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UNIVERSITE GASTON BERGER

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UFR DES SCIENCES AGRONOMIQUES, DE L’AQUACULTURE ET DES TECHNOLOGIES
ALIMENTAIRES
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SECTION AQUACULTURE
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MEMOIRE DE FIN D’ETUDES
Pour l’obtention du diplôme de Master en Productions et Transformation des Produits
Agricoles
Option : Productions Halieutiques et Gestion des Ecosystèmes Aquatiques

Pêcherie, Biométrie et Reproduction de la langouste verte, Panulirus regius


(De Brito Capello, 1864), des côtes sénégalaises

Présenté et soutenu par M. Yacinthe Pierre Waly FAYE


Le 11 août 2018
Jury:
Président: Dr. Anicet Georges Bruno MANGA, Maître de Conférences, UGB/SL, Sénégal
Membres: Dr. Mbaye TINE, Assistant, UGB/SL, Sénégal
Dr. Massal FALL, Chargé de recherches, CRODT/ISRA
Dr. Justin KANTOUSSAN, Maître-Assistant, UGB/SL, Sénégal
Pr. Omar Thiom THIAW, Professeur titulaire, IUPA/UCAD

……………………………………………………………………………………………………………
Encadreur du mémoire : Dr. Justin KANTOUSSAN, Enseignant-chercheur, Section
Aquaculture/UFR S2ATA, Université Gaston Berger, Saint Louis, Sénégal ;
Superviseur: Pr. Omar Thiom THIAW, Professeur titulaire, Enseignant-chercheur, Institut
Universitaire de Pêche et d’Aquaculture (IUPA), Université Cheikh Anta Diop de Dakar
(UCAD), Sénégal

I
Dédicaces
Le présent travail est dédié :

A mon regretté papa Augustin FAYE et à ma mère, Léontine NDIAYE ;

A mes parents, Ernest FAYE, Pascal NDIAYE, Virginie SENE, Laurence NDIAYE, Erline
FAYE, Léna CISSE ;

A tous mes frères et sœurs de la famille paternelle et de la famille maternelle, mention spéciale
à Elisabeth SARR, Henri FAYE, Laurence FAYE et Marie Louise FAYE;

A mes enseignants et professeurs, tout au long des cursus scolaire et universitaire ;

A mes amis et camarades de classe tout au long des cursus scolaire et universitaire ;

A mes familles universitaires : Xang Family, Underground, Aquaclub et « Aqua les


pionniers » ;

A mon ‘‘ance’’ à l’UGB Henry P.N. NDOUR ;

A toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de cette œuvre.

II
Remerciements
J’adresse mes sincères remerciements :

A mon encadreur Dr. Justin KANTOUSSAN qui n’a ménagé aucun effort pour l’aboutissement
de ce travail ;

Au Pr. Omar Thiom THIAW qui a suivi l’ensemble de ce travail avec un grand intérêt. Il s’est
rendu disponible malgré son emploi du temps très chargé, pour lire et relire mes écrits.

A M. Guy GOHIER pour tout l’intérêt suscité sur la langouste et toutes les facilités qu’il a bien
voulu mettre à contribution pour la réussite de ce travail ;

Au Dr. Massal FALL pour les premières orientations et conseils prodigués à l’intention de cette
étude et globalement sur les recherches liées aux ressources halieutiques ;

Au Pr. Anicet Georges Bruno MANGA d’avoir bien voulu accepter la charge de présider ce jury ;

Aux Dr. Mbaye TINE et Dr. Massal FALL d’avoir bien voulu prendre part à ce jury ;

Aux Dr. Farokh NIASS, Dr. Mouhamadou A. LY et Dr. Robane FAYE et à l’ensemble du
personnel enseignant et administratif de l’UFR S2ATA d’avoir contribué sans aménager
d’effort à notre formation intellectuelle, scientifique et humaine tout au long de notre parcours
universitaire ;

Aux valeureuses personnes qui de tout cœur ont contribué par leur intelligence, énergie et
moyens à la mise en œuvre des recherches dans le cadre de ce travail. Je veux nommer Serge
Henri Diombo FAYE en France, Bouba MAIGA, Mor DIEYE, Keba DIOUF, Marc COLY,
Kantra BAMBA à Mbour, Badara DIENG, Pape Mady FAYE, Elimane SENE, Ibrahima
MBENGUE, Bassirou NDIAYE, Abdoulaye NDIAYE, Emile NDIOR à Ngaparou, Mansour
FALL, Mbaye SARR, Ibrahima DIALLO à Pointe Sarène, Souleymane MBENGUE, Idrissa
DIENG à Somone, Ibrahima DIOUF à Joal, Ibrahima DIOM à Ndayane, Ibrahima CISS à
Guerew, Pape SOW à Nianing et Ibrahima DIOUF à Popenguine.

Aux techniciens de laboratoire : Fulgence DIEDHIOU et Alpha BA.

I
Sigles et abréviations
AMP : Aire Marine Protégée

ANA : Agence Nationale de l’Aquaculture

ANCOVA : Analyse de Covariance

CLP : Comité Local de Pêche

CLPA : Conseil Local de Pêche Artisanale

CPUE : Capture Par Unité d’Effort de pêche

CRODT : Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye

DPM : Direction de la Pêche Maritime

FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture)

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

RGS : Rapport Gonado-Somatique

ZEE : Zone Economique Exclusive

II
Résumé :

La langouste verte, Panulirus regius (De Brito Capello, 1864), est l’une des ressources
halieutiques les mieux valorisées au Sénégal. Cependant, les connaissances sur la biologie et la
pêcherie de l’espèce sont relativement anciennes et insuffisantes. Pour mener cette étude sur la
pêcherie, la biométrie et la reproduction de la langouste verte au Sénégal, deux types de données
sont utilisées : i) les statistiques annuelles de la pêcherie de langouste entre 1996 et 2016
collectées par la DPM ; ii) les données des enquêtes des débarquements auprès des pêcheurs et
les mareyeurs exerçant le long des sites de débarquement localisés entre Ndayane et Joal. En
outre, un échantillonnage est effectué entre avril et septembre 2017 à partir des captures des
pêches artisanales débarquées au quai de Mbour pour des études biométriques et
bioécologiques.
Les débarquements annuels de cette espèce sont estimés à 100 t dans les années 1950 et entre
30 et 40 t entre 1996 et 2016. Le rendement de pêche est passé de 15 à 1,5 kg par 100 m de filet
entre les années 1950 et 2010. La proportion dans les débarquements des individus de taille
inférieure à la taille minimale de débarquement autorisée est de 64 %. La taille moyenne et la
masse moyenne débarquées sont supérieures chez les femelles comparées aux mâles. La période
de reproduction pourrait se situer entre avril et septembre, avec un pic de reproduction entre
mai et juin. La taille de première maturité sexuelle trouvée à partir de la relation d’allométrie
du corps par rapport à la longueur du céphalothorax (LC) est de 67,95 mm chez les femelles et
67,51 mm chez les mâles. La LC à laquelle 50 % de femelles sont matures durant la période de
reproduction (LC50) est de 94,50 mm. La fécondité individuelle se situe entre 229 860 et
638 775 œufs en fonction de la LC des individus. La reproduction chez cette espèce semble être
sous forte influence de la température en surface des eaux de mer.
La réduction significative du rendement combinée à la proportion élevée dans les
débarquements des individus de taille inférieure à la taille minimale autorisée à la pêche laissent
penser que la pêcherie a dépassé son taux optimal d’exploitation. Cette situation pourrait être
la conséquence d’une forte baisse de la biomasse reproductrice du stock, compromettant son
renouvellement normal, d’où l’intérêt de mener une étude sur l’analyse de la dynamique du
stock de langouste verte sur les côtes Sénégalaises.

Mots clés : Panulirus regius - pêcherie - biométrie - reproduction - côtes sénégalaises

III
Abstract:

Green spiny lobster, Panulirus regius (De Brito Capello, 1864), is one of the most valued
fisheries resources in Senegal. However, biology and fishery knowledge of this species are
relatively old and insufficient. To realize this study on the fishery, biometrics and breeding of
green spiny lobster in Senegal, two types of data are used: i) annual statistics data of lobster
fishery between 1996 and 2016 collected by DPM; (ii) data from the landing surveys with
fishermen and fishmongers operating at the landing sites between Ndayane and Joal. In addition
sampling is also carried out between April and September 2017 from small-scale fisheries
catches landed at Mbour wharf for biometric and bioecological studies.
Annual landings for this species are estimated to be 100 t in 1950s and between 30 to 40 t from
1996 to 2016. Fishing yield decreased from 15 to 1.5 kg per 100 m net between 1950 and 2010.
The proportion in landings of individuals below the authorized minimum landing size is 64%.
The size average and weight average of females are higher than males. The breeding season
could be between April and September, with a peak of breeding between May and June. The
size of first sexual maturity computed from the body allometric relation to the length of the
cephalothorax (LC) is 67.95 mm in females and 67.51 mm in males. The LC at which 50% of
the females are mature during the breeding season (LC50) is 94.50 mm. Individual fecundity is
between 229,860 and 638,775 eggs depending on LC of individuals. Reproduction of this
species appears to be strongly influenced by sea surface temperature.
The significant yield reduction combined with the high proportion of individuals smaller than
the minimum landing size suggest that the fishery has exceeded its optimal exploitation rate.
This situation could be the consequence of a strong decline in the spawning biomass stock,
compromising its normal renewal, therefore the interest of conducting a study on the analysis
of the spiny lobster stock dynamics on the Senegalese coast.

Key words: Panulirus regius - fishery - biometrics - breeding - Senegalese coasts

IV
Liste des tableaux
Tableau 1 : Échelle de maturité sexuelle de Panulirus inflatus proposée par Weinborn (1977),
modifiée par Briones-Fourzán et al. (1981 in Velazquez Abunader, 2005) .......................................... 21

Tableau 2 : Moyennes et écartypes mensuelles des paramètres physico-chimiques de l’eau de surface à


Ngaparou ............................................................................................................................................... 24

Tableau 3 : Variations de la longueur mouillée de filets dormants de fond et des rendements de pêche
de la langouste verte sur la Petite côte................................................................................................... 26

Tableau 4 : Répartition de l’échantillon par sexe (M = mâle; F = femelle) .......................................... 28

Tableau 5 : Synthèse des paramètres de la relation taille - masse (LC = longueur céphalothoracique ;
LT = longueur totale, M = masse) ......................................................................................................... 28

Tableau 6 : Synthèse de la distribution en taille selon la LT et la LC en mm (Min. = valeur minimale;


Max. = valeur maximale) ...................................................................................................................... 29

Tableau 7 : Evolution de quelques indicateurs de la fécondité en fonction de la taille et du stade de


maturité sexuelle (MOS : Masse d’œufs à sec ; MRO : Masse relative d’œufs ; FA : Fécondité absolue
; FR : Fécondité relative) ....................................................................................................................... 35

V
Liste des figures
Figure 1 : Schéma général du corps et des appendices d’un crustacé décapode (Nephropoidae) (source
: Pere et al., 2011) ................................................................................................................................... 9

Figure 2 : Diverses parties des crustacés décapodes : A : schéma général d’une patte thoracique; B :
schéma d’un somite abdominal; C : schéma d’un œil composé (source : Pere et al., 2011)................. 10

Figure 3 : Différences morphologiques entre le mâle et la femelle chez Palinurus regius................... 10

Figure 4 : Anatomie générale chez les Palinuridae mâles (source : Pere et al., 2011) .......................... 10

Figure 5 : Répartition des différents genres de la famille des Palinuridae et de Synaxidae selon la
profondeur et la latitude (source : Coutures, 2000) ............................................................................... 11

Figure 6 : Cycle de vie général des Palinuridae (source : Pere et al., 2011) ......................................... 12

Figure 7 : Localisation de la zone d’étude et des sites de débarquements enquêtés.............................. 17

Figure 8 : Evolution des débarquements de la langouste verte sur les côtes sénégalaises (source des
données : DPM 1996-2016) .................................................................................................................. 27

Figure 9 : Variation des débarquements de la pêcherie artisanale par zone géographique, en fonction
du temps (source des données : DPM, 2006-2015) ............................................................................... 27

Figure 10 : Distribution des fréquences de tailles en fonction du sexe ................................................. 29

Figure 11 : Relation entre la longueur du céphalothorax (LC) et les autres données biométriques chez
la langouste verte sur les côtes sénégalaises.......................................................................................... 32

Figure 12 : Détermination de la taille de première maturité sexuelle chez les mâles (figure 12a et 12b)
et chez les femelles (figure 12c et 12d) selon l’approche morphologique ............................................ 33

Figure 13 : Détermination de la taille de première maturité sexuelle (LC50) chez les femelles selon
l’approche fonctionnelle ........................................................................................................................ 34

Figure 14 : Variation mensuelle du pourcentage de femelles non matures (stade 1) et matures (stades 2
et plus) durant la période de reproduction ............................................................................................. 34

VI
Liste des annexes
Annexe 1: Préparation d’une sortie en mer pour le relevé des paramètres physico-chimiques à
Ngaparou ................................................................................................................................................. a

Annexe 2 : Matériel et outils utilisés : Conductimètre multifonction ; pHmètre .................................... b

Annexe 3 : Spécimen de la langouste verte, Panulirus reigus, débarqué à Somone, Sénégal ................. c

Annexe 4 : Formulaire d’enquête sur la langouste verte Panulirus regius De Brito Capello, 1864 ....... d

Annexe 5 : Matériel et outils utilisés : pied à coulisse ; ruban gradué ; balance électronique ................. f

Annexe 6 : Illustration des mensurations biométriques réalisées ............................................................ g

Annexe 7 : Les différents stades de reproduction chez la femelle de l’espèce Panulirus regius De Brito
Capello 1864, par ordre chronologique ................................................................................................... h

Annexe 8 : Données biométriques issues de l’échantillonnage des débarquements des pêches .............. i

Annexe 9 : Distribution mensuelle des femelles en phase de reproduction en fonction du stade de


maturité..................................................................................................................................................... j

VII
Sommaire
Remerciements ......................................................................................................................................... I
Sigles et abréviations ............................................................................................................................... II
Résumé : ................................................................................................................................................. III
Abstract: ................................................................................................................................................. IV
Liste des tableaux .................................................................................................................................... V
Liste des figures...................................................................................................................................... VI
Liste des annexes ................................................................................................................................... VII
Sommaire ............................................................................................................................................. VIII
Introduction ............................................................................................................................................. 1
I. Synthèse bibliographique .................................................................................................................... 3
I.1. Définition des concepts et modèles théoriques sous-jacents ......................................................... 3
I.2. Connaissances générales sur les langoustes .................................................................................. 7
I.3. Considérations globales de l’étude.............................................................................................. 14
II. Matériel et méthodes......................................................................................................................... 16
II.1. Milieu d’étude............................................................................................................................ 16
II.2. Choix et présentation de l’espèce .............................................................................................. 17
II.3. Caractérisation de la pêcherie .................................................................................................... 18
II.4. Biométrie et biologie de la reproduction ................................................................................... 19
II.5. Analyse statistique ..................................................................................................................... 23
III. Résultats .......................................................................................................................................... 24
III.1. Paramètres physicochimiques du milieu .................................................................................. 24
III.2. Pêcherie de langouste verte ...................................................................................................... 24
III.3. Caractères morphométriques .................................................................................................... 27
III.4. Biologie de la reproduction ...................................................................................................... 32
IV. Discussion ....................................................................................................................................... 36
IV.1. Variation des paramètres physico-chimiques de l’eau ............................................................. 36
IV.2. Caractéristiques de la pêcherie ................................................................................................. 36
IV.3. Evolution du rendement, des débarquements et de l’effort de pêche ....................................... 37
IV.4. Distribution spatiale des débarquements .................................................................................. 39
IV.5. Relations morphométriques...................................................................................................... 39
IV.6. Reproduction et fécondité ........................................................................................................ 41
IV. Conclusion et recommandations ..................................................................................................... 45
Références bibliographiques ................................................................................................................. 47

