Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
G 9907
Fabienne ROSENWALD *
Juin 1999
_____________________________________________
* ENSAE - Faisait partie du Département des Etudes Economiques d’Ensemble au moment de la rédaction de ce document.
Département des Etudes Economiques d'Ensemble - Timbre G201 - 15, bd Gabriel Péri - BP 100 - 92244ALAKOFF
M CEDEX -
France - Tél. : 33 (1) 41 17 60 68 - Fax : 33 (1) 41 17 60 45
Ces documents de travail ne reflètent pas la position de l’INSEE et n'engagent que leurs auteurs.
Working papers do not reflect the position of INSEE but only their author's views.
2
Résumé
Abstract
Investment plays a central role for the understanding of business cycles. But the
investment behaviour, although widely studied in the theoretical and empirical
literature, is poorly explained by econometric equations. As a matter of fact the
introduction of financial variables in investment models greatly improves the
explanation power of empirical equations. The theory of informational asymmetries,
by making real and financial corporate decisions dependent, may explain such
phenomena. A strand of literature, known as large credit channel or as financial
accelerator, explains the impact of shocks on corporates’ behaviour by introducing
imperfections in credit markets. In this paper we give a brief survey of this literature
and of its consequences on theoretical and empirical models of investment.
Introduction
Lors du dernier cycle conjoncturel qu'ont connu les pays industrialisés une attention
toute particulière a été portée aux facteurs financiers. Devant la difficulté à expliquer
la majeure partie des fluctuations observées, on s'est penché sur les liens entre la
sphère réelle et la sphère financière. Le rôle des imperfections financières du marché
des capitaux sur la propagation et l'amplification des chocs, en particulier monétaires,
a été particulièrement mis en avant. En effet plusieurs phénomènes sont difficilement
explicables ou interprétables dans un marché financier parfait. Ainsi, le caractère
prédictif de l'écart de taux entre les billets de trésorerie et les bons du Trésor et
surtout le succès empirique limité des modèles d'investissement néoclassique ou
dérivés de la q-théorie semblent difficilement conciliables avec un cadre de marchés
financiers parfaits. Dans les modèles d'investissement néoclassiques ou dérivés de la
q-théorie, le financement interne et le financement externe sont traités de façon
symétrique. Le succès empirique de ces modèles est limité. En particulier un modèle
accélérateur, ou tout modèle où l'on autorise un rôle des fonds internes via la variable
profit ou les variables de fonds propres ou d’endettement 1 , apparaissent plus
adaptés.
Depuis une dizaine d’années s’est développé un regain d’intérêt pour l’étude des
liens entre les décisions d’investissement et les décisions de financement, en
particulier à la suite d’un courant s’intéressant aux canaux de transmission de la
politique monétaire. Ainsi, à côté d'un canal traditionnel, appelé canal monétaire
(liquidité-taux d'intérêt), certains économistes mettent en valeur des frictions sur le
marché des capitaux comme élément fondamental de transmission et de propagation
de chocs monétaires, ou d’autres chocs. Deux approches sont envisagées. Le canal
du crédit au sens large part de la constatation qu'il existe des imperfections
financières sur les marchés des capitaux (dues à des problèmes d'information
imparfaite). Tous les moyens de financement externe des agents sont des substituts
imparfaits au financement interne. La différence de coût entre ces deux sortes de
financement varie inversement avec la richesse nette de l'emprunteur2 . Tout choc qui
affecte cette richesse (choc sur la valeur des garanties, sur les prix futurs du capital,
sur la valeur de l'immobilier par exemple) est alors propagé et amplifié. Le canal
large du crédit est le mécanisme par lequel la politique monétaire, et plus
généralement tout choc, affecte la différence de coût entre le financement externe et
le financement interne. Les effets d'un choc varient donc selon l'exposition des
emprunteurs aux imperfections financières. Les travaux se rattachant à ce courant
étudient les conséquences des imperfections du marché des capitaux sur les moyens
de financement des entreprises, sur leurs décisions d'investissement, d'emploi et de
stockage, sur la nature des intermédiaires financiers et sur la propagation de chocs
monétaires. Le canal strict du crédit distingue les crédits bancaires des autres
moyens de financement. Il est plus particulièrement lié à la nature spéciale des
banques par rapport aux autres intermédiaires financiers. Si les banques ne peuvent
isoler leur activité de prêteur des chocs de la politique monétaire et si certains
emprunteurs ne peuvent substituer à leurs emprunts bancaires d'autres financements,
alors la politique monétaire, en agissant sur l'offre de fonds bancaires proposée à ces
agents, a un rôle, indépendant du mouvement de l'ensemble des taux d'intérêt, sur
leurs décisions de dépenses. Il repose sur une imparfaite substitution entre les prêts
bancaires et les autres actifs financiers des banques et des entreprises. La politique
monétaire agit directement sur les prêts bancaires : après une contraction monétaire
les banques réajustent leur portefeuille en réduisant leur offre de prêts (elles ne
peuvent pas compenser autrement à cause de l'imparfaite substitution). L'activité des
agents fortement dépendants de ce type de financement est alors touchée.
Si le canal strict du crédit centre son analyse sur les prêts bancaires et sur les chocs
monétaires, le canal large du crédit repose plus sur l'amplification des effets due
aux imperfections financières que sur la possibilité de la politique monétaire de
directement réguler les prêts bancaires. Les deux théories sont différentes puisque
dans le cas du canal large du crédit les banques ne sont pas un point central et que
tout choc, même non monétaire, qui affecte la prime de coût entre le financement
externe et le financement interne peut déclencher un mécanisme de propagation. Le
canal strict du crédit nécessite plus d'hypothèses que le canal large du crédit puisqu'il
suppose que les banques sont des agents économiques soumis, eux-aussi, à des
problèmes d'imperfections financières dans leur financement externe. Pour une revue
de la littérature on pourra se reporter à Bernanke et Gertler [1995], Pollin [1996],
Rosenwald [1995].
