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Ministère de l’Ecologie, du Développement et

de l’Aménagement Durables

Etude juridique du projet


« Référentiel génie civil 2010 »

– Rapport FINAL –

SELARL MOLAS & ASSOCIES


Julien MOLAS
Avocat au Barreau de PARIS
60 rue de Londres Paris, le 20 février 2008
75008 PARIS
Tél : 01.45.22.86.50 Fax : 01.45.22.86.51
cabinet@molasetassocies.com
Sommaire

I. LA PLACE DES CCTG DANS L’ORDONNANCEMENT JURIDIQUE .............4

1) L’application facultative du CCTG ..........................................................4

2) L’obligation de référence aux normes....................................................5

II. FONCTIONS ACTUELLES DES CCTG..........................................................11

1) Définition des spécifications techniques contractuelles....................12

A) Référencer et identifier les normes applicables ...............................13

B) Définir des spécifications techniques en complément ou en l’absence de


normes applicables..........................................................................13

C) Définir des spécifications techniques en contrariété avec des normes


applicables.......................................................................................13

2) Définition des stipulations contractuelles non ou peu techniques ...14

3) Guide et recommandations non contractuels......................................14

A) Recommandations pour l’élaboration d’autres documents contractuels 15

B) Bibliographie....................................................................................15

C) Autres conseils ................................................................................15

III. FONCTIONS ET STATUT FUTURS DES FASCICULES DU CCTG ..............16

1) Identifier les normes applicables à une opération de construction...16

2) Définir des spécifications techniques en complément des normes


applicables ou en l’absence de telles normes .....................................17

3) Les dispositions des fascicules des CCTG ne relevant pas de la


contractualisation de spécifications techniques.................................20

IV. SUR L’APPLICATION DE LA PROCEDURE D’INFORMATION PREVUE PAR LA


DIRECTIVE 98/34............................................................................................21

-3-
I. LA PLACE DES CCTG DANS L’ORDONNANCEMENT
JURIDIQUE
1) L’application facultative du CCTG

A première analyse, dès lors que les CCTG sont adoptés par arrêté ministériel, on
pourrait croire qu’ils ont valeur obligatoire.

Ainsi par exemple, si l’on se réfère à l’arrêté du 31 août 2007 (JO du 21 septembre
2007) adoptant le fascicule 23 du CCTG « fourniture de granulats employés à la
construction et à l’entretien des chaussées », on a l’impression que son application est
obligatoire selon son article 3 :

« Les dispositions du présent arrêté sont applicables aux marchés pour lesquels la
procédure de consultation sera engagée à compter du premier jour du 6ème mois
suivant la date de publication du présent arrêté ».

En réalité, il n’en est rien et le Code des Marchés Publics pris en son article 13 est très
clair sur ce point lorsqu’il énonce que les cahiers des charges des marchés
comprennent certes les documents généraux que sont les CCAG et les CCTG « qui
fixent les dispositions techniques applicables à toutes les prestations d’une même
nature », mais qui prend soin de préciser que « la référence à ces documents n’est
pas obligatoire » (Cf. annexe n° 1).

Dans le même sens, le futur CCAG Travaux en sa version soumise à la concertation


indique que les pièces du marché comprennent l’acte d’engagement, le CCAP et le
CCTP ainsi que leurs annexes, mais lorsqu’il mentionne le CCTG, il précise :

« Le cas échéant, le ou les cahier(s) des clauses techniques générales (CCTG)


applicables aux prestations faisant l’objet du marché ».

Incidemment, il est important de relever que selon le commentaire figurant dans ce


futur CCAG, ce serait au sein du CCTP qu’il y aurait lieu de faire figurer la référence
aux normes (« commentaire : les références aux normes homologuées ou à d’autres
normes applicables en France en vertu d’accords internationaux, dans les conditions
prévues par le Code des Marchés Publics, doivent figurer au CCTP ») (Cf. annexe n°
2).

Ce défaut de caractère obligatoire des CCTG s’explique d’ailleurs pour les collectivités
territoriales par les dispositions de l’article L.1111-5 du Code Général des Collectivités
Territoriales selon lesquelles « seules peuvent être opposées aux communes,
départements et régions :

1° Les prescriptions et procédures techniques prévues par une loi ou un décret pris
en application d’une loi et applicables à l’ensemble des personnes physiques
comme des personnes morales de droit privé ou de droit public ;

2° Les prescriptions et procédures techniques prévues par une loi ou par un décret
pris en application d’une loi et spécialement applicables aux communes,
départements et régions. Ces prescriptions et procédures sont réunies dans un
code élaboré à cet effet ».

Par conséquent, les CCTG tout comme les CCAG ne sont applicables à un marché
considéré que si celui-ci le stipule expressément (Cf. Conseil d’Etat,

-4-
14 novembre 1988 ; deux espèces : Assistance Publique à MARSEILLE, Req.
n° 67024 et Assistance Publique à PARIS, Req. n° 42610 ; Leb. page 900).

Plus encore, sauf à envisager de modifier l’article L 1111-5 du CGCT, ce qui poserait
un problème constitutionnel (Cf. l’article 72 de notre constitution sur la libre
administration des collectivités territoriales), il n’est pas possible d’imposer aux
collectivités territoriales l’application des CCTG sans que cette obligation trouve sa
source dans une loi ou dans un décret pris en application d’une loi.

Surabondamment, on peut également faire valoir que le défaut de caractère obligatoire


du CCTG s’infère de la faculté d’y déroger sans limite.

Le Code des Marchés Publics de 2006, dispose en des termes généraux que « les
documents particuliers comportent, le cas échéant, l’indication des articles des
documents généraux auxquels ils dérogent » (article 13 dernier alinéa).

Ainsi, la conséquence logique du caractère facultatif des documents types est de


permettre une dérogation aux clauses des documents généraux (voir par exemple CE,
29 avril 1981, M. Bernard, Req. n° 10170 ; CE, 17 juin 1981, Commune de Papeete,
Req. n° 07246) ou même simplement une application partielle d’un cahier des charges
(CE, 5 juin 1942, Ets Bancel, Lebon p. 191) étant ajouté que la récapitulation imposée
par le Code des Marchés Publics et le CCAG Travaux ne sont pas d’ordre public (CE,
31 juillet 1996, Canac, Req. n° 124065 ; CAA Paris, 29 décembre 2002, Sté Bernard et
autres et SEM de Rosny-sous-Bois, Req. n° 98PA03302 et 98PA03332).

2) L’obligation de référence aux normes

La comparaison du statut du CCTG par rapport à celui des normes est saisissante, car
autant la référence au CCTG est facultative, autant celle aux normes apparaît
obligatoire à lire l’article 6.I du Code des Marchés Publics (Cf. annexe n° 3) libellé sur
ce point en des termes plus contraignants que ceux des dispositions de l’article 23 de
la directive n° 2004/18 du 31 mars 2004 combinées avec celles de son annexe VI (Cf.
annexes n° 4 et 5) :

En effet, l’article 6.I du Code des Marchés Publics énonce :

« I. Les prestations qui font l'objet d'un marché ou d'un accord-cadre sont définies,
dans les documents de la consultation, par des spécifications techniques
formulées :

1º Soit par référence à des normes ou à d'autres documents équivalents


accessibles aux candidats, notamment des agréments techniques ou
d'autres référentiels techniques élaborés par les organismes de
normalisation ;

2º Soit en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles. Celles-ci


sont suffisamment précises pour permettre aux candidats de connaître
exactement l'objet du marché et au pouvoir adjudicateur d'attribuer le
marché. Elles peuvent inclure des caractéristiques environnementales.

Un arrêté du ministre chargé de l'économie précise la nature et le contenu des


spécifications techniques ».

-5-
A lire cet article du Code des Marchés Publics, tout porte à considérer que les
spécifications techniques doivent obligatoirement être formulées par référence aux
normes, sous réserve d’une seule autre option consistant à les formuler en termes de
performances ou d’exigences fonctionnelles ; sachant que ces deux options peuvent
être combinées.

On peut considérer qu’il en va de la légalité même d’un marché public. Les règles du
Code des Marchés Publics, notamment lorsqu’elles transposent comme en l’espèce
une directive communautaire, étant d’ordre public, leur transgression affecte la légalité
du marché et de sa procédure de passation. Autrement dit, un marché public dont les
spécifications ne seraient définies ni par référence aux normes ni en termes de
performances ou d’exigences fonctionnelles nous semble devoir être qualifié d’illégal.

En application de l’article 6 du Code des Marchés Publics a été pris l’arrêté du 28 août
2006 (Cf. annexe n° 6) qui paraphrase largement les termes de l’article 23 et de
l’annexe VI de la directive précitée.

Sous l’empire du Code de 2004, les prestations devaient être définies « par référence
aux normes homologuées ou à d'autres normes applicables en France en vertu
d'accords internationaux » (code 2004, art. 6). Le code renvoyait à l’article 13 du
décret n° 84-74 du 26 janvier 1984, lequel rendait cette référence obligatoire, pour tous
les marchés publics, sauf dérogations prévues aux 2°, 3° et 4° de l’article 18 du décret.
Ces dérogations répondaient aux hypothèses dans lesquelles une telle référence
n'était pas possible.

Or, la formulation de ces articles 13 et 18 introduisait une certaine confusion entre


l’obligation de « faire référence » à une norme et l’obligation de l’appliquer telle quelle,
c'est-à-dire sans dérogation :

« Sans préjudice de la réglementation applicable, l’introduction ou la mention explicite


des normes homologuées ou d’autres normes applicables en France en vertu
d’accords internationaux est, sous réserve des dérogations prévues à l’article 18 du
présent décret, obligatoire dans les clauses, spécifications et cahiers des charges ».
(article 13.1°).

« En cas de difficulté dans l’application des normes homologuées dans les marchés et
contrats mentionnés à l’article 13, il peut être dérogé à l’obligation d’introduire ou de
mentionner explicitement les normes homologuées et les autres normes applicables
en France en vertu d’accords internationaux ». (article 18.1°).

Les dispositions du décret du 26 janvier 1984 qui aménageaient l'obligation de


référence à une norme (art. 13) et la procédure de dérogation à cette obligation
(art. 18-2° à 4°) ont été abrogées par le décret du 1er août 2006. Seul demeure le 1°
de l’article 18 aménageant des possibilités de dérogation aux normes réellement
obligatoires en application de l’article 12 du décret du 26 janvier 2004.

