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III
Cet ouvrage fait par tie de
Vieillissement, pathologies et réhabilitation du
bâtiment
(Réf. Internet ti256)
composé de :
Pathologie générale - Pathologie du béton Réf. Internet : 42240
Pathologie de l'humidité des parois - Pathologie des ponts Réf. Internet : 42241
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Vieillissement, pathologies et réhabilitation du
bâtiment
(Réf. Internet ti256)
Jean-Pierre MUZEAU
Ancien enseignant à Polytech' Clermont-Ferrand, Président de l'APK, Directeur
scientifique du CHEC
Frédéric RAGUENEAU
Directeur du Laboratoire de Mécanique et Technologie de l'ENS Cachan
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Pathologie générale - Pathologie du béton
(Réf. Internet 42240)
SOMMAIRE
Réaction sulfatique interne dans les structures en béton. Mécanisme, pathologie et C2254 77
prévention
Réactivité des surfaces de béton COR415 81
Fissuration par retrait gêné dans les ouvrages en béton armé C2255 87
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VII
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Pathologie générale - Pathologie du béton
(Réf. Internet 42240)
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1– Pathologie générale Réf. Internet page
2– Pathologie du béton
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Maçonnerie
Pathologie
par Jean-Daniel MERLET
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Ingénieur de l’École centrale de Paris
Directeur technique du Centre scientifique et technique du Bâtiment (CSTB)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 105 − 1
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MAÇONNERIE _________________________________________________________________________________________________________________________
1. Pathologie des murs répartition : poutres reposant directement sans sommier, pignons
très élancés mais sans raidisseurs ou encore murs de clôture dont
en maçonnerie le renversement, pour être moins spectaculaire, est cependant assez
fréquent.
La mise en œuvre des matériaux et en particulier le bon garnissage
Les désordres pouvant affecter les ouvrages en maçonnerie des joints, seul garant de la participation de l’ensemble des parois
peuvent être classés en deux catégories selon qu’ils résultent d’un des blocs à la transmission des charges, joue un rôle important dans
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défaut de résistance mécanique de l’ouvrage ou bien qu’ils affectent l’extension à l’ensemble de la construction des sinistres initiés par
les autres fonctions de la paroi en maçonnerie mais ne mettent pas un défaut local. Il en est de même de la qualité des produits : un
en cause la solidité de l’ouvrage. exemple en est donné par les trumeaux de très faible largeur, a
fortiori si elle se limite à celle d’un seul produit, auquel cas la résis-
tance de l’ouvrage est plafonnée par celle du produit le plus faible.
Un autre problème spécifique des produits creux est celui des
1.1 Désordres dus à un défaut briques creuses dont le profil venu de la filière correspond à un sens
de la résistance mécanique de mise en œuvre particulier (figures 1, 2 et 3). Si celui-ci n’est pas
de la maçonnerie respecté lors de la pose, la superposition des parois porteuses n’est
plus assurée ou incomplètement, parfois réduite aux seules parois
extérieures, ce qui a déjà conduit à des effondrements de construc-
À partir de l’analyse d’un certain nombre de sinistres survenus tion ; dans ce cas, en outre, le matériau a un comportement fragile
dans les constructions en maçonneries porteuses, on peut recenser qui le rend moins adaptable. Les défauts cités précédemment
les causes et les énumérer afin d’en dégager les quelques conseils peuvent d’ailleurs se conjuguer, accroissant ainsi le risque, et les
que les projeteurs et les responsables de la conduite des chantiers désordres graves sont évidemment le résultat de la conjonction des
doivent avoir à l’esprit afin d’éviter que de tels sinistres ne se deux causes : charges excessives sur des trumeaux de trop faible
reproduisent. dimension ou prévus avec des produits mal adaptés et mauvaise
exécution des joints ; il y a donc lieu de veiller tout particulièrement
■ En premier lieu, on peut citer les défauts relevant de la à l’exécution des ouvrages dont les contraintes sont élevées et de
conception générale des ouvrages : ne pas concevoir en produits creux des ouvrages porteurs de trop
— défaut de contreventement général : du fait de la faible résis- faibles dimensions en plan.
tance à la traction des ouvrages en maçonnerie, il est nécessaire de ● Maçonneries d’éléments pleins
tenir compte des autres sollicitations que celles qui découlent des
Les effondrements de maçonneries de ce type sous l’effet des
forces verticales, et donc des forces transversales, pression du vent,
seules charges verticales sont relativement rares et des défaillances
poussée des terres ou des remblais dans le cas des murs de sous-sols
sont plutôt à rechercher dans l’action du gel ; celui-ci d’une manière
ou encore poussée de matériaux stockés dans les bâtiments... ;
générale dégrade la qualité du mortier de joint qui devient très
— absence de joint de tassement ou de dilatation, ou bien, dans
friable. Il peut en être de même, à l’inverse, sous l’effet de la dessi-
ce dernier cas, leur trop grand écartement conduit à des fissurations
cation du mortier (produit très absorbant, temps chaud et sec...). En
des maçonneries porteuses qui peuvent mettre en cause la stabilité
cas de matériau gélif, le gel peut s’attaquer aussi aux éléments de
des constructions.
maçonneries ; ce peut être le cas des ouvrages isolés et relative-
C’est le cas lors de la construction, sur des terrains compressibles, ment exposés comme les cheminées ou les souches de cheminées.
d’ouvrages dont les parties sont très dissemblables ou encore
construits de façon non simultanée.
C’est aussi le cas de bâtiments de trop grande longueur.
■ Les sinistres peuvent aussi provenir des conditions de déroule-
ment du chantier : les incidents de très loin les plus fréquents
concernent le renversement, par le vent, de pans de maçonneries
avant qu’ils ne soient rendus stables par le reste de l’ouvrage
(angles ou murs perpendiculaires) ou par la réalisation d’étaiement
provisoire dans l’attente des éléments concourant à leur stabilité. Le
risque est bien entendu accentué par l’élancement des parois
considérées, mais aussi par tout retard apporté au durcissement du
mortier de hourdage (froid ou, pire encore, gel nocturne par
exemple).
Le vent n’est pas la seule cause de ce genre de désordres ; on
compte également avec la poussée horizontale due au remblaiement
des fouilles périphériques du bâtiment sur les murs de sous-sol.
Des dispositions insuffisantes, l’absence de précautions ou encore
de fausses manœuvres intempestives telles qu’un enlèvement
prématuré d’étaiements disposés en attente de la réalisation de
partie d’ouvrage sont particulièrement cruciales lors des ouvrages
enterrés : le maintien en place d’étais pendant de longues périodes
est parfois très gênant et le choix d’autres techniques de réalisation
que la maçonnerie peut, dans certains cas, être judicieux.
■ L’ensemble des considérations précédentes concernent la totalité
des types de maçonneries, mais certains désordres sont plus spécia- Figure 1 – Brique de section carrée montée de façon que les cloisons
lement liés au choix des maçonneries particulières. ne se superposent pas
● Maçonneries d’éléments creux
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Constructions métalliques
Pathologie des structures métalliques
par Jacques MAYÈRE
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Ingénieur INSA
Responsable de l’activité Charpentes métalliques et Bois du Bureau Veritas
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Pathologie et entretien
dans le bâtiment
Introduction et évolution
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par Claude SAINT MARTIN
Ingénieur Bâtiment Ville de Paris
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vétustes, à la restructuration complète d’un bâtiment, avec conservation des
façades ».
Objet : cette liste nous permettra, dans chaque cas, de rester en & Apparition de désordres, sinistres, problèmes et maladie
cohérence tout au long de l’article (avec à l’esprit une notion
de réhabilitation). L’établissement d’un diagnostic passe par les étapes suivantes :
– auscultation ;
– identification et étude des causes (étiologie) ;
ANALOGIE – utilisation, éventuellement, d’un retour d’expérience ;
S
P – enquête (témoignages, recherche) ;
DÉMARCHE MÉDICALE MAINTENANCE C
É – Comparaison avec la pathologie existante ;
C A
MÉDECIN Humilité EXPERT (spécialiste) R – Certitude (ou non)sur la maladie ? Æ Établir une nouvelle
I
A N pathologie.
SYMPTOMATOLOGIE AUSCULTATION
L E
ÉTIOLOGIE DIAGNOSTIC I T
(science des causes) S & Solutions envisagées
T D
THÉRAPEUTIQUE TRAITEMENT E Dans le but d’empêcher un nouveau désordre
E
MALADE À renforcer BÂTIMENT
? S Remèdes ou traitement (curatif) Æ Soigner et guérir
À réparer
A (thérapeutique)
Soins efficaces Remède efficace N
(Intervention directe sur le malade)
T
Choix du médicament Choix du produit É
Prévention (traitement préventif) Æ Éviter que cela se repro-
ERREUR duise en anticipant
Rechute mal soigné Désordres
(Règlement, entretien, nouveau dispositif, etc.)
