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CHANGEMENT ORGANISATIONNEL ET ÉVOLUTION DES

COMPÉTENCES
Cas des entreprises industrielles tunisiennes
Lotfi Ben Abdallah, Zeineb Ben Ammar-Mamlouk

Direction et Gestion (La RSG) | « La Revue des Sciences de Gestion »

2007/4 n°226-227 | pages 133 à 146

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ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490090
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Pour citer cet article :


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Lotfi Ben Abdallah, Zeineb Ben Ammar-Mamlouk« Changement organisationnel et
évolution des compétences . Cas des entreprises industrielles tunisiennes », La
Revue des Sciences de Gestion 2007/4 (n°226-227), p. 133-146.
DOI 10.3917/rsg.226.0133
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation 133

Changement organisationnel

Formation
et évolution des compétences :
Cas des entreprises industrielles tunisiennes
par Lotfi Ben Abdallah et Zeineb Ben Ammar Mamlouk

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L
e changement devient, à nos jours, la règle et la stabilité
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l’exception (Vandangeon-Derumez, I., 1998). Le change-


ment fait partie de la vie des organisations, soit pour
conserver l’équilibre, soit pour se reproduire soit pour se trans-
former (Guilhon, A, 1998 :105). Devant le caractère naturel du
changement (Giroux, N, 1991), il devient difficile de distinguer
entre changement prescrit et changement construit ou entre
changement volontaire et changement imposé ou entre le
Lotfi BEN ABDALLAH
contenu du changement et de son impact sur l’organisation et sur
Assistant technologue, les processus (Soparnot, R, 2005). Figurant parmi d’autres
Doctorant en Sciences de Gestion, pratiques susceptibles de développer les compétences, le
Faculté des Sciences Economiques changement organisationnel touche aux différentes facettes de
et de Gestion (FSEG), l’évolution des compétences dans les entreprises. Aujourd’hui, la
question du développement des compétences est cruciale pour
Membre de l’unité de recherche E.T.H.I.C.S.,
qu’une entreprise maintienne son élan par rapport aux concur-
ESSEC, Tunis (Tunisie) rents. Bouteiller, D, (1997) considère que l’intensification des
changements organisationnels accélère le mouvement de renou-
vellement des compétences existantes, parce que l’emploi
devient de plus en plus complexe, que le recours à l’usage et à la
maîtrise de nouvelles connaissances et de nouveaux savoir-faire
fait de la polyvalence le secours de tout opérateur en situation de
travail. Cependant, « à chaque changement survenant dans la
façon d’organiser les tâches, d’utiliser les systèmes techniques,
de coordonner les opérateurs, de superviser le personnel, de
prendre des décisions, etc., se trouve associé un nouveau profil
de compétences porteur d’exigences précises en matière de
connaissances à assimiler, d’habilités à maîtriser et de compor-
tement à privilégier » (Bouteiller, D, 1997 :18). Ce changement ne
Zieneb BEN AMMAR MAMLOUK vient pas obligatoirement toucher toutes les catégories de la
main-d’œuvre en même temps ni de la même façon, « les individus
Professeure de Management ne sont pas tous touchés de la même façon, ni au même
Directrice de l’unité de recherche E.T.H.I.C.S, moment, par le changement » (Bareil, C et Savoie, A, 1999 :92).
ESSEC, Tunis (Tunisie)

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Ainsi le changement organisationnel, en tant que pratique conduire à long terme à des transformations majeures, tout
managériale, est à la fois volontaire et imposé. Il peut avoir des comme un programme de reconfiguration à grande échelle peut
effets variables sur l’évolution des compétences. Cependant, n’aboutir à aucun changement réel de l’organisation » (Vas, A et
l’impact du changement organisationnel sur l’évolution des Ingham, M, 2004 :27-28). Mintzberg., H et Westley., F (1992)
compétences devient une question légitime, du fait qu’il est, développent le concept de « progrès réguliers », où le changement
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d’une part, source d’apprentissage organisationnel et d’autre est vu comme un phénomène graduel fait de petites modifica-
part, source de transformation de l’organisation de travail. C’est tions cumulatives. Soparnot, R (2005 : 32-33) partage le même
pour le changement et par lui, que se façonnent les compétences point de vue en disant que « le passage d’un stade à un autre
humaines dans une entreprise. s’effectue pour certains de manière graduelle car la nature ne fait
Par ailleurs, un changement peut avoir des répercutions positives pas de saut ». De même pour Desremeux., A (1996). Giroux, N,
ou négatives sur la structure des compétences. Il peut développer (1991) distingue le changement évolutif incrémental du change-
ou transformer les compétences, mais il peut aussi détruire ment évolutif intrapreneurial selon qu’il vient du sommet hiérar-
certaines d’entre elles. Le changement, en vue d’être mis en chique ou qu’il se produit à un niveau inférieur.
place, demande parfois une formation du personnel concerné. En tant qu’évolution d’un état vécu à un état désiré, le change-
La difficulté de prévoir le niveau et la nature des transformations ment évolutif est inspiré de la biologie des espèces dont le
des compétences engendrées par un changement organisa- principe fondamental est l’évolution progressive, libre et imper-
tionnel constituent la problématique de cette recherche. ceptible. Pour Romelaer, P, (1997 :314), le changement peut être

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Comment évoluent les compétences du personnel suite à un conçu comme un processus progressif « par lequel une intention
changement organisationnel compte tenu du fait que la perte des au départ générale, est déclinée dans toutes ses conséquences
acquis professionnels peut provoquer des résistances ? Sans de façon de plus en plus précise, et éventuellement redéfinie à
prétendre être exhaustif, nous allons procéder en deux étapes mesure que des difficultés imprévues sont rencontrées ». Il est
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pour répondre à cette question. Une étape, qui consiste à creuser adaptatif et peut être assimilé à un apprentissage implicite
dans l’état de l’art, permettant de construire un modèle de (Guilhon, A., 1998).
recherche, suivie d’une étape de validation empirique auprès
d’un échantillon de 42 entreprises industrielles tunisiennes.
1.1.2. Le changement organisationnel radical
1. L’impact du changement Le changement radical est « un changement majeur, global et
organisationnel sur l’évolution rapide qui survient en situation de crise réelle ou appréhendée »
(Soparnot, R, 2005 :33) et peut surgir suite à de longues périodes
des compétences : de stabilité dont la configuration organisationnelle demeure
Vers la conception inchangée. Il est une réponse volontaire et délibérée des
dirigeants, à une crise réelle ou anticipée (Demers, C, 1999). Il est
d’un modèle de recherche recommandé pour un environnement instable (Vas, A et Ingham,
M, 2004). Il change le système et déstabilise toute l’activité de
l’entreprise dans laquelle il se produit (Guilhon, A, 1998). Il trans-
1.1. Les types du changement forme complètement l’entreprise, ses valeurs, ses règles et vise à
organisationnel métamorphoser le comportement des salariés (Soparnot, R,
2005). L’exemple d’Air France souligné par Soparnot, R, (2005)
Des termes comme l’étendue, le rythme, l’ampleur ou la profon- montre un changement radical de son contrôle de gestion. Il s’agit
deur nous aident à distinguer entre trois types de changements d’une réorganisation des systèmes d’information, de la création
organisationnels susceptibles d’affecter les compétences du de nouvelles missions pour les contrôleurs de gestion et les
personnel des entreprises (Giroux, N, 1991 ; Guilhon, A et Trepo, fournisseurs d’informations financières et comptables ainsi
G., 2001). qu’une modification du système de valeur. Le changement radical
est aussi général, puisqu’il transforme l’ensemble de
l’organisation (Vas, A et Ingham, M, 2004). Pour Giroux, N (1991)
1.1.1. Le changement organisationnel évolutif il est stratégique. Il touche essentiellement la stratégie de
l’entreprise et aura des répercutions sur la culture, la structure et
Le changement évolutif se caractérise par une transformation les systèmes.
graduelle qui se produit dans l’évolution normale des activités de Allaire., Y et Firsirotu., M. (1989) distinguent quatre types de
l’organisation. Il se produit dans un environnement stable comme changement radical ; la transformation qui vise à adopter
il peut se produire dans un système complexe dont les retombées l’organisation à des circonstances radicalement modifiées, la
seront difficiles à prévoir. Son impact est aléatoire, il peut réorientation qui est une ré-allocation des ressources lorsque les

