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Recherche sur le bassin du Congo : construire une base


pour l’avenir
Raphael M. Tshimanga1, Guy D. Moukandi N’kaya2, Alain Laraque3, Sharon E. Nicholson4,
Jean-­Marie Kileshye Onema5,6, Raymond Lumbuenamo7, et Douglas Alsdorf8

RÉSUMÉ

Le Congo est le deuxième plus grand bassin fluvial du monde. Son eau, son climat et ses passages fluviaux sont
cruciaux pour les millions de personnes qui vivent dans cette région centrale de l’Afrique sub-­saharienne. Malgré
son importance, le bassin du Congo n’a pas été bien représenté dans la recherche hydrologique au cours des
dernières décennies, notamment en comparaison avec le bassin de l’Amazone. Ainsi, le Congo et les bassins
environnants représentent une excellente opportunité de découverte scientifique. Ce chapitre, une introduction
pour une monographie bilingue, avec un assemblage international d’auteurs, aide à surmonter les limitations en
présentant des aperçus de l’hydrologie, du climat et de la biogéochimie de la région. Les questions scientifiques
de premier ordre n’ont pas encore trouvé de réponses complètes et ces réponses sont bien nécessaires pour guider
la gestion des ressources.

1
 Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du
1.1. INTRODUCTION
Congo (CRREBaC), Département de gestion des ressources
naturelles, Université de Kinshasa, Kinshasa, République
Welcome to the Congo ! Le puissant fleuve Congo et le
démocratique du Congo
2
 Laboratoire de mécanique, energétique et ingénierie, École vaste bassin du Congo qui l’alimente attirent l’attention
Nationale Supérieure Polytechnique, Université Marien des voyageurs, des écrivains et des scientifiques depuis des
N’gouabi, Brazzaville, République du Congo siècles. Henry Morton Stanley (1885) a probablement
3
 Unité mixte de recherche « Géosciences, Environnement publié les premières découvertes liées à l’eau dans le bas-
Toulouse » (UMR GET), CNRS, IRD, UT3, CNAP, CNES, sin du Congo. Avec son équipe, il a trouvé des bassins de
Observatoire Midi-Pyrénées, Toulouse, France plongée sur le cours principal du Congo en aval de
4
 Département des sciences de la terre, des océans et de Kinshasa avec “un fort sous-­courant d’eau en amont” et
l’atmosphère, Université d’état de Floride, Tallahassee, Florida, a estimé son débit à 40,700 m3/s.
États-Unis Au cours de la première moitié du XXe siècle, des cen-
5
 WaterNet, Harare, Zimbabwe
taines de stations de surveillance ont été établies et main-
6 
Faculté polytechnique, Université de Lubumbashi,
tenues sur le fleuve, fournissant des mesures du débit du
Lubumbashi, République démocratique du Congo
7
 Environnement et ressources naturelles, La banque mondiale, cours d’eau et des précipitations (Figure 1.1). Des insti-
Kinshasa, République démocratique du Congo tuts de recherche ont également rassemblé ces mesures
8
 Centre de recherche polaire et climatique «Byrd», et École dans des collections, notamment “l’Atlas climatique du
des sciences de la terre, Université d’état de l’Ohio, Columbus, bassin congolais” de Franz Bultot en quatre volumes (par
Ohio, États-Unis exemple, Bultot,  1971). Grâce à cet effort de recherche,

Hydrologie, climat et biogéochimie du bassin du Congo : une base pour l’avenir, Monographie géophysique 269, première edition,
version française. Édité par Raphael M. Tshimanga, Guy D. Moukandi N’kaya, et Douglas Alsdorf.
© 2022 Union Géophysique Américaine. Publié en 2022 par John Wiley & Sons, Inc.
DOI:10.1002/9781119842125.ch01
1
2  HYDROLOGIE, CLIMAT ET BIOGÉOCHIMIE DU BASSIN DU CONGO

Figure 1.1  Carte du Bassin du Congo. Voir Alsdorf et al. (2016) pour plus de détails. Créé par Brian Alsdorf pour
la conférence Chapman de l’AGU sur " la recherche hydrologique dans le bassin du Congo " (Beighley et al., 2019).
Recherche sur le bassin du Congo : construire une base pour l’avenir  3