Aggravation de la maladie Quelquefois plus graves
RP
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2. Pathologie et diagnostic Elle a surtout pris son essor dans les années 1960 suite à des
analyses de sinistres (Bureau Veritas). De nombreux ouvrages
concernés par cette nouvelle discipline ont paru : pathologie des
fondations, du béton armé, des façades,… Des textes officiels de
prévention (DTU, règlements…) ont suivi jusqu’à nos jours et pour-
2.1 Quelques définitions tant, certaines pathologies sont plus nombreuses aujourd’hui
Depuis plusieurs décennies, face à l’accroissement des coûts qu’hier.
engendrés par les « sinistres » (accidents du travail, effondrements On évoque même la notion d’une pathologie qui découlerait de
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d’ouvrages, désordres de toute nature,…) tous ceux qui participent certains règlements nouveaux.
à l’acte de construire sont sensibilisés de plus en plus aux notions Comme nous l’avons vu au début de cet article, une analogie est
de « prévention » et de « pathologie ». souvent exprimée entre la notion de démarche médicale et celle de
Le choix des mots dans une telle sensibilisation est important ; maintenance.
aussi est-il nécessaire d’en préciser le sens au début de cet article. La connaissance de la pathologie permet d’établir un diagnostic
& Un « sinistre » est, d’après le dictionnaire, un fait dommageable qui conduira inéluctablement vers l’esquisse d’une solution de
pour soi-même ou pour autrui, de nature à mettre en jeu la garantie réparation, de renforcement ou simplement la mise en place de
d’un assureur. remèdes préventifs.
Ce terme, juste dans le cas d’accidents corporels, paraı̂t exagéré
dans la plupart de ses applications. Nous serions tentés de le rem- 2.3 Diagnostic
placer par « désordres », d’autant que les plus grands effondre-
ments deviennent heureusement rares (à l’exception de ces derniè-
res années !), alors que les petits incidents se multiplient.
2.3.1 Selon le dictionnaire encyclopédique
& C’est l’acte par lequel le médecin distingue une maladie par la
& Afin d’éviter ces désordres, ces accidents, ces maladies, il faut
connaissance qu’il a des signes propres à cette maladie. Le méde-
prendre un ensemble de mesures : c’est le rôle de la « prévention ».
cin groupant les symptômes morbides que présente le malade, les
Mais pour atteindre cet objectif, la connaissance du processus rattache à une maladie ayant sa place dans le cadre nosologique.
entraı̂nant les sinistres ou les désordres est essentielle. C’est la rai-
son d’être de la « pathologie » (pathos = souffrance, logos = scien- Il comporte deux parties :
ces) qui est, nous cite le dictionnaire « la science des causes et des – le diagnostic positif qui réunit tous les éléments correspon-
symptômes des maladies ». dants en vue de ranger une maladie dans un cadre défini ;
– le diagnostic différentiel qui étudie tous les éléments discor-
& Soit, en détaillant : dants permettant de séparer une maladie des autres affections
– « science » Æ ensemble organisé des connaissances relatives avec lesquelles elle pourrait être confondue.
à certaines catégories de faits ou de phénomènes ;
& Recherche des causes du mauvais fonctionnement d’un appa-
– « des causes » Æ ce qui fait qu’une chose existe ; origine ;
– « et des symptômes » Æ phénomène qui révèle un trouble reil. Le diagnostic s’opère en général en deux étapes :
fonctionnel ou une lésion ; – le pré-diagnostic prend place au début de l’opération, au
– « des maladies » Æ altération dans la santé, dans l’équilibre, moment des études de faisabilité. Il doit permettre de dépister les
des êtres vivants. problèmes majeurs que peuvent poser les structures. L’expérience
et la compétence de l’intervenant sont déterminantes pour son effi-
Il y aura donc « maladie » à chaque fois qu’une construction ne cacité, d’autant plus qu’il soit spécialiste ;
répondra pas aux attentes des utilisateurs. – le diagnostic approfondi s’effectue une fois l’opération enga-
& En guise de conclusion, l’utilisation des termes tels que « patho- gée. Il consiste à rassembler toutes les données techniques néces-
logie » et « maladies » fait venir à l’esprit une question : n’est-il pas saires pour l’établissement du projet ; il peut nécessiter un dégar-
curieux de considérer une construction comme un être vivant ? nissage total, ou partiel, d’éléments de structure afin d’effectuer
Sans aller jusque là, il faut reconnaı̂tre qu’un bâtiment n’est pas des sondages spécifiques et pertinents.
une chose inerte :
– il remue, se dilate, se fissure ; Tout diagnostic nécessite un moment d’auscultation et
– il respire : la vapeur d’eau diffuse à travers ses parois ; d’enquête préalable sur la situation sinistrée qui peut être liée
– il a de la « mémoire » : une mauvaise manipulation d’une struc- à des causes étrangères (environnement, main de l’homme…).
ture lors de la fabrication (béton jeune) peut laisser des « stigma-
tes » de fissures ; 2.3.2 Sous l’angle de la réglementation
– il passe par les mêmes étapes qu’un être vivant : de la concep-
tion, puis de l’utilisation, à la destruction ; La norme NFX 60-10 (concepts et définition des activités de
– la construction naı̂t, vit et meurt. Il faut donc être vigilant à maintenance) définit le diagnostic comme :
tous les stades de son élaboration et de sa vie. « L’identification de la (ou des) cause(s) probable(s) de la défail-
lance ou de l’évolution d’un ou plusieurs paramètres significatifs
Ainsi, n’oublions pas cet axiome latin « Non nisi parendo vin- de dégradation à l’aide d’un raisonnement logique fondé sur un
citur » que le philosophe Francis BACON (1561-1626) applique ensemble d’information (inspection, contrôle, test) ».
à la nature : « Pour faire servir la nature aux besoins de
l’homme, il faut obéir à ses lois ». & En adoptant ces données aux problèmes posés par la réhabilita-
tion, on peut affirmer que le diagnostic est une mission qui se fixe
trois objectifs successifs :
2.2 Bref rappel historique – constat de situation (parfois appelé « description », « reconnais-
Cette notion de « pathologie des structures » n’est pas nouvelle sance » ou « identification ») ;
et demeure très ancienne. – comparaison de l’état constaté par rapport à un état de réfé-
rence (état à neuf, ou état de conformité à un règlement) parfois
Les sinistres d’antan permettaient (si l’on peut dire !) de corriger appelé « bilan » ;
les dites « règles de l’art, recommandations professionnelles ou les – évaluation de l’écart (causes, gravité et risque).
règlements techniques du moment… ». Le progrès ne pouvant exis-
ter que s’il y a des risques mais « risques calculés et bien maı̂trisés ». La première et dernière étape formalise les potentialités.
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& Application aux structures
Constat fait sur des structures plancher de type bois : problèmes
mécaniques, de surcharges excessives, d’humidité, de présence 2.3.3.3 Conclusion
d’insectes (avec renvoi vers le matériau bois vu précédemment). Les règles de base pour effectuer un bon diagnostic consistent à :
– aller du général vers le particulier, par étapes ;
2.3.3 Diagnostic en réhabilitation
– étudier le malade, plutôt que la maladie ;
Même si la démarche générale reste la même, il existe de nom- – poser les problèmes avant de choir les solutions.
breuses méthodes de diagnostic de structures. Dans le cadre de
cette étude, nous nous limiterons à des généralités en ne retenant
que ce qui est fondamental et incontournable.
Celle pratiquée par la Socotec depuis des années peut être prise 3. Matériaux de construction
comme référence dans ce domaine. Elle définit différents niveaux
d’analyse, selon qu’il s’agisse de mesures à prendre, d’audit,
d’avis technique, ou encore de diagnostic conseil. Un cahier des
charges d’une mission de diagnostic est établi suivant : 3.1 Situation
– l’étendue des ouvrages concernés ; Dans le domaine des structures de bâtiments, le matériau cons-
– le domaine d’intervention ; tructif est à l’origine d’une pathologie très conséquente de
– les objectifs attendus ; responsabilités.
– ou encore le référentiel s’il existe.
Néanmoins, on peut dire aujourd’hui qu’elle tend à disparaı̂tre,
Des modalités d’intervention sont enfin arrêtées. du moins à changer de forme. Par exemple, s’agissant du béton
Il est important de préciser que les exigences européennes en armé, c’est la « chimie du matériau béton » qui a pris le pas, engen-
date du 21 décembre 1988, relatives aux produits de construction, drant de nouvelles maladies qui se révèlent depuis quelques
doivent être appliquées à l’ouvrage réalisé. années.
Des articles de fond, dans la collection des TI réalisés par des
2.3.3.1 Rappel des six exigences européennes spécialistes, traitent déjà de ce sujet : « le bois, la pierre, les maçon-
Il s’agit de : neries, la construction métallique, le béton armé et le béton pré-
contraint… ». Dans le cadre de cet article, nous reprendrons la
– résistance mécanique et stabilité ; pathologie – cause des désordres – de chaque matériau en effec-
– sécurité en cas d’incendie ; tuant un court résumé et en renvoyant le lecteur vers l’article de
– l’hygiène, santé et environnement ; fond en référence dans la collection.