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marchés sont stagnants ou saturés, la revitalisation et le redres- (un terme polysémique) (Pemartin, D, 1999). La compétence
sement qui ont pour objectif d’améliorer la performance ou reçoit des définitions multiples qui dépendent de l’usage que l’on
d’assurer la survie de l’organisation mal adaptée à son contexte. veut en faire. Elle se confond, parfois, avec la connaissance et
Demers, C, (1999) ajoute la fusion et l’acquisition, le désinvestis- elle apparaît proche de la notion de capacité intellectuelle
sement et la diversification comme des changements radicaux. (Pemartin, D., 1999). Cette confusion naît de la fausse simplicité

Formation
du concept, alors que la réalité est beaucoup plus aiguë qu’il n’y
paraît (Donnadieu, G., 1997). Nous proposons une définition de la
1.1.3. L’apprentissage organisationnel compétence par rapport à son contenu et son contenant.

L’apprentissage de nouvelles manières de faire et de nouvelles a. Le contenu de la compétence


règles est un changement organisationnel (Bernoux, Ph, 2004). Le Nous désignons par contenu de la compétence, les ingrédients de
processus d’apprentissage organisationnel se met en place lors cette dernière, mis à part le contexte dans lequel elle se déroule.
d’un changement de structures ou de compétences (Guilhon, A et La compétence est assimilée parfois à la capacité technique ou le
Trepo, G., 2001). Il accompagne les différentes phases du savoir-faire, au savoir cognitif intangible et même au savoir être
processus de changement (Guilhon, A, 1998). Il s’appuie sur ou à l’intelligence comportementale. Elle désigne les habiletés
l’expérience indirecte collective et se nourrit d’une vision future. que doivent avoir des personnes pour accomplir leurs fonctions et
Pour Bernoux, Ph et Livian, Y, F (1999) l’entreprise tout entière est jouer leurs rôles d’une manière efficace (Pelletier, G, 1996). Elle

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un lieu d’apprentissage organisationnel. Elle se définit par est aussi la mise en cohérence de nouvelles règles d’organisation
l’apprentissage qu’elle met en œuvre et les routines qu’elle met en et de gestion des hommes avec d’autres formes de rationalisation
utilisation. L’apprentissage permet d’accumuler de l’expérience et (Dietrich, A, 2000) et une capacité à échanger des informations
de consolider les modèles d’interaction qui constituent des lors d’un processus d’innovation (Divry, C et al, 1998). C’est une
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solutions éprouvées aux problèmes rencontrés par l’entreprise. notion qui chevauche des notions comme la connaissance et la
L’idée de l’apprentissage organisationnel correspond à la prise en qualification.
compte de l’importance cruciale, à un moment où les marchés et Pour plusieurs auteurs, pourtant la compétence est différente de
les technologies sont présentés comme très évolutifs, d’une la connaissance (Karray, Z, 2003 ; Azoulay, N et Weinstein, O,
capacité à construire et à concevoir des compétences collectives. 2000 ; Pastré, P, 1999 ; Chandler, A, 1992). Seule la compétence
Lors de leur étude d’un changement organisationnel mené par est attachée à la situation de travail alors que la connaissance
Shell, Guilhon, A et Trepo, G., (2001) constatent que la réussite est universelle. Parce que l’entreprise passe d’un simple stock de
d’un apprentissage organisationnel futur sera tributaire du connaissances stables ou « répertoires de connaissances »
développement des capacités collectives. En effet, il ne suffit pas (Nelson et Winter, 1982) à un système dynamique de formulation
de distinguer les conditions de réussite d’un apprentissage et de résolution de problèmes ou « système de connaissances »
organisationnel mais d’identifier ses conséquences sur le (Dibiaggio, L et Musso, P, 1998). Pastré, P (1999) distingue entre
développement des compétences collectives. Dans ce cadre la connaissance prédictive et opératoire et dit que seule la
d’analyse, ces auteurs distinguent l’apprentissage organisa- deuxième forme relève de la compétence. La compétence
tionnel transformateur de l’apprentissage reproducteur. correspond à la forme opératoire de la connaissance et peut être
L’apprentissage transformateur, considéré comme processus de transférable à d’autres situations de travail ou prisonnière de
développement concerté et régulier des compétences collectives l’action et de son contexte. Pour Chandler, A, (1992) la compé-
créant des changements organisationnels de structures et de tence émerge d’un processus d’acquisition de nouvelles connais-
compétences plus ou moins révolutionnaires, est appréhendé au sances. Pemartin, D., (1999) considère que le savoir résulte des
niveau global de l’organisation. Alors que l’apprentissage repro- actions de formation alors que la compétence est l’expression
ducteur est un processus de renouvellement des compétences d’un savoir agir qui se transforme en une réflexion sur le pourquoi
collectives, visant à maintenir la cohérence de l’organisation avec de l’action, alors que Pelletier, G (1996) associe la compétence à
son environnement et engendre des changements de faible l’ordre de « comment » et le savoir à l’ordre de « pourquoi ». Pour
envergure. De ce fait, est-il possible d’assimiler l’apprentissage d’autre, la compétence et la connaissance se ressemblent du fait
transformateur au changement radical et l’apprentissage repro- qu’elles constituent des ressources pour l’entreprise (Azoulay, N
ducteur au changement évolutif ? et Weinstein, O, 2000). De même, la compétence est différente
du savoir (Pelletier, G, 1996 ; Pemartin, D., 1999).
Pour ce qui est de la différence entre la compétence et la qualifi-
1.2. Les niveaux des compétences cation, Zarifian, Ph., (2001) considère que la compétence est une
nouvelle forme de qualification encore émergente. La compé-
1.2.1. Les dimensions de la compétence tence est une manière de qualifier doublement le salarié : par
Etymologiquement, compétence vient du latin competens qui rapport à sa contribution à l’efficience d’un processus de produc-
signifie « qui va avec ». Elle est considérée comme un gyroconcept tion, et par rapport à sa place dans la hiérarchie salariale