nous disposons désormais d’une capsule t­ emporelle d’un de forêts tropicales et de zones humides. Notez que la
siècle sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour com- comparaison d’Alsdorf et  al. ne se voulait pas une
prendre l’évolution du climat. Ces archives historiques revue exhaustive de toute la littérature hydrologique (en
sont uniques parmi les bassins versants tropicaux du effet, ils se sont concentrés sur les revues de langue
monde. De même, le Congo lui-­même est unique, ce qui anglaise disponibles au niveau international) mais plutôt
contredit les caractérisations faciles. Par exemple, la une illustration de la comparaison relative entre les
grande majorité du bassin se situe au-­dessus de 300  m deux bassins dans la littérature scientifique de langue
d’altitude, ce qui est beaucoup plus élevé que les autres anglaise examinée par des pairs et destinée à un public
grands fleuves du monde comme l’Amazone ou le international.
Mississippi. Comment cette simple ­différence d’altitude Bien que notre compréhension contemporaine du bas-
intervient-­elle dans les processus atmosphériques et flu- sin du Congo et de son hydrologie soit d’un ordre de
viaux du Congo ? Qu’est-­ce qui régit la météorologie et grandeur inférieur à celle de l’Amazonie, des progrès
l’hydrologie du Congo ? Notre monographie met en importants ont été réalisés en ce qui concerne la recherche
lumière ces questions fondamentales et bien d’autres. sur le Congo, mais ils ont été limités par les barrières lin-
Malgré l’opportunité d’aborder ces questions scienti- guistiques et économiques. Cette monographie vise à
fiques essentielles, au cours du dernier demi-­siècle, les aborder certaines de ces questions en présentant les nou-
connaissances scientifiques sur le Congo ont été éclipsées velles sciences sur le bassin du Congo, avec des chapitres
par son cousin, l’Amazone. En 1973, Marlier a noté que rédigés par des experts de la région et présentés en anglais
“nous en savons moins sur les caractéristiques physiques et en français pour permettre un meilleur accès et une
de l’Amazonie” que sur le bassin du Congo, mais cette plus grande facilité de découverte.
tendance s’est rapidement inversée. Depuis lors, la
recherche sur l’Amazonie s’est considérablement déve- Cette monographie est une base pour de nouvelles
loppée, à la fois dans son bassin et au niveau internatio- découvertes scientifiques.  Une des clés pour faire une
nal, tandis que le bassin du Congo a suscité relativement nouvelle découverte est d’étudier un endroit qui n’a pas
peu d’intérêt de la part des scientifiques extérieurs. été bien exploré et donc pas bien documenté (par
Alsdorf et  al. (2016) ont comparé le nombre d’ar- exemple, Oliver, 1991). Les 27 chapitres de cette mono-
ticles publiés sur l’hydrologie au Congo avec ceux de graphie documentent les nouvelles mesures in situ et par
l’Amazonie et ont trouvé environ dix fois moins d’ar- télédétection, décrivent les résultats récents des modèles
ticles sur le Congo. Cette comparaison est appropriée et donnent des indications sur l’exploration du Congo et
car les deux bassins se trouvent sous des ceintures de des bassins subsahariens environnants (Photo 1.1). Une
pluies tropicales, constituent les deux plus grands flux autre clé pour faire une nouvelle découverte est de retra-
d’eau fluviale du monde et possèdent une abondance vailler les données historiques en utilisant de nouvelles

Photo 1.1  Vue du fleuve Congo et du bateau de recherche dans la Cuvette Centrale. Crédit: CRREBaC/CRuHM.
4  HYDROLOGIE, CLIMAT ET BIOGÉOCHIMIE DU BASSIN DU CONGO

Photo 1.2 Plusieurs auteurs du chapitre ont collecté de nouvelles mesures sur les rivières du Bassin du
Congo.  Photo prise sur la rivière Lomami à Isangi, où la rivière Lomami rejoint le fleuve Congo. Crédit:
CRREBaC/CRuHM.