– sécurité d’utilisation ;
– protection contre le bruit ; Par contre, on essaiera de compléter, si faire se peut, en introdui-
– l’économie d’énergie et isolation thermique. sant des réflexions de « retour d’expérience », voire en évoquant
les nouvelles pathologies. Puis, nous aborderons le sujet sous
2.3.3.2 Exemple de méthode utilisée l’angle du diagnostic, des solutions envisageables, et de la préven-
tion qui en a suivi.
La méthode dite de « Monsieur Charrue » permet de diagnosti-
quer la structure d’un bâtiment [1].
& Elle comporte 4 étapes successives : 3.2 Bois
– reconnaissance de l’édifice (relevé de l’existant) ;
– analyse théorique des structures (on le recalcule en le considé-
3.2.1 Pathologie du bois
rant neuf) ; Dans ce domaine, de nombreux articles (dont certains très spé-
– évaluation de la capacité portante des composants et de la cialisés et de fond) ont déjà été publiés ([C 925], [C 926] et [C 2 450]).
structure après l’analyse clinique (relevé pathologique) ; Aussi, conviendra-t-il de rester modeste et d’éviter toute
– prise en compte, éventuelle, des modifications du projet et des redondance.
exigences européennes (exemple : la nouvelle réglementation ther-
Un bref résumé, en guise de rappel, permettra au lecteur de sui-
mique, ou l’incendie).
vre le sujet abordé sans obligation de se reporter aux articles cités.
& La démarche est un peu différente pour ce qui concerne un
diagnostic sur ouvrages présentant des désordres. Dans ce cas pré- 3.2.1.1 Champignons
cis, il conviendra de documenter les désordres ou les dégradations,
Dans le bâti ancien, bon nombre d’ouvrages en bois subissent
de les décrire (listes, photos, appareillages,…). Si possible, on exa-
l’attaque de prédateurs que sont les champignons et les insectes
minera les circonstances, les causes et l’origine de l’apparition des
xylophages, dès lors que l’humidité, sous forme de vapeur d’eau,
désordres.
est bloquée dans le bâti.
& Un examen détaillé de l’ouvrage est indispensable avec une Deux types de champignons s’en prennent au bois. Les premiers,
recherche probable de définition du scénario du désordre. Il dits de « coloration » ne nuisent pas à la structure de l’ouvrage : ils
s’agira d’apporter les commentaires suivants : n’agissent que sur l’aubier en superficiel. La seconde famille ras-
– capacité de l’ouvrage à remplir son rôle vis-à-vis de sa semble les champignons lignivores qui, comme le nom l’indique,
destination ; détruisent le squelette du bois.
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La forme d’attaque prend trois formes essentielles : les combles en période d’essaimage (au printemps) : des individus
– la pourriture cubique (bois en forme de braises), la plus cou- ailés et noirs sortent pour aller se reproduire hors la termitière.
rante, causée par la mérule ou « champignon des maisons » ; Ne faisant jamais de trous de sortie, les termites ne sont détec-
– la pourriture molle, caractéristique des bois gorgés d’eau ; tables que par la présence de cordonnets (quand ils existent), par
– la pourriture fibreuse, qui attaque le bois en contact avec l’eau. sondages ou chocs. Très souvent, une fois repérés, il est souvent
trop tard d’intervenir pour « sauver » la poutre qui nécessite son
Ce sont les conditions d’environnement (humidité, température, renforcement et, dans tous les cas, de gros travaux.
lumière et revêtements…) et l’essence considérée (résineux, feuil-
On confond très souvent les termites et les fourmis. Contraire-
lus) qui sont déterminantes dans la vitesse et le degré d’altération
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ment aux fourmis, les termites déprédateurs du bois se déplacent
du bois. L’identification de ces attaques est essentiellement visuelle
rarement à la surface du sol ou du bois, et on observe une diffé-
(figures 2 et 3), voire olfactive pour la mérule (qui attire, par la
rence très nette en ce qui concerne le processus de développement
suite, la grosse vrillette pour pondre).
et le comportement.
Voilà, résumé en quelques mots, l’essentiel de la pathologie du
3.2.1.2 Insectes
matériau bois. Pour plus de renseignements se reporter aux textes
Les attaques par les insectes peuvent être le fait de larves ou de fond cités au début de ce chapitre.
d’insectes parfaits (figure 3).
3.2.2 Causes biologiques des désordres
& Les plus répandus sont les capricornes. C’est la larve qui est
xylophage et peut vivre plusieurs années à détruire le bois, alors 3.2.2.1 Champignons et conséquence : la pourriture
que l’insecte lui-même reste inoffensif. L’apparition de champignons est favorisée par :
& Quant aux termites (insectes sociaux), ce sont les seuls insectes – les infiltrations d’eau par la défectuosité des couvertures, en
parfaits xylophages qui, hier, ne sévissaient que dans le sud de la surface courante (tuiles qui bougent, ardoises cassées, mousse…),
aux faı̂tages, arêtiers et noues, au pourtour des châssis, souches et
France. Aujourd’hui, ces derniers prolifèrent en atteignant, de
tuyaux de ventilation, etc. ;
manière « suspecte », la région parisienne.
– la condensation, humidité fréquente de l’air, ventilation insuffi-
Ceux de la famille de Saintonge et d’Aquitaine (attirés par les sante du comble ;
résineux) sont, de loin, les plus destructeurs. Généralement dans – l’emploi de bois insuffisamment résistants, ou peu traités ;
le sol, ils attaquent les structures du bâtiment en remontant du – les infiltrations et mouillages répétés en pied de charpente, aux
sous-sol vers les étages supérieurs abrités de la lumière par des sablières au droit des chêneaux, des gouttières, ou encore les effets
cordonnets lors de passages difficiles. Parfois, ils colonisent dans de la neige tassée.
3.2.3 Manifestation
Pour l’identification des signes extérieurs qui marquent la pré-
sence des prédateurs du bois, nous conseillons le lecteur de se
reporter aux articles cités dans la partie « Pour en savoir plus ».
Enfin, le Centre technique du bois et de l’aménagement (CTBA)
est source d’experts et de documentation dans ce domaine.
3.2.4 Diagnostic
C’est une opération très courante, aujourd’hui, du fait des derniè-
Figure 2 – Fissure d’une poutre en bois res lois relatives à la vente de son bien par un propriétaire qui doit
effectuer la déclaration des infestations, notamment des termites.
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Murs poids
En béton banché
En
maçonnerie
Q
Mur en L
Murs en béton armé
Ancrage
Tirant
Paroi moulée
Paroi bétonnée
Mur en console Mur ancré
Contrefort
Mur en gabions à treillage
Bêche
ou clé
RW
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b Parement ou Bien qu’a priori un classement des désordres soit difficile à effec-
Parement ou face arrière tuer, ceux-ci ayant bien souvent des causes multiples, nous exami-
face avant Contrefort nerons ci-après les pathologies les plus courantes à partir de leurs
éventuel origines à savoir :
Q
– absence d’étude ;
Terrain retenu
Écran ou – fautes de conception ;
Angle de frottement – fautes de calcul ;
mur de
interne j
front – défaut de drainage ;
H Poids volumique g – erreurs de ferraillage ;
Fa – défauts d’exécution ;
d E
N – modification des données ;
Patin arrière – défauts d’entretien et d’exploitation ;
h W’ ou talon – stabilité d’ensemble ;
Semelle H/3 – actions physico-chimiques ;
W Bêche – murs préfabriqués.
(ou clé)
Fp En illustrant ces pathologies par des exemples. Puis nous expo-
Sol d’assise serons quelques cas particuliers avant d’évoquer les principes de
Patin avant réfection et/ou de renforcement les plus courants. Enfin, nous cher-
R Angle de frottement
interne du sol
cherons à tirer de cette étude quelques enseignements ou
B d'assise j’ recommandations.
Remarque
Figure 2 – Schéma et notations
À ce stade, il n’est pas sans intérêt de noter que, la plupart du
temps, les signes avant-coureurs de désordres affectant les
Remarques murs de soutènement sont :
1 – La poussée des terres varie fortement avec la nature des – bombement de l’écran à proximité du pied ;
terrains retenus – décollement de la tête de l’écran et inclinaison de l’écran ;
2 – La poussée (terre et/ou eau) s’applique sur la hauteur totale – fissures ;
du terrain retenu (c’est-à-dire incluant la hauteur de la semelle) – etc.
3 – Sauf cas particulier, on ne tient pas compte de la butée car Il convient alors de rechercher sans attendre dès leur appari-
celle-ci : tion, l’origine de ceux-ci, la suite pouvant être parfois tragique.
– peut ne pas exister du fait du mode d’exécution de la
semelle (terrain remanié) ;
– ne peut être mobilisée qu’après un certain déplacement ; 2.1 Absence d’étude
– peut disparaı̂tre du fait de travaux en pied du mur (pose de
canalisation par exemple) ou de venues d’eau. Si, d’une manière générale, l’absence d’études est à l’origine de
Si on adopte néanmoins une butée, on calcule celle-ci avec Kp = 1. nombreux désordres affectant les ouvrages en béton armé, s’agis-
sant d’un ouvrage à risques, une telle pratique est, dans le cas des
& Stabilité murs de soutènement, à l’origine de désordres de toute nature,
souvent graves.