VIII
Annexes ................................................................................................................................................... a

IX
Introduction
A l’échelle mondiale, la proportion des ressources halieutiques en état de surexploitation est
passée de 10 % en 1974 à 33,1 % en 2015 (FAO, 2018). En ce qui concerne les espèces
démersales (faune halieutique inféodée ou vivant sur le fond de la mer), elles se caractérisent par
leur forte valeur commerciale et 92 % des stocks exploités ont atteint ou dépassé leur niveau de
rendement maximum soutenable (FAO, 2011). Au Sénégal, les ressources halieutiques et la
pêche représentent l’un des secteurs les plus importants au plan socio-économique. Cela se
traduit notamment par la création d’emplois et de richesses. Au regard des statistiques produites
par la DPM sur la période 1996-2016 concernant la valeur marchande par kilogramme, la
langouste verte, Panulirus regius (De Brito Capello, 1864) est l’une des ressources halieutiques
les mieux valorisées avec un prix moyen au kg de 7 300 F CFA contre 2 000 à 5 000 F CFA le
kg de mérous.
La quasi-totalité de la demande mondiale de langoustes est fournie par la pêche avec 80 000
tonnes par an (Latrouite & Lazure, 2005). L’accroissement au fil des ans de cette demande ainsi
que celui de la pression de pêche sur certains stocks compromettent l’équilibre bio-écologique
et la durabilité de cette ressource halieutique. Ce risque est plus élevé pour les stocks dans des
zones où la réglementation sur cette pêche et son application font défauts. Globalement, la
production aquacole des langoustes à travers le monde est relativement récente et modeste.
Cependant, elle est dans une dynamique de croissance, passant de 334,5 en 2011 à 1095 t en
2014 (FAO Fishstat, 2015).
Sur les côtes sénégalo-mauritaniennes, deux espèces de langouste font l’objet d’une exploitation
très ancienne (Chevalier, 1957). Il s’agit de la langouste rose, Palinurus mauritanicus (Gruvel,
1911) et de la langouste verte, Panulirus regius (De Brito Capello, 1864). Dans la ZEE
sénégalaise, en particulier, la langouste verte semble faire l’objet de débarquements plus
importants (Postel, 1965 ; Clotilde Ba et al., 1997) et l’activité socio-économique qu’elle suscite
est largement supérieure à celle de la langouste rose. Ceci en plus des potentialités aquacoles que
présente la langouste verte justifie le choix de cette espèce dans le cadre de cette étude.
Des études portant sur la bio-écologie et l’exploitation de la langouste verte ont été réalisées sur
les côtes de l’Atlantique Ouest, au niveau de la zone intertropicale africaine (Chevalier, 1957 ;
Postel, 1961, 1965 ; Marchal & Barro, 1964 ; Crosnier 1971 ; Maigret, 1978 ; Diop &
Kojemiakine, 1991 ; Clotilde-Ba et al., 1997, 2014 ; Freitas et al., 2007 ; Dia et al., 2015).
Cependant, la plupart de ces études sont relativement anciennes, d’où la nécessité d’actualiser

1
les connaissances relatives à la pêcherie, la biométrie et la reproduction de cette espèce,
notamment sur les côtes sénégalaises.
Par ailleurs, aucune étude orientée sur la domestication de l’espèce au Sénégal et plus
généralement sur les côtes ouest africaines n’a été répertoriée dans la littérature scientifique. Or,
Diop (1996) souligne la difficulté de comparer au sein d’une même espèce des données
biométriques à des périodes et en des zones géographiques significativement différentes. Cette
difficulté pourrait être liée à divers facteurs. D’une part, les variations climatiques,
océanographiques et géophysiques qui pourraient impliquer des différences écosystémiques
sensibles. D’autre part, les facteurs anthropiques comme les méthodes et le régime d’exploitation
exercés sur la ressource peuvent avoir des effets significativement différents d’un lieu à l’autre.
L’ensemble de ces facteurs auquel s’ajoute l’amplitude temporelle se répercuteraient sur la
dynamique des populations de langoustes vertes ainsi que sur leur bio-écologie (régime
alimentaire, croissance, reproduction). Toutes ces raisons justifient la nécessité d’actualiser les
connaissances sur la biométrie, la biologie et l’exploitation de la langouste et en particulier sur
le littoral sénégalais.
L’objectif global de ce travail est de faire une actualisation des connaissances sur la langouste
verte (pêcherie et la biologie) pouvant contribuer à l’élaboration de plans de gestion mais aussi
de projets recherches sur sa domestication et son élevage). De façon spécifique, il s’agit d’une
part, d’analyser les données de pêche et de fournir des éléments d’appréciation de l’état de la
pêcherie (rendement, débarquements, effort de pêche), d’autre part de mener une étude sur les
aspects biologiques portant sur l’espèce (biométrie, reproduction, fécondité).
Les résultats obtenus pourraient servir dans l’appréciation de l’efficacité de la réglementation et
des mesures de gestion de cette pêche et de proposer, au cas échéant, des mesures de gestion de
cette pêcherie pour sa durabilité. Ces résultats serviront également de base pour l’aquaculture,
en vue de mener des expérimentations allant de l’acclimatation des géniteurs sauvages à la
production de post-larves, en passant par la croissance, la nutrition et la reproduction des
langoustes. La finalité pourrait être la création d’une filière aquacole autour de la langouste. En
effet, l’élevage de langoustes à une échelle commerciale a longtemps buté sur des obstacles liés
à la maîtrise de la reproduction, la production suffisante de post-larves ou encore la nutrition.
Cependant, pour ces trois contraintes évoquées, des progrès sont notés dans certains pays d’Asie
du sud-est (Indonésie, Viet Nam) et l’Australie (Jones, 2010). Par conséquent, il devient
envisageable de capitaliser les progrès réalisés pour poursuivre les recherches sur les espèces de
la côte ouest africaine notamment sur la langouste verte.

2
I. Synthèse bibliographique
I.1. Définition des concepts et modèles théoriques sous-jacents

I.1.1. Pêcherie et dynamique des stocks

Il existe plusieurs définitions attribuées à la pêcherie. Ces définitions sont souvent formulées
en réponse à des besoins précis tels que la caractérisation, l’étude de la dynamique et la gestion
des ressources halieutiques. Pour les mêmes besoins, la notion de pêcherie est très souvent
associée à celles du stock, de la flottille ou encore d’effort de pêche.
La pêcherie est la somme de toutes les activités halieutiques portant sur une ressource donnée,
par exemple une pêcherie de merlus ou de crevettes (FAO, 1999). Selon Rass et Carré (1980 in
Fall, 2009), elle est un élément composite comprenant les stocks, les engins, les flottilles et les
communautés de pêcheurs. Le stock correspond à la fraction des individus exploitables d’une
population donnée (recrues, adultes et vieux) dans un écosystème donné. Il doit être considéré
comme une unité de gestion (Laurec & Le Guen, 1981). L’effort de pêche représente la quantité
de travail et de matériel de pêche utilisé sur les lieux de pêche pendant une unité de temps
donnée (FAO, 1999). La flotte ou flottille désigne le nombre total d’unités se livrant à un mode
bien défini d’exploitation d’une ressource particulière (FAO, 1999).
L’étude des ressources halieutiques, quel que soit le groupe (poissons, crustacés, mollusques),
suit généralement le même raisonnement. Celui-ci est fondé sur deux (2) aspects : la
caractérisation de la pêcherie et le diagnostic de la dynamique des stocks concernés.

I.1.1.1. Caractérisation de la pêcherie

En se référant aux travaux de Fall (2009), la caractérisation de la pêcherie est globalement un


exercice d’analyse et de description qui permettent de faire ressortir des informations telles que,
l’identité des stocks étudiés, de la flottille, la typologie des engins de pêche utilisés, mais aussi
la rentabilité sur une période donnée, notamment en retraçant l’historique des captures et des
CPUE. Un regard peut également être porté sur les aspects socio-économiques de la pêcherie.

I.1.1.2. Diagnostic de la dynamique des stocks

La dynamique des populations permet d’évaluer l’impact de l’activité de pêche sur la ressource
exploitée. Elle utilise trois (3) approches plus ou moins différentes dans la méthodologie, mais
complémentaires : l’approche linéaire, l’approche globale et l’approche structurale.

3
L’approche linéaire se fait par l’utilisation du modèle linéaire généralisé (GLM) qui permet
d’évaluer l’abondance des stocks étudiés. L’approche globale se fait par l’utilisation des
modèles globaux de SChaefer (1954), Pella et Tomlinson (1969) et Fox (1970). Elle permet de
faire l’estimation des efforts de pêche théoriques et des captures à l’équilibre.
L’approche structurale se fait selon Marin (1987) par l’analyse des cohortes par les méthodes
de Pope (1972) et Jones (1979, 1981).
Pour les besoins du présent travail, la limite des données disponibles sur le sujet impose de
restreindre l’étude à la caractérisation de la pêcherie.

I.1.2. Biométrie et relations allométriques

La biométrie est une discipline qui intervient au croisement de plusieurs domaines d’application
(anthropométrie, médecine, écologie, agronomie, halieutique, etc.). Par conséquent, les
définitions proposées sont souvent orientées par rapport aux applications qui en découlent.
La biométrie est née à la fin du XIXe siècle, notamment à la suite des travaux de Francis Galton
(1822-1911) et Karl Pearson (1857-1936), (Dagnelie, 1995 ; Sall, 1998). Elle désigne
l’ensemble des applications des méthodes mathématiques aux sciences biologiques. Le présent
travail sera plus axé sur la morphométrie qui est la partie de la biométrie traitant la géométrie
des organes avec l’utilisation d’une approche statistique. La morphométrie fait intervenir la
notion d’allométrie. Ce terme désigne des phénomènes de croissance différentielle d'organes,
de tissus ou d'activité (Shingleton, 2010). L’allométrie dans son sens le plus large décrit
comment les caractéristiques des êtres vivants changent avec la taille (Shingleton, 2010). Ces
phénomènes de croissance sont régis par des lois mathématiques spécifiques telles que
l’équation linéaire pouvant également faire l’objet d’une transformation logarithmique dans
certains cas comme :
Y = aX + b
log (Y) = alog (X) + log(b)
X = variable explicative ; Y = variable dépendante ; a = coefficient d’allométrie ; b =
ordonnée à l’origine.

Applications de la biométrie en halieutique

Les relations allométriques sont très utilisées dans la recherche en halieutique notamment en ce
qui concerne l’étude de la croissance notamment chez les poissons, les crustacés ou les
mollusques, mais aussi dans certains cas pour la détermination de la taille de première maturité
sexuelle. Chez les poissons, l’étude de la relation taille-masse montre que la masse (M) est plus

4
ou moins proportionnelle au cube de la longueur totale (LT). Il semblerait également que cette
loi soit partagée par d’autres groupes d’espèces, notamment les crustacés et en particulier la
langouste (Marchal & Barro, 1964). Même si elle peut faire l’objet d’une transformation
logarithmique, la loi mathématique de cette relation est de la forme suivante :
M = aLTb
Où a = constante de proportionnalité qui reflète l’importance de la relation entre la taille et la
masse ; b = vitesse de changement de la masse par rapport à la taille qui se situe généralement
au voisinage de 3.
Cependant, si b est strictement égale à 3, cela signifie que la densité spécifique de l’animal ne
change pas dans le temps, on parle d’isométrie. Si b est supérieure à 3, il s’agit d’une allométrie
majorante, l’espèce grossit plus vite qu’elle ne croit; alors que si b est inférieure à 3 on parle
d’allométrie minorante, l’espèce croit plus vite qu’elle ne grossit.
Pour l’étude morphométrique des crustacés, contrairement aux poissons, la longueur du
céphalothorax est utilisée comme paramètre de référence de la taille, au détriment de la
longueur totale (Latrouite & Noel, 1997). Ainsi, en se basant sur les relations allométriques,
George & Morgan (1979) ont réalisé une estimation de la taille de première maturité sexuelle
chez la langouste Panulirus versicolor. La méthode utilisée est basée sur le suivi de la variation
de la longueur du céphalothorax par rapport à la longueur des pattes en utilisant la régression
linéaire simple. En effet, ces auteurs sont parvenus à observer qu’à partir d’une certaine
longueur du céphalothorax, la vitesse de croissance de la longueur de certaines pattes
notamment la seconde et la troisième paire de pattes se modifie. Cette modification est
interprétée comme une adaptation fonctionnelle de l’espèce en vue de la reproduction. La
longueur du céphalothorax correspondant au point de déflection est déduite comme la taille de
première maturité sexuelle. Cette méthode a été élargie à l’utilisation de la longueur de
l’abdomen, mais aussi à la largeur de la carapace à la place de la longueur des pattes, surtout
pour l’étude de la maturité sexuelle chez les femelles (Kizhakudan & Patel, 2010). Dans le
cadre du présent travail, cette dernière méthode sera utilisée pour l’étude de la taille de première
maturité sexuelle.

I.1.3. Biologie de la reproduction

L’intérêt d’étudier la biologie de la reproduction, particulièrement en ce qui concerne les


ressources halieutiques, est lié aux implications qu’elle peut avoir en matière de gestion durable
de leur exploitation. Cette gestion nécessite la maitrise des paramètres biologiques comme la
taille de première maturité sexuelle, la période et le cycle de reproduction ou encore le potentiel

5
reproducteur de l’espèce. L’enjeu est la préservation d’une fécondité suffisante pour permettre
au stock de se régénérer (Marin, 1987).

I.1.3.1. Période de reproduction

La détermination de la période de reproduction, fait intervenir différentes méthodes telles que


la sex-ratio qui peut être définie comme le ratio dans une population entre le nombre des
individus mâles et femelles, le rapport gonado-somatique (RGS) et le suivi macroscopique et/ou
microscopique de l’évolution des stades de maturité sexuelle. Ces trois (3) paramètres font
généralement l’objet d’un suivi temporel souvent sur une échelle annuelle. La théorie liée à la
sex-ratio est que la variation saisonnière de ce ratio est due à des facteurs bio-écologiques dont
la reproduction (alternance de phases de repos sexuel et d’accouplement) qui peuvent affecter
le succès reproductif (Benyahia, 2012). Le RGS est plus utilisé dans l’étude de la reproduction
chez les poissons. D’après Benyahia (2012) son évolution suit généralement trois (3) phases :
la première avec un rapport minimal indiquant un repos biologique, la seconde avec une
augmentation du rapport qui traduit une maturation des ovocytes, donc, la période de
reproduction et la troisième avec une diminution du rapport correspondant à la période de ponte.
Pour le suivi de l’activité reproductrice, la technique la plus utilisée est l’observation
macroscopique de la présence d’œufs chez la femelle. L’évolution du pourcentage de femelles
actives ou en maturité sexuelle par rapport aux femelles inactives ou non sexuellement matures
permet, aussi, de situer la période de reproduction de l’espèce. Pour le présent travail, le RGS
n’est pas utilisé pour déterminer la période de reproduction faute d’examen en quantité
suffisante des gonades.

I.1.3.2. Taille de première maturité sexuelle

Pour déterminer la taille de première maturité sexuelle, les méthodes les plus couramment
utilisées chez les langoustes sont : i) des études histologiques des glandes sexuelles (ovaires et
testicules) ; ii) des études de caractérisation biométrique ; iii) et des observations
macroscopiques des phases du cycle de reproduction. La première méthode permet d’identifier
le stade de maturité des gonades, notamment le stade à partir duquel la langouste est en mesure
de produire des gamètes viables, c’est la taille de maturité physiologique (Kizhakudan & Patel,
2010). L’utilisation de la biométrie permet de déterminer la maturité morphologique avec le
dimorphisme issu des caractères sexuels secondaires qui se traduit par l’aptitude physique à
l’accouplement et à l’incubation des œufs (MacDiarmid & Sainte-Marie, 2006 in Kizhakudan
& Patel, 2010). L’observation macroscopique individuelle permet de caractériser la maturité

6
fonctionnelle par l’identification de signaux tels que la présence de spermatophores ou d’œufs
qui indiquent une activité de reproduction récente ou en cours (MacDiarmid & Sainte-Marie,
2006 in Kizhakudan & Patel, 2010). Dans le présent travail, les deux dernières méthodes sont
utilisées pour déterminer la taille de première maturité sexuelle.