méthodes et de les combiner avec des mesures contem- constateront que les différences sont importantes et
poraines (par exemple, Oliver, 1991). Historiquement, il conduiront probablement à de nouvelles découvertes.
y avait plus de 400 stations hydrologiques de cours d’eau Par exemple, les zones humides amazoniennes le long du
et stations pluviométriques fonctionnant dans tout le fleuve Solimoes sont marquées par de nombreux canaux
bassin du Congo à différentes époques au cours de la de plaine d’inondation et par des profondeurs d’eau
première moitié des années 1900. Certaines des données approchant les dix mètres, alors que la Cuvette Centrale
de ces stations hydrologiques sont disponibles via le du Congo n’a pas de canalisations similaires et semble
Global Runoff Data Center (GRDC, 2021) mais la plu- donc avoir des flux diffus et peu profonds de seulement
part sont disponibles grâce à la collaboration de ceux un mètre de profondeur environ (par exemple, Alsdorf
qui ont contribué à ce livre. En plus de ces mesures in et al., 2016). Que signifient ces différences pour l’échange
situ, les satellites des deux dernières décennies ont fourni d’eau et de sédiments entre le cours d’eau principal et sa
des mesures des précipitations, des changements dans le zone humide, pour les processus biogéochimiques
stockage total, de l’élévation de la surface de l’eau, des connexes qui incluent certaines des plus grandes tour-
zones inondées dans tout le bassin et des changements bières du monde (Dargie et al., 2017) ou pour l’histoire
dans l’utilisation couverture des terres. Et l’année der- géomorphique fluviale de ces deux grands complexes
nière, les auteurs des chapitres ont enregistré de nou- fluviaux ? Nous espérons que cette monographie inspi-
velles mesures du débit des cours d’eau et des flux de rera à chaque lecteur des idées vérifiables qu’il utilisera
sédiments (Photo 1.2). Il existe donc dans le bassin du pour forger de nouvelles collaborations et donc de nou-
Congo une base de recherche et de mesures hydrolo- velles découvertes.
giques sur laquelle s’appuyer pour créer des opportuni-
tés de découvertes scientifiques. Cette monographie est une base pour la gestion des
r­ essources.  Le fleuve Congo est l’élément vital de plus de
Cette monographie est une base pour de nouvelles cent vingt millions de personnes qui vivent dans le bassin.
­collaborations.  Les 106 personnes qui ont contribué aux Le fleuve et ses affluents constituent le principal, et par-
chapitres de ce livre sont ouvertes à la création de nou- fois le seul, corridor de transport (Photos 1.4, 1.5, et 1.6).
velles entreprises de recherche (Photo 1.3). Nous pré- Les défis à relever pour maintenir le trafic fluvial com-
voyons que de nombreux lecteurs auront étudié le bassin prennent la connaissance des profondeurs d’eau, étant
de l’Amazone et d’autres bassins hydrographiques tropi- donné que celles-­ci changent en fonction des dunes bathy-
caux. Ils reconnaîtront les similitudes entre les deux plus métriques changeantes et des variations saisonnières
grands fleuves du monde et leurs bassins et, surtout, et  climatiques des précipitations. De plus, des rivières
Photo 1.3  Les collaborations internationales sont les bienvenues au Congo. Photo prise à Kisangani où l’équipe
de recherche voyage en aval de Kisangani à Kinshasa, collectant des mesures de la rivière sur 1,700 km de dis-
tance d’écoulement. Crédit: CRREBaC/CRuHM.

Photo 1.4  Les voies navigables sont des voies de transport importantes au Congo. La photo est prise dans la
Cuvette Centrale. Crédit: CRREBaC/CRuHM.

Photo 1.5 Les rivières servent au commerce à petite échelle, comme ce bateau. Voir la  photo 1.6 pour les
échanges commerciaux à plus grande échelle. Crédit: CRREBaC/CRuHM.
6  HYDROLOGIE, CLIMAT ET BIOGÉOCHIMIE DU BASSIN DU CONGO

Photo 1.6  Les rivières servent au commerce à grande échelle, comme ce bateau transportant des grumes. Voir
la photo 1.5 pour le commerce à plus petite échelle. Crédit: CRREBaC/CRuHM.

Photo 1.7  Le barrage d’Inga. Le fleuve Congo est à l’arrière-­plan. Le canal au premier plan alimente des conduites
forcées juste en aval de la photo. Crédit: CICOS.

s­ pécifiques c­ onnaîtront des changements de débit si des comme le barrage d’Inga (Photo 1.7) ont-­ils besoin de
projets d’ingénierie sont mis en œuvre, comme les idées connaître les précipitations prévues à long terme et donc
exprimées pour canaliser le débit de la rivière Oubangui leur capacité à répondre aux pics de demande d’électri-
vers le lac Tchad. Peut-­être aussi les petits générateurs cité. Les chapitres de ce livre fournissent des bases scien-
hydroélectriques comme ceux de la mine d’or de Kibali tifiques pour aborder la gestion des ressources dans tout
sur la rivière Nzoro ou les plus grands générateurs, le bassin du Congo.
Recherche sur le bassin du Congo : construire une base pour l’avenir  7