L'analyse du canal large du crédit est particulièrement attirante parce que, en sus de
ses bases micro-économiques solides, elle permet d'expliquer de nombreux
phénomènes et comportements qu'un canal monétaire via le coût du capital ne peut
interpréter. Le canal du crédit permet de mieux comprendre les évolutions et les
significations des principaux agrégats et variables financières. En particulier il donne
une interprétation du faible impact des taux d'intérêt obligataires sur les décisions
d'investissement des entreprises, observé empiriquement, sans pour autant nier les
effets que peut avoir la politique monétaire sur les décisions de dépenses des agents.
On peut ainsi mettre en relief les conséquences des caractéristiques des marchés
financiers dans l'influence des politiques monétaires et souligner l'importance de la
composition des portefeuilles des banques ainsi que les effets de toutes les
réglementations du secteur bancaire. Ainsi le canal du crédit permet d'expliquer le
fort impact de la politique monétaire sur les dépenses de biens durables. En effet,
alors qu'on n'arrive pas à faire ressortir des estimations économétriques un impact du
taux d'intérêt, le fait d'introduire des variables qui sont des proxies de la prime de
financement externe améliore considérablement le pouvoir prédictif de ces équations.
Finalement le canal du crédit explique le fait qu'il existe des effets différenciés de la
politique monétaire sur les entreprises selon leur taille. Une petite entreprise serait
5
plus touchée qu'une grande entreprise lors d'une restriction monétaire parce qu'elle
n'a guère accès à d'autres moyens de financement que les crédits bancaires.
Graphique 1
r
offre
demande
r
f
(1) l’effet coût du capital qui fait monter la courbe rde à r '
f f
(2) l’effet accélérateur financier qui modifie la pente de la prime de financement
externe puisque cette dernière dépend du taux de refinancement
( Br, ) r ( I F )
f f
(3) toujours l’effet accélérateur financier : une hausse des taux de refinancement
s’accompagne d’une baisse des cash flows de l’entreprise (soit parce qu’on a une
baisse générale de l’activité, soit parce que les frais financiers s’élèvent si l’entreprise
est endettée à court terme...) qui fait baisser le seuil à partir duquel la courbe d’offre
de financement externe s’éloigne de l’horizontale (on peut également envisager que la
hausse du taux de refinancement modifie le risque de l’entreprise et agisse).sur
Graphique 2
r '
f
r
f
I
I(2) I(1) I(2)* I(1)*
Ainsi l’abondante littérature sur le canal du crédit a ravivé l’intérêt déjà ancien (cf.
Malinvaud) pour la prise en compte du comportement de financement et
l’introduction de variables financières ou de profit dans les équations
d’investissement. Les articles appartenant à ce courant ont étendu les modèles
conventionnels de choix d'investissement, de stocks ou d'emploi pour y incorporer
un rôle des contraintes financières, que ce soit du côté théorique ou empirique. Nous
passerons en revue successivement ces deux volets de la prise en compte de
l’impact de contraintes financières sur l’investissement des entreprises.
Dans une première partie, nous exposerons quelques modèles types de la littérature
du canal du crédit qui fourniront les arguments théoriques expliquant pourquoi des
7
Les frictions du marché des capitaux créent une hiérarchie des différents
financements. Le financement externe est plus onéreux que le financement interne. La
différence de coût reflète le coût d'agence lié à des problèmes d'information
asymétrique.
En particulier, l'effet d'une hausse du taux d'intérêt sur les comportements d'un agent
ne passe pas seulement par un effet classique du coût du capital (qui fait augmenter la
productivité marginale exigée) mais aussi par l'impact négatif qu'il a sur la valeur des
collatéraux et de la richesse nette de l'agent, ce qui amplifie ainsi les conséquences
des problèmes d'information et réduit ses possibilités de financement (la productivité
8
marginale exigée est augmentée de ce coût lié aux frictions). Ses capacités d'emprunt
sont alors affectées et son activité en pâtit. Le choc initial est ainsi propagé et
entretenu.
Dans une deuxième partie, nous étudions deux situations concrètes. La première
concerne l’impact d’un choc boursier (baisse brutale du cours des actions) sur les
décisions d’investissement. Nous distinguons les effets prédits dans le cadre standard
de la q-théorie et ceux que l’on pourrait observer dans le cadre du canal large du
crédit. La deuxième situation que nous considérons est celle du financement des
projets innovants. Nous montrons le rôle spécifique joué par les problèmes
d’information, et nous examinons comment ils peuvent être résolus.
Les problèmes d’antisélection ("adverse selection") apparaissent dès lors que les
emprunteurs disposent de plus d'information que le prêteur sur leur type, le risque de
leurs projets .... Les agents font alors face à des financements externes coûteux car
les investisseurs, n'étant pas sûrs de la qualité de l'agent, exigent une prime servant à
compenser les pertes encourues dans le cas où l'agent est un mauvais risque
("lemon"). On aboutit à des phénomènes d'antisélection qui augmentent le coût du
financement externe et même peuvent entraîner des phénomènes de rationnement.
