................................................................................................ 11
Bibliographie ............................................................................................................................ 11

« L'important de la pédagogie n'est


pas d'apporter des révélations, mais de
mettre sur la voie. »
Pierre Dehaye

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Dalel MEDJELEKH Cours 7 : Choix des matériaux de construction

Introduction

Le choix d’un matériau dépend de ses performances thermique, hydrique et mécanique,


de sa disponibilité, de son coût et de ses faibles impacts sur la santé des usagers et sur
l’environnement. Il est utile de rechercher des matériaux locaux, écologiques, sains et de
bons comportements intrinsèques, qui améliorent l’isolation thermique, phonique, la
qualité de l’air du bâtiment et dont le coût de production est faible.
Durabilité, efficacité, isolation, fiabilité, coût,
absence de nocivité, capacité de recyclage, etc.

Pour notion de cycle de vie

Fig 1. Performances recherchées des matériaux

I- Impacts des matériaux

Les matériaux composants le bâtiment vont directement impacter sur :


o Le confort des occupants : en absorbant la chaleur et l’humidité ou en préservant la
fraîcheur et améliorant la qualité de l’air ;
o Les économies d'énergies : grâce à leur capacité d'isolation, d'inertie etc.
o Le bilan écologique global du bâtiment : en utilisant des matériaux à faible impact sur
l’environnement, tant au niveau de leur fabrication que de leur destruction. La
fabrication de la plupart des matériaux de bâtiment consomme beaucoup d'énergie
provoquant ainsi des effets néfastes sur l'environnement. Les matériaux naturels : le
bois, le liège, la cellulose, le chanvre, ... évitent ces problèmes liés à leur fabrication et
contribuent à la création d'une ambiance saine à l'intérieur du bâtiment.

II- Cycle de vie des matériaux

Les aspects environnementaux et les impacts potentiels tout au long de la vie du


matériau de l’extraction de la matière première à sa production, son utilisation et à sa
destruction doivent être étudiés. A savoir le recyclage des matériaux permet de :
o Préserver les ressources naturelles et éviter les dommages dus à l’extraction ;
o Economiser l’énergie, exemple le recyclage de l’aluminium équivaut 28 fois moins
d’énergie que de sa fabrication ;
o Eviter l’enfouissement ou la destruction.

Production

Extraction
des matières Transport
premières

Fin de vie et Utilisation


recyclage

Fig 2. Cycle de vie des matériaux


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III- Types de matériaux utilisés dans le bâtiment

Les matériaux utilisés dans le bâtiment peuvent être de types naturels (pierre, argile,
etc.), bio-sourcés (bois, béton de bois, terre/paille, terre/chanvre…), innovants
(composites), métalliques, recyclés, polymères (plastique, peinture, résine, …), minéraux
(verre, céramique). La question de l’efficacité énergétique posée à nos jours, favorise
l’introduction de nouveaux matériaux et équipements (matériaux actifs : aérogels, les
panneaux photovoltaïques, tuiles solaires, isolation, double ou triple vitrage…).

Fig 3. Types de matériaux et équipements utlisés dans le batiment

IV- Quelques propriétés des matériaux


II-1. Propriétés physiques

Les propriétés physiques des matériaux concernent leurs : dimensions, porosités


(accessible à l’eau, au mercure), masses volumiques ou densités (apparente, absolue),
perméabilité au gaz….
o La porosité : est l'ensemble des vides (pores) d'un matériau solide, ces vides sont
remplis par des fluides (liquide ou gaz). Les matériaux du bâtiment sont pour la plupart,
des matériaux poreux. On peut discerner deux types de matériaux poreux : les matériaux
hygroscopiques (aptes à fixer l’humidité), comme le bois (Fig 4), et les matériaux non-
hygroscopiques, comme le polystyrène ;
o La masse volumique (densité) : notée en ρ et mesurée en Kg/m3, elle caractérise la
masse du matériau par unité de volume.

