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Résumé
avancement de la côte par endroits depuis une dizaine d’année. L’analyse des images
spatiales, en particulier des images radar, seules disponibles dans cette zone, aide à mieux
suivre cette dynamique. Pour des zones littorales de très grande taille, ayant des centaines de
constitue la deuxième motivation de cette étude. La méthodologie présentée dans cette étude
consiste à évaluer la longueur de la ligne de rivage sur une série d’images réduites par la
morphologie mathématique. Les résultats obtenus sur les images réduites sont ensuite
extrapolés pour permettre d’obtenir la longueur de la ligne de rivage sur l’image originale. La
méthodologie présentée permet d’obtenir une bonne indication des longueurs de rivage à
partir d’images satellitaires de grande taille, et elle est notamment utile au suivi de la
1)Introduction
À cause de leur aptitude à acquérir des images en tout temps, les capteurs radar sont de plus
en plus utilisés pour des régions équatoriales. En effet, la couverture nuageuse quasi
permanente planant au-dessus de ces régions, rend l'acquisition d'informations difficile avec
les capteurs du visible et du proche infrarouge tels que ceux de LANDSAT ou de SPOT.
Depuis 1992, plusieurs travaux sont menés avec des images radar sur le Cameroun en vue
d’étudier l'écosystème de la zone littorale (Rudant et al., 1997 ; Tonye et al., 1994 ; Tonye et
al., 2000). L’extraction de la ligne de rivage sur la côte atlantique camerounaise est l’objet de
cette étude. Nous entendons par ligne de rivage la ligne de contact entre l’hydrosphère, la
des étendues marines et estuariennes ainsi que des étendues émergées. Cette ligne, encore
appelée ligne de rivage instantanée, est une zone frontière, un lieu d’échanges, mobile, fragile,
d’actualiser l’information fournie par des cartes géographiques, généralement anciennes. L’un
des buts visés est la mise en œuvre d’une méthodologie permettant d’obtenir des frontières
de rivage instantanée peut être faite à partir des données optiques ou radar et des études ont
déjà été menées dans ce sens (Robin, 1990; Descombes et al., 1996). Dans le cas des données
optiques, on procède le plus souvent par la méthode de l’histogramme. Celui-ci est bimodal
dans les régions littorales, présentant un mode pour les eaux et un autre, en général plus
complexe, pour les terres. Entre les deux populations de pixels correspondant à ces deux
modes, la ligne de rivage instantanée est située au sein d’une population intermédiaire de
pixels à cheval sur cette ligne. Une seconde méthode consiste à rechercher les forts gradients
4
qui existent entre la réponse spectrale dans l’infrarouge proche des surfaces d’eau, d’une part,
et des surfaces terrestres, d’autre part (Verger, 1996). Descombes et al. (1996) ont proposé
une méthode d’extraction de la ligne de rivage par segmentation markovienne des images
RSO. La méthode proposée est une approche hiérarchique utilisant deux champs markoviens.
À une faible résolution, un premier champ markovien, défini par une topologie à trous, réduit
initiale est projetée sur l’image à pleine résolution et une seconde classification est effectuée
par un modèle d’Ising (Descombes et al., 1996). Dans cette étude, la morphologie
mathématique et la détection des contours sont utilisées pour l’extraction de la ligne de rivage
sur une image RSO de la côte atlantique camerounaise. L’image originale étant de très grande
taille (32 726 400 octets), il a été impossible de la traiter dans un délai de temps raisonnable,
avec l’ordinateur disponible (Pentium 500 Mhz, 64 Mo de mémoire vive, 8 Go de disque dur).