Après détermination des efforts appliqués dont en particulier pous-
sée et butée, il convient de s’assurer de la stabilité de l’ouvrage : & Les exemples suivants, d’ailleurs très divers vont permettre, si
– au glissement sur la base d’appui (cf. § 2.2) ; besoin était, de s’en rendre compte.
– au renversement (cf. § 2.2) ;
– à la rupture du sol d’appui ; Exemples
– au glissement d’ensemble (mur et terrain) (cf. § 2.9). Un premier exemple concerne les 2 murs latéraux de l’accès au
garage en sous-sol d’une maison individuelle réalisée sans Maı̂tre
Remarques d’œuvre, ni bureau de contrôle par un artisan maçon (figure 3).
Il existe diverses méthodes issues de calculs compliqués per-
Bien que ces 2 murs fussent de faible hauteur (2,50 m environ au
mettant de déterminer les poussées sur un ouvrage, mais
maximum) très vite des fissures importantes tant horizontales que
pour rechercher un ordre de grandeur ou effectuer une vérifica-
verticales apparurent en partie basse, lesquelles ne manquèrent pas
tion, nous proposons d’utiliser les tables de CAQUOT et KÉRI-
d’inquiéter le Maı̂tre d’ouvrage.
SEL ([1] et [2]).
L’expertise montra que ces 2 murs avaient été réalisés en par-
paings creux, très sommairement chaı̂nés, reposant sur une semelle
Exemple de 40 cm de large, très insuffisante.
À titre indicatif, pour évaluer un ordre de grandeur de Fa, dans le
Or, d’une part l’exécution d’un mur de soutènement avec de tels
⎛ η⎞ matériaux est proscrit et d’autre celle-ci doit respecter certaines dis-
cas d’un parement amont vertical ⎜ ⎟ supportant un remblai hori-
⎝ 2⎠ positions concernant la largeur de la semelle(1) et si des tractions
zontal (b = 0) non surchargé et sans venue d’eau : on prendra existent le ferraillage à la liaison avec la semelle.
(1)
⎛ η ϕ⎞ H2 L = 0,20 + 0,3 H (murs poids – maçonnerie ou béton)
K a = tg2 ⎜ − ⎟ et Fa = K a γ . L = 0,20 + 0,45 H (mur cantilever – béton armé)
⎝ 4 2⎠ 2
Ces 2 murs durent être démolis et reconstruits en béton armé.
RX
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cWRPQ
Remblai
Terrain très
Garde corps stable (rocher)
Q
Propriété voisine Fissures
Renversement
Mur
séparatif
Soutènement
RY
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cWRPQ
Construction ancienne
Q Surélévation
en béton arme
1,50
Effondrement
Terrain 2,50 m
d’origine
Remblai
Mur en
maçonnerie
ancien
Surélévation en
béton armé
aciers
1m
SP
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rQTQP
Évaluation et contrôle
non destructifs en génie civil
par Jean-Marie CAUSSIGNAC
Directeur de recherche émérite
Retraité de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de
l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR) Q
Vincent LE CAM
Ingénieur divisionnaire des travaux publics de l’État, Université de Nantes Angers Le
Mans (LUNAM)
IFSTTAR, département Mesure, Auscultation et Calcul scientifique (MACS), Bouguenais
Odile ABRAHAM
Ingénieur divisionnaire des travaux publics de l’État, Université de Nantes Angers Le
Mans (LUNAM)
IFSTTAR, département Mesure, Auscultation et Calcul scientifique (MACS), Bouguenais
Xavier DÉROBERT
Ingénieur divisionnaire des travaux publics de l’État, Université de Nantes Angers Le
Mans (LUNAM)
IFSTTAR, département Mesure, Auscultation et Calcul scientifique (MACS), Bouguenais
et Géraldine VILLAIN
Ingénieur divisionnaire des travaux publics de l’État, Université de Nantes Angers Le
Mans (LUNAM)
IFSTTAR, département Mesure, Auscultation et Calcul scientifique (MACS), Bouguenais
’introduction des END et des CND en génie civil, voire de leur évolution,
L nécessite au préalable d’en rappeler quelques grandes lignes quant à leur
définition et à leur usage. Il s’agit, dans la plupart des cas, d’outils ou de métho-
des de mesure ou de contrôle capables de donner accès à une ou plusieurs
p。イオエゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPQS
SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
rQTQP
Q
tème, d’agir sur celui-ci, de comprendre son fonctionnement, d’alimenter des
modèles de comportement. Ceci suppose de mener une réflexion globale sur
le système prenant en compte la réflexion cognitive et les outils de mesure ou
d’investigation. Dans ce contexte, la physique de l’onde et de son interaction
avec l’ouvrage doit être maı̂trisée, de même que la génération de cette onde
et l’interprétation de ce que l’on en mesure. De plus, la modélisation, directe
ou inverse, et l’approche multi-échelle sont nécessaires pour mieux concevoir
l’appareillage de génération en optimisant le procédé vis-à-vis de la structure
étudiée et de tirer des observations un maximum d’informations quantitatives,
voire d’aider à la prise de décision.
Selon les niveaux de connaissance, d’apprentissage et d’automatisme com-
muniqués à l’ensemble, on couvre alors le champ communément nommé des
« systèmes intelligents » ou de « smart systems ». Dans la pratique, l’instrumen-
tation peut avoir des finalités variées parmi lesquelles :
– comme moyen de détection et de suivi d’états pathologiques (dégradations,
déformations, fissurations…) de matériaux et/ou de structures ;
– comme outils à demeure et à temps réel ou quasi réel de contrôle de santé
des ouvrages et d’aide à leur maintenance ;
– comme maillon essentiel d’une chaı̂ne d’asservissement, dans le cadre d’un
contrôle actif ou semi-actif d’une structure ;
– comme outil de relevé ou de caractérisation d’un état, d’un comportement
ou d’un niveau de service.
Le génie civil, très réceptif à l’ensemble des moyens lui permettant d’aider à
optimiser une construction en phase de réalisation et ensuite son suivi, à véri-
fier la conformité aux normes en vigueur ou à assurer une maintenance des
structures à court, à moyen et à long terme, utilise maintenant de façon cou-
rante et ciblée les techniques modernes opérationnelles. À titre d’illustration,
certaines techniques END telles que : RADAR, ultrasons, tomographie sismique,
ultrasonic pulse echo, impact echo et instrumentation sans fil, complétées
d’exemples d’applications, sont présentées ci-après. Sans prétention d’exhaus-
tivité et pour limiter les propos, les méthodes électriques, infrarouges, nucléai-
res, les capteurs à fibres optiques et autres qui font déjà l’objet de nombreuses
publications ne sont pas abordées ici.
X Rayons X
g Rayons Gamma
EM Ondes électromagnétiques
SR
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rQTQP
Méthode SASW Méthode d’analyse spectrale des ondes de surface (Spectral Analysis of Surface Waves)
Méthode MASW
UPE
Méthode d’analyse multicanaux des ondes de surface (Multichannel Analysis of Surface Waves)
TPSN Protocole de la base de temps synchronisée pour les réseaux de capteurs (Timing-sync Protocol for Sensor Network)
SS
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rQTQP
1.3 Attentes des gestionnaires de disposer de véritables cartes de santé consultables en temps
réel ou à la demande au cours de la vie des ouvrages.
d’ouvrages vis-à-vis des méthodes
employées
En conclusion, ces généralités montrent l’importance des sys-
Les utilisateurs attendent de ces méthodes une aide pertinente à tèmes d’instrumentation et des techniques CND dans la chaı̂ne
la gestion et à la prise de décision en matière de sécurité, d’envi- globale depuis la conception, la construction et le suivi de la
ronnement, de maintenance ou d’entretien et de réparation. Ils vie d’un ouvrage. Les quelques exemples qui vont suivre, non
attendent aussi que l’instrumentation leur fournisse une informa- exhaustifs, ont pour but d’illustrer très partiellement ces
Q
tion directement exploitable en termes de propriété d’usage repré- propos.
sentative du phénomène étudié, de niveau de service ou de confor-
mité aux notes de calcul. Le plus souvent, une information globale
intégrant des mesures locales est recherchée. De même, le passage
du microscopique au macroscopique où l’échantillonnage repré-
sentatif proche du besoin, obtenu à l’aide d’un système d’instru-
2. Auscultation
mentation, présente un intérêt accru pour l’utilisateur. Ces attentes
ont une incidence directe sur la conception, la réalisation, la mise
des structures de génie
en œuvre et les performances des moyens de mesure employés. civil
1.4 Adaptation de l’instrumentation
ou des systèmes d’instrumentation 2.1 Technique RADAR
aux exigences de chantier du GC La technique RADAR (ou ground-penetrating RADAR, GPR) fait
partie des techniques d’auscultation polyvalente non destructives,
Les exigences ou attentes des utilisateurs en matière de métho-
qui peut être sans contact et à grand rendement, dont la principale
des CND ou d’instrumentations opérationnelles appliquées au GC
application est liée à l’information géométrique, sous la forme de
sont les suivantes :
localisation d’hétérogénéités internes ou de mesures d’épaisseur
– facilité et rapidité de mise en œuvre ; de matériaux ou d’éléments de structure [1]. L’avantage essentiel
– équipements non intrusifs ; de cette technique est de pouvoir pratiquer les auscultations direc-
– coût compétitif ; tement à partir de la surface des matériaux et structures, sans obli-
– consommation énergétique très limitée, voire quasiment nulle ; gation d’aménagement particulier. En revanche, les performances
– automatisation de la saisie, du dépouillement et de l’exploita- métrologiques dépendent des caractéristiques du milieu de propa-
tion des données ; gation, de la profondeur de pénétration des ondes et des fréquen-
– communication sans fil et possibilité de pilotage à distance ; ces utilisées.
