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Grossesse normale. Besoins


nutritionnels d’une femme enceinte
D r Yves Giovangrandi, D r Éric Sauvanet
Service de gynécologie obstétrique, hôpital Paris-St-Joseph, 75014 Paris, France
ygiovangrandi@hpsj.fr

Objectifs

P
• Diagnostiquer une grossesse et connaître les modifications
endant la grossesse et l’allaitement, les physiologiques l’accompagnant.
apports énergétiques et nutritionnels
doivent couvrir les besoins liés à la crois- • Énoncer les règles du suivi (clinique, biologique, échographique)
sance, à la santé du fœtus et aux modifications d’une grossesse normale.
de l’organisme maternel. • Déterminer lors de la première consultation prénatale les facteurs
Un ensemble de mécanismes se met en de risque de complications durant la grossesse qui entraînent
place, et l’adaptation anticipée du métabolisme une prise en charge spécialisée.
maternel au cours des premiers mois permet la
constitution de réserves énergétiques mobili- • Expliquer les particularités des besoins nutritionnels d’une femme
sables au dernier trimestre lorsque la croissance enceinte.
fœtale (gain pondéral quotidien de 20 à 25 g)
est la plus rapide. Ces mécanismes concernent :
— l’augmentation spontanée de la consommation alimentaire ; tétanie néonatale), de fer (prévention de l’anémie par carence
— la modification précoce du métabolisme de nombreux nutriments en fer) et d’iode (carence d’apport modérée fréquente en France)
permettant la constitution de réserves ; est recommandé.
— le rôle « tampon » des réserves en cas de fluctuations des res- Le repérage des situations à risque (régime, tabac, alcool, ado-
sources alimentaires maternelles ; lescentes, obèses, toxicomanes, détresse psychique, précarité…)
— le rôle du placenta dans la gestion des réserves maternelles permet une intervention ciblée.
(contrôle et efficacité du transfert materno-fœtal des nutriments). Le Programme national nutrition-santé (PNNS) de 2001 a
Dans les pays développés, les femmes en bonne santé ayant défini des objectifs spécifiques aux femmes enceintes ou ayant
accès à une alimentation variée et équilibrée ont spontanément un projet de grossesse :
des apports énergétiques et nutritionnels suffisants pour mener — amélioration du statut en folates avant la grossesse ;
une grossesse normale à son terme. — diminution de la prévalence d’anémie ferriprive à moins de 3 % ;
En l’absence de gain pondéral excessif ou insuffisant, il n’est — réduction des déficiences vitaminiques et minérales en amé-
pas utile d’intervenir sur la quantité d’énergie spontanément liorant l’alimentation des personnes défavorisées ;
consommée. — promotion de l’allaitement maternel ;
L’alimentation doit être diversifiée, sans exclusion de groupes — prise en compte des allergies alimentaires.
d’aliments pour couvrir les besoins en acides gras essentiels, vita-
mines et minéraux.
Le fractionnement de l’alimentation (3 repas et 2 collations BESOINS ÉNERGÉTIQUES
équilibrées) et la régularité des apports d’un jour à l’autre sont
recommandés.
Coût théorique
Seul un complément d’acide folique (prévention des défauts Le coût énergétique théorique global de la grossesse est
de fermeture du tube neural), de vitamine D (prévention de la estimé à environ 80 000 kcal.

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Grossesse normale — Besoins nutritionnels d’une femme enceinte

Il comporte la somme (méthode factorielle) des coûts éner- se trouve probablement dans la modulation des dépenses éner-
gétiques des 3 postes suivants : gétiques liées à l’accroissement de la masse grasse et à la « main-
— besoins pour la croissance fœto-placentaire et le développe- tenance » (représentée essentiellement par le MB).
ment de l’utérus et des glandes mammaires (10 à 12 000 kcal, L’accroissement de la masse grasse, dont 90 % est réalisé
soit en moyenne 40 à 45 kcal/j ou 2 à 3 morceaux de sucre), ou dès la 24e semaine, avant que la dépense énergétique maternelle
12,5 % de la dépense énergétique théorique ; n’augmente de façon significative, peut être en partie couverte
— accroissement de la masse grasse maternelle (3 à 4 kg de graisse ; par une réduction du MB et de la DE au cours des premières
9 kcal/g de lipides) représentant 27 000 à 35 000 kcal ; semaines de la grossesse. La constitution de cette réserve n’est
— dépense énergétique (DE) ou coût de « maintenance » de l’unité pas indispensable au développement optimal du fœtus chez les
fœto-placentaire et de l’organisme maternel, dont la principale femmes bien nourries.
composante est le métabolisme de base (MB) (environ 35 000 kcal). Quant à la DE, elle augmente significativement à partir de la
Ces deux derniers postes couvrent plus de 85 % du coût théo- 24e semaine de gestation pour atteindre, à 36 semaines, des
rique total. valeurs supérieures de 20 % ( 290 à 380 kcal/j) à celles mesu-
Ce coût global conduirait à conseiller aux femmes enceintes rées avant la grossesse. Cette augmentation de « maintenance »
une consommation supplémentaire d’énergie normalisée sur varie d’un pays à l’autre, et dans un même pays elle varie selon
l’ensemble de la grossesse de 285 kcal/j (150 kcal/j au premier l’IMC initial de la mère (qui reflète l’état des réserves préexis-
trimestre et 350 kcal/j au cours des deux suivants). tantes).
Or, l’augmentation de la quantité d’énergie apparemment Les femmes les plus minces réduisent de façon significative
consommée pendant la grossesse (prenant en compte les erreurs leur MB dès le début de la grossesse, épargnant ainsi une grande
d’estimation) est en moyenne de 120 kcal/j, représentant un coût partie de l’énergie consommée en fin de grossesse, sans affecter
de grossesse dans les pays favorisés de 33 500 kcal, soit plus de la croissance fœtale.
moitié moindre que le coût théorique. Inversement, l’augmentation substantielle de la DE chez les
La consommation alimentaire au cours de l’allaitement est, patientes dont l’IMC est élevé s’oppose à une surcharge éner-
elle aussi, majorée (de 70 à 380 kcal/j), mais ne couvre pas non gétique en mobilisant les réserves préexistantes et évite un gain
plus les dépenses calculées (530 kcal/j). pondéral excessif. Cette augmentation de DE qui ne correspond
En effet, le calcul du coût théorique total ne tient pas compte pas à un besoin énergétique ne devrait pas être prise en compte
des mécanismes physiologiques spécifiques à la grossesse dans le calcul du coût de la grossesse.
conduisant à de substantielles économies énergétiques. La grande dispersion du coût énergétique liée à la masse
Si le coût de la croissance fœto-placentaire est constant et varie grasse et à la maintenance constitue un volant de régulation qui
peu d’une femme à l’autre, la principale ressource d’économie s’oppose à une surcharge énergétique.

QU’EST-CE QUI PEUT TOMBER À L’EXAMEN ?