Au fait, le traitement de cette image aurait nécessité plusieurs heures sur cette machine. Nous
avons donc fait recours à la multirésolution hiérarchique en traitant une série d’images
réduites, extraites de l’image originale. Les résultats obtenus sur les images réduites ont
ensuite été extrapolés, ce qui a permis d’obtenir une estimation de la longueur de la ligne de
Les résultats donnés par une carte géographique montrent que la méthode présentée donne
une bonne indication pour la détermination de la longueur d’une ligne de rivage sur une image
RSO de grande taille. Nous présentons donc successivement : les caractéristiques de l’image
utilisée, le site d’étude, la méthodologie utilisée, les résultats obtenus, un commentaire sur ces
L’image utilisée dans cette étude est une image radar à synthèse d’ouverture du satellite ERS-
sur la côte atlantique camerounaise, en 1994. La résolution spatiale initiale de cette image est
de 25 m x 25 m, mais les images traitées dans cette étude ont subi des réductions pyramidales
3) Le site d’étude
Le site d’étude est la côte atlantique camerounaise, s’étendant entre les longitudes 9°11’ Est –
10°7’ Est, et les latitudes 2°16’ Nord – 4°4’ Nord (Figure 1). Cette région, débouchant sur
l’océan atlantique, est caractérisée par un couvert forestier dense, et particulièrement par
plusieurs espèces de mangroves. Elle a déjà fait et elle continue à faire l’objet de plusieurs
années. L’image traitée dans cette étude couvre aussi une partie de la Guinée Equatoriale,
4) Méthodologie
La morphologie mathématique est une technique d’analyse de l’image basée sur la notion des
ensembles. Il va s’agir de faire des mesures sur une image, afin d’en faire une quantification.
Pour cela, il faudrait construire l’ensemble dans lequel portera la mesure. Cette construction
s’effectue par des transformations successives qui, partant de l’image brute, vont peu à peu
s’appliquent aux images binaires, mais elles peuvent aussi être appliquées aux images en
chacun servant à atteindre un but précis. Dans le cadre de cette étude, la fermeture a été
utilisée pour la production d’un masque binaire servant à distinguer l’eau de la terre sur
l’image radar traitée. La squelettisation a aussi été utilisée pour l’affinement des lignes de
La fermeture est une opération qui ferme les golfes et les petits trous sur une image binaire.
Pour faire une fermeture, on applique d’abord une dilatation et ensuite une érosion (Serra,
1982). La dilatation a pour effet d’augmenter la taille des entités sur l’image. Pour cela, on
structurant donne le contour de l’entité agrandie. L’érosion consiste à réduire les entités. Pour
cela, on fait promener un élément structurant sur le pourtour des entités. Comme pour la
plusieurs fois sur une même image. On parle alors d’érosion d’ordre n, de dilatation d’ordre n,
8
ou de fermeture d’ordre n. Les algorithmes de ces opérateurs sont décrits en détail dans
(Toumazet, 1990).
Le but visé étant l’obtention du nombre de pixels appartenant aux frontières, il a été
nécessaire de réduire les dimensions des contours de manière à obtenir des contours
d’épaisseur égale à 1 pixel. Cela a été rendu possible par la squelettisation (Serra, 1982). Cette
l’obtention d’une structure stable ne pouvant plus être amincie. Ceci peut être réalisé en
balayant l’image avec une série de huit masques obtenus à partir d’un masque B1 par rotation
0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 0
B1 = 0 1 0 B 2 = 1 1 0 B3 = 1 1 0 B 4 = 1 1 0 (1a)
1 1 1 1 1 0 1 0 0 0 0 0
1 1 1 0 1 1 0 0 1 0 0 0
B5 = 0 1 0 B6 = 0 1 1 B 7 = 0 1 1 B8 = 0 1 1 (1b)
0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 1
Les techniques d’extraction des contours sont nombreuses. Nous nous sommes intéressés aux
opérateurs de type gradient utilisant une paire de masques de convolution qui mesurent
une forte valeur du module du gradient. Les masques utilisés sont ceux de Sobel (Collorec,
1995) (équation 2) :
− 1 0 1 − 1 − 2 − 1
Wx = − 2 0 2 et Wy = 0 0 0 (2)
− 1 0 1 1 2 1
Des détails sur les techniques de détection de contours peuvent être trouvés dans (Collorec,
Une fois que l’image est squelettisée, les contours apparaissent nettement et on peut procéder
au calcul de la longueur d’une frontière particulière. Pour cela, on isole la frontière ciblée de
manière à obtenir une image binaire ayant deux classes distinctes : la classe des pixels
la frontière. Des longueurs minimale et maximale sont ensuite évaluées en considérant les
positions extrêmes possibles d’un point de l’image sur une cellule de résolution, selon le
L’ensemble des images aux différentes résolutions a l’aspect d’une pyramide (Figure 3), d’où
traitement d’images du fait que l’image réduite occupe moins d’espace en mémoire, ce qui
permet d’accélérer les traitements. Une pyramide est une "pile" d’images dont l’image de
base est l’image de pleine résolution (image originale). Les images d’une pyramide sont
couramment désignés par IN ou "image de niveau N". I0 est l’image de la base, et l’image d’un
niveau N a des dimensions moitié en largeur et en hauteur par rapport aux dimensions de
l’image du niveau précédent (N-1). Des détails sur l’approche pyramidale peuvent être
trouvés dans (Jolion and Rosenfeld, 1994). Présentons maintenant la mise en œuvre de la
multirésolution hiérarchique.
