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Département des sciences de la matière Licence 2

Faculté des sciences exactes Maths 4


Université des Frères Mentouri Constantine N. ARAR
2018-2019 armathar113@yahoo.fr

Théorème des résidus et ses applications

1 Classification des singularités


Soit f une fonction analytique et uniforme à l’intérieur d’une courbe fermé C et sur C
sauf en des points isolés a, b, c, . . . intérieurs à C.
Ces points sont dits singularités isolées de f et chacune d’elles peut être classée parmi
un des trois types suivants

1.1 Pôles
Une singularité isolée z = a de la fonction f est appelée un pôle d’ordre n de f , si
f (z) peut être écrite dans un voisinage de a sous la forme
1
f (z) = g(z) , (1)
(z − a)n
où n est un entier positif et g une fonction analytique dans un voisinage de a telle que
g(a) 6= 0. Dans ce cas, on peut considérer le développement de g(z) en série de Taylor au
point z = a i.e.
1
g(z) = g(a) + g 0 (a)(z − a) + g 00 (a) (z − a)2 + · · ·
2!
et (1) devient

g(a) g 0 (a) g (n−1) (a)


f (z) = + + · · · +
(z − a)n 1!(z − a)n−1 (n − 1)!(z − a)
(n) (n+1)
g (a) g (a)
+ + (z − a) + · · ·
n! (n + 1)!
+∞
X g (k+n) (a)
= αk (z − a)k ; αk = , k = −n, −n + 1, . . . (2)
−n
(n + k)!

Le membre droit dans (2) est appelé une série de Laurent et la partie des puissances
négatives d’une série de Laurent est dite partie principale.
Remarque. Si la partie principale d’une série de Laurent s’annule, alors elle est dite
série de Taylor.
Le coefficient α−1 de la première puissance négative du développement (2) de f (z) en série
de Laurent s’appelle le Résidu de f (z) en z = a. Il est donné par

g (n−1) (a) 1 dn−1  n



α−1 = = (z − a) f (z) .
(n − 1)! (n − 1)! dz n−1 z=a
En particulier, si a est un pôle simple (d’ordre 1) alors
 
α−1 = (z − a)f (z) .
z=a

Exemple 1.1. Calculer le résidu de


z
f (z) = , en z = 1 et z = −1.
(z − 1)(z + 1)2

Solution. On a z = 1 et = −1 qui sont respectivement des pôles d’ordre 1 et 2.


• Pour le résidu en z = 1, on a
 
  z 1
(z − 1)f (z) = = .
z=1 (z + 1)2 z=1 4

• Pour le résidu en z = −1, on a


 
d 2
 d z 1
α−1 = (z + 1) f (z) = =− .
dz z=−1 dz z − 1 z=−1 4

1.2 Singularités apparentes


Si la fonction f (z) n’est pas définie en un point isolé z = a mais si la limite de f (z)
lorsque z tend vers a existe et est un nombre fini, alors z = a est appelé une singularité
apparente et l’on définit
f (a) = lim f (z).
z→a

Dans ce cas, la fonction f (z) est analytique en z = a et peut être développée en série de
Taylor dans le même point.
Ainsi le résidu pour une singularité apparente est nul.

Exemple 1.2. Calculer le résidu de


sin z
f (z) = en z = 0.
z
Solution. On a z = 0 qui est une singularité apparente puisque f (0) n’existe pas, mais

lim f (z) = 1.
z→0

On déduit alors, f (0) = 1 et pour le développement de f (z) en série, on trouve

z3 z5 z2 z4
 
sin z 1
= z− + − ··· = 1 − + − ···
z z 3! 5! 3! 5!

qui est bien une série de Taylor.

2eme année Licence 2 N.ARAR


1.3 Singularités essentielles
Une singularité isolée z = a de la fonction f (z) qui n’est ni un pôle ni une singularité
apparente est appelée une singularité essentielle. Dans ce cas f (z) peut être développé
en z = a en une série de Laurent dont la partie principale contient une infinité de puissances
négatives
+∞
X
f (z = αk (z − a)k .
−∞

Exemple 1.3. Déterminer le développement en série de Laurent de


1
f (z) = e z en z = 0.

