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Organisation des systèmes de soins


Filières et réseaux
Alain Bérard
Réseau de Santé Paris-Nord, 3-5 rue de Metz, 75010 Paris
Courriel : alain.berard@reseau-paris-nord.com
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Objectifs
• Expliquer les principes de l’organisation des soins en France,
PRINCIPES DE L’ORGANISATION en Europe et aux État-Unis.
DES SOINS EN FRANCE, • Expliquer les principes et finalités des filières et réseaux de soins.
EN EUROPE ET AUX ÉTATS-UNIS
• Expliquer les grandes lignes du système conventionnel français.
Le système de soins est l’ensemble des res-
sources matérielles humaines et cognitives
structurées en vue de fournir des services et des biens à la popu- sécurité sanitaire des aliments, Agence française de sécurité sani-
lation afin d’améliorer son état de santé. Il s’appuie sur des actions taire environnementale), et sur différentes organisations nationa-
de restauration ou de stabilisation de la santé (soins à l’individu), les : la Haute Autorité de santé, le Haut Conseil de la santé publique…
de prévention, de promotion de la santé et d’éducation pour la ✓ Organisation sanitaire au niveau régional : sous l’autorité du pré-
santé. Si tous les systèmes de soins ont les mêmes objectifs fet de région, la Direction régionale des affaires sanitaires et
(acceptabilité, accessibilité, équité, efficience, soins de qualité), sociales (Drass) détermine des priorités régionales de santé dans
les organisations diffèrent, car les priorités divergent : universalité le cadre de la conférence régionale de santé, met en œuvre et
de la prise en charge, principes libéraux, priorité donnée au marché, évalue les politiques régionales de santé, assure la cohésion
maîtrise des dépenses de santé... sociale et le développement social par l’animation des différents
dispositifs d’insertion et d’intégration et des centres de formation
Système de soins français des travailleurs sociaux. Elle contrôle les organismes de sécurité
Près de 2 millions de personnes travaillent dans le domaine de sociale et fait le lien entre santé et environnement. La Drass orga-
la santé. Parmi les professions du code de la santé publique, 47 % nise également les concours médicaux et paramédicaux et gère
sont hospitaliers, 38 % ont une activité libérale et 15 % travaillent les formations de ces professionnels.
pour l’État, les collectivités territoriales, l’Assurance maladie… L’Agence régionale d’hospitalisation est constituée à parité
de l’État et des caisses d’assurance maladie. Elle définit et met
1. Organisation de l’administration de la santé en œuvre la politique régionale d’offre de soins hospitaliers
✓ Organisation sanitaire au niveau national : le ministère de la Santé (publique et privée), arrête le Schéma régional d’organisation
prend en charge la veille sanitaire, la lutte contre les grandes maladies sanitaire, et détermine les ressources à affecter.
(cancer, viroses chroniques…) et les fléaux sociaux (toxicomanie, L’Union régionale des caisses d’assurance maladie (Urcam)
alcoolisme), met en œuvre les politiques nationales de santé et est chargée de définir la politique régionale de gestion du risque
permet une formation de qualité des professionnels. Il définit les santé. Elle organise l’offre de soins de ville (réseaux de santé,
normes de qualité, exerce un contrôle sur les organismes de sécu- permanence des soins), participe à l’amélioration/évaluation des
rité sociale, planifie l’offre de soins et veille à l’équilibre des comp- pratiques professionnelles.
tes sociaux. Le ministère de la Santé s’appuie sur les conférences Créée en 1994 pour l’évaluation des pratiques professionnel-
de santé (nationales et régionales), les agences nationales de veille les, l’Union régionale des médecins exerçant à titre libéral (URML)
et de contrôle sanitaire (Institut de veille sanitaire, Agence française représente les médecins libéraux dans l’élaboration et le suivi
de sécurité sanitaire des produits de santé, Agence française de des politiques régionales de santé.

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Organisation des systèmes de soins — Filières et réseaux

✓ Organisation sanitaire au niveau départemental : la Direction médecins du département d’information médicale… Le privé fait
départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) met jeu égal avec le public pour l’activité chirurgicale. La chirurgie
en œuvre les politiques locales d’intégration, d’insertion, de soli- ambulatoire représente 5 % du volume d’activité chirurgicale en
darité et de développement social. Elle mène des actions de pro- secteur hospitalier public et 30 % en secteur privé, qui possède
motion et de prévention en santé publique, de lutte contre les 84 % des places d’anesthésie et de chirurgie ambulatoires.
épidémies, de protection sanitaire de l’environnement et de
contrôle des règles d’hygiène. Elle contrôle les établissements Système de soins britannique
sanitaires, médico-sociaux et sociaux. Le système de soins britannique repose sur le National Health
Les services décentralisés du Conseil général mettent en œuvre Service (NHS) qui offre une couverture universelle et gratuite pour
la protection maternelle et infantile, organisent la vaccination, la tous. L’accès aux médecins spécialistes du service public est
lutte contre la tuberculose, la désinfection, et interviennent dans conditionné par une visite préalable chez le médecin généraliste
la prise en charge des personnes âgées dépendantes. salarié du NHS. Le choix du généraliste est obligatoire et déter-
miné par le lieu d’habitation du patient. L’activité de spécialiste
2. Organisation du système hospitalier est essentiellement hospitalière. L’épargne personnelle et l’assu-
En 2004, le système hospitalier comprenait 2 890 établissements rance volontaire peuvent compléter le niveau des prestations ser-
de santé pour un parc de 451 000 lits d’hospitalisation complète vies par le NHS ou encore la couverture de risques particuliers.
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et 49 500 places d’hospitalisation jour ou nuit (DREES-SAE 2004). Le NHS s’organise en Primary and Secondary Health Services :
✓ Établissements publics de santé : la notion de service public — les Primary health services : les soins primaires ou de base
implique une égalité d’accès aux soins pour tous, une continuité (médecins généralistes, dentistes, pharmaciens et opticiens) sont
des soins (de jour comme de nuit) et une adaptation continue de dispensés en Primary care trusts (dispensaires) qui orientent les
l’établissement aux besoins de la population et selon les progrès patients vers les autres services de santé et gèrent 75 % du budget
de la médecine. Si le secteur public représente un tiers des éta- du NHS. Chaque Primary care trust dessert 100 000 personnes
blissements, il possède 66 % du parc de lits et 62 % des places pour lesquelles il négocie des contrats de soins avec les hôpitaux ;
d’hospitalisation de jour ou de nuit. Il est constitué des 29 centres — les Secondary health services comprennent les Hospital NHS
hospitaliers régionaux (« CHU », pour ceux ayant passé convention trusts (groupement d’hôpitaux de médecine, chirurgie et obsté-
avec des UFR de médecine, de pharmacie et/ou d’orthodontie), trique), les Care trusts (services sociaux et d’hospitalisations à
des 600 centres hospitaliers à spécialisation psychiatrique et/ou domicile), les Mental health trusts (hôpitaux psychiatriques) et les
médicale, chirurgicale, obstétrique, des 350 hôpitaux locaux et Ambulance trusts (soins d’urgences et de transports médicalisés).
des 9 hôpitaux d’instruction des armées. Le dispositif est com- Le service public de santé est complété par des structures
plété par des établissements de soins de suite et de réadapta- privées : les Private Health insurance Secondary care. Les soins
tion (SSR) qui assurent la continuité des soins après la phase sont généralement couverts par des assurances privées. L’accès
aiguë de la maladie et les traitements nécessaires à la réadap- aux services du privé (hospitaliers) est plus rapide mais plus
tation, et des établissements de soins de longue durée (SLD). coûteux. Le NHS sous-traite aux opérateurs privés un grand nom-
✓ Établissements de santé privés : le secteur comprend 1 069 éta- bre de soins : sur les 800 000 interventions chirurgicales effec-
blissements à but lucratif, 573 à but non lucratif et participant tuées chaque année par le privé, 90 000 concernent des patients
au service public hospitalier (PSPH) et 254 non PSPH à but non du NHS, qui est le meilleur client du secteur privé.
lucratif. Les médecins et chirurgiens sont rémunérés à l’acte et Le NHS a lancé un vaste chantier depuis fin 2003 pour la mise
reversent en moyenne 4 à 6 % de leurs revenus à la clinique. en place du e-dossier patient en 2010 afin de mettre en réseau
Certains médecins peuvent être salariés : médecins urgentistes, tout le système de santé britannique.

QU’EST-CE QUI PEUT TOMBER À L’EXAMEN ?


Il est difficile dans un dossier clinique d’interroger sur les spécificités du système importante. Son existence et ses coor-
de soins américain ou encore sur le principe du système conventionnel… données sont à rechercher lors de l’inter-
rogatoire et doivent être consignées dans
Cependant, après quelques premières la plus-value d’une prise en charge au sein le dossier patient. Il est destinataire du
questions ayant mené au diagnostic d’une d’un réseau de santé : des professionnels compte rendu d’hospitalisation à la sortie
pathologie chronique (le diabète p. ex.), à formés, des pratiques mises à jour de l’état du patient. Il est également responsable
l’instauration d’un traitement, il est très des connaissances, des prestations gratuites du protocole de soins (affections de longue
opportun d’ajouter la prise en charge au sein pour le patient (diététique, podologie, durée – ALD) qui permet au patient d’être
d’un réseau de santé dans l’arsenal théra- pédicurie, éducation thérapeutique)… pris en charge à 100 % par l’Assurance
peutique. Il est important de bien comprendre La notion du médecin traitant est très maladie obligatoire pour sa maladie. ●

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Le modèle du NHS séduit des pays membres de l’Union euro-
péenne. La Grèce a mis en place un NHS en parallèle à son sys- POINTS FORTS
tème de sécurité sociale. C’est également le cas du Portugal et à retenir
de l’Espagne où les autorités sont régionales et non nationales. Le système de santé est co-administré par l’État
Dans les pays d’Europe centrale (Pologne, par exemple), le NHS et l’Assurance maladie. L’État a la charge de l’hospitalisation
prend la forme d’un fonds national pour l’assurance santé. (ARH) et l’Assurance maladie (Urcam) de la médecine de ville.
Le médecin traitant est le pivot du parcours de soins
Système de soins américain coordonné. Pour la première fois, un professionnel est
Aux États-Unis, la santé relève du domaine privé. L’absence de clairement identifié et est destinataire de l’ensemble
tout système national d’assurance maladie obligatoire conduit près des informations portant sur le patient. Le médecin
de 15 % de la population à ne disposer d’aucune protection contre traitant gère le parcours de soins de son patient.
la maladie. L’État fédéral n’administre aucune institution de soins, Les réseaux de santé aident le professionnel à sortir
hormis celles des forces armées et des vétérans. Il ne contrôle ni de son isolement en lui organisant des formations
les institutions, ni les professionnels de santé. Chaque État définit pluriprofessionnelles et pluridisciplinaires, et en l’aidant
ses propres règles, d’où une multitude de systèmes de soins. à orienter son patient vers la bonne personne ressource.
Les deux tiers des Américains de moins de 65 ans sont assurés Les réseaux de santé peuvent financer pour le patient
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par le biais de leur employeur et bénéficient d’une assurance des prestations habituellement non prises en charge
maladie privée. Le financement public couvre près de 45 % des par l’Assurance maladie obligatoire : soins de podologie,
de pédicurie, avis diététique, séance de psychologie…
dépenses de santé. Il s’agit du programme fédéral Medicare (15 %
de la population) pour les plus de 65 ans et les personnes grave- Les filières de soins sont une séquence temporelle
ment handicapées, et le programme Medicaid (11 % de la popu- de différents intervenants auprès du patient. Si un des
maillons de la chaîne de soins casse (médecin en vacances,
lation) qui s’adresse à certaines familles pauvres avec enfants et
scanner en panne), le processus de soins s’arrête net.
aux personnes âgées nécessitant des soins de longue durée.
Medicare est financé par le budget fédéral et couvre l’hospi-
talisation et les médicaments ; concernant les soins de ville, il
faut passer par une assurance facultative. Medicaid est financé leur rémunération y est souvent plus avantageuse que dans les
par le budget fédéral et celui de l’État de résidence. L’accès est HMO et ils ne sont pas en service exclusif pour la PPO. Les patients
limité par un plafond de revenus variant selon l’État de résidence. versent une cotisation annuelle ou mensuelle au réseau et sont
Sur 100 médecins, 35 % sont des spécialistes à l’hôpital, 52 % incités financièrement à y avoir recours préférentiellement mais
des spécialistes en ville et 13 % des généralistes. Plus des deux ils peuvent consulter en dehors du dispositif et se faire rembourser,
tiers des médecins ont passé contrat avec un réseau de soins au prix d’une forte participation personnelle.
coordonnés dit managed care organization. Un médecin américain La politique du médicament est en faveur de l’innovation : les
est, en moyenne, sous contrat avec une douzaine d’assureurs prix ne sont pas encadrés. Dans le cadre des réseaux de soins
privés et peut être rémunéré à l’acte, selon un système de capi- coordonnés, il existe le plus souvent une liste incitative ou limi-
tation ou sur la base d’un salaire. tative positive des médicaments pouvant être prescrits…
Le système des Health Maintenance Organizations (HMO) est
la forme type. L’accès aux traitements et aux professionnels de
santé est soumis à autorisation par un médecin généraliste, dit SYSTÈME CONVENTIONNEL FRANÇAIS
gate-keeper (garde-barrière). Dans le staff model la HMO emploie Depuis 1971, le système conventionnel régit les relations entre
directement ses médecins, possède ses centres de soins ambula- les médecins libéraux et la Sécurité sociale. Il existe une convention
toires et ses propres hôpitaux à clientèle exclusive. Les médecins nationale pour chaque corps de professionnels de santé reconnu
travaillent en équipe pluridisciplinaire. Le personnel médical est par l’Assurance maladie (soit 14 conventions).
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intéressé seulement à la gestion de l’exercice sous la forme de La convention nationale des médecins généralistes et des
primes de fin d’année si le montant des cotisations excède celui médecins spécialistes conclue le 12 janvier 2005 entre, d’une
des dépenses. Par ailleurs, il n’a généralement pas la possibilité de part, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam)
soigner des personnes non affiliées au réseau. Dans le group model, et, d’autre part, le Syndicat des médecins libéraux, la Confédé-
la HMO réunit un groupe de médecins sous contrat, qui s’organisent ration des syndicats médicaux français et l’Alliance intersyndi-
fréquemment en équipe pluridisciplinaire et sont rémunérés à cale des médecins indépendants de France, n’est entrée en
la capitation. L’affiliation des médecins au réseau est exclusive. vigueur qu’après approbation ministérielle et publication au
De même, les assurés sont astreints à se soigner dans le réseau. Journal Officiel (11 février 2005), et pour une durée de 5 ans.
Les Preferred Providers Organizations (PPO) sont les structures Les principaux volets de la convention portent sur :
se développant le plus actuellement. Les producteurs de soins — le parcours de soins et de coordination (missions et modalités
s’engagent à pratiquer des tarifs négociés généralement infé- de choix du médecin traitant, valorisation financière, missions du
rieurs à ceux du marché (– 30 à – 50 %). Ils restent payés à l’acte, médecin correspondant et sa valorisation financière) ;

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— les éléments de maîtrise médicalisée des dépenses de santé médical). L’Assurance maladie rembourse sur la base des 70 %
(diminution des prescriptions d’antibiotiques, d’anxiolytiques, du tarif du secteur 1. Ces praticiens sont cependant tenus au
d’hypnotiques, d’arrêts de travail, du remboursement des statines) ; respect des tarifs opposables pour leurs patients bénéficiaires
— les modalités d’exercice conventionnel (rédaction des ordon- de la CMU-complémentaire.
nances et des documents ouvrant droit au remboursement des Enfin, certains médecins ne sont pas conventionnés (0,4 % des
prestations, facturation et modalités de paiement des honoraires) ; médecins libéraux). Ils fixent eux même leurs tarifs, avec « tact
— la télétransmission des feuilles de soins électroniques par les et mesure ». L’Assurance maladie rembourse de 0,4 à 1,22 euro
médecins, la maintenance et l’évolution du système SESAM-Vitale la consultation.
(carte Vitale) ;
— les dispositions en cas de non-respect de la convention ; Classification commune des actes
— la formation professionnelle conventionnelle portant sur : une médicaux (CCAM)
démarche qualité axée sur la « médecine fondée sur les faits pro- Depuis 2004, la CCAM « actes techniques » s’est substituée
bants », l’évaluation des pratiques professionnelles, l’améliora- à la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP). À
tion de la pratique médicale sur les priorités conventionnelles, chaque acte technique médical correspond une rémunération
les questions relatives à l’organisation du système de soins, l’éco- spécifique fixée par convention (avenant 2). Cette classification
nomie de la santé et la prise en compte des conséquences éco- est dite « commune », car elle est utilisée en ville et en établisse-
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nomiques de la pratique médicale et l’informatique médicale. ment de santé. La CCAM « actes de consultation » va prochaine-
Depuis la signature de l’actuelle convention, 27 avenants ment se substituer à la NGAP pour les actes de consultation, de
(modifications) ont été signés… prévention, d’éducation pour la santé.

Secteur conventionnel et tarifs


Au 1er janvier 2006, 67,6 % des 101 267 généralistes et 50,2 % PRINCIPES ET FINALITÉS DES FILIÈRES
des 106 010 spécialistes exerçaient en libéral. Les médecins ET RÉSEAUX DE SOINS
conventionnés en secteur 1 (dit « à tarifs opposables ») appliquent Le système de santé français est caractérisé par différents cloison-
les tarifs fixés par convention, sauf en cas de circonstances excep- nements (la ville/l’hôpital, le sanitaire/ le social…). Comme le patient
tionnelles de temps ou de lieu dues à une exigence particulière du peut être pris en charge par un établissement de santé et par un
malade non liée à un motif médical (DE : dépassement à titre excep- professionnel libéral, il convient de lever ces cloisonnements.
tionnel), en cas d’application de dépassements autorisés plafonnés
(DA) pour les soins non coordonnés (absence de passage préalable Réseaux de soins/de santé
par le médecin traitant) et en cas d’application du droit permanent À l’origine d’un réseau de soins, ce sont des professionnels
à dépassement (DP) pour les rares médecins encore habilités. confrontés à une carence dans la prise en charge d’un patient
En contrepartie du respect de ces tarifs opposables, les caisses (méconnaissance face à une maladie émergente comme le sida
d’assurance maladie participent au financement des cotisations dans les années 1990…) et qui décident de s’unir afin d’y apporter
dues par les médecins conventionnés (cotisations d’assurance des réponses sur un territoire donné. Cette association prend la
maladie, maternité, décès, allocations familiales et avantages forme d’une association Loi de 1901 comprenant le plus souvent
complémentaire vieillesse). un secrétariat, un coordonnateur médical (ou paramédical) et un
Le patient est remboursé sur la base du tarif de responsabilité coordonnateur administratif et financier.
(70 %) ; ce qui reste à sa charge après remboursement de l’Assurance La première mission des réseaux est de mettre en place des
maladie est le ticket modérateur. Si le patient consulte un médecin formations pluridisciplinaires. Ces formations sont aussi l’occa-
en dehors du parcours de soins coordonné (sans être passé par sion de brasser les professions intervenant auprès du patient.
le médecin traitant), le remboursement tombe à 60 %, sans com- S’y côtoient médecins, infirmiers, psychologues, diététiciens,
pensation par l’assurance maladie complémentaire. orthophonistes, assistants sociaux, travailleurs sociaux… Les pro-
En moyenne nationale, 85 % des généralistes et 63 % des cédures et protocoles de soins indiquent la place et les rôles des
spécialistes sont en secteur 1. différents professionnels. Tous travaillent de concert, chacun
Peuvent demander à être en secteur 2 (dit « à honoraires dif- sachant qui est intervenu en amont et qui interviendra en aval.
férents »), ceux qui s’installent pour la première fois en exercice La mise en place d’un « dossier patient réseau » relie les profes-
libéral et sont : anciens chefs de clinique des universités, assistants sionnels et améliore la communication entre l’hôpital et la ville…
des hôpitaux, anciens assistants des hôpitaux généraux ou régio- Par ailleurs, les réseaux recensent sur leur secteur d’intervention
naux n’appartenant pas à un CHU, anciens assistants des hôpi- les différentes personnes ressources (professionnels libéraux
taux spécialisés, praticiens chefs de clinique ou assistants des et/ou hospitaliers, établissements de santé, maisons de retraite,
hôpitaux militaires, praticiens à temps plein hospitalier, praticiens services sociaux…) en un annuaire. Lorsqu’un professionnel est
à temps partiel hospitalier comptant au minimum cinq années en difficulté face à une demande spécifique du patient ou de sa
d’exercice dans ces fonctions. Le médecin en secteur 2 fixe lui même famille, il appelle le réseau pour un conseil et une orientation
ses tarifs avec « tact et mesure » (art. 4.4.3. du code de déontologie vers le professionnel ou la structure idoines.

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Les réseaux ne fournissent pas directement des soins aux
patients mais proposent une liste de professionnels formés et aptes MINI TEST DE LECTURE
à effectuer la prestation. Dans certains cas, des réseaux peuvent
A / VRAI OU FAUX ?
financer, par le biais de rémunérations spécifiques, des profes-
sionnels non remboursés par l’Assurance maladie (diététicien, 1 L’activité libérale s’exerce exclusivement en ville.
2 Les actes techniques des médecins sont
psychologue, pédicure/podologue…) et ainsi améliorer l’accès
nomenclaturés selon la Nomenclature générale
aux soins pour les personnes exclues. des actes professionnels (NGAP).
Les réseaux prennent en charge une pathologie (diabète, 3 Un médecin en secteur 1 peut dans certaines
cancer, viroses chroniques…), un soin de support (douleur, soins circonstances effectuer un dépassement d’honoraires.
palliatifs), une population particulière (gérontologie, périnatalité, B / VRAI OU FAUX ?
précarité) ou encore des comportements à risque (addictions :
1 Dans le système de soins britannique, le secteur

Réponses : A : F, F, V / B : F, F, V, F / C : 1, 2, 4, 5.
toxicomanie, sevrage tabac, alcool). privé n’existe pas.
De nombreux termes ont constitué des tentatives de définition et 2 Dans le système américain, la part du financement
de classification des réseaux : réseaux de proximité, réseaux coor- public est très faible.
donnés, réseaux hospitaliers, réseaux ville-hôpital... La loi n° 2002- 3 Dans le dispositif des HMO, le médecin généraliste
peut faire office de gate-keeper (garde-barrière).
303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
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4 Le médecin traitant est obligatoire selon la loi.


système de santé donne pour la première fois une définition unique
et légale : « Les réseaux de santé ont pour objet de favoriser l’accès C / QCM
aux soins, la coordination, la continuité ou l’interdisciplinarité des pri- Les réseaux de santé sont…
ses en charge sanitaires, notamment de celles qui sont spécifiques à 1 … très majoritairement des associations Loi 1901.
certaines populations, pathologies ou activités sanitaires. Ils assurent 2 … financés par l’Assurance maladie.
3 … des prestataires de services.
une prise en charge adaptée aux besoins de la personne tant sur le
4 … constitués de filières de soins.
plan de l’éducation à la santé, de la prévention, du diagnostic que des 5 … composés de différents professionnels comme
soins. Ils peuvent participer à des actions de santé publique. Ils pro- les travailleurs sociaux.
cèdent à des actions d’évaluation afin de garantir la qualité de leurs
services et prestations. Ils sont constitués entre les professionnels de
santé libéraux, les médecins du travail, des établissements de santé, sous forme de courrier ou de compte rendu. Dès qu’un maillon lâche,
des centres de santé, des institutions sociales ou médico-sociales et le fil est coupé… Une filière définie a posteriori résulte d’une obser-
des organisations à vocation sanitaire ou sociale, ainsi qu’avec des vation des trajectoires des patients dans le système de soins : c’est
représentants des usagers. » Depuis 2002, le terme consacré est un constat de ce qui s’est réalisé. Une filière définie a priori résulte
« réseau de santé » et tous les réseaux doivent avoir une composante soit d’une logique de travail en réseau de santé, soit d’une logique
hospitalière et une composante de ville (ville-hôpital). conventionnelle, réglementaire ou tarifaire.
Les réseaux de santé sont financés depuis le 1er juillet 2007 Le médecin traitant oriente le patient vers un autre médecin dit
par le Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des « correspondant », centralise toutes les informations concernant les
soins (FIQCS) qui est cogéré au niveau de la région par l’Agence soins et l’état de santé et assure une prévention personnalisée. Si
régionale d’hospitalisation et l’Union régionale des caisses d’as- plus de 85 % des Français ont déclaré un médecin traitant, celui-ci
surance maladie. Le financement est obtenu pour 3 ans maximum, n’est pas obligatoire mais le fait de consulterun professionnel de santé
renouvelable sous réserve d’une évaluation externe favorable. sans être passé par son médecin traitant expose le patient à un
Les conseils généraux ou la commune peuvent également verser moindre remboursement de ses frais de santé (logique tarifaire).
une subvention. Le plus souvent, il s’agit de mise à disposition de
salles de réunion. Les fondations et ligues (Ligue contre cancer…)
financent uniquement des actions ponctuelles (séances d’infor- CONCLUSION
R Q 13

mation, de sensibilisation) et des outils (plaquettes, fiches d’in- Le système de soins est le fruit d’une histoire commune, de souf-
formations, annuaire). D’autres financements sont possibles (éta- frances et de valeurs partagées. À chaque pays correspond son
blissements de santé, industrie pharmaceutique, assurance système de santé, mélange d’un système de protection sociale
maladie complémentaire, URML) mais moins fréquents. à l’anglaise avec celui allemand, selon des proportions variables
qui lui sont propres. Le Traité de Lisbonne (3 déc. 2007) modifiant
Filières de soins le traité sur l’Union européenne et le traité instituant la Communauté
Les filières suivent une séquence chronologique caractérisée européenne, confirme l’absence d’obligation d’une harmonisation
par les intervenants successifs, la nature des soins apportés par des systèmes de santé au niveau européen. ■
chacun d’entre eux et les règles de progression du patient entre
ces divers intervenants. Cette organisation respecte l’indépen-
dance des acteurs, chacun prenant la suite de l’autre par un méca- L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant les données publiées dans cet article.
nisme d’adressage. La continuité est assurée par le passage de relais

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MINI TEST DE LECTURE de la question 337, p. 307
A / QCM 3 Nécessite toujours un épluchage des cordes
vocales.
Les nodules de cordes vocales… 4 Dégénère systématiquement.

Réponses : A : 2, 5 / B : 1, 3 / C : 2, 3, 4, 5.
1 Sont une conséquence de l’intoxication tabagique.
2 Sont une conséquence du forçage vocal. C / QCM
3 Sont le plus souvent unilatéraux. Une paralysie laryngée unilatérale droite :
4 Doivent toujours être traités par la microchirurgie. 1 Doit systématiquement faire rechercher une cause
5 La rééducation vocale est toujours nécessaire, quel thoracique.
que soit le traitement initial réalisé. 2 Nécessite de rechercher une atteinte des autres
nerfs crâniens.
B / QCM
3 Impose après un examen clinique cervical
La laryngite chronique kératosique : une imagerie cervicale (scanner, IRM).
1 Est une conséquence fréquente de l’intoxication 4 Peut être idiopathique dans 20 % des cas environ.
tabagique. 5 La rééducation vocale est le premier traitement
2 Peut être simplement surveillée. à proposer.
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MINI TEST DE LECTURE de la question 202, p. 313


A / QCM 3 Le traitement antirétroviral peut poser des problèmes
d’interactions médicamenteuses avec un traitement
1 Les AES les plus contaminants impliquent des pris par la personne blessée.

Réponses : A : V, F, F / B : V, F, V / C : 1, 3, 4.
aiguilles creuses ayant servi à prélever du sang.
2 Les AES répertoriés comme étant à l’origine de C / QCM
contamination professionnelle par le VIH touchent Quels est (sont), parmi les éléments suivants,
très majoritairement des chirurgiens. celui (ceux) à prendre en compte pour décider
3 Lors d’un AES, le risque de contamination par le VHC d’un traitement antirétroviral post-exposition
est plus faible que le risque de contamination par le VIH. à un liquide biologique ?
1 La nature de l’instrument en cause lors du geste
B / QCM
responsable de l’exposition.
1 Le traitement post-exposition préventif de l’infection 2 Le statut sérologique de la personne exposée.
par le VIH est une trithérapie antirétrovirale.
3 La profondeur de la blessure.
2 Le traitement antirétroviral « standard » présent
dans les kits de traitement post-exposition est adapté 4 La nature du liquide biologique en cause.
à tous les cas de figure possibles. 5 La déclaration préalable de l’accident du travail.

MINI TEST DE LECTURE de la question 30, p. 319


A / QCM 3 Le SHO peut parfois être grave et nécessiter une
hospitalisation avec antalgiques, anticoagulation
1 Après bilan complet, un couple, dont les trompes préventive, voire ponction d’ascite.
de la femme sont décrites comme tortueuses, 4 Moyennant finances, une patiente avec
boudinées et sans irrigation péritonéale, doit être une réserve ovarienne altérée peut obtenir
orienté vers des inséminations artificielles avec un don d’ovocyte en France.
sperme du conjoint.
Réponses : A : F, F, V / B : V, F, V, F / C : 1, 2, 6.

2 Après bilan complet, un couple, dont l’analyse du C / QCM


sperme de l’homme conclut à une cryptozoospermie
sévère, doit être orienté vers une FIV classique. Les différentes étapes de la FIV classique peuvent être :
3 Après bilan complet, un couple, dont l’échographie 1 désensibilisation hypophysaire préalable
de la patiente à J3 dénombre 58 follicules, peut être par agoniste de la GnRH retard ;
orienté vers une MIV. 2 stimulation de l’ovulation par injection quotidienne
de FSH en sous-cutané ;
B / QCM 3 monitorage de l’ovulation avec dosages hormonaux
1 Le principe de la stimulation ovarienne est de systématiquement quotidiens ;
maintenir élevé le taux de FSH plus longtemps lors 4 déclenchement de l’ovulation avec 10 000 UI
de la phase folliculaire pour augmenter le nombre de FSH en intramusculaire ;
de follicules qui atteindront le stade préovulatoire. 5 ponction de préférence transabdominale
2 Le DPI consiste à fragiliser la zone pellucide pour des follicules matures ;
aider l’embryon à s’implanter plus facilement. 6 transfert de 2 embryons à J3.

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