Fig 4. Structure poreuse hygroscopique à l’échelle microscopique d’un bois résineux


(Source : Medjelekh, 2015)
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IV-2. Propriétés thermiques

Concernent la conductivité thermique, la capacité thermique, l’effusivité thermique, la


diffusivité thermique, l’inertie thermique, dilatation thermique, résistance au feu, …

IV-2-1. La capacité thermique et la conductivité thermique

o La capacité thermique (ou chaleur spécifique) : notée en Cp et mesurée en [J/kg/°K]


ou en [J/m3/°K]. Elle exprime la capacité de stockage thermique du matériau. Plus la densité
du matériau est élevée, plus sa capacité thermique est élevée. Les matériaux pierre, terre
crue ont de grandes capacités thermiques ;
o La conductivité thermique : notée en λ et mesurée en W/m°K, représente la quantité
de chaleur transférée par unité de surface et de temps sous un gradient de température. La
mesure de la conductivité en laboratoire se fait par plusieurs méthodes, plaque chaude,
disque chaud et fil chaud (Fig 5). Moins est la conductivité thermique, plus le matériau est
isolant. Et plus le matériau est poreux plus sa conductivité thermique est faible, exemple
des briques alvéolaires (l’augmentation du nombre de rangées de perforation améliore
leur performance thermique). Aussi les matériaux bois et à base de bois ont de faibles
conductivités, exemple du bois (Douglas), sa conductivité thermique est de 0,15 W/mK.

Fig 5. Mesure de la conductivité thermique et l’effusivité par la méthode du fil chaud


(Source : Medjelekh, 2020)

IV-2-2. L’inertie thermique

L’inertie thermique exprime la capacité du matériau à absorber la chaleur, la stocker,


l’amortir et la restituer après un certain temps de déphasage (Fig 6).
O n d e t h e r m iq u e e x t é r ie u r e
Amortissement
Températures

O n d e th e r m iq u e
t r a n s m is e

Déphasage

9 15 21 23 3 9
H eures

Fig 5. Phénomènes de l’inertie thermique (Source : Medjelekh, 2006)


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IV-2-3. Résistance au feu 1

Selon le décret n°76-37 du 20 février 1976 du journal officiel algérien, les matériaux de
construction mis en œuvre et les équipements des bâtiments ne doivent pas contribuer à
aggraver, rapidement ou notablement, un feu d’ameublement (logements) ou de tout autre
contenu combustible (caves, celliers, garages, locaux d’ordures ménagères…). De même,
dans les dégagements communs de l’immeuble, les revêtements ne doivent pas favoriser la
propagation du feu. Et dans la loi 92-2019, Art. 18-19, il est rappelé de la classification des
matériaux et éléments de construction, mais elle n’est pas donnée par types.
La classification européenne des matériaux sous la directive 89/106/CEE, quant à elle
s’échelonne de A à F. Elle fait distinction entre les matériaux du sol et ceux des murs et
plafond, et aussi des matériaux dit « goutant » comme le plastique, le polystyrène.
o La classe A (A1 et A2) : incombustible, tels que le béton, brique, plâtre,…,
o la classe B : combustible non inflammable, comme le polystyrène ;
o la classe C : combustible difficilement inflammable ;
o la classe D combustible très inflammable tels les matériaux goutant ;
o les classes E-d2 et F : matériaux les plus dangereux (aucune performance face au feu).
En France, les référentiels de prévention fixent des contraintes minimales. Locaux à
risques particuliers, quelle que soit la hauteur : parois, plafond CF°1h à 2h1, Fig 6.

Fig 6. Résistance au feu des éléments de construction : Classement par l’union européenne et
en France (à gauche) ; et application des référentiels de prévention en France (à droite)
(Source : www.normandie.developpement-durable.gouv.fr)

IV-3. Propriétés hydriques

Il s’agit de l’inertie hydrique, la capacité hydrique, le tampon hydrique, la résistance à


la vapeur d’eau, ….

IV-3-1. L’inertie hydrique

Les phénomènes sont semblables à ceux de l’inertie thermique. Le différentiel de


pression partielle intérieur/extérieur permet de faire migrer la vapeur d’eau dans le
matériau, de l’ambiance présentant la pression la plus élevée à l’ambiance dont la pression
est la moins élevée avec lesquels elle échange sa chaleur (Fig 7). Les matériaux tels la
pierre, la terre, le bois, ont des propriétés hygroscopiques qui leurs permettent d’absorber
sans dommage le surplus ponctuel de vapeur et de le restituer quand les conditions le
permettent tout en limitant le flux de chaleur (Medjelekh, 2015).