– simplicité et miniaturisation des dispositifs de saisie d’informa-
tions sur le terrain lorsqu’ils sont à demeure, avec possibilité de 2.1.1 Principe
traitement local pour ne transmettre au superviseur que des infor-
mations utiles ; L’antenne RADAR est composée d’une antenne émettrice et d’une
– bonne robustesse et fiabilité à long, voire à très long terme ; antenne réceptrice, généralement disposées dans un seul boı̂tier.
– obtention d’une information finale délivrée par la chaı̂ne de La première émet des impulsions électromagnétiques (EM) qui se
mesure proche de la propriété d’usage moyennant une exploitation réfléchissent partiellement sur des hétérogénéités ou des interfaces
des données conduite à l’aide de modélisations et de codes de cal- de couches ayant des propriétés diélectriques différentes. Les
cul pertinents ; échos successifs sont enregistrés à travers la mesure de signaux
– enfin, transparence des outils pour l’utilisateur non spécialiste. temporels. La vitesse v des impulsions est liée à la constante dié-
lectrique e′r du milieu ausculté par l’équation :
Par ailleurs, le sans contact, le temps réel, le grand rendement sont
autant d’atouts qui apportent une valeur ajoutée supplémentaire.
c
v=
εr′
1.5 Évolution des besoins
L’évolution des besoins telle qu’elle se dessine aujourd’hui avec c vitesse de la lumière.
concerne la détection précoce de défauts ou de dysfonctionnements
de structure, le contrôle de conformité à un cahier des charges qui, L’acquisition de nombreux signaux temporels, lors du déplace-
au fil du temps, se complexifie, la mise en œuvre et l’utilisation pro- ment de l’antenne RADAR, permet de créer une coupe-temps (ou
gressive de nouveaux matériaux (par exemple composites) qui profil RADAR). Le retard Dt entre deux échos successifs peut être
nécessitent des approches différentes, le contrôle actif et semi-actif transformé en D d’épaisseur si la vitesse v des ondes RADAR est
des structures pour limiter les effets dynamiques de fatigue dus aux connue (par exemple par calibration sur la structure auscultée) :
actions extérieures, enfin, l’arrivée de nouvelles technologies dont
les potentialités ouvrent des champs d’investigation innovants à v ∆t
forte valeur ajoutée. Les évolutions apparaissent également avec Épaisseur =
2
les nouveaux capteurs et l’introduction « d’intelligence locale ou
déportée », les capteurs à fibres optiques, les micro et nanotechno- Nous devons garder à l’esprit que l’estimation de l’épaisseur
logies (MEMS, MOEMS) qui potentiellement offrent la possibilité reste valable sous l’hypothèse d’une vitesse constante dans le
d’instrumenter les matériaux à cœur à l’échelle de la microporosité, volume étudié (tant en profondeur qu’en position latérale).
la géolocalisation…, mais aussi avec les possibilités accrues des
modélisations et des codes de calcul performants qui permettent 2.1.2 Application aux ouvrages d’art
d’effectuer de la fusion de données… Tout ceci contribue à un bou-
leversement dans les méthodologies de conception, de construction Pour la localisation des renforcements de structures en béton, la
et de gestion. C’est ainsi que les appels d’offres de grands travaux technique GPR est particulièrement adaptée en utilisant des anten-
intègrent maintenant un volet non négligeable pour les systèmes nes de fréquences très élevées (supérieures à 1 GHz) pour avoir
d’instrumentation à demeure permettant aux futurs gestionnaires une résolution spatiale suffisante. Ces antennes doivent également
ST
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rQTQP
être blindées et au contact avec la structure auscultée (figure 1). que cela entraı̂ne une résolution inférieure. En particulier, pour une
Ainsi, il est possible d’éviter les échos aériens et d’obtenir une antenne de 500 MHz, la précision attendue est approximativement
meilleure profondeur de pénétration des ondes RADAR. de +/- 5 cm à 150 cm de profondeur. Les écarts éventuels à ces
valeurs dépendent de l’humidité du béton, de la teneur en chlorures
La localisation des hétérogénéités est obtenue et visualisée soit à ou autres.
partir de profils GPR élémentaires, soit à partir de plusieurs profils
parallèles permettant la reconstruction numérique de cartographies
RADAR (figure 2). Dans le premier cas, chaque hyperbole repré- 2.1.3 Application aux chaussées
sente une armature (passive ou active) ; dans le deuxième, la carto-
Q
graphie RADAR, l’étendue et la forme des renforcements détectés. Les problématiques principales, dans le domaine routier, portent
sur deux points. Le premier, le plus courant depuis une vingtaine
Dans le cadre de ce type d’application, pour des antennes de fré- d’années, concerne la mesure des épaisseurs de couches de chaus-
quence centrale de 1,5 GHz, la précision peut être considérée comme sées. La demande est double : soit sur chaussées neuves, en récep-
proportionnelle à la profondeur de pénétration et atteint +/- 2 cm à tion de chantier pour vérifier que les épaisseurs des différentes
40 cm, même si elle se situe autour de 5 mm pour des profondeurs couches entrent bien dans les tolérances imposées par le marché,
de 5 cm. Pour des auscultations RADAR à des profondeurs plus soit sur chaussées en service, dont les structures ne sont pas
importantes, il faut utiliser des antennes basses fréquences, sachant connues (archives manquantes ou imprécises) pour un calcul de
dimensionnement ou de redimensionnement (si la chaussée est
amenée à changer de classe de trafic).
Le deuxième, beaucoup plus récent, porte sur la détection de zones
décollées entre couches traitées. Celles-ci sont soumises à des
contraintes importantes sous les charges du trafic et leurs épaisseurs
conjointes permettent de supporter ces charges tout en ramenant la
pression, due à ces dernières, à des niveaux acceptables à l’interface
supérieure des couches non traitées. En présence de décollement, la
transmission des contraintes ne se fait plus d’une couche traitée à
l’autre, ce qui accélère fortement l’apparition puis la remontée de fis-
sures, entraı̂nant une dégradation rapide de la zone. La lame d’air ou
zone de transition (pouvant être due à la décohésion des granulats)
induit des réflexions d’amplitude différentes sur les échos RADAR, et
ce d’autant plus si de l’eau s’y retrouve piégée.
Les profils RADAR longitudinaux sont réalisés au centre de chaque
voie ou au niveau des axes de roulement. La figure 3 présente un
exemple de profil réalisé sur un linéaire supérieur à 200 m, incluant
un passage sur ouvrage. Le profil est alors décomposé en zones
homogènes, pour lesquelles il est nécessaire de réaliser un étalon-
nage (généralement par sondage destructif) pour remonter aux diffé-
rentes vitesses de propagation par couches. Il est alors possible, à par-
tir d’un traitement particulier des données, de pointer les temps de
Figure 1 – Inspection RADAR sur une poutre d’ouvrage en béton propagation (généralement le maximum des échos) pour en déduire
précontraint des épaisseurs. Les plus hautes fréquences d’antennes actuellement
Figure 2 – Exemples de mesures RADAR, réalisées à 1,5 GHz, sur une poutre de béton précontraint (DLR Saint-Brieuc)
SU
Q
SV
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cWQRU
Toitures terrasses :
pathologie de l’étanchéité
Q
par Claude SAINT MARTIN
Ingénieur Bâtiment Ville de Paris
l est de fait que les toitures terrasses semblent avoir posé problème dès les
I premières réalisations. La fuite de terrasse est une pathologie récurrente
dans le monde du bâtiment et, singulièrement, dans celui de l’étanchéité.
Pourtant ce type de toiture est en vogue depuis plus d’un siècle. Son succès
est dû notamment au développement du béton armé et au renouvellement du
style architectural au début et au milieu du 20e siècle.