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(Zarifian, Ph., 2001). Par contre, la qualification est un jugement Lorsqu’il y a une divergence entre les conduites et les représen-
officiel relevant d’un ensemble de conventions collectives régis- tations d’un individu en situation de travail, Deglaine, J et
sant la relation entre l’individu et l’organisation (Le Boterf, G., François, R, (2001) conseillent de développer les compétences
1997 ; Zarifian, Ph., 2001). Attachée au poste de travail, la quali- essentielles résumées dans les motivations, les traits de person-
fication a duré longtemps pour positionner les salariés dans la nalités et l’image de soi pour remédier à une telle situation. La
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hiérarchie et dans les grilles des salaires. Pour Besson, D et al, compétence individuelle s’institutionnalise à travers les
(2003) la compétence s’inscrit dans une logique économique processus organisationnels, les mécanismes de reconnaissance
alors que la qualification relève d’une inscription sociale de et d’évaluation et la gestion de carrière, appelé aussi processus
l’activité. La première met les préoccupations du personnel au de qualification (Besson, D et al, 2003).
premier plan alors que la logique qualification les met dans des Face à la diversité des situations de travail, l’individu doit avoir un
routines économiques et sociales. Reynaud, J-D (2001) considère portefeuille de compétences ou des compétences transversales
que la compétence ne vient pas remplacer la qualification, mais (Ben Ammar Mamlouk, Z., 2005) qui servent à différentes situa-
en est le supplément. Les gens ont, d’abord, une qualification tions professionnelles. On parle aussi de compétences
puis, ils ont une compétence qu’ils éprouvent dans l’entreprise. génériques au sens de Boyatzis, (1982). Dietrich, A (2000) définit
Dans l’idée de compétence il y a en plus l’idée de responsabilité la compétence générique comme un « processus par lequel
du salarié à l’égard du résultat. l’homme s’adapte à son environnement et s’approprie une situa-
tion ». Elle ressemble, pour Le Boterf, G (1994), à un savoir combi-

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b. Le contenant de la compétence natoire qui est à l’origine du développement des réactions perti-
Nous voulons dire par contenant de la compétence, le contexte nentes au moment opportun. Cockerill, Hunt et Schoder (1995)
dans lequel elle s’exerce. Le premier niveau correspond à la situa- définissent un référentiel de onze compétences génériques
tion concrète de travail, face à laquelle l’individu mobilise sa desquelles dépend la performance organisationnelle. Alors que
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compétence. En effet, la compétence est indissociable de l’action pour Pelletier, G (1996) il y a quatre compétences ; les compé-
(Veltz P., et Zarifian, Ph., 1994). Elle est un acte réfléchi qui tences techniques, les compétences relationnelles, les compé-
intègre l’intelligibilité de la situation (Pemartin D., 1999). Elle est tences culturelles et les compétences symboliques dont
aussi un attribut individuel du salarié inséparable des situations l’importance dépend de la fonction à accomplir. Bergeron (1997)
de travail concrètes (Castro, J-L et al, 1998). Ou encore une intel- souligne le même nombre de compétences mais avec des appel-
ligence pratique des situations (Zarifian, Ph, 1999). L’intérêt lations différentes. Il s’agit des compétences liées au domaine
accordé au contexte dans lequel s’exerce une compétence veut technique, des compétences liées aux relations interperson-
dire qu’un individu peut être compétent dans un contexte et pas nelles, des compétences liées à la conceptualisation et des
dans un autre. Le second niveau est celui de l’entreprise. La compétences liées à la communication.
compétence se définit par rapport aux dimensions socioculturelle
et socio-organisationnelle, qui tiennent compte du caractère
subjectif et contingent des besoins d’adaptation des entreprises 1.2.3. La compétence collective
(Legrand-Lafoy L., Roussillon S., 1995). Elle est contingente au
fonctionnement actuel et souhaité de l’entreprise (Pemartin D., Dans une organisation, la compétence collective est « un agrégat
1999), puisqu’elle est indissociable de son mode d’acquisition entre les compétences que possèdent les individus, augmentées
(Pelletier, G, 1996). L’organisation qualifiante constitue une d’un « effet groupe » provenant de la dynamique des acteurs »
démarche importante d’acquisition et de maîtrise des compé- (Dejoux, C, 2001 :267), ou « l’ensemble de savoir-agir qui
tences (Amadieu, F et Cadin, L, 1996). Le troisième niveau du émergent d’une équipe de travail, combinant des ressources
contenant de la compétence peut se situer à un niveau social. endogènes de chacun des membres, des ressources exogènes de
L’exercice d’une compétence ne peut pas exclure le contexte chacun des membres et créant des compétences nouvelles de
social dans lequel elle se déroule (Collardyn, D., 1996). combinaison synergique de ressources » (Amherdt et al, 2000 :31)
ou une « intelligence pratique des situations événementielles »
(Zarifian, Ph, 1995 :7). Elle est appelée aussi macro-compétence
1.2.2. Les compétences individuelles (Cristol, D, 2000). Au handball, la compétence collective est une
«
capacité d’adaptation instantanée et de changement de straté-
Une compétence individuelle est l’ensemble de capacités et de gies en fonction des circonstances ou du comportement de
volontés professionnelles présentes chez un acteur (Persais, E, l’adversaire » (Picq, Th, 2005 :78). Appelée aussi effet de
2004). Elle vise la mise en œuvre de capacités et d’aptitudes par synergie, la compétence collective est tributaire de l’interaction
la personne dans des situations de travail (Le Boterf, G, 1997). La entre les compétences individuelles (Zarifian, Ph, 1999). Sachant
compétence individuelle qui fait référence au salarié en situation que « plus la compétence collective est forte, plus les compé-
de travail est une mobilisation de ses capacités d’appréciation et tences individuelles deviennent difficilement substituables »
de décision. Elle est donc représentative (Besson, D et al, 2003). (Zarifian, Ph, 1999 :131), il faut donc veiller à préserver un niveau

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fort de compétence collective, mais aussi apprendre à gérer son l’organisation ». Le changement organisationnel remet en cause
renouvellement, en faisant en sorte que le groupe soit ouvert à l’investissement psychologique et matériel fait précédemment et
l’accueil de nouveaux arrivants et sache les intégrer. Avec le transforme la répartition des pouvoirs, des ressources et des
développement des collectifs de travail, l’échange d’information, responsabilités (Giroux, N, 1991).
l’autonomie, la coopération, la coordination et la communication Le changement des compétence des personnes est intimement

Formation
constituent les principaux déterminants du développement d’une lié aux changements organisationnels (Haddadj, S et Besson, D,
compétence collective (Amherdt et al, 2000 ; Le Boterf, G, 1997 ; 2000). Des changements organisationnels qui accentuent les
Zarifian, Ph., 2001). déterminants individuels de l’activité de travail, risquent de
Une compétence collective est différente d’une compétence donner une importance accrue aux nouvelles compétences cogni-
organisationnelle et d’une compétence stratégique (Aubert, J et tives (changements des référents mentaux au travail, initiative,
al., 2002 ; Deglaine, J et François, R, 2001 ; Hamel, G et Prahalad, créativité) et d’empêcher l’émergence des nouvelles compé-
C K, 1994). Les compétences organisationnelles renvoient à « des tences collectives (construction de l’efficience réseau). Selon
modes d’action et à des routines organisationnelles dans Guilhon, A et Trepo, G., (2001) le changement produit, soit le
lesquelles ont pu être incorporés des savoirs et savoir-faire des renouvellement, soit la transformation des compétences.
individus, mais qui ne sont pas seulement ces savoirs et savoir- Les personnes n’acceptent de modifier leurs compétences en
faire » (Aubert, J et al., 2002). Une compétence stratégique est un faveur d’un changement organisationnel que lorsqu’ils bénéfi-
ensemble de plusieurs savoirs et de technologies (Hamel, G et cient d’un partage de connaissances (Dupuy, F, 2004). Pour