Dans ces deux cas, le niveau de richesse des agents devient une variable clef. En
effet l'utilisation de collatéraux dans les contrats de prêt permet d'atténuer les coûts
de ces problèmes d'information. D'un côté les pertes des prêteurs sont réduites en
3 Dans leur modèle, comme le type de l'emprunteur est inobservable, les prêteurs ne peuvent
différencier les bons des mauvais emprunteurs. Lorsque le taux d'intérêt augmente ce sont les
emprunteurs les plus risqués qui restent, ce qui peut faire chuter le profit des prêteurs. A
l'équilibre il peut arriver que le taux d'intérêt soit trop bas par rapport à la demande, mais
l'augmenter ne laisserait sur le marché que les entreprises les plus risquées.
10
cas de faillite puisqu'ils peuvent récupérer ces collatéraux. D'un autre côté les
problèmes d'aléa moral sont atténués : plus un emprunteur investit de sa propre
richesse dans le financement d'un projet, moins ses intérêts divergent de ceux de son
prêteur, puisqu'il perdra beaucoup en cas de faillite.
Ces modèles de structure financière des entreprises aboutissent au fait que les
moyens de financement externe des agents sont des substituts imparfaits au
financement interne. La différence de coût entre ces deux sortes de financement varie
inversement avec la richesse nette de l'emprunteur. Les modèles liés au courant du
canal du crédit partent de ce point de départ et décrivent alors les choix
d’investissement des entreprises dans ce contexte. Bien qu'ils diffèrent dans les
raisons d'existence des imperfections financières, leurs conclusions sont les mêmes.
Nous allons décrire les modèles les plus caractéristiques de cette littérature avec
deux cadres principaux : le premier repose sur l’existence d’un plafond
d’endettement et le second prend en compte des coûts d’audit de l’entreprise en cas
de défaillance.
Ainsi dans Bernanke, Gertler et Gilchrist [1996] la firme est soumise à une contrainte
pK
d'emprunt B : elle ne peut emprunter plus que la valeur actualisée de ses
r
collatéraux (la banque se protège puisque le remboursement exigé rB est ainsi
inférieur à la valeur de l’entreprise pK que peut récupérer la banque en cas de non
remboursement)4 . Si la contrainte de liquidité n'est pas saturée, l'entreprise
investit jusqu'au point où la productivité marginale est égale au taux d'intérêt
et une augmentation du taux d'intérêt r réduit l'investissement par un effet classique
sur le coût du capital r en augmentant la productivité marginale exigée. Par contre, si
l'entreprise bute sur sa contrainte de liquidité, on aboutit à un écart entre la
productivité marginale de l'investissement et le taux d'intérêt r, cet écart étant
lié au multiplicateur5 associé à la contrainte d’endettement. Une hausse du taux
d'intérêt voit son impact sur le coût du capital amplifié par le fait qu'elle agit aussi sur
4 Whited [1992] et Hubbard, Kashyap et Whited [1995] font l'hypothèse d'une limite exogène
sur le montant maximal de dette B qu'une firme peut émettre : B<B*.Le problème avec une telle
approche est que ce plafond est exogène alors qu’on conçoit qu’il dépend des
caractéristiques de l’entreprise et de l’environnement économique.
5 Le multiplicateur de Lagrange de la contrainte financière correspond à l'augmentation de la
valeur actuelle de l'entreprise si la contrainte sur la dette était relâchée d’une unité.
11
cet écart. Une augmentation du taux d'intérêt pèse sur le poids de la dette et réduit la
valeur actualisée de la richesse qui sert de collatéral. Ceci élève le coût marginal du
financement externe, augmente la productivité de l'investissement désirée et réduit
donc les niveaux d'investissement décidés. C'est le mécanisme d'accélérateur
financier : des fluctuations de la richesse nette des emprunteurs, via le taux d'intérêt
ou via les flux de trésorerie ou via les prix des actifs, se transmettent à l'activité réelle.
Dans les modèles précédents seul l’emprunt parfaitement sécurisé était possible. Un
autre pan de la littérature sur le canal du crédit autorise la possibilité de faillite et les
crédits non sécurisés. Ainsi la possibilité d’un audit par le prêteur des résultats de
l’entreprise permet de suppléer à l’utilisation de collatéraux comme moyen de
discipliner les emprunteurs. Un modèle d'équilibre partiel souvent utilisé pour
modéliser le mécanisme d'accélérateur financier est une approche principal-agent (P-
A) reposant sur des problèmes d'information imparfaite : les prêteurs (P) ne peuvent
acquérir sans coût des informations sur les résultats des projets des emprunteurs (A).
Les imperfections du marché du crédit proviennent ici de l'existence d'un coût d'audit
ou de vérification comme chez Townsend [1979], Gale et Hellwig [1985] ou chez
Williamson [1987]. Ce coût d'audit par le prêteur remplace l'utilisation de collatéraux
comme moyen de contrôler les emprunteurs. L'existence de ce coût d'audit rend le
financement externe plus onéreux que le financement interne puisque l'emprunteur
doit compenser le prêteur pour l'existence de ce coût.
Ainsi Gertler et Gilchrist [1994] construisent un modèle pour expliquer que les
ventes, les stocks et les prêts bancaires des petites entreprises baissent
proportionnellement plus que ceux des grandes lors d’un choc monétaire restrictif.
La firme choisit son niveau d'investissement de manière à égaliser sa productivité
marginale au coût marginal qui est ici la somme de deux termes, le coût marginal d'un
emprunt dans un cadre d'absence d'imperfections financières (le taux sans risque) et
la prime de financement externe qui correspond au coût anticipé pour la banque,
c'est-à-dire à la probabilité marginale de faillite de l'entreprise multipliée par le coût
de l'audit. La prime est endogène et dépend du taux sans risque, du niveau du prêt et
de la taille de l'entreprise. Dans leur modèle la probabilité de faillite diminue avec la
taille, ce qui aboutit à un coût externe de financement pesant plus sur les petites
entreprises. Un choc sur le taux d'intérêt est ainsi amplifié via son impact sur les
composantes de cette prime.
