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PREMIERE PARTIE :

L’ORGANISATION GENERALE DU SYSTEME DE SECURITE SOCIALE

Au Togo, le système de protection sociale est organisé autour de deux grands pôles : d’un côté
on retrouve les régimes d’assurance sociale (régimes contributifs), de l’autre, on a des
programmes d’assistance sociale (programmes non contributifs).

I. Régimes d’assurance sociale (Régimes contributifs)


La logique de ces régimes est que les prestations sont versées aux individus qui se sont assurés
contre un risque en cas d’une matérialisation de ce risque. La protection est fondée uniquement
sur l’emploi formel et sur la capacité des individus à s’ouvrir des droits grâce à leur activité
professionnelle et à leurs cotisations à l’assurance. Elle a un caractère obligatoire. Elle repose
sur une contribution financière des employés et des employeurs (les cotisations sociales) et sur
la mutualisation des risques. Ces régimes sont gérés par les employés et les employeurs.
Il existe au Togo trois (3) régimes assurantiels :
- Le régime des pensions créé en 1963 couvre la branche de prestations de vieillesse pour
les fonctionnaires civils et militaires. Il est géré par la Caisse de Retraite du Togo (CRT).
- Le régime général de sécurité sociale qui couvre la branche des prestations familiales,
la branche des risques professionnels, et celle des pensions pour les travailleurs du
secteur privé. Ce régime est créé en 1968 et actuellement géré par la Caisse Nationale
de Sécurité Sociale (CNSS).
- Le régime d’assurance-maladie obligatoire qui couvre la branche des soins médicaux
pour les agents publics et assimilés en activité ou à la retraite. Il est créé en 2011 et géré
par l’Institut national d’assurance-maladie (INAM).
En plus des trois régimes, il existe l’assurance individuelle accidents/vie professionnelle. Elle
est instituée en 1970 et couvre la « branche risques professionnels » pour les fonctionnaires de
l’administration générale, les agents permanents, les sapeurs-pompiers, la police nationale, les
gardiens de prison, les agents des eaux et forêts, les fonctionnaires et les membres des
institutions (présidence de la République, gouvernement, Cour constitutionnelle, Haute autorité
de l’audiovisuel et de la communication). Elle est gérée par le ministère chargé des finances.

II. Programmes d’assistance sociale de protection sociale (programmes non


contributifs)
La logique de ces programmes dits assistantiels veut que les prestations soient versées aux
individus selon leurs besoins. Elle repose sur le principe de l’uniformité des prestations fondée
sur les besoins des individus. La plupart ne sont pas universels mais ciblés et visant les plus
pauvres. Ces programmes ne couvrent généralement pas tous les risques mais il existe différents

1
programmes pour les différents risques. Leur financement est basé sur la solidarité nationale et
particulièrement sur les fonds publics.
Le système togolais de protection sociale comporte plusieurs programmes de type assistantiels
tels que les programmes de subventions et de gratuité en matière de santé, les programmes
d’assistance sociale de lutte contre la vulnérabilité et l’exclusion sociale et les programmes du
marché du travail.
▪ Programmes de subventions et de gratuité en matière de santé
Les programmes de subventions et de gratuité en matière de santé sont mis en œuvre en
application de la loi nº 2009-007 du 15 mai 2009 portant le Code de la santé publique de la
République togolaise. Ils ont pour objectif de permettre l’accès aux soins de santé à tous et
particulièrement aux groupes de personnes spécifiques tels que les enfants, les femmes, les
personnes vivant avec un handicap, les personnes souffrant de pathologiques particulières
(VIH, sida, tuberculose, paludisme, onchocercose, filariose, fistules, etc.).
Ces programmes sont gérés par le ministère chargé de la santé avec l’appui des partenaires
techniques et financiers.
▪ Programmes d’assistance sociale de lutte contre la vulnérabilité et l’exclusion sociale
Les programmes d’assistance sociale de lutte contre la vulnérabilité et l’exclusion sociale
s’inscrivent dans les politiques sectorielles. Ils sont gérés par les ministères chargés de l’action
sociale, de l’éducation, de l’agriculture et du développement à la base. Plusieurs programmes
sont de création récente (depuis 2008).
▪ Programmes du marché du travail
Les programmes du marché du travail sont essentiellement composés des programmes d’Appui
à l’Insertion et au Développement de l’Embauche (AIDE) et de celui du volontariat national,
institués respectivement par la loi nº 2011-004 du 18 février 2011 et la loi nº 2011-001 du 17
février 2011. Ces programmes sont respectivement gérés par le ministère chargé de l’emploi à
travers l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et le ministère du développement à la base
par le biais de l’Agence nationale de volontariat au Togo (ANVT). A ces deux programmes
s’ajoute le programme Travaux à Haute intensité de main-d’œuvre (THIMO) mis en place
depuis 2012. Il est également sous la tutelle du ministère du développement à la base.

