de l’Aménagement Durables
– Rapport FINAL –
B) Bibliographie....................................................................................15
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I. LA PLACE DES CCTG DANS L’ORDONNANCEMENT
JURIDIQUE
1) L’application facultative du CCTG
A première analyse, dès lors que les CCTG sont adoptés par arrêté ministériel, on
pourrait croire qu’ils ont valeur obligatoire.
Ainsi par exemple, si l’on se réfère à l’arrêté du 31 août 2007 (JO du 21 septembre
2007) adoptant le fascicule 23 du CCTG « fourniture de granulats employés à la
construction et à l’entretien des chaussées », on a l’impression que son application est
obligatoire selon son article 3 :
« Les dispositions du présent arrêté sont applicables aux marchés pour lesquels la
procédure de consultation sera engagée à compter du premier jour du 6ème mois
suivant la date de publication du présent arrêté ».
En réalité, il n’en est rien et le Code des Marchés Publics pris en son article 13 est très
clair sur ce point lorsqu’il énonce que les cahiers des charges des marchés
comprennent certes les documents généraux que sont les CCAG et les CCTG « qui
fixent les dispositions techniques applicables à toutes les prestations d’une même
nature », mais qui prend soin de préciser que « la référence à ces documents n’est
pas obligatoire » (Cf. annexe n° 1).
Ce défaut de caractère obligatoire des CCTG s’explique d’ailleurs pour les collectivités
territoriales par les dispositions de l’article L.1111-5 du Code Général des Collectivités
Territoriales selon lesquelles « seules peuvent être opposées aux communes,
départements et régions :
1° Les prescriptions et procédures techniques prévues par une loi ou un décret pris
en application d’une loi et applicables à l’ensemble des personnes physiques
comme des personnes morales de droit privé ou de droit public ;
2° Les prescriptions et procédures techniques prévues par une loi ou par un décret
pris en application d’une loi et spécialement applicables aux communes,
départements et régions. Ces prescriptions et procédures sont réunies dans un
code élaboré à cet effet ».
Par conséquent, les CCTG tout comme les CCAG ne sont applicables à un marché
considéré que si celui-ci le stipule expressément (Cf. Conseil d’Etat,
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14 novembre 1988 ; deux espèces : Assistance Publique à MARSEILLE, Req.
n° 67024 et Assistance Publique à PARIS, Req. n° 42610 ; Leb. page 900).
Plus encore, sauf à envisager de modifier l’article L 1111-5 du CGCT, ce qui poserait
un problème constitutionnel (Cf. l’article 72 de notre constitution sur la libre
administration des collectivités territoriales), il n’est pas possible d’imposer aux
collectivités territoriales l’application des CCTG sans que cette obligation trouve sa
source dans une loi ou dans un décret pris en application d’une loi.
Le Code des Marchés Publics de 2006, dispose en des termes généraux que « les
documents particuliers comportent, le cas échéant, l’indication des articles des
documents généraux auxquels ils dérogent » (article 13 dernier alinéa).
La comparaison du statut du CCTG par rapport à celui des normes est saisissante, car
autant la référence au CCTG est facultative, autant celle aux normes apparaît
obligatoire à lire l’article 6.I du Code des Marchés Publics (Cf. annexe n° 3) libellé sur
ce point en des termes plus contraignants que ceux des dispositions de l’article 23 de
la directive n° 2004/18 du 31 mars 2004 combinées avec celles de son annexe VI (Cf.
annexes n° 4 et 5) :
« I. Les prestations qui font l'objet d'un marché ou d'un accord-cadre sont définies,
dans les documents de la consultation, par des spécifications techniques
formulées :
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A lire cet article du Code des Marchés Publics, tout porte à considérer que les
spécifications techniques doivent obligatoirement être formulées par référence aux
normes, sous réserve d’une seule autre option consistant à les formuler en termes de
performances ou d’exigences fonctionnelles ; sachant que ces deux options peuvent
être combinées.
On peut considérer qu’il en va de la légalité même d’un marché public. Les règles du
Code des Marchés Publics, notamment lorsqu’elles transposent comme en l’espèce
une directive communautaire, étant d’ordre public, leur transgression affecte la légalité
du marché et de sa procédure de passation. Autrement dit, un marché public dont les
spécifications ne seraient définies ni par référence aux normes ni en termes de
performances ou d’exigences fonctionnelles nous semble devoir être qualifié d’illégal.
En application de l’article 6 du Code des Marchés Publics a été pris l’arrêté du 28 août
2006 (Cf. annexe n° 6) qui paraphrase largement les termes de l’article 23 et de
l’annexe VI de la directive précitée.