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Prahalad, C K, 1994). Une compétence stratégique possède trois Tarondeau, J-C et Wright, RW, (1995 :119) « toute action visant à
caractéristiques ; les valeurs aux yeux du client, la différentiation transformer des processus doit s’appuyer sur une évaluation
par rapport aux concurrents et l’élasticité définie comme étant la critique des compétences requises pour mettre en œuvre la
capacité à créer des passerelles vers les marchés de l’avenir. Elle stratégie de l’entreprise ». Divry, C et al (1998 :115) considèrent
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peut relever d’une nouvelle technologie, d’un métier ou d’une que la firme est : « une organisation dans laquelle le savoir se
structure organisationnelle. forme, se reproduit, se modifie mais aussi disparaît ».
D’après les témoignages développés ci-dessus, nous pouvons
constater quatre types de relations entre les changements organi-
1.3. L’impact du changement sationnels et l’évolution des compétences. Il s’agit du développe-
organisationnel sur l’évolution ment des compétences individuelles, du renouvellement des
compétences individuelles, de la destruction des compétences
des compétences individuelles et du développement des compétences collectives.
La genèse des compétences est contingente à l’organisation
dans laquelle elle se déroule (Divry, C et al, 1998 :118). Cette
citation montre que les compétences sont incarnées dans 1.3.1. Le développement
l’organisation et que toute transformation de cette organisation des compétences individuelles
se répercute sur les compétences. De même « on peut observer
des changements fondamentaux aussi bien dans les structures Doz, Y (1994) considère que le développement des compétences
d’organisation que dans le développement des compétences » individuelles est une préoccupation majeure des managers
(Tarondeau, J-C et Wright, RW, 1995 :116). Le changement d’aujourd’hui. C’est un choix délibéré par la direction de
progressif « par des processus d’adaptation locale et l’entreprise (Farastier, D-A, 1995). Les compétences techniques
d’appropriation individuelle et collective… permettant le renouvel- se transforment en fonction du degré de complexité de
lement des compétences individuelles et collectives et des repré- l’organisation de travail et des problèmes à résoudre (Picq, Th,
sentations des acteurs » (Soparnot, R, 2005: 36). 2005). A partir de leur processus de cristallisation, à côté des
Cependant, le changement organisationnel génère des discours connaissances, dans les relations sociales (Nonaka., I, 1991), les
et des interactions susceptibles de faire comprendre la véritable compétences individuelles tirent profit et se perfectionnent.
manière dont s’articulent les compétences individuelles et collec-
tives (Le Boterf, 1997 ; Besson, D et al, 2003). Il traduit les Donc, par le changement des connaissances, les compétences
changements de connaissances et de compétences partagées changent « les compétences individuelles se modifient pendant le
par accumulation d’expériences ou par intelligence dans processus interactif et cumulatif d’innovation, puisque les
l’expérimentation (Koenig, G, 1994). connaissances créées et acquises se capitalisent sous des
Levy-Leboyer, C, (1996) met en avant la nécessité du changement formes tacites et codifiées » (Divry, C et al, 1998 :123). Pour Divry,
des compétences et des attitudes des salariés. Haddadj, S et C et al, (1998) l’apprentissage est un processus de réactualisa-
Besson, D (2000 :106) considèrent que les représentations « se tion des compétences puisque, à côté du développement de
constituent et évoluent en référence avec les histoires person- certaines compétences, il y a des mécanismes qui conduisent à
nelles des salariés et l’histoire des collectifs de travail et de la disparition d’autres compétences.

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a. Vers le développement de la spécialisation un équilibre entre l’amélioration de la polyvalence de son


L’approfondissement des compétences individuelles est en personnel et le maintien d’un potentiel de compétences spéci-
quelque sorte une spécialisation croissante de la part des fiques ou spécialisées. Nous déduisons de cela deux hypothèses
individus. Une spécialisation qui est née du collage du travailleur de recherche, subdivisées chacune en deux sous hypothèses.
à son travail puisque ce dernier est devenu « une action experte de H1.1 : Les changements organisationnels (évolutif et radical)
Formation

l’individu face à une situation événementielle » (Zarifian Ph., produisent le développement des compétences individuelles par
1999 :39). Le travailleur nécessite davantage d’ingéniosité et de le développement de la spécialisation et H1.2 : Les changements
pertinence pour faire face à des exigences de rénovation et organisationnels (évolutif et radical) produisent le développement
d’innovation (Plane J.-M., 2003 :74). En revanche, dans une des compétences individuelles par le développement de la
organisation transversale, la spécialisation en terme de compé- polyvalence. H2.1 : L’apprentissage organisationnel produit le
tences est une dimension critique. Cette forme d’organisation développement des compétences individuelles par le développe-
intègre davantage des compétences d’expert, tout en sauvegar- ment de la spécialisation et H2.2 : L’apprentissage organisa-
dant un certain degré de polyvalence. En effet, « dans tionnel produit le développement des compétences individuelles
l’organisation transversale, les individus doivent être à la fois des par le développement de la polyvalence.
spécialistes (ou experts) et des généralistes » (Tarondeau, J-C et
Wright, RW, 1995 :118). Au niveau cognitif, les compétences
subissent un processus de construction et déconstruction 1.3.2. Le renouvellement

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(Pastré, P, 1999). De même, une forte spécialisation peut des compétences individuelles
s’opposer à la communication et au partage des compétences
individuelles et par conséquent au développement des compé- Guilhon, A et Trepo, G., (2001) constatent que le changement
tences collectives (Doz, Y, 1994). radical, qui transforme profondément la structure, crée le besoin
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de nouvelles compétences. De même, Doz, Y (1994) montre que


b. Vers le développement de la polyvalence le renouvellement des compétences est la conséquence d’un
La polyvalence peut aller d’une simple capacité à exécuter changement radical et il donne les exemples de repositionnement
plusieurs tâches faisant partie du même poste (Dietrich, A., de Corning dans le domaine des applications de technologie plus
2000), à la capacité de tenir plusieurs postes voire plusieurs avancées dans les années 80, la métamorphose d’Intel des
fonctions. Est polyvalent, un employé qui dispose « d’une gamme mémoires aux processus ainsi que la transition des téléphones
étendue de compétences amplifiant le champ des tâches qu’il est mobiles à des produits de consommation. Toutefois, le change-
susceptible d’accomplir » (Tarondeau, P., 1999 :70). La polyva- ment des structures, des procédures et des compétences
lence veut dire aussi la détention des compétences transversales constitue une boucle d’effets rétroactifs « les restructurations
applicables à plusieurs activités par l’intermédiaire des collectifs demandent de nouvelles compétences — notamment des
de travail (Castro, J-L et al, 1998). Elle désigne « un élargissement ingénieurs, des cadres et des personnels hautement qualifiés —
de la surface de la compétence de la personne… vers d’autres accompagnées par des politiques de formations régulières »
processus…, vers d’autres disciplines…, vers d’autres fonctions… (Guilhon, A et Trepo, G., 2001 : 44). En revanche, l’augmentation
etc. » (Zarifian, Ph., 1999 : 157). La polyvalence permet aux des compétences à un niveau excédentaire de ce que l’entreprise
individus d’avoir la capacité « à faire face à des situations a besoin peut l’amener au « piège de sur-compétence » et la rendre
nouvelles en adoptant à des fins créatrices son propre acquis » par conséquent vulnérable à un éventuel rétrécissement des
(Farastier, D-A, 1995 :45). Elle va de pair avec l’aplatissement de segments de marché (niches). Dans ce cadre, le changement
la hiérarchie qui privilégie le travail collectif. De ce fait, elle peut organisationnel devient un outil efficace pour que l’entreprise
constituer une plate-forme au développement des compétences renouvelle ses compétences et échappe aux risques d’inertie
collectives. Cependant, un élargissement des compétences des (stabilité). L’entreprise doit donc trouver un état « d’équilibre
salariés leur permet de s’adapter facilement aux évolutions des dynamique » entre la stabilité de ses compétences et leur renou-
organisations de travail et aux évolutions technologiques vellement. Le renouvellement des compétences, qui est un
(Bernoux, Ph, 2004). Les compétences du personnel aspect différent de leur développement, ne peut résulter que d’un
d’encadrement évoluent vers plus d’activités de contrôle, de changement organisationnel spécifique. Cependant, « développer
surveillance des installations, d’animation d’équipes et de parti- des compétences entièrement nouvelles peut exiger des attitudes
cipation à des groupes projets et d’interfaces. et des processus radicalement différents de ceux utilisés dans le
Les changements axés sur la qualité totale ou sur la redéfinition perfectionnement des compétences existantes » (Doz, Y,
des processus sont les mieux cohérents avec un souci de 1994 :96).
développement des compétences individuelles « les compétences Les compétences sont susceptibles de devenir obsolètes dans le
augmentent avec les interactions répétées entre aptitudes indivi- cas où « l’apprentissage de compétences existantes a cessé
duelles, systèmes et processus, et ressources tangibles et intan- d’augmenter, elles sont à un niveau élevé très acceptable » (Doz,
gibles de l’organisation » (Doz, Y, 1994 :94). L’entreprise doit faire Y, 1994 :101). Une exploitation constante des mêmes compé-

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tences peut créer un sentiment d’autosatisfaction chez les quatrième hypothèse H4 : Les changements organisationnels
membres de l’organisation mais aussi une source de vulnérabilité (évolutif et radical) produisent la destruction des compétences
aussi bien pour le personnel que pour l’entreprise. L’arbitrage individuelles.
reste aussi valable entre améliorer des compétences existantes
et rester dans la continuité tout en supportant d’éventuels

Formation
risques de dépendance à l’égard de l’inertie des compétences- 1.3.4. Le développement
clés (Doz, Y, 1994) ou de vulnérabilité aux changements des des compétences collectives
technologies ou des liens avec les marchés (Leonard Barton,
1992) et renouveler totalement ses compétences et faire la Dans les collectifs de travail, l’apprentissage organisationnel vise
discontinuité et supporter une éventuelle diminution de le développement d’une compétence collective. L’efficacité de
l’efficacité à court et à moyen terme de l’organisation (March, G, l’apprentissage organisationnel est fortement tributaire de
1991). Ainsi, une troisième hypothèse est soulevée, H3 : Les l’ampleur du changement organisationnel à effectuer puisque
changements organisationnels (évolutif et radical) produisent le « trop d’uniformité bloque l’apprentissage, et trop de variétés

renouvellement des compétences individuelles. bloque sa transformation » (Doz, Y, 1994 :94). Les compétences
collectives, liées au processus d’apprentissage organisationnel,
subissent une évolution sous forme de développement face à un
1.3.3. La destruction changement organisationnel. L’échange d’information,

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des compétences individuelles l’autonomie, la coopération, la coordination et la communication
sont les principaux déterminants du développement des compé-
Le recentrage sur les activités de base demande une externalisa- tences collectives. L’échange d’information est la mise en
tion de certaines compétences, donc leur destruction parce que commun d’un ensemble de données, structurées et formatées,
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l’entreprise n’y aura plus besoin à l’intérieur. Le groupe Shell — mais inertes et inactives tant qu’elles ne sont pas utilisées par
objet de recherche de Guilhon, A et Trepo, G., (2001)- lors de sa ceux qui ont la connaissance pour les interpréter et les manipuler
transformation, a allégé ses compétences techniques manuelles (David, P, A et Foray, D, 2002). L’autonomie est « la capacité
et de services en faveur des compétences à haut potentiel dynamique à s’insérer dans un collectif » (Pichault, F et Nizet, J,
d’apprentissage. Il y avait aussi destruction de postes par la 2000 : 24). Elle facilite à l’opérateur de prendre l’initiative et
diminution de l’effectif sur le site. Les axes de transformation de d’achever son action. Une distinction est faite entre l’autonomie
l’entreprise Shell se résument dans des points comme la simplifi- individuelle et l’autonomie collective. En fait, l’autonomie indivi-
cation de l’organisation pour qu’elle soit souple et flexible, la duelle désigne le vouloir et le pouvoir individuel de prendre une
responsabilisation des acteurs en les rendant plus autonomes et décision voire même de résoudre un problème et l’autonomie
la procuration en ressources suffisantes. Cependant, collective est formalisée à travers les domaines de responsabi-
l’externalisation des activités « de soutien » a éliminé les compé- lités qu’assure une équipe. L’autonomie et la communication vont
tences non stratégiques alors que le niveau de qualification de pair lors d’un changement de l’organisation de travail (Guilhon,
requis a augmenté et les salariés ont suivi des actions de forma- A et Trepo, G., 2001).
tion en fonction des modifications apportées sur leurs postes. Par ailleurs, les équipes qui ont la compétence collective la plus
Haddadj, S et Besson, D (2000) considèrent que les entreprises reconnue sont celles qui coopèrent le mieux et qui réalisent le
qui cherchent la flexibilité ont tendance à aller chercher les résultat le plus élevé (Guilhon, A et Trepo, G., 2001 ; Picq, Th et
compétences dont elles ont besoin à l’extérieur, et qu’elles privi- Retour, D, 2001 ; Alter, N, 1996). Ces auteurs soulèvent trois
légient les logiques du marché comme lieu de ressources propres points fondamentaux suscitant les individus à coopérer : le
à leur développement. développement des nouveaux produits gérés par des équipes, la
De même, la difficulté d’accès aux ressources nécessaires pour mobilité interne et l’implication dans les réunions et la participa-
que les individus mettent en œuvre leurs compétences est une tion aux plans de formation et à leur amélioration. La coordina-
cause de destruction de ces dernières. C’est pourquoi on trouve tion, en tant qu’une culture partagée, est l’ensemble des tâches
parfois des individus très qualifiés, mais incompétents. Ce phéno- distinctes par lesquelles les individus s’impliquent dans des
mène est expliqué par Tarondeau, J-C et Wright, RW, (1995 :116), relations de communication (Zarifian, Ph, 1999). Elle est distincte
comme une mauvaise affectation en disant que « le rôle qui lui est de la coopération du fait qu’elle est obligatoire, nécessite une
dévolu dans l’organisation peut rendre l’individu incompétent compétence spécialisée, relève de la hiérarchie, mise en place à
malgré son niveau individuel de savoir ». Greenan, N, (1996) travers des procédures et sépare les compétences individuelles
stipule que les changements organisationnels peuvent avoir un (Picq, Th et Retour, D, 2001).
effet destructeur d’emploi quand ils favorisent une plus grande Une fois développées, les compétences collectives peuvent être
rationalisation du travail. L’externalisation ou la sous-traitance institutionnalisées dans des routines et dans une mémoire
d’un nombre de postes qui ont une faible création de valeur organisationnelle (Le Boterf, G, 1997). Les apprentissages organi-
ajoutée est le meilleur exemple de cet effet destructeur. Donc une sationnels peuvent devenir des routines, autrement dit « des

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140 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation

manières spécifiques à une organisation qui orientent le compor- adressés à un échantillon de 42 entreprises industrielles
tement des individus et des groupes et ont tendance à perdurer » tunisiennes qui ont déclaré s’être restructurées. Les question-
(Grimand, A et Vandangeon-Derumez, I, 2004 : 49). Elles entraî- naires sont remplis par des cadres intermédiaires puisqu’ils
nent une sorte d’inertie organisationnelle qui peut limiter la occupent « la position privilégiée de relais » et qu’ils bénéficient
capitalisation et la diffusion des initiatives locales, c’est pourquoi « d’une plus grande polyvalence et d’une plus grande adaptabilité »
Formation

il importe d’initier un processus de délibération collectif favori- pour penser et mettre en œuvre un changement organisationnel
sant l’émergence de nouvelles routines. Des routines efficaces (Gaha, C, 2003). L’application d’une analyse des correspon-
garantissent l’aboutissement et la finalisation du processus de dances multiples telle que présentée par Brigitte, E et Jérôme, P,
changement, faute de quoi les compétences d’aujourd’hui (1998) nous a permis de tester les hypothèses de recherche.
pourraient devenir les rigidités de demain. L’apprentissage Celle-ci a été réalisée à partir de 12 variables de changement
organisationnel qui se fait dans les équipes projets, précise « le organisationnel et de 19 variables d’évolution des compétences
fonctionnement de diverses boucles d’apprentissage dans une (ANNEXE 1). Chaque variable possède deux modalités. Les
équipe ou un réseau constitue un puissant facteur de développe- données sont analysées par le logiciel SPAD. L’encadré ci-
ment de leur compétence collective » (Le Boterf, G, 1997 :85). dessous explique la construction des composantes principales.
Une dernière hypothèse est subdivisée en cinq sous-hypothèses ;
H5.1 : L’apprentissage organisationnel produit le développement Encadré
des compétences collectives par l’échange d’information, H5.2 : Les graphiques A et B montrent comment les variables se situent

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L’apprentissage organisationnel produit le développement des dans les plans engendrés par le premier et le deuxième axes
compétences collectives par l’autonomie, H5.3 : L’apprentissage factoriels et par le premier et le troisième axes factoriels. Ces
trois premiers axes représentent 31,1 % de l’inertie totale du
organisationnel produit le développement des compétences nuage des points. L’axe no 1 récupère 12,95 % de l’information,
collectives par la coopération, H5.4 : L’apprentissage organisa- l’axe no 2 récupère 10 % de l’information et l’axe no 3 permet de
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tionnel produit le développement des compétences collectives récupérer seulement 8,15 % de l’information. Chaque axe factoriel
par la coordination, H5.5 : L’apprentissage organisationnel produit prend le nom des variables qui participent le plus à sa construc-
tion. La contribution de chaque modalité décrit sa contribution
le développement des compétences collectives par la communi- dans la formation de l’inertie totale de l’axe. Pour l’interprétation
cation. de l’axe, on sélectionne les modalités qui ont les plus fortes
Nous proposons, ci-dessous, un modèle de recherche qui met en contributions. L’analyse compte, après apurement, 62 modalités
commun ces différentes hypothèses. actives. Pour chaque axe, le pourcentage d’inertie théorique
moyen expliqué par chaque modalité est de 1,6 % soit
(100 %/62). Or on constate, par exemple, sur l’axe n° 1 que les
contributions varient de 0,001 % à 5,317 % (ANNEXE 3). Les
2. La validation empirique contributions relatives de chaque modalité à la construction des
cinq premiers axes sont tirées des tableaux du SPAD. Les
du modèle de recherche modalités qui contribuent à la formation des trois premiers axes
sont listés dans l’ANNEXE 2. Les modalités impaires signifient que
Pour décrire la nature des changements organisationnels et leur la variable existe et les modalités paires veulent dire que la
impact sur l’évolution des compétences, nous nous sommes variable n’existe pas.

2.1. L’interprétation des résultats


Nous présentons successivement deux graphiques A et B repré-
sentant les corrélations possibles entre les variables du change-
ment organisationnel et les variables d’évolution des compé-
tences. Ces graphiques récupèrent 31,1 % de l’information totale
du nuage des variables. L’interprétation des nuages des variables
sur les deux premiers plans factoriels nous paraît suffisante. Il est
à noter que nous ne nous intéresserons qu’aux variables qui sont
choisies par les individus interrogés et qui ont une corrélation
entre elles. Ce sont les variables du changement organisationnel
qui ont un impact significatif sur les différents niveaux des
compétences. Les changements menés par les entreprises
enquêtées et les compétences touchées figurent avec la forme
triangulaire dans les graphiques ci-dessous. Les formes rectan-
gulaires sont les modalités qui montrent, ou bien l’absence des
changements, ou bien l’absence d’évolution des compétences.
Schéma : Modèle théorique de recherche.

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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation 141

2.1.1. La corrélation entre les variables développement des compétences relationnelles du cadre
figurant sur le premier plan factoriel supérieur (S5).
Dans le cadran, en bas et à gauche, le changement organisa-
On remarque d’après le premier cadran, en haut et à gauche du tionnel radical de la stratégie (R1), de la structure (R3) et de la
premier plan factoriel du graphique A, l’existence d’une corréla- culture (R5) ainsi que l’apprentissage organisationnel par

Formation
tion entre d’une part, le changement organisationnel radical de l’innovation organisationnelle (A5) produisent le développement
type structure (R3) et culture (R5), l’apprentissage organisationnel des compétences organisationnelles de l’opérateur (O1) et le
de type innovation procédés (A3) et innovation organisationnelle développement des compétences collectives par le développe-
(A5) et d’autre part, le renouvellement des compétences en ment de l’autonomie (C3). Le cadran adjacent, à droite, montre
cadres supérieurs (W1), la destruction des compétences (D1) et le que le changement évolutif de la stratégie (E1) provoque le
développement des compétences collectives liées à l’autonomie développement des compétences techniques du cadre intermé-
(C3) et à la coopération (C5). diaire (I3) et d’expert de l’opérateur (O5), le développement des
Le deuxième cadran, en haut et à droite, regroupe le changement compétences organisationnelles du cadre supérieur (S1) ainsi
évolutif et l’apprentissage organisationnel avec le développement qu’un développement de la communication horizontale (C11).
des compétences individuelles et collectives. En effet, le change-
ment évolutif de la stratégie (E1) et de la structure (E3) ainsi que
l’apprentissage organisationnel par l’innovation technologique

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(A7) produisent le développement des compétences techniques
du cadre intermédiaire (I3) et le développement des compétences
collectives par le développement de la communication verticale
(C9) et le développement de la communication horizontale (C11).
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Graphique B : Changements organisationnels et évolution des compétences sur le


second plan factoriel.

2.2. Commentaire des résultats

Graphique A : Changements organisationnels et évolution des compétences sur le


premier plan factoriel.
2.2.1. L’impact du changement organisationnel
évolutif sur l’évolution des compétences
Pour résumer, on constate que le changement organisationnel
2.1.2. La corrélation entre les variables figurant évolutif de la stratégie (E1), de la structure (E3) et des procédures
de gestion (E7) produisent le développement des compétences
sur le second plan factoriel individuelles, le renouvellement des compétences individuelles et
La lecture du second plan factoriel, dans le graphique B, montre le développement des compétences collectives. En effet, le
d’autres corrélations entre les variables du changement organi- développement des compétences techniques du cadre intermé-
sationnel et celles d’évolution des compétences. Le premier diaire (I5), des compétences d’expert de l’opérateur (O5) et des
cadran, en haut et à gauche, montre que le changement organi- compétences organisationnelles du cadre supérieur (S1) sont
sationnel radical des procédures de gestion (R7) produit le dues essentiellement au changement évolutif de la stratégie (E1).
développement des compétences techniques du cadre supérieur Par contre le développement des compétences organisation-
(S3). nelles (S1) et relationnelles (S5) du cadre supérieur ainsi que le
Le cadran adjacent, à droite, montre l’existence du changement renouvellement des compétences individuelles en opérateur (W5)
organisationnel évolutif des procédures de gestion (E7) et sont dues au changement évolutif des procédures de gestion (E7).
d’apprentissage organisationnel lié à l’innovation technologique Le développement des compétences collectives en communica-
(A7) qui affectent le développement des compétences collectives tion verticale (C9) et horizontale (C11) est due au changement
liées au développement de la communication verticale (C9), le évolutif de la stratégie (E1), de la structure (E3) et des procédures
renouvellement des compétences en opérateur (W5) et le de gestion (E7).

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142 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation

Toutefois, la distinction entre les compétences organisationnelles tences collectives en autonomie (C3), en coopération (C5) et en
et les compétences techniques d’un individu est importante. Les communication horizontale (C11) est due essentiellement au
compétences organisationnelles, appelées aussi compétences changement radical de la structure (R3) et de la culture (R5).
gestionnaires (Besson, D et al, 2003), désignent l’ensemble des L’opérateur devrait apprendre à gérer l’événement même avant
capacités qu’un individu possède pour être en état de veille pour qu’il se produise. Les seules compétences techniques sont insuf-
Formation

le bon fonctionnement de son activité. C’est aussi la capacité fisantes pour qu’un opérateur puisse accomplir ses tâches. La
d’organiser les composantes de son travail. Nous avons considéré vision d’un changement organisationnel radical procure davan-
l’exécution des tâches suivantes comme faisant partie des tage de polyvalence aux opérateurs. Le cadre intermédiaire est
compétences organisationnelles. Pour un cadre intermédiaire, il absent de l’effet du changement radical. Cela implique que lors
s’agit d’effectuer la répartition des tâches entre les opérateurs, d’un tel changement, le cadre intermédiaire joue un rôle limité
même chose pour l’opérateur, alors que pour un cadre supérieur dans sa mise en œuvre contrairement à ce qui a été montré par
il s’agit de la répartition du travail, tout entier, entre ses subor- Gaha, C, (2003). Par contre, les cadres supérieurs développent
donnés. Par contre les compétences techniques, font référence leurs compétences de résolution des problèmes techniques afin
aux savoir-faire utiles au bon fonctionnement de l’activité de faire face aux incidents qui échappent aux autres niveaux
(Pelletier, G, 1996) et pour maîtriser une zone d’incertitude hiérarchiques. Ce changement permet aussi le renouvellement de
(Crozier, M. et Friedberg, E, 1977). Avoir une compétence cette catégorie de personnel.
technique c’est savoir exécuter des tâches précises. Pour un En effet, les entreprises industrielles tunisiennes essayent

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cadre intermédiaire, il s’agit d’arrêter la production en cas d’améliorer, par le changement organisationnel, leur encadre-
d’incident, de relancer la production suite à un incident et de ment. Alors que la destruction de certaines compétences est
contrôler la qualité des produits. L’opérateur doit effectuer la expliquée par la sous-traitance des activités non rentables ou par
réparation courante en cas d’incident et faire la maintenance le licenciement du personnel. Un changement organisationnel est
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courante. Le cadre supérieur montre à ses subordonnés encore une source de l’émergence du travail collectif, source de
comment faire le travail et règle les problèmes techniques. compétences collectives.
Nous pouvons conclure que l’opérateur tend à avoir des compé-
tences d’expert qui désignent l’ensemble des savoirs portés par
un opérateur à des questions de qualité et de développement 2.2.3. L’impact de l’apprentissage
alors que les cadres intermédiaires perfectionnent davantage organisationnel sur l’évolution
leurs compétences techniques. Pour les cadres supérieurs, le
développement de leurs compétences organisationnelles et des compétences
relationnelles devient plus compatible avec les nouvelles L’apprentissage organisationnel produit, à côté du développe-
exigences du travail post-industriel. Le cadre supérieur intervient ment des compétences collectives, le développement des compé-
de plus en plus aux niveaux inférieurs pour apporter son expertise tences individuelles, leur renouvellement et leur destruction.
aux agents opérationnels. Son encadrement devient à la proche L’apprentissage par l’innovation des procédés (A3) et par
de ceux qui en avaient besoin. Il s’agit d’un encadrement qui l’innovation organisationnelle (A5) permet le développement des
intègre l’intérêt et l’action dans une vision plurifonctionnelle. compétences techniques de l’opérateur (O3).
Seule, l’innovation organisationnelle (A5) permet le développe-
ment des compétences organisationnelles de l’opérateur (O1),
2.2.2. L’impact du changement organisationnel alors que l’innovation des procédés (A3) permet le développe-
radical sur l’évolution des compétences ment des compétences techniques du cadre intermédiaire (I3) et
des compétences techniques du cadre supérieur (S3).
Le changement radical produit le développement des compé- Le renouvellement des compétences en cadre supérieur (W1) est
tences individuelles, leur renouvellement et leur destruction ainsi due à l’apprentissage par l’innovation des procédés (A3) et par
qu’un développement des compétences collectives. Le dévelop- l’innovation organisationnelle (A5), alors que le renouvellement
pement des compétences organisationnelles (O1) et techniques des compétences en opérateur (W5) est due seulement à
(O3) de l’opérateur est influencé par le changement radical de la l’innovation des procédés (A3). La destruction des compétences
stratégie (R1), de la structure (R3) et de la culture (R5). Le dévelop- individuelles (D1), le développement de l’autonomie (C3) et le
pement des compétences techniques du cadre supérieur (S3) développement de la coopération (C5) sont provoqués par
subit l’effet du changement radical des procédures de gestion l’innovation des procédés (A3) et l’innovation organisationnelle
(R7). (A5).
Le renouvellement des compétences individuelles en cadre Le développement de la communication verticale (C9) est due à
supérieur (W1) est le résultat du changement radical de la struc- l’innovation technologique (A7) et la communication horizontale
ture (R3) et de la culture (R5), même chose pour la destruction des (C11) à l’innovation organisationnelle (A5) et technologique (A7).
compétences individuelles (D1). Le développement des compé- Finalement, l’apprentissage par l’innovation technologique (A7)