Etudier l’organisation de la sécurité sociale du Togo revient à s’intéresser à ses ressources.


L’étendue des cotisations sociales dépend des règles d’assujettissement. La détermination de la
dette de cotisation implique la connaissance de l’assiette des cotisations, des taux de cotisations
et des éventuelles exonérations. La dette s’éteint par le paiement ; à défaut, un contrôle est
organisé par la caisse.

2
Titre I : Champ d’application du régime général

Chapitre 1 : Assujettissement au régime général

Section 1 : Champ d’application professionnel

§ 1 : Les principes

A. Modalités d’assujettissement au régime général de sécurité sociale

1 : Le régime général, un régime salarié

Le régime général est fondamentalement un régime salarié. C’est ce qui ressort de l’article 3 du
code de sécurité sociale qui rend obligatoire l’assujettissement au régime général de sécurité
sociale à, « tous les travailleurs soumis aux dispositions du code du travail sans aucune
distinction de race, de sexe, d’origine ou de religion lorsqu’ils exercent à titre principal une
activité sur le territoire national pour le compte d’un ou plusieurs employeurs nonobstant la
nature, la forme, la validité du contrat, la nature et le montant de la rémunération ». Lorsqu’ils
ne bénéficient pas d’un autre régime de sécurité sociale, les salariés de l’Etat et des collectivités
territoriales et des établissements publics sont également assujettis au régime général de sécurité
sociale.

2 : L’extension du régime général à d’autres catégories socioprofessionnelles

D’autres personnes exerçant une activité non salariée ou des activités particulières peuvent
relever, en vertu de la loi, du régime général de sécurité sociale. Ainsi, relèvent du régime
général pour l’ensemble des branches, les travailleurs indépendants tels que les avocats, les
architectes, les notaires, les huissiers, les commissaires-priseurs, les médecins, les pharmaciens,
les experts comptables et les entrepreneurs. Il en est de même des ministres des cultes.

3
Le régime général de sécurité sociale a également été rendu applicable, mais pour certaines
branches seulement, à d’autres catégories de personnes qui ne sont pas salariées et dont les
prestations sont gérées par la CNSS, pour le compte du régime général. Il en est ainsi des
travailleurs de l’économie informelle pour les branches des pensions et des prestations
familiales. Les élèves des écoles de formation professionnelle, les apprentis et les stagiaires
sont quant-à eux assujettis la branche des risques professionnels afin qu’ils soient protégés en
cas d’accident ou maladies professionnelles survenus par le fait ou à l’occasion de leur
formation, apprentissage ou stage.

B. Caractère impératif de l’affiliation à une législation de sécurité sociale

Le statut social d’une personne est d’ordre public et s’impose de plein droit dès lors que sont
réunies les conditions de son application. Par suite est nulle toute convention par laquelle les
parties décident de ne pas procéder aux formalités obligatoires d’affiliation et d’immatriculation
auprès du régime général. En France, la Cour de cassation affirme que "« la seule volonté des
parties est impuissante à soustraire un travailleur au statut social qui découle nécessairement
des conditions d’accomplissement de son travail »" (Cass. ass. plén., 4 mars 1983, n° 81‐15.290,
Bull. civ. ass. plén., n° 3). Toutefois, l’immatriculation rétroactive au régime général ne peut
pas réduire à néant les droits et obligations nés de l’affiliation antérieure (Cass. soc., 9 avr.
1998, n° 96‐18.706).

Cette obligation d’assujettissement a été contestée sur le fondement du droit de la concurrence


: les institutions de sécurité sociale seraient dotées d’un monopole de collecte des cotisations
qui heurterait la prohibition des monopoles. Cet argument, le plus souvent invoqué comme
moyen en défense par des affiliés, à l’occasion de contentieux de redressement pour non‐
paiement de cotisations sociales, n’a jamais été accueilli par la jurisprudence1.