12
Rosenwald [1998] modélise dans un cadre analogue la manière dont s'établissent les
taux sur les emprunts en fonction du taux de refinancement du prêteur et du montant
emprunté. Le mécanisme de transmission déduit du modèle permet d'expliquer que
les agents de l'économie réagissent différemment selon le degré d'imperfections
financières auxquelles ils sont soumis, puisque les primes qu'ils paient sont non
seulement différentes mais aussi affectées différemment par un choc.
1.3 Conclusion
Dans ce cadre, la politique monétaire peut affecter les décisions des entreprises ou
de tout autre agent de l'économie de plusieurs façons. Une politique monétaire
expansionniste a pour conséquence que les prix des actifs s'élèvent (puisque les taux
baissent), ce qui fait augmenter la valeur des actifs financiers et immobiliers détenus
et donc la richesse nette des entreprises. La prime de financement externe se réduit,
entraînant ainsi une hausse de l'investissement. Une politique monétaire
expansionniste agit aussi, si les firmes sont endettées à court-terme ou à taux
variables, en augmentant les flux de trésorerie des entreprises via la baisse des taux
d'intérêt nominaux à court-terme, ce qui diminue les coûts d'agence. On n'a pas
besoin ici, comme dans le cadre du canal monétaire que la politique monétaire agisse
sur le taux réel à long-terme.
En particulier dans le canal du crédit un rôle très important est imparti à la valeur
bilantaire des agents, que ces derniers soient les entreprises ou des banques. Une
détérioration de la valeur de ces bilans augmente le coût de leurs financements
externes et se répercute en s’amplifiant sur leur comportement réel (d’investissement
pour les entreprises et d’offre de prêts pour les banques).
Le niveau de richesse des agents devient une variable clef.
2 - Applications
2.1 Effet d’une baisse des prix des actions sur l’investissement des
entreprises
Théorie du q de Tobin
La théorie du q de Tobin fournit un mécanisme par lequel la variation des cours des
actions affecte le comportement d’investissement des entreprises. On définit q
comme la valeur de marché d’une entreprise rapportée au coût de remplacement du
capital. Lorsque q baisse pour l’ensemble des entreprises, celles-ci ne vont pas
investir car leur valeur de marché est inférieure au coût du capital. Une stratégie qui
consiste à racheter une entreprise existante est moins coûteuse qu’une stratégie qui
consiste à créer de nouvelles entreprises et à investir en capital. Si les entreprises
veulent accroître leur capacité de production, la meilleure stratégie consiste à
racheter une autre entreprise. Une baisse de q, toutes choses égales par ailleurs,
réduit l’investissement et la capacité de production globale de l’économie.
Un choc à la baisse sur le marché boursier réduit les valeurs de marché des
entreprises et par conséquent les valeurs des q de Tobin des entreprises. Ceci se
traduit par une baisse de l’investissement et potentiellement par une vague de rachats
d’entreprises. On peut résumer ce premier mécanisme de passage d’un choc sur les
prix des actifs au comportement d’investissement par
p q I
où I représente l’investissement, p le cours boursier et q le q de Tobin.
6 Il existe bien sûr d’autres canaux de transmission par les flux commerciaux.
16
En dehors de l’impact d’un choc sur le marché boursier sur la valeur des collatéraux
d’un agent économique, un autre mécanisme peut être à l’œuvre dans le cas des
banques. Les mouvements des prix des actions peuvent avoir des effets sur les
comportements d’offre de prêts des banques s’ils interviennent dans les
contraintes de gestion bancaires. Ainsi la ratio du capital aux prêts distribués doit
être supérieur à un seuil minimum. Si le capital est composé en partie d’actifs
financiers alors une baisse des prix des actions diminue sa valeur et doit être
compensé par une baisse de l’offre de prêts des banques7 . Si des emprunteurs (en
particulier les ménages et les petites entreprises) ne peuvent substituer à leurs
emprunts bancaires d'autres financements, alors une baisse de l’offre de prêts se
traduira par une baisse de leurs investissements8 . On peut résumer ce troisième
mécanisme de passage d’un choc sur les prix des actifs au comportement
d’investissement par
V
p V L I
L
où I représente l’investissement, p le cours boursier, V la valeur du capital de la
banque et L l’offre de prêts des banques.
7 Il faut cependant que l’offre de financement externe des banques ne soit pas parfaitement
élastique ou que les banques ne puissent pas se refinancer par manque de liquidité du marché
sinon ces dernières compenseraient la chute du ratio en émettant des fonds externes et ne
modifieraient pas leur offre de prêts.
8 Peek et Rosengreen [1997] mettent ainsi en évidence un effet significatif à la fois au point de
vue statistique et au point de vue économique de l’effondrement de l’indice Nikkei à la fin des
années 80 sur l’offre de prêts des filiales de banques japonaises aux Etats Unis. Le mécanisme
a été le suivant. Les banques japonaises détiennent beaucoup d’actions d’entreprises
japonaises (20%) donc l’effet de la baisse des cours des actions a fait descendre les ratios des
banques en-dessous des niveaux requis. Les banques devaient donc réduire leur offre de
prêts pour restaurer leurs ratios de capital. Pour protéger leur offre de prêts au Japon elles ont
donc réduit l’offre de prêts à l’étranger. Or les banques japonaises comptaient pour 18% des
prêts accordés aux entreprises américaines. Les estimations de Peek et Rosengreen révèlent
ainsi qu’une baisse de 1% du ratio de capital des banques japonaises s’est traduite par une
baisse de 6% de l’offre de prêts aux Etats Unis.