Sous l’empire du Code de 2004, les prestations devaient être définies « par référence
aux normes homologuées ou à d'autres normes applicables en France en vertu
d'accords internationaux » (code 2004, art. 6). Le code renvoyait à l’article 13 du
décret n° 84-74 du 26 janvier 1984, lequel rendait cette référence obligatoire, pour tous
les marchés publics, sauf dérogations prévues aux 2°, 3° et 4° de l’article 18 du décret.
Ces dérogations répondaient aux hypothèses dans lesquelles une telle référence
n'était pas possible.
« En cas de difficulté dans l’application des normes homologuées dans les marchés et
contrats mentionnés à l’article 13, il peut être dérogé à l’obligation d’introduire ou de
mentionner explicitement les normes homologuées et les autres normes applicables
en France en vertu d’accords internationaux ». (article 18.1°).
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Il est important de relever que l’article 3 de cet arrêté hiérarchise en quelque sorte les
normes en donnant la préférence aux normes nationales transposant des normes
européennes :
« Lorsque les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er sont formulées par
référence à des normes ou à d’autres documents équivalents, ces derniers sont
choisis dans l’ordre de préférence suivant : les normes nationales transposant des
normes européennes, les agréments techniques européens, les spécifications
techniques communes, les normes internationales, les autres référentiels techniques
élaborés par les organismes européens de normalisation ou, lorsque ceux-ci n’existent
pas, les normes nationales, les agréments techniques nationaux, ou les spécifications
techniques nationales en matière de conception, de calcul et de réalisation des
ouvrages et de mise en œuvre des produits. Chaque référence est accompagnée de la
mention «ou équivalent» ».
La référence aux normes par les marchés apparaît donc comme une obligation.
En effet, la norme technique est par nature facultative, elle est d’application volontaire.
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Pour la Cour de cassation, « (u)ne cour d'appel ne s'est pas contredite en énonçant
qu'à défaut de stipulation spéciale du marché relativement aux effets de la double
réception, il était d'usage pour les contractants de se référer à la norme AFNOR P. 03
001 mais qu'en l'absence de référence contractuelle à cette norme, celle-ci, n'ayant
pas de valeur légale ou réglementaire, ne pouvait suppléer le silence des parties »
(Cass. 3ème Civ., 20 décembre 1978).
Autrement dit, on ne doit pas confondre la norme obligatoire (de l’article 12 du décret
de 1984) et l’obligation de faire référence aux (autres) normes :
- La norme obligatoire s’applique même s’il n’y est pas fait référence dans le
marché,
- les autres normes ne s’appliqueront que si le marché y fait référence (avec une
atténuation potentielle de leur effectivité puisque chaque référence doit être
assortie de la mention « ou équivalent »).
Pour autant, il est vrai qu’il est obligatoire que le marché fasse référence à ces
« autres » normes,
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Reste une question : l’obligation de faire référence aux normes dans le marché
interdit-elle d’y déroger ?
On entendra par dérogation, l’adoption par le marché (CCTP ou CCTG) sur un point
particulier, de stipulations relatives à des spécifications techniques, différentes par
rapport à celles qui figurent dans une norme.
A notre avis, il est de l’essence même de la norme non obligatoire qu’elle puisse n’être
appliquée que partiellement ou qu’il y soit dérogé, et tous les textes et la doctrine
précités insistent sur cette différence fondamentale entre la norme juridique et la
norme technique.
C’est du reste la raison pour laquelle la directive 2004/18 aussi bien que le Code des
Marchés Publics imposent la seule référence aux normes et non pas leur stricte
application.
Bien entendu, tout comme d’ailleurs le choix des normes elles-mêmes, le contenu des
dérogations ne sera légal que s’il est justifié par l’objet du marché, par la nécessité de
répondre aux réels besoins de l’acheteur et s’il ne crée pas un obstacle injustifié à
l’ouverture des marchés publics à la concurrence.
« Les spécifications techniques ne peuvent pas faire mention d’un mode ou procédé
de fabrication particulier ou d’une provenance ou origine déterminée, ni faire référence
à une marque, à un brevet ou à un type, dès lors qu’une telle mention ou référence est
possible si elle est justifiée par l’objet du marché ou, à titre exceptionnel, dans le cas
où une description suffisamment précise et intelligible de l’objet du marché n’est pas
possible sans elle et à la condition qu’elle soit accompagnée des termes : «ou
équivalent » ».