Une série de questions pourrait concerner le diabète gestationnel charcuterie, viennoiseries, biscuits, prépa-
et la femme obèse. rations sucrées, barres chocolatées, pâtis-
series). Les suggestions culinaires (aide
Pour le diabète gestationnel — la surveillance de la courbe de poids de la diététicienne) doivent favoriser l’ad-
(se reporter à la question), les points forts (tenant compte du poids préconception- hésion au régime.
concernent : nel) qui donne une idée de l’adéquation La consommation de glucides est encou-
— le strict contrôle glycémique (glycémies des apports énergétiques aux besoins. ragée (au moins 200 à 300 g/j).
post-prandiales inférieures ou égales à Pour la femme obèse : La ration globale est répartie sous forme
6,6 mmol/L), qui peut nécessiter le l’apport énergétique, et donc la prise de de 3 repas et 2 collations pour éviter les
recours à l’insuline (20 à 40 % des cas) ; poids, est guidé par l’IMC (voir tableau) « pics » glycémiques. Les collations privi-
— l’intervention nutritionnelle consistant en sachant que ces recommandations ne légient les aliments à index glycémique
à maintenir un apport énergétique et pro- font pas l’unanimité. faible (fruits, laitages aromatisés…).
téique en rapport avec les besoins de la Dans tous les cas, l’apport lipidique doit La diversification des aliments couvre les
grossesse, à réduire la proportion des représenter moins de 35 % de la ration besoins en micronutriments : laitages pour
graisses dans l’alimentation et à maintenir énergétique (beurre, margarine : 15 à le calcium ; viandes maigres, poissons,
un apport glucidique suffisant au profit 20 g/j maximum ; huile : 15 g/j ; froma- légumes secs (lentilles, haricots blancs)
des glucides complexes pour diminuer la ges : 50 g/j). Il faut supprimer les aliments pour le fer ; légumes à feuilles (épinards,
lipolyse basale et ainsi l’insulinorésistance riches en graisses (frites, panés, viandes salade verte, endives..), carottes, tomates,
périphérique ; avec plus de 10 % de matières grasses, agrumes pour les folates. ●

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Besoins énergétiques
Ainsi, dans les conditions alimentaires normales, la croissance POINTS FORTS
fœtale est peu dépendante des apports énergétiques maternels, à retenir
mais « l’ajustement adaptatif » des coûts métaboliques mater- Le supplément énergétique conseillé est de 100 kcal/j
nels comporte une valeur « seuil » de 1 600 kcal/j en deçà de en début et de 150 à 200 kcal/j en fin de grossesse.
laquelle la croissance fœtale peut être compromise, surtout si la La ration énergétique se situe entre 1 800 et 2 600 kcal/j.
restriction intervient au cours du 3e trimestre. En dessous de 1 600 kcal/j, le risque d’hypotrophie fœtale
En pratique, il est inutile de modifier les apports énergétiques augmente.
spontanés, sauf en cas de problèmes liés au poids.
Lorsqu’il s’avère nécessaire, le conseil diététique
est personnalisé, prenant en compte les habitudes
POIDS ET GROSSESSE alimentaires, les apports spontanés, l’indice de masse
corporelle avant la grossesse et la prise de poids
La surveillance pondérale au cours de la grossesse permet de pendant la grossesse.
vérifier l’adéquation des apports aux besoins énergétiques.
Chez une femme de poids normal, la prise de poids
Pour une femme de poids normal, la prise de poids conseillée
conseillée est de 10 à 12 kg.
est de 10 à 12 kg. Elle est de 4 à 5 kg supplémentaires pour les
Afin d’éviter les périodes de jeûne, le fractionnement
grossesses gémellaires.
de l’alimentation sous la forme de 3 repas et 2 collations
Elle comporte la prise de poids obligatoire liée au poids du
équilibrés et la régularité des apports d’un jour à l’autre
fœtus et de ses annexes, au développement de l’utérus, des
sont recommandés.
tissus mammaires et à l’expansion du volume sanguin maternel
(environ 7,5 kg). S’y associe une prise de poids variable liée à Avoir une activité physique quotidienne en l’absence
de contre-indication médicale.
l’augmentation des liquides extracellulaires, des réserves adipo-
cytaires et protéiques maternelles. Éviter l’alcool, le tabac et autres substances toxiques.
Pendant la première moitié de la grossesse, le gain pondéral
Données suffisantes pour recommander
se limite à 4 à 5 kg (constitution des réserves lipidiques, aug- une supplémentation
mentation du volume sanguin maternel).
La prise de poids est de 1 à 2 kg par mois au 3e trimestre, assu- Vitamine D Dose unique de 100 000 UI
rant essentiellement la croissance fœto-placentaire (95 % du (biosynthèse solaire au début du 7e mois
gain pondéral du fœtus se font dans les 20 dernières semaines aléatoire et saisonnière)
de la grossesse). Folates Vitamine B9 : 0,4 mg/j
« Manger pour deux » reste symbolique, et la prévention de (déficience couplée en prévention primaire
la prise de poids excessive est un enjeu important, comme celle à une sensibilité génétique et 5 mg/j en prévention
d’encourager les femmes trop maigres à prendre suffisamment et vulnérabilité précoce secondaire un mois avant
de poids. du fœtus) et les deux premiers mois
Les recommandations actuelles relatives au gain pondéral de la grossesse
pendant la grossesse sont basées sur l’indice de masse corpo-
Fer 20 à 30 mg/j
relle (IMC = poids en kg/taille2 en m2) avant la grossesse et
(réserves basses
donnent pour chaque niveau des « fourchettes » larges de gain
avant la grossesse)
pondéral considérées comme étant les plus favorables au devenir
de la mère et de l’enfant (tableau 1). Iode 200 μg/j
Le surpoids préexistant (ou acquis) en cours de grossesse est (carence d’apport
associé à des complications materno-fœtales : fréquente)
R Q 16

— diabète gestationnel davantage associé au surpoids préexis-


tant (risque relatif RR : 2,8 à 6,5) ;
— hypertension artérielle (RR : 3,6 à 30 en cas d’obésité) ;
— macrosomie fœtale ; Une surcharge pondérale préexistante justifie une prise de
— complications obstétricales (extraction instrumentale, césa- poids modérée, mais pas inférieure à 6-7 kg.
rienne et morbidité opératoire plus importante, hémorragie de Un IMC  20 kg/m2 s’accompagne d’un risque d’hypotrophie
la délivrance) ; à la naissance et d’accouchement prématuré. La réduction impor-
— surmortalité périnatale (complications gravidiques et préma- tante du poids de naissance n’est effective que lors de situations
turité). de dénutrition sévère au cours du 3e trimestre de la grossesse
Le gain pondéral excessif augmente le risque d’obésité ulté- (pouvant laisser à l’âge adulte une « empreinte métabolique »
rieure, dans la mesure où il est essentiellement constitué de avec augmentation du risque cardiovasculaire et de diabète de
graisse. type 2).