17
Nous examinons aussi une autre forme de contrat entre la banque et l’entreprise. La
banque prête sans prime de risque mais prend en contrepartie une participation
dans le capital de l’entreprise. Un tel contrat de prêt, à coût non majoré selon le
risque, associé à une participation permet d’engager des projets qui n’auraient
pas été entrepris dans un cadre classique de marché du crédit. De tels contrats
rapportent autant à la banque mais améliorent la situation générale des entreprises en
permettant à de nouvelles entreprises rentables d’investir dans des projets et en
augmentant les profits de celles qui investissaient déjà mais payaient cher leurs prêts.
Nous supposons que tous les agents sont neutres au risque. Le prêteur ne peut
observer le résultat du projet de l'entreprise mais connaît la nature plus ou moins
innovante du projet. Le résultat du projet peut cependant être connu du prêteur
après une vérification coûteuse : l'entreprise et le prêteur sont confrontés à des
problèmes d'information asymétrique ex post (coûts de vérification des résultats). Le
coût d'audit dépend en particulier de l'information publique dont on dispose sur
cette entreprise et nous le supposons être une fonction décroissante du degré
18
prendrons r>i.
Le contrat de prêt optimal qui s'établit alors est, sous de bonnes hypothèses, un
contrat de prêt tel que le remboursement du montant emprunté est fixe (montant plus
intérêt) sauf si l'entreprise ne peut rembourser11 . Dans ce cas la banque audite
l'entreprise, ce qui lui coûte (cf. Gale et Hellwig [1985] et Williamson [1987]).
L'entreprise de caractéristique choisit d'emprunter un montant 1 de façon à
maximiser son profit sous la contrainte que le rendement espéré du prêteur sur ce
12 . Ceci
prêt soit égal à son coût d'opportunité des fonds i, le taux de refinancement
s'écrit, en appelant R le taux sur le prêt qui est imposé à l’entreprise :
pR-(1-p) i .
Max p(f R),0
sc pR=i (1-p)
9 La banque fournit en effet un effort pour auditer l’entreprise, cet effort pouvant en particulier
se traduire en salaires versés à des experts et pouvant donc dépendre de la conjoncture
économique.
10 La banque mettra plus de soin et de temps à auditer une entreprise qui a beaucoup emprunté.
11 Nous supposerons que sont vérifiées toutes les hypothèses qui font que ce contrat est
robuste à la renégociation. Les expliciter ne ferait qu'alourdir l'exposé et ne changerait rien aux
résultats
12 Nous supposons que l'industrie bancaire est à rendements constants avec barrière à l'entrée.
19
R i 1i 2 =i+i
1 1+ 2 =i+P(i , , )
R R R
0 , 0 , >0
i
2
R 2R
>0, >0
i
20
Le taux proposé croît avec le degré innovant du projet et ceci d'autant plus que les
taux de refinancement sont élevés ou/et que le coût d’audit est élevé.
L'effet d'un changement du taux de refinancement sur le coût du crédit peut être
décomposé en deux parties : l'effet direct suri i 1, qui correspond à l'effet
du canal monétaire et l'effet complémentaire sur la prime de financement externe
P(i, , ) qui amplifie le premier et est à l'origine de l'existence du canal du crédit.
Cet effet supplémentaire renforce l'impact du taux de refinancement, i, sur le taux du
crédit R et est à l'origine de l'influence du caractère innovant du projet sur la
sensibilité du taux du crédit au taux de refinancement. Pour les entreprises qui
R
n’innovent pas, c'est-à-dire lorsque 1 , on a 1 , ce qui est l'effet normal
i
vu le risque du projet, et correspond au cas où il n'y a pas de prime de financement
externe. Par contre, le taux sur les prêts réagit d'autant plus à un mouvement du taux
de refinancement que l'entreprise est innovante, c'est-à-dire que la prime de
financement externeP(i, , ) est grande.
Enfin un choc à la baisse sur le coût d’audit réduit le taux du crédit et ce d’autant
plus que l’entreprise est innovante.
L'effet d'un choc (à la hausse) sur est d'ailleurs d'autant plus ressenti que
21
R
l'entreprise est innovante 0 ). L'activité de ces entreprises en pâtit et le choc
initial est transmis et amplifié.
On peut comparer les profits obtenus avec ceux du cadre précédent, c’est-à-dire
des contrats de prêts avec des problèmes d’information sans participation de la
banque. Les entreprises qui n’empruntaient avec ces contrats, c’est-à-dire telles que
* , peuvent investir avec ces contrats de participation et ceci quel que soit le
niveau de participation de la banque. Pour les entreprises telles que * le profit
obtenu dans un contrat avec participation est supérieur à celui obtenu avec les
contrats de prêts précédents puisque
( 1 ) p( f i ) pf i r i r i i ( 1 ) ).
Impact de l’autofinancement
Max pf R1-AF
; iAF
sc pR1-AF=i1-AF
(1 p) (1 AF )
Pour que l’entreprise investisse il faut donc que son profit soit supérieur à iF,
c’est-à-dire pf pR( 1 AF ) pf i( 1 AF ) ( 1 p )( 1 AF ) >iAF.