En revanche, cette approche logique qui tend à considérer comme légitime une
dérogation au cas par cas en fonction des caractéristiques propres de chaque
opération de construction, rend plus délicate – voire, même potentiellement critiquable
a priori – la dérogation stricto sensu à des normes (homologuées) par des fascicules
CCTG dès lors que par définition, ils ont vocation à s’appliquer d’une manière générale
à toutes les opérations de construction de même nature.
Autrement dit :
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- La référence aux normes est au contraire, obligatoire, sauf à formuler les
spécifications techniques en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles,
- Pour autant, sous réserve des normes elles-mêmes obligatoires, l’absence de
référence à une norme la rend inapplicable au marché considéré,
- De surcroît, selon l’article 6 du Code des Marchés Publics, il faut également
souligner que le choix des normes auxquelles il est fait référence, doit être adapté
à l’objet du marché et aux besoins de l’acheteur public (« les spécifications
techniques mentionnées au I permettent l’égal accès des candidats et ne peuvent
pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à l’ouverture des marchés
publics à la concurrence ») (Cf. article 6.III du Code des Marchés Publics).
- Enfin, et sous cette même réserve qu’elle soit justifiée, une dérogation aux normes
nous semble possible.
Reste une dernière question consistant à déterminer dans quelles conditions et avec
quelle précision le marché doit faire référence aux normes.
Sur ce point la comparaison avec les pratiques observées dans les marchés privés de
travaux est saisissante.
Les auteurs de tels marchés ont souvent l’habitude de viser sans autre forme de
précision l’application de l’ensemble des normes en vigueur à la date de conclusion du
marché.
Le CCAG issu de la norme AFNOR P03-001 va d’ailleurs plutôt dans ce sens. Il définit
les clauses techniques générales comme les « documents généraux applicables aux
travaux de bâtiment ou de génie civil, tels que les normes et normes de mise en
œuvre référencées NF-DTU ».
Il précise que :
Il ajoute que :
« Les travaux objet du marché sont ceux définis dans les documents particuliers du
marché et, en tout ce qui ne leur est pas contradictoire, par l’article consistance des
normes NF-DTU Cahier des clauses spéciales (CCS) relatifs à la nature d’ouvrages
concernés ».
Il indique enfin :
Les fournitures doivent répondre aux spécifications des normes françaises existantes.
Les normes applicables sont celles dont le mois de prise d’effet figurant sur le
document est antérieur de trois mois à celui du lancement de la consultation, sauf
indication contraire indiquée dans les normes ».
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Pour ce qui concerne les marchés publics nous sommes réservés sur la parfaite
régularité – ou tout au moins sur l’opportunité – d’une référence aux normes par une
simple mention générale consistant à rendre applicables toutes les normes telles que
définies par l’article 3 de l’arrêté du 28 août 2006 pourvu qu’elles aient vocation à
s’appliquer à l’opération de construction faisant l’objet du marché.
En effet, l’article 6 du Code des Marchés Publics nous semble devoir s’interpréter
comme imposant une identification un tant soit peu précise des spécifications
techniques, ne serait-ce que parce qu’elles ne doivent pas avoir pour effet de créer
des obstacles injustifiés à l’ouverture des marchés publics à la concurrence.
Par ailleurs, pour satisfaire l’exigence formulée par l’article 6.V du Code des Marchés
Publics, c'est-à-dire permettre à un candidat de prouver par tout moyen approprié que
les solutions qu’il propose respectent de manière équivalente une spécification
technique, encore faut-il que cette dernière soit suffisamment identifiée.
La matière des marchés publics nous paraît donc présenter une spécificité justifiant
que la référence aux normes soit assortie d’un minimum de précision permettant de
les identifier sans ambiguïté.
Pour ce qui concerne la définition des spécifications techniques et sauf à opter pour
leur définition en termes de performances ou d’exigences fonctionnelles, les CCTG ne
peuvent plus occuper qu’une place résiduelle par rapport aux normes.
Cela dit, avant d’envisager quelle pourrait être cette place résiduelle, il nous semble
utile d’examiner quelles sont les fonctions actuelles des CCTG.
Il nous semble ainsi que l’on peut en quelque sorte classer les fonctions actuelles des
CCTG de la manière suivante :
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- en complément ou en l’absence de norme applicable,
- en contrariété avec des normes applicables.
Celle-ci n’a curieusement pas été reprise par le Code des Marchés Publics et
surtout, par son arrêté d’application précité du 28 août 2006.
Cette définition est importante car elle est assez large et comprend des
stipulations qui pourraient avoir vocation à être qualifiées de clauses
administratives plutôt que techniques (procédure d’assurance qualité, ou encore,
conditions de réception).