Désormais, il n’y a plus de confusion quant au terme employé, sinon quant à sa


signification exacte : aussi bien la directive 2004/18 que le Code des Marchés Publics
énoncent que (sauf à les formuler en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles), les spécifications techniques sont formulées « par référence » aux
normes lato sensu (hiérarchisées en des termes identiques par l’article 23.3.a) de la
directive 2004/18 et par l’article 3 de l’arrêté du 28 août 2006 dont il sera question ci-
après).

-6-
Il est important de relever que l’article 3 de cet arrêté hiérarchise en quelque sorte les
normes en donnant la préférence aux normes nationales transposant des normes
européennes :

« Lorsque les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er sont formulées par
référence à des normes ou à d’autres documents équivalents, ces derniers sont
choisis dans l’ordre de préférence suivant : les normes nationales transposant des
normes européennes, les agréments techniques européens, les spécifications
techniques communes, les normes internationales, les autres référentiels techniques
élaborés par les organismes européens de normalisation ou, lorsque ceux-ci n’existent
pas, les normes nationales, les agréments techniques nationaux, ou les spécifications
techniques nationales en matière de conception, de calcul et de réalisation des
ouvrages et de mise en œuvre des produits. Chaque référence est accompagnée de la
mention «ou équivalent» ».

En outre, spécifiquement pour les marchés de travaux, l’article 2 de ce même arrêté


précise que les spécifications techniques peuvent inclure :

- « les règles de conception et de calcul des ouvrages,


- les conditions d’essai, de contrôle et de réception des ouvrages,
- les techniques ou méthodes de construction,
- toutes les autres conditions de caractère technique que le pouvoir adjudicateur ou
l’entité adjudicatrice est à même de prescrire, par voie de réglementation générale
ou particulière, en ce qui concerne les ouvrages terminés et en ce qui concerne
les matériaux ou les éléments constituant ces ouvrages ».

La référence aux normes par les marchés apparaît donc comme une obligation.

Pour autant, lesdites normes ne seront applicables au marché et par conséquent


opposables à l’entrepreneur que si ledit marché les mentionne expressément (Cf. en
ce sens, Conseil d’Etat, 28 septembre 1984, Ulysse Trelat, Req. n° 48986) ; sous
réserve bien entendu des normes rendues obligatoires pour des raisons notamment,
d’ordre public, de sécurité publique et de protection de la santé, au sens de l’article 12
du décret n° 84-74 du 26 janvier 1984 fixant le statut de la normalisation.

L’Annexe VI de la directive 2004/18 tout comme l’article 4 de l’arrêté du 28 août 2006


le rappellent incidemment lorsqu’ils indiquent de manière identique que la norme est
« une spécification technique approuvée par un organisme reconnu à activité
normative pour application répétée ou continue, dont l’observation n’est pas
obligatoire ».

En effet, la norme technique est par nature facultative, elle est d’application volontaire.

D’emblée, on écartera toutefois les normes techniques obligatoires telles que


procédant de l’article 12 du décret de 1984. Sous réserve d’une dérogation
ministérielle accordée dans les conditions précisées à l’article 18 du décret, elles sont
d’application stricte.

Ainsi, le Conseil d'Etat entérine le caractère facultatif de la norme technique, en


précisant, dans un arrêt en date du 29 mai 1970 (CE, Sect., 29 mai 1970, Société
Lamaraud et Cie et Perron, Req. n° 73885, Lebon, tables, p. 1104), qu' « aucune
stipulation des clauses contractuelles n'a rendu applicable au marché l'alinéa 1.545 de
la norme AFNOR P. 03 001 ».

-7-
Pour la Cour de cassation, « (u)ne cour d'appel ne s'est pas contredite en énonçant
qu'à défaut de stipulation spéciale du marché relativement aux effets de la double
réception, il était d'usage pour les contractants de se référer à la norme AFNOR P. 03
001 mais qu'en l'absence de référence contractuelle à cette norme, celle-ci, n'ayant
pas de valeur légale ou réglementaire, ne pouvait suppléer le silence des parties »
(Cass. 3ème Civ., 20 décembre 1978).

Bien entendu, un maître d’œuvre, rédacteur du dossier de consultation des


entreprises, pourra engager sa responsabilité s’il commet une erreur dans le
recensement et le choix des normes applicables au marché considéré (Cf. notamment,
CE, 27 mai 1998, société DODIN, Req. n° 149830 : « les services du Ministère du
Logement, des Transports et de l’Espace avaient accepté sans observation, ni
réserve, le projet établi par les sociétés DODIN et COIGNET en conformité avec les
normes techniques imposées par le maître de l’ouvrage, alors que ces normes se sont
révélées inadaptées »).

En réalité, « Le principe du caractère facultatif de la norme est ancré dans l’ensemble


des textes. En droit positif, la jurisprudence et la majorité de la doctrine soutiennent
cette position. Les raisons de fond qui justifient le principe tiennent à ce que la nature
de la norme est différente de celle de la réglementation ». (« Du standard technique à
la norme juridique », Rapport final, sous la direction de Danièle Bourcier et Véronique
Tauziac, ministère de la Justice, 1995).

En effet, l’objet de la normalisation est « de fournir des documents de référence »


(article 1er du décret de 1984). « Les normes européennes sont développées en
fonction de chaque directive, afin de fournir au fabricant un ensemble de spécifications
techniques reconnues par la directive comme donnant une présomption de conformité
aux exigences essentielles. Les normes européennes concernées, lesdites normes
harmonisées, restent volontaires ; les fabricants restent libres de proposer sur le
marché communautaire des produits répondant à d’autres normes ou même ne
répondant à aucune, à condition de remplir les procédures d’évaluation de conformité
établies par les directives. » (Livre vert de la normalisation, JOCE du 28 janvier 1991).

Autrement dit, on ne doit pas confondre la norme obligatoire (de l’article 12 du décret
de 1984) et l’obligation de faire référence aux (autres) normes :

- La norme obligatoire s’applique même s’il n’y est pas fait référence dans le
marché,
- les autres normes ne s’appliqueront que si le marché y fait référence (avec une
atténuation potentielle de leur effectivité puisque chaque référence doit être
assortie de la mention « ou équivalent »).

Pour autant, il est vrai qu’il est obligatoire que le marché fasse référence à ces
« autres » normes,

- sauf à définir les spécifications techniques en termes de performances ou


d’exigences fonctionnelles,
- et pourvu en tout état de cause que les spécifications techniques choisies n’aient
pas pour « effet de créer des obstacles injustifiés à l’ouverture des marchés
publics à la concurrence ». Il en irait ainsi en définissant comme applicable à un
marché une norme inadaptée à son objet.

-8-
Reste une question : l’obligation de faire référence aux normes dans le marché
interdit-elle d’y déroger ?

On entendra par dérogation, l’adoption par le marché (CCTP ou CCTG) sur un point
particulier, de stipulations relatives à des spécifications techniques, différentes par
rapport à celles qui figurent dans une norme.

A notre avis, il est de l’essence même de la norme non obligatoire qu’elle puisse n’être
appliquée que partiellement ou qu’il y soit dérogé, et tous les textes et la doctrine
précités insistent sur cette différence fondamentale entre la norme juridique et la
norme technique.

C’est du reste la raison pour laquelle la directive 2004/18 aussi bien que le Code des
Marchés Publics imposent la seule référence aux normes et non pas leur stricte
application.

« La normalisation a pour objet de fournir des documents de référence comportant des


solutions à des problèmes techniques et commerciaux concernant les produits, biens
et services qui se posent de façon répétée dans des relations entre partenaires
économiques, scientifiques, techniques et sociaux », selon l’article 1 du Décret du 26
janvier 1984. Elle ne peut pas régir toutes les situations particulières dont les
caractéristiques sont susceptibles de justifier des dérogations par rapport aux normes.

Bien entendu, tout comme d’ailleurs le choix des normes elles-mêmes, le contenu des
dérogations ne sera légal que s’il est justifié par l’objet du marché, par la nécessité de
répondre aux réels besoins de l’acheteur et s’il ne crée pas un obstacle injustifié à
l’ouverture des marchés publics à la concurrence.

De même existe-t-il d’autres contraintes régissant en général les spécifications


techniques qui s’imposeront aussi bien aux dérogations aux normes, telles que par
exemple, l’obligation de respecter l’article 6.IV du Code des Marchés Publics selon
lequel :

« Les spécifications techniques ne peuvent pas faire mention d’un mode ou procédé
de fabrication particulier ou d’une provenance ou origine déterminée, ni faire référence
à une marque, à un brevet ou à un type, dès lors qu’une telle mention ou référence est
possible si elle est justifiée par l’objet du marché ou, à titre exceptionnel, dans le cas
où une description suffisamment précise et intelligible de l’objet du marché n’est pas
possible sans elle et à la condition qu’elle soit accompagnée des termes : «ou
équivalent » ».

En revanche, cette approche logique qui tend à considérer comme légitime une
dérogation au cas par cas en fonction des caractéristiques propres de chaque
opération de construction, rend plus délicate – voire, même potentiellement critiquable
a priori – la dérogation stricto sensu à des normes (homologuées) par des fascicules
CCTG dès lors que par définition, ils ont vocation à s’appliquer d’une manière générale
à toutes les opérations de construction de même nature.

Autrement dit :

- L’application du CCTG n’est pas obligatoire et il n’est guère envisageable qu’elle le


devienne,

-9-
- La référence aux normes est au contraire, obligatoire, sauf à formuler les
spécifications techniques en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles,
- Pour autant, sous réserve des normes elles-mêmes obligatoires, l’absence de
référence à une norme la rend inapplicable au marché considéré,
- De surcroît, selon l’article 6 du Code des Marchés Publics, il faut également
souligner que le choix des normes auxquelles il est fait référence, doit être adapté
à l’objet du marché et aux besoins de l’acheteur public (« les spécifications
techniques mentionnées au I permettent l’égal accès des candidats et ne peuvent
pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à l’ouverture des marchés
publics à la concurrence ») (Cf. article 6.III du Code des Marchés Publics).
- Enfin, et sous cette même réserve qu’elle soit justifiée, une dérogation aux normes
nous semble possible.

Reste une dernière question consistant à déterminer dans quelles conditions et avec
quelle précision le marché doit faire référence aux normes.

Sur ce point la comparaison avec les pratiques observées dans les marchés privés de
travaux est saisissante.

Les auteurs de tels marchés ont souvent l’habitude de viser sans autre forme de
précision l’application de l’ensemble des normes en vigueur à la date de conclusion du
marché.