D’où la conditionr i i ( 1)( 1 AF ) >0. Or le membre de gauche est une
r i ( 1 AF )
fonction de qui croît jusqu’à puis décroît jusqu’à - . Comme
2i ( 1 AF )
(1)=r-i>0, on a obligatoirement une unique solution de (**)=0 qui est
supérieure à 1. Donc les entreprises telles que<** investissent et celles qui ont
des projets trop innovants, c’est-à-dire >** n’investissent pas. Ce seuil **
dépend de i, , r mais également du niveau AF de l’autofinancement. Si on le
compare au seuil précédent *, on a *<** puisque
(*)= r * i i *( * 1 )( 1 AF ) i *( * 1 ) AF >0 : si les
entreprises disposent d’autofinancement cela permet d’augmenter le seuil d’entrée.
et donc dès qu’elle dispose d’un peu d’autofinancement cela peut débloquer sa
situation.
24
Kt 1 Kt 1 I t
Le revenu s’écrit :
t
t,
t pFKL t
pGI
t
t , Kt wLt t pItI t
VK
t
t 1
Max ( KLI
t, t, t
) Et t 1Vt 1 K t
On obtient les conditions du premier ordre :
Et t 1 Vt 1 0 ( 1)
I t
K
t K t
V t
1 1 E t t 1 V t 1 (2)
K t 1 K K t
t
0 (3)
L t
Des deux premières équations on peut déduire l’équation suivante qui caractérise
l’évolution de la valeur du capital :
V t
1 ( 4)
Kt 1 I t
Le terme de gauche est la valeur d’une unité supplémentaire de capital à la date t-1
(ou de 1- unités de capital à t) et le terme de droite le coût de 1-unités de capital
à t.
Les modèles économétriques d’investissement sont fondés sur ces équations. Les q-
modèles utilisent la dernière équation et estiment le membre de gauche par le ratio de
la valeur de marché de l’entreprise sur la valeur de remplacement de son capital.
L’approche par l’équation d’Euler consiste à utiliser toutes les conditions du premier
ordre pour obtenir une condition liant l’investissement de la période courante à celui
de la période passée et au revenu marginal du capital de la période passée.
pI
I
K
1
c q 1 t
b t pt
(5)
t
V
t
Kt 1
où q t est le q marginal. Toutes les anticipations sur les revenus et
1 p I
t
coûts futurs dont on a besoin pour décider de l’investissement à la date t sont
résumées dans ce q marginal. Lorsqu’il n’y pas de coûts d’ajustement, b=0, on
choisit un stock de capital qui égalise ce q marginal à 1, mais en présence de coûts
d’ajustement le niveau d’investissement décidé est une fonction croissante de l’écart
de ce q marginal à 1. L'intérêt empirique des q-modèles vient de ce que, sous des
hypothèses de marchés des capitaux parfaits, de concurrence parfaite et de fonctions
de production et de coûts d'ajustement homogènes de degré 1, le q marginal peut
être remplacé par le ratio de la valeur de marché de l'entreprise sur le coût de
remplacement du capital, ratio appelé q moyen ou q de Tobin, et qui, lui, est
observable. On estime ainsi l’équation (6) suivante :
26
I it
Qit it ( 6)
Kit 1
I it
où représente le taux d'investissement etQit le q moyen ou q de Tobin. De
Kit 1
telles équations expliquent mal l’investissement empiriquement. Ce modèle dérivé
dans un cadre de marché financier parfait apparaît mal adapté.
L'avantage de l'approche via l'équation d'Euler est qu'elle ne nécessite pas de mesure
de la profitabilité et donc de la variable q. Elle correspond à une réécriture des
conditions du premier ordre du programme de maximisation du profit de l'entreprise
sous différentes contraintes en éliminant justement cette valeur inobservable des
revenus futurs anticipés. En utilisant (1) et (4) on obtient :
1 E t t 1 (7 )
I t 1
I t
K t
On évalue le terme anticipé E t t 1
I t 1
sous l'hypothèse d'anticipations
rationnelles en le remplaçant par la valeur observée plus un terme d'erreur t 1
vérifiantE ( t 1 ) 0 . Ce terme d'erreur est non corrélé avec l'information connue à t
et donc avec toutes les variables connues à la date t ou auparavant. L’équation (7)
s’écrit :
1 t 1
I
I
K t +(1- ) t+1 ( 8)
t 1 t
Cette équation n’apparaît pas satisfaite par les observations pour certains types
d’entreprises (petites entreprises, jeunes entreprises ...) plus à même de rencontrer
des problèmes de financement. Ainsi Bond et Meghir [1994] estiment un coefficient
du cash flow positif dans cette équation d’Euler, c'est-à-dire que l'investissement
courant est positivement influencé par les variations passées du cash flow. Ceci
semble indiquer que le cash flow ne représente pas la profitabilité marginale du
capital (car il apparaîtrait alors en négatif) mais représente plutôt une contrainte de
liquidité dans le sens où l'entreprise ne peut se procurer tout le financement externe
qu'elle pourrait désirer à un coût donné. Bond et Meghir [1994] refont alors leurs
estimations séparément sur deux groupes d'entreprises et concluent que l'équation
d'Euler classique est validée pour les firmes distribuant beaucoup de dividendes alors
que les paramètres estimés pour les entreprises distribuant peu de dividendes sont
plus compatibles avec une hypothèse de contrainte financière (la variable de cash
flow est significative et positive). L'équation d'Euler classique est donc rejetée pour
les entreprises a priori contraintes financièrement. En utilisant la même spécification
Bond, Elston, Mairesse et Mulkay [1994] sur données françaises (1365 entreprises),
27
Les tests pour détecter la présence de contraintes financières ont consisté en général
à ajouter des proxies de la valeur de la richesse interne dans une formulation
classique d'un Q-modèle d'investissement. On teste ensuite si ces nouvelles variables
financières sont significatives pour un groupe de firmes identifiées a priori comme
étant plus susceptibles de faire face à des problèmes d'imperfections financières. On
estime :
I it
Qit LIQit it (9 )
Kit 1
La difficulté des équations où l'on teste l’impact d'une variable liquidité sur une
variable comme l'investissement est que plusieurs interprétations sont possibles. On
14 Cette conclusion est contestée par Kaplan et Zingalès [1997] qui montrent que ce sont les
firmes qui sont les moins contraintes financièrement, d'après un classement qu’ils font en se
basant sur les comptes-rendus d’activité de ces entreprises, qui ont la plus grande sensibilité
à la variable de cash flow. Ils expliquent ce résultat par l'impossibilité de distinguer entre le
contenu informationnel de la variable de cash flow et son effet sur le poids des contraintes
financières.