Solution. Le développement en série de Laurent de f (z) au point z = 0 est le suivant


1 1 1 1
ez = 1 + + 2
+ + ···
z 2!z 3!z 3
z = 0 est une singularité essentielle où le résidu est égal à 1.

2 Théorème des Résidus


Soit f (z) une fonction analytique et uniforme à l’intérieur d’une courbe fermé C, sauf
en un nombre fini de singularités a, b, c, . . . intérieures à C en lesquelles les résidus de f (z)
sont respectivement α−1 , β−1 , γ−1 , . . . Alors le théorème des résidus établit que
I X
f (z)dz = 2πi(α−1 + β−1 + γ−1 + . . . ) = 2πi Res(f, z).
C z∈C

2.1 Application1 : Intégrales trigonométriques


Soit R une fonction rationnelle n’ayant pas de pôles sur le cercle unité {z; |z| = 1} et
posons Z 2π
I= R(cos θ, sin θ)dθ.
0

pour z = e , on a
1
dz = ieiθ dθ =⇒ dθ = dz
iz
1
z+z z+ z
z − z1
cos θ = = et sin θ =
2 2 2i
Donc
z + z1 z − z1
Z  
1 X
I= R , dz = 2π Res(R, zk ).
C 2 2i iz
zk ∈D

Exemple 2.1. Calculer Z 2π


1 dθ
I= .
2π 0 25 − 16 cos2 θ

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Solution. On a
1
z+ 1
cos θ = z
et dz = ieiθ dθ =⇒ dθ = dz
2 iz
Donc
I
1 dz
I =  1 2
2π C iz(25 − 16
(z+ z )
4
I
i z
= dz
2π C 4z 4 − 17z 2 + 4
1
La fonction à intégrer présente des pôles simples z1 = 2, z2 = −2, z3 = 2
et z4 = − 12 où
seulement z3 et 4 appartiennent à D(0, 1). Alors
• Le résidu au pôle z3 est donné par
  
1 z 1
z− 2 1 1 =− .
2 4(z − 4)(z − 2 )(z + 2 ) z= 1 30
2

• Le résidu au pôle z4 est donné par


  
1 z 1
z+ 2 1 1 =− .
2 4(z − 4)(z − 2 )(z + 2 ) z=− 1 30
2

et

2πi2
Z  
1 dθ 1 1 1
I= = − − = .
2π 0 25 − 16 cos2 θ 2π 30 30 15

2.2 Application2 : Intégrales impropres de fractions rationnelles


l’intégrale est de la forme Z +∞
I= R(x)dx,
−∞

où R est une fonction rationnelle sans pôles réels. Avant de calculer il faut s’assurer de
deux points
• La convergence de I.
• Choix du compact C.
Pour que l’intégrale I soit convergente il faut et il suffit que la partie principale de R(x)
à l’infini soit de la forme x1n , n ≥ 2.

2.2.1 Rappel
1er point Une condition suffisante est lim xR(x) = 0.
|x|→∞

2me point C = {z ∈ C; |z| ≤ R et Im(z) ≥ 0}, R est choisi de sorte que les pôles
situés sur le demi-plan y ≥ 0 soient contenu dans l’intérieur de C
Z X
I= R(z)dz = 2πi Res(R, zk ).
C zk ∈C

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Exemple 2.2. Calculer Z +∞
1
I= dx.
−∞ x4 +1
Solution.
1
R(x) = .
x4 +1
• lim xR(x) = 0 donc I converge.
x→+∞
• R(z) possède 4 pôles qui sont les racines 4ieme de −1
z1 = eiπ/4 , z2 = ei3π/4 , z3 = z 2 , z4 = z 1 .
C = {z ∈ C; Im(z) ≥ 0, et |z| ≤ r} et r suffisamment grand pour contenir
z1 , z2 , z3 et z4 .
Z 4
X
R(z)dz = 2π Res(R(z), zk )
C k=1,Im(zk )≥0