1
Dans plusieurs arrêts portant sur des législations de sécurité sociale française, italienne et allemande, la CJCE a
jugé que les règles de la concurrence ne visent pas les caisses de sécurité sociale dès lors qu'elles remplissent une
fonction de caractère exclusivement social, fondée sur le principe de la solidarité et dépourvue de tout but lucratif.
Les organismes de protection sociale sont exclus de l'application du droit communautaire de la concurrence dès
lors qu'ils exercent "« des fonctions de solidarité qu'ils accomplissent par dévolution de l'État »" (CJCE, 16 nov.
1995, aff. C‐244/94, FFSA, Rec. I‐4013). Pour la CJCE, leur activité n'est pas économique. En effet, "« les
organismes qui en sont chargés ne constituent pas des entreprises au sens des articles 85 et 86 du traité »". Aussi,
pour la Cour, "« les régimes de sécurité sociale ainsi conçus reposent sur un système d'affiliation obligatoire,
indispensable à l'application du principe de la solidarité ainsi qu'à l'équilibre financier desdits régimes »" (CJCE,
17 févr. 1993, aff. C‐159/91, C. Poucet c/ AGF ; CJCE, 17 févr. 1993, aff. C‐160/91, Calmurac et D. Pistre c/
Cancava Rec. I‐664 ; CJCE, 22 janv. 2002, aff. C‐218/00, Cisal, Rec. I‐691 : validité de l'obligation de cotisation
au régime des travailleurs indépendants d'assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles
de l'INAIL en Italie ; CJCE, 16 mars 2004, aff. C‐264/01, C‐306/01, C‐354/01 et C‐235/01, AOK Bundesverband,

4
C. Organismes compétents en matière d’assujettissement

Au Togo, il existe trois organismes compétents en matière de sécurité sociale : la Caisse


Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), l’Institut National d’Assurance Maladie (INAM) et la
Caisse de Retraites du Togo (CRT)

La CNSS a pour attribution de de gérer le régime général de Sécurité Sociale institué par la loi
2011-006 du 21 février 2011 portant de Sécurité Sociale en République Togolaise. Ce régime
comprend une branche des prestations familiales et de maternité, une branche des pensions et
une branche des risques professionnels. La mission de la CNSS consiste essentiellement à
immatriculer les employeurs et les travailleurs soumis au code du travail, recouvrer les
cotisations sociales dues, gérer les cotisations sociales et payer des prestations sociales aux
ayants droits.

L’INAM a pour mission d’assurer la couverture des risques liés à la maladie, aux accidents et
maladies non professionnels et à la maternité des agents publics et de leurs ayants droit.

A ce titre, l’INAM :

• assure la gestion du fonds d’assurance maladie des agents publics en activité et à la


retraite ;

• tient à jour les registres d’immatriculation des employeurs et des assurés et de leurs
ayants droit ;

• définit et adapte un panier de soins de nature à assurer l’équilibre financier de l’INAM ;

• recouvre et enregistre les cotisations de l’assurance maladie;

• passe, avec les prestataires de services de santé, des accords de partenariat aux fins
d’assurer les prestations de santé continues et de qualité;

Rec. I‐2493, points 46 et 57 sur la confirmation de la non‐application des règles de la concurrence à l'activité de
nature non économique des Fédérations des caisses allemandes d'assurance maladie ; CJCE, 27 oct. 2005, aff. C‐
266/04 à C‐270/04, C‐276/04 et C‐321/04 à C‐325/04, Nazairdis SAS, Rec. I‐9481, point 54 confirmant
indirectement la non‐ application des règles de la concurrence à l'activité exercée par les caisses françaises Organic
et Cancava qui ne constituent pas une activité économique). En France, la chambre commerciale (Cass. com., 6
avr. 1993, no 90‐13.625), de même que la chambre sociale de la Cour de cassation (Cass. soc., 22 juin 2000, no
98‐22.495, Bull. civ. V), ont écarté l'application du droit de la concurrence aux organismes chargés de la gestion
de régimes de base de sécurité sociale.