I.1.3.3. Fécondité

L’étude de la fécondité notamment chez les langoustes porte généralement sur la description du
cycle de maturation des œufs et la détermination de certains indices comme la fécondité
individuelle (quantité d’œufs produits par femelle), la fécondité relative (rapport entre la masse
de la femelle et le nombre d’œufs produits), la masse relative des œufs (rapport entre la masse
d’œufs et le nombre d’œufs) ou encore l’indice de reproduction potentiel (IRP) qui est la
détermination des classes de tailles qui contribuent le plus à la production d’œufs (Velazquez-
Abunader, 2005 ; Freitas, 2007). L’ensemble de ces indices biologiques de la fécondité sont
étudiés dans le présent travail, à l’exception de l’IRP.

I.2. Connaissances générales sur les langoustes

I.2.1. Taxinomie

Au moment d’aborder cette partie, s’est posée la question de savoir quelle terminologie utiliser
entre la systématique, la taxinomie et la taxonomie, des termes souvent utilisées indifféremment
pour désigner la classification des organismes étudiés. Lévêque & Pauguy (2006) préconisent
l’utilisation du terme taxinomie et non taxonomie. Ils définissent la taxinomie comme l’étude
ayant pour objet la nomenclature et la description des organismes et la systématique comme
l’étude de la diversité des organismes et des relations entre ces organismes. Eu égard à ces
considérations, le terme taxinomie a semblé plus correct pour cette partie du document.
En se basant sur les travaux de Coutures (2000), Turkay (2004) et Pere et al. (2011), la
taxinomie des langoustes se présente comme suit :
Phylum Arthropoda ;
Sous-phylum Crustacea (Brünnich, 1772) ;
Classe Malacostraca (Latreille 1802) ;
Sous-classe Eumalacostraca (Grobben, 1892) ;
Super-ordre Eucarida (Calman, 1904) ;
Ordre Decapoda (Latreille, 1802) ;
Sous-ordre Pleocyemata (Burkenroad, 1963) ;

7
Infra-ordre Palinura (= Achelata) (Latreille, 1802) ;
Super-Famille Palinuroidea (Latreille, 1802).

La Super-famille des Palinuroidea comporte trois familles : Synaxidae, Scyllaridae et


Palinuridae.
Les Synaxidae ou ”langoustes à fourrure” comportent deux (2) genres : Palinurellus et
Palibythus.
Les Scyllaridae appelées "cigales de mer" ou "scyllares" comptent sept (7) genres.
Les Palinuridae (Latreille, 1802) ou "langoustes" comptent huit genres :
Palinurus (Weber, 1795) avec 5 espèces ;
Panulirus (White, 1847), 22-23 espèces ou sous-espèces ;
Linuparus (White, 1847), 3 espèces ;
Palinustus (Milne Edwards, 1880), 4 espèces ;
Jasus (Parker, 1883), 7 espèces ;
Puerulus (Ortmann, 1897), 4 espèces ;
Justitia (Holthuis, 1946), 5 espèces ;
Projasus (George & Grindley, 1964), 2 espèces.
La suite de ce travail s’intéresse spécifiquement à la famille des Palinuridae et au genre
Panulirus où est classée l’espèce Panulirus regius.

I.2.2. Morphologie et anatomie

La morphologie externe des langoustes comme celle de toutes les espèces appartenant au taxon
des Décapodes (Figure 1) est constituée de trois (3) entités segmentées comportant des
appendices respectives : le céphalon ou tête, le péréion ou thorax et le pléon ou abdomen ou
queue. La fusion du céphalon et du péréion commune aux Décapodes justifie l’appellation
céphalothorax qui avec le pléon constituent les deux (2) principales entités de leur corps. Ces
entités sont constituées de segments pourvus chacun d’une paire d’appendices, appelés somites
(Figure 2). Le céphalothorax en comporte 14 dont 6 céphaliques et 8 thoraciques, l’abdomen
compte 6 somites non fusionnés et articulés. Chaque somite possède une paire d'appendices
spécialisés (Coutures, 2000 ; Pere et al., 2011). Dans le taxon des Décapodes, la spécificité des
Achelata réside dans le fait qu’elles ne sont pas pourvues de pinces (Chelae) et que les individus
ont une larve commune appelée Phyllosome (Pere et al., 2011).
Chez les Palinuridae, la distinction entre mâles et femelles (Figure 3) peut se faire à travers
plusieurs caractères morphologiques externes (Von Bonde, 1936 ; Sims, 1966 ; George &

8
Morgan, 1979 ; Marin, 1985a in Pere et al., 2011). Les femelles ont des pléopodes plus larges
et plus allongés au point de se chevaucher. Au niveau de la 5ieme paire de péréiopodes, l’un des
dactylopodites se présente sous la forme d’une pince chez la femelle alors que chez le mâle, ce
dactylopodite n’est pas différent de celui des autres péréiopodes. Une autre différence réside
dans la position de l’organe génital qui est situé à la base de la 5ieme paire de péréiopodes chez
le mâle alors que chez la femelle, il se situe à la base de la 3ieme paire.
Au plan interne (Figure 4), les différentes fonctions vitales sont présentes, avec certaines
spécificités. La description qui suit est basée sur les travaux de Pere et al. (2011) :
▪ l’appareil circulatoire : constitué d’un réseau d’artères, de sinus et de lacunes, le liquide
y circulant est l’hémolymphe ;
▪ l’appareil digestif : caractérisé par un œsophage court et un estomac complexe et
volumineux ;
▪ l’appareil excréteur : l’essentiel de l’excrétion est assurée par les branchies ;
▪ le système nerveux : ventral et métamérisé dans sa partie abdominale ;
▪ l’appareil génital : constitué de testicules pairs positionnés dorsalement en dessous du
cœur chez le mâle et les ovaires étendus dorsalement dans la cavité du corps chez les
femelles.

Figure 1 : Schéma général du corps et des appendices d’un crustacé décapode (Nephropoidae)
(source : Pere et al., 2011)

9
Figure 2 : Diverses parties des crustacés décapodes : A : schéma général d’une patte thoracique;
B : schéma d’un somite abdominal; C : schéma d’un œil composé (source : Pere et al., 2011)

1 : Position différente
des orifices
reproducteurs

2 : Pléopodes plus
larges et chevauchant
pour la femelle
1
3 : Dactyle indifférencié
2
chez le mâle, en forme
3
de ciseaux chez la
femelle

Figure 3 : Différences morphologiques entre le mâle et la femelle chez Palinurus regius

Figure 4 : Anatomie générale chez les Palinuridae mâles (source : Pere et al., 2011)

10
I.2.3. Ecologie

Les Palinuroidae sont rencontrées dans toutes les mers tempérées et tropicales mais c'est dans
ces dernières que la diversité spécifique est la plus élevée. Par contre, les abondances les plus
fortes se trouvent en milieu tempéré (Morgan, 1980 in Coutures, 2001). Les différents genres
de langoustes se répartissent selon la latitude et la profondeur qui reflètent aussi la température
des eaux. Ainsi, les genres Jasus et Projasus qui se rencontrent uniquement dans l'hémisphère
sud mais à des profondeurs sensiblement différentes et les genres Palinurus et Justitia vivent
sous les hautes latitudes. Les autres genres vivent dans la zone inter-tropicale : Panulirus
jusqu’à environ 100 de profondeur puis Linuparus, Palinustus et Puerulus au-delà de 100 m de
profondeur (Figure 5).

Figure 5 : Répartition des différents genres de la famille des Palinuridae et de Synaxidae selon
la profondeur et la latitude (source : Coutures, 2000)

Les connaissances sur les espèces de langouste des eaux profondes sont limitées. La plupart des
données éthologiques proviennent de l’étude des espèces de la famille des Palinuridae
communes de la zone infra-littorale. Les langoustes ont un mode de vie globalement nocturne
et assez cryptique la journée (Herrnkind, 1980 ; Lipcius & Herrnkind, 1982 in Coutures, 2000).
Les conditions physico-chimiques (température, salinité, turbidité, hydrodynamisme,
profondeur) et le type d'abri (roche, corail, sable ou vase) déterminent l’habitat de chaque
espèce (Pichon, 1964 ; Berry, 1971 ; George, 1974, in coutures 2000). En dehors des périodes
de reproduction, certaines espèces demeurent grégaires afin de se protéger des prédateurs
diurnes (Berill, 1975 ; Zimmer-Faust & Spanier, 1987 ; Eggleston & Lipcius, 1992 in Coutures
2000).

11
I.2.4. Nutrition, prédation et croissance

Les langoustes sont omnivores, principalement prédatrices, mais peuvent aussi avoir un rôle
d’éboueur (Childress & Jury, 2006 in Pere et al 2011). Leur régime alimentaire est assez
diversifié : mollusques, petits crustacés, échinodermes, éponges, polychètes, algues et poissons
morts (Beurois, 1972 ; Mayfield et al, 1999 ; Lipcius & Eggleston, 2000 in Pere et al, 2011).
Cependant, les langoustes sont des consommateurs hautement spécifiques et certaines proies
comme les moules sont priorisées (Mayfield et al., 2001).
D’après Pere et al. (2011) se référant aux travaux de Grua (1960) et Michael & Booth (1985),
les Palinuridae sont soumises à la prédation des poulpes, des requins et d’autres espèces de
poissons mais également à celle de certains mammifères marins comme les otaries.
Comme c’est généralement le cas chez les Arthropodes, la croissance des langoustes s’opère
par phases de mues successives. Cependant, la croissance tissulaire est continue (Coutures,
2000). Toujours selon cet auteur, le taux de croissance diminue avec l'âge et l'intervalle de
temps entre deux mues augmente.

I.2.5. Cycle de vie

Le cycle de vie des langoustes est à l’image de celui des crustacés avec une phase larvaire
pélagique et une phase post-larvaire plutôt benthique, inféodée au substrat. Ce cycle comporte
cinq (5) phases majeures (Figure 6) : l’adulte, l’œuf, le phyllosome (stade larvaire), le puerulus
(stade post-larvaire) et le juvénile (Phillips & Sastry, 1980; Lipcius, 1985 in Pere et al., 2011).

Figure 6 : Cycle de vie général des Palinuridae (source : Pere et al., 2011)

12
I.2.6. Connaissances spécifiques à l’espèce Panulirus regius

I.2.6.1. Distribution géographique

La langouste verte, Panulirus regius est connue de la Méditerranée occidentale mais surtout des
côtes ouest africaines jusqu’en l’Angola (Crosnier, 1971). Selon Postel (1965, 1967), l’espèce
est abondante sur la côte occidentale africaine mais cette abondance diminue à hauteur des zones
de fortes dessalures telles que les estuaires et lagunes. Les fortes concentrations de l’espèce sont
notées dans les régions de Villa Cisneros, au Cap Barbas, Cap Blanc (Sahara occidental), Cap
Bald (Gambie). Toujours selon cet auteur, l’espèce existe, de façon plus disséminée mais en
quantités néanmoins importantes le long des côtes sénégalaises, sur fonds durs mais chalutables.
Dans le sud du golfe de Guinée, du Cameroun à l’Angola, elle est la seule langouste existante
(Crosnier, 1971). L’espèce a, aussi, été répertoriée dans la mer Ligurie (Italie). Sa présence dans
ce milieu serait due à une dérive des larves sous l’action des courants marins (Froglia et al.,
2011). D’après Dia et al. (2015), faisant référence aux travaux de Maigret (1978), l’espèce se
concentre entre 8 et 10 m de profondeur mais peut être aussi rencontrée avec des abondances
plus faibles jusqu’à 30 m. Selon Postel (1965), la langouste verte affectionne les faciès côtiers
de type rocheux mais est également retrouvée dans les substrats coralliens et sablo-vaseux. Selon
Maigret (1979 in Clotilde Ba et al., 1997), la langouste verte vit dans une gamme de température
entre 10 et 27° C.

I.2.6.2. Pêcherie

Postel (1965) situe le début de la pêche industrielle européenne au filet dormant sur la côte ouest-
africaine peu avant la première guerre mondiale et celui de la pêche artisanale sénégalaise vers
1950. Toujours selon cet auteur, la flotte sénégalaise était constituée de pirogues d’une longueur
de 8 à 10 m avec un équipage de 3 ou 4 hommes. La flotte européenne était constituée de bateaux
viviers longs de 20 à 30 m. Au vu du matériel et des méthodes de pêche utilisées, on pouvait
distinguer une pêche artisanale sénégalaise et industrielle française ou européenne. Par exemple,
le tonnage annuel de l’espèce (produits vivants et congelés), exporté vers la France était de
l’ordre de 60 tonnes (Postel, 1965). Cet auteur signalait déjà un processus de raréfaction
accélérée de la langouste dont les zones les plus touchées par la pêche étaient Rio de Oro, le
Sénégal et la Gambie. La langouste verte est pêchée sur presque tout le littoral sénégalais
(Clotilde Ba et al., 1997).

13
I.2.6.3. Reproduction et biométrie

De manière chronologique et selon l’aire géographique, une synthèse des données relatives à la
biologie reproductrice et à la biométrie de l’espèce Panulirus regius est présentée. En Côte
d’Ivoire, Marchal & Barro (1964) ont trouvé une taille de première maturité sexuelle située entre
16 et 20 cm et un nombre d’œufs par femelle de 416 000 pour une longueur totale de 21,9 cm.
Ces auteurs ont noté qu’à taille égale les mâles étaient plus lourds que les femelles. Cette dernière
observation est confirmée par Postel (1965). Au large du Congo, Crosnier (1971) a estimé la
taille de première maturité sexuelle à 16 cm, ce qui correspond à une masse d’environ 160 g. Cet
auteur a identifié pour l’espèce 13 stades de développement larvaire en plus du stade post-larvaire
(puerullus). Clotilde Ba et al. (1997) ont délimité la période de reproduction entre avril et août
au Sénégal. Au large du Cap-Vert, Freitas et al. (2007) ont estimé le nombre d’œufs par femelle
à 1 124 000 pour une longueur céphalothoracique (LC) située entre 12,9 et 14 cm. Selon Dia et
al. (2015), la période de reproduction en Mauritanie s’étalerait d’avril à octobre. Les mêmes
auteurs trouvent que la plus petite femelle grainée ou œuvée ou ovigère c’est-à-dire portant des
œufs fixés aux pléopodes mesure 19 cm de LT correspondant à 7 cm de LC et à une masse
d'environ de 249 g.
Concernant, la biométrie, Maigret (1978 in Diop, 1996) a obtenu une courbe de croissance
linéaire LT = 133-149,2e-0,05t pour les individus vivant en Mauritanie. Au Sénégal, Clotilde Ba
et al. (1997) ont trouvé une corrélation entre la masse (M) et la longueur totale (LT) du corps.
Celle-ci s’exprime, ainsi, selon le sexe :
Mâles : M = 6,29 LT - 918, 84 (r = 0,94 ; nombre d’individus = 133) ;
Femelles : M = 7,80 LT – 1233,93 (r = 0,91 ; nombre d’individus = 115).

I.3. Considérations globales de l’étude

La revue des études menées sur l’espèce Panulirus regius au large des côtes sénégalaises permet
de formuler un certain nombre de postulats de base.
D’un point de vue général, la zone centre du littoral sénégalais constituée par la Petite côte et
le Sine-Saloum abritent des ressources halieutiques abondantes et diversifiées dont les mises à
terres en font les premières zones productrices du littoral sénégalais (Fall, 2009 ; Niang, 2009).
De façon plus spécifique, la Petite côte représentait environ 75 % de la production sénégalaise
de langouste verte (Postel, 1967). Il serait, donc, acceptable que la Petite côte soit globalement
assez représentative de la pêcherie de langouste verte au Sénégal au moins en termes de volume

14
des captures, de sorte que les conclusions de l’étude sur la Petite côte puissent être indicatrices
de la situation de cette pêcherie sur l’ensemble du Sénégal.
L’aquaculture des langoustes n’a pas encore dépassé le stade expérimental dans beaucoup de
régions du monde. Par conséquent, la quasi-totalité de la demande de langoustes est fournie par
la pêche de capture. S’il est vraisemblable que cette demande ne cesse d’augmenter au fil des
ans, il est probable que les stocks naturels continuent de subir une pression de pêche croissante
pouvant compromettre leur renouvellement normal, surtout les stocks des espèces les plus
exploitées comme celles des genres Panulirus et Jasus. Postel (1967) signalait déjà un état de
régression inquiétant de la ressource sur les côtes sénégalo-mauritaniennes.
Il peut être admis que les débarquements de langouste au Sénégal concernent dans une très large
proportion la langouste verte. En effet, la langouste rose, Palinurus mauritanicus, est également
présente au large des côtes sénégalaises. Mais à l’image de l’éthologie du genre Palinurus dont
les espèces vivent à des profondeurs relativement élevées (à partir de 50 m) leur exploitation
est plus accessible aux bateaux équipés de chaluts de fond ou de casiers. Or en termes
d’importance, au Sénégal, la pêcherie artisanale est prédominante et il est peu probable que la
technologie et la typologie des engins de pêche utilisés (pirogues à filets dormants de fond,
plongée en apnée) soient adaptées à l’exploitation de la langouste rose dans la plupart des sites
de débarquement existants. Les débarquements concernant cette espèce seraient, donc,
marginaux et proviendraient en grande partie de la pêche industrielle chalutière.
Au-delà de l’effet de surexploitation, le risque d’effondrement de la pêcherie de langouste verte
est également élevé si la réglementation sur cette pêche et son application ne sont pas
suffisamment efficaces. Au Sénégal, le code de la pêche maritime (1998, 2015) stipule
l’interdiction de capture de langoustes œuvées ou de longueur totale (LT) inférieure ou égale à
20 cm. Cependant, il serait intéressant de jauger le niveau d’application de cette réglementation
sur le terrain.
Par rapport aux données biométriques et aux caractères morphométriques mis en évidence par
les travaux antérieures (Chevalier, 1957 ; Postel, 1961, 1965 ; Marchal & Barro, 1964 ; Crosnier
1971 ; Maigret, 1978 ; Diop & Kojemiakine, 1991 ; Clotilde-Ba et al., 1997, 2014 ; Freitas et
al., 2007 ; Dia et al., 2015), les résultats attendus pourraient se situer dans la même tendance en
ce qui concerne les études comparatives de la croissance entre mâles et femelles. Toutefois, des
différences plus ou moins significatives seraient acceptables pour certains paramètres comme
la période de reproduction et l’étalement de la ponte, la taille de première maturité sexuelle et
la fécondité. En effet, ces paramètres seraient plus sensibles à la latitude et à la nature du substrat
car ils ont une incidence directe sur la croissance et la reproduction de l’espèce.

15
II. Matériel et méthodes
II.1. Milieu d’étude

II.1.1. Géomorphologie du littoral sénégalais

L’espèce Panulirus regius, à l’image des espèces du genre Panulirus, est une langouste côtière
qui affectionne les fonds rocheux à sablo-vaseux voire coralliens (Postel, 1965). De ce fait, pour
mieux comprendre sa distribution spatiale qui est un préalable à l’étude de la pêcherie et de la
biologie, il s’est révélé utile de s’intéresser d’abord à la connaissance de la géomorphologie du
littoral sénégalais. Celui-ci s’étend du nord au sud sur 700 km pour un espace maritime de
198 000 km2. Le littoral sénégalais est constitué de côtes sableuses (environ 300 km), de côtes
rocheuses (environ 174 km) et d’estuaires à mangrove (environ 234 km). Les côtes sableuses
sont constituées de deux (2) grands ensembles : la côte nord ou Grande côte qui s’étend de
Saint-Louis à Yoff et la côte sud ou Petite côte qui s’étend de Hann à l’extrémité de Sangomar.
A cela s’ajoutent quelques portions de plages le long des côtes de la Casamance. Les côtes
rocheuses sont localisées dans la région de Dakar et dans quelques portions de la Petite côte et
de la Casamance. Les estuaires à mangrove sont retrouvés aux embouchures des fleuves
Sénégal, Sine-Saloum et Casamance (CSE, 2005).

II.1.2. Localisation des sites enquêtés et stratégie d’échantillonnage

Comme énoncé dans les considérations globales, l’étude a été restreinte à la Petite côte faute de
moyens humains, financiers et de temps. Le travail d’enquête sur la pêcherie de langouste verte
a été réalisé sur la frange côtière allant de Ndayane à Joal. Du nord au sud, les sites de
débarquements suivants ont été retenu pour l’étude : Ndayane, Popenguine, Guereo, Somone,
Ngaparou, Saly, Mbour, Mballing, Nianing, Ponto et Joal (Figure 7). Le site de Mbour, parce
qu’il représente le plus grand port d’attache de la région, a été choisi pour la collecte des
spécimens utilisés dans l’étude biométrique et de la fécondité. Les paramètres physico-
chimiques ont été mesurés au large de Ngaparou où les pécheurs ont été les plus réceptifs aux
besoins de l’étude en mettant à disposition une embarcation et un équipage pour effectuer des
sorties ponctuelles en mer afin de mesurer les paramètres physico-chimques de l’eau et de
suivre l’activité de pêche de la langouste.
Par rapport au facteur temporel, il n’était pas possible de couvrir un cycle annuel
d’échantillonnage pour l’étude biométrique et de la reproduction. De ce fait, les travaux de
Clotilde Ba et al. (1997) qui ont délimité la période de reproduction de la langouste verte sur les

16
côtes sénégalaises d’avril à août ont servi de base pour choisir la période d’échantillonnage. Cet
échantillonnage biométrique a été réalisé d’avril à septembre 2017.

Figure 7 : Localisation de la zone d’étude et des sites de débarquements enquêtés

II.1.3. Suivi des paramètres physicochimiques

Les relevés des paramètres physicochimiques de l’eau de mer ont été faits d’avril à septembre
2017 au large de Ngaparou (Annexe 1), une fois par semaine. Les paramètres suivants ont été
mesurés : la température, la salinité, la conductimétrie, le total des solides dissouts (TDS), la
résistivité et le pH. Les mesures effectuées sur les eaux de surface, à une lame d’eau inférieure
à 1 m, entre 300 et 3 000 m du rivage ont été réalisées avec (Annexe 2) un conductimètre
polyvalent (Toledo SevenGo) et un pHmètre bicanaux portable (Toledo SevenGo).

II.2. Choix et présentation de l’espèce


La langouste verte encore appelée langouste royale est connue sous le nom de sum en wolof,
lagosta verde et lagosta real en portuguais, langosta verde et langosta real en espagnol, green
spiny lobster et royal spiny lobster en anglais. Le choix porté sur la langouste verte a été guidée
par l’importance de l’activité économique autour de sa pêcherie par rapport à celle de la
langouste rose. Le travail de documentation et d’enquête préliminaire à cette étude ont montré

17
que la langouste verte a l’une des valeurs marchandes les plus élevées parmi les espèces
halieutiques pêchées au Sénégal. Ces travaux ont, aussi, permis de déceler une tendance selon
laquelle la langouste verte est plus prisée que la langouste rose Palinurus mauritannicus
également péchée sur les côtes sénégalaises. Cette préférence est non seulement due à une
meilleure capturabilité mais aussi à un rapport entre la masse totale (corps) et la masse
consommable (chair) plus favorable à la langouste verte. Cette tendance est confirmée par la
moyenne annuelle du prix au kg qui est d’environ 3 400 F CFA pour la langouste rose contre
7 000 F CFA pour la langouste verte (Ndaw et al, 2015). En 2011, le chiffre d’affaires généré
par la langouste verte est estimé à environ 555 millions de F CFA (DPM, 2011).
La présentation de l’espèce est inspirée de la description faite par Postel (1967) qui a utilisé une
clé de détermination pour le genre Panulirus et une clé de détermination spécifique à Panulirus
regius. La description de l’espèce réalisée par Froglia et al. (2011) a également été mise à
contribution. Les espèces du genre Panulirus se distinguent par la position des épines qui est
supraorbitale et dentelée dorsalement. Le premier péréiopode est long et porte un dactyle
fortement recourbé. L’espèce s’identifie à sa couleur verte olive marquée de violet et de jaune
à certains endroits et d’une étroite bande blanchâtre transversale sur les somites abdominaux
(Annexe 3).

II.3. Caractérisation de la pêcherie


Cette étude sur la pêcherie de la langouste verte sur les côtes sénégalaises a été faite sur la base
de deux types de données : un jeu de données historiques extraites des statistiques annuelles de
pêche produites par la DPM et le CRODT ; et des données des enquêtes collectées durant cette
étude sur la base d’un formulaire d’enquête.

II.3.1. Données historiques

Deux séries chronologiques de données sur la pêcherie de la langouste verte au Sénégal ont été
mises à notre disposition : les données annuelles collectées par la DPM sur la période 1996-
2016 comportant 21 livraisons annuelles et celles du CRODT sur la période 1981-2014 avec 23
livraisons annuelles. Pour l’étude des débarquements annuels de la langouste verte, il a semblé
plus opportun de travailler avec les données de la DPM qui couvrent l’intégralité des zones de
pêche de l’espèce sur la façade maritime du Sénégal alors que dans celles du CRODT manquent
souvent les données des régions de Louga et de Ziguinchor.

II.3.2. Données d’enquête

18
Le formulaire d’enquête a été élaboré avec une vingtaine de questions dont les objectifs peuvent
être regroupés en trois (3) catégories (Annexe 4). La première vise à collecter un ensemble
d’informations sur le profil des acteurs de la pêcherie de langouste, en l’occurrence leur
expérience en pêche, les lieux de pêche, leur ancienneté sur les lieux enquêtés et les types de
métiers exercés (pêche au filet dormant, ligneurs, senne de tournante, etc.). La seconde vise à
évaluer les connaissances des personnes enquêtées sur l’espèce pour être sûr d’éviter les
malentendus. Enfin, la troisième catégorie regroupe les questions visant à obtenir des données
sur la pêcherie (type d’engin de pêche utilisé, quantité débarquée, nombre de sorties de pêche
par jour, perception de l’état de la ressource, etc.). Les acteurs ciblés lors des enquêtes étaient
les pêcheurs et les mareyeurs. Pour chacun des sites étudiés et par jour, au moins un (01)
pêcheur et un (01) mareyeur ont été pris au hasard pour répondre aux questions du formulaire.
Dans certains cas ces enquêtes ont été menées de façon groupée.

II.4. Biométrie et biologie de la reproduction

II.4.1. Echantillonnage

L’échantillonnage des spécimens devant faire l’objet d’observations et des mensurations a été
réalisé dans le site de Mbour. Les langoustes qui y sont débarquées ne proviennent pas
exclusivement de la façade maritime de Mbour mais d’une zone d’exploitation plus large qui
correspond à la zone côtière de la Petite côte. Un nombre marginal de spécimens sont issus des
sites de Ngaparou et Somone. La fréquence d’échantillonnage était journalière et les individus
mesurés ont été choisis de façon aléatoire à partir des débarquements issus de la pêche artisanale.
Avant de procéder aux mensurations pour chaque spécimen, une photographie dorsale et
ventrale ont été effectuées, le sexe, déterminé et toutes les observations qui semblent
intéressantes comme la dureté de la cuticule, l’état des péréiopodes, l’aspect du sternum, la
présence ou pas d’œufs ou de spermatophores ont été notées.

II.4.2. Mensurations

Les mesures de tailles ont été effectuées à l’aide d’un pied à coulisse électronique de 0,01 mm
de précision avec une valeur maximale de 200 mm. La longueur totale a été mesurée à l’aide
d’un ruban en plastique long d’un mètre et gradué en mm. La masse (M en g) a été mesurée à
l’aide d’une balance électronique de 0,1 g de précision (Annexe 5). Pour les femelles ovigères,
la masse des œufs a été prise en compte. C’est pour cela que les femelles ovigères ont été exclues

19
de l’analyse de la relation taille-masse. Les mensurations (en mm) suivantes ont été effectuées
(annexe 6) :
▪ la longueur céphalothoracique (LC) qui est la mesure de référence pour les mensurations
de langoustes est définie comme la distance le long de la ligne médiane dorsale sur l’axe
médian du rostre à l'extrémité postérieure du céphalothorax ;
▪ la longueur totale (LT) est mesurée le long de la ligne médiane dorsale à partir du rostre
jusqu'à l’extrémité du telson ;
▪ la largeur céphalothoracique (WC) représente la mesure effectuée sur la partie la plus
large du céphalothorax ;
▪ la largeur du second segment abdominal (WS2) est définie comme la distance minimale
entre les éperons pleuraux du second segment de l’abdomen ;
▪ la longueur du méropodite des péréiopodes 2 et 3 (LM2 et LM3) qui est le segment le
plus long du péréiopode, situé entre l’ischiopodite et le carpopodite (Figure 2) tel que
décrit par Evans et al. (1995).
La longueur abdominale (LA) n’est pas mesurée mais déduite de la différence entre LT et LC.

II.4.3. Détermination des caractères morphométriques

La détermination des caractères morphométriques de l’espèce concernait essentiellement


l’analyse de la relation taille-masse en fonction du sexe. La variation de la masse a été étudiée
en fonction de la longueur totale (LT) ou de la longueur du céphalothorax (LC). Les deux
variables suivent une relation allométrique de type :
M= aLb
Où a = indice pondéral qui dépend des unités choisies ; b = coefficient d’allométrie où facteur
de condition.
En outre, la relation entre la LC et les autres parties du corps (WC, WS2, LA, LM2, LM3) ont
été étudiées selon le sexe. Ces analyses devaient permettre d’identifier le début du dimorphisme
sexuel (caractères sexuels secondaires) qui sert notamment de base à la détermination de la taille
de première maturité sexuelle. Toutes ces données sur l’étude de la morphologie serviront à
d’éventuels travaux de recherche sur la domestication de cette espèce.

II.4.4. Dynamique temporelle et structurelle de la reproduction

La méthodologie utilisée est inspirée des travaux de Velazquez Abunader (2005) sur lesquels
se sont également appuyés Dia et al. (2015) pour leur étude. L’illustration des différents stades

20
de maturité sexuelle est réalisée sur l’espèce étudiée (annexe 7). Cette partie a permis de
caractériser la période de reproduction et la structure en tailles de la population reproductrice.
L’échelle de maturité (Tableau 1) a permis d’étudier la taille de première maturité sexuelle chez
les femelles. Sur cette échelle, les femelles présentant un état de décalcification du sternum ont
été considérées comme appartenant au stade de maturité sexuelle 2. En effet, cette phase est
préalable à la présence d’œufs en incubation. Elle signifie que la femelle est prête à
l’accouplement (George, 2005 ; Kizhakudan & Patel, 2010).

Tableau 1 : Échelle de maturité sexuelle de Panulirus inflatus proposée par Weinborn (1977),
modifiée par Briones-Fourzán et al. (1981 in Velazquez Abunader, 2005)

Stade de maturité sexuelle Description


I Sans spermatophores ni œufs en incubation
II Avec spermatophores, sans œufs en incubation
III Avec des œufs en incubation de couleur orange claire
IV Avec des œufs en incubation de couleur orange foncée.
V Œufs occulés de couleur café
VI Œufs occulés de couleur café avec des restes de spermatophores
et des œufs ou bien des poils fins où adhèrent les œufs

II.4.5. Détermination de la taille de première maturité sexuelle

II.4.5.a. Approche maturité morphologique

Les différences allométriques significatives sur la croissance de la langouste notamment entre


le céphalothorax, l’abdomen et les péréiopodes ont permis de donner une estimation de la taille
de première maturité sexuelle. Pour ce faire, les travaux de George & Morgan (1979) dont la
méthodologie a été reprise par plusieurs études portant sur la détermination de la taille de
première maturité sexuelle de la langouste (Jayakody, 1989 ; Evans et al., 1995 ; Robertson &
Butler, 2003 ; Lakshmi Pillai, 2007 ; Kizhakudan & Patel, 2010 ; Ikhwanuddin et al., 2014) ont
servi de référence. La première étape consiste à tracer sur le même graphe les régressions
respectives de LA, WS2, LM2 et LM3 en fonction de la LC pour les deux sexes. Ensuite, un
examen visuel de ces graphes permet d’identifier le point d’intersection des pentes de la
regression des droites des deux sexes. A partir de la lecture combinée de ces différents
graphiques est identifié le point d’intersection ayant la valeur de la LC la plus faible (borne
inférieure) et celui ayant la valeur la plus élevée (borne supérieure). L’intervalle délimité par

21
les deux bornes est utilisé pour séparer la distribution en deux sous-groupes pour chaque sexe:
un sous-groupe fait d’individus de LC plus petite que la borne inférieure et un autre constitué
de ceux dont la LC est plus grande que la borne supérieure. La dernière étape consiste pour
chaque sexe à tracer sur le même graphe les régressions de chacun des sous-groupes.

II.4.5.b. Approche maturité fonctionnelle

Cette approche a été appliquée à chacun des sexes. Pour les mâles, l’observation de l’évolution
de l’organe d’accouplement a permis d’estimer le stade de maturité sexuelle (George, 2005;
Kizhakudan & Patel, 2010). Pour les femelles, différents indicateurs peuvent être utilisés : la
taille des pléopodes, l’état du sternum (dur, décalcifié ou mou), la présence de spermatophores
ou d’œufs en incubation (George, 2005; Freitas et al., 2007; Kizhakudan & Patel, 2010). A ce
niveau, deux indices ont été utilisés : la plus petite femelle ovigère observée et la L50 qui est
définie comme la taille à laquelle 50 % des femelles échantillonnées pendant la période de
reproduction montrent une activité reproductrice telle que la présence de spermatophores ou
d’œufs (Groeneveld & Melville-Smith, 1994 ; Velazquez Abunader, 2005 ; Pérez-González et
al., 2009).

II.4.6. Fécondité

Cette partie a été inspirée des travaux de Freitas et al. (2007) et Velazquez Abunader (2005).
L’étude de la fécondité concerne les femelles ovigères échantillonnées et transportées au
laboratoire pour une dissection. Cette dissection a permis de récupérer les œufs fixés en grappes
dans les soies pléopodales. Des pertes marginales d’œufs (moins d’un gramme) ont pu survenir
pendant cette étape. Les pesées des œufs ont été effectuées avec une balance électronique de
haute précision (10-4 g). Après la dissection, les œufs ont été fixés à l’aide d’une solution de
formol diluée à 40 % dans un contenant hermétiquement fermé et gardé dans un local à
température ambiante. Ensuite, il a été procédé à un rinçage répété quatre (4) fois avec de l’eau
distillée à l’aide d’un tamis de maille 100 µm et de deux béchers. Puis, la masse d’œufs a été
emballée dans du papier aluminium et placée à l’étuve à 40°C entre 48 et 72 heures. Après cette
étape et juste avant le comptage, la masse d’œufs a été placée dans un dessiccateur à Sillicagel
afin de la maintenir à sec. Le comptage des œufs a été réalisé par prélèvement d’un sous-
échantillon de 0,0106 g compté intégralement à l’aide d’un microscope électronique et d’une
cellule de comptage. Pour chaque femelle ovigère, deux sous-échantillons ont été comptés et la
moyenne du nombre d’œufs est calculée. Le nombre moyen d’œufs compté a été extrapolé à la
masse totale sèche des œufs pour déterminer la quantité d’œufs de la portée.

22
L’étude de la fécondité a permis notamment de calculer un certain nombre d’indices tels que la
masse d’œufs à sec (MOS), la masse relative des d’œufs (MRO), la fécondité absolue ou
fécondité individuelle (FA) et la fécondité relative (FR). Ces indices ont été calculés selon les
formules utilisées par de Freitas et al. (2007) et Velazquez Abunader (2005) comme suit :

∑𝑘
𝑖=1 𝑤𝑘
𝑀𝑅𝑂 = ∑𝑘
105
𝑖=1 𝑛𝑘

Avec w = masse du sous-échantillon (portion prélevée des œufs) ;


n = nombre d’œufs de chaque sous-échantillon ; k = nombre de sous-échantillons.

𝑊∗𝑁
𝐹𝐴 =
𝑤

Avec W = masse à sec des œufs ; N = nombre moyen d’œufs des sous-échantillons ;
w = masse moyenne des sous-échantillons.

𝐹𝐴
𝐹𝑅 =
𝑤𝑓

Avec FA = fécondité absolue ; wf = masse de la femelle ovigère.

II.5. Analyse statistique

L’analyse statistique des données collectées a été effectuée à l’aide du Tableur Excel (version
Microsoft Office 2013) et du logiciel R (version R studio 1.1.453.0). Les tests de comparaison
des moyennes (t.test de Student) ont été utilisés pour comparer les tailles et les masses
moyennes entre les sexes. Ces tests ont été précédés du test de normalité de la distribution de
Shapiro (shapiro.test) qui a révélé que les distributions étaient de types normaux. L’analyse de
covariance (ANCOVA) a été utilisée pour tester les pentes des droites de régression des
paramètres WC, WS2, LA, LM2, et LM3, en fonction de la LC et par sexe. Cette ANCOVA est
précédée du test de corrélation de Spearman pour chaque paramètre en fonction de la LC. Dans
le cas où les pentes se sont révélées significativement différentes, le point d’intersection entre
les deux régressions a été projeté sur l’axe LC. La valeur correspondante est considérée comme
la taille de première maturité sexuelle. Dans le cas où le test ne s’est pas révélé significatif, alors
le résultat de la projection sur l’axe de la LC est utilisé à titre indicatif de la taille de première
maturité sexuelle. L’ensemble de ces tests a été réalisé avec R au seuil α = 0,05 et les graphiques
sont produits avec Excel.

23
III. Résultats
III.1. Paramètres physicochimiques du milieu

Dans le tableau 2, figurent les moyennes mensuelles des paramètres physico-chimiques de l’eau
en surface mesurés au large de Ngaparou. Durant la période d’échantillonnage, la température
de l’eau est passée de 19 oC en avril à 31oC en septembre avec une moyenne de 26,5 ± 4,2 oC.
La salinité a varié entre 35 et 39 ppm avec une moyenne de 37,1 ± 1,1 et le pH entre 7,97 et
8,46 avec une moyenne de 8,16 ± 0,21. Une tendance nette au réchauffement des eaux et à la
hausse du pH a été observée alors que pour les autres paramètres étudiés, les variations ne
montrent aucune tendance nette.

Tableau 2 : Moyennes et écartypes mensuelles des paramètres physico-chimiques de l’eau de


surface à Ngaparou

Mois Conductivité Salinité TDS (g/L) Température pH Résistivité


(mS/cm) (ppt) (0C) (Ohm.cm)
Avril 56,3 ± 1,1 37,2 ± 1,0 28,1 ± 0,7 19,8 ± 0,5 7,97 ± 0,06 1,78 ± 0,04
Mai 55,3 ± 0,9 36,7 ± 0,7 27,6 ± 0,5 24,5 ± 2,1 8,05 ± 0,14 1,80 ± 0,03
Juin 54,2 ± 0,4 35,9 ± 0,3 27,1 ± 0,2 26,4 ± 0,0 8,12 ± 0,09 1,85 ± 0,02
Juillet 55,9 ± 2,3 37,1 ± 1,8 27,9 ± 1,3 29,9 ± 0,4 8,19 ± 0,19 1,80 ± 0,07
Aout 56,7 ± 0,8 37,7 ± 0,6 28,4 ± 0,6 30,5 ± 0,6 8,45 ± 0,09 1,77 ± 0,02
Septembre 57,9 ± 1,0 38,5 ± 0,5 28,9 ± 0,4 30,6 ± 1,4 8,46 ± 0,00 1,74 ± 0,02
Moyenne 56,0 ± 1,5 37,1 ± 1,1 27,9 ± 0,8 26,5 ± 4,2 8,16 ± 0,21 1,79 ± 0,04

III.2. Pêcherie de langouste verte

III.2.1. Embarcations, techniques et zones de pêche

Les données recueillies à partir des réponses de 26 personnes enquêtées permettent de situer le
début de la pêcherie artisanale de langouste verte dans les années 1950. La pêcherie artisanale
de la langouste verte est pratiquée par l’ensemble des communautés de pêcheurs évoluant le
long des côtes sénégalaises. Cependant, les plus grands centres d’activités se situent au niveau
de la Petite côte et dans une moindre mesure en Casamance.
Deux techniques de pêche sont utilisées pour l’exploitation de la langouste verte. La pêche au
filet dormant de fond (FDF) dont la longueur varie de 15 à 30 m et la plongée sous-marine qui
se pratique en apnée. Les filets utilisés pour la pêche de la langouste ont un maillage qui varie
entre 40 et 100 mm. Cependant, les filets de taille de maille de 60 mm sont les plus fréquents
dans les activités de pêche. Quel que soit la technique utilisée, la typologie des embarcations
reste la même : des pirogues à voile de 4 à 5 m de long avec une seule personne à bord et des

24
pirogues motorisées de 8 à 10 m avec un équipage qui comprend 2 à 6 personnes (plus
couramment 4 personnes). La durée de pêche est de 24 h pour les filets dormants de fond. Cette
durée varie entre 2 et 9 h pour la plongée en apnée. Les filets sont généralement mouillés sur
une zone située entre 300 m et 3 km du rivage, à proximité des fonds rocheux alors que les
plongeurs ciblent les rochers et les zones de récifs coralliens à des profondeurs variant entre 3
et 12 m. En termes de saisonnalité des sorties de pêche, les pêcheurs aux filets dormants de fond
sont actifs pendant toute l’année alors que ceux spécialisés dans la plongée ciblent généralement
la langouste que pendant 3 à 4 mois, entre octobre et janvier.
L’ensemble de ces considérations n’ont pas beaucoup évolué dans le temps, excepté le
délaissement progressif des pirogues à voile pour une flottille de plus en plus motorisée.

III.2.2. Filière langouste

Les acteurs clés identifiés dans le secteur sont : les pêcheurs, les micro-mareyeurs, les
mareyeurs et les exportateurs. Le prix de vente de la langouste verte varie selon le calibre et
selon la demande du marché. Le prix de vente de la langouste se situait à 200 F CFA le kg dans
les années 1960. Il est progressivement passé à 2 000 F CFA dans les années 1970 puis à 6 000
F CFA dans les années 1980 avant de franchir le cap de 10 000 F CFA le kg au début des années
2000. Depuis les années 2010, le prix de la langouste s’est stabilisé à 15 000 F CFA le kg pour
le calibre le plus grand (au-delà de 600 g). Jusqu’à la fin des années 2000, l’exportation des
produits à destination du marché de l’Union Européenne (UE), principalement la France et dans
une moindre mesure la commercialisation au niveau local dans le secteur hôtelier représentaient
les principaux débouchés. Cependant, à partir des années 2010, le marché chinois est devenu
prépondérant au niveau des exportations. Selon la masse de la langouste, trois (03) catégories
sont commercialisées à des prix proportionnellement croissants : moins de 200g, entre 200 et
600g et enfin plus de 600g. Les langoustes sont commercialisées vivantes après un séjour plus
ou moins long dans des viviers en forme de cages confectionnées avec du filet et placées dans
la lame d’eau, ou sur terre, dans des bassins aménagés à cet effet. Elles peuvent aussi être
commercialisées sous forme de queues surgelées.

III.2.3. Effort de pêche et rendements

Les données du tableau 3 obtenues à partir des enquêtes menées sur la pêcherie de langouste au
niveau de la Petite côte montrent une baisse continue de la longueur des filets utilisés depuis
les années 1950 jusqu’aux années 2010. En effet, la longueur de filets mouillée a d’abord baissé
de 2/3 de 1950 à 2000 puis de moitié de 2000 aux années 2010. Le rendement de pêche a

25
également régressé d’un tiers à la fin des années 1990 puis de 85 % entre les années 1990 et les
années 2010.

Tableau 3 : Variations de la longueur mouillée de filets dormants de fond et des rendements


de pêche de la langouste verte sur la Petite côte

Longueur de filet Rendement


Période
mouillée (m) (kg/100 m de filet)
1950 – 1970 600±100 15±2
1970 – 1990 400±100 10±2
1990 – 2000 200±50 10±2
2000 – 2010 200±50 1,5±0,5
Depuis 2010 100±30 1,5±0,5

Les quantités de langouste verte débarquées sur les côtes sénégalaises entre 1996 et 2016 sont
très variables (Figure 8). Elles sont de l’ordre de 29,4 à 72,4 t. Globalement, les débarquements
les plus importants sont notés durant la décennie 1996-2006 avec une moyenne annuelle de
55,6±13,7 t. En revanche, les débarquements les plus faibles sont enregistrés entre 2007 et 2016
avec une moyenne annuelle de 44,3±11,4 t.
D’après les informations largement relayées par les acteurs enquêtés, à la fin des années 1970,
60 à 70 % des pirogues jadis spécialisées dans la pêcherie de langouste se sont reconverties
dans d’autres métiers. A partir des années 2000, il ne reste qu’environ 12 % des pirogues à filet
dormant de fond (FDF) qui pêchent la langouste à temps partiel avec 2 à 3 sorties de pêche par
semaine et uniquement durant les périodes où les houles sont jugées plus propices à la capture
des langoustes.

80
Débarquements (t)

70

60

50

40

30

20

10

0
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

Année

26
Figure 8 : Evolution des débarquements de la langouste verte sur les côtes sénégalaises
(source des données : DPM 1996-2016)

III.2.4. Variation spatio-temporelle des débarquements

La figure 9 montre l’évolution des débarquements en fonction de la zone géographique sur la


période 2006-2015. La Petite côte qui s’étend sur une longueur de 75 km de Ndayane à Joal est
la zone de pêche la plus productive avec 38 % des débarquements. Elle est suivie par la Grande
côte avec 25 % des débarquements et long d’environ de 150 km de Yoff à l’embouchure du
fleuve Sénégal. La Petite côte a aussi gardé un niveau de production relativement constant sur
la période 2006 - 2015 par rapport aux autres zones de pêche notamment la presqu’ile du Cap-
Vert et la Grande Côte. Cependant, l’essentiel de la production provenant de la Petite côte est
assurée par deux (2) sites, Mbour et Joal, qui représentent près de la moitié des quantités
débarquées dans cette zone.

70
Débarquements (tonne)

60
50
40
30
20
10
0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Années
Grande côte Dakar Petite Côte Sine Saloum Casamance

Figure 9 : Variation des débarquements de la pêcherie artisanale par zone géographique, en


fonction du temps (source des données : DPM, 2006-2015)

III.3. Caractères morphométriques

III.3.1. Résultats de l’échantillonnage

L’échantillonnage réalisé d’avril à septembre 2017 à partir des débarquements de la pêcherie


artisanale a permis de collecter 767 individus, mesurés et pesés, dont 358 mâles et 409 femelles.
Des données plus exhaustives sur l’échantillonnage sont présentées (Annexe 7).

27
La proportion de femelles a relativement diminué lors des deux (2) derniers mois de la période
d’enquête qui correspondent au pic de la saison des pluies (Tableau 4). Les tailles des
échantillons les plus faibles sont enregistrées en avril et en septembre. La taille de l’échantillon
en avril est due à un démarrage tardif des enquêtes au courant du mois et des contacts avec les
acteurs de la filière encore peu suffisants. En septembre, la taille de l’échantillon s’explique par
un ralentissement des activités de pêche noté du fait de la Tabaski (Aïd al Kabïr) 2017.

Tableau 4 : Répartition de l’échantillon par sexe (M = mâle; F = femelle)

Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Total/Moyenne


M 8 62 73 80 83 52 358
F 12 94 97 87 73 46 409
Total 20 156 170 167 156 98 767

III.3.2. Relation taille-masse et coefficient de condition (b)

Le tableau 5 présente les résultats de la relation taille-masse de cette étude, comparés à ceux
des études réalisées sur les côtes mauritaniennes et ivoiriennes. Les résultats montrent que la
masse est fortement corrélée à la taille. Pour les deux sexes, en se référant à la LC comme à la
LT, la taille et la masse sont positivement corrélées. Par rapport à la LC, la croissance présente
une allométrie minorante (coefficient de condition b est inférieur à 3). En revanche, en fonction
de la LT, les mâles ont une croissance isométrique (coefficient de condition b = 2,99) et les
femelles une allométrie minorante (b = 2,89).
Pour une même LT, les mâles semblent plus lourds que les femelles avec des coefficients de
condition de 2,99 et 2,89, respectivement. En revanche, pour une même LC, les femelles
semblent plus lourdes (b = 2,89) que les mâles (b = 2,60).
La masse des mâles varie entre 48,6 et 1811,3 g avec une moyenne de 264,9±251,8 g. Celle des
femelles varie entre 65,8 et 2111 g avec une moyenne de 342,1±241,3 g. Cette différence de
moyenne est significative (Test-t de Student : p<0,001).

Tableau 5 : Synthèse des paramètres de la relation taille - masse (LC = longueur


céphalothoracique ; LT = longueur totale, M = masse)

Paramètres
Pays Références
Mâles Femelles
Côte d’Ivoire M = 3,74LT3,20 M = 4,22LT2,84 Marchal & Barro (1964)
(Maigret, 1974, in Diop &
Mauritanie M = 3LT3,17 M = 3,15LT2,82
Kojemiakine, 1991)
Mauritanie M = 10.10-4LT2,92 M = 65.10-4LT2,64 Chavance et Girardin, (1991)

28
Mauritanie M = 1,247LC2,66 M = 1,1375LC2,74 Dia et al. (2015)
M = 4. 10-5LT2,99 M = 6. 10-5LT2,89
R2 = 0,9765 R2 = 0,9827
Sénégal Cette étude
M = 0,0043LC2,60 M = 0,0013LC2,89
R2 = 0,9348 R2 = 0,9811

III.3.3. Distribution des tailles

La figure 10 présente la distribution des tailles des individus mâles et femelles. Chez les mâles,
la classe modale est de 55-59 mm et de 65-69 mm chez les femelles. Sur l’ensemble de la
distribution, 64% des individus débarqués ont une LT inférieure à 20 cm. Cette proportion est
composée de 74 % de mâles et de 55 % de femelles.

25
( %)

20
15
10
5
0
115-119

135-139
40-44
45-49
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
85-89
90-94
95-99
100-104
105-109
110-114

120-124
125-129
130-134

140-144
145-149
150-154
>155
M F LC (mm)

Figure 10 : Distribution des fréquences de tailles en fonction du sexe

La taille moyenne débarquée en LT chez les mâles est de 185±44 mm. Chez les femelles, elle
est de 204±43 mm de LT (Tableau 6). Ces tailles moyennes sont significativement différentes
qu’elles soient exprimées en LT ou en LC (Test-t de Student : p<0,001).

Tableau 6 : Synthèse de la distribution en taille selon la LT et la LC en mm (Min. = valeur


minimale; Max. = valeur maximale)

Mesure Sexe Min. Max. Moyenne Ecartype


Mâles 39,62 290,72 66,82 17,69
LC (mm) Femelles 42,64 152,70 71,19 17,71
Général 39,62 290,72 69,15 17,69
Mâles 112 425 185 44
LT (mm) Femelles 123 422 204 43
Général 112 425 195 44

III.3.4. Relation entre la LC et les autres variables biométriques

29
La figure 11 présente les régressions entre la longueur du céphalothorax et les variables
suivantes : la largeur du céphalothorax (a), la longueur totale (b), la longueur de l’abdomen (c),
la largeur du second segment abdominal (d), la longueur du second méropodite (e) et la
longueur du troisième méropodite (f). Pour les deux derniers paramètres, les péréiopodes
régénérés n’ont pas été pris en compte. Il existe une corrélation significative aussi bien chez les
mâles que les femelles entre la longueur du céphalothorax (LC) et la largeur (WC) (r = 0,982
pour les mâles et r = 0,987 pour les femelles ; p<0,001). Cependant, les résultats du test de
l’ANCOVA ne montrent aucune différence significative entre les pentes des deux régressions
(p>0,05). Il n’existe, donc, pas un dimorphisme sexuel lié à la forme du céphalothorax. Pour
l’ensemble des cinq (5) autres paramètres comparés, la corrélation est significative et la droite
d’ajustement linéaire chez les femelles est au-dessus de celle des mâles à l’exception des
péréiopodes c’est-à-dire LM2 et LM3 où la croissance est plus rapide chez les mâles (Figure 11e
et 11f). Les pentes montrent des différences significatives (Test ANCOVA, p<0,001). Les
femelles ont un corps relativement plus allongé et plus large que les mâles. Par contre, pour une
même longueur totale, les mâles sont plus lourds. En revanche, chez la langouste verte comme
pour la plupart des espèces appartenant au même groupe, le dimorphisme sexuel sur la
croissance des péréiopodes, en particulier au niveau de la deuxième et de la troisième paires,
est très remarquable et en faveur des mâles alors qu’il est moins évident voire inexistant au
niveau des autres paires.

30
120 450
y = 0,7194x + 2,377 y = 2,8442x + 1,6065
400

LT (mm)
R² = 0,9735
WC (mm)

100 350 R² = 0,9797

80 300
250
60
200 y = 2,5852x + 14,074
y = 0,7059x + 1,9373
40 150 R² = 0,9688
R² = 0,9653
100
20
50
0 0
35 55 75 95 115 135 155 35 55 75 95 115 135 155
LC (mm) LT M LC (mm)
a WC M b LT F
WC F
Linéaire (LT M)
Linéaire (WC M)
Linéaire (LT F)
Linéaire (WC F)

300 120
y = 1,8442x + 1,6065
LQ (mm)

WS2 (mm)

y = 0,7758x - 6,0329
250 R² = 0,9531 100 R² = 0,9761
200 80

150 60

100 y = 1,5852x + 14,074 40


R² = 0,921
y = 0,5884x + 2,933
50 20
R² = 0,9659
0 0
35 55 75 95 115 135 155 35 55 75 95 115 135 155
c LQ M LC (mm) WS2-m
LQ F d WS2-f LC (mm)
Linéaire (LQ M) Linéaire (WS2-m)
Linéaire (LQ F)
Linéaire (WS2-f)

31
140
140

LM3 (mm)
y = 0,8085x - 11,401
LM2 (mm) 120 y = 0,9015x - 11,835
120 R² = 0,9277
100 R² = 0,9204
100
80 80
60 60
40 40
y = 0,6203x - 0,4936 y = 0,6757x + 0,6759
20 20
R² = 0,9581 R² = 0,9579
0 0
35 55 75 95 115 135 155 35 45 55 65 75 85 95 105 115 125
LM2-m LM3-m
e LC (mm) f LC (mm)
LM2-f LM3-f
Linéaire (LM2-m) Linéaire (LM3-m)
Linéaire (LM2-f) Linéaire (LM3-f)

Figure 11 : Relation entre la longueur du céphalothorax (LC) et les autres données biométriques
chez la langouste verte sur les côtes sénégalaises

III.4. Biologie de la reproduction

III.4.1. Taille de première maturité sexuelle

III.4.1.1. Maturité morphologique

Les régressions respectives de LM2 et LM3 en fonction de la LC ont permis de situer la zone de
modification de la vitesse de croissance en faveur des mâles entre 55 et 60 mm de LC (Figure
11e et 11f). A partir de ces résultats, la distribution des mâles a été séparée en deux sous-
groupes. Le premier sous-groupe est constitué des individus dont la LC est inférieure ou égale
à 55 mm et le second de ceux dont la LC est supérieure ou égale à 60 mm. Les régressions par
rapport à LC de ces deux sous-groupes sont faites pour LM2 (Figure 12a) et LM3 (Figure 12b).
La résolution des systèmes d’équations issues de leurs droites d’ajustement respectives donne
un point de déflection à 67,51 mm de LC pour LM2 et 67,62 mm de LC pour LM3. Pour LM2,
il existe une différence significative des pentes (Test ANCOVA, p<0,05) alors que celles de
LM3 ne sont pas statistiquement différents (Test ANCOVA, p>0,05). La même démarche est
reprise en utilisant les variables WS2 et LA en fonction de la LC. Les pentes de ces régressions
sont aussi statistiquement non significatives (Test ANCOVA, p>0,05).
En ce qui concerne les femelles, la démarche appliquée aux mâles est reprise pour l’ensemble
des quatre (4) variables étudiées (WS2, LA, LM2 et LM3) en fonction de la LC. En revanche, à
l’exception de la LA dont le point de déflection trouvé correspond à une LC de 67,95 mm, il
n’a pas été possible de situer précisément l’intersection des droites de régressions obtenues (LC
et WS2 ; LC et LM2 ; LC et LM3). Cependant, le résultat issu de la régression de LA en fonction

32
de la LC (Figure 12d) doit être considéré à titre indicatif car les différences des pentes de ces
régressions ne sont pas significatives (Test ANCOVA, p<0,05).

140 140
LM2 (mm)

LM3 (mm)
y = 0,8752x - 16,871
120 y = 0,9635x - 16,756
R² = 0,9226 120
R² = 0,9029
100 100
y = 0,6494x - 1,6277 y = 0,7941x - 5,301
80 R² = 0,8028 80 R² = 0,7168
60 60
40 40
20 20
0 0
35 55 75 95 115 135 155 35 55 75 95 115 135 155
a LM2, LC < 55 LM2, LC > 60 LC (mm) b LM3, LC < 55 LM3, LC > 60 LC (mm)

260
WS2 (mm)

LA (mm)

240 y = 1,9109x - 2,9873


100 y = 0,7582x - 5,3828 220 R² = 0,8086
R² = 0,8345 200
80 180
160 y = 1,8282x + 2,6321
60 140
y = 0,7757x - 6,0232 120 R² = 0,9657
40 R² = 0,9721 100
80
60
20 40
20
0 0
35 55 75 95 115 135 155 35 55 75 95 115 135 155
c d LA, LC < 55 LA, LC > 60 LC (mm)
WS2, LC < 55 WS2, LC > 60 LC (mm)

Figure 12 : Détermination de la taille de première maturité sexuelle chez les mâles (figure 12a
et 12b) et chez les femelles (figure 12c et 12d) selon l’approche morphologique

III.4.1.2. Maturité fonctionnelle

Chez les mâles, l’approche maturité fonctionnelle basée sur l’observation de l’évolution de la
morphologie de l’organe d’accouplement n’a pas permis d’aboutir à une estimation satisfaisante
de la taille de première maturité sexuelle. Chez les femelles, deux indicateurs sont suivis : la
décalcification du sternum et la présence d’œufs en incubation. Les deux paramètres ont permis
d’estimer la taille à laquelle 50 % des femelles présentent une activité de reproduction sur la
période d’avril à août. Cette taille correspond à une LC de 94,50 mm (Figure 13). La plus petite
ufemelle observée en phase de reproduction a une LC de 71,64 mm.

33
100

% Femelles en reproduction
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
LC (mm)

Figure 13 : Détermination de la taille de première maturité sexuelle (LC50) chez les femelles
selon l’approche fonctionnelle

III.4.2. Période et stades de reproduction

Le pourcentage de reproduction global des femelles dans l’échantillon est d’environ de 11 %.


Le stade 3 est le plus fréquemment observé (34 %) suivi du stade 2 (30 %) des individus matures
(Annexe 8). La proportion des individus matures selon les mois (Figure 14) varie entre 7 et 15
% avec un maximum au mois de juin. Par ailleurs, sur l’ensemble de la période
d’échantillonnage, l’augmentation des individus matures est fortement corrélée à l’élévation de
la température des eaux de surface (R2 = 0,85) chez les individus dont la LC est supérieure ou
égale à la LC50.

100
90
80
Pourcentage

70
60
50
40
30
20
10
0
Avril Mai Juin Juillet Août Septembre

Stade 1 Stade 2 ou plus Mois

Figure 14 : Variation mensuelle du pourcentage de femelles non matures (stade 1) et matures


(stades 2 et plus) durant la période de reproduction

34
III.4.4. Fécondité

L’étude de la fécondité est réalisée sur cinq (5) femelles ovigères qui ont une longueur
céphalothoracique comprise entre 91 et 105 mm et se trouvant entre les stades 3 et 5 du cycle
de maturation des œufs. Leur masse varie entre 652 et 1005g. Dans le tableau 7, la masse d’œufs
à sec (MOS) varie entre 7,97 et 23,51g avec une moyenne de 14,30±6,79g et la masse relative
des œufs (MRO) entre 2,73 et 4,61g avec une moyenne de 3,75±0,67g. La fécondité absolue ou
fécondité individuelle se situe entre 208 371 et 638 775 œufs avec une moyenne de
388 594±182 755 œufs et la fécondité relative entre 291 et 643 œufs g-1 avec une moyenne de
489±172 œufs g-1. Il semble que les femelles de plus grande taille ont tendance à avoir une
fécondité plus importante et des œufs plus gros. Le nombre d’œufs en incubation aurait
également tendance à diminuer à mesure que le cycle de maturation des œufs progresse.

Tableau 7 : Evolution de quelques indicateurs de la fécondité en fonction de la taille et du stade


de maturité sexuelle (MOS : Masse d’œufs à sec ; MRO : Masse relative d’œufs ; FA : Fécondité
absolue ; FR : Fécondité relative)

Stade LC (mm) M (g) MOS (g) MRO (g) FA FR


III 96,55 780 19,471 3,883 501 470 643
III 105,03 1005 23,5105 3,681 638 775 635
IV 91,58 653 9,9588 2,732 364 529 558
V 91,63 652 7,9738 3,827 208 371 319
V 98,49 791 10,592 4,609 229 826 291
Moyenne 96,66 776 14,301 3,746 388 594 489
Ecartype 5,58 144 6,786 0,671 182 755 172

35
IV. Discussion
IV.1. Variation des paramètres physico-chimiques de l’eau

Pour la période de l’étude, les données obtenues sur les paramètres physico-chimiques sont en
phase avec la description des caractéristiques hydrologiques de la ZEE sénégalaise réalisée par
Rossignol (1973) et FAO (1979). En effet, les eaux de surface sont soumises à l’influence de
l’atmosphère, ce qui permet de distinguer sur les côtes sénégalaises deux (2) saisons marines
séparées par deux périodes de transition, refroidissement et réchauffement des eaux :
• Saison froide de décembre à mai avec des eaux canariennes froides de températures <
24 °C et de salinité > 35 ‰ ;
• période de réchauffement de mai à juin : début d’apparition des eaux tropicales chaudes
où les températures sont > 24 °C et les salinités > 35 ‰ ;
• Saison chaude de juin à novembre avec des eaux tropicales et eaux guinéennes chaudes
de températures > 24 °C et de salinité < 35 ‰ ;
• Période de refroidissement (novembre et décembre) : début d’apparition des eaux
canariennes froides caractérisée par des températures < 24 °C et des salinités > 35 ‰.
Au regard de cette description, notre période d’échantillonnage se situe à cheval entre la saison
froide et la saison chaude en passant par la phase de réchauffement des eaux, ce qui explique
l’augmentation continue de la température observée dans les résultats de cette étude. Les valeurs
enregistrées des autres paramètres ne permettent pas de faire une discrimination évidente des
saisons mais elles sont utiles dans la connaissance du milieu naturel de vie de l’espèce,
nécessaire à la mise en place et à la gestion des milieux de culture contrôlés pour des besoins
de domestication et d’élevage de la langouste verte.

IV.2. Caractéristiques de la pêcherie

Les résultats des enquêtes sur la pêcherie concordent avec les travaux de Postel (1967) qui situe
le début de la pêche industrielle européenne au filet dormant sur la côte ouest-africaine peu
avant la première guerre mondiale et la pêche artisanale sénégalaise vers 1950.
Avec l’expérience acquise par le biais de plusieurs années d’exploitation, les pêcheurs sont
parvenus à comprendre les conditions environnementales optimales à la capture de la langouste
pour chaque technique de pêche. En effet, les périodes de houles qui surviennent pendant trois
(3) ou quatre (4) jours consécutifs, chaque quinzaine du mois, provoquent un état de mer agitée
qui est beaucoup plus favorable à la capture de la langouste par les filets dormants. En revanche,

36
la plongée en apnée se pratique idéalement quand la mer est peu agitée et l’eau plus claire. Ceci
favorise une bonne visibilité et l’optimisation des captures. Ce type de pêche présente, aussi,
une certaine saisonnalité car elle se déroule essentiellement entre novembre et février qui
correspond plus ou moins au pic de la saison touristique au Sénégal. Le temps de pêche
journalier relativement court des pêcheurs pratiquant la plongée en apnée est dû au besoin d’une
bonne visibilité. Ce type de pêche est, donc, pratiqué que pendant le jour contrairement à la
pêche au filet dormant de fond dont le temps de pêche est de 24h.

En comparant les deux techniques de pêche, la plongée est plus efficace en termes de captures.
Cet avantage est dû à la possibilité d’exploration de divers habitats de la langouste. La plongée
permet aussi un meilleur ciblage de la ressource.
Le délaissement progressif des pirogues à voile pour une flottille de plus en plus motorisée n’est
pas spécifique à la pêcherie de langouste, c’est plutôt une tendance généralisée de la pêche
artisanale maritime sénégalaise.
En ce qui concerne la filière langouste, les micro-mareyeurs constituent le premier maillon de
la chaine de commercialisation. Ce sont généralement des femmes qui achètent aux pêcheurs
le produit de la pêche en de petites quantités (moins de 5 kg). Les mareyeurs s’approvisionnent,
ensuite, auprès d’elles en achetant des quantités plus importante (jusqu’à 50 kg). Le produit est
commercialisé soit à la clientèle touristique, soit aux entreprises spécialisées dans l’exportation
des produits halieutiques, en particulier la langouste comme les chinois. L’arrivée des chinois
dans la filière au début des années 2010 a occasionné une hausse généralisée du prix au kg de
la langouste, qui est passé de 10 000 F CFA en 2010 à 15 000 F CFA en 2017, entrainant une
concurrence avec la clientèle touristique locale et le marché européen.

IV.3. Evolution du rendement, des débarquements et de l’effort de pêche

Depuis le début de la pêcherie artisanale de langouste verte au niveau des eaux sénégalaises,
plus particulièrement de la Petite côte dans les années 1950 (Postel, 1967) jusqu’aux années
2010, l’effort de pêche a été divisé par 6 et le rendement de pêche par 10. Globalement,
l’évolution de l’exploitation de la langouste verte au Sénégal peut être subdivisée en trois (3)
phases.
- Avant 1950
Pendant cette période, la pêche de langouste verte au Sénégal existait déjà mais était à un niveau
d’exploitation relativement faible (environ 20 tonnes an-1) et destinée à une consommation
locale (Postel, 1967). En revanche, durant cette période, l’exploitation du stock de la langouste

37
verte des côtes mauritaniennes notamment à hauteur du Banc d’Arguin par la pêcherie
industrielle européenne, particulièrement française, semblait déjà manifester des signes d’une
surexploitation juste avant la 2ième guerre mondiale (Fournet, 1997). Cet état du stock
mauritanien a obligé les armateurs à déployer l’effort de pêche sur d’autres stocks, notamment
celui de la langouste rose (Postel, 1967 ; Fournet, 1997).
- De 1950 à 1970
Le rendement de pêche de la langouste verte au Sénégal relativement élevé pendant cette
période pourrait s’expliquer par un développement progressif de l’activité de pêche de la
langouste et un intérêt économique croissant de la filière. Ceci a justifié l’accroissement rapide
de l’effort de pêche et des débarquements annuels qui culminaient à 100 tonnes an-1 (Postel
1967). A la fin des années 1960, l’accroissement continu de l’effort de pêche au Sénégal suite
à l’effondrement de la pêcherie du stock de langouste verte de la Mauritanie, ont favorisé le
développement de la pêcherie artisanale sénégalaise de cette espèce. Cette pêcherie a
notamment profité du marché d’écoulement européen avec de nouvelles possibilités
d’expédition du produit par avion et de la demande croissante du secteur touristique local.
- Depuis 1970
La baisse de rendement par sortie de pêche notée à partir des années 1970 et celle des
débarquements annuels également évoquée par Niang (2009) pourraient être révélatrices d’un
niveau optimal d’exploitation dépassé. Les causes potentielles seraient : le non-respect de la
taille minimale des mailles pour les filets qui se traduit par la capture de juvéniles, le
débarquement des femelles ovigères et la pêche sous-marine par plongée en apnée. Le code de
la pêche (1998, 2015) règlemente l’usage des mailles et interdit la capture de femelles
sexuellement matures. Les observations faites sur le terrain font apparaitre des manquements
réels dans l’application de la législation des pêches. L’inconvénient de la pêche par plongée est
son caractère ravageur car son efficacité permet des captures très importantes, d’autant plus que
la langouste est une espèce relativement grégaire et sédentaire.
La baisse de l’effort de pêche constatée est due à la baisse progressive des rendements de pêche
et un changement de métiers de certains pêcheurs. Ainsi, certains pêcheurs ont orienté leurs
activités vers l’exploitation du poulpe (Octopus vulgaris). En effet, d’après les échanges avec
les acteurs lors des enquêtes, il y a eu un développement rapide de la pêcherie de poulpe à partir
des années 1980. Celle-ci est devenue très attractive au point de supplanter la pêcherie de
langouste verte. Ceci aurait provoqué la fin de la pêcherie exclusive de la langouste et encouragé
l’orientation progressivement vers un métier mixte incluant désormais l’exploitation des
mollusques avec une priorité accordée au poulpe (Octopus vulgaris) puis accessoirement au

38
calamar (Loligo vulgaris), à la seiche (Sepia officinalis), à la volute (Cymbium sp) et aux murex
(Muricidae).

IV.4. Distribution spatiale des débarquements

En ce qui concerne la distribution spatiale des débarquements, les résultats obtenus montrent
que la Petite côte reste la première zone de pêche de langouste verte au Sénégal. Ces résultats
sont en phase avec ceux des travaux de Postel (1967) qui soulignait que les débarquements de
cette zone représentaient environ les ¾ de la production sénégalaise. Cet état de fait résulterait
de la distribution spatiale de l’espèce. En effet, selon Postel (1967), les plus fortes zones de
concentrations du stock de langouste le long des côtes sénégalaises se situent sur la Petite côte.
Il est probable que les pêcheurs sénégalais, forts des connaissances plus ou moins précises
acquises par le biais de la pratique du métier, soient très tôt avisés de la distribution spatiale et
des zones d’abondance de l’espèce. Cela a également pu entrainer des migrations importantes
d’autres communautés de pêcheurs vers les centres de pêche de la Petite côte. Cependant, au
cours des dernières années, la proportion des débarquements de la Petite côte par rapport à la
production globale du pays a relativement baissé. Cela pourrait se justifier par cette
concentration importante d’acteurs et un accroissement de la pression de pêche exercée sur les
stocks de la Petite côte.

IV.5. Relations morphométriques

• Structure des tailles

La proportion élevée (64%) d’individus dont la LT est inférieure à la taille minimale autorisée
(20 cm) par le code de la pêche sénégalais est probablement due à l’utilisation par les pêcheurs
de mailles de filet inférieures au seuil autorisé. L’étude de la structure en tailles (LC) a montré
une prépondérance des mâles dans les classes de taille ≤ 65 mm. Au-delà de cette taille, le
rapport tourne en faveur des femelles même si au-delà d’une LC de 155 mm aucune femelle
n’a été capturée. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Marchal & Barro (1964) qui
ont trouvé une prépondérance des mâles jusqu’à une LT de 17 cm et n’ont observé aucune
femelle de LT supérieure à 30 cm qui correspond à une LC d’environ de 100 à 115 mm.
La taille moyenne (LC) des femelles globalement supérieure à celle des mâles serait plus liée à
une prépondérance des mâles de petite taille dans l’échantillon qu’à une meilleure croissance
de celles-ci. En effet, 74 % des mâles ont une LT inférieure ou égale à 20 cm contre 55 % pour
les femelles. De plus, en comparant les coefficients de condition des équations des droites de

39
régression de la relation taille-masse, les mâles semblent avoir un potentiel de croissance plus
élevé que les femelles comme le suggèrent Marchal & Barro (1964) et Dia et al. (2015).
Ces résultats pourraient signifier que les mâles de petite taille seraient plus vulnérables aux
techniques de pêche. Il se pourrait également qu’ils reflètent la sex-ratio de l’espèce en milieu
naturel qui à un certain âge serait à la faveur des mâles.

• Mâles plus lourds pour une même LT

Les mâles semblent plus lourds que les femelles pour une même LT. Ce résultat est similaire
au constat fait par Marchal & Barro (1964) sur le stock de langouste en Côte d’Ivoire et par Da
Franca et al. (1962 in Postel 1967) au Cap Vert. L’une des raisons évoquées est que les mues
sont plus espacées chez les femelles à cause de la présence des œufs qui les empêchent de muer
sur de longues périodes, ce qui pourrait entrainer un retard de croissance par rapport aux mâles.
L’autre raison est que pour une même LT, les mâles ont un céphalothorax plus grand.

• Femelles plus lourdes pour une même LC

Les femelles semblent plus lourdes que les mâles pour une même LC. Cela pourrait être dû à
une adaptation morphologique dictée par la phase de reproduction (incubation des œufs) avec
un allongement et un élargissement de l’abdomen par rapport aux mâles, ce qui entraine aussi
un gain de masse. Ce cas de figure a été observé par Jayakody (1989) sur l’espèce Panulirus
homarus chez qui la croissance plus rapide de l’abdomen des femelles est associée à
l’acquisition de la maturité sexuelle. Le fait que les femelles ont un corps relativement plus
allongé et plus large que les mâles concorde avec les observations de Berry (1973) sur l’espèce
Palinurus delagoae. Cette différence de croissance apparait environ à partir de 50 mm de la
LC.
D’un point de vue morphologique, les mâles pourraient être considérés comme ayant le meilleur
taux de croissance, si la LT est prise comme référence. Cependant, d’un point de vue
économique, la morphologie des femelles est plus intéressante parce que la masse comestible
est plus importante que chez les mâles du fait d’une meilleure croissance du pléon.

• Pattes plus longues chez les mâles

Le changement de la vitesse de croissance des péréiopodes est plus remarquable au niveau de


la seconde et troisième paires de péréiopodes. Ce changement est généralement observé entre
55 et 60 mm et est interprété comme une évolution vers la maturité sexuelle chez les mâles

40
(George & Morgan, 1979). La finalité de ces changements morphologiques entre le stade
juvénile et le stade de maturité sexuelle est d’acquérir l’aptitude à l’accouplement et au transfert
des spermatophores à la femelle. Chez celle-ci, il correspond à l’agrandissement de la surface
de contact pour l’incubation des œufs (Jayakody, 1989).

IV.6. Reproduction et fécondité


IV.6.1. Taille de première maturité sexuelle

Les résultats issus de l’approche maturité morphologique indiquent que les mâles et les femelles
atteignent la taille de première maturité sexuelle à des tailles comparables (67,51 mm chez les
mâles et 67,95 mm chez les femelles). Cela pourrait signifier que les changements
morphologiques liés à la reproduction interviennent à la même période du cycle de vie des
langoustes. Toutefois, sur l’ensemble des études portant sur l’espèce Panulirus regius
auxquelles nous avons accès, aucune ne traite de la maturité sexuelle chez les mâles.
La LC50 estimée chez les femelles est de 94,50 mm. Cet indice est le plus couramment utilisé
pour étudier la maturité fonctionnelle. La différence entre la LC50 (maturité fonctionnelle) et la
taille de première maturité sexuelle (maturité morphologique) est de 27 mm en faveur de la
LC50. Ces résultats concordent avec ceux des travaux de Kizhakudan & Patel (2010) qui ont
trouvé également une taille de maturité fonctionnelle (LC50) plus élevée que la taille de maturité
morphologique (allométrie corporelle). Cette différence peut s’expliquer par la méthode utilisée
pour déterminer la taille de première maturité sexuelle. Dans cette étude, la taille de première
maturité sexuelle est déterminée à partir des indices de maturité morphologique (allométrie) et
fonctionnelle (LC50). Avec l’utilisation de cette dernière, l’existence d’une phase de latence
entre la taille de maturité morphologique et la taille de première ponte pourrait expliquer cette
différence comme le suggèrent Evans et al. (1997). En effet, pendant cette phase de latence, des
mues seraient susceptibles d’entrainer un gain de croissance significatif, ce qui conduirait à
trouver une taille de maturité fonctionnelle plus relevée que celle morphologique.
En outre, l’irrégularité de la reproduction chez les femelles de taille relativement petite évoquée
par McDiarmid & Sainte-Marie (2006) et Perez Gonzalez et al. (2009) peut également
contribuer à expliquer cette différence entre la LC50 et la maturité morphologique. En effet, ce
phénomène aurait pour incidence une surestimation de la LC50 qui serait fortement relevée par
la proportion des femelles de grande taille.
Chez les langoustes mâles, la maturité morphologique est souvent assimilée à la maturité
fonctionnelle car l’allongement de la 2ieme et de la 3ieme paires de péréiopodes traduisent

41
également son aptitude à copuler. En revanche, pour les femelles, le meilleur indice semble être
la taille à laquelle 50 % des individus atteignent la maturité sexuelle durant la période de
reproduction. Cet indice semble plus pertinent parce qu’il pourrait permettre la prise de mesures
de gestion du stock en vue de préserver une biomasse reproductrice suffisante pour pérenniser
le stock.

Marchal & Barro (1964) ont trouvé une L50 de 20 cm de LT et Freitas et al. (2007) 87,9 mm
LC (25 cm en LT). Ces deux tailles sont inférieures à celle estimée dans cette étude. Les
différences des tailles de première maturité sexuelle constatées selon les zones géographiques
peuvent être dues à plusieurs facteurs. D’une part, la différence du taux de croissance résultant
de l’effet de la température et de la disponibilité des éléments nutritifs selon les zones
géographiques sont suggérés par Robertson & Butler (2003) et Freitas et al. (2007). Cependant,
d’après Freitas et al. (2007), il y aurait un faible gradient latitudinal de la température, de la
Mauritanie à l’Angola, qui par conséquent aurait une faible influence sur la L50. D’autre part,
l’intensité du régime d’exploitation appliqué et la prédation naturelle inciteraient une adaptation
de la population de langouste vers une maturité sexuelle précoce qui se traduirait par une baisse
de taille de première maturité sexuelle (Hogarth & Barratt, 1996). Ce phénomène pourrait
expliquer l’écart relativement important sur la L50 entre les résultats de cette étude et ceux de
Freitas et al. (2007). Toutefois, il reste à établir si la pression de pêche subie par le stock cap-
verdien est supérieure à celle exercée sur le stock sénégalais.

La taille de la plus petite femelle ovigère trouvée dans cette étude est de 21 cm de LT. Cette
taille est comparable à celles trouvées en Mauritanie (Maigret, 1978 in Diop & Kojemiakine
1991 ; Diop & Kojemiakine, 1991 ; Dia et al., 2015) et au Sénégal par Clotilde Ba et al. (1997).
En revanche, elle est plus élevée que celles trouvées par Marchal & Barro (1964) avec 16 cm
en côte d’Ivoire, Crosnier (1971) avec 15 cm au Congo, Freitas et al. (2007) avec 6,19 cm (LC)
soit environ 18 cm de LT au Cap-Vert.

IV.6.2. Période de reproduction

La proportion des individus matures observée pendant la période d’échantillonnage est


relativement faible. La tendance à l’augmentation progressive du pourcentage des individus
femelles en reproduction et le réchauffement marin laissent penser que la reproduction des
stocks de langouste du Sénégal est sous forte influence de la température des eaux de surface
(Fall, 2009). En effet, le pic de reproduction correspondrait à la période de transition entre la
saison des eaux froides et celle des eaux chaudes pendant laquelle les températures de surface

42
enregistrées sont de l’ordre de 20 oC en avril et de 30 oC en septembre. Durant cette période, il
est noté chez la langouste verte un comportement reproducteur où les individus de grande taille
notamment les femelles ont tendance à migrer vers les eaux relativement plus profondes pour
mieux s’abriter durant la phase d’incubation des œufs (Kizhakudan & Patel, 2010 ; Pere et al.
2011; Ikhwanuddin et al., 2014). Ce phénomène de migration en eau profonde pourrait réduire
de façon significative la capturabilité au filet de la biomasse féconde et favoriser davantage la
capture de juvéniles. Ainsi, la taille moyenne des langoustes débarquées est relativement faible
durant la période pluvieuse qui au Sénégal correspond à une bonne partie de la période de
reproduction de l’espèce estimée entre avril et août (Clotilde Ba et al., 1997). Cette période de
reproduction débuterait sur les côtes sénégalaises en février ou mars (Diop & Kojemiakine,
1991). Les observations faites par Freitas et al. (2007) sur les stocks de Panulirus regius du
Cap-Vert situent le pic de la reproduction entre juin et septembre.
Le suivi de l’activité de reproduction, dans cette étude, n’a pas fait l’objet d’un cycle annuel.
Les résultats obtenus sont donc insuffisants pour caractériser la période de reproduction de la
langouste verte sur les côtes sénégalaises. Toutefois, au vu des résultats préliminaires des
données de notre échantillonnage, la période de reproduction de la langouste verte pourrait
s’étaler jusqu’en septembre car 10 % des femelles ovigères ont été répertoriées pendant ce mois
et se trouvent toutes au premier stade de ponte (stade 3).

IV.6.3. Fécondité

Les résultats sur la fécondité individuelle sont comparables à ceux de Freitas et al. (2007). Ces
auteurs ont estimé à 440 000 le nombre d’œufs moyen chez les individus de LC entre 90 et 95
mm, 509 000 œufs chez ceux de LC entre 95 et 100 mm et 667 000 œufs chez les femelles de
LC entre 105 et 110 mm prélevés dans les eaux cap-verdiennes. Les études sur la fécondité de
la langouste menées sur les côtes mauritaniennes par Dia et al. (2015) ont permis de dénombrer
346 000 et 266 000 œufs chez des femelles de 94 mm de LC aux stades de maturité sexuelle 3
et 4, respectivement. Ce qui semble indiquer une fécondité moins importante que celle notée
dans cette étude qui de 388 594 ± 182 755 œufs. En revanche, la fécondité reportée par Marchal
& Barro (1964) pour les stocks de la Côte d’Ivoire est de 416 000 œufs chez les femelles de LC
de 81 mm. Cette valeur de fécondité semble à ce jour la plus élevée des observations faites dans
la zone géographique allant de la Mauritanie à l’Angola. Cependant, il est important de
souligner que cette fécondité notée par Marchal & Barro (1964) pourrait être biaisée du fait que
l’estimation est basée sur une (01) femelle ovigère contre cinq (05) dans cette étude, 26 et 65,
respectivement, pour Dia et al. (2015) et Freitas et al. (2007). Le nombre d’individus

43
relativement restreint utilisé dans cette étude pour estimer la fécondité n’a pas permis de faire
une analyse de covariance entre la morphométrie, les différents indices comme la MOS, MRO,
FA, FR et le cycle de maturation des œufs.
La masse des individus semble être positivement corrélée à la FA et à la MRO, ce qui signifie
que les femelles de grande taille ont une fécondité plus élevée et des œufs plus gros. Cet
avantage peut être dû à la capacité de portée plus importante et une plus grande surface de
fixation des œufs chez les femelles de grande taille par rapport celles de taille plus petite dont
l’abdomen est proportionnellement plus petit.
En revanche, les stades de maturation des œufs semblent être négativement corrélés à la FA. Il
semble que la quantité d’œufs diminue à mesure que l’éclosion se rapproche. Cette tendance
est la même que celle observée par Dia et al. (2015) qui expliquent ce phénomène par
l’éventualité d’une perte d’œufs au cours du cycle d’incubation.
La moyenne de l’indice de masse relative des œufs trouvée dans cette étude est de 3,76 ± 0,77
pour des LC entre 90 et 100 mm. Elle est supérieure à celle notée par Freitas et al. (2007) qui
est de 2,71 ± 0,19 pour des LC comprises entre 80 et 100 mm. Toutefois, le nombre faible
d’individus utilisé pour l’étude de la fécondité ne saurait permettre de tirer des conclusions
définitives sur ce point.

44
IV. Conclusion et recommandations
La langouste verte, Panulirus regius (De Brito Capello, 1864), est une des ressources
halieutiques importantes au Sénégal, d’un point de vue socioéconomique. C’est une espèce
marine dont la distribution est observée le long des côtes sénégalaises. Les paramètres physico-
chimiques mesurés en mer révèlent un réchauffement progressif des eaux de surface corrélé à
une hausse du pH entre avril et septembre.
La pêcherie artisanale sénégalaise de langouste verte était pratiquée avant le début de la
première guerre mondiale et a atteint son essor dans les années 1960 avec le déclin de la
pêcherie industrielle européenne de langouste et grâce aux exportations à destination du marché
européen. L’essentiel de l’activité était concentrée sur la Petite côte. Mais vraisemblablement
victime d’une surpêche et de mauvaises pratiques de pêche sur une longue durée, la ressource
se trouve probablement à un niveau d’abondance critique. En effet, les débarquements annuels
sont passés d’environ 20 tonnes avant la première guerre mondiale à plus de 100 tonnes à partir
des années 1960 pour décliner à environ 35 tonnes à la fin des années 2010. Cette situation
justifie l’intérêt de recherches supplémentaires portant notamment sur la dynamique du stock
de langouste verte sur les côtes sénégalaises.
L’étude biométrique faite à partir de l’échantillonnage réalisé entre avril et septembre 2017 sur
les débarquements effectués à Mbour montre une distribution des tailles constituées à 64%
d’individus de langouste verte ayant une taille inférieure à la taille légale autorisée par la
législation des pêches au Sénégal. Chez cette espèce, il existe un dimorphisme sexuel visible à
partir d’une longueur céphalothoracique (LC) de 50 mm et qui traduit un certain nombre
d’adaptations morphologiques en vue de la reproduction. La maturité sexuelle au sens
physiologique n’est pas étudiée ici mais elle semble précéder la maturité au sens
morphologique. Selon l’approche morphologique, la taille de première maturité sexuelle chez
les mâles (67,51 mm de LC) et les femelles (67,95 mm de LC) sont très proches. L’approche
fonctionnelle basée sur l’observation d’un certain nombre d’indicateurs de la reproduction chez
les femelles a permis de trouver une taille de première maturité sexuelle significativement plus
élevée par rapport à l’approche morphologique (71,64 mm de LC pour la plus petite femelle
ovigère et 94,50 mm pour la LC50). Ces tailles sont supérieures à celles reportées par des études
réalisées sur l’espèce au niveau des côtes mauritaniennes et cap-verdiennes. La période de
reproduction est sensiblement la même dans cette aire géographique, avec probablement de
légères différences de pics saisonniers de reproduction. A ce stade des connaissances sur
l’espèce, la durée du cycle de reproduction, de l’accouplement à l’éclosion des œufs, n’est pas

45
connue. Toutefois, il est clair que l’incubation passe par au moins trois (3) stades identifiables
par la couleur des œufs (orange clair, orange foncé et brun).
Au vu des résultats obtenus sur l’étude de la taille de première maturité sexuelle (LC50 = 27 cm
de LT) chez les femelles, il serait souhaitable de relever la taille minimale légale à l’exploitation
de cette espèce qui est actuellement au Sénégal de 20 cm de LT afin de préserver une biomasse
reproductrice suffisante pour assurer l’équilibre durable des stocks exploités. L’étude de la
filière langouste au Sénégal a permis de remarquer que les exportateurs et les restaurants locaux
constituent le maillon régulateur de la chaine car ce sont eux qui déterminent, en situation réelle,
le calibre commercialisable et même le prix de vente au kg. La proportion de 64% notée dans
les débarquements des individus de taille inférieure à la taille minimale légale exploitable fixée
par le code de la pêche maritime du Sénégal traduit soit une méconnaissance de la loi (manque
de sensibilisation) soit une non application de celle-ci qui fait que les acteurs de cette filière
savent qu’ils encourent peu de risque d’être épinglé par la loi. Toujours dans le cadre de la
protection de la biomasse reproductrice, étant donnée les insuffisances notées dans le principe
de relâcher les femelles ovigères par les pêcheurs conformément au code de la pêche maritime,
un repos biologique pourrait être instaurée avec la suspension de la pêche de langouste verte
durant la période correspondant au pic de reproduction entre mai et juin.
Les limites de la présente étude concernent, la période couverte par l’échantillonnage qui est de
six (6) mois alors qu’une couverture annuelle aurait permis de tirer des conclusions plus
probantes sur certains aspects comme la taille de première maturité sexuelle, la période de
reproduction et les structures en tailles de la population reproductrice. La restriction de l’étude
au littoral de la Petite côte et de la période d’échantillonnage entre avril et septembre, bien que
justifiées par les résultats des études antérieures, peuvent être considérées comme une limite
méthodologique. Afin d’améliorer les connaissances à propos de la pêcherie et de la biologie
reproductrice de la langouste verte, sur les côtes du Sénégal, une étude basée sur un suivi annuel
avec l’élargissement de la zone d’étude aux portions nord et sud du littoral sénégalais est
nécessaire. Afin de donner un second souffle à la filière langouste sénégalaise et de réduire la
pression de pêche exercée sur les stocks sauvages, les résultats acquis sur l’étude de l’écologie
et de la biologie de l’espèce pourraient servir de base à des recherches sur la domestication et
l’élevage de la langouste verte.

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Rossignol M. (1973). Contribution à l'étude du complexe guinéen. ORSTOM: 143 pages
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Shingleton A. (2010). Allometry: the study of biological scaling. Nature Education Knowledge 3 (10) : 2,
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(consulté le 02/02/2018).

49
Annexes
Annexe 1: Préparation d’une sortie en mer pour le relevé des paramètres physico-chimiques à
Ngaparou

a
Annexe 2 : Matériel et outils utilisés : Conductimètre multifonction ; pHmètre

b
Annexe 3 : Spécimen de la langouste verte, Panulirus reigus, débarqué à Somone, Sénégal

c
Annexe 4 : Formulaire d’enquête sur la langouste verte Panulirus regius De Brito Capello,
1864

І. Introduction
• Présentation sommaire de l’étude et des objectifs visés
• Valeur accordée à l’interview

ІІ. Interview
Prénom :…………………...…….Nom:……….………. Adresse :………….…………….…
……………….…………....…... Tél :……………...……………….…..…

1 – Depuis combien d’années êtes-vous pêcheur ?

2 – Avez-vous d’autres activités à part la pêche ? Oui Non

3 – Faites-vous de la pêche de langouste? Oui Non

4 – Quelle est le nom local de la langouste verte ?

5 – Quelle est sa particularité ?

6 – Connaissez-vous une autre espèce de langouste ? Oui Non

7 – Si oui quelle(s) différence(s) pouvez-vous noter ?

8 – Quelle est votre zone de pêche de langouste ?

9 – A quelle distance de la côte prospectez-vous ?

10 – Quelle est la profondeur équivalente ?

11 – Quelle(s) technique(s) de pêche utilisez-vous pour la langouste ?

12 – Quelle est la durée d’une sortie de pêche ?

13 – Combien de membres d’équipage y a-t-il par sortie ?

14 – Combien d’engins sont déployés lors d’une sortie ?

15 – Combien de sorties effectuez-vous par semaine ?

16 – Combien de semaines dans le mois ?

17 – Combien de mois dans l’année ?

18 – De l’ordre de combien a varié l’indice d’abondance en fonction du temps? (CPUE)

- Avant 1990 ……………………………….…………………………………………....


- de 1990 à 2000 ………………………………..………………………………….……..
- depuis 2000 à 2010………………………………………………..…………………….
19 – A quels mois de l’année les captures sont les plus abondantes ?

d
20- Selon vous, à quoi serait due la variation de l’indice d’abondance ? (réglementation,
rentabilité, abondance)

21 – Qu’est ce qui a motivé le changement de métier si tel est le cas ?

22 – Y a t-il eu changement de technique et ou d’engin de pêche ? Oui Non

Si Oui pour quelle(s) raison(s) ?

FIN

e
Annexe 5 : Matériel et outils utilisés : pied à coulisse ; ruban gradué ; balance électronique

f
Annexe 6 : Illustration des mensurations biométriques réalisées

LC : Longueur Totale

LC
LC : Longueur
WC
Céphalothoracique

LT WC : Largeur
Céphalothoracique

LM2 : Longueur du
second méropodite

LM2
LM3
LM3 : Longueur du
troisième méropodite
WS2

WS2 : Largeur du second


segment abdominal

g
Annexe 7 : Les différents stades de reproduction chez la femelle de l’espèce Panulirus regius
De Brito Capello 1864, par ordre chronologique

h
Annexe 8 : Données biométriques issues de l’échantillonnage des débarquements des pêches
Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Total Fréq
LC (mm)
M F M F M F M F M F M F M F M F
40-44 1 1 2 3 3 4 0,84 0,98
45-49 4 4 4 5 4 3 1 15 10 4,19 2,44
50-54 6 7 8 5 5 4 8 5 5 1 32 22 8,94 5,38
55-59 1 10 6 20 12 19 12 17 16 12 12 78 59 21,79 14,43
60-64 5 8 15 9 16 12 22 8 12 12 70 49 19,55 11,98
65-69 2 7 8 9 19 13 34 9 12 13 7 51 82 14,25 20,05
70-74 1 1 6 11 7 10 7 13 9 16 4 7 34 58 9,50 14,18
75-79 2 3 9 11 3 2 3 4 6 4 6 2 29 26 8,10 6,36
80-84 1 2 2 15 11 3 4 3 2 2 9 36 2,51 8,80
85-89 1 1 7 4 1 5 5 2 1 1 15 13 4,19 3,18
90-94 1 9 1 5 1 1 3 3 18 0,84 4,40
95-99 1 2 4 4 1 1 4 9 1,12 2,20
100-104 1 1 4 1 1 4 1 1 6 8 1,68 1,96
105-109 1 1 1 3 1 2 5 0,56 1,22
110-114 1 1 1 1 0,28 0,24
115-119 1 0 1 0,00 0,24
120-124 1 1 1 1 3 1 0,84 0,24
125-129 1 1 0 2 0,00 0,49
130-134 1 0 1 0,00 0,24
135-139 1 0 1 0,00 0,24
140-144 1 0 1 0,00 0,24
145-149 1 1 1 2 1 0,56 0,24
150-154 1 0 1 0,00 0,24
>155 1 1 0 0,28 0,00
Total 8 12 62 94 73 97 80 87 83 73 52 46 358 409 100 100
Freq 2,23 2,93 17,32 22,98 20,39 23,72 22,35 21,27 23,18 17,85 14,53 11,25 100 100

i
Annexe 9 : Distribution mensuelle des femelles en phase de reproduction en fonction du stade
de maturité

Stades de reproduction
Total des femelles en phase Total des
Mois 1 2 3 4 5 6
de reproduction femelles
Avril 11 1 1 12
Mai 82 8 3 1 12 94
Juin 82 3 4 1 7 15 97
Juillet 82 1 2 1 1 5 87
Aout 65 1 2 3 2 8 73
Septembre 43 3 3 46
Total 365 13 15 6 9 1 44 409

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