Ainsi Z +∞
π
R(x)dx = 2πi(Res(R(z), z1 ) + Res(R(z), z2 )) = √ .
−∞ 2
R +∞
2.3 Application3 : Intégrales du type −∞ f (x)eiαx dx
On considère dans ce cas deux situations

Situation 1
Les singularités d f n’appartiennent pas à l’axe des réels, alors on suppose que f (x) ∈ R,
lim f (z) = 0 et l’intégrale considérée converge. On applique le théorème des résidus
|z|→+∞
à f (z)eiαz pour le choix du compact C = {z ∈ C; Im(z) ≥ 0 et |z| ≤ r}, et r
suffisamment grand. On a
Z +∞ p
X
iαx
f (x)e dx = 2πi Res(f (z)eiαz , zk ).
−∞ k=1

Exemple 2.3. Calculer Z +∞


cos x
I= dx.
−∞ 1 + x2
Solution. On pose
1
f (z) = ; eiαz = cos αz + i sin αz, α = 1 > 0.
1 + z2
On a lim f (z) = 0 et f (z) possède deux pôles à savoir i et −i, alors
|z|→+∞
Z +∞
f (x)eiαx dx = 2πiRes(f (z)eiαz , i).
−∞
et Z +∞
f (x) cos xdx = Re 2πiRes(f (z)eiαz , i) .

−∞

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Situation 2
f admet des singularités sur l’axe des réels. Supposons que f admet un pôle z = x1
sur l’axe des réels, lim f (z) = 0 et
|z|→+∞

C = {z ∈ C; Im(z) ≥ 0 |z − x1 | > ε et |z| ≤ r}.

Alors p
Z +∞ X
iαx
f (x)e dx = iπa−1 + 2πi Res(f (z), zk ),
−∞ k=1

avec a−1 qui vérifie


a−1
f (z)eiαz = + g(z), où g(z) analytique.
z − x1
Exemple 2.4. Calculer Z +∞
sin x
I= dx.
0 x
Solution. On a Z +∞ Z 1 Z +∞
sin x sin x sin x
dx = dx + dx
0 x 0 x 1 x
sin x
La première intégrale est convergente car ∼ 1 au V (0), d’une autre part, on a
x
Z +∞ Z +∞
sin x cos x +∞ cos x
dx = − dx, donc convergente.
x x 1 x2

1 1

Donc I converge.
1
=⇒ f (z)eiαz = f (z)eiz
f (z) =
z
f (z) admet un pôle simple z = 0 et lim f (z) = 0
|z|→+∞

C = {z ∈ C; Im(z) ≥ 0 ε ≤ |z| ≤ r}
et
p
!
Z +∞
1 X 1 1
f (z)eiαz dz = iπa−1 + 2πi Res(f (z), zk ) = iπa−1 = iπ.
0 2 k=1
2 2
D’où Z +∞
sin x 1
dx = π.
0 x 2
R +∞ R(x)
2.4 Application4 : Intégrales du type 0 xα dx, 0 < α < 1
Z +∞
R(x) 2πi X
dx = Res(f (z), zk ),
0 xα 1 − e−i2πα
Exemple 2.5. Calculer
Z +∞
1
I= dx; 0 < α < 1.
0 xα (1 + x2 )

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Solution.
1 1
f (z) = ; R(x) =
z α (1 + z2) 1 + x2
R(x) admet deux pôles i et −i alors
Z +∞
1 π sin(πα/2)
dx = .
0 xα (1 2
+x ) sin(πα)
R +∞
2.5 Application5 : Intégrales du type 0 R(x) ln xdx
R étant une fonction rationnelle sans pôle sur R+
Z +∞ Z +∞
1X
R(x) ln xdx + iπ R(x)dx = − Res(f (z), zk ); f = R(z)g 2 (z).
0 0 2
Exemple 2.6. Calculer Z +∞
ln x
I= dx.
0 1 + x4
Solution. Z +∞  
ln x 1X
dx = Re − Res(f (z), zk )
0 1 + x4 2
R admet 4 pôles z0 = eiπ/4 , z1 = ei3π/4 , z2 = ei5π/4 , z1 = ei7π/4 .

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