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A) Référencer et identifier les normes applicables
Ainsi par exemple, les essais cycliques concernant les joints sont différents
selon les deux documents (nombre de cycles, pression d’essais, ou encore,
les procédures d’épreuves n’ont pas la même durée).
En outre, nous avons exposé ci-dessus qu’à notre sens, l’obligation de faire
référence aux normes posée par l’article 6 du Code des Marchés Publics
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n’exclut pas la possibilité d’y déroger, mais pourvu que cette dérogation soit
justifiée par l’objet du marché, par la nécessité de satisfaire les besoins de
l’acheteur public et qu’il ne s’ensuive pas un obstacle injustifié à l’ouverture
des marchés publics à la concurrence. On peut dès lors se demander si les
fascicules du CCTG (contrairement aux CCTP) s’appliquant de manière
générale à toutes les opérations de construction de même nature ont
vocation à contenir des dérogations véritables (contrariété) aux normes de
manière significative et fréquente.
Il s’agit là d’une fonction essentielle des CCTG qui consiste à prodiguer des
conseils et à fournir des informations aux acheteurs publics et tout
particulièrement aux maîtres d’œuvre.
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Elles ne font pas partie du marché. Il ne s’agit pas du cahier des clauses à
proprement parler.
B) Bibliographie
C) Autres conseils
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III. FONCTIONS ET STATUT FUTURS DES
FASCICULES DU CCTG
Les éléments de réponse à cette question sont difficiles à cerner car en réalité, la
situation est contrastée.
En effet, il est clair par exemple que la transposition en normes nationales (NF EN)
des Eurocodes dotés de leurs annexes nationales, va rendre purement et simplement
obsolètes la plupart des fascicules du CCTG relatifs à la conception des ouvrages d’art
(hormis semble-t-il les fascicules 61 titre II et 62 titre V), pour ce qui concerne la
définition des spécifications techniques afférentes.
Un tel constat tendrait à opter pour des solutions variées et adaptées aux différentes
situations, au risque de perdre en lisibilité.
Cela dit, on peut reprendre le raisonnement à partir des différentes fonctions assurées
par le CCTG :
Comme on l’a vu, si la référence aux normes est obligatoire (sauf à définir les
spécifications techniques en termes de performances ou d’exigences
fonctionnelles), en revanche, elle n’a rien d’automatique et l’une des tâches
cruciales qui pèse sur l’acheteur public rédacteur d’un marché, consiste à
identifier les normes pertinentes le régissant.
A cet égard, le CCTG peut retenir l’une des deux options suivantes :
Selon le commentaire de cet article 3.1, ce serait au CCTP que devrait figurer
l’énumération des normes applicables aux marchés (Cf. annexe 2).
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opération de construction en fonction de sa nature, mais ce serait au CCTP
d’opérer la sélection en fonction des caractéristiques propres de l’opération de
construction considérée.
En tant que telle, cette fonction (recensement et conseil pour la sélection des
normes) du CCTG ne justifierait pas à elle seule le maintient d’une telle
qualification, puisqu’il s’agirait simplement d’un guide (dont la mise à jour serait
extrêmement importante) permettant aux maîtres d’ouvrage publics et à leur
maître d’œuvre de disposer d’un instrument de conseils et d’informations.
A l’inverse, si un fascicule du CCTG doit être la pièce du marché qui identifie les
normes applicables à celui-ci, il est impératif que sur ce point tout au moins, ce
fascicule ait valeur contractuelle (et soit actualisé).
C’est bien entendu la fonction originelle majeure des CCTG qui justifie
principalement leur valeur contractuelle, mais, compte tenu de l’évolution et de
l’importance croissante de la normalisation, on peut ici encore, retenir une option
comparable à la précédente.
Pour autant, le fascicule du CCTG est sur quelques points plus précis que
la norme ou comporte même parfois quelques prescriptions
complémentaires (essais de débit).
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• L’autre branche de l’alternative consiste à considérer au moins pour certains types
d’ouvrages qu’un ensemble suffisamment significatif (sur le plan qualitatif comme
quantitatif) de spécifications techniques, mérite d’être contractualisé au-delà du
champ des normes existantes et d’un cahier des clauses techniques particulières.
C’est du reste la raison pour laquelle l’article 6.II du Code des Marchés
Publics prévoit expressément la faculté de combiner l’application de
normes et le respect de performances.
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il fournit légalement des services analogues » (Conclusion de l’Avocat
Général affaire C-346/06, Dirk Rüffert , point 100; voir de même en ce sens,
arrêt du 5 décembre 1989, Commission/Italie, affaire C-3/88, Rec. p. 4035,
point 8).