5
• assure l’organisation et la coordination, notamment la collecte, la vérification et la
sécurité des informations relatives aux bénéficiaires et aux prestations qui leur sont
servies ;

• organise et dirige le contrôle médical en matière de soins et de prestations connexes,


ainsi que l’application de la tarification des actes ;

• effectue, après vérification de la validité des factures et des droits aux prestations, les
paiements aux prestataires de soins conventionnés, des services de soins effectués en
faveur de ses bénéficiaires ;

• passe, s’il y a lieu, avec tout organisme de protection sociale, des conventions aux fins
de participer à des programmes d’action sanitaire et sociale ;

• met en œuvre, en appui au ministère chargé de la santé, les actions de prévention,


d’éducation et d’information de nature à améliorer l’état de santé des populations
assurées;

• crée, le cas échéant, des services d’intérêt commun, des antennes régionales et
préfectorales.

La CRT a pour mission de recouvrer les cotisations sociales des fonctionnaires de la République
(auprès des organismes employeurs de l’État) et de payer les pensions de retraites selon le
système de répartition basé sur le principe de la solidarité entre les générations. L’institution
s’appuie sur de différents services qui constituent le levier de réalisation de sa mission :
l’immatriculation, le suivi de carrière, le recouvrement des cotisations sociales, préparation et
versement des pensions, accompagnement des pensionnés, contentieux, des services de gestion
administrative et de fournitures logistiques et de gestion et planning stratégique avec les assurés
et les organismes.

§ 2 : L’assujettissement de principe des salariés

La notion de salariat ou de « travail dépendant » qui conditionne l’assujettissement obligatoire


au régime général de sécurité sociale repose sur une conception identique à celle qui caractérise
le contrat de travail. Trois éléments ont été dégagés par la jurisprudence française pour
caractériser le travail dépendant : l’existence d’un lien de subordination, élément déterminant ;
le versement d’une rémunération ; l’existence d’un contrat. Certaines catégories particulières
d’activité ou les conditions dans lesquelles se déroulent certaines d’entre elles font parfois

6
hésiter sur l’existence d’un de ces éléments ; il en résulte une abondante jurisprudence
interprétative. Les discussions les plus vives ont lieu à propos de certaines activités qui peuvent
s’exercer aussi bien dans le cadre du régime général des travailleurs salariés ou en dehors de ce
cadre, telles certaines professions médicales

A. Lien de subordination juridique : critère déterminant

1 : Caractère décisif du lien de subordination

Le lien de subordination juridique est entendu comme la situation dans laquelle le travailleur
salarié est soumis à une subordination constante, en ce sens qu’il est susceptible de recevoir des
ordres ou d’être surveillé à tout moment de l’exécution de son travail, qui fait ainsi l’objet d’une
obligation de moyens. Depuis un arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation française
du 13 novembre 1996, le lien de subordination est devenu l’élément central de
l’assujettissement au sens du Code de la sécurité sociale. Pour la Cour de cassation, « le lien de
subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a
le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner
les manquements de son subordonné »2.

Il est à noter que « l’existence d’une relation de travail salarié ne dépend ni de la volonté
exprimée par les parties ni de la dénomination qu’elles ont donnée à leur convention, mais des
conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité des travailleurs »3. Il est ainsi nécessaire
de « caractériser l’existence d’un lien de subordination entre les intéressés et la société, celui‐
ci ne pouvant être déduit du seul défaut d’inscription au registre des agents commerciaux »4

2 : Le pouvoir de requalification du contrat par le juge

L’existence d’une relation de travail ne dépend pas de la qualification donnée par les parties au
contrat, le juge doit requalifier celui‐ci en fonction des conditions de fait de son exécution5.

2
Cass. soc., 13 nov. 1996, no 94‐13.187, Bull. civ. V, no 386 ; Cass. soc., 23 janv. 1997, no 94‐17.979 ; Cass.
soc., 29 sept. 2009, no 08‐44.194.
3
Cass. 2e civ, 17 avr. 1991, n° 88‐40.121, Bull. civ. V, n° 200 ; Cass. soc., 19 déc. 2000, n° 98‐40.572, Bull. civ.
V, n° 437 ; Cass. soc., 29 sept. 2009, n° 08‐ 44.194.
4
Cass. soc., 12 févr. 2009, n° 07‐21.790, Bull. civ. V, n° 255.
5
Cass. soc., 19 déc. 2000, no 98‐40.572, Bull. civ. V, no 437 ; Cass. soc., 29 sept. 2009, no 08‐ 44.194.