1
CF° 1h à 2h : signifie le classement Coupe-Feu d’une durée d’une heure à deux heures.

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EXTERIEUR PAROI INTERIEUR


Conductivité thermique
Rayonnement Production Ventilation
Chaleur spécifique
solaire de vapeur
Perméabilité à la chaleur
Isotherme de sorption
Humidité Humidité
TRANSFERT DE CHALEUR

Température TRANSFERT DE VAPEUR D’EAU Température

Fig 7. Transfert de chaleur et de masse (vapeur d’eau) à travers la paroi


hygroscopique (Source : Medjelekh, 2015)

IV-3-2. Le tampon hydrique

Le tampon hydrique MBV (Moisture Buffer Value) exprime la capacité des matériaux à
stocker en surface l'humidité afin de répondre à des exigences de régulation hydrique des
enveloppes. La mesure du tampon hydrique est réalisé selon un protocole dit Nordest (Rode
et al, 2005). La figure 8 montre la mesure de la MBV de quelques matériaux comparée à la
classification du projet Nordest. La brique de terre et le béton de bois donnent des MBV
excellentes (vitesses élevées d'ajustement aux variations de l’humidité relative), tandis que
les matériaux, la plaque de plâtre et la pierre travertin montrent des tampons inférieurs.

3,5
Excellente
3
MBV[(m²%HR)@8-16h]

2,5

2
Bonne

1,5
Modérée
Négligeable

1
Limitée

0,5

0
Travertin Plaque de Béton de Brique de
plâtre bois terre

Fig 8. MBV pratiques des matériaux testés, comparées à la classification du projet


Nordtest (Source : Medjelekh, 2015)

IV-4. Propriétés mécaniques

Concernent la résistance en compression, en traction, en torsion, …


o Résistance à la compression (Fig 9), mesurée en pascal (MPa), est la capacité d'un
matériau à supporter les charges qui tendent à réduire sa taille par compression
(écrasement), par opposition à la résistance à la traction qui est une résistance à
l'allongement (éclatement) et à la résistance au cisaillement qui est principalement une
résistance à la torsion (vrille).

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Fig 9. Test de résistance à la compression de briques cuites (Source : Medjelekh, 2020)

V- Matériaux recommandés pour l’enveloppe

Les matériaux peuvent être répartis dans l’enveloppe du bâtiment selon leur usage. Les
figures 10 et 11 donnent les possibilités de répartitions les plus recommandées dans le cas
général et au cas des matériaux bio-sourcés.

Fig 10. Répartition des matériaux dans l’enveloppe et les partitions

Fig 11. Répartition des matériaux bio-sourcés (Source : CPGE PTSI/PT- Sciences
Industrielles de l'Ingénieur)
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V-1. Les matériaux recommandés dans l’isolation thermique

o Le chanvre est l’un des rares isolants à pouvoir s’appliquer de multiples façons ;
o La paille offre une isolation thermique excellente ;
o La ouate cellulose a une grande perméabilité à la vapeur d’eau, elle est capillaire,
hydrophile et hygroscopique. Elle peut absorber 15 % de son poids en humidité. A cause
de sa structure ouverte, le produit est donc perméable à l’air ;
o Le liège expansé, garantit même l’isolation phonique qui peut être réduite de 25 à 45
décibels selon la fréquence des sons (graves ou aigues), voir tableau 1 ci-après ;
o Le lin emprisonne la vapeur d’air (fibres) pour créer l'isolation et diminuer l’humidité;
o La laine de mouton est un isolant 100% naturel. Elle a de bonnes capacités de rétention
d’eau jusqu’à 30% de son poids sans perdre de ses qualités isolantes ni de se tasser ;
o La pierre volcanique, la pierre calcaire et l’argile comme le granit, le travertin et la
terre crue pour construire des murs épais et s’isoler du froid en hiver et la chaleur d’été.