1.2. VUE D’ENSEMBLE DU BASSIN DU CONGO migrent vers l’aval, le moment des pics de crue se produit
plus tard que les maximums de précipitations associés.
Avec une superficie de 3.7 millions de km2 et un débit À Kinshasa-­Brazzaville, la petite pointe d’inondation se
moyen de 41,000 m3/s, le bassin du fleuve Congo est le produit vers le mois de mai, associée aux précipitations
deuxième plus grand bassin hydrographique et a le plus sur le bassin sud, et la grande pointe se produit vers le
grand débit après l’Amazone (Figure  1.1, Alsdorf mois de décembre, associée aux précipitations sur le bas-
et  al.,  2016; Laraque et  al.,  2013 , 2020; Tshimanga et sin nord. Historiquement, le débit a varié à Kinshasa-­
Hughes, 2014). Goudie (2006) a suggéré qu’au cours des Brazzaville entre 1960 et 1995 environ, avec une
dernières 30  millions d’années, la capture d’un cours augmentation significative notable au cours de la décen-
d’eau par un petit fleuve côtier a relié de façon perma- nie 1960–1970, et ne revient que maintenant à sa moyenne
nente le fleuve Congo à l’océan Atlantique, ce qui a à long terme (Laraque et al., 2001, 2020).
entraîné la formation de fosses d’une profondeur supé- La télédétection est importante pour mesurer les zones
rieure à 100 m. Par exemple, juste au-­dessus de Matadi, humides et les lacs, ainsi que l’élévation des eaux. Bwangoy
à environ 150  km de l’embouchure du fleuve, Stanley et  al. (2010) ont utilisé des images satellites en bande
(1885) a signalé des profondeurs de 90 brasses (soit visible, des mosaïques de radar à synthèse d’ouverture
165  m). Oberg et  al. [2009] ont vérifié des bassins de (SAR) et un modèle numérique d’élévation pour décou-
plongée d’une profondeur d’environ 100 m dans le bief vrir que les zones humides du bassin du Congo couvrent
situé sous Kinshasa, dont un bassin de 220 m de profon- 360,000 km2. Lee et al. (2011) ont utilisé l’altimétrie radar
deur. Compte tenu de l’altitude de la surface terrestre, pour mesurer l’altitude de la surface de l’eau du fleuve
certains de ces bassins se trouvent au fond, sous le Congo et des eaux immédiatement adjacentes de la
niveau de la mer. À l’autre extrémité du cours principal, Cuvette Centrale. Ils ont constaté que les niveaux d’eau
où le fleuve Congo est connu sous le nom de rivière des zones humides étaient constamment plus élevés, ce qui
Lualaba, un certain nombre de cataractes et de rétrécis- suggère que localement, l’échange d’eau se fait toujours
sements indiquent probablement une bathymétrie de la zone humide vers le fleuve. Jung et al. (2010) ont uti-
variable des chenaux, contrôlée par la géologie et la tec- lisé le SAR interférométrique pour mesurer les change-
tonique. Entre les deux, les tronçons médians de l’axe ments de niveaux d’eau dans la Cuvette Centrale et ont
principal présentent des hauts-­ fonds de seulement suggéré que les flux étaient diffusifs, et non canalisés à la
quelques mètres de profondeur (voir Alsdorf et al., 2016). résolution de 100 m des mesures.
En résumé, l’hydraulique du fleuve Congo est variable Depuis que Richey et  al. (2002) ont publié leurs pre-
et  ne correspond pas à des caractérisations simples, mières conclusions concernant l’évasion du CO2 dans le
­surtout pour un fleuve massif. bassin amazonien, la compréhension de l’évasion du car-
Les précipitations au Congo vont d’une moyenne d’en- bone gazeux des zones humides tropicales dans l’atmos-
viron 1,900  mm/an dans le bassin central à environ phère a été reconnue comme un élément clé du cycle
1,100 mm/an à ses limites nord et sud (Bultot, 1971). Les mondial du carbone. Cependant, alors que le bassin de
précipitations suivent généralement une migration du sud l’Amazone a fait l’objet de nombreuses études sur l’éva-
vers le nord, les parties méridionales du bassin connais- sion du carbone, le bassin du Congo en a relativement
sant leur maximum annuel de décembre à mars, tandis moins. Notamment, Borges et  al. (2015) ont mesuré le
que les précipitations culminent dans les zones du nord pCO2 pour estimer un flux de carbone de 0.5 PgCO2 équi-
du bassin en juillet à octobre. Les zones centrales du bas- valents/an en provenance de la Cuvette Centrale. Mais ce
sin connaissent deux maxima de précipitations, avec un n’est qu’un début et d’autres études sont nécessaires pour
pic plus faible en mars à mai et un pic plus important en mieux comprendre l’évasion du carbone du deuxième
septembre à novembre. Traditionnellement, le moteur plus grand bassin du monde.
de  cette migration saisonnière des précipitations était Dans l’étude du bassin du Congo réalisée par Alsdorf
attribué à la zone de convergence intertropicale (ITCZ), et al. (2016), les conclusions de nombreux chercheurs pré-
ce qui suggère qu’elle renforce la convection locale. cédents ont été résumées pour suggérer sept hypothèses
Récemment, cependant, les météorologues ont reconnu vérifiables. Ces hypothèses ont servi de base à une confé-
que les systèmes convectifs de méso-­échelle délimités par rence de Chapman de l’AGU qui s’est tenue à Washington,
des jets migrateurs sont un facteur plus probable de la D.C., en septembre 2018 (Beighley et  al.,  2019) et ont
migration des précipitations (Nicholson, 2009). contribué à définir le contenu de cette monographie. Ces
La variation saisonnière des précipitations produit un hypothèses sont:
écoulement fluvial bimodal sur le cours principal du 1. L’eau de la Cuvette Centrale est fournie principale-
Congo (voir Alsdorf et  al.,  2016, pour plus de détails). ment par les précipitations.
Comme il faut entre deux semaines et deux mois, selon la 2. L’eau se vide de la Cuvette Centrale principalement
distance du débit, pour que les vagues locales de crue par évapotranspiration.
8  HYDROLOGIE, CLIMAT ET BIOGÉOCHIMIE DU BASSIN DU CONGO