Le CCAG issu de la norme AFNOR P03-001 va d’ailleurs plutôt dans ce sens. Il définit
les clauses techniques générales comme les « documents généraux applicables aux
travaux de bâtiment ou de génie civil, tels que les normes et normes de mise en
œuvre référencées NF-DTU ».

Il précise que :

« Ces clauses techniques générales applicables aux travaux de bâtiment (normes,


DTU) sont réputées connues des parties et ne sont pas jointes matériellement aux
pièces du marché ».

Il ajoute que :

« Les travaux objet du marché sont ceux définis dans les documents particuliers du
marché et, en tout ce qui ne leur est pas contradictoire, par l’article consistance des
normes NF-DTU Cahier des clauses spéciales (CCS) relatifs à la nature d’ouvrages
concernés ».

Il indique enfin :

« L’exécution et le dimensionnement des ouvrages (ou parties d’ouvrages)


traditionnels sont soumis aux dispositions des normes françaises NF référencées DTU
de mise en œuvre et règles de calcul.

Les fournitures doivent répondre aux spécifications des normes françaises existantes.

Les normes applicables sont celles dont le mois de prise d’effet figurant sur le
document est antérieur de trois mois à celui du lancement de la consultation, sauf
indication contraire indiquée dans les normes ».

- 10 -
Pour ce qui concerne les marchés publics nous sommes réservés sur la parfaite
régularité – ou tout au moins sur l’opportunité – d’une référence aux normes par une
simple mention générale consistant à rendre applicables toutes les normes telles que
définies par l’article 3 de l’arrêté du 28 août 2006 pourvu qu’elles aient vocation à
s’appliquer à l’opération de construction faisant l’objet du marché.

En effet, l’article 6 du Code des Marchés Publics nous semble devoir s’interpréter
comme imposant une identification un tant soit peu précise des spécifications
techniques, ne serait-ce que parce qu’elles ne doivent pas avoir pour effet de créer
des obstacles injustifiés à l’ouverture des marchés publics à la concurrence.

De même, l’article 3 de l’arrêté du 28 août 2006 précise que « Lorsque les


spécifications techniques mentionnées à l’article 1er sont formulées par référence à
des normes ou à d’autres documents équivalents, ces derniers sont choisis dans
l’ordre de préférence suivant… ».

Par ailleurs, pour satisfaire l’exigence formulée par l’article 6.V du Code des Marchés
Publics, c'est-à-dire permettre à un candidat de prouver par tout moyen approprié que
les solutions qu’il propose respectent de manière équivalente une spécification
technique, encore faut-il que cette dernière soit suffisamment identifiée.

La matière des marchés publics nous paraît donc présenter une spécificité justifiant
que la référence aux normes soit assortie d’un minimum de précision permettant de
les identifier sans ambiguïté.

Enfin, en opportunité, cette précision nous parait également recommandée. A défaut, il


s’ensuit des litiges avec le titulaire du marché quant au caractère applicable de telle ou
telle norme à telle ou telle nature de travaux, sachant que des normes de nature et
d’origine diverses peuvent comporter des dispositions différentes, voire,
contradictoires.

De ce premier examen des textes, il ressort que :

Pour ce qui concerne la définition des spécifications techniques et sauf à opter pour
leur définition en termes de performances ou d’exigences fonctionnelles, les CCTG ne
peuvent plus occuper qu’une place résiduelle par rapport aux normes.

Cela dit, avant d’envisager quelle pourrait être cette place résiduelle, il nous semble
utile d’examiner quelles sont les fonctions actuelles des CCTG.

II FONCTIONS ACTUELLES DES CCTG


C’est uniquement dans le cadre de la problématique qui nous occupe ici (place future
des CCTG compte tenu de la prééminence sans cesse accrue des normes en fait
comme en droit) que nous suggérons la typologie suivante qui devrait faciliter le
raisonnement ultérieur.

Il nous semble ainsi que l’on peut en quelque sorte classer les fonctions actuelles des
CCTG de la manière suivante :

• Définition de spécifications techniques contractuelles :

- par référence et identification des normes applicables,

- 11 -
- en complément ou en l’absence de norme applicable,
- en contrariété avec des normes applicables.

• Définition de stipulations contractuelles non ou peu techniques.

• Guide et recommandations non contractuels, sous forme de :

- recommandations pour l’élaboration d’autres documents contractuels,


- bibliographie,
- autres conseils.

Cette esquisse de typologie sera reprise ci-après avec nos commentaires.

1) Définition des spécifications techniques contractuelles

D’emblée, il importe de fournir une définition des spécifications techniques.

Celle-ci n’a curieusement pas été reprise par le Code des Marchés Publics et
surtout, par son arrêté d’application précité du 28 août 2006.

Il faut pour ce faire se référer à l’annexe VI de la directive n° 2004/18 prise en


son article 1.a qui fournit la définition suivante :

« 1) a) "spécifications techniques", lorsqu'il s'agit de marchés publics de


travaux : l'ensemble des prescriptions techniques contenues notamment dans
les cahiers des charges, définissant les caractéristiques requises d'un matériau,
d'un produit ou d'une fourniture et permettant de les caractériser de manière telle
qu'ils répondent à l'usage auquel ils sont destinés par le pouvoir adjudicateur.
Ces caractéristiques incluent les niveaux de la performance environnementale,
la conception pour tous les usages (y compris l'accès aux personnes
handicapées) et l'évaluation de la conformité, la propriété d'emploi, la sécurité ou
les dimensions, y compris les procédures relatives à l'assurance de la qualité, la
terminologie, les symboles, les essais et méthodes d'essai, l'emballage, le
marquage et l'étiquetage, ainsi que les processus et méthodes de production.
Elles incluent également les règles de conception et de calcul des ouvrages, les
conditions d'essai, de contrôle et de réception des ouvrages, ainsi que les
techniques ou méthodes de construction et toutes les autres conditions de
caractère technique que le pouvoir adjudicateur est à même de prescrire, par
voie de réglementation générale ou particulière, en ce qui concerne les ouvrages
terminés et en ce qui concerne les matériaux ou les éléments constituant ces
ouvrages » (Cf. annexe n° 5).

Cette définition est importante car elle est assez large et comprend des
stipulations qui pourraient avoir vocation à être qualifiées de clauses
administratives plutôt que techniques (procédure d’assurance qualité, ou encore,
conditions de réception).

Cela dit, en termes de spécifications techniques, les CCTG nous paraissent


actuellement remplir les fonctions suivantes :

- 12 -
A) Référencer et identifier les normes applicables

Chaque CCTG ou presque (à l’exception par exemple du fascicule n° 69


travaux en souterrain) comporte une annexe généralement qualifiée
expressément de contractuelle fournissant la liste des normes visées par le
fascicule.

Bien entendu, ce mécanisme pose le problème de l’actualisation des


fascicules et en toute hypothèse de leurs annexes à l’évolution des normes
(à cet égard, le fascicule n° 2 présente l’avertissement suivant : « il est
prévu de mettre à jour régulièrement la présente spécification technique
pour tenir compte des changements intervenant dans les normes
applicables. En tout état de cause, il appartient au rédacteur des
documents particuliers du marché d’apporter à la liste des normes les
compléments et modifications utiles »).

B) Définir des spécifications techniques en complément ou en l’absence de normes


applicables

C’est évidemment une fonction essentielle du CCTG qui n’appelle pas


d’observation particulière de notre part. Il s’agit de combler les lacunes de
la normalisation qui ne régit pas (encore) tous les domaines de la
construction.

A cette hypothèse, s’ajoute celle de la définition de spécifications


techniques en termes de performances ou d’exigences fonctionnelles.

C) Définir des spécifications techniques en contrariété avec des normes applicables

Cette situation est plus délicate et généralement non délibérée, nous


semble-t-il.

L’analyse comparative effectuée par l’AFNOR entre le fascicule 71


« fourniture et pose de conduites d’adduction et de distribution d’eau » et la
norme EN 805 « alimentation en eau « exigences pour les réseaux
extérieurs aux bâtiments et leurs composants » » en fournit un bon
exemple.

Cette analyse comparative identifie quelques contradictions entre les deux


documents qui pour le reste sont largement redondants et parfois
complémentaires.

Ainsi par exemple, les essais cycliques concernant les joints sont différents
selon les deux documents (nombre de cycles, pression d’essais, ou encore,
les procédures d’épreuves n’ont pas la même durée).

Le problème tient au fait que cette contrariété n’est probablement pas


voulue de sorte qu’elle n’est a priori pas gérée contractuellement en faisant
prévaloir un document sur un autre.

En outre, nous avons exposé ci-dessus qu’à notre sens, l’obligation de faire
référence aux normes posée par l’article 6 du Code des Marchés Publics

- 13 -
n’exclut pas la possibilité d’y déroger, mais pourvu que cette dérogation soit
justifiée par l’objet du marché, par la nécessité de satisfaire les besoins de
l’acheteur public et qu’il ne s’ensuive pas un obstacle injustifié à l’ouverture
des marchés publics à la concurrence. On peut dès lors se demander si les
fascicules du CCTG (contrairement aux CCTP) s’appliquant de manière
générale à toutes les opérations de construction de même nature ont
vocation à contenir des dérogations véritables (contrariété) aux normes de
manière significative et fréquente.

2) Définition des stipulations contractuelles non ou peu techniques

A l’examen des différents fascicules des CCTG, on recense certaines


stipulations qui ne relèvent pas de la qualification de spécifications techniques
au sens pourtant large que lui donne l’annexe VI de la directive.

Ainsi par exemple, le fascicule 2 « terrassements généraux » comporte un


chapitre VI « consistance des prestations et détermination des quantités » qui
tend largement à définir les conditions dans lesquelles les métrés sont établis
pour déterminer la rémunération de l’entrepreneur à prix unitaires.

Il s’agit là de stipulations que l’on pourrait plutôt qualifier d’administratives qui


ont vocation à figurer par exemple en préambule d’un bordereau des prix
unitaires et qui surtout, ne devraient pas pouvoir faire l’objet d’une quelconque
norme et par conséquent, donner lieu à une contrariété rédactionnelle.

De même pourrait-on citer par exemple, les clauses des articles 33 et 34 du


fascicule n° 65 A qui concernent respectivement le programme d’exécution des
travaux et le projet des installations de chantier, et procèdent à notre sens de
clauses à caractère administratif dans le droit fil de l’article 28.2 du CCAG.

3) Guide et recommandations non contractuels

Il s’agit là d’une fonction essentielle des CCTG qui consiste à prodiguer des
conseils et à fournir des informations aux acheteurs publics et tout
particulièrement aux maîtres d’œuvre.