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En cas de maigreur, un gain pondéral supérieur à 12 kg favo- Une réduction de l’apport en glucides s’accompagne d’une
rise une croissance fœtale optimale. diminution significative du poids de naissance, même en l’ab-
Le conseil nutritionnel doit être adapté au poids initial, pren- sence de restriction du régime en lipides et protéines. À l’inverse,
dre en compte le mode de vie, les habitudes alimentaires (aspects une consommation importante de glucides simples liée à la sur-
quantitatif et qualitatif des nutriments) et recourir éventuelle- venue de pics d’hyperinsulinisme entraîne obésité et croissance
ment à une diététicienne. excessive du fœtus.
Les mêmes conseils nutritionnels s’appliquent à la période
d’allaitement. Lipides
La pratique d’un régime amaigrissant n’est envisageable qu’à Ils doivent représenter 30 à 35 % des AET d’une femme
distance de la grossesse et de l’allaitement, parallèlement à la enceinte et être qualitativement adaptés, évitant un apport excessif
reprise de l’activité physique. d’acides gras saturés (AGS) athérogènes (charcuterie, lipides de
Le retour au poids antérieur à la grossesse est favorisé par constitution des viandes) au profit des acides gras mono-insa-
une alimentation et une activité physique proches des repères turés (AGMI) et polyinsaturés (AGPI).
du PNNS. Ces derniers comportent les acides gras à 18 atomes de carbone
des familles n-3 (oméga 3) [α-linoléique] (huiles de colza, de noix)
et n-6 (oméga 6) [linoléique] (huiles de tournesol et de maïs) non
BESOINS EN MACRONUTRIMENTS PENDANT synthétisables par l’homme et précurseurs d’acides gras dérivés
LA GROSSESSE ET L’ALLAITEMENT à longue chaîne (AGPI-LC,  18 C) (acide docosahexaénoïque ou
DHA pour la série n-3, trouvé aussi dans les poissons et acide
Protéines arachidonique pour la série n-6 dans les œufs), indispensables
Le coût protéique global de la grossesse (déposition dans les au fonctionnement des cellules. Le DHA est un composant impor-
tissus du fœtus, les annexes, l’organisme maternel) est estimé tant des membranes neuronales et rétiniennes.
entre 925 et 992 grammes, soit en moyenne 3,3 à 3,5 g/jour (j) Le rôle des lipides chez le fœtus est double :
sur l’ensemble de la grossesse, augmentant progressivement de — réserve énergétique « stockée » sous forme de tissu adipeux
0,7 g/j au premier trimestre à 3,3 et 5,8 g/j aux 2e et 3e trimestres. sous-cutané mobilisable dès la naissance (contenu fœtal en lipides
Cette déposition pourrait, comme chez l’animal, être réalisée dans de 20 g à 25 semaines de vie intra-utérine et de 600 g à terme) ;
l’organisme maternel au cours des deux premiers trimestres de — précurseurs par l’intermédiaire des AGPI-LC (essentiellement
la grossesse. le DHA) des constituants cellulaires impliqués dans la croissance
Compte tenu de l’efficacité de conversion des protéines ali- et la maturation cérébrales.
mentaires en protéines tissulaires, un apport protéique de 1,3, L’essentiel du transfert des lipides au fœtus se fait en fin de
6,1 et 10,7 g/j au cours de chaque trimestre de la grossesse en plus grossesse par mobilisation des réserves maternelles acquises dans
des apports nutritionnels conseillés (ANC) de 0,75 g/kg/j chez les premiers mois de la grossesse (2 à 4 kg de graisse) et privilégie
l’adulte est suffisant. Dans les pays industrialisés, les apports les AGPI-LC grâce à un transport placentaire spécifique.
spontanés supérieurs à 80 g/j (constitués en majorité de protéines La teneur du lait maternel en AGPI indispensable au développement
animales plus digestibles et ayant une teneur élevée en acides cérébral de l’enfant est fortement influencée par l’alimentation (dont
aminés essentiels) couvrent largement ces besoins et ceux de l’apport en AGPI doit être augmenté de 25 % pendant la grossesse
l’allaitement (synthèse quotidienne de 7 g de protéines du lait), et de 35 % pendant la lactation avec un rapport n-6/n-3 ou oméga 6/
excepté dans les milieux défavorisés et lors de régimes végétaliens. oméga 3 = 5/1). Les ANC en DHA préformé sont de 100 mg/j chez l’a-
La quantité globale de protéines consommées représente dulte et 250 mg/j pendant la grossesse et la lactation.
15 à 20 % des apports énergétiques totaux (AET). La consommation au moins deux fois par semaine de poisson
(dont il faut diversifier les espèces) comprenant des poissons
Glucides gras (maquereau, sardine…), riches en AGPI-LC, doit être encou-
Le glucose est le « combustible » énergétique essentiel des ragée pendant la grossesse et l’allaitement. Du fait de doses
tissus fœtaux. L’hyperinsulinisme maternel des 2 premiers tri-
mestres favorise la constitution de réserves énergétiques, mobi-
lisables au 3e trimestre par augmentation de la lipolyse et néo-
Tableau 1 Recommandations de gain pondéral
glucogenèse. L’insulinorésistance périphérique au 3e trimestre et IMC prégestationnel
favorise l’orientation du glucose vers le cerveau maternel et l’u- IMC PRÉGESTATIONNEL GAIN PONDÉRAL RECOMMANDÉ
nité fœto-placentaire qui en consomme alors 50 g/j. (kg/m 2 ) (kg)
Les ANC en glucides représentent 50 à 55 % des AET, soit
 19,8 12,5 à 18
250 à 300 g/j répartis en glucides simples (10 % des AET sous forme
19,8 à 26 11,5 à 16
de glucose, fructose, saccharose) et glucides complexes fournis
 26 à 29 7 à 11,5
par les céréales, les légumineuses (riches en fibres et en micro-  29 6à7
nutriments) et les féculents (pommes de terre, riz ,pâtes…).

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LES REPÈRES NUTRITIONNELS correspondant aux objectifs du PNNS
pour les femmes enceintes et les femmes qui allaitent

Fruits et/ou légumes Au moins 5 par jour • A chaque repas et en cas de fringale.
• Crus, cuits, nature ou préparés.
• Frais, surgelés ou en conserve.
Pendant la grossesse, veiller à ce qu’ils soient bien lavés et à éliminer toute trace de terre.

Pain et autres aliments A chaque repas • Favoriser les aliments céréaliers complets ou le pain bis, y compris en cas de fringale.
céréaliers, pommes de terre et selon l’appétit • Privilégier la variété : pain, riz, pâtes, semoule, blé, pommes de terre, lentilles, haricots, etc.
Pendant la grossesse, limiter les aliments à base de soja : pas plus de un par jour.
et légumes secs

Lait et produits laitiers 3 par jour • Jouer sur la variété.


(yaourts, fromage...) • Privilégier les produits nature et les produits les plus riches en calcium, les moins gras et les moins salés :
lait, yaourt, fromage blanc, etc.
Pendant la grossesse, ne consommer que les fromages à pâte pressée cuite (type abondance,
beaufort, comté, emmental, gruyère, parmesan) dont vous aurez enlevé la croûte, et les
fromages fondus à tartiner
Viandes et volailles 1 ou 2 fois par jour • En quantité inférieure à celle de l’accompagnement constitué de légumes et de féculents.
produits de la pêche • Viande : privilégier la variété des espèces et les morceaux les moins gras.
• Poisson : au moins 2 fois par semaine, frais, surgelé ou en conserve.
et œufs
SA
RD
Pendant la grossesse :
• Poisson au moins 2 fois par semaine, dont au moins un poisson gras (saumon, maquereau,
À
L' IN
HU
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S A ÀRL ' H U I L E

sardine...) en veillant à diversifier les espèces.


• Consommer immédiatement les préparations maison à base d’œufs crus.
• Supprimer certaines charcuteries dont les rillettes, les pâtés, le foie gras et les produits
en gelée, les viandes crues, les viandes fumées ou marinées (sauf si elles sont bien cuites),
les coquillages crus et les poissons crus ou fumés.
• Veiller à bien cuire viandes et poissons.

Matières grasses Limiter • Privilégier les matières grasses végétales (huiles d’olive, de colza...) et favoriser leur variété.
ajoutées la consommation • Limiter les graisses d’origine animale (beurre, crème...).
Pendant la grossesse et l’allaitement, la consommation de margarine enrichie en phytostérols
est déconseillée.