Soit une image I de taille 2N x 2N. Nous voulons sous-échantillonner cette image par un
processus de lissage afin d’ôter les hautes fréquences (bruit). Ceci est effectué par une
M M
G [ I ]( i, j) = ∑ ∑ w ( m, n ) ⋅ I (2i + m − z,2 j + n − z ) (3)
m=1 n = 1
Dans l’expression (14), M représente la largeur du masque de convolution, z est une constante
( z = ( M + 1) / 2 ), et (i , j) ∈[ 0,2 N− 1 − 1] × [ 0,2 N −1 − 1] .
Gaussien introduit par Burt (1981), quoique la fonction de pondération n’ait pas
13
nécessairement une allure Gaussienne. Un masque non symétrique aurait pu être utilisé, mais
pour la simplicité nous supposons un masque symétrique. Il est à remarquer que le nombre de
pixels a été réduit de moitié à chaque dimension, résultant en une nouvelle image G[I] quatre
fois plus petite que l’image originale I. Des applications successives du même processus de
{I , I ,⋅⋅ ⋅, I },
0 1 N I 0 = I, [ ]
I k +1 = G I k (4)
Le masque de convolution peut être pair ou impair. Les propriétés de ces masques ont
largement été étudiées par Burt (1981) et Meer et al. (1987). Cette technique a aussi été
largement étudiée par Akono (1994), pour le recalage des images multisource de
télédétection. Le masque utilisé dans le cadre de cette étude est un masque Gaussien dont
B2 AB AB B2
AB A 2 A 2 AB
W=
AB A 2 A 2 AB
2
B AB AB B2
(5)
avec
A = 0.37 et B = 0.13
14
Figure 3. Exemple de pyramide d’images. Ce genre de pyramide est souvent appelé pyramide
quaternaire (Jolion et Rosenfeld, 1994), parce que chaque pixel d’une image de niveau N est
La méthodologie générale de traitement utilisée dans cette étude est présentée sur la figure 4
ci-après.
15
5) Résultats
gauche à droite figurent les images des niveaux 3, 4 et 5 de la pyramide. Les résolutions et les
tailles de ces images sont présentées sur le tableau 1. Les tailles gigantesques des images de
niveaux 0, 1, et 2 n’ont pas permis de les afficher sur cet article. La figure 6 présente
l’interface logicielle réalisée dans le cadre de nos travaux de recherche. Ce logiciel, dénommé
VOIR (Vision par Ordinateur des Images Radar) a été développé dans l’environnement
Delphi de BORLAND.
les masques binaires présentés sur la figure 8. Ces masques montrent une nette séparation
entre la terre et la mer. La figure 9 présente le résultat de la détection des contours par
multirésolution. Les images des contours ainsi obtenues subissent ensuite une opération de
squelettisation pour produire les contours fins apparaissant sur les images de la figure 10. Sur
la figure 11 on présente les mêmes contours fins en excluant les embouchures des fleuves,
afin de pouvoir mesurer la ligne de rivage réelle dont la frontière est le contact entre la terre et
la mer.
rivage par le processus illustré sur la figure 2. Les résultats des calculs apparaissent sur le
tableau 2. Ces résultats montrent la dégradation introduite par la réduction pyramidale. Au fur
14.70%, –17.00%, et –22.00% par rapport au niveau 1, lorsqu’on passe du niveau 1 au niveau
lorsqu’on exclue les longueurs des embouchures des fleuves. La dégradation introduite par la
niveau 0 (base) de la pyramide de multirésolution, pour le cas où les embouchures des fleuves
ne sont pas pris en compte et pour le cas où elles sont prises en compte. Ces résultats ont été
obtenus par le calcul d’une fonction de tendance des longueurs moyennes de la ligne de
rivage, en fonction des aires normalisées des cellules de résolution, pour les niveaux 1, 2, 3, 4
Pour vérifier la validité des résultats obtenus, la longueur de la ligne de rivage étudiée a été
mesurée avec l’encyclopédie cartographique de Microsoft (figure 12), à la fois sans tenir
compte de la longueur des embouchures des fleuves et en tenant compte de cette longueur. On
obtient une longueur de 559 km lorsqu’on ne tient pas compte de la longueur des
embouchures des fleuves et une longueur de 525.50 km lorsqu’on tient compte de cette
longueur. Les longueurs trouvées se situent bien dans les intervalles prévus par la
droite figurent les images des niveaux 3, 4 et 5 de la pyramide. Les résolutions et les tailles de
Figure 6. Interface logicielle réalisée, faisant apparaître le module de détection des contours
de multirésolution.
21
Figure 8. Masques binaires obtenus pour les images des niveaux 3, 4 et 5 de la pyramide de
multirésolution.
Figure 9. Résultat de la détection des contours par masques de Sobel appliqués aux images
Figure 10. Résultat de la squelettisation appliquée aux images des contours des niveaux 3, 4
et 5 de la pyramide de multirésolution.
Figure 11. Résultat de la squelettisation en tenant compte des embouchures des fleuves.
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Figure 12. Carte géographique montrant la longueur de la ligne de rivage étudiée (source :
pixels)
multirésolution.
Tableau 2. Comparaison des longueurs de ligne de rivage trouvées pour les images des
Tableau 3. Comparaison des longueurs de ligne de rivage en tenant compte des embouchures
Terrain
fleuves
fleuves
la pyramide de multirésolution.
26
700
Longueur moyenne de la ligne de rivage (km)
600
500
y = -23,296Ln(x) + 634,68
400
300
200
100
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Aire normalisée de la cellule de résolution pyramidale (m x m)
Figure 13. Représentation graphique des longueurs moyennes de lignes de rivage en fonction
600
Longueur moyenne de la ligne de rivage (km)
500
400
y = -19,455Ln(x) + 528,24
300
200
100
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Aire normalisée de la cellule de résolution pyramidale (m x m)
Figure 14. Représentation graphique des longueurs moyennes de lignes de rivage avec prise
Conclusion
Le but de cette étude consistait à évaluer la longueur d’une ligne de rivage de grande taille à
pour des images RSO de très grande taille, et pour lesquelles les ordinateurs usuels ne sont
pas efficaces, à cause des limites de leurs performances. Il a été possible, grâce à la détection
des contours et à la morphologie mathématique, d’extraire des lignes de rivage sur une zone
méthodologie présentée permet d’obtenir une bonne indication des longueurs de rivage et elle
est alors notamment utile au suivi de la dynamique de l’érosion côtière et de la pollution par
nappes d’hydrocarbures.
hiérarchique lors du traitement d’une image RSO. On a observé que la dégradation des
résultats devient importante quand on s’éloigne de l’image de la base de la pyramide, qui est
en fait l’image originale. La même étude peut être appliquée pour toute autre méthode de
réduction pyramidale utilisée. Nous prévoyons appliquer cette étude sur une image de la
même région, acquise beaucoup plus récemment, dans le but de détecter un éventuel recul ou
Références
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Burt, P.J. (1981). Fast filter transforms for image processing. Computer Graphics and Image
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Meer, P., Baugher, S. and Rosenfeld, A. (1987). Optimal image pyramid generating kernels.
IEEE Transactions on Pattern Analysis and Machine Intelligence, vol. 9, pp. 512 – 522.
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Tonye, E., Akono, A., Tricot, P. et Awono, O. (1994) La didactique de l’image. International
Verger, F. (1996). La télédétection des domaines littoraux. Chap. 9, in Bonn, F. (réd.) Précis
Remerciements
Nous les en remercions. Nous remercions également les professeurs Jean-Paul Rudant de