3. Malgré les variations connues des débits des fleuves réseaux hydro-­ pluviométriques, s’est réalisée dans des
Congo et Oubangui, les quantités de précipitations conditions très difficiles. Ensuite est survenu un “étiage”
antérieures ont varié comparativement moins dans le des travaux de terrain, aussi sévère que préoccupant.
bassin. Depuis plus de 30 ans que j’étudie ce bassin, j’ai été
4. En raison de son emplacement sous la “ceinture témoin de l’abandon des réseaux hydro-­pluviométriques
tropicale”, le Bassin du Congo connaîtra des change- issus de l’époque coloniale (passage de plus de 400 sta-
ments significatifs à la fois dans les quantités de précipita- tions hydrologiques au milieu du XXème siècle à une
tions et les emplacements géographiques en raison du douzaine réellement opérationnelles aujourd’hui !). C’est
changement climatique. pourtant toujours cette base de connaissance in situ qui
5. La déforestation de 30 % des sous-­bassins d’amont sert de référence pour les études actuelles, souvent indi-
augmentera de manière significative les débits d’amont et rectes, car via la télédétection.
donc le débit en aval. Cet immense bassin est béni par la Nature, puisqu’il
6. La production future d’énergie hydroélectrique regorge de ressources naturelles (bois, minerais, hydroé-
n’aura pas d’impact sur le débit des cours d’eau. lectricité, etc.) tout en étant préservé des calamités
7. La quantité moyenne annuelle d’évasion de CO2 et naturelles. Au cœur du continent africain, ce deuxième
de CH4 de toutes les eaux du bassin du Congo est supéri- massif forestier tropical du monde, encore peu impacté
eure à 480 Tg C/an, c’est-­à-­dire une valeur comparable à par l’homme, constitue de facto un vaste puits de car-
celle de l’Amazonie par unité de surface. bone et une des dernières grandes réserves mondiales
Notez qu’il ne s’agit pas de déclarations de faits, mais de  biodiversité. Son rôle est primordial dans les équi-
plutôt d’idées testables qui seront prouvées vraies ou libres et les transferts d’énergie et de matières qui sont
fausses. En effet, de nombreux chapitres de la monogra- les enjeux majeurs à mieux comprendre pour préciser
phie traitent de ces affirmations et fournissent des indica- les modélisations du fonctionnement de la surface
tions sur leur nature vraie ou fausse. Des auteurs se sont terrestre.
rencontrés lors de la conférence Chapman pour discuter Il fait face à des défis gigantesques (à la hauteur de ses
des hypothèses et pour établir de nouvelles collaborations débits !), écartelé entre les aspirations de développement
tout en renforçant les programmes de recherche existants. de sa bombe démographique et la nécessité de préserver
Ces interactions sont devenues le point de départ de cette l’environnement, dont justement dépend la qualité de vie
monographie. Des contributions à la monographie ont de sa population.
été largement sollicitées, y compris les auteurs qui ont Ce bassin est aussi celui des éléphants blancs avec
participé à la conférence Chapman ainsi que les cher- d’énormes projets technico financiers comme le barrage
cheurs qui n’ont pas pu y assister. À titre indicatif, mais du Grand Inga au plus important potentiel hydroélec-
non obligatoire, les auteurs ont été encouragés à aborder trique de la planète, le développement de la navigation
n’importe laquelle des hypothèses. fluviale ou le canal Oubangui-­Chari pour le relier au lac
Tchad, avec des intérêts sociaux environnementaux tou-
1.3. L’HISTOIRE ET L’AVENIR DU BASSIN jours discutables, en l’absence d’études scientifiques sur
DU CONGO leurs impacts.
C’est ce dont a souffert l’Amazonie dont le devenir
De nombreux contributeurs à ce livre ont consacré leur socio-­environnemental est des plus préoccupants. Aussi,
vie à l’étude de l’Afrique subsaharienne et du bassin du forts des erreurs commises par les pays industrialisés et
Congo en particulier. Nous avons demandé à quatre esti- par d’autres émergents, les décideurs régionaux ont la
més collègues de nous faire part de leurs réflexions sur le lourde responsabilité de trouver la meilleure formule
passé historique et l’avenir prometteur du Congo et de ses pour un développement durable et harmonieux entre ces
bassins environnants. contraintes antagonistes, en s’appuyant notamment sur
les éclairages de la recherche scientifique. Les Peuples
1.3.1. Commentaires d’Alain Laraque Premiers tels que les Indiens d’Amazonie ou les Pygmées
du Congo ont bien réussis à traverser les millénaires sans
Comment la recherche au Congo ou en Afrique subsaha- saccager leur habitat ! Aussi, c’est peut-­être en se tour-
rienne a-­t-­elle évolué au cours de votre carrière et quelles nant respectueusement et humblement vers le passé, que
seront, selon vous, les nouvelles possibilités de recherche les le présent saura mieux gérer son futur….
plus intéressantes? Enfin, l’émergence d’une conscience hydrologique
L’âge d’or de l’hydrologie du bassin du Congo a duré régionale semble incontournable pour assurer au mieux
plusieurs décennies durant le XXème siècle. Cette “crue” la gestion intégrée des ressources en eau du bassin. Sinon
de travaux exploratoires, comprenant des collectes de le Congo restera encore pour longtemps un long fleuve
données plurielles, le montage, la gestion et l’entretien des tranquille, pour le meilleur comme pour le pire.
Recherche sur le bassin du Congo : construire une base pour l’avenir  9