7
L’existence ou non d’un lien de subordination juridique et dès lors de la pertinence de
l’affiliation au régime général est, en droit de la Sécurité sociale, le plus souvent discutée à
partir d’un redressement après contrôle opéré par l’Urssaf.

Celle‐ci réintègre tel ou tel travailleur prétendument non subordonné dans le champ
d’application du régime général et réclame les cotisations afférentes. Plus rarement, le
travailleur réclame, devant le conseil de prud’hommes, la qualité de salarié, un assujettissement
rétroactif au régime général et des dommages‐intérêts correspondant au préjudice subi du fait
de l’absence d’assujettissement.

Le litige sur l’existence ou non d’un lien de subordination est alors examiné par les juridictions
compétentes qui ont pouvoir de requalification de la situation.

B : La rémunération : élément nécessaire

La rémunération est une condition nécessaire à l’assujettissement au régime général. Ainsi, un


directeur général d’une SA, normalement assujetti au régime général, qui exerce son mandat
gratuitement n’est pas assujetti au régime général6.

Ce principe général a été tout particulièrement confirmé par la Cour de cassation française à
propos de gérants non majoritaires non rémunérés7.

Il en ressort que l’appartenance au régime général implique obligatoirement l’existence d’une


rétribution et que toute personne effectuant un travail sans aucune contrepartie de rémunération,
en espèces ou en nature, est exclue du bénéfice des assurances sociales.

L’existence d’une rémunération ne suscite aucune difficulté pour les salariés liés à l’employeur
par un réel contrat de travail. En effet, le contrat de travail comporte, par définition, une
rémunération en contrepartie d’une prestation de travail. Le salaire constitue une obligation
essentielle de l’employeur.

Bien que nécessaire, l’existence d’une rétribution n’est pas une condition suffisante à elle
seule8.

6
Cass. 2e civ., 14 janv. 2010, n° 09‐12.361.
7
Cass. ch. réunies, 24 juin 1966, no 63‐13.821, Bull. jur. UCANSS 66‐46 ; dans le même sens : Cass. soc., 11
janv. 1967, no 63‐11.464, Bull. civ. V ; voir no87
8
Cass. soc., 26 sept. 1991, n° 89‐16.357.

8
On soulignera que doivent être considérées comme rémunérations donnant lieu à un
assujettissement au régime général « toutes les sommes versées aux travailleurs en contrepartie
ou à l’occasion d’un travail accompli dans un lien de subordination »9.

Il résulte de cette définition large de la rémunération que le versement de sommes d’argent doit
être combiné avec d’autres critères, tels que l’accomplissement d’un travail au sein d’un service
organisé dont les conditions d’exécution sont déterminées unilatéralement par une société, pour
que ledit versement soit considéré comme la contrepartie d’un travail effectué dans un lien de
subordination10

C : L’existence d’un contrat

L’existence d’un contrat est un élément nécessaire à l’assujettissement au régime général mais
non suffisant en soi. Le contrat sert, en pratique, d’indice dans la recherche de la subordination
juridique. L’existence d’un contrat de travail ne dépend ni de la volonté des parties, ni de la
dénomination de la convention mais des conditions d’exécution du travail11.

Le Code de la sécurité sociale n’impose à ce sujet aucune condition de forme, de nature ou de


validité. Selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation, les personnes salariées ou
travaillant pour un ou plusieurs employeurs ne sont affiliées obligatoirement aux assurances
sociales que s’il existe un contrat entre elles et l’employeur12.

La validité du contrat de travail ne constitue pas un élément déterminant de la situation des


intéressés au regard du droit de la Sécurité sociale : une personne dont le contrat serait entaché
de nullité doit cependant être affiliée au régime général dans la mesure où les conditions de son
activité permettent de conclure à l’assujettissement. Il en est ainsi de l’expert‐comptable
exerçant une activité salariée contrairement aux règles de la profession13.

La délivrance de bulletins de paie fait présumer l’existence d’un contrat de travail14.