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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation 143

affecte respectivement, le développement de l’autonomie (C3), le Conclusion


développement de la communication verticale (C9) et de la
communication horizontale (C11). Lors de leur restructuration, les entreprises industrielles
En effet, l’apprentissage organisationnel permet aux opérateurs tunisiennes ont recours aux différentes formes de changement
d’être polyvalents et rend les cadres intermédiaires et supérieurs organisationnel. Les changements évolutifs de la stratégie, de la

Formation
spécialisés. L’innovation technologique est la pratique la plus structure et des procédures de gestion sont les plus adoptés. Les
influente du fait que la technologie devient la patte à moule du changements radicaux touchent aux différentes composantes de
fonctionnement organisationnel. Tarondeau, J-C, (1999) qualifie l’organisation ce qui confirme les avancées de Guilhon, A, (1998)
les innovations par des « processus et technologies » qui sont de Vas, A et Ingham, M, (2004) et de Soparnot, R, (2005). Il s’agit
utiles pour concevoir, réaliser et distribuer des produits et en fait de changement de la stratégie, de la structure, de la
services. Elles sont aussi qualifiées par Oiry, E et D’Iribarne, A, culture et des procédures de gestion. Pour l’apprentissage organi-
(2001 :60) comme « l’ensemble des applications informatiques au sationnel, les entreprises enquêtées choisissent un apprentis-
domaine de la production industrielle. Les nouvelles technologies sage par l’innovation des procédés, l’innovation organisationnelle
d’information et de communication facilitent la création d’une et l’innovation technologique. L’innovation produit est faible dans
intelligence collective, condition à l’émergence et au développe- ces entreprises. En effet, si l’apprentissage organisationnel est
ment de ce type de compétence (Le Boterf, G, 1994). Les compé- complémentaire des changement organisationnels évolutif et
tences du personnel des entreprises industrielles tunisiennes radical (Guilhon, A, 1998), la réussite de ces derniers est tribu-

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doivent suivre cette évolution de la technologie. taire de l’originalité organisationnelle et technologique et de la
Face aux exigences des nouvelles technologies de plus en plus communication
complexes, les entreprises améliorent la mobilité interne du Notre recherche avait pour objectif de montrer l’impact du
personnel d’atelier (Dietrich, A, 2000) et l’enrichissement et changement organisationnel sur l’évolution des compétences
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l’élargissement des tâches (Herzberg, 1950). Toutefois, ces dans les entreprises industrielles tunisiennes. A partir d’une
technologies améliorent aussi la qualité et le rythme de la analyse factorielle des correspondances multiples (ACM) les
communication au sein de ces entreprises. résultats ont permis de valider partiellement le modèle théorique
La communication en tant qu’une compréhension réciproque, de la recherche. En effet, les changements organisationnels
suppose de concevoir les systèmes d’information comme aptes à (évolutif et radical) provoquent le développement des compé-
favoriser cette compréhension » (Zarifian, Ph, 1999 :111) devient tences individuelles vers la spécialisation et vers la polyvalence.
une exigence du travail post-industriel puisque le travail est Toutefois, nous remarquons que :
orienté plus vers des collectifs où il y a la création de synergies. – le changement évolutif génère une spécialisation chez les
Ce sont les qualités des interactions entre les acteurs et leur opérateurs par le développement de leurs compétences
capacité d’échanger des savoirs et des expériences qui permet- d’expert,
tent, toutes, le développement des compétences collectives. – le changement évolutif génère le développement des compé-
Le développement des compétences collectives peut s’effectuer tences techniques des cadres intermédiaires,
à un niveau local, au sein d’une même équipe ou au niveau global – le changement évolutif développe la polyvalence des cadres
entre des équipes différentes (Pemartin, D., 1999). Un tableau supérieurs par l’amélioration de leurs compétences organisa-
récapitulatif formé en ligne par les changements organisationnels tionnelles et relationnelles.
et en colonne par l’évolution des compétences, nous permet de Par contre, le changement radical est source de polyvalence pour
visualiser les principaux résultats. l’opérateur et de spécialisation pour le cadre supérieur avec une

Tableau : Les principaux résultats empiriques.

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Dossier
144 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation

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troisième hypothèse est ainsi vérifiée. La destruction des compé- Bernoux, Ph., (2004), Sociologie du changement dans les entreprises et
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tences, qui est due à la suppression des postes ou à des licen-
ciements, est le résultat du changement radical et de Besson, D et al., (2003), « Discours sur les compétences organisation-
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recherche est partiellement validée.
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est partiellement vérifiée puisqu’il n’y a pas ou peu d’échange Brigitte, E et Jérôme, P, (1998), Analyses factorielles simples et multiples,
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de la communication. Chandler A-D., (1992), « Organizational capabilities and the economic


Par ailleurs, de nouvelles relations apparaissent et montrent que history of the industrial enterprise », Journal of Economic Perspectives, Vol
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ment la conséquence d’un apprentissage organisationnel mais Cockerill, T, Hunt, J et Schoder, H, (1995), « Managerial competencies : fact
or fiction », Business Strategy Rreview, Vol 6, n° 3, p1-12
aussi d’un changement évolutif et radical. C’est essentiellement
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organisationnel peut provoquer soit un recrutement interne de
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nouvelles compétences soit le redéploiement d’autres qui devien-
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des réponses des cadres intermédiaires. Une étude de cas peut accélérateur du projet stratégique de l’entreprise et du développement
valider les résultats trouvés dans cette recherche et éventuelle- personnel », Les Cahiers du Management Technologique, Vol.11, n° 3,
ment les compléter, car on peut s’interroger sur d’autres facteurs septembre-decembre, p7-28
(par ex. les pratiques de gestion des ressources humaines) autres Dejoux, C., (1996) Organisation qualifiante et maturité en gestion des
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juillet-octobre 2007
Dossier
146 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 226-227 – Organisation

Annexe 1. Les variables du changement organisationnel


Formation

Annexe 2

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Annexe 3. Source : Les données tirées du logiciel SPAD.
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