I-2-Q16
Objectifs
P
• Diagnostiquer une grossesse et connaître les modifications
endant la grossesse et l’allaitement, les physiologiques l’accompagnant.
apports énergétiques et nutritionnels
doivent couvrir les besoins liés à la crois- • Énoncer les règles du suivi (clinique, biologique, échographique)
sance, à la santé du fœtus et aux modifications d’une grossesse normale.
de l’organisme maternel. • Déterminer lors de la première consultation prénatale les facteurs
Un ensemble de mécanismes se met en de risque de complications durant la grossesse qui entraînent
place, et l’adaptation anticipée du métabolisme une prise en charge spécialisée.
maternel au cours des premiers mois permet la
constitution de réserves énergétiques mobili- • Expliquer les particularités des besoins nutritionnels d’une femme
sables au dernier trimestre lorsque la croissance enceinte.
fœtale (gain pondéral quotidien de 20 à 25 g)
est la plus rapide. Ces mécanismes concernent :
— l’augmentation spontanée de la consommation alimentaire ; tétanie néonatale), de fer (prévention de l’anémie par carence
— la modification précoce du métabolisme de nombreux nutriments en fer) et d’iode (carence d’apport modérée fréquente en France)
permettant la constitution de réserves ; est recommandé.
— le rôle « tampon » des réserves en cas de fluctuations des res- Le repérage des situations à risque (régime, tabac, alcool, ado-
sources alimentaires maternelles ; lescentes, obèses, toxicomanes, détresse psychique, précarité…)
— le rôle du placenta dans la gestion des réserves maternelles permet une intervention ciblée.
(contrôle et efficacité du transfert materno-fœtal des nutriments). Le Programme national nutrition-santé (PNNS) de 2001 a
Dans les pays développés, les femmes en bonne santé ayant défini des objectifs spécifiques aux femmes enceintes ou ayant
accès à une alimentation variée et équilibrée ont spontanément un projet de grossesse :
des apports énergétiques et nutritionnels suffisants pour mener — amélioration du statut en folates avant la grossesse ;
une grossesse normale à son terme. — diminution de la prévalence d’anémie ferriprive à moins de 3 % ;
En l’absence de gain pondéral excessif ou insuffisant, il n’est — réduction des déficiences vitaminiques et minérales en amé-
pas utile d’intervenir sur la quantité d’énergie spontanément liorant l’alimentation des personnes défavorisées ;
consommée. — promotion de l’allaitement maternel ;
L’alimentation doit être diversifiée, sans exclusion de groupes — prise en compte des allergies alimentaires.
d’aliments pour couvrir les besoins en acides gras essentiels, vita-
mines et minéraux.
Le fractionnement de l’alimentation (3 repas et 2 collations BESOINS ÉNERGÉTIQUES
équilibrées) et la régularité des apports d’un jour à l’autre sont
recommandés.
Coût théorique
Seul un complément d’acide folique (prévention des défauts Le coût énergétique théorique global de la grossesse est
de fermeture du tube neural), de vitamine D (prévention de la estimé à environ 80 000 kcal.
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Il comporte la somme (méthode factorielle) des coûts éner- se trouve probablement dans la modulation des dépenses éner-
gétiques des 3 postes suivants : gétiques liées à l’accroissement de la masse grasse et à la « main-
— besoins pour la croissance fœto-placentaire et le développe- tenance » (représentée essentiellement par le MB).
ment de l’utérus et des glandes mammaires (10 à 12 000 kcal, L’accroissement de la masse grasse, dont 90 % est réalisé
soit en moyenne 40 à 45 kcal/j ou 2 à 3 morceaux de sucre), ou dès la 24e semaine, avant que la dépense énergétique maternelle
12,5 % de la dépense énergétique théorique ; n’augmente de façon significative, peut être en partie couverte
— accroissement de la masse grasse maternelle (3 à 4 kg de graisse ; par une réduction du MB et de la DE au cours des premières
9 kcal/g de lipides) représentant 27 000 à 35 000 kcal ; semaines de la grossesse. La constitution de cette réserve n’est
— dépense énergétique (DE) ou coût de « maintenance » de l’unité pas indispensable au développement optimal du fœtus chez les
fœto-placentaire et de l’organisme maternel, dont la principale femmes bien nourries.
composante est le métabolisme de base (MB) (environ 35 000 kcal). Quant à la DE, elle augmente significativement à partir de la
Ces deux derniers postes couvrent plus de 85 % du coût théo- 24e semaine de gestation pour atteindre, à 36 semaines, des
rique total. valeurs supérieures de 20 % ( 290 à 380 kcal/j) à celles mesu-
Ce coût global conduirait à conseiller aux femmes enceintes rées avant la grossesse. Cette augmentation de « maintenance »
une consommation supplémentaire d’énergie normalisée sur varie d’un pays à l’autre, et dans un même pays elle varie selon
l’ensemble de la grossesse de 285 kcal/j (150 kcal/j au premier l’IMC initial de la mère (qui reflète l’état des réserves préexis-
trimestre et 350 kcal/j au cours des deux suivants). tantes).
Or, l’augmentation de la quantité d’énergie apparemment Les femmes les plus minces réduisent de façon significative
consommée pendant la grossesse (prenant en compte les erreurs leur MB dès le début de la grossesse, épargnant ainsi une grande
d’estimation) est en moyenne de 120 kcal/j, représentant un coût partie de l’énergie consommée en fin de grossesse, sans affecter
de grossesse dans les pays favorisés de 33 500 kcal, soit plus de la croissance fœtale.
moitié moindre que le coût théorique. Inversement, l’augmentation substantielle de la DE chez les
La consommation alimentaire au cours de l’allaitement est, patientes dont l’IMC est élevé s’oppose à une surcharge éner-
elle aussi, majorée (de 70 à 380 kcal/j), mais ne couvre pas non gétique en mobilisant les réserves préexistantes et évite un gain
plus les dépenses calculées (530 kcal/j). pondéral excessif. Cette augmentation de DE qui ne correspond
En effet, le calcul du coût théorique total ne tient pas compte pas à un besoin énergétique ne devrait pas être prise en compte
des mécanismes physiologiques spécifiques à la grossesse dans le calcul du coût de la grossesse.
conduisant à de substantielles économies énergétiques. La grande dispersion du coût énergétique liée à la masse
Si le coût de la croissance fœto-placentaire est constant et varie grasse et à la maintenance constitue un volant de régulation qui
peu d’une femme à l’autre, la principale ressource d’économie s’oppose à une surcharge énergétique.
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En cas de maigreur, un gain pondéral supérieur à 12 kg favo- Une réduction de l’apport en glucides s’accompagne d’une
rise une croissance fœtale optimale. diminution significative du poids de naissance, même en l’ab-
Le conseil nutritionnel doit être adapté au poids initial, pren- sence de restriction du régime en lipides et protéines. À l’inverse,
dre en compte le mode de vie, les habitudes alimentaires (aspects une consommation importante de glucides simples liée à la sur-
quantitatif et qualitatif des nutriments) et recourir éventuelle- venue de pics d’hyperinsulinisme entraîne obésité et croissance
ment à une diététicienne. excessive du fœtus.
Les mêmes conseils nutritionnels s’appliquent à la période
d’allaitement. Lipides
La pratique d’un régime amaigrissant n’est envisageable qu’à Ils doivent représenter 30 à 35 % des AET d’une femme
distance de la grossesse et de l’allaitement, parallèlement à la enceinte et être qualitativement adaptés, évitant un apport excessif
reprise de l’activité physique. d’acides gras saturés (AGS) athérogènes (charcuterie, lipides de
Le retour au poids antérieur à la grossesse est favorisé par constitution des viandes) au profit des acides gras mono-insa-
une alimentation et une activité physique proches des repères turés (AGMI) et polyinsaturés (AGPI).
du PNNS. Ces derniers comportent les acides gras à 18 atomes de carbone
des familles n-3 (oméga 3) [α-linoléique] (huiles de colza, de noix)
et n-6 (oméga 6) [linoléique] (huiles de tournesol et de maïs) non
BESOINS EN MACRONUTRIMENTS PENDANT synthétisables par l’homme et précurseurs d’acides gras dérivés
LA GROSSESSE ET L’ALLAITEMENT à longue chaîne (AGPI-LC, 18 C) (acide docosahexaénoïque ou
DHA pour la série n-3, trouvé aussi dans les poissons et acide
Protéines arachidonique pour la série n-6 dans les œufs), indispensables
Le coût protéique global de la grossesse (déposition dans les au fonctionnement des cellules. Le DHA est un composant impor-
tissus du fœtus, les annexes, l’organisme maternel) est estimé tant des membranes neuronales et rétiniennes.
entre 925 et 992 grammes, soit en moyenne 3,3 à 3,5 g/jour (j) Le rôle des lipides chez le fœtus est double :
sur l’ensemble de la grossesse, augmentant progressivement de — réserve énergétique « stockée » sous forme de tissu adipeux
0,7 g/j au premier trimestre à 3,3 et 5,8 g/j aux 2e et 3e trimestres. sous-cutané mobilisable dès la naissance (contenu fœtal en lipides
Cette déposition pourrait, comme chez l’animal, être réalisée dans de 20 g à 25 semaines de vie intra-utérine et de 600 g à terme) ;
l’organisme maternel au cours des deux premiers trimestres de — précurseurs par l’intermédiaire des AGPI-LC (essentiellement
la grossesse. le DHA) des constituants cellulaires impliqués dans la croissance
Compte tenu de l’efficacité de conversion des protéines ali- et la maturation cérébrales.
mentaires en protéines tissulaires, un apport protéique de 1,3, L’essentiel du transfert des lipides au fœtus se fait en fin de
6,1 et 10,7 g/j au cours de chaque trimestre de la grossesse en plus grossesse par mobilisation des réserves maternelles acquises dans
des apports nutritionnels conseillés (ANC) de 0,75 g/kg/j chez les premiers mois de la grossesse (2 à 4 kg de graisse) et privilégie
l’adulte est suffisant. Dans les pays industrialisés, les apports les AGPI-LC grâce à un transport placentaire spécifique.
spontanés supérieurs à 80 g/j (constitués en majorité de protéines La teneur du lait maternel en AGPI indispensable au développement
animales plus digestibles et ayant une teneur élevée en acides cérébral de l’enfant est fortement influencée par l’alimentation (dont
aminés essentiels) couvrent largement ces besoins et ceux de l’apport en AGPI doit être augmenté de 25 % pendant la grossesse
l’allaitement (synthèse quotidienne de 7 g de protéines du lait), et de 35 % pendant la lactation avec un rapport n-6/n-3 ou oméga 6/
excepté dans les milieux défavorisés et lors de régimes végétaliens. oméga 3 = 5/1). Les ANC en DHA préformé sont de 100 mg/j chez l’a-
La quantité globale de protéines consommées représente dulte et 250 mg/j pendant la grossesse et la lactation.
15 à 20 % des apports énergétiques totaux (AET). La consommation au moins deux fois par semaine de poisson
(dont il faut diversifier les espèces) comprenant des poissons
Glucides gras (maquereau, sardine…), riches en AGPI-LC, doit être encou-
Le glucose est le « combustible » énergétique essentiel des ragée pendant la grossesse et l’allaitement. Du fait de doses
tissus fœtaux. L’hyperinsulinisme maternel des 2 premiers tri-
mestres favorise la constitution de réserves énergétiques, mobi-
lisables au 3e trimestre par augmentation de la lipolyse et néo-
Tableau 1 Recommandations de gain pondéral
glucogenèse. L’insulinorésistance périphérique au 3e trimestre et IMC prégestationnel
favorise l’orientation du glucose vers le cerveau maternel et l’u- IMC PRÉGESTATIONNEL GAIN PONDÉRAL RECOMMANDÉ
nité fœto-placentaire qui en consomme alors 50 g/j. (kg/m 2 ) (kg)
Les ANC en glucides représentent 50 à 55 % des AET, soit
19,8 12,5 à 18
250 à 300 g/j répartis en glucides simples (10 % des AET sous forme
19,8 à 26 11,5 à 16
de glucose, fructose, saccharose) et glucides complexes fournis
26 à 29 7 à 11,5
par les céréales, les légumineuses (riches en fibres et en micro- 29 6à7
nutriments) et les féculents (pommes de terre, riz ,pâtes…).
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Fruits et/ou légumes Au moins 5 par jour • A chaque repas et en cas de fringale.
• Crus, cuits, nature ou préparés.
• Frais, surgelés ou en conserve.
Pendant la grossesse, veiller à ce qu’ils soient bien lavés et à éliminer toute trace de terre.
Pain et autres aliments A chaque repas • Favoriser les aliments céréaliers complets ou le pain bis, y compris en cas de fringale.
céréaliers, pommes de terre et selon l’appétit • Privilégier la variété : pain, riz, pâtes, semoule, blé, pommes de terre, lentilles, haricots, etc.
Pendant la grossesse, limiter les aliments à base de soja : pas plus de un par jour.
et légumes secs
Matières grasses Limiter • Privilégier les matières grasses végétales (huiles d’olive, de colza...) et favoriser leur variété.
ajoutées la consommation • Limiter les graisses d’origine animale (beurre, crème...).
Pendant la grossesse et l’allaitement, la consommation de margarine enrichie en phytostérols
est déconseillée.
Produits sucrés Limiter • Limiter les boissons sucrées (sirops, sodas, boissons sucrées à base de fruits et nectars).
la consommation • Limiter les aliments gras et sucrés (pâtisseries, viennoiseries, crèmes dessert, glaces, barres chocolatées...).
Boissons De l’eau à volonté • Au cours et en dehors des repas, eau du robinet ou en bouteille.
• Limiter les boissons sucrées (sirops, sodas, boissons sucrées à base de fruits et nectars).
• Pas de boissons alcoolisées.
Activité physique Au moins l’équivalent • Pendant la grossesse : maintenir les activités physiques habituelles, excepté celles présentant
d’une demi-heure un risque de chutes et de chocs. Proscrire la compétition.
de marche rapide par jour • Pendant la grossesse et l’allaitement : ne pas commencer de sport.
Figure Repères nutritionnels pour les femmes enceintes et les femmes qui allaitent.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’INPES (http://www.inpes.sante.fr/reperes_nutritionnels)
élevées de méthylmercure (toxique pour le système nerveux cen- écrémé…). Un apport suffisant réduit les risques d’infection
tral du fœtus) que certains poissons peuvent contenir, l’espadon, urinaire et de constipation.
le marlin et le siki sont par précaution à éviter. La supplémentation L’eau du robinet est tout à fait recommandable, mais si la
en oméga 3 n’est actuellement pas recommandée pendant la patiente préfère les eaux minérales, il faut conseiller les eaux
grossesse et l’allaitement. riches en calcium ( 150 mg/L) ou en magnésium ( 50 mg/L)
et pas trop riches en sodium ( 200 mg/L).
Fibres alimentaires Certaines boissons (sodas, jus de fruit, café, boissons à base
Les ANC en fibres (contenues dans les fruits et légumes, le de soja) ne doivent être consommées qu’en petite quantité.
pain complet ou au son, les pâtes, le riz) sont de 25 à 30 g/L. Le thé ne doit pas être consommé en grande quantité car il
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Elles favorisent le transit intestinal. diminue l’absorption du fer d’origine végétale. Il faut privilégier
les tisanes.
Les boissons alcoolisées sont à proscrire.
HYDRATATION
L’eau est la seule boisson indispensable à l’organisme. Elle compense
les pertes dues à la respiration et la transpiration et participe aux MINÉRAUX ET VITAMINES
modifications physiologiques de la grossesse (augmentation de Les minéraux comprennent les macroéléments (apports quoti-
la masse sanguine, constitution des tissus fœtaux et du liquide diens proches du gramme) et les oligoéléments ou éléments trace
amniotique). (apports inférieurs à une centaine de μg). Les macroéléments
Un apport de 2,5 litres d’eau par jour est recommandé pen- sont le sodium, le potassium, le calcium, le phosphore et le magné-
dant la grossesse et l’allaitement, un litre étant fourni par les sium. Les oligoéléments sont le fer, l’iode, le zinc, le cuivre, le
aliments et 1,5 litre par les boissons (eau, tisanes, lait demi- manganèse...
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en rétinol, le foie (quelle qu’en soit l’espèce), et les produits à suffisants pour couvrir les besoins de la mère et du fœtus. Les
base de foie sont déconseillés aux femmes enceintes. principales sources sont le chocolat, les légumes, les fruits secs,
les produits céréaliers, le lait et la viande.
Vitamine K1 Il n’y a pas d’effet bénéfique démontré de la supplémentation
Elle intervient dans la carboxylation de facteurs de la coagu- (100 à 350 mg/j) sur la diminution du risque de pré-éclampsie.
lation. Les crampes musculaires restent une indication à la pres-
Le passage transplacentaire de cette vitamine liposoluble est cription de magnésium qui peut les soulager.
difficile.
Les besoins sont largement couverts par l’alimentation (légu- Zinc
mes verts). Une alimentation équilibrée, suffisamment riche en protéines
La carence s’observe dans les cas de : animales, couvre les besoins. La carence en zinc diminue l’utili-
— malabsorption lipidique ; sation des protéines de l’alimentation.
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Une supplémentation en zinc est envisagée sur des terrains ✓ La caféine est présente en proportion variable dans le café, le
« carencés » : thé, le chocolat, certains sodas et boissons énergisantes.
— alcoolo-tabagisme ; Dans les situations de consommation de 4 tasses ou plus de
— régime végétarien et végétalien. café par jour, des troubles transitoires du rythme cardiaque
fœtal ou une hyperexcitabilité de l’enfant ont été décrits. Une
étude récente fait état d’une diminution du poids de naissance
SUBSTANCES A ÉVITER lors de consommations journalières de caféine en grande
✓ Toute boisson alcoolisée doit être évitée pendant la grossesse quantité. La consommation doit rester modérée (pas plus de
et l’allaitement du fait des dangers potentiels pour le fœtus et 3 tasses de café léger par jour) pendant la grossesse et durant
l’enfant. l’allaitement.
✓ Le tabac : les produits de combustion du tabac (nicotine, mono- ✓ Les phyto-estrogènes sont des substances présentes dans
xyde de carbone, goudrons, métaux lourds…) ont des répercus- certaines plantes, notamment le soja. Ils ont une analogie de
sions possibles sur la grossesse (réduction du poids de nais- structure avec l’estradiol, franchissent le placenta et sont excré-
sance…) et l’allaitement (pathologies respiratoires chez l’enfant), tés dans le lait. L’exposition in utero est associée chez l’animal
y compris en situation de tabagisme passif. Le tabac semble aussi à des anomalies de développement des organes génitaux et de
diminuer la biodisponibilité des vitamines C, B9 et du zinc. Il est la fertilité ultérieure.
souhaitable d’envisager avec la patiente toutes les mesures desti- Il faut éviter la consommation de compléments alimentaires
nées à l’arrêt du tabac. Une substitution nicotinique est possible contenant des phyto-estrogènes pendant la grossesse et l’allai-
pendant la grossesse. tement, et celle des aliments à base de soja ( 1 mg/kg/j ; par
✓ Le cannabis : le principal métabolite, le delta-9-tétrahydro- exemple pas plus d’un « jus » de soja ou un tofu ou un dessert à
cannabinol (THC) franchit le placenta et passe dans le lait maternel. base de soja par jour).
Une diminution de la durée de la grossesse (environ une semaine) ✓ Les phytostérols sont des constituants végétaux ayant une
et du poids de naissance (80 à 100 g) existe si la consommation structure analogue à celle du cholestérol. Ils réduisent son
est régulière et élevée. Aucun effet n’est noté chez les fumeuses absorption intestinale. Leur consommation pendant la grossesse
occasionnelles. Par prudence, il convient d’éviter la consomma- et l’allaitement est par précaution déconseillée, même en cas
tion de cannabis au cours de la grossesse et de l’allaitement. d’hypercholestérolémie.
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