9
Cass. soc., 13 nov. 1996, n° 94‐ 13.187, Bull. civ. V, no 386 ; voir n os352 et s.
10
Cass. soc., 20 mai 1999, n° 96‐22.088.
11
Cass. soc., 12 juill. 2003, n° 03‐45.394 ; Cass. 2e civ., 12 févr. 2009, no 07‐21.790.
12
Cass. ass. plén., 17 déc. 1965, n° 63‐11.868, Bull. civ. V, p. 212 ; Cass. ch. mixte, 26 mai 1972, n° 69‐11.290,
JCP E 1972, II, no 17221
13
Cass. civ., 28 nov. 1958, Bull. civ. II ; Cass. soc., 16 juill. 1987, no 84‐44.046.
14
Cass. soc., 4 nov. 1966, Rodallec, JCP G 1966, IV, no 162, Bull. civ. IV, no 845 ; Cass. soc., 18 juin 1969,
Bull. civ. V, no 423 ; Cass. soc., 26 juin 1969, Rollier, Bull. civ. V, no 445, JCP G 1969, IV, no 216.

9
Section 2 : Champ d’application territoriale

§ 1 : Définitions

Le système togolais de sécurité sociale repose sur le principe de territorialité (CSS, art. 3), qui n’a
toutefois pas valeur constitutionnelle (Cons. const., 23 janv. 1987, no 86‐225).

Ce principe a plusieurs significations.

Il signifie en premier lieu qu’il faut en principe résider sur le territoire français pour bénéficier des
prestations sociales (CSS, art. 77).

Il signifie en second lieu que la réglementation togolaise ne peut pas trouver application hors du territoire
national (Cass. soc., 12 juill. 1995, no 93‐14.106). Ainsi, la jurisprudence considère que, sous réserve
des traités et conventions internationales applicables, les indemnités journalières de maternité ne sont
pas dues à une assurée sociale dès lors qu’elle séjourne hors du territoire (Cass. 2e civ., 10 avr. 2008, no
07‐12.982).

Il signifie également qu’en matière de cotisations sociales et d’affiliation, et sauf statut particulier
résultant d’une convention internationale, la législation applicable est celle du territoire sur lequel
s’exerce l’activité salariée ou non salariée, même dans le cas où l’individu réside sur le territoire d’un
autre État ou si l’entreprise qui emploie le salarié a elle‐même son siège sur le territoire d’un autre pays.

Le principe de territorialité est consacré dans le Code de la sécurité sociale : « Sont obligatoirement
assujettis au régime général de sécurité sociale institué par la présente loi, tous les travailleurs soumis
aux dispositions du code du travail sans aucune distinction de race, de sexe, d’origine ou de religion
lorsqu’ils exercent à titre principal une activité sur le territoire national pour le compte d’un ou plusieurs
employeurs nonobstant la nature, la forme, la validité du contrat, la nature et le montant de la
rémunération. »

Le principe de territorialité n’empêche pas que certains événements ayant eu lieu hors du Togo puissent
être pris en compte par un régime légal de sécurité sociale. Ainsi par exemple, dans le champ des risques
professionnels, le salarié effectuant une mission est couvert pendant tout le temps de la mission qu’il
accomplit pour son employeur y compris lorsque cette mission est à l’étranger (CSS. Art. 49).

10
§ 2 : Résidence du salarié

Tout travailleur qui satisfait aux conditions d’assujettissement pour une activité exercée au
Togo, quelle que soit sa nationalité et quel que soit le lieu où est établi son employeur, doit être
affilié au régime togolais, sauf dispositions contraires issues de conventions internationales.

La résidence à l’étranger n’est pas un obstacle à l’assujettissement, dès lors que l’activité
professionnelle est exercée au Togo. Par suite, des dirigeants d’une société, dont les activités
s’exercent au Togo, devraient relever du régime togolais, bien que résidant à l’étranger, dans la
mesure où leur travail de direction se matérialise nécessairement au siège de la société au
Togo15.

§ 3 : Lieu de paiement du salaire

L’existence d’une rémunération au Togo constitue une condition de l’assujettissement. Ainsi,


une partie de la rémunération peut être payée au Togo et l’autre à l’étranger. Toutefois, les
cotisations sociales doivent porter sur l’intégralité de la rémunération dès lors que le travail est
effectué au Togo. Dans cet objectif, l’employeur togolais est tenu de produire des attestations
établissant la part du salaire versée par l’entreprise au travailleur à l’étranger.

15
Pour une application en droit français, cf : Cass. soc., 7 janv. 1971, no 69‐12.108, Bull. civ. V, p. 11.

11

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