Il faut reconnaı̂tre que la toiture terrasse est particulièrement attractive en rai-
son de son coût d’investissement peu élevé. En effet, il suffit d’habiller le plan-
cher à dernier étage d’une étanchéité et d’une protection. Il n’est pas besoin de
charpente, ni de tuiles, ni d’autres matériaux de couvertures. De plus, et sans
frais excessifs, il est possible de surélever éventuellement le bâtiment d’un ou
deux niveaux sous réserve de vérification des structures. Enfin, la réfection de
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPX
SW
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cWQRU
Malgré les nombreuses pathologies bien connues, et les déboires des occu-
pants et des gestionnaires, ces avantages économiques ont largement favorisé
le développement de la toiture terrasse sous toutes les latitudes. À ce sujet, les
compagnies d’assurances constatent et font savoir que de nombreux sinistres
du bâtiment concernent des fuites de terrasses, et que celles-ci sont surtout
situées au niveau des relevés d’étanchéité.
Toute l’importance de la pathologie de l’étanchéité des toitures terrasses
Q
apparaı̂t dans ce dossier.
SX
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cRTUP
1. Introduction............................................................................................... C 2 450 - 2
2. Charpentes traditionnelles.................................................................... — 2
2.1 Déformations de toitures ............................................................................ — 2
2.2 Déformation et fissuration de solive.......................................................... — 2
2.3 Ruptures différées dues aux défauts du bois............................................ — 3
2.4 Rupture d’assemblage ................................................................................ — 4
2.5 Dégradations d’origine biologique ............................................................ — 4
3. Charpentes légères.................................................................................. — 6
3.1 Flambement de fermettes........................................................................... — 6
3.2 Décalage d’appuis de poutrelles ................................................................ — 7
3.3 Déversement de portique ........................................................................... — 8
3.4 Instabilités de maisons à ossature bois..................................................... — 8
4. Charpentes en lamellé-collé.................................................................. — 9
4.1 Autocintrage de reins de portiques............................................................ — 9
4.2 Fissuration de poutres courbes .................................................................. — 9
4.3 Autres cas de fissuration............................................................................. — 10
4.4 Charges hydrostatiques .............................................................................. — 10
4.5 Assemblages................................................................................................ — 11
4.6 Ancrages....................................................................................................... — 12
4.7 Montage ....................................................................................................... — 13
5. Causes exceptionnelles et accidentelles .......................................... — 14
5.1 Chutes de neige exceptionnelles................................................................ — 14
5.2 Cyclones ....................................................................................................... — 14
5.3 Feu ................................................................................................................ — 15
5.4 Séisme .......................................................................................................... — 16
6. Conclusion ................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 2 450
es structures en bois ont démontré leur capacité à braver les siècles, mais
L ce privilège n’est pas donné à toutes. D’après les statistiques, la sinistralité
des structures bois ne représente que 3 % de la sinistralité totale de la construc-
tion. Toutefois, certains cas sortant de l’ordinaire échappent à cette analyse.
Qu’il s’agisse de charpente traditionnelle, de charpente légère, ou de charpente
en lamellé-collé, les erreurs de conception, de fabrication, de mise en œuvre,
ou les circonstances exceptionnelles et accidentelles, sont les genres auxquels
se rattachent habituellement les causes de pathologie. La pathologie des char-
pentes en bois trouve paradoxalement l’une de ses principales sources dans les
règles de calcul et de conception elles-mêmes.
Les effets de la traction transversale, les effets d’échelle, les effets de durée
de chargement, les effets du glissement des assemblages, l’effet d’autocintrage...
sont sous-estimés, voire ignorés, par les Règles de calcul et de conception en
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@QYYW
vigueur depuis 1971. À ces lacunes correspond le genre inattendu des « sinistres
réglementaires ».
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 450 − 1
SY
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C 2 450 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
TP
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TQ
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TR
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cWSPQ
matériaux (béton, acier), ils ont en revanche parfois des conséquences finan-
cières très lourdes.
TS
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cWSPQ
Dans cette étude, nous avons cherché à classer les différentes pathologies
des fondations à partir de leur origine ou de leur cause.
Nous verrons que les sinistres que nous avons examinés étaient la plupart
du temps aisément évitables car tenant au non-respect de principes
élémentaires.
Enfin, pour clore cette étude, nous chercherons à en tirer des enseignements
Q
pouvant être utiles aux constructeurs.
suivant leurs origines Soit l’exemple d’une maison individuelle de bel aspect n’ayant
fait l’objet d’aucune étude de sol préalable au motif que le sol
d’appui était, au dire du constructeur, « convenable » (sic), en fait
1.1 Absence de reconnaissance constitué de remblais récents, certes de qualité, mais non com-
et/ou d’étude de sol (ou incomplètes pactés et reposant sur 1 m environ de terre végétale (cf figure 1).
ou erronées) Bien entendu, des tassements – importants, différentiels d’ail-
leurs – eurent lieu, d’où de nombreuses fissures nécessitant une
Il est indéniable qu’il s’agit là de l’origine la plus fréquente des reprise en sous-œuvre de l’ouvrage par micropieux.
désordres de fondation.
Concepteurs et projeteurs de l’ouvrage à construire doivent 1.1.2 Fondations sur remblai, lui-même sur tourbe
connaître les caractéristiques du (ou des) sol(s) d’assise et du (ou
des) sol(s) retenus ce qui suppose qu’il faut au préalable les avoir Nous citerons également le cas de cette maison individuelle
déterminées par sondages, mesures et essais. reposant sur un remblai ancien de très bonne qualité (déchets de
Le temps n’est pas si lointain où le taux de travail du sol était quartzite), mais disposé sur une couche de tourbe d’épaisseur iné-
fixé par un simple coup de talon donné à fond de fouille par gale et qui fût, bien sûr, affectée de désordres divers, consé-
l’ingénieur chargé de l’ouvrage. quence de tassements différentiels (cf. figure 2) nécessitant une
reprise par micropieux.
On cite souvent comme exemples de ce type de désordre le
théâtre de la ville de Mexico qui s’est enfoncé de près de 10 m et le
barrage voûte de Malpasset qui s’est effondré faisant plus de 1.1.3 Bâtiments fondés sur une couche d’assise
400 morts. (remblai) d’épaisseur variable
Si, en ce qui concerne le théâtre de Mexico construit sur un lac
Cet exemple concerne un bâtiment R + 3 dont la construction ne
asséché, en raison de l’époque de sa réalisation, les études ne pou-
fut précédée d’aucune étude de sol, si ce n’est du simple constat
vaient qu’être sommaires, pour le barrage de Malpasset, en revanche,
que le terrain d’assise (sables et graviers) était de « bonne qua-
il s’est révélé que les investigations concernant le terrain d’appui de la
lité » au dire des réalisateurs.
voûte sur ses flancs furent très réduites en raison de leur coût.
Avant la fin de la période décennale il apparut que le bâtiment
Nous exposons ci-après quelques cas de sinistres beaucoup avait pris de la gîte (non uniforme d’ailleurs) mais ce, sans
plus courants. désordres importants (cf. figure 3).
Maison individuelle
TT
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cWSPQ
Q
VS
Sables et graviers
t1 t2 (remblai ancien)
h1 < h 2
t1 < t2 h1
Tourbe h2
S/S
t1 A B
t2
h1 Gite
Remblai
h2 Risque de
Sol glissement
na ture
l roch
eux Terre végétale
mal décapée
h1 h2
Figure 3 – Construction fondée sur remblai lui-même sur un terrain naturel en pente
Des investigations plus sérieuses cette fois prouvèrent que plus, le terrain naturel – bon sol – était en pente et la couche de
l’ouvrage reposait sur un remblai comprenant certes des sables et terre végétale n’avait pas été décapée.
graviers, mais d’épaisseurs inégales et relativement récent. De
TU
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cWSPQ
A priori, le bâtiment présentait un risque, non seulement de tas- kage, construit au début des années 1980 sur un ancien site indus-
sements différentiels, ce qui avait bien été le cas, mais également triel, à proximité de Paris, au voisinage d’un canal.
de glissement, ce qui par chance ne s’était pas produit.
Le terrain superficiel était, sur plus d’un mètre, un remblai
D’importants travaux de renforcement de la structure et de récent constitué de gravats de chantier. (cf. figure 7).
reprise en sous-œuvre par micropieux furent nécessaires avant
redressement par vérins connectés et blocage de l’ouvrage avec Il fut donc logiquement décidé de fonder les poteaux de l’entre-
des pieux par précaution. pôt sur puits ou pieux, le dallage devant reposer directement sur
le sol après que, sur une épaisseur d’un mètre environ, celui-ci eut
Les constructeurs pensaient ainsi avoir pris toutes les précau- Un an après la première manifestation du désordre, les soulève-
tions nécessaires. ments de dallage constituaient des « vagues » atteignant, en cer-
tains points, plus de 10 cm et étaient tels qu’il devenait
Or, à peine la réalisation du gros œuvre terminée, d’importantes indispensable d’étayer les étagères industrielles (racks), ceux-ci
fissures apparurent sur le pignon Est. menaçant de s’écrouler avec, évidemment, des risques d’acci-
Il s’avéra que l’appui du puits central de la file support du dents corporels graves pour le personnel d’exploitation.
pignon Est se situait à moins de 1,5 m du ciel de la carrière et
L’entrepôt dut alors être abandonné et reconstruit sur un autre
qu’un fontis était en formation. (cf. figure 4b).
site.