Produits sucrés Limiter • Limiter les boissons sucrées (sirops, sodas, boissons sucrées à base de fruits et nectars).
la consommation • Limiter les aliments gras et sucrés (pâtisseries, viennoiseries, crèmes dessert, glaces, barres chocolatées...).

Boissons De l’eau à volonté • Au cours et en dehors des repas, eau du robinet ou en bouteille.
• Limiter les boissons sucrées (sirops, sodas, boissons sucrées à base de fruits et nectars).
• Pas de boissons alcoolisées.

Sel Limiter la consommation • Utiliser du sel iodé.


• Réduire l’ajout de sel en cuisinant et dans l’eau de cuisson et ne pas saler avant de goûter.
• Limiter la consommation de produits salés : produits apéritifs salés, chips...

Activité physique Au moins l’équivalent • Pendant la grossesse : maintenir les activités physiques habituelles, excepté celles présentant
d’une demi-heure un risque de chutes et de chocs. Proscrire la compétition.
de marche rapide par jour • Pendant la grossesse et l’allaitement : ne pas commencer de sport.

Figure Repères nutritionnels pour les femmes enceintes et les femmes qui allaitent.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’INPES (http://www.inpes.sante.fr/reperes_nutritionnels)

élevées de méthylmercure (toxique pour le système nerveux cen- écrémé…). Un apport suffisant réduit les risques d’infection
tral du fœtus) que certains poissons peuvent contenir, l’espadon, urinaire et de constipation.
le marlin et le siki sont par précaution à éviter. La supplémentation L’eau du robinet est tout à fait recommandable, mais si la
en oméga 3 n’est actuellement pas recommandée pendant la patiente préfère les eaux minérales, il faut conseiller les eaux
grossesse et l’allaitement. riches en calcium ( 150 mg/L) ou en magnésium ( 50 mg/L)
et pas trop riches en sodium ( 200 mg/L).
Fibres alimentaires Certaines boissons (sodas, jus de fruit, café, boissons à base
Les ANC en fibres (contenues dans les fruits et légumes, le de soja) ne doivent être consommées qu’en petite quantité.
pain complet ou au son, les pâtes, le riz) sont de 25 à 30 g/L. Le thé ne doit pas être consommé en grande quantité car il
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Elles favorisent le transit intestinal. diminue l’absorption du fer d’origine végétale. Il faut privilégier
les tisanes.
Les boissons alcoolisées sont à proscrire.
HYDRATATION
L’eau est la seule boisson indispensable à l’organisme. Elle compense
les pertes dues à la respiration et la transpiration et participe aux MINÉRAUX ET VITAMINES
modifications physiologiques de la grossesse (augmentation de Les minéraux comprennent les macroéléments (apports quoti-
la masse sanguine, constitution des tissus fœtaux et du liquide diens proches du gramme) et les oligoéléments ou éléments trace
amniotique). (apports inférieurs à une centaine de μg). Les macroéléments
Un apport de 2,5 litres d’eau par jour est recommandé pen- sont le sodium, le potassium, le calcium, le phosphore et le magné-
dant la grossesse et l’allaitement, un litre étant fourni par les sium. Les oligoéléments sont le fer, l’iode, le zinc, le cuivre, le
aliments et 1,5 litre par les boissons (eau, tisanes, lait demi- manganèse...

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Grossesse normale — Besoins nutritionnels d’une femme enceinte

Folates La dose de 0,4 mg/j par voie orale, totalement absorbable et


L’acide folique ou vitamine B9 est essentiel au développement non toxique, réduit de 70 % le risque d’AFTN en prévention pri-
embryonnaire et fœtal. maire et est identique en cas de grossesse multiple. Elle est de
Cette vitamine hydrosoluble est un cofacteur intervenant dans 5 mg/j en prévention secondaire de récidive d’AFTN, de fente
la synthèse des acides nucléiques et d’acides aminés, comme la labio-palatine, en cas de diabète patent, d’épilepsie traitée ou
méthionine générée par transfert de méthyl à partir de l’homocys- non par l’acide valproïque ou la carbamazépine, de maladie
téine [voie de la méthylène tétrahydrofolate réductase (MTHFR)]. inflammatoire intestinale traitée par la sulfasalazine.
Le catabolisme de l’acide folique (reflété par la baisse pro- L’acide folique est également prescrit dès connaissance d’une
gressive de la concentration érythrocytaire de folates) est consi- grossesse non programmée, car survenant souvent chez des
dérablement accru pendant la grossesse, et le degré de carence patientes à risque d’insuffisance d’apports (milieux défavorisés,
dépend de l’importance des réserves en début de grossesse. tabagiques, adolescentes…).
Au moins un tiers des femmes occidentales ont des taux de La poursuite de la supplémentation en folates aux 2e et 3e tri-
folates érythrocytaires abaissés dès le début de la grossesse. mestres (0,4 mg/j) diminue significativement les risques de pré-
En France, la consommation moyenne des femmes enceintes maturité et de retard de croissance intra-utérin.
est de 0,3 mg/j pour des apports quotidiens recommandés d’au L’enrichissement en folates de produits de consommation cou-
moins 0,4 mg/j. rante, comme celui des farines de céréales aux États-Unis depuis
Les conséquences de la carence en folates sur la grossesse 1998, aurait l’avantage de cibler sans effet délétère la majorité
concernent : des femmes en âge de procréer.
— lors de la conception et de l’embryogenèse, la survenue des
anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) (un embryon sur Fer
1 000 en France), d’autant plus fréquente qu’une prédisposition Le coût global en fer de la grossesse est estimé à 1 055 mg
génétique commune en Europe (mutation du gène de la MTHFR) (tableau 2) en l’absence de pertes supplémentaires liées à une
augmente les besoins en folates ; pathologie hémorragique associée.
— des malformations plus tardives, fentes palatines, uropathies Les besoins en fer ne sont pas uniformément répartis tout au
obstructives, omphalocèles, défauts cardiaques septaux, anomalies long de la grossesse.
des membres ; Schématiquement, ils augmentent de 0,8 mg/j au 1er trimestre
— le risque de prématurité et de retard de croissance intra-utérin ; à 4,4 mg/j au 2e trimestre et 6,3 mg/j au 3e trimestre, variables
— pour la mère : l’hyperhomocystéinémie, facteur de fausses cou- selon l’état des réserves préexistantes.
ches spontanées répétées et l’anémie mégaloblastique chez les Des réserves complètes ( 500 mg) permettent de faire face
adolescentes et les gestantes fumeuses, alcooliques ayant des à l’augmentation de la masse érythrocytaire.
carences alimentaires marquées. Les études épidémiologiques montrent que, dans les pays
L’acide folique se trouve en faible quantité dans l’alimenta- industrialisés, les réserves en fer chez les femmes en âge de pro-
tion, sous forme de polyglutamates (légumes à feuilles, haricots créer sont basses :
verts, agrumes, épinards, céréales complètes, pois chiches…) — la ferritine sérique moyenne varie de 22 à 34 μg/L, soit un
moins bien absorbés par le tube digestif que les folates médica- niveau de réserves en fer de 220 à 340 mg ;
menteux monoglutamylés. — 16 à 20 % des femmes étudiées ont une absence totale de
La concentration de folates érythrocytaires doit atteindre au réserves en fer (ferritine sérique  12 μg/L) avec un haut risque
moins 400 ng/mL dès le début de la grossesse pour prévenir chez les femmes immigrées et les multipares.
efficacement les malformations fœtales. Les besoins en fer au cours des 6 derniers mois de la grossesse
Seule une prescription médicamenteuse systématique péri- sont proches de 4 à 5 mg/j, nécessitant l’ingestion d’une quantité
conceptionnelle (un mois avant et au cours des deux premiers de fer alimentaire de 25 à 50 mg/j, alors que les apports moyens
mois de la grossesse), commencée dès l’arrêt de la contraception en France sont de 10 à 15 mg/j (dont seulement 10 % sont absorbés
dans un projet de grossesse, permet d’obtenir cette concentration. dans l’alimentation de type français).

Tableau 2 Besoins en fer (en mg) au cours de la grossesse


1 er TRIMESTRE 2 e TRIMESTRE 3 e TRIMESTRE TOTAL

Masse érythrocytaire — 250 250 500


Fer fœtal — 60 230 290
Fer du placenta — _ 25 25
Déperditions physiologiques 80 80 80 240
Total 80 390 585 1 055

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Pour faire face à l’augmentation des besoins en fer, l’orga- — dépistage individuel de la carence en fer (facteurs de risque et
nisme dispose de 2 mécanismes d’adaptation : paramètres biologiques) associé à une supplémentation sélec-
— augmentation au fur et à mesure de la grossesse des capacités tive ;
d’absorption intestinale du fer (tant héminique que minéral), qui — supplémentation systématique avec ou sans dépistage de
peut être mise sur le compte de l’épuisement graduel des réserves ; l’anémie ferriprive (pour ajuster le niveau de la supplémentation
— et surtout mobilisation des réserves en fer qui débute précocement. martiale).
La carence en fer au cours de la grossesse se situe donc en En France, il apparaît souhaitable de proposer une supplé-
amont, au niveau du stock des réserves chez les femmes en âge mentation précoce systématique en fer des femmes enceintes.
de procréer, qui apparaît comme le facteur déterminant du degré Une dose de fer ferreux de 20 à 30 mg/j est suffisante en l’ab-
de risque de carence en fer au cours de la grossesse. sence d’anémie pour maintenir un statut en fer adéquat chez la
Lors de l’allaitement, la teneur en fer du lait de femme dimi- mère et l’enfant pendant la grossesse et dans les suites de l’ac-
nue progressivement de 0,55 mg/L deux semaines après la nais- couchement. Elle est sans danger pour la santé de la mère.
sance à 0,3 mg/L vers le 3e-5e mois du post-partum. L’allaite- Le fer est ingéré au cours des repas, à distance des antiacides
ment maternel exclusif s’accompagne d’une perte comprise entre et des préparations polyvitaminées et/ou minéralisées, en évitant
0,2 et 0,4 mg/j, largement compensée par l’aménorrhée qui lui la consommation excessive d’inhibiteurs potentiels de l’absorption
est associée. du fer héminique (excès de phytates et de fibres) et non héminique
De plus, la présence chez l’enfant d’une protéine de transport (thé, café).
du fer (la lactotransferrine) augmente l’absorption intestinale du La dose, modérée, diminue les effets digestifs (nausées, trou-
fer contenu dans le lait de la mère, et le recyclage du fer endo- bles du transit intestinal), et la supplémentation préventive, limi-
gène le protège d’une anémie pendant les premiers mois. tée dans le temps, rend peu vraisemblables les effets potentiel-
Les conséquences délétères de la carence martiale au cours lement toxiques (pro-oxydants) associés à une surcharge en fer.
de la grossesse concernent : Ils ont été décrits essentiellement in vitro ou lors de pathologies
— la mère : anémie (définie par une hémoglobine  11 g/dL aux de surcharge chronique comme les thalassémies ou l’hémo-
1er et 3e trimestres et  10,5 g/dL au 2e trimestre) ferriprive (fer- chromatose qu’un dosage de ferritine en début de grossesse per-
ritinémie  12 μg/L) dont la fréquence, chez les Françaises métro- mettrait d’éliminer.
politaines, varie de 9 % à plus de 30 % en fin de grossesse ; Un apport excédentaire de fer peut être délétère chez les
— le fœtus : l’anémie ferriprive en début de grossesse est associée tabagiques, dans la prééclampsie et le diabète, entraîner une sur-
à un risque 3 fois plus élevé de petit poids de naissance et 2 fois utilisation d’antioxydants comme les vitamines C et E et aug-
plus élevé de prématurité que lors d’une anémie pour d’autres menter le risque de carences en oligo-éléments du fait d’inter-
causes, suggérant que c’est bien la carence en fer et non l’anémie actions compétitives entre minéraux divalents (calcium, zinc,
qui en est responsable. En revanche, l’anémie survenue au cours cuivre) pour leur absorption duodénale.
du dernier trimestre n’est pas associée à une augmentation du En 1997, le Collège national des gynécologues et obstétriciens
risque de prématurité ; français (CNGOF) a conclu, dans les recommandations pour la
— le nouveau-né : la carence martiale s’extériorise (anémie) dans pratique clinique, à l’absence de justification à la supplémenta-
les études qui évaluent le statut en fer après quelques mois et tion systématique en fer des femmes enceintes, mais a préco-
non à la naissance. nisé de déplacer l’hémogramme du 6e mois à la première consul-
Les vraisemblables effets néfastes de la carence en fer (en tation de la grossesse pour dépister et traiter l’anémie par carence
dehors de l’hématopoïèse) sur la santé de la mère avant le stade en fer (60 à 120 mg/j de fer ferreux jusqu’à correction de l’anémie).
d’anémie restent discutés. Le repérage dès le début de grossesse des patientes à risque
Des taux d’hémoglobine élevés peuvent également s’accom- de carence martiale (interrogatoire, enquête alimentaire, examen
pagner de petits poids de naissance et de prématurité. Il existe clinique, dosage de l’hémoglobine au premier trimestre) ne peut
donc une association sous forme d’une courbe en U entre hémo- qu’être recommandé et concerne les situations suivantes :
R Q 16

globine maternelle et durée de gestation plus courte et petit — migrantes ;


poids de naissance. — multipares ;
Dans tous les cas, le conseil nutritionnel vise à améliorer la — grossesses multiples, grossesses rapprochées ;
consommation de fer de bonne biodisponibilité au cours et dans — précarité avec carences nutritionnelles multiples,
les suites de la grossesse (fer héminique de la viande, du poisson — adolescentes ;
mais aussi non héminique des légumes secs et légumineuses) et — régimes végétariens et végétaliens ;
celle des activateurs de l’absorption du fer non héminique (sources — ménorragies avant la grossesse ;
de vitamine C comme les fruits et légumes). — parasitoses digestives, hémoglobinopathies.
Mais les conseils nutritionnels sont insuffisants à eux seuls Pour l’avenir, le développement de nouveaux outils d’évaluation
pour assurer la couverture des besoins en fer, et le débat sur la du statut martial et de nouvelles stratégies de prévention de la
prévention de la carence martiale des femmes enceintes reste carence (comme une supplémentation par une dose unique hebdo-
ouvert entre deux attitudes possibles : madaire) sont des pistes de recherche.

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I-2-Q16
Grossesse normale — Besoins nutritionnels d’une femme enceinte

Iode L’OMS recommande une prophylaxie iodée systématique chez


Dix à 20 mg d’iode sont concentrés dans la glande thyroïde. les femmes en âge de procréer (100 μg/jour) et au cours de la
Les apports recommandés chez l’adulte sont de 150 micro- grossesse et de l’allaitement (200 μg/jour).
grammes (μg)/j et de 200 à 300 μg au cours de la grossesse et
l’allaitement du fait de : Calcium
— l’augmentation de la clairance de l’iode chez la mère (aug- Les besoins nécessaires à la minéralisation du squelette fœtal
mentation de la filtration glomérulaire secondaire à l’hyperestro- (30 g de calcium et 17 g de phosphates à terme avec une accré-
génie) et du transfert transplacentaire d’iode inorganique au cours tion calcique de 200 mg/j au cours du 3e trimestre) sont essentiel-
de la deuxième partie de la grossesse (synthèse des hormones lement couverts par l’augmentation de l’absorption intestinale
thyroïdiennes par la glande thyroïde fœtale) ; du calcium dès les premiers jours de la grossesse.
— la stimulation de la thyroïde maternelle (sous l’effet de la chaîne Cette adaptation n’est possible qu’en présence de réserves
bêta de l’hCG au premier trimestre de la grossesse) pour maintenir suffisantes en vitamine D.
une concentration normale de thyroxine libre (T4 L), liée à l’aug- Pendant l’allaitement, l’augmentation des besoins en calcium
mentation de la Thyroxin Binding Globulin (TBG) et à l’activité (200 à 300 mg/j sécrétés dans le lait) est compensée par une
de la désiodase placentaire au cours de la deuxième moitié de la réduction des pertes urinaires de calcium et une augmentation
grossesse. de la résorption osseuse trabéculaire pendant les 3 à 6 premiers
Les études épidémiologiques réalisées chez des femmes mois. De ce fait, la densité minérale osseuse diminue de 3 à 7 %,
enceintes ont montré que les apports moyens en iode sont de puis se corrige spontanément même si l’allaitement est pour-
moins de 50 % des ANC au cours de la grossesse. suivi, sans risque d’ostéoporose à long terme.
La déficience iodée au cours de la grossesse a des consé- La consommation calcique spontanée en France (estimée à
quences maternelles et fœtales : 700-1 100 mg/j) est proche des apports recommandés au cours
— stimulation de la fonction thyroïdienne (par augmentation de de la grossesse et de l’allaitement (800 à 1 200 mg/j de calcium
la TSH qui reste dans les limites de la normale) avec risque d’hyper- élément) et assurée par la consommation de 3 produits laitiers
trophie de la glande thyroïde partiellement réversible après par jour (lait, yaourt, fromage), sans qu’il y ait lieu de préconiser
l’accouchement, et facteur de goitrigenèse après plusieurs gros- une augmentation des apports pour les femmes en bonne santé.
sesses ; Les apports calciques faibles augmentent la résorption
— altérations de l’architecture et de la maturation du cortex cérébral osseuse maternelle du 3e trimestre, potentiellement délétère chez
fœtal pouvant être associées à des troubles du développement l’adolescente, et le risque de développer une prééclampsie.
neurocognitif chez l’enfant liées à une hypothyroxinémie maternelle Chez les patientes ne consommant pas suffisamment de pro-
(au cours du 1er trimestre de la grossesse, la T4 est exclusivement duits laitiers, il faut conseiller des eaux minérales riches en calcium
d’origine maternelle, et à terme, 15 à 30 % de la T4 mesurée dans (150 mg/L) et les aliments enrichis en calcium, en limitant les pro-
le cordon ombilical sont d’origine maternelle) ; duits à base de soja en raison de leur teneur en phytoestrogènes.
— hyperplasie de la thyroïde fœtale. Une supplémentation calcique est recommandée chez les
Des avortements spontanés, des accouchements prématurés patientes :
ont été rapportés. — adolescentes et celles qui ne consomment pas de produits laitiers
Il faut donc recommander la consommation d’aliments riches (intolérance au lactose) ;
en iode (lait, produits laitiers, crustacés, poissons d’origine — qui ont une pathologie entraînant une fuite calcique ;
marine, œufs et sel iodé). — qui ont une corticothérapie au long cours.
Un traitement prophylactique iodé concerne les femmes à La supplémentation en calcium des femmes qui allaitent
risque élevé de carence iodée : n’influence ni le contenu en calcium du lait ni le degré de perte
— habitat en zone de carence (zone subsaharienne, Mali) ; osseuse et de récupération après sevrage.
— tabagisme ;
— grossesses rapprochées ; Vitamine D
— nausées et vomissements limitant les apports alimentaires, La vitamine D joue un rôle majeur dans la minéralisation du
— régimes alimentaires restrictifs (végétarisme, végétalisme). squelette fœtal et la régulation du métabolisme calcique.
Le traitement prophylactique de 200 μg/j, sous forme de Les réserves fœtales en vitamine D se constituent aux dépens
comprimés d’iodure de potassium ou de compléments nutri- de celles de la mère, qui est souvent carencée en fin de gros-
tionnels ou vitaminiques contenant de l’iode, est poursuivi pen- sesse (absence d’exposition solaire, accouchement entre mars
dant la grossesse et l’allaitement. et juin, grossesses répétées et rapprochées, situation de préca-
Un apport iodé inférieur à 500 μg/j (comprenant le traitement rité économique).
prophylactique inférieur à 300 μg) n’a pas d’effet délétère chez Les besoins maternels en vitamine D sont d’au moins 10 μg
la mère et le fœtus et ne s’accompagne pas d’augmentation du par jour [1 μg = 40 unités internationales (UI)], couverts en France
taux des anticorps antithyroïdiens et de la fréquence des épisodes pour un tiers par l’alimentation (vitamine D2 d’origine végétale
de thyroïdite silencieuse du post-partum. ou ergocalciférol et vitamine D3 d’origine animale ou cholécal-

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ciférol) et pour deux tiers par la production cutanée sous l’in- — traitements interférant avec l’absorption ou l’efficacité de la
fluence du rayonnement solaire (UV 290-315 nm), avec une syn- vitamine K : tuberculostatiques, cholestyramine, traitement anti-
thèse moindre en cas de forte pigmentation de la peau. convulsivant (carbamazépine, phénytoïne, phénobarbital).
Le calciférol subit une hydroxylation successive au niveau du Dans ces situations, la supplémentation par 10 mg de vita-
foie puis du rein aboutissant au : mine K1 par voie orale à partir de 36 semaines pendant au moins
— (25 [OH] D), forme circulante principale qui traverse le placenta ; 15 jours ou jusqu’à terme semble une mesure préventive efficace
— (1-25 [OH]2 D), forme active, ne franchissant pas le placenta et contre la maladie hémorragique du nouveau-né.
dont la synthèse est assurée par l’unité fœto-placentaire.
L’hypovitaminose D : Vitamines B1, B6 et B12
— augmente l’incidence de l’hypocalcémie néonatale, dont la Les besoins légèrement augmentés sont couverts par une ali-
fréquence est passée de 5,1 à 1,9 % avec la supplémentation ; mentation équilibrée.
— a un impact négatif sur la densité minérale osseuse et la for- Elles sont présentes dans les céréales, les produits laitiers et
mation de l’émail dentaire ; les œufs, les viandes et apparentés mais uniquement dans les
— accroît la perte osseuse maternelle en fin de grossesse ; produits animaux pour la vitamine B12.
— aggrave le risque de carence du nouveau-né en vitamine D. Le déficit en vitamine B12 est associé aux fausses couches
Même si la consommation d’aliments riches en vitamine D répétées et à l’anémie maternelle.
(poissons gras notamment) est conseillée, la supplémentation La supplémentation en vitamine B12 (2,6 μg/j) est impérative
systématique en vitamine D est recommandée : pendant la grossesse et l’allaitement chez les patientes ayant un
— de préférence par une prise orale unique de 2 à 2,5 mg [80 000 à régime végétalien.
100 000 UI] de vitamine D2 ou au mieux D3 au début du 7e mois Un apport de vitamine B6 (2 mg/j) est efficace dans la prise
de la grossesse ; en charge des nausées et vomissements gravidiques.
— sinon, par un apport quotidien de 10 μg/j [400 UI/j] pendant
toute la grossesse ou 25 μg /j [1 000 UI/j] à partir du 6e mois de Vitamines C et E
grossesse. Elles ont des fonctions antioxydantes et sont présentes dans
La supplémentation systématique des nourrissons au sein les produits végétaux (légumes, fruits, huile). Leur besoin serait
[1 000 UI/j] est également recommandée du fait de l’incidence augmenté dans le diabète gestationnel et la prééclampsie.
élevée d’une déficience en vitamine D en fin de grossesse. Pour la vitamine E, les apports sont souvent inférieurs aux
recommandations (10 mg/j).
Vitamine A Pour la vitamine C (apport conseillé : 100 mg/j), la supplé-
L’acide rétinoïque est indispensable à la différenciation cel- mentation est indiquée chez les patientes tabagiques du fait d’une
lulaire embryonnaire et fœtale. faible consommation de fruits et légumes et d’une durée de vie
Les ANC de vitamine A totale (rétinol et bêta-carotène, son plus courte de l’acide ascorbique liée aux espèces radiculaires
précurseur) en cours de grossesse sont couverts par l’alimenta- présentes dans la fumée.
tion (800 à 1 000 μg/j).
Le rétinol se trouve dans les produits animaux (viande, pois- Fluor
sons gras, œufs, beurre). Les carottes, les légumes verts et cer- L’apport de fluor de la naissance jusqu’à l’âge de 12 ans au mini-
tains fruits apportent le bêta-carotène. mum (période de minéralisation de la couronne des dents défi-
Un apport élevé de bêta-carotène ne conduit pas à une trans- nitives) prévient les caries dentaires. Une supplémentation gra-
formation excessive en vitamine A, le surplus étant éliminé. vidique en fluor n’intéressant que les dents de lait n’est pas utile.
Dans l’espèce humaine, des apports très élevés de vitamine
A (au-delà de 10 fois les ANC) à une période critique de la gros- Magnésium
sesse pourraient être tératogènes. Un des aliments les plus riches Les apports alimentaires en France (environ 300 mg/j) sont
R Q 16

en rétinol, le foie (quelle qu’en soit l’espèce), et les produits à suffisants pour couvrir les besoins de la mère et du fœtus. Les
base de foie sont déconseillés aux femmes enceintes. principales sources sont le chocolat, les légumes, les fruits secs,
les produits céréaliers, le lait et la viande.
Vitamine K1 Il n’y a pas d’effet bénéfique démontré de la supplémentation
Elle intervient dans la carboxylation de facteurs de la coagu- (100 à 350 mg/j) sur la diminution du risque de pré-éclampsie.
lation. Les crampes musculaires restent une indication à la pres-
Le passage transplacentaire de cette vitamine liposoluble est cription de magnésium qui peut les soulager.
difficile.
Les besoins sont largement couverts par l’alimentation (légu- Zinc
mes verts). Une alimentation équilibrée, suffisamment riche en protéines
La carence s’observe dans les cas de : animales, couvre les besoins. La carence en zinc diminue l’utili-
— malabsorption lipidique ; sation des protéines de l’alimentation.

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I-2-Q16
Grossesse normale — Besoins nutritionnels d’une femme enceinte

Tableau 3 Situations exposées aux déficiences nutritionnelles et apports


quotidiens recommandés
POPULATION CIBLE NUTRIMENTS DÉFICIENTS APPORTS QUOTIDIENS
VITAMINE D NON INCLUSE

Adolescentes Folates 400 μg


Immigrées Fer 20 à 30 mg
Grossesses rapprochées Calcium 1 000 mg
Grossesses gémellaires Iode 200 μg

Tabagiques Folates 400 μg


Vitamine C 100 mg
Zinc 10 à 20 mg

Végétaliennes Vitamine B12 2,6 μg


Fer 20 à 30 mg
Iode 200 μg
Zinc 10 à 20 mg

Sous-poids (poids [kg]/taille2 [m]  18-20) Folates 400 μg


Fer 20 à 30 mg
Calcium 1 000 mg
Iode 200 μg
Vitamine B6 2 mg

Une supplémentation en zinc est envisagée sur des terrains ✓ La caféine est présente en proportion variable dans le café, le
« carencés » : thé, le chocolat, certains sodas et boissons énergisantes.
— alcoolo-tabagisme ; Dans les situations de consommation de 4 tasses ou plus de
— régime végétarien et végétalien. café par jour, des troubles transitoires du rythme cardiaque
fœtal ou une hyperexcitabilité de l’enfant ont été décrits. Une
étude récente fait état d’une diminution du poids de naissance
SUBSTANCES A ÉVITER lors de consommations journalières de caféine en grande
✓ Toute boisson alcoolisée doit être évitée pendant la grossesse quantité. La consommation doit rester modérée (pas plus de
et l’allaitement du fait des dangers potentiels pour le fœtus et 3 tasses de café léger par jour) pendant la grossesse et durant
l’enfant. l’allaitement.
✓ Le tabac : les produits de combustion du tabac (nicotine, mono- ✓ Les phyto-estrogènes sont des substances présentes dans
xyde de carbone, goudrons, métaux lourds…) ont des répercus- certaines plantes, notamment le soja. Ils ont une analogie de
sions possibles sur la grossesse (réduction du poids de nais- structure avec l’estradiol, franchissent le placenta et sont excré-
sance…) et l’allaitement (pathologies respiratoires chez l’enfant), tés dans le lait. L’exposition in utero est associée chez l’animal
y compris en situation de tabagisme passif. Le tabac semble aussi à des anomalies de développement des organes génitaux et de
diminuer la biodisponibilité des vitamines C, B9 et du zinc. Il est la fertilité ultérieure.
souhaitable d’envisager avec la patiente toutes les mesures desti- Il faut éviter la consommation de compléments alimentaires
nées à l’arrêt du tabac. Une substitution nicotinique est possible contenant des phyto-estrogènes pendant la grossesse et l’allai-
pendant la grossesse. tement, et celle des aliments à base de soja ( 1 mg/kg/j ; par
✓ Le cannabis : le principal métabolite, le delta-9-tétrahydro- exemple pas plus d’un « jus » de soja ou un tofu ou un dessert à
cannabinol (THC) franchit le placenta et passe dans le lait maternel. base de soja par jour).
Une diminution de la durée de la grossesse (environ une semaine) ✓ Les phytostérols sont des constituants végétaux ayant une
et du poids de naissance (80 à 100 g) existe si la consommation structure analogue à celle du cholestérol. Ils réduisent son
est régulière et élevée. Aucun effet n’est noté chez les fumeuses absorption intestinale. Leur consommation pendant la grossesse
occasionnelles. Par prudence, il convient d’éviter la consomma- et l’allaitement est par précaution déconseillée, même en cas
tion de cannabis au cours de la grossesse et de l’allaitement. d’hypercholestérolémie.

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gémellité, le déficit pondéral ou l’obésité. Le conseil nutritionnel
ACTIVITÉ PHYSIQUE et les suppléments en vitamines et oligoéléments sont adaptés à
Une activité physique raisonnable (30 minutes de marche par jour, chaque situation (tableau 3).
gymnastique d’entretien, natation…) adaptée à l’âge gestationnel C’est aussi l’occasion de considérer les pathologies chroniques
doit être encouragée lors d’une grossesse monofœtale normale. justifiant une prise en charge particulière comme le diabète, la
Les effets bénéfiques sont : maladie de Crohn, la phénylcétonurie.
— la diminution des risques de diabète gestationnel (améliora- Compte tenu du risque d’embryofœtopathie sévère liée à la toxi-
tion de la sensibilité à l’insuline) et de prééclampsie (mise en jeu cité de la phénylalanine, le régime strict excluant la phénylalanine
des systèmes de défense antioxydante) ; doit idéalement être repris avant le début de la grossesse.
— un meilleur équilibre psychologique et nutritionnel en favorisant La prévention de l’allergie alimentaire dans les familles à
une discipline alimentaire ; risque (incluant asthme et eczéma) se résume pendant la gros-
— l’entretien de la musculature abdominale et la récupération sesse à l’éviction du ou des allergènes responsables de l’allergie
fonctionnelle du périnée dans le post-partum. alimentaire chez la patiente et à celle de l’arachide. L’allaitement
Les efforts prolongés, les sports comportant un risque de chocs maternel est recommandé et, en cas d’allaitement au biberon, le
ou de chutes (ski, vélo, équitation) et a fortiori les efforts intenses recours à une formule hydrolysée. La diversification alimentaire
et la compétition sont à proscrire. ne débute pas avant 6 mois révolus.
Le repos peut être indiqué en cas de grossesse gémellaire, de Les préparations à base de soja sont déconseillées, car le soja
menace vraie d’accouchement prématuré. lui-même peut être responsable d’allergie.
Après l’accouchement, la reprise progressive de l’activité phy- La grossesse est également l’occasion de rappeler les règles
sique permet un retour plus rapide au poids antérieur. Elle commence d’hygiène élémentaire de prévention des risques microbiens et
après une rééducation périnéale précoce (4e à 6e semaine), suivie parasitaires alimentaires. ■
d’une rééducation abdominale différée (4e mois).
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant les données publiées dans cet article.
SITUATIONS PARTICULIÈRES
L’interrogatoire, l’examen clinique et quelques examens biologiques
simples, avant ou dès le début de la grossesse, permettent de Pour en savoir plus
repérer des « groupes à risque » de carence d’apport ou de déficit ◗ Diabète gestationnel
nutritionnel quantitatif ou qualitatif. Fontaine P
Ce sont : les situations de précarité économique, les adoles- (Rev Prat 2003 ;53[17] :1984-99)
centes, les régimes végétariens et végétaliens (excluant tout ◗ Le guide nutrition pendant et après la grossesse
Livret d’accompagnement destiné aux professionnels de santé
aliment d’origine animale, y compris les œufs et le lait), les toxico- http://www.inpes.sante.fr/
manes, les tabagiques, les grossesses répétées et rapprochées, la

MINI TEST DE LECTURE


VRAI OU FAUX ? 7 L’apport lipidique doit privilégier sur le plan qualitatif
les AGPI-LC.
Au cours de la grossesse :
8 Et notamment les oméga 6.
1 Il existe un hyperinsulinisme et une lipogenèse au
9 La supplémentation calcique est systématique.
cours des deux premiers trimestres favorisant un
10 En France, la supplémentation en iode devrait être
R Q 16
stockage de réserves énergétiques chez la mère.
2 L’insulinorésistance périphérique du 3e trimestre systématique.
11 La supplémentation en vitamine K1 est nécessaire.
et la lipolyse libèrent les métabolites énergétiques
au profit du fœtus. 12 Les réserves maternelles en acide folique sont
3 La prise de poids du fœtus est de plus de 2 kg suffisantes pour couvrir les besoins de la grossesse.
pendant le 3e trimestre. 13 L’adaptation fœtale à des carences métaboliques
4 En France, la supplémentation systématique en fer maternelles pourrait majorer le risque de diabète de
avec 20 mg de fer ferreux devrait être recommandée. type 2 et de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.
5 La balance azotée doit rester positive. 14 Une forte pigmentation cutanée est un facteur
6 Et l’augmentation de la ration protéique nécessaire de risque de carence en vitamine D.
n’est pas couverte par les apports protéiques Réponses : V, V, V, V, V, F, V, F, F, V, F, F, V, V
spontanés lors d’un régime non restrictif.

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MINI TEST DE LECTURE de la question 170, page 2167

A / VRAI OU FAUX ? 3 un risque accru d’interaction métabolique.


4 la survenue constante et prévisible
Chez un enfant de 8 ans, on adapte la posologie
d’un médicament… d’une néphrotoxicité.
1 selon son poids par rapport à la posologie C / QCM
recommandée chez un adulte de 70 kg.
2 en l’exprimant par rapport à la surface corporelle Quelle(s) classe(s) de médicaments
de l’enfant. envisagez-vous de conserver en priorité chez
3 en fonction des résultats d’essais cliniques menés un patient diabétique de type 2 âgé de 75 ans,
hypertendu et insuffisant cardiaque, venant
chez des enfants.
consulter au décours d’une chute ?
4 selon les recommandations formulées
dans le résumé des caractéristiques (RCP) 1 Inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
de la spécialité pharmaceutique 2 Diurétique thiazidique en association à dose
(monographie du dictionnaire Vidal). fixe avec l’IEC.
3 Benzodiazépine.
B / VRAI OU FAUX ? 4 AINS à posologie antalgique.
La formation d’un métabolite actif responsable 5 Vasodilatateur cérébral.
de l’effet thérapeutique d’un médicament implique…
1 la possibilité de toxicité par surdosage en cas
d’insuffisance hépatique.
2 la possibilité de toxicité par surdosage en cas Réponses : A : F, F, V, V / B : F, V, F, F / C : 1, 2.
d’insuffisance rénale.

MINI TEST DE LECTURE de la question 272, page 2173

A / VRAI OU FAUX ? 5 Un testicule cryptorchide doit être opéré avant


l’âge de 2 ans.
1 Le vrai phimosis est rare.
2 Le paraphimosis est une infection aiguë de la verge.
C / QCM
3 Le diagnostic de torsion du testicule repose
sur l’échographie. Parmi les affirmations suivantes, quelles sont
4 Chez le nouveau-né, le testicule tordu est presque celles qui s’appliquent à la pathologie génito-scrotale
toujours nécrosé. de l’enfant et de l’adulte ?
5 Le testicule controlatéral à une torsion est aussi 1 Un garçon doit être décalotté avant l’âge de 2 ans
exposé à un risque de torsion. pour éviter un phimosis plus tard.
2 L’hydrocèle communicante de l’enfant a un volume
B / VRAI OU FAUX ? variable.
1 L’hydrocèle risque de comprimer le testicule 3 Une grosse bourse aiguë doit être opérée avant
et justifie donc un traitement opératoire rapide. la 6e heure.
2 L’hydrocèle du nourrisson guérit toujours après l’âge 4 Un testicule palpable en région inguinale peut
de la marche. migrer au moment de la puberté.
3 Un dosage des androgènes doit être réalisé devant
une cryptorchidie unilatérale sans testicule palpable.
4 Dans la cryptorchidie, un traitement médical par
injections de gonadotrophines chorioniques doit être Réponses : A : V, F, F, V, V / B : F, F, F, F, V / C : 2, 3.
essayé avant un abaissement chirurgical du testicule.

2310 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 1 D É C E M B R E 2 0 0 8

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