Fig 12. Matériaux recommandés pour l’isolation

Tableau 1 : Exemple de caractéristiques hygrothermiques, cas du matériau « liège »

Coefficient de résistance à la diffusion de la Ouvert à peu ouvert µ = 5 à 30


vapeur d’eau (µ)
Capacité hygroscopique Très peu hygroscopique
Comportement à l’eau Peu hydrophile, peu capillaire, imputrescible
Masse volumique (p) 100 à 160 kg/m3
Conductivité thermique (λ) 0.036 à 0.042 W/mK
Chaleur spécifique (c) 1600 à 2000 J/kg.K
Épaisseur pour une résistance thermique de 20 cm
5m2.K/W (confort d’hiver)
Déphasage thermique (confort d’été) 10h 22min (pour un isolant de 20 cm)
Réaction au feu (Euro classe) E
(Source : Interreg Iva, 2015)
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VI- Effets des matériaux bio-sourcés sur le confort hygrothermique, la qualité de l’air et
la consommation énergétique
VI-1. Effets des matériaux bois et à base de bois

La construction en matériau bois et ses dérivés présente de nombreux atouts : matière


première renouvelable, déchets de chantier réduits, énergie grise faible, fixation du ,
etc. Le grenelle d’environnement en France recommande l’utilisation au moins de 15% de
bois dans la construction (Fig 13).
o Les résultats des études prouvent que ces matériaux (tel le bois massif) peuvent réduire
de 40% l’amplitude de l'humidité (Li et al., 2012). Ils améliorent ainsi le confort
thermique et la qualité de l’air perçue dans le bâtiment, tout en induisant une
consommation réduite de l’énergie (Simonson et al, 2002), (Hameury, 2005).
o Selon Liu et al., (2013), la consommation d'énergie en climatisation peut être réduite
jusqu’à 40% pour le cas d’une maison en panneau de bois de pin.

Fig 13. Exemples de projets en bois en France

En Algérie, le manque d’expérience dans la construction bois impacte la compétitivité


du matériau. Ce dernier n’est quasiment pas utilisé, avec une absence d’information sur sa
durabilité et sa performance dans l’enveloppe du bâtiment.
o A Ghardaia et dans d’autres régions du sud algérien, il est traditionnellement utilisé les
vieux palmiers dans la construction des maisons en terre. Cette utilisation se manifeste
par la présence de troncs au niveau de la structure (poteau - poutre), des feuilles et la
base des pétioles (kornaf) en plancher (Fig 14).
o Une recherche expérimentale menée sur trois variétés de bois de palmier dattier d'oasis
de Biskra en Algérie montre que ce matériau naturel est un bon candidat pour le
développement d'isolants efficaces et sûrs (Agoudjil et al, 2011).
o Le comportement hygrothermique d'un matériau composé de fibres de palmier
dattier, ciment et sable a été étudié. Ce matériau a été classé comme hygroscopique et
respirant avec un excellent pouvoir tampon d'humidité (Chennouf et al, 2018).

Fig. 14. Utilisation du palmier (tronc et feuilles) dans la construction à Ghardaia


(Source : Medjelekh, 2015)

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VI-1. Effets des bétons végétaux

o Une réduction de 45% de la consommation d'énergie peut être atteinte dans le cas du
béton de chanvre comparé au béton cellulaire (Tran Le et al., 2010).
o L’ajout des granulats de liège au béton améliore ses performances thermiques et donne
un matériau léger (béton de liège). Le liège ralentit le transfert de chaleur à travers la
paroi et favorise mieux la libération de l’eau contenue dans le béton (Sotehi, 2010).
o Les mesures menés sur une cellule-test en béton de bois (Fig 15), comparés aux
simulations témoignent l’efficacité de ce matériau dans la gestion des transferts
hygrothermiques (Medjelekh, 2019).

Fig 15. Mesures sur le matériau béton de bois et dans une cellule-test construite en ce
matériau (Source : Medjelekh, 2019)

VI-2. Effets des matériaux terre crue et terre-paille

Depuis les premiers temps et relancée à nos jours, l’architecture en terre crue témoigne
de ses avantages à travers les différentes conceptions, sous divers climats. Cette
architecture durable a parcouru tous les continents. Elle n’est pas limitée aux zones de
climat chaud et sec, on en trouve au nord de l’Europe, aux pays de l’Est, au sud de
l’Angleterre ou bien dans d’autres régions connues par les précipitations. La terre crue est
souvent associée aux fibres végétales (paille, chanvre, herbes,..) pour améliorer sa
résistance mécanique. Les performances thermohydriques de ce matériau, au sein de
l’enveloppe du batiment, permettent d’assurer le confort hygrothermique pour une faible
consommation énergétique. De plus ce matériau naturel se trouve abandant, son utilisation
dans le bâtiment minimise considérablement son impact sur l’environnement.

Fig 16. Exemples de projets construits en terre crue

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Diverses études sur les argiles crues montrent leur potentiel d'amortissement passif des
fluctuations d'humidité dans le bâtiment (Padfield, 1998), (Allinson, Hall, 2010). Les
enveloppes d’argile réduisent la fréquence des périodes de forte humidité à la surface de
paroi, avec le potentiel de réduire la consommation d'énergie (Allinson, Hall, 2010).
o Sous climat semi-aride de Bousaada, la simulation montre que la maison en terre crue
reste de loin la plus efficace pour pallier le problème de surchauffe. L’inertie thermique-
hydrique de ce matériau joue un rôle primordial en été (Ould-Henia, 2003).
o Le monitoring d’une maison en terre et paille (Fig 17) à coté de Biskra prouve que ce
matériau local adapté au climat de la région est à l’origine de l’amélioration du confort
hygrothermique. L’inertie thermique du matériau assure l’équilibre thermique l’hiver et
l’été. L’inertie hydrique assure l’équilibre hygrométrique, avec l’absorption et
l’émission de chaleur latente qui provoque la sensation du rafraîchissement chez les
occupants en été. En hiver elle régule l’humidité relative (Medjelekh, 2015).
o Sous climat méditerranéen de Bari (Italie), la simulation montre que l’enduit d’argile
fourni la meilleure performance hydrique en termes d'amortissement d'humidité avec
une réduction annuelle de consommation de 25% pour l'humidification et 40% pour la
déshumidification (Liuzzi et al, 2013).

Fig 17. Maison en terre et paille monitorée (Source : Medjelekh, 2015)

Conclusion

Les matériaux représentent environ 40 % du coût de la construction d’un bâtiment. Les


critères de leur choix doivent être basés sur la durabilité, l’impact sur la santé des usagers
/l’environnement et le rapport qualité/prix. Les matériaux naturels, bio-sourcés, de
préférence locaux, sont les plus recommandés. Ils assurent le confort hygrothermique et
améliorent la qualité de l’air intérieur. Ils ouvrent une piste prometteuse en termes
d’économie d’énergie pour une construction durable.

Bibliographie
Annexe N°5. Résistance au feu, [ En ligne ] :
http://www.essonne.gouv.fr/content/download/22579/184989/file/Annexe+n%C2%B05+-
+R%C3%A9sistance+au+feu+des+batiments.pdf, page consultée le 01/04/2020 à 15h.
Chennouf N., Agoudjil B., Boudenne A., Benzarti K., Bouras F., Hygrothermal,
Characterization of a new bio-based construction material: Concrete reinforced with date
palm fibers, Construction and Building Materials 192 (2018) 348–356.
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Dalel MEDJELEKH Cours 7 : Choix des matériaux de construction

Comportement au feu des matériaux et éléments de construction, [ En ligne ] :


http://www.normandie.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/5_Comportement_au_feu.pdf, page consultée le 01/4/2020 à 15h.
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Hameury S., Moisture buffering capacity of heavy timber structures directly exposed to an
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at room level and its buffering effect on a test room, Building and Environment 47 (2012),
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Liuzzi S., Hall M.R., Stefanizzi P., Casey S.P. Hygrothermal behaviour and relative humidity
buffering of unfired and hydrated lime-stabilised clay composites in a Mediterranean
climate Building and Environment 61 (2013), pp : 82-92.
Medjelekh D., Impact de l’inertie thermique sur le confort hygrothermique et la consommation
énergétique du bâtiment, cas de l’habitation de l’époque coloniale à Guelma, Magister,
option architecture bioclimatique, Université de Constantine, 2006.
Medjelekh D., “Caractérisation multi-échelle du comportement thermo hydrique des
enveloppes hygroscopiques,” Thèse de doctorat, spécialité, Génie civil, Architecture
bioclimatique, Universités de Limoges (France) – Constantine (Algérie), 2015.
Medjelekh D., L. Ulmet, and F. Dubois, “Évaluation et modélisation des transferts
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Journal Officiel de la république algérienne, Loi 19-02 du 17 juillet 2019, relative aux règles
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