28
peut expliquer le fait que l’introduction dans un Q-modèle d’une variable de cash
flow améliore l'estimation de deux façons.
(1) Dans le cadre d'un canal large du crédit cette variable cash flow est un proxy
pour la richesse nette de l'entreprise et sa significativité s'explique par l'influence
qu'elle a sur la contrainte financière des entreprises, comme nous l'avons vu dans les
modèles exposés précédemment.
(2) Mais il existe une autre explication. La variable de profitabilité du q marginal est
en général approximée par le q moyen, ce qui peut entraîner des erreurs de mesure
sur cette variable q. La significativité du cash flow peut simplement refléter le fait
qu'elle contient de l'information sur la profitabilité future et qu'elle est ainsi un proxy
pour toutes les opportunités d'investissement non capturées par q. Si bien que même
si l'investissement n'est pas vraiment affecté par le cash flow il est corrélé avec lui.
Une solution pour détecter si les variations de cash flow représentent des
variations dans les opportunités d'investissement ou des variations de liquidité a été
proposée dans l'article de Lamont [1996]. Il analyse le comportement d'entreprises
qui opèrent sur deux marchés, l'un qui est lié au marché du pétrole et l'autre qui n'a
aucun rapport avec lui. Il peut ainsi identifier des chocs sur le cash flow qui ne sont
pas corrélés avec la rentabilité d'un investissement. Sous une hypothèse de marché
financier parfait, si les cash flow du secteur pétrolier d'une entreprise s'effondrent,
alors il n'y a aucune raison pour l'investissement du secteur non pétrolier en soit
affecté si la profitabilité de l'investissement n'est pas touchée. Par contre, dans un
cadre de marchés financiers imparfaits, lorsque les contraintes financières se
resserrent les montants d'investissement de tous les secteurs de l'entreprise sont
affectés puisque ce sont toutes les primes de financement qui augmentent. Sur un
échantillon de 39 entreprises, actives sur plusieurs secteurs dont le secteur pétrolier,
Lamont trouve que des variations de cash flow dans le département lié au pétrole ont
des effets significatifs sur l'activité des autres départements. Ceci semble signifier que
le cash flow joue un rôle au-delà d'un pourvoyeur d'information sur la profitabilité
future.
MaxVt E t tj Dt j
j 0
avec :
Kt 1 Kt 1 I t
et D t 0
Dt t Bt 1 rt 1 Bt 1
30
t
t,
t pFKL t
pGI
t
t , Kt wLt t pItI t
Deux types de modélisations se rencontrent alors dans la littérature : soit les auteurs
introduisent une contrainte de plafond de dette exogène, c’est-à-dire de la forme
Bt B * , soit les auteurs spécifient un coût marginal croissant de la dette, c’est-à-
dire rt 1 rt 1 Bt 1 .
Plafond d’endettement
V
1
D
t
I
E t t 1 t 1 0
K t K t
( 10 )
t
0 ( 11 )
L t
1 D
t
Bt Et t 1 Vt 1 0
Bt
( 12 )
Vt
1 1 tD (13)
K t 1 I t
Vt
1 Dt 1+r t-1 ( 14 )
Bt 1
31
1 Et t 1 t 1 (15)
I t 1 I t
K t
1 t 1
D
Bt
E t t 1 t 1
1
1
1 t 1+r t
D
( 16 )
obligatoirementE t t 1
1
1+r t . Ici on a donc modifié le taux d’actualisation.
Le terme qui pose problème dans l’équation (15) est E t t 1 t 1
I t 1
. On
fait alors dans la littérature l’hypothèse selon laquelle la covariance de t 1
avec les autres variables à t+1 est constante. D’où, en utilisant cette hypothèse et
(16), on réécrit (15) :
Bt
1 Et 1
I t 1
1
1 t
D
1+r t I
t
K
t
(17)
Le taux sur les prêts est spécifié comme une fonction croissante du ratio dette sur
Bt 1
capital rt 1 rt 1 ( ) . On appelle toujours t 1 le multiplicateur de Lagrange
D
q t 1 K t 1
associé à la contrainte de non négativité des dividendes. Les variables de contrôle
sont I t , Lt et Bt et les variables d’étatK t 1 et Bt 1 . On obtient :
33
V
1
D
t
I
E t t 1 t 1 0
K t K t
( 18 )
t
0 ( 19 )
L t
Vt 1
1 E
D
t t t 1
Bt
0 ( 20 )
Vt r
1 1 Dt - 1 Dt Bt 1 (21)
K t 1 I t K t 1
Vt r
1 Dt Bt 1 t 1 1 rt 1 ( 22)
Bt 1 Bt 1
r
1 Et t 1 t 1
I
E t t 1 t 1 Bt
K
(23)
t 1 Kt I t t
1 t 1
D
E t t1 t 1
1
rt (24)
1 rt Bt
B t
r
1 Et
1
rt
Bt
1
rt
(25)
I K t I K
t 1
1 rt Bt 1 rt Bt t t
B t B t
La caractéristique de tous ces tests empiriques est qu'ils reposent sur l'identification
d'un sous ensemble de firmes pour lesquelles les contraintes financières sont
susceptibles de compter. Or la formation des groupes pose de nombreux problèmes.
Le critère de séparation des deux types d'entreprises est en général fixé dès le début
et les firmes ne peuvent pas bouger tout au long de la période étudiée (cf. Fazzari,
Hubbard et Petersen [1988]) alors qu'on peut penser que l'intensité des contraintes
financières varie au cours du temps pour une entreprise donnée. D’autres, comme le
font Whited [1992] et Hubbard, Kashyap et Whited [1995], permettent à
l'entreprise de changer de régime au cours du temps selon leur situation. D’autres
encore utilisent la situation de l’entreprise un an avant le début de l’étude. De plus ce
critère est endogène donc il existe un risque de corrélation avec le terme d'erreur
dans les équations. En effet les critères utilisés pour identifier les firmes sont le taux
de rétention des dividendes (or la politique de distribution des dividendes est
sûrement endogène et en particulier peut être fortement corrélée aux opportunités
d'investissement non observables), l'affiliation à des groupes bancaires ou
industriels, l'idée étant que des liens solides entre une entreprise et une banque
permettent de réduire les coûts d'information, la taille et l'âge avec l'idée que ces
deux critères sont fortement corrélés avec les facteurs qui déterminent la probabilité
d'être contraint financièrement (mais la variable taille (et âge) peut être corrélée avec
des caractéristiques non financières 15 ), la présence de notation sur les
obligations émises, le degré de concentration des actionnaires...
15 Les petites entreprises sont peut-être plus dans des secteurs difficiles et peuvent être des
fournisseurs marginaux donc très sensibles à une baisse de la demande. Pour se protéger de
cela il faut regarder les mouvements de différentes variables (ventes, investissements...).
35
36
4 - Conclusion
Enfin nous avons vu que les principales études sont anglo-saxonnes. Dans le cas
français la plupart des études qui existent utilisent des données agrégées et il en existe
très peu sur données micro-économiques.
37
38
Bibliographie
Bernanke B., Gertler M. [1989], "Agency Costs, Net Worth, and Business
Fluctuations", American Economic Review, 79(1), March.
Bernanke B., Gertler M. [1995], "Inside the Black Box : The Credit Channel of
Monetary Policy Transmission", Journal of Economic Perspectives, 9.
Bernanke B., Gertler M., Gilchrist S. [1996], "The Financial Accelerator and the
Flight to Quality", The Review of Economics and Statistics, LXXVIII (1).
Blundel R., Bond S., Devereux M., Schiantarelli F. [1992], "Investment and Tobin's
Q:Evidence from Company Panel Data", Journal of Econometrics, 51.
Bond S., Méghir C. [1994], "Dynamic Investment Models and the Firm's Financial
Policy", The Review of Economic Studies, 61.
Bond S., Elston J., Mairesse J., Mulkay B. [1994], "A Comparaison of Empirical
Investment Equations using Company Panel Data", mimeo.
Fazzari F., Hubbard R., Petersen B. [1988], "Financing Constraints and Corporate
Investment", Brookings Papers on Economic Activity, 1.
Gertler M., Gilchrist S. [1994], "Monetary Policy, Business Cycles and the
Behaviour of Small Manufacturing Firms", Quaterly Journal of Economics.
Gilchrist S., Himmelberg C. [1995], "Evidence of the Role of Cash Flow for
Investment", Journal of Monetary Economics, 36.
Hayashi F., Inoue T. [1991], "The Relation between the Firm Growth and Q with
Multiple Capital Goods: Theory and Evidence from Panel Data on Japanese Firms",
Econometrica, 59(3).
Hoshi T., Kashyap A., Scharfstein D. [1991], "Corporate Structure, Liquidity, and
Investment: Evidence from Japanese Industrial Groups", The Quaterly Journal
of Economics, February.
Hubbard R., Kashyap A., Whited T . [1995], "Internal Finance and the Firm
Investment", Journal of Money, Credit, and Banking, 27(3).
Jensen M., Meckling W. [1976], "Theory of the Firm: Managerial Behavior, Agency
Costs and Ownership Structure", Journal of Financial Economics, 3.
39
Kaplan S., Zingales L. [1997], "Do Financing Constraints Explain why Investment is
Correlated with Cash Flow?", Quaterly Journal of Economics, 112(1).
Kiotaki N., Moore J. [1995], "Credit Cycles", working paper NBER, 5083.
Lamont O. [1997], "Cash Flow and Investment: Evidence from Internal Capital
Markets", Journal of Finance, 52(1).
Modigliani F., Miller M. [1958], "The Cost of Capital, Corporate Finance, and the
Theory of Investment", American Economic Review, 48.
Myers S., Majluf N. [1984], "Corporate Financing and Investment Decisions When
Firms Have Information that Investors Do Not Have", Journal of Financial
Economics, 13.
Annexe
2
I
On spécifie GI t , Kt bKt c , rt BqK rt0 a Bit , où r t0
1
it , t it
2 K t qK
t it
1 wL 2t B 3 B 3t + 4 I 4 t 5 I 5t
qK qK qK qK t K t K y
t t t
3
I
+ 6 6t 7 B I 7t 8 B 8t + t i t 1
K t 1
qK t K t 1
qK t
41