La plupart des fascicules du CCTG se présentent d’ailleurs sous format dit à


l’italienne, comportant deux colonnes, à droite le texte et à gauche ses
commentaires, lesquels peuvent être de toute nature (identification d’un texte,
d’un risque, recommandation pour la rédaction des pièces particulières du
marché (le fascicule n° 65 A en offre de très bons exemples)).

Le risque tient ici au fait qu’en juxtaposant ces recommandations à destination


du maître d’ouvrage ou du maître d’œuvre, avec le texte du CCTG lui-même,
lesdites recommandations doivent être utilisées en cas de litige par
l’entrepreneur pour caractériser la faute ou la négligence de son cocontractant
ou encore, pour faire valoir une interprétation du marché favorable à ses
intérêts.

On peut évidemment considérer que ces conseils et informations de toute sorte,


n’ont pas vocation juridiquement à intégrer un CCTG au sens strict puisqu’il ne
s’agit pas de stipulations contractuelles.

- 14 -
Elles ne font pas partie du marché. Il ne s’agit pas du cahier des clauses à
proprement parler.

Bien entendu, il s’agit là d’une observation quant à leur qualification juridique et


non pas d’une contestation de l’indéniable utilité de ces recommandations qui,
par définition, n’ont a priori pas vocation à s’inscrire en contradiction avec les
normes, puisque leur objet est normalement différent.

On peut tenter de classifier ces conseils et recommandations de la manière


suivante :

A) Recommandations pour l’élaboration d’autres documents contractuels

La plupart des fascicules du CCTG comportent des recommandations,


voire des clauses déjà rédigées pour l’élaboration des pièces particulières
du marché.

Le fascicule 2 « terrassements généraux » en offre un bon exemple, et le


fascicule n° 69 « travaux en souterrain » un meilleur encore.

Celui-ci comporte purement et simplement une note pour la rédaction du


CCAP (annexe 1), un guide pour l’élaboration du dossier de consultation
(annexe 2), un CCTP type (annexe 3), ainsi qu’un bordereau des prix type
(annexe 4).

Indéniablement, il s’agit là d’instruments extrêmement utiles, fruits du


savoir-faire et de l’expérience accumulés qui facilitent l’élaboration de
pièces des marchés sécurisées.

B) Bibliographie

Nombre de fascicules du CCTG comportent également en annexes des


références bibliographiques relatives généralement à des guides ou
recommandations émanant d’autres instances (SETRA, LCPC, voire même
des publications étrangères).

C) Autres conseils

Figurent enfin dans les fascicules des CCTG, généralement dans la


colonne « commentaires » tout un ensemble de conseils, à l’attention le
plus généralement du maître d’œuvre, attirant son attention sur tel ou tel
risque, tel ou tel contrôle, telle ou telle disposition technique à prendre,
paramètres à retenir pour le calcul, etc.

- 15 -
III. FONCTIONS ET STATUT FUTURS DES
FASCICULES DU CCTG
Les éléments de réponse à cette question sont difficiles à cerner car en réalité, la
situation est contrastée.

En effet, il est clair par exemple que la transposition en normes nationales (NF EN)
des Eurocodes dotés de leurs annexes nationales, va rendre purement et simplement
obsolètes la plupart des fascicules du CCTG relatifs à la conception des ouvrages d’art
(hormis semble-t-il les fascicules 61 titre II et 62 titre V), pour ce qui concerne la
définition des spécifications techniques afférentes.

Il en va largement de même des fascicules du CCTG concernant les produits


(fournitures) mis en œuvre pour la construction des routes et ouvrages d’art.

En revanche, dans d’autres domaines, par suite d’une normalisation aujourd’hui


« insuffisante », certains fascicules du CCTG conservent leur utilité en termes de
définition même de spécifications techniques.

Un tel constat tendrait à opter pour des solutions variées et adaptées aux différentes
situations, au risque de perdre en lisibilité.

Cela dit, on peut reprendre le raisonnement à partir des différentes fonctions assurées
par le CCTG :

1) Identifier les normes applicables à une opération de construction

Comme on l’a vu, si la référence aux normes est obligatoire (sauf à définir les
spécifications techniques en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles), en revanche, elle n’a rien d’automatique et l’une des tâches
cruciales qui pèse sur l’acheteur public rédacteur d’un marché, consiste à
identifier les normes pertinentes le régissant.

A cet égard, le CCTG peut retenir l’une des deux options suivantes :

- Ou bien, se présenter comme un guide pour assister l’acheteur public dans


l’identification des normes applicables à chaque marché, lesquelles seront
rendues contractuelles par les clauses particulières du marché ;
- Ou bien être l’instrument même de la contractualisation des normes applicables
à l’opération.

La première branche de cette alternative s’inscrit dans la logique de l’article 3.1


du futur CCAG Travaux tel qu’il a été soumis à la concertation et pour autant
qu’il ne connaisse pas de modifications par la suite.

Selon le commentaire de cet article 3.1, ce serait au CCTP que devrait figurer
l’énumération des normes applicables aux marchés (Cf. annexe 2).

Par ailleurs, d’aucuns ont pu souligner que chaque opération de construction


présente une certaine spécificité qui justifie une certaine sélection des normes
qui lui sont applicables au cas par cas de sorte que le fascicule idoine du CCTG
pourrait recenser l’ensemble des normes potentiellement applicables à une

- 16 -
opération de construction en fonction de sa nature, mais ce serait au CCTP
d’opérer la sélection en fonction des caractéristiques propres de l’opération de
construction considérée.

En tant que telle, cette fonction (recensement et conseil pour la sélection des
normes) du CCTG ne justifierait pas à elle seule le maintient d’une telle
qualification, puisqu’il s’agirait simplement d’un guide (dont la mise à jour serait
extrêmement importante) permettant aux maîtres d’ouvrage publics et à leur
maître d’œuvre de disposer d’un instrument de conseils et d’informations.

A l’inverse, si un fascicule du CCTG doit être la pièce du marché qui identifie les
normes applicables à celui-ci, il est impératif que sur ce point tout au moins, ce
fascicule ait valeur contractuelle (et soit actualisé).

2) Définir des spécifications techniques en complément des normes


applicables ou en l’absence de telles normes

C’est bien entendu la fonction originelle majeure des CCTG qui justifie
principalement leur valeur contractuelle, mais, compte tenu de l’évolution et de
l’importance croissante de la normalisation, on peut ici encore, retenir une option
comparable à la précédente.

• La première branche de l’alternative peut consister à considérer que pour certains


types d’ouvrages la norme se suffit largement à elle-même et que les stipulations
contractuelles à caractère technique complémentaires par rapport à celles-ci,
méritent de relever du CCTP, de sorte que d’une certaine manière ce serait la
norme elle-même qui constituerait en quelque sorte le CCTG, la démarche
consistant seulement à conseiller les acheteurs publics en vue de l’adoption de
clauses complémentaires au sein du CCTP.

On peut à cet égard citer l’exemple du fascicule n° 71 et de la norme EN


805 concernant les conduites d’adduction et de distribution d’eau.

Selon l’analyse comparative menée par l’AFNOR, la norme semble se


suffire à elle-même et être même plus complète que le fascicule du CCTG.

Pour autant, le fascicule du CCTG est sur quelques points plus précis que
la norme ou comporte même parfois quelques prescriptions
complémentaires (essais de débit).

Dans une hypothèse de ce type, on pourrait s’en tenir à un guide pour


l’élaboration des marchés correspondants recommandant bien entendu aux
acheteurs publics de rendre cette norme applicable au marché public et
d’insérer quelques clauses complémentaires dans les CCTP.

Dans une certaine mesure, on pourrait également prendre l’exemple du


fascicule n° 2 relatif aux terrassements généraux, car lorsqu’on procède à
son analyse précise, on constate que sa portée contractuelle est en réalité
très faible, au-delà de l’identification des normes applicables.

Il constitue pour l’essentiel la trame d’un CCTP et présente tout un


ensemble de recommandations pour son élaboration.

- 17 -
• L’autre branche de l’alternative consiste à considérer au moins pour certains types
d’ouvrages qu’un ensemble suffisamment significatif (sur le plan qualitatif comme
quantitatif) de spécifications techniques, mérite d’être contractualisé au-delà du
champ des normes existantes et d’un cahier des clauses techniques particulières.

Il s’agit alors de maintenir le système existant en ce qu’il inclut dans le


champ contractuel un certain nombre de clauses à caractère technique que
l’entrepreneur se doit de respecter.

En pareil cas, on a donc trois niveaux potentiels de formulation de


spécifications techniques, situation qui suppose une hiérarchisation des
normes, a priori dans l’ordre croissant suivant : normes, fascicule du CCTG,
CCTP.

Au sein de cette seconde branche de l’alternative, on peut identifier une


sorte de sous-hypothèse consistant pour le fascicule du CCTG à formuler
les spécifications techniques en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles, auquel cas, sur un plan au moins théorique au regard de
l’article 6 du Code des Marchés Publics, la référence aux normes n’est pas
requise.

En pratique, cette distinction est assez théorique comme l’illustre par


exemple le fascicule n° 81 titre II du CCTG relatif à la conception et à
l’exécution d’installations d’épuration d’eaux usées.

En effet, la circonstance que les spécifications techniques relatives à une


station d’épuration d’eau usée soient formulées en termes de
performances, n’exclut pas la référence à des normes concernant par
exemple les matériaux de construction, le calcul et le dimensionnement des
ouvrages, voire même leurs conditions d’exécution.

C’est du reste la raison pour laquelle l’article 6.II du Code des Marchés
Publics prévoit expressément la faculté de combiner l’application de
normes et le respect de performances.

Quelle que soit la solution retenue, les spécifications techniques conseillées


ne devront pas avoir un effet discriminatoire.

En termes de non-discrimination, la CJCE rappelle dans un arrêt du 3 mars


2005 (Fabricom SA contre État belge, affaire C-21/03 et C-34/03, Rec.,
2005, p. I-1559, point 26) que « le devoir de respecter le principe d'égalité
de traitement correspond à l'essence même des directives en matière de
marchés publics, qui visent notamment à favoriser le développement d'une
concurrence effective dans les domaines qui relèvent de leurs champs
d'application respectifs et qui énoncent des critères d'attribution du marché
tendant à garantir une telle concurrence (arrêt du 17 septembre 2002,
Concordia Bus Finland, affaire C513/99, Rec. p. I-7213, point 81).

Il est ainsi « de jurisprudence constante que l’article 49 CE exige non


seulement l’élimination de toute discrimination à l’encontre du prestataire
de services établi dans un autre Etat membre en raison de sa nationalité,
mais également la suppression de toute restriction, même si elle s’applique
indistinctement aux prestataires nationaux et à ceux des autres Etats
membres, lorsqu’elle est de nature à prohiber, à gêner ou à rendre moins
attrayantes les activités du prestataire établi dans un autre Etat membre, où

- 18 -
il fournit légalement des services analogues » (Conclusion de l’Avocat
Général affaire C-346/06, Dirk Rüffert , point 100; voir de même en ce sens,
arrêt du 5 décembre 1989, Commission/Italie, affaire C-3/88, Rec. p. 4035,
point 8).

Concernant plus précisément les spécifications techniques, l’arrêt du 26


septembre 2000 Commission c/ France (affaire C-225/98, Rec.2000, p.I-
7445), illustre l’interdiction de toute spécification technique discriminatoire.

Dans cet arrêt, la Commission faisait grief au gouvernement français d’une


infraction à la libre circulation des marchandises en application de l’article
59 CE [maintenant article 49 CE relatif à la libre prestation de services].
Pour l’Avocat Général, il y avait discrimination dans la mesure où « les
spécifications techniques retenues sont tellement spécifiques et
abstraites » qu’il était « beaucoup plus difficile pour les soumissionnaires
des autres Etats membres de déposer des offres dans le bref délai imparti
puisqu’ils doivent d’abord s’informer auprès des pouvoirs adjudicateurs sur
les spécifications et les qualifications. Cela signifie dans certains cas, une
charge financière et de travail nettement plus importante que celle qui pèse
sur les concurrents français ».

Entérinant la position de l’Avocat Général, la CJCE rappelle que « le


principe d'égalité de traitement, dont l'article 59 du traité est une expression
particulière, prohibe non seulement les discriminations ostensibles, fondées
sur la nationalité, mais encore toutes formes dissimulées de discrimination
qui, par application d'autres critères de distinction, aboutissent en fait au
même résultat ».

Dès lors et « dans la mesure où la désignation des lots par référence à des
classifications d'organismes professionnels nationaux est susceptible
d'avoir un effet dissuasif à l'égard des soumissionnaires non nationaux, elle
constitue de ce fait une discrimination indirecte et, donc, une restriction à la
libre prestation des services, au sens de l'article 59 du traité ».

Dans un arrêt du 12 octobre 2004, Wolff & Müller (Rec.2004,p.I-9553)


affaire C-60/03, la Cour a rappelé qu’un tel effet dissuasif était caractérisé
dès lors que « l’application des réglementations nationales (…) entraîn[ait]
des frais ainsi que des charges administratives et économiques
supplémentaires ».

Le principe de libre prestation de services a été enrichi par la directive


2006/123 du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2006
relative aux services dans le marché intérieur (Journal officiel n° L du
27/12/2006 p. 36 à 68). Les apports de la directive sont toutefois limités
pour la matière CCTG dès lors que ces derniers sont rédigés à l’aune du
principe de non discrimination.

En effet, selon le considérant (9) de la directive 2006/123/CE : « La


présente directive s'applique exclusivement aux exigences qui affectent
l'accès à une activité de service ou l'exercice d'une telle activité. Il s'ensuit
qu'elle ne s'applique pas aux exigences telles que (…) les normes en
matière de construction ».

- 19 -
En réalité, ce qui est visé par l’article 6-III du Code des Marchés Publics et
l’article 23.2 de la directive 2004/18 c’est le simple « effet » de la
spécification technique sur la concurrence dans la mesure où « l’objet du
marché ne peut pas être défini de manière à avoir pour objectif ou pour
résultat de réserver l’accès au marché à des entreprises nationales au
détriment des soumissionnaires d’autres Etats membres » (Communication
de la Commission européenne sur l’intégration des aspects sociaux dans
les marchés publics, COM (2001) 566, point [17]).

3) Les dispositions des fascicules des CCTG ne relevant pas de la


contractualisation de spécifications techniques

Sont ici essentiellement concernées les dispositions des fascicules des CCTG
procédant de guides, conseils et recommandations de toute sorte et ne relevant
pas de la contractualisation pure et simple de spécifications techniques.

S’il devait ne rester que celles-là parce que la contractualisation de la référence


aux normes s’effectuerait pas le CCTP, et parce que l’application des normes
assortie de clauses figurant aux CCTP se suffirait à elle-même, il ne serait plus
justifié d’inclure ces recommandations sans valeur contractuelle au sein d’un
CCTG.

Autrement dit, si sur un plan juridique il peut sembler d’ores et déjà curieux que
des recommandations de cette nature figurent au sein d’un document
contractuel en spécifiant qu’elles n’ont pas valeur contractuelle, il va de soi que
s’il ne devait rester que des recommandations de cette nature, il y aurait lieu de
les sortir du champ contractuel, à l’instar de documents tels que les
recommandations pour les terrassements routiers (Cf. par exemple le fascicule 4
« contrôle de l’exécution des remblais et des couches de forme » d’octobre
1981).

Dans cette hypothèse, le CCTG n’aurait plus d’utilité comme pièce contractuelle.

A notre sens, sur le plan de la méthodologie, on pourrait considérer qu’il y a lieu


dans un premier temps d’arbitrer la question consistant à savoir si, nonobstant
les termes apparemment du futur CCAG Travaux, la contractualisation même
des normes applicables à tel marché de travaux doit être le fait du CCTG.

Dans l’affirmative, ce seul motif imposerait qu’il reste une pièce contractuelle du
marché de sorte qu’ensuite, même pour des types d’ouvrages se caractérisant
par l’existence de normes (quasi) exhaustives et satisfaisantes, on pourrait
concevoir que des spécifications techniques complémentaires, même très
réduites, puissent continuer à figurer sur des fascicules du CCTG.

Dans la négative, on peut vraiment se demander s’il est nécessaire de maintenir


de tels fascicules, et s’il n’est pas préférable de s’en tenir à des
recommandations précises portant d’une part, sur la contractualisation de
normes (en quelque sorte comme CCTG), et d’autre part, sur la rédaction de
CCTP.

L’inconvénient de cette proposition tient au fait que même à terme, il semble


devoir subsister des types d’ouvrages pour lesquels la juxtaposition normes –
CCTG – CCTP reste pertinente, de sorte que faire cohabiter des situations dans

- 20 -
lesquelles pour d’autres types d’ouvrages ne cohabiteraient plus que la ou les
norme(s) ainsi qu’un CCTP créerait un manque de lisibilité pour les acheteurs
publics susceptible de générer des erreurs ou des incompréhensions ; sauf à ce
que les domaines dans lesquels les fascicules des CCTG seraient maintenus,
soient nettement circonscrits, voire quelque peu marginaux (usines
d’incinération des ordures ménagères, stations d’épuration, espaces verts).

Toutefois, on ne doit pas se dissimuler que ce manque de lisibilité existe déjà,


les différents fascicules du CCTG se caractérisant aujourd’hui par une grande
hétérogénéité.

De surcroît, il faut souligner que le « pas a déjà été franchi » qui consiste à
substituer à un fascicule du CCTG un guide pour la rédaction des marchés dans
le domaine considéré ; cette démarche ayant fait l’objet d’un consensus de la
part des professionnels concernés, à notre connaissance.

Ainsi par arrêté du 3 janvier 2008 du Ministère de l’Economie, des Finances et


de l’Emploi a été abrogé le décret du 26 novembre 1987 relatif au CCTG
applicables aux marchés publics d’exploitation de chauffage, véritable « bible »
jusqu’alors.

Lui a été substitué un simple guide de rédaction des marchés publics


d’exploitation du chauffage approuvé le 4 mai 2007 par le Comité exécutif de
l’Observatoire économique de l’achat public qui mérite d’être consulté (cf cahier
détaché n° 2 du Moniteur n° 5413 du 24 août 2007).

Cette solution a donc déjà été retenue. Il n’est pas exclu qu’elle mérite d’être
généralisée sinon systématisée.

IV. SUR L’APPLICATION DE LA PROCEDURE D’INFORMATION


PREVUE PAR LA DIRECTIVE 98/34
La directive 98/34 du Parlement Européen et du Conseil du 22 juin 1998 prévoit une
procédure d’information obligatoire de la commission dans le domaine des normes et
réglementations techniques (Cf. annexe n° 7).

En substance, cette directive considérée comme d’application directe (en ce sens que
ses dispositions se suffisent à elles-mêmes) prévoit une procédure d’information
obligatoire de la Commission concernant d’une part les projets nationaux de normes
ou de modifications d’une norme, et d’autre part, les projets nationaux de règles
techniques.

Pour bien comprendre la portée et l’objet de cette directive il convient d’emblée de


souligner qu’elle procède d’une summa divisio au sein des spécifications techniques
entre les règles techniques, par essence obligatoires (de jure ou de facto) et les
normes, par essence facultatives (sous réserve des normes obligatoires…).

Pour ce qui concerne les projets de règles techniques, s’ouvre après notification, une
période dite de statu quo destinée à permettre à la Commission et aux autres Etats
membres de réagir en cas notamment d’entrave à la libre circulation des
marchandises.

- 21 -
Il a été jugé que la méconnaissance de cette obligation de notification par un état
membre constitue un vice substantiel de nature à entraîner l’inapplicabilité des règles
techniques en cause (arrêt de la CJCE du 30 avril 1996, CIA Security International SA
c/ Signalisation et Securitel SPRL, affaire C-194/94, Rec. 1996, page 1/02201).

Il a été envisagé de mettre en œuvre cette procédure de notification s’agissant des


fascicules du CCTG considérés comme un corpus de règles techniques au sens de
cette directive.

Le bien-fondé et l’opportunité de procéder à cette formalité seront examinés ci-après.

Liminairement, il convient de rappeler qu’en vertu de l’article 8 de la directive 98/34,


l’obligation de communication à la Commission ne pèse pas sur les Etats membres
lorsque la règle technique correspond à « une simple transposition intégrale d’une
norme internationale ou européenne, auquel cas une simple information quant à la
norme concernée suffit ».

Cela dit, nous avons tendance à considérer pour les raisons ci-après exposées que les
stipulations des différents fascicules du CCTG ne relèvent pas de la qualification de
règles techniques au sens de la directive précitée, ou alors de manière extrêmement
marginale, pour les raisons suivantes :

• En premier lieu, ne sont concernées par la directive que les règlementations


techniques afférentes aux services de la société de l’information qui ne sont pas
en cause ici et aux produits.

Or, l’article 1er de la directive précise que « l’on entend par produits : tout produit
de fabrication industrielle et tout produit agricole, y compris les produits de la
pêche ».

Pour que des stipulations du CCTG (en dehors des normes) soient donc
susceptibles d’entrer dans le champ d’application de la directive, il faudrait donc
qu’elles concernent des produits de la construction faisant l’objet d’une fabrication
industrielle, nous semble-t-il.

Cela dit, il est vrai que le processus de construction consiste largement à intégrer
dans l’ouvrage des produits issus d’une fabrication industrielle. C’est
probablement la raison pour laquelle selon un rapport de la Commission au
Conseil en date du 21 mars 2007 sur le fonctionnement de la directive 98/34/CE
de 2002 à 2005, « la ventilation sectorielle montre que c’est le secteur de la
construction au sens le plus large qui domine les notifications nationales : les
édifices, bâtiments et construction, ainsi que les structures en béton et métal
figurent tous régulièrement parmi les dix premiers domaines de notification.
D’autres domaines importants sont les produits alimentaires et la qualité de
l’eau ».

• En second lieu, encore faut-il être en présence d’une règle technique et qu’elle soit
obligatoire (contrairement à une norme).

Celle-ci est définie en ces termes par l’article 1er (11) de la directive :

« «règle technique»: une spécification technique ou autre exigence ou une règle


relative aux services, y compris les dispositions administratives qui s'y appliquent,
dont l'observation est obligatoire de jure ou de facto, pour la commercialisation, la
prestation de services, l'établissement d'un opérateur de services ou l'utilisation

- 22 -
dans un État membre ou dans une partie importante de cet État, de même que,
sous réserve de celles visées à l'article 10, les dispositions législatives,
réglementaires et administratives des États membres interdisant la fabrication,
l'importation, la commercialisation ou l'utilisation d'un produit ou interdisant de
fournir ou d'utiliser un service ou de s'établir comme prestataire de services ».

Sur l’articulation, dans le domaine de la construction, entre la notion de règle


technique et le fait qu’elle doit porter sur un produit, le rapport précité de la
Commission est très clair et mérite d’être cité :

« Les règles qui ne concernent que la conception d’ouvrages ou d’installations ne


sont pas des règles techniques au sens de la directive si elles n’ont pas d’effets
sur des produits.

Ainsi, des règles fixant le nombre et la taille minimum des couloirs de secours, ou
des règles imposant une épaisseur minimum pour des murs porteurs d’un
ouvrage, ne fixent pas les caractéristiques qu’un produit doit remplir. On se
trouve, par contre, en présence d’une règle technique lorsqu’une telle mesure ne
se limite pas à définir l’épaisseur des murs, mais impose le recours à des produits
appartenant à une certaine classe de résistance au feu. »

Reste la question du caractère obligatoire de la règle technique sans lequel la


notification n’est pas requise.

Pour reprendre la terminologie de la directive, force est d’admettre qu’une


stipulation figurant dans un fascicule d’un CCTG ne peut être qualifiée de règle
technique dont l’observation est obligatoire de jure, pour deux raisons très
simples : d’une part, l’application du CCTG est facultative, et d’autre part, il est
toujours possible d’y déroger.

On pourrait alors envisager d’être en présence d’une règle technique dont


l’observation est obligatoire de facto.

La définition en est donnée en ces termes, toujours par l’article 1er de la directive
(11) :

« Constituent notamment des règles techniques de facto :

- les dispositions législatives, réglementaires ou administratives d'un État


membre qui renvoient soit à des spécifications techniques ou à d'autres
exigences ou à des règles relatives aux services, soit à des codes
professionnels ou de bonne pratique qui se réfèrent eux-mêmes à des
spécifications techniques ou à d'autres exigences ou à des règles relatives
aux services, dont le respect confère une présomption de conformité aux
prescriptions fixées par lesdites dispositions législatives réglementaires ou
administratives,

- les accords volontaires auxquels l'autorité publique est partie contractante et


qui visent, dans l'intérêt général, le respect de spécifications techniques ou
d'autres exigences, ou de règles relatives aux services à l'exclusion des
cahiers de charges des marchés publics,

- les spécifications techniques ou d'autres exigences ou les règles relatives aux


services liées à des mesures fiscales ou financières qui affectent la
consommation de produits ou de services en encourageant le respect de ces

- 23 -
spécifications techniques ou autres exigences ou règles relatives aux
services; ne sont pas concernées les spécifications techniques ou autres
exigences ou les règles relatives aux services liées aux régimes nationaux de
sécurité sociale ».

Certes, les trois hypothèses énumérées par cette disposition ne sont pas exhaustives
(emploi préalable de l’adverbe « notamment ») ce qui rend aléatoire leur interprétation.

A notre sens, les deux dernières hypothèses n’ont guère vocation à s’appliquer en
l’espèce puisque la deuxième exclut expressément les cahiers des charges des
marchés publics et la troisième est hors sujet (mesures fiscales ou financières).

Cela dit, ces hypothèses rendent bien compte de cette notion de règle technique
obligatoire de facto. Ainsi en va-t-il des « spécifications techniques qui, sans être
rendues obligatoires par un acte formel et contraignant de l’Etat, font l’objet de la part
de celui-ci de mesures qui incitent leurs destinataires à les observer » (Alphonso
Mattera, ancien DGA du marché intérieur à la Commission européenne. Le Marché
unique européen, ses règles, son fonctionnement, Ed. Jupiter, Paris 1990).

Tel est le cas d’un dispositif fiscal avantageux incitant les consommateurs à acheter tel
type de produit présentant des caractéristiques données considérées comme
protectrices de l’environnement.

Tel est également le cas d’un accord (contrat) auquel un Etat est véritablement partie.

Reste donc la première d’interprétation pour le moins absconse qui se réfère aux
dispositions administratives d’un Etat membre qui renvoient à des spécifications
techniques, le cas échéant, via un code de bonnes pratiques « et donc le respect
confère une présomption de conformité aux prescriptions fixées par lesdites
dispositions législatives, réglementaires et administratives »…( ?).

A première analyse, on serait tenté d’exposer qu’en tout état de cause, la première de
ces trois hypothèses n’a pas vocation à s’appliquer en l’espèce, dès lors que la
seconde exclut expressément les cahiers des charges des marchés publics.

Cela dit cette interprétation, ne nous semble pas valable pour un cahier des charges
type, c'est-à-dire un cahier des clauses générales par opposition à particulières, qui
comporterait des règles techniques et dont l’application serait obligatoire.

C’est d’ailleurs le sens de la démarche des autorités allemandes. Dernièrement, elles


ont notifié respectivement, en 2003 et en 2006, les « Conditions techniques
contractuelles complémentaires et directives concernant l’exécution de murs antibruit
en bordure de voies (ZTV-Lsw 06) » et les « Conditions techniques contractuelles
complémentaires et directives concernant les travaux d’entretien des arbres dans le
cadre de la construction routière (ZTV Baum-StB 04) ».

La motivation succincte d’une telle motivation est la suivante :

« Les présentes conditions techniques contractuelles complémentaires et les


directives concernant les travaux d’entretien des arbres dans le cadre de la
construction routière (ZTV Baum-StB 04) doivent permettre de garantir une qualité
satisfaisante des travaux d’entretien des arbres dans le cadre de la construction
routière. Afin de garantir cette exigence d’assurance-qualité et l’égalité entre tous les
adjudicataires concurrents, les « ZTV Baum-StB 04 » doivent faire partie intégrante
d’un contrat de construction ».

- 24 -
« Les conditions ZTV-Lsw 06 visent à garantir une plus grande qualité dans la
construction des murs antibruit en bordure de voies. En vue d’atteindre cet objectif de
qualité et de garantir une égalité de traitement pour tous les offrants lors de l’appel
d’offres, les conditions ZTV-Lsw 06 doivent faire partie intégrante des contrats de
construction concernant les mesures de protection contre le bruit sur les routes
nationales ».

Ces exemples allemands concernent certes, des cahiers des charges de marchés
publics, mais qui seraient en réalité obligatoires de jure et non pas de facto. C’est la
raison pour laquelle l’exception ne peut les concerner, puisqu’il ne s’agit pas d’un
accord volontaire, mais en quelque sorte obligatoire.

Plus généralement, compte tenu de la conception relativement extensive retenue par


la CJCE quant au champ d’application de la directive 98/34 (cf document de travail de
la Commission, Comité « Normes et règles techniques » Doc. 39/98 rev.3.-FR
« Jurisprudence de la Cour de Justice et pratique des services de la Commission »),
on peut admettre qu’un cahier des charges-type comportant des spécifications
techniques peut relever de la procédure de notification pourvu que son application
fasse l’objet de mesures d’incitations suffisamment significatives.

Pour notre part, nous n’avons identifié aucune forme d’incitation à l’application des
fascicules du CCTG justifiant qu’ils puissent être considérés comme rendus
obligatoires de facto. On soulignera que le verbe inciter figure au préambule de la
directive. Certes, il est là encore susceptible de multiples interprétations, et à
l’extrême, d’aucuns pourraient prétendre qu’éditer un CCTG procède d’une démarche
qui par elle-même constitue une incitation à son application (cf quasiment en ce sens :
S. Lecrenier : « Les articles 30 et suivants CEE et les procèdures de contrôle prévues
par la directive 83/189/CEE » Revue Marché Commun n° 283 janvier 1985 p.6).

Pour notre part, nous n’avons relevé aucune jurisprudence en ce sens en considérant
qu’un texte d’application purement facultatif et qui n’est assorti d’aucune mesure
identifiable d’incitation à son application ne peut être raisonnablement qualifié
d’obligation de facto.

Enfin, il faut se garder d’un contresens quant à la portée de cette procédure de


notification :

Si une règle technique est édictée sans avoir respecté la procédure de notification
préalable imposée par la directive 98/34, il a été jugé effectivement que cette règle
technique devenait inopposable (dans notre hypothèse, à l’entrepreneur).

A l’inverse, ce n’est pas parce qu’à tort ou à raison on viendrait accomplir la formalité
de notification à propos de telle ou telle stipulation du CCTG, voire de la totalité de
celui-ci qu’il changerait de statut juridique et deviendrait pour autant opposable erga
omnes.

Il n’en demeurerait pas moins qu’en l’état des textes (Code des Marchés Publics,
Code Général des Collectivités Territoriales), les CCTG sont d’application facultative et
ne sont opposables à l’entrepreneur que s’ils font partie des pièces du marché.

- 25 -
En l’état, les seules règles techniques de construction qui s’imposent à tous les
maîtres d’ouvrage publics, comme privés au demeurant, sont celles qui procèdent de
normes rendues obligatoires en vertu de l’article 12 du décret du 26 janvier 1984 relatif
à la normalisation (réglementation parasismique, résistance au feu, par exemple).

Fait à PARIS, le 20 février 2008


Julien MOLAS

- 26 -
Annexe 1

Code des Marchés Publics, article 13 (extraits) :

Les cahiers des charges des marchés passés selon une procédure formalisée déterminent
les conditions dans lesquelles les marchés sont exécutés.

Ils comprennent des documents généraux et des documents particuliers.

Les documents généraux sont :

1º Les cahiers des clauses administratives générales, qui fixent les dispositions
administratives applicables à une catégorie de marchés ;

2º Les cahiers des clauses techniques générales, qui fixent les dispositions techniques
applicables à toutes les prestations d'une même nature.

Ces documents sont approuvés par un arrêté du ministre chargé de l'économie et des
ministres intéressés.

La référence à ces documents n'est pas obligatoire.

- 27 -
Annexe 2

CCAG TRAVAUX (décret 1976)

3.1. Pièces constitutives du marché – Ordre de priorité

3.11. Les pièces constitutives du marché comprennent :

- l’acte d’engagement,
- le cahier des clauses administratives particulières (CCAP).
- le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) contenant la
description des ouvrages et les spécifications techniques ;

…/…

- le ou les cahiers des clauses générales (CCTG) applicables aux


prestations faisant l’objet du marché.

CCAG TRAVAUX (projet)

3.1. Ordre de priorité

Les pièces constitutives du marché comprennent :


- l’acte d’engagement et ses annexes,
- le cahier des clauses administratives particulières (CCAP) et ses annexes,

…/…

- le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) et ses annexes telles que
plans, notes de calculs, cahier de sondages, dossier géotechnique, rapports d’études,

[COMMENTAIRE :

Les références aux normes homologuées ou à d’autres normes applicables en France en


vertu d’accords internationaux, dans les conditions prévues par le code des marchés publics,
doivent figurer au CCTP].

- le cas échéant, le ou les cahiers des clauses techniques générales (CCTG)


applicables aux prestations faisant l’objet du marché.

- 28 -
Annexe 3

Code des Marchés Publics, article 6 (extraits) :

I. Les prestations qui font l'objet d'un marché ou d'un accord-cadre sont définies, dans
les documents de la consultation, par des spécifications techniques formulées :

1º Soit par référence à des normes ou à d'autres documents équivalents accessibles


aux candidats, notamment des agréments techniques ou d'autres référentiels
techniques élaborés par les organismes de normalisation ;

2º Soit en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles. Celles-ci sont


suffisamment précises pour permettre aux candidats de connaître exactement
l'objet du marché et au pouvoir adjudicateur d'attribuer le marché. Elles peuvent
inclure des caractéristiques environnementales.

Un arrêté du ministre chargé de l'économie précise la nature et le contenu des


spécifications techniques.

…/…

III. Les spécifications techniques mentionnées au I permettent l'égal accès des candidats
et ne peuvent pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à l'ouverture des
marchés publics à la concurrence. Chaque fois que possible, elles sont établies de
manière à prendre en compte des critères d'accessibilité pour les personnes
handicapées ou, pour tous les utilisateurs, des critères de fonctionnalité.

V. Lorsque le pouvoir adjudicateur utilise une spécification technique formulée selon les
modalités prévues au 1º du I, il ne peut pas rejeter une offre au motif qu'elle n'est pas
conforme à cette spécification si le candidat prouve dans son offre, par tout moyen
approprié, que les solutions qu'il propose respectent de manière équivalente cette
spécification.

- 29 -
Annexe 4

Directive 2004/18/CE du Parlement européen et du Conseil


du 31 mars 2004

Article 23 : Spécifications techniques

1. Les spécifications techniques telles que définies au point 1 de l'annexe VI


figurent dans les documents du marché, tels que les avis de marché, le cahier
des charges ou les documents complémentaires.

2. Les spécifications techniques doivent permettre l'accès égal des


soumissionnaires et ne pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à
l'ouverture des marchés publics à la concurrence.

3. Sans préjudice des règles techniques nationales obligatoires, dans la mesure


où elles sont compatibles avec le droit communautaire, les spécifications
techniques sont formulées:

a) soit par référence à des spécifications techniques définies à l'annexe VI et,


par ordre de préférence, aux normes nationales transposant des normes
européennes, aux agréments techniques européens, aux spécifications
techniques communes, aux normes internationales, aux autres référentiels
techniques élaborés par les organismes européens de normalisation ou,
lorsque ceux-ci n'existent pas, aux normes nationales, aux agréments
techniques nationaux, ou aux spécifications techniques nationales en
matière de conception, de calcul et de réalisation des ouvrages et de mise
en œuvre des produits. Chaque référence est accompagnée de la mention
"ou équivalent";
b) soit en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles; celles-ci
peuvent inclure des caractéristiques environnementales. Elles doivent
cependant être suffisamment précises pour permettre aux
soumissionnaires de déterminer l'objet du marché et aux pouvoirs
adjudicateurs d'attribuer le marché;
c) soit en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles visées au
point b), en se référant, comme un moyen de présomption de conformité à
ces performances ou à ces exigences fonctionnelles, aux spécifications
citées au point a);
d) soit par une référence aux spécifications visées au point a) pour certaines
caractéristiques et aux performances ou exigences fonctionnelles visées
au point b) pour d'autres caractéristiques.

4. Lorsque les pouvoirs adjudicateurs font usage de la possibilité de se référer aux


spécifications visées au paragraphe 3, point a), ils ne peuvent pas rejeter une
offre au motif que les produits et services offerts sont non conformes aux
spécifications auxquelles ils ont fait référence, dès lors que le soumissionnaire
prouve dans son offre à la satisfaction du pouvoir adjudicateur, par tout moyen
approprié, que les solutions qu'il propose satisfont de manière équivalente aux
exigences définies par les spécifications techniques.

- 30 -
Peut constituer un moyen approprié, un dossier technique du fabricant ou un
rapport d'essai d'un organisme reconnu.

5. Lorsque les pouvoirs adjudicateurs font usage de la possibilité, prévue au


paragraphe 3, d'établir des prescriptions en termes de performances ou
d'exigences fonctionnelles, ils ne peuvent rejeter une offre de travaux, de
produits ou de services conformes à une norme nationale transposant une
norme européenne, à un agrément technique européen, à une spécification
technique commune, à une norme internationale, ou à un référentiel technique
élaboré par un organisme européen de normalisation, si ces spécifications
visent les performances ou les exigences fonctionnelles qu'ils ont requises.

Dans son offre, le soumissionnaire est tenu de prouver, à la satisfaction du


pouvoir adjudicateur et par tout moyen approprié, que les travaux, produits ou
services conformes à la norme répondent aux performances ou exigences
fonctionnelles du pouvoir adjudicateur.

Peut constituer un moyen approprié, un dossier technique du fabricant ou un


rapport d'essai d'un organisme reconnu.

6. Lorsque les pouvoirs adjudicateurs prescrivent des caractéristiques


environnementales en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles,
telles que visées au paragraphe 3, point b), ils peuvent utiliser les spécifications
détaillées ou, si besoin est, des parties de celles-ci, telles que définies par les
éco-labels européens, (pluri)nationaux, ou par tout autre éco-label pour autant :

- qu'elles soient appropriées pour définir les caractéristiques des fournitures ou


des prestations faisant l'objet du marché,
- que les exigences du label soient développées sur la base d'une information
scientifique,
- que les éco-labels soient adoptés par un processus auquel toutes les parties
concernées, telles que les organismes gouvernementaux, les
consommateurs, les fabricants, les distributeurs et les organisations
environnementales peuvent participer,
- et qu'ils soient accessibles à toutes les parties intéressées.

Les pouvoirs adjudicateurs peuvent indiquer que les produits ou services munis
de l'éco-label sont présumés satisfaire aux spécifications techniques définies
dans le cahier des charges; ils doivent accepter tout autre moyen de preuve
approprié, tel qu'un dossier technique du fabricant ou un rapport d'essai d'un
organisme reconnu.

7. Par "organismes reconnus" au sens du présent article, on entend les


laboratoires d'essai, de calibrage, les organismes d'inspection et de
certification, conformes aux normes européennes applicables.

Les pouvoirs adjudicateurs acceptent les certificats émanant d'organismes


reconnus dans d'autres États membres.

8. À moins qu'elles ne soient justifiées par l'objet du marché, les spécifications


techniques ne peuvent pas faire mention d'une fabrication ou d'une provenance
déterminée ou d'un procédé particulier, ni faire référence à une marque, à un
brevet ou à un type, à une origine ou à une production déterminée qui auraient
pour effet de favoriser ou d'éliminer certaines entreprises ou certains produits.
Cette mention ou référence est autorisée, à titre exceptionnel, dans le cas où

- 31 -
une description suffisamment précise et intelligible de l'objet du marché n'est
pas possible par application des paragraphes 3 et 4; une telle mention ou
référence est accompagnée des termes "ou équivalent".

- 32 -
Annexe 5

Directive 2004/18/CE du Parlement européen et du Conseil


du 31 mars 2004

ANNEXE VI
DÉFINITION DE CERTAINES SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES

Aux fins de la présente directive, on entend par :

1) a) "spécifications techniques", lorsqu'il s'agit de marchés publics de travaux:


l'ensemble des prescriptions techniques contenues notamment dans les cahiers
des charges, définissant les caractéristiques requises d'un matériau, d'un
produit ou d'une fourniture et permettant de les caractériser de manière telle
qu'ils répondent à l'usage auquel ils sont destinés par le pouvoir adjudicateur.
Ces caractéristiques incluent les niveaux de la performance environnementale,
la conception pour tous les usages (y compris l'accès aux personnes
handicapées) et l'évaluation de la conformité, la propriété d'emploi, la sécurité
ou les dimensions, y compris les procédures relatives à l'assurance de la
qualité, la terminologie, les symboles, les essais et méthodes d'essai,
l'emballage, le marquage et l'étiquetage, ainsi que les processus et méthodes
de production. Elles incluent également les règles de conception et de calcul
des ouvrages, les conditions d'essai, de contrôle et de réception des ouvrages,
ainsi que les techniques ou méthodes de construction et toutes les autres
conditions de caractère technique que le pouvoir adjudicateur est à même de
prescrire, par voie de réglementation générale ou particulière, en ce qui
concerne les ouvrages terminés et en ce qui concerne les matériaux ou les
éléments constituant ces ouvrages ;

2) "norme": une spécification technique approuvée par un organisme reconnu à


activité normative pour application répétée ou continue, dont l'observation
n'est pas obligatoire et qui relève de l'une des catégories suivantes :

- norme internationale: une norme adoptée par un organisme international de


normalisation et mise à la disposition du public,
- norme européenne: une norme adoptée par un organisme européen de
normalisation et mise à la disposition du public,
- norme nationale: une norme adoptée par un organisme national de
normalisation et mise à la disposition du public;

3) "agrément technique européen": l'appréciation technique favorable de l'aptitude


à l'emploi d'un produit pour une fin déterminée, basée sur la satisfaction des
exigences essentielles pour la construction, selon les caractéristiques
intrinsèques de ce produit et les conditions établies de mise en œuvre et
d'utilisation. L'agrément technique européen est délivré par un organisme
agréé à cet effet par l'État membre ;

4) "spécification technique commune": une spécification technique élaborée selon


une procédure reconnue par les États membres et publiée au Journal officiel
des Communautés européennes ;

- 33 -
5) "référentiel technique": tout produit élaboré par les organismes européens de
normalisation, autre que les normes officielles, selon des procédures adaptées
à l'évolution des besoins du marché.

- 34 -
Annexe 6

Arrêté du 28 août 2006 relatif aux spécifications techniques et accords cadres pris
pour l’application de l’article 6 du Code des Marchés Publics (texte intégral)

Article 1

Sont des spécifications techniques, au sens de l’article 6 du code des marchés publics et de
l’article 2 des décrets du 20 octobre 2005 et du 30 décembre 2005 susvisés :

1° Lorsqu’il s’agit d’un marché ou d’un accord-cadre de travaux, l’ensemble des


prescriptions techniques contenues notamment dans les cahiers des charges et définissant
les caractéristiques requises d’un matériau, d’un produit ou d’une fourniture et permettant de
les caractériser de manière telle qu’ils répondent à l’usage auquel ils sont destinés par le
pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice ;

2° Lorsqu’il s’agit d’un marché ou d’un accord-cadre de services ou de fournitures, les


prescriptions définissant les caractéristiques requises d’un produit ou d’un service.

Article 2

Les caractéristiques définies par les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er
peuvent inclure :

- les niveaux de la performance environnementale ;

- les niveaux de qualité ;

- les caractéristiques d’accessibilité ;

- l’évaluation de la conformité et les procédures d’évaluation de la conformité ;

- l’évaluation de la propriété d’emploi ;

- la sécurité ou les dimensions, y compris les prescriptions applicables au produit en ce


qui concerne la dénomination de vente ou les procédures relatives à l’assurance de la
qualité pour les ouvrages ;

- la terminologie ;

- les symboles ;

- les essais et méthodes d’essai ;

- l’emballage ;

- le marquage et l’étiquetage ;

- les processus et méthodes de production ;

- l’évaluation de l’utilisation du produit et les instructions d’utilisation.

- 35 -
En outre, elles peuvent inclure pour les seuls marchés de travaux :

- les règles de conception et de calcul des ouvrages ;

- les conditions d’essai, de contrôle et de réception des ouvrages ;

- les techniques ou méthodes de construction ;

- toutes les autres conditions de caractère technique que le pouvoir adjudicateur ou


l’entité adjudicatrice est à même de prescrire, par voie de réglementation générale ou
particulière, en ce qui concerne les ouvrages terminés et en ce qui concerne les
matériaux ou les éléments constituant ces ouvrages.

Article 3

Lorsque les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er sont formulées par
référence à des normes ou à d’autres documents équivalents, ces derniers sont choisis dans
l’ordre de préférence suivant : les normes nationales transposant des normes européennes,
les agréments techniques européens, les spécifications techniques communes, les normes
internationales, les autres référentiels techniques élaborés par les organismes européens de
normalisation ou, lorsque ceux-ci n’existent pas, les normes nationales, les agréments
techniques nationaux, ou les spécifications techniques nationales en matière de conception,
de calcul et de réalisation des ouvrages et de mise en œuvre des produits. Chaque
référence est accompagnée de la mention « ou équivalent ».

Article 4

Au sens de l’article 6 du code des marchés publics et de l’article 2 des décrets du 20 octobre
2005 et du 30 décembre 2005 susvisés :

1° Une norme est une spécification technique approuvée par un organisme reconnu à
activité normative pour application répétée ou continue, dont l’observation n’est pas
obligatoire et qui relève de l’une des catégories suivantes :

- norme internationale : une norme adoptée par un organisme international de


normalisation et mise à la disposition du public ;

- norme européenne : une norme adoptée par un organisme européen de


normalisation et mise à la disposition du public ;

- norme nationale : une norme adoptée par un organisme national de normalisation et


mise à la disposition du public.

2° Un agrément technique européen est une appréciation technique favorable de


l’aptitude à l’emploi d’un produit pour une fin déterminée, basée sur la satisfaction des
exigences essentielles pour la construction, selon les caractéristiques intrinsèques de
ce produit et les conditions établies de mise en œuvre et d’utilisation. L’agrément
technique européen est délivré par un organisme agréé à cet effet par l’Etat membre.

3° Une spécification technique commune est une spécification technique élaborée selon
une procédure reconnue par les Etats membres et publiée au Journal officiel de
l’Union européenne.

- 36 -
4° Un référentiel technique vise tout produit élaboré par les organismes européens de
normalisation, autre que les normes officielles, selon des procédures adaptées à
l’évolution des besoins du marché.

- 37 -
Annexe 7

DIRECTIVE 98/34/CE DU PARLEMENT EUROPEEN ET DU CONSEIL PREVOYANT UNE


PROCEDURE D'INFORMATION DANS LE DOMAINE DES NORMES ET
REGLEMENTATIONS TECHNIQUES ET DES REGLES RELATIVES AUX SERVICES DE
LA SOCIETE DE L'INFORMATION (extraits)

…/…

Considérants de la directive 98/34/CE

…/…

(5) considérant qu'il est indispensable que la Commission dispose des informations
nécessaires avant l'adoption des dispositions techniques; que les États membres qui, en
vertu de l'article 5 du traité, sont tenus de lui faciliter l'accomplissement de sa mission
doivent donc lui notifier leurs projets dans le domaine des réglementations techniques ;

…/…

(12) considérant qu'il est nécessaire de préciser la notion de règle technique de facto; que,
notamment, les dispositions par lesquelles l'autorité publique se réfère à des spécifications
techniques ou à d'autres exigences ou incite à leur observation, ainsi que les dispositions
visant des produits auxquelles l'autorité publique est associée, dans un but d'intérêt public,
ont pour effet de conférer au respect desdites spécifications ou exigences une valeur plus
contraignante que celle qu'elles auraient normalement en raison de leur origine privée;

…/…

Dispositifs des directives 98/34/CE et 98/48/CE consolidés

Article premier

Au sens de la présente directive, on entend par :


1) «produit»: tout produit de fabrication industrielle et tout produit agricole, y compris les
produits de la pêche;

…/…

3) «spécification technique»: une spécification qui figure dans un document définissant


les caractéristiques requises d'un produit, telles que les niveaux de qualité ou de
propriété d'emploi, la sécurité, les dimensions, y compris les prescriptions applicables
au produit en ce qui concerne la dénomination de vente, la terminologie, les symboles,
les essais et les méthodes d'essai, l'emballage, le marquage et l'étiquetage, ainsi que
les procédures d'évaluation de la conformité. Les termes «spécification technique»
recouvrent également les méthodes et les procédés de production relatifs aux produits
agricoles au titre de l'article 38, paragraphe 1, du traité, aux produits destinés à
l'alimentation humaine et animale, ainsi qu'aux médicaments tels que définis à l'article
1er de la directive 65/65/CEE du Conseil, de même que les méthodes et procédés de
production relatifs aux autres produits, dès lors qu'ils ont une incidence sur les
caractéristiques de ces derniers ;

…/…

- 38 -
11) «règle technique»: une spécification technique ou autre exigence ou une règle relative
aux services, y compris les dispositions administratives qui s'y appliquent, dont
l'observation est obligatoire de jure ou de facto, pour la commercialisation, la
prestation de services, l'établissement d'un opérateur de services ou l'utilisation dans
un État membre ou dans une partie importante de cet État, de même que, sous
réserve de celles visées à l'article 10, les dispositions législatives, réglementaires et
administratives des États membres interdisant la fabrication, l'importation, la
commercialisation ou l'utilisation d'un produit ou interdisant de fournir ou d'utiliser un
service ou de s'établir comme prestataire de services.

Constituent notamment des règles techniques de facto:

- les dispositions législatives, réglementaires ou administratives d'un État membre qui


renvoient soit à des spécifications techniques ou à d'autres exigences ou à des
règles relatives aux services, soit à des codes professionnels ou de bonne
pratique qui se réfèrent eux-mêmes à des spécifications techniques ou à d'autres
exigences ou à des règles relatives aux services, dont le respect confère une
présomption de conformité aux prescriptions fixées par lesdites dispositions
législatives, réglementaires ou administratives,

- les accords volontaires auxquels l'autorité publique est partie contractante et qui
visent, dans l'intérêt général, le respect de spécifications techniques ou d'autres
exigences, ou de règles relatives aux services à l'exclusion des cahiers de
charges des marchés publics,

- les spécifications techniques ou d'autres exigences ou les règles relatives aux


services liées à des mesures fiscales ou financières qui affectent la
consommation de produits ou de services en encourageant le respect de ces
spécifications techniques ou autres exigences ou règles relatives aux services; ne
sont pas concernées les spécifications techniques ou autres exigences ou les
règles relatives aux services liées aux régimes nationaux de sécurité sociale.

Sont concernées les règles techniques qui sont fixées par les autorités désignées par
les États membres et qui figurent sur une liste à établir par la Commission avant le 5
août 1999 dans le cadre du comité visé à l'article 5. La modification de cette liste
s'effectue selon cette même procédure ;

…/…

Article 8

1. Sous réserve de l'article 10, les États membres communiquent immédiatement à la


Commission tout projet de règle technique, sauf s'il s'agit d'une simple transposition
intégrale d'une norme internationale ou européenne, auquel cas une simple
information quant à la norme concernée suffit. Ils adressent également à la
Commission une notification concernant les raisons pour lesquelles l'établissement
d'une telle règle technique est nécessaire, à moins que ces raisons ne ressortent déjà
du projet.

…/…

- 39 -

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