1.3.2. Commentaires de Sharon Nicholson région car la plupart des produits pluviométriques satelli-
taires sont ajustés avec des données de stations hydrolo-
Comment la recherche au Congo ou en Afrique subsaha- giques. Là où les données de stations hydrologiques sont
rienne a-­t-­elle évoluée au cours de votre carrière et quelles rares, comme dans le bassin central du Congo, les estima-
seront, selon vous, les nouvelles possibilités de recherche les tions par satellite de la variabilité des précipitations d’une
plus intéressantes? année sur l’autre ne sont pas fiables et il existe une énorme
Le manque d’études sur le bassin du Congo, comme diversité entre les différents ensembles de données pluvio-
mentionné précédemment, s’applique clairement à la métriques par satellite pour la région (Nicholson
météorologie. Jusqu’à récemment, cette région était pro- et al., 2019). Par conséquent, l’expansion des mesures au
bablement la moins bien comprise au monde en termes de sol dans la région est d’une importance capitale.
processus physiques régissant la météorologie et le climat.
Il y en a plusieurs explications possibles. Tout d’abord, 1.3.3. Commentaires de Jean-­Marie Kileshye Onema
contrairement à d’autres régions d’Afrique, les systèmes
de tempêtes qui affectent la région ont suscité relative- Comment la recherche peut-­elle contribuer à renforcer
ment peu d’intérêt. Cela peut s’expliquer par le fait que les capacités de gestion des ressources en eau dans le bassin
les précipitations étaient assez localisées, ce qui a conduit du Congo ?
à supposer que les précipitations étaient liées à des orages Il existe à ce jour peu de publications sur le bassin du
locaux et non à des processus météorologiques à grande Congo (Alsdorf et  al.,  2016), surtout si on le compare
échelle. En fait, c’était l’hypothèse générale concernant aux grands bassins comme le Zambèze, le Limpopo,
les pluies tropicales. Cependant, dans les années 1960 et l’Okavango et l’Orange-­ Senqu dans la région de la
1970, des systèmes à grande échelle ont été reconnus en Communauté de développement de l’Afrique australe
Afrique occidentale et australe, ce qui a conduit à une (SADC; Hughes et al., 2015). L’accessibilité est en outre
étude météorologique approfondie. En revanche, l’intérêt entravée par une barrière linguistique, car la plupart des
météorologique au Congo était historiquement lié à revues évaluées par des pairs sont produites en anglais.
l’agriculture et aux plantations de caoutchouc. Par consé- La République démocratique du Congo (RDC) et l’An-
quent, des données climatologiques détaillées sur les pré- gola, qui représentent 72 % de la superficie du bassin,
cipitations, l’évapotranspiration et les paramètres sont francophones et lusophones et les publications dans
connexes ont été recueillies et publiées dans l’atlas Bultot ces langues respectives ne sont pas toujours facilement
(par exemple, Bultot,  1971), mais les systèmes de tem- accessibles aux autres chercheurs du monde entier. Le
pêtes n’ont pas été pris en compte. bassin du Congo dispose de données primaires limitées
Une autre raison du manque d’intérêt pour la météoro- et peu de phénomènes hydrologiques observés ont été
logie pourrait être le régime pluviométrique relativement étudiés in situ. La plus grande partie du bassin n’est pas
stable d’une année sur l’autre. Cela contraste avec les jaugé.
conditions dans les vastes régions semi-­arides d’Afrique, Le bassin du Congo, bien qu’il ait le potentiel pour
où la littérature météorologique a été publiée sur les débloquer la crise de l’eau en Afrique, a connu de rares
causes des sécheresses et la variabilité interannuelle. initiatives de gestion des connaissances et de sensibilisa-
L’intérêt pour la météorologie au Congo a explosé avec tion de la recherche sur l’eau qui pourraient attirer l’at-
le lancement du satellite météorologique TRMM tention de la communauté internationale. Aucune
(Tropical Rainfall Measuring Mission) en 1997. Les don- conférence consacrée au bassin du Congo n’a été organi-
nées de TRMM ont montré que le bassin du Congo était sée de manière systématique, à l’exception d’initiatives
le site des orages les plus intenses du monde. Plus tard, les marginales comme la récente conférence Chapman de
satellites ont montré qu’il s’agissait également d’un point l’AGU qui a été consacrée au bassin. Au cours des cinq
chaud pour les éclairs. En même temps, les produits satel- dernières décennies, le bassin du Congo a été caractérisé
litaires ont démontré l’importance des systèmes à grande par des environnements socio-­ économiques instables
échelle, les complexes convectifs à méso-­échelle (MCS), dans la plupart des pays riverains. La RDC et l’Angola,
dans l’apport de précipitations au Congo et ceux-­ci sont qui représentent 72 % de la superficie du bassin, ont
liés à la météorologie à grande échelle. connu des troubles civils qui n’ont pas permis la réalisa-
Malheureusement, au moment où l’intérêt pour la tion de projets de recherche à long terme. Les capacités
météorologie du Congo s’est accru, les ensembles de don- humaines et institutionnelles locales limitées en matière
nées in situ sont devenus rares. Par exemple, alors que des de gestion et de développement des ressources en eau
centaines de stations pluviométriques existaient dans les expliquent dans une certaine mesure la diminution des
années 1960, dès les années 1990, seulement une poignée productions scientifiques.
d’entre elles étaient opérationnelles. Ceci constitue une Les deux dernières décennies ont vu apparaître un nou-
sérieuse limitation pour les études météorologiques dans la veau type de chercheurs locaux à la suite d’initiatives
10  HYDROLOGIE, CLIMAT ET BIOGÉOCHIMIE DU BASSIN DU CONGO

régionales de renforcement des capacités comme nombre d’autres régions de puits. Il est également suggéré
WaterNet (Jonker et  al.,  2012; Kileshye Onema que 75 à 95 % des précipitations sont recyclées dans le
et al., 2020). D’une part, cela a entraîné une augmenta- bassin du Congo (Brinkman, 1983) et que la perte de la
tion constante du nombre de diplômés des pays riverains forêt tropicale du bassin du Congo pourrait réduire les
produisant également davantage de résultats à partir de précipitations de 42 %. (Belle et al., 2015). Dans ce scéna-
mesures primaires (Trigg et Tshimanga, 2020). D’autre rio, la diminution du couvert forestier entraînera non seu-
part, le bassin souffre toujours du manque de données lement une augmentation des émissions de carbone, une
hydro-­météorologiques pour valider l’essentiel des publi- diminution de la rétention d’eau, un assèchement supplé-
cations scientifiques sur le Congo où des mesures indi- mentaire et donc des risques d’incendie, mais elle aura
rectes issues de la télédétection ont été utilisées pour également de graves répercussions sur les services écosys-
caractériser les processus hydrologiques. Des initiatives témiques, notamment la perte de carbone forestier
récentes telles que l’observatoire environnemental séquestré et les rétroactions atmosphériques associées.
SO-­Hybam (voir www.so-­hybam.org), les systèmes d’ob- Cela souligne la nécessité de généraliser la recherche
servation du cycle hydrologique de la SADC (SADC-­ sur le lien entre les forêts, le climat et l’eau dans le bassin
HYCOS) ou les projets d’hydraulique et de morphologie du Congo, car la pression monte pour permettre de mul-
des utilisateurs du fleuve Congo (CRuHM) tentent d’ins- tiples transferts d’eau entre les bassins, ce qui pourrait
taller des plates-­formes de collecte de données, des enre- avoir des conséquences désastreuses sur la couverture
gistreurs de données et d’autres instruments automatisés forestière et exacerber les effets du changement clima-
pour la mesure du débit. Ces initiatives constituent de tique sur les régimes de précipitations et l’hydrologie, non
bons points de départ pour relever le défi des données seulement dans le bassin du Congo, mais aussi dans toute
observées dans le bassin, à condition qu’ils soient mainte- l’Afrique, s’ils ne sont pas bien gérés. À ce jour, les princi-
nus dans le temps. Les partenariats avec les institutions pales lacunes en matière d’information et les incertitudes
du Nord dans la production de cette monographie vont scientifiques entravent notre capacité à prévoir les événe-
dans le même sens. Avec la création de nouvelles institu- ments et soulignent la nécessité d’un effort de recherche
tions comme le Centre de recherche sur les ressources coordonné.
en eau du bassin du Congo (CRREBaC), il est impératif Le changement climatique est une menace pour la mis-
que la communauté scientifique se joigne à certains des sion principale du Groupe de la Banque mondiale (WBG):
discours mondiaux comme celui de l’Association interna- mettre fin à l’extrême pauvreté et accroître la prospérité par-
tionale des sciences hydrologiques sur les vingt-­trois pro- tagée de manière durable. Les phénomènes météorologiques
blèmes non résolus en hydrologie (Blöschl et  al.,  2019). extrêmes actuels touchent déjà des millions de personnes,
Les productions scientifiques du bassin du Congo pour- mettant en péril la sécurité alimentaire et hydrique, et mena-
raient contribuer aux questions liées aux phénomènes, çant les chaînes d’approvisionnement agricole et de nom-
aux processus, aux estimations ainsi qu’aux méthodes breuses villes côtières.
relatifs à l’eau. Cela ne sera possible et durable que par le Afin de relever ces défis, la Banque mondiale se posi-
renforcement des capacités humaines et institutionnelles tionne actuellement pour être à la tête de l’effort mondial
locales, en particulier face au changement climatique en matière de changement climatique. Elle travaille au lan-
(Wehn et al., 2021), à la croissance démographique rapide cement de son Plan d’Action 2.0 sur le Changement
et au développement socio-­économique centré sur l’eau. Climatique, qui vise à soutenir une action systématique
sur le climat au niveau des pays. La Banque mondiale
1.3.4. Commentaires de Raymond Lumbuenamo reconnaît que le défi climatique ne peut être relevé que par
une action collective et des partenariats. Le plan d’action
Comment les chercheurs et la Banque mondiale peuvent-­ renforcera les partenariats, s’engagera dans un plaidoyer
ils travailler ensemble pour s’aider mutuellement à atteindre mondial ciblé, développera et partagera les connaissances
nos objectifs communs ? et les solutions, et alignera les processus internes pour sou-
Jusqu’à présent, la plupart des recherches effectuées tenir le personnel et les partenaires dans la mise en œuvre.
dans le bassin du Congo se sont limitées aux secteurs tra- Elle collaborera avec d’autres organisations pour tirer
ditionnels de la forêt, du climat et de l’eau. C’est seule- parti de ce qu’elles font le mieux, et assurer des synergies
ment maintenant que les récents développements en entre les acteurs actifs sur le terrain.
matière de pénurie d’eau dans les parties nord et sud du Une collaboration avec des chercheurs aidera, renfor-
continent, en particulier la tragédie qui se déroule dans le cera les capacités, produira les données nécessaires pour
bassin du lac Tchad, déplacent progressivement l’intérêt informer les politiques et aidera les décideurs à s’attaquer
vers des questions telles que les liens entre la forêt et le à l’épineux problème du transfert d’eau entre bassins et
climat et l’eau. Des études suggèrent que le bassin du aux conséquences du changement climatique en créant des
Congo est la source de précipitations pour un certain ensembles de solutions nouvelles et innovantes partagées,
Recherche sur le bassin du Congo : construire une base pour l’avenir  11

pilotées et mises en œuvre pour relever les défis, en particu- Bultot, F. (1971). Atlas Climatique du Bassin Congolais,
lier ceux qui contribuent au débat régional/mondial sur le Publications de L’Institut National pour L’Etude
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Composantes du Bilan d’Eau.
Bwangoy, J.-­R. B., Hansen, M. C., Roy, D. P., De Grandi, G., &
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topographical indices. Remote Sensing of Environment, 114,
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bénéficié de l’attention internationale, notamment grâce Dargie, G., Lewis, S., Lawson, I., Mitchard, E. T. A., Page, S. E.,
au film hollywoodien de 1951, “La Reine africaine”, Bocko, Y. E., & Ifo, S. A. (2017). Age, extent and carbon sto-
tourné sur les affluents du fleuve Congo, qui a valu au rage of the central Congo Basin peatland complex. Nature,
légendaire Humphrey Bogart son seul Oscar du meilleur 542, 86–90. https://doi.org/10.1038/nature21048
acteur. Malheureusement, de divers facteurs ont conduit Goudie, A.S. (2005). The drainage of Africa since the
à une réduction, pendant des décennies, de la disponibi- Cretaceous. Geomorphology, 67, 437–456. doi: 10.1016/j.
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quantité de recherches sur le terrain et de l’intérêt de la
de/GRDC (last accessed February 10, 2021).
communauté scientifique internationale.
Hughes, D. A., Jewitt, G., Mahé, G., Mazvimavi, D., & Stisen,
Nous espérons que ce livre renouvellera l’intérêt mon- S. (2015). A review of aspects of hydrological sciences
dial pour le Congo grâce à ses connaissances sur l’hydrolo- research in Africa over the past decade. Hydrological Sciences
gie, le climat et la biogéochimie du deuxième plus grand Journal, 60(11), 1865–1879. https://doi.org/10.1080/02626667.
bassin fluvial du monde. Il est présenté par une commu- 2015.1072276
nauté mondiale et enthousiaste de chercheurs du Congo. Jonker L., van der Zaag P., Gumbo B., Rockström J., Love, D.,
En publiant en anglais et en français, nous espérons rendre & Savenije, H. H. G. (2012). A regional and multi-­faceted
les précieux aperçus scientifiques plus accessibles aux cher- approach to postgraduate water education  – the WaterNet
cheurs, aux étudiants, aux gouvernements et aux autres experience in Southern Africa. Hydrology and Earth System
parties prenantes en Afrique subsaharienne. Le temps est Sciences, 16, 4225–4232. doi: 10.5194/hess-­16-­4225-­2012
Jung, H.-­K., Hamski, J., Durand, M., Alsdorf, D., Hossain, F.,
venu de développer la recherche au Congo !
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