Dès lors et « dans la mesure où la désignation des lots par référence à des
classifications d'organismes professionnels nationaux est susceptible
d'avoir un effet dissuasif à l'égard des soumissionnaires non nationaux, elle
constitue de ce fait une discrimination indirecte et, donc, une restriction à la
libre prestation des services, au sens de l'article 59 du traité ».
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En réalité, ce qui est visé par l’article 6-III du Code des Marchés Publics et
l’article 23.2 de la directive 2004/18 c’est le simple « effet » de la
spécification technique sur la concurrence dans la mesure où « l’objet du
marché ne peut pas être défini de manière à avoir pour objectif ou pour
résultat de réserver l’accès au marché à des entreprises nationales au
détriment des soumissionnaires d’autres Etats membres » (Communication
de la Commission européenne sur l’intégration des aspects sociaux dans
les marchés publics, COM (2001) 566, point [17]).
Sont ici essentiellement concernées les dispositions des fascicules des CCTG
procédant de guides, conseils et recommandations de toute sorte et ne relevant
pas de la contractualisation pure et simple de spécifications techniques.
Autrement dit, si sur un plan juridique il peut sembler d’ores et déjà curieux que
des recommandations de cette nature figurent au sein d’un document
contractuel en spécifiant qu’elles n’ont pas valeur contractuelle, il va de soi que
s’il ne devait rester que des recommandations de cette nature, il y aurait lieu de
les sortir du champ contractuel, à l’instar de documents tels que les
recommandations pour les terrassements routiers (Cf. par exemple le fascicule 4
« contrôle de l’exécution des remblais et des couches de forme » d’octobre
1981).
Dans cette hypothèse, le CCTG n’aurait plus d’utilité comme pièce contractuelle.
Dans l’affirmative, ce seul motif imposerait qu’il reste une pièce contractuelle du
marché de sorte qu’ensuite, même pour des types d’ouvrages se caractérisant
par l’existence de normes (quasi) exhaustives et satisfaisantes, on pourrait
concevoir que des spécifications techniques complémentaires, même très
réduites, puissent continuer à figurer sur des fascicules du CCTG.
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lesquelles pour d’autres types d’ouvrages ne cohabiteraient plus que la ou les
norme(s) ainsi qu’un CCTP créerait un manque de lisibilité pour les acheteurs
publics susceptible de générer des erreurs ou des incompréhensions ; sauf à ce
que les domaines dans lesquels les fascicules des CCTG seraient maintenus,
soient nettement circonscrits, voire quelque peu marginaux (usines
d’incinération des ordures ménagères, stations d’épuration, espaces verts).
De surcroît, il faut souligner que le « pas a déjà été franchi » qui consiste à
substituer à un fascicule du CCTG un guide pour la rédaction des marchés dans
le domaine considéré ; cette démarche ayant fait l’objet d’un consensus de la
part des professionnels concernés, à notre connaissance.
Cette solution a donc déjà été retenue. Il n’est pas exclu qu’elle mérite d’être
généralisée sinon systématisée.
En substance, cette directive considérée comme d’application directe (en ce sens que
ses dispositions se suffisent à elles-mêmes) prévoit une procédure d’information
obligatoire de la Commission concernant d’une part les projets nationaux de normes
ou de modifications d’une norme, et d’autre part, les projets nationaux de règles
techniques.
Pour ce qui concerne les projets de règles techniques, s’ouvre après notification, une
période dite de statu quo destinée à permettre à la Commission et aux autres Etats
membres de réagir en cas notamment d’entrave à la libre circulation des
marchandises.
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Il a été jugé que la méconnaissance de cette obligation de notification par un état
membre constitue un vice substantiel de nature à entraîner l’inapplicabilité des règles
techniques en cause (arrêt de la CJCE du 30 avril 1996, CIA Security International SA
c/ Signalisation et Securitel SPRL, affaire C-194/94, Rec. 1996, page 1/02201).
Cela dit, nous avons tendance à considérer pour les raisons ci-après exposées que les
stipulations des différents fascicules du CCTG ne relèvent pas de la qualification de
règles techniques au sens de la directive précitée, ou alors de manière extrêmement
marginale, pour les raisons suivantes :
Or, l’article 1er de la directive précise que « l’on entend par produits : tout produit
de fabrication industrielle et tout produit agricole, y compris les produits de la
pêche ».
Pour que des stipulations du CCTG (en dehors des normes) soient donc
susceptibles d’entrer dans le champ d’application de la directive, il faudrait donc
qu’elles concernent des produits de la construction faisant l’objet d’une fabrication
industrielle, nous semble-t-il.
Cela dit, il est vrai que le processus de construction consiste largement à intégrer
dans l’ouvrage des produits issus d’une fabrication industrielle. C’est
probablement la raison pour laquelle selon un rapport de la Commission au
Conseil en date du 21 mars 2007 sur le fonctionnement de la directive 98/34/CE
de 2002 à 2005, « la ventilation sectorielle montre que c’est le secteur de la
construction au sens le plus large qui domine les notifications nationales : les
édifices, bâtiments et construction, ainsi que les structures en béton et métal
figurent tous régulièrement parmi les dix premiers domaines de notification.
D’autres domaines importants sont les produits alimentaires et la qualité de
l’eau ».
• En second lieu, encore faut-il être en présence d’une règle technique et qu’elle soit
obligatoire (contrairement à une norme).
Celle-ci est définie en ces termes par l’article 1er (11) de la directive :
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dans un État membre ou dans une partie importante de cet État, de même que,
sous réserve de celles visées à l'article 10, les dispositions législatives,
réglementaires et administratives des États membres interdisant la fabrication,
l'importation, la commercialisation ou l'utilisation d'un produit ou interdisant de
fournir ou d'utiliser un service ou de s'établir comme prestataire de services ».
Ainsi, des règles fixant le nombre et la taille minimum des couloirs de secours, ou
des règles imposant une épaisseur minimum pour des murs porteurs d’un
ouvrage, ne fixent pas les caractéristiques qu’un produit doit remplir. On se
trouve, par contre, en présence d’une règle technique lorsqu’une telle mesure ne
se limite pas à définir l’épaisseur des murs, mais impose le recours à des produits
appartenant à une certaine classe de résistance au feu. »
La définition en est donnée en ces termes, toujours par l’article 1er de la directive
(11) :
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spécifications techniques ou autres exigences ou règles relatives aux
services; ne sont pas concernées les spécifications techniques ou autres
exigences ou les règles relatives aux services liées aux régimes nationaux de
sécurité sociale ».
Certes, les trois hypothèses énumérées par cette disposition ne sont pas exhaustives
(emploi préalable de l’adverbe « notamment ») ce qui rend aléatoire leur interprétation.
A notre sens, les deux dernières hypothèses n’ont guère vocation à s’appliquer en
l’espèce puisque la deuxième exclut expressément les cahiers des charges des
marchés publics et la troisième est hors sujet (mesures fiscales ou financières).
Cela dit, ces hypothèses rendent bien compte de cette notion de règle technique
obligatoire de facto. Ainsi en va-t-il des « spécifications techniques qui, sans être
rendues obligatoires par un acte formel et contraignant de l’Etat, font l’objet de la part
de celui-ci de mesures qui incitent leurs destinataires à les observer » (Alphonso
Mattera, ancien DGA du marché intérieur à la Commission européenne. Le Marché
unique européen, ses règles, son fonctionnement, Ed. Jupiter, Paris 1990).
Tel est le cas d’un dispositif fiscal avantageux incitant les consommateurs à acheter tel
type de produit présentant des caractéristiques données considérées comme
protectrices de l’environnement.
Tel est également le cas d’un accord (contrat) auquel un Etat est véritablement partie.
Reste donc la première d’interprétation pour le moins absconse qui se réfère aux
dispositions administratives d’un Etat membre qui renvoient à des spécifications
techniques, le cas échéant, via un code de bonnes pratiques « et donc le respect
confère une présomption de conformité aux prescriptions fixées par lesdites
dispositions législatives, réglementaires et administratives »…( ?).
A première analyse, on serait tenté d’exposer qu’en tout état de cause, la première de
ces trois hypothèses n’a pas vocation à s’appliquer en l’espèce, dès lors que la
seconde exclut expressément les cahiers des charges des marchés publics.
Cela dit cette interprétation, ne nous semble pas valable pour un cahier des charges
type, c'est-à-dire un cahier des clauses générales par opposition à particulières, qui
comporterait des règles techniques et dont l’application serait obligatoire.
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« Les conditions ZTV-Lsw 06 visent à garantir une plus grande qualité dans la
construction des murs antibruit en bordure de voies. En vue d’atteindre cet objectif de
qualité et de garantir une égalité de traitement pour tous les offrants lors de l’appel
d’offres, les conditions ZTV-Lsw 06 doivent faire partie intégrante des contrats de
construction concernant les mesures de protection contre le bruit sur les routes
nationales ».
Ces exemples allemands concernent certes, des cahiers des charges de marchés
publics, mais qui seraient en réalité obligatoires de jure et non pas de facto. C’est la
raison pour laquelle l’exception ne peut les concerner, puisqu’il ne s’agit pas d’un
accord volontaire, mais en quelque sorte obligatoire.
Pour notre part, nous n’avons identifié aucune forme d’incitation à l’application des
fascicules du CCTG justifiant qu’ils puissent être considérés comme rendus
obligatoires de facto. On soulignera que le verbe inciter figure au préambule de la
directive. Certes, il est là encore susceptible de multiples interprétations, et à
l’extrême, d’aucuns pourraient prétendre qu’éditer un CCTG procède d’une démarche
qui par elle-même constitue une incitation à son application (cf quasiment en ce sens :
S. Lecrenier : « Les articles 30 et suivants CEE et les procèdures de contrôle prévues
par la directive 83/189/CEE » Revue Marché Commun n° 283 janvier 1985 p.6).
Pour notre part, nous n’avons relevé aucune jurisprudence en ce sens en considérant
qu’un texte d’application purement facultatif et qui n’est assorti d’aucune mesure
identifiable d’incitation à son application ne peut être raisonnablement qualifié
d’obligation de facto.
Si une règle technique est édictée sans avoir respecté la procédure de notification
préalable imposée par la directive 98/34, il a été jugé effectivement que cette règle
technique devenait inopposable (dans notre hypothèse, à l’entrepreneur).
A l’inverse, ce n’est pas parce qu’à tort ou à raison on viendrait accomplir la formalité
de notification à propos de telle ou telle stipulation du CCTG, voire de la totalité de
celui-ci qu’il changerait de statut juridique et deviendrait pour autant opposable erga
omnes.
Il n’en demeurerait pas moins qu’en l’état des textes (Code des Marchés Publics,
Code Général des Collectivités Territoriales), les CCTG sont d’application facultative et
ne sont opposables à l’entrepreneur que s’ils font partie des pièces du marché.
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En l’état, les seules règles techniques de construction qui s’imposent à tous les
maîtres d’ouvrage publics, comme privés au demeurant, sont celles qui procèdent de
normes rendues obligatoires en vertu de l’article 12 du décret du 26 janvier 1984 relatif
à la normalisation (réglementation parasismique, résistance au feu, par exemple).
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Annexe 1
Les cahiers des charges des marchés passés selon une procédure formalisée déterminent
les conditions dans lesquelles les marchés sont exécutés.
1º Les cahiers des clauses administratives générales, qui fixent les dispositions
administratives applicables à une catégorie de marchés ;
2º Les cahiers des clauses techniques générales, qui fixent les dispositions techniques
applicables à toutes les prestations d'une même nature.
Ces documents sont approuvés par un arrêté du ministre chargé de l'économie et des
ministres intéressés.
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Annexe 2
- l’acte d’engagement,
- le cahier des clauses administratives particulières (CCAP).
- le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) contenant la
description des ouvrages et les spécifications techniques ;
…/…
…/…
- le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) et ses annexes telles que
plans, notes de calculs, cahier de sondages, dossier géotechnique, rapports d’études,
[COMMENTAIRE :
- 28 -
Annexe 3
I. Les prestations qui font l'objet d'un marché ou d'un accord-cadre sont définies, dans
les documents de la consultation, par des spécifications techniques formulées :
…/…
III. Les spécifications techniques mentionnées au I permettent l'égal accès des candidats
et ne peuvent pas avoir pour effet de créer des obstacles injustifiés à l'ouverture des
marchés publics à la concurrence. Chaque fois que possible, elles sont établies de
manière à prendre en compte des critères d'accessibilité pour les personnes
handicapées ou, pour tous les utilisateurs, des critères de fonctionnalité.
V. Lorsque le pouvoir adjudicateur utilise une spécification technique formulée selon les
modalités prévues au 1º du I, il ne peut pas rejeter une offre au motif qu'elle n'est pas
conforme à cette spécification si le candidat prouve dans son offre, par tout moyen
approprié, que les solutions qu'il propose respectent de manière équivalente cette
spécification.
- 29 -
Annexe 4
- 30 -
Peut constituer un moyen approprié, un dossier technique du fabricant ou un
rapport d'essai d'un organisme reconnu.
Les pouvoirs adjudicateurs peuvent indiquer que les produits ou services munis
de l'éco-label sont présumés satisfaire aux spécifications techniques définies
dans le cahier des charges; ils doivent accepter tout autre moyen de preuve
approprié, tel qu'un dossier technique du fabricant ou un rapport d'essai d'un
organisme reconnu.
- 31 -
une description suffisamment précise et intelligible de l'objet du marché n'est
pas possible par application des paragraphes 3 et 4; une telle mention ou
référence est accompagnée des termes "ou équivalent".
- 32 -
Annexe 5
ANNEXE VI
DÉFINITION DE CERTAINES SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES
- 33 -
5) "référentiel technique": tout produit élaboré par les organismes européens de
normalisation, autre que les normes officielles, selon des procédures adaptées
à l'évolution des besoins du marché.
- 34 -
Annexe 6
Arrêté du 28 août 2006 relatif aux spécifications techniques et accords cadres pris
pour l’application de l’article 6 du Code des Marchés Publics (texte intégral)
Article 1
Sont des spécifications techniques, au sens de l’article 6 du code des marchés publics et de
l’article 2 des décrets du 20 octobre 2005 et du 30 décembre 2005 susvisés :
Article 2
Les caractéristiques définies par les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er
peuvent inclure :
- la terminologie ;
- les symboles ;
- l’emballage ;
- le marquage et l’étiquetage ;
- 35 -
En outre, elles peuvent inclure pour les seuls marchés de travaux :
Article 3
Lorsque les spécifications techniques mentionnées à l’article 1er sont formulées par
référence à des normes ou à d’autres documents équivalents, ces derniers sont choisis dans
l’ordre de préférence suivant : les normes nationales transposant des normes européennes,
les agréments techniques européens, les spécifications techniques communes, les normes
internationales, les autres référentiels techniques élaborés par les organismes européens de
normalisation ou, lorsque ceux-ci n’existent pas, les normes nationales, les agréments
techniques nationaux, ou les spécifications techniques nationales en matière de conception,
de calcul et de réalisation des ouvrages et de mise en œuvre des produits. Chaque
référence est accompagnée de la mention « ou équivalent ».
Article 4
Au sens de l’article 6 du code des marchés publics et de l’article 2 des décrets du 20 octobre
2005 et du 30 décembre 2005 susvisés :
1° Une norme est une spécification technique approuvée par un organisme reconnu à
activité normative pour application répétée ou continue, dont l’observation n’est pas
obligatoire et qui relève de l’une des catégories suivantes :
3° Une spécification technique commune est une spécification technique élaborée selon
une procédure reconnue par les Etats membres et publiée au Journal officiel de
l’Union européenne.
- 36 -
4° Un référentiel technique vise tout produit élaboré par les organismes européens de
normalisation, autre que les normes officielles, selon des procédures adaptées à
l’évolution des besoins du marché.
- 37 -
Annexe 7
…/…
…/…
(5) considérant qu'il est indispensable que la Commission dispose des informations
nécessaires avant l'adoption des dispositions techniques; que les États membres qui, en
vertu de l'article 5 du traité, sont tenus de lui faciliter l'accomplissement de sa mission
doivent donc lui notifier leurs projets dans le domaine des réglementations techniques ;
…/…
(12) considérant qu'il est nécessaire de préciser la notion de règle technique de facto; que,
notamment, les dispositions par lesquelles l'autorité publique se réfère à des spécifications
techniques ou à d'autres exigences ou incite à leur observation, ainsi que les dispositions
visant des produits auxquelles l'autorité publique est associée, dans un but d'intérêt public,
ont pour effet de conférer au respect desdites spécifications ou exigences une valeur plus
contraignante que celle qu'elles auraient normalement en raison de leur origine privée;
…/…
Article premier
…/…
…/…
- 38 -
11) «règle technique»: une spécification technique ou autre exigence ou une règle relative
aux services, y compris les dispositions administratives qui s'y appliquent, dont
l'observation est obligatoire de jure ou de facto, pour la commercialisation, la
prestation de services, l'établissement d'un opérateur de services ou l'utilisation dans
un État membre ou dans une partie importante de cet État, de même que, sous
réserve de celles visées à l'article 10, les dispositions législatives, réglementaires et
administratives des États membres interdisant la fabrication, l'importation, la
commercialisation ou l'utilisation d'un produit ou interdisant de fournir ou d'utiliser un
service ou de s'établir comme prestataire de services.
- les accords volontaires auxquels l'autorité publique est partie contractante et qui
visent, dans l'intérêt général, le respect de spécifications techniques ou d'autres
exigences, ou de règles relatives aux services à l'exclusion des cahiers de
charges des marchés publics,
Sont concernées les règles techniques qui sont fixées par les autorités désignées par
les États membres et qui figurent sur une liste à établir par la Commission avant le 5
août 1999 dans le cadre du comité visé à l'article 5. La modification de cette liste
s'effectue selon cette même procédure ;
…/…
Article 8
…/…
- 39 -