En fait, le contour de la carrière avait été mal reporté sur le plan
sur lequel s’étaient appuyés les réalisateurs pour implanter le L’analyse des prélèvements du sol supportant le dallage permit
bâtiment. de déceler la présence de cristaux d’ettringite et de thaumasite,
matériaux gonflants, tout d’abord sous forme de traces, mais qui
apparurent rapidement en quantité beaucoup plus importante.
1.1.5 Bâtiments de grande longueur On a vu précédemment que le terrain en place comprenait des
Dans le cas des ouvrages de grande longueur, on ne peut se gravats de chantier, donc béton et plâtre, et avait été injecté de
contenter d’une étude de sol ponctuelle comme le montre ciment.
l’exemple suivant. Or, il y avait des circulations d’eau et des remontées de la
Pour un bâtiment de 15 m environ de haut et de 60 m environ nappe phréatique de telle sorte que, les eaux se chargent de sul-
de long, un seul sondage avait été effectué. fate provenant des déchets de plâtre et se fixent sur l’un des com-
posants du liant, l’aluminium trétracalcique hydraté, pour former
Peu de temps après la fin de la construction apparurent pro-
du sulfo-aluminate tricalcique hydraté. C’est l’ettringite primaire
gressivement sur une zone d’une douzaine de mètres de lon-
appelé aussi « sel de Candlot », de formule :
gueur, en partie centrale et inférieure de l’ouvrage, de fines
fissures verticales, et de part et d’autre de cette zone des fissures
de même type mais en partie haute (cf. figure 5).
En fait la qualité du sol d’assise n’était pas homogène, le seul Phénomène bien connu de tous les vieux maçons qui savent
sondage effectué n’avait pas permis de mettre en évidence loca- depuis toujours qu’on ne doit pas mélanger plâtre et ciment.
lement, en partie centrale, la présence d’un sol argileux, des tas-
sements différentiels sont donc à l’origine des désordres La réaction est la suivante :
observés.
Thaumasite (et/ou
Ciment + Sulfate de calcium Ettringite primaire
Ou (plâtre ou gypse)
1.1.6 Glissement de la construction Chaux hydraulique + eau
avec augmentation
de volume H20)
Toujours sans aucune étude préalable, cette autre construction
reposait sur un terrain (sables et graviers) dont la qualité n’était
pas en cause mais qui, lui-même, recouvrait un terrain rocheux Mais, surtout, le phénomène de cristallisation s’accompagne
(calcaire) à forte pente (cf. figure 6). d’une forte expansion (M. Duriez, dans son célèbre « Traité de
De légères venues d’eau dans le terrain d’assise favorisèrent le matériaux de construction » parlait de 300 % ; cette valeur semble
glissement de l’ouvrage, le phénomène fut difficile à traiter, aujourd’hui incertaine.) qui a provoqué la fissuration et le soulève-
nécessitant entre autres la mise en œuvre de pieux inclinés. ment du dallage.
Le principe de réfection fut fort simple, il a suffi de casser le dal-
lage, de substituer au terrain traité, générateur du sinistre, une
1.2 Méconnaissance des propriétés grave ciment traditionnelle, puis de refaire le dallage.
et des phénomènes (physiques, Mais, si le coût des travaux de réfection est resté, somme toute,
chimiques) des sols d’appui relativement modeste (dallage cassé et repris, puis remblai récent
purgé), les pertes d’industrie corrélatives furent, elles, évidem-
Un dallage qui fait des vagues : cet exemple traite d’un dallage ment, d’un tout autre ordre de grandeur (plusieurs dizaines de
d’entrepôt de plusieurs milliers de mètres carrés, destiné au stoc- millions de francs de l’époque).
TV
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cWSPQ
Vue de dessus
N Puits
y A
Limite réelle
de la carrière
x
Q
Carrière
B
15 m
RdCh
Limite recensée
sur le plan fourni
Coupe X aux constructeurs
s/sol
Remblai
15 m env
12 m env
Puits
Calcaire
Fontis en formation
15 m env
a coupe X
RdCh
Fissures
s/sol
A B
Remblai
1,5 m env
Calcaire Puits
Carrière
Fontis en formation
b coupe Y
TW
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cWSPQ
60 m env
Q
Fissures
Remblai récent
(gravats de chantier
Dallage contenant du platre traités
par injection de ciment)
Tassements
1 m env
Sables Sol Sables
et graviers localement et graviers Remblai ancien
argileux pieux
Désordres
multiples Figure 7 – Soulèvement de dallage
TX
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cWSPQ
1e
Rdch
Circulation
de véhicules lourds Q
Différence de niveau
du terrain entre façades
avant et arrière S/S
Remblais
lourds
A B
Terrain d’assise
Vide sanitaire compressible
Chalet de montagne
Neige
Nei
ge
SUD
Vide sanitaire
Eau
de fonte
Terrain
Tassements d’assise
argileux
Figure 9 – Bâtiment subissant des tassements différentiels dus à des venues d’eau non prises en compte
1.3.4 Rupture de pieux obliques Peu de temps après sa réalisation, le mur donna des signes de
basculement, le diagnostic fut assez rapide car malheureusement,
Une société propriétaire d’un terrain en montagne jouxtant une des camions de fort tonnage empruntaient régulièrement ladite
voie de circulation, souhaitait éviter le ravinement du terrain la voie.
surplombant et les chutes de pierres fréquentes, un mur de soutè-
La réfection consista à fixer le mur par des tirants et à recréer
nement en L fut réalisé.
des pieux verticaux car les pieux obliques travaillaient en flexion
Pour s’opposer au basculement du mur, des pieux obliques composée pour laquelle ils n’avaient été, ni calculés, ni armés.
supportant la semelle du mur furent mis en place (figure 11).
TY
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cWSPQ
Tassement
de 60 cm
N
Débord du radier 2
Q
A
40 cm environ
Tassement
de 10 cm
Rampe 1
Rampe
P>p
Débord important
Remblai
du radier : 40 cm
S/sol
P p
Radier 35 cm
10 m de limon
Rivière Forts tassements vaseux
Vérin
Coupure périphérique
+ c – rd Sifflet de mortier
en biais 0
Soudure
Éléments de tubes métalliques
Reprise (bouteilles d’air comprimé déclassées)
par micropieux 10 m environ
forés à travers
le radier
Bon sol
UP
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 5 425 − 1
UQ
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Q
lements mécaniques augmente.
C’est ainsi qu’avec des hauteurs d’édifices supérieurs à 20 m, la démolition
à l’explosif devient plus adaptée et moins dangereuse que l’abattage sauvage
du type : « démantèlement à la boule, grignotage par pinces à béton ou tout autre
engin souvent utilisé sans considérations des circulaires de sécurité en vigueur ».
Toutefois, la démolition à l’explosif, qui n’offre un danger qu’à la minute du
tir (contrairement au démantèlement mécanique dont les risques sont continus
durant toute la durée du chantier), n’est pas simple. Et l’entrepreneur qui la réalise
doit savoir maîtriser les connaissances :
— générales des explosifs ;
— des lois physiques liées à la dynamique des chutes ;
— de la résistance mécanique des matériaux.
Dans ce qui suit, nous ne développons que la technicité de la démolition par
explosifs. Cela afin de donner aux entrepreneurs et aux maîtres d’ouvrages les
bases des démantèlements du XX e siècle qui s’appliquent :
— aux habitations ;
— aux cheminées ;
— aux aérofrigérants ;
— aux châteaux d’eau ;
— aux blockhaus ;
— aux constructions industrielles (y compris nucléaires).
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Q
un bâton. La tige rapidement fauchée par l’enfant tombe au sol avec
une verticalité parfaite. Si, par contre, la tige est coupée par un coup
de bâton lent de l’enfant, sa chute se réalise avec des inclinaisons
de descente très aléatoires (comme le font les morceaux d’un bâti-
ment découpé par des tirs lents).
On pourrait penser que l’inconvénient d’une découpe rapide de
bâtiment, qui demande une quantité importante d’explosifs initiés
en un temps extrêmement court, se caractérise par l’émission de
surpressions aériennes extrêmes.
De plus, les découpes rapides font que les volumes flottants
s’écrasent les uns sur les autres. D’où, une faible amplitude des vibra-
tions induites sur le site puisque celle-ci ne dépend plus que de l’écra-
sement du premier volume sur le sol qui, en cours de disloquement,
joue un rôle de matelas pour les autres.
Le dernier atout de la méthode française découle de la consé-
quence suivante : les protections périphériques des niveaux minés
du bâtiment foudroyé n’ont pas le temps de se désorganiser entre Figure 3 – Valeurs des réactions en pied du basculement
chaque tir (contrairement à ce qui se passe dans le cas de tirs lents). par rapport au poids total de la partie basculée
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UT
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2.2 Maîtres d’ouvrages publics Dans le cas où le maître d’œuvre n’a pas l’étude du projet, celle-
ci est laissée à la charge de l’entreprise.
Les organigrammes correspondant aux deux montages cités sont
Marché de maîtrise d’œuvre inférieur à 300 000 F TTC. schématisés sur la figure 4.
Le choix du montage de la passation des marchés est également Il faut savoir que le dossier de consultation des entreprises devra
libre. comprendre la rédaction :
Marché de maîtrise d’œuvre supérieur à 300 000 F TTC. — de l’acte d’engagement ;
Q
Lorsque le montant du marché appliqué à chaque intervenant — du cahier des clauses administratives particulières ;
dépasse la somme de 300 000 F TTC, le maître d’ouvrage doit choisir — du cahier des clauses techniques particulières ;
le maître d’œuvre (par appels d’offres publiés). — du calendrier prévisionnel des travaux ;
— du cadre de décomposition du prix global et forfaitaire ;
Il en est de même pour le choix du : — du plan particulier de sécurité ;
— bureau d’étude ; — du plan général de coordination en matière de sécurité et de
— bureau de contrôle ; prévention de la santé ;
— coordonnateur ; — du règlement de consultation.
— organisme chargé du diagnostic d’amiante ; Pour plus de détails, on se reportera aux articles Marchés et
— entreprise mandataire. concessions de travaux publics [C 71] et Marchés de travaux privés
Les organigrammes représentatifs des montages de démolitions [C 74] dans ce traité.
diffèrent suivant que le maître d’œuvre prend en charge ou non
l’étude du projet.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 5 425 − 5
UU
Q
UV
Pathologie générale - Pathologie du béton
(Réf. Internet 42240)
1– Pathologie générale R
2– Pathologie du béton Réf. Internet page
Réaction sulfatique interne dans les structures en béton. Mécanisme, pathologie et C2254 77
prévention
Réactivité des surfaces de béton COR415 81
Fissuration par retrait gêné dans les ouvrages en béton armé C2255 87
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UW
R
UX
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cVQPP
R
1. Différentes pathologies suivant leur origine ............................ C 6 100 – 2
1.1 Fautes de conception ......................................................................... — 2
1.1.1 Instabilité – Non respect des règles de la statique ................ — 2
1.1.2 Matériau non approprié .......................................................... — 2
1.1.3 Structure en chaı̂ne ................................................................. — 3
1.1.4 Incompatibilité des déformations ........................................... — 3
1.1.5 Effet des variations dimensionnelles ...................................... — 3
1.1.6 Efforts non superposés ........................................................... — 4
1.1.7 Erreurs relatives aux modes de liaison .................................. — 5
1.2 Fautes de calculs ................................................................................ — 5
1.2.1 Erreurs sur les efforts appliqués ............................................. — 5
1.2.2 Effets des déformations excessives ........................................ — 12
2. Recommandations et suite de l’étude ........................................ — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 6 100
ous tenons tout d’abord à faire observer qu’une telle étude, en raison de
N son objet et donc de son étendue, peut difficilement être exhaustive.
À l’examen des statistiques portant sur les désordres de construction, il appa-
raı̂t que ceux qui affectent les ouvrages de béton armé sont, heureusement,
relativement peu nombreux, car :
– il est rare que l’étude des ouvrages de ce type ne soit pas confiée à un
Bureau d’études, ou à un Ingénieur-Conseil, qui effectue calculs et plans ;
– des coefficients de sécurité importants, de l’ordre de 2 à 3, doivent régle-
mentairement être appliqués ;
– un organisme spécialisé est souvent chargé du contrôle des études et des
travaux.
Mais, s’ils sont proportionnellement rares, ils sont en revanche parfois très
coûteux.
Dans l’étude qui suit, effectuée à partir de l’analyse de plus d’un millier de
dossiers des sinistres, il est apparu logique de proposer de classer les divers
types de pathologie affectant ces ouvrages, à partir de leur origine, ou de leur
cause.
On verra d’ailleurs qu’il s’agit, la plupart du temps, d’erreurs, ou de fautes,
que l’on peut qualifier de grossières et/ou d’élémentaires, et que, presque tou-
jours, les désordres les plus graves ont pour cause l’oubli des principes fonda-
mentaux, et/ou des règles les plus simples, et étaient aisément évitables, et
aussi que les sinistres ont, bien souvent, plusieurs causes.
Enfin, nous avons cherché à tirer de cette étude des enseignements, ou
recommandations, pouvant être utiles aux constructeurs en permettant d’amé-
liorer la prévention des désordres.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQQ
UY
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cVQPP
1. Différentes pathologies
suivant leur origine
Nous examinerons donc successivement différentes pathologies
Habitations
ayant pour origine ou cause :
– fautes de conception ;
– fautes de calculs ;
– erreurs de dessin ;
– défauts d’exécution ;
Parking
– actions physico-chimiques.
P
particuliers.
Nous envisagerons enfin le cas de certaines catégories d’ouvra-
ges présentant des spécificités propres telles que : réservoirs, cuve- Pieux
lages,… etc., en nous efforçant d’illustrer ces différents types de
désordres par des exemples. Figure 1 – Coupe schématique d’un immeuble instable
dans sa globalité
En raison de son étendue, cette étude à dû être fractionnée en
trois parties traitant respectivement :
Il conviendra de faire l’inventaire de toutes les actions exercées
– des fautes de conception et de calculs ; sur l’ouvrage, de bien examiner le mode de transmission des
– des erreurs de dessins et d’exécutions chimiques ; efforts, et de s’assurer de leur continuité jusqu’aux fondations, ce
– des actions physico-chimiques de cas particuliers (à titre qui impose de vérifier que des éléments résistants sont bien dispo-
d’exemple) et des pathologies de certains ouvrages spécifiques. sés là où les efforts sont appliqués. Et ce, bien entendu, en se pla-
çant dans toutes les conditions et phases de construction, y com-
Remarque pris les plus défavorables.
De nombreux désordres tiennent à une absence totale d’étude.
Il est évident que, dans ce cas, les constructeurs s’exposent, Enfin, on ne peut trop recommander aux concepteurs et calcula-
quel que soit l’ouvrage, à des pathologies diverses et variées, teurs de conforter un calcul, d’autant plus qu’il est complexe, par
souvent graves, mais sans caractéristiques particulières. Déve- une méthode graphique.
lopper cette catégorie de sinistres en tant que telle serait donc
sans intérêt. Exemple
La première recommandation à tirer est donc que tout ouvrage Ouvrage instable dans sa globalité.
en béton armé doit faire l’objet d’une étude qui devra être L’immeuble (habitations, parkings et commerces) dont il s’agit
confiée à un technicien qualifié. comportait 6 niveaux, était fondé sur pieux, mais, surtout, était
semi-enterré au droit de l’une de ses façades principales (figure 1).
Très rapidement, après construction, on nota un déplacement hori-
1.1 Fautes de conception zontal de quelques centimètres avec cisaillement des têtes de pieux.
L’examen des notes de calculs mit en évidence que le projeteur,
Parmi les désordres de ce type il y a ceux qui tiennent à l’instabi- s’il avait bien tenu compte de la poussée des terres dans le calcul
lité de l’ouvrage, ou d’une partie de l’ouvrage, pouvant aller jusqu’à des voiles en béton armé (en oubliant toutefois que celle-ci se trou-
l’effondrement. vait augmentée par la présence d’eau de circulation et par l’absence
Fort heureusement, ils sont relativement rares. Ce sont néan- de drainage en amont et/ou de barbacanes) avait omis de vérifier la
moins les plus graves, et ceux dont les conséquences financières stabilité d’ensemble de l’ouvrage, la poussée des terres humides
sont les plus importantes. n’étant pas équilibrée.
On notera d’ailleurs, à ce sujet, que la résistance au glissement
varie avec la teneur en eau du sol.
1.1.1 Instabilité – Non respect des règles Il en résulta des reprises importantes fort coûteuses.
de la statique
Cet exemple montre, si besoin était, l’absolue nécessité de « sui-
Il s’agit de s’assurer que l’ouvrage sera en équilibre, ce qui vre » les efforts depuis leur origine, c’est à dire de leur point
impose les 2 conditions fondamentales : d’application, jusqu’aux fondations.
D’une manière générale, rentrent dans cette catégorie les désor-
OR = 0La résultante de forces appliques est nulle. dres consécutifs à une absence de contreventement (vent ou autres
efforts horizontaux) § 1.2.1.
OG = 0La somm me des moments des forces appliqués est nulle.
Il convient enfin d’étudier la stabilité de l’ouvrage dans toutes les
phases de sa construction, certains états intermédiaires pouvant
être plus défavorables que la situation définitive. Ceci étant particu-
Ces conditions doivent, bien entendu, être vérifiées, tant pour lièrement vrai pour ce qui concerne les ouvrages en porte à faux.
l’ouvrage considéré dans sa globalité, que pour chaque élément
constitutif de l’ouvrage.
1.1.2 Matériau non approprié
Ainsi, dans le cas d’un ouvrage soumis à 3 forces, celles-ci doi-
vent être concourantes et les réactions normales aux surfaces en Le béton armé traditionnel est un matériau relativement lourd au
contact, sauf en cas de frottement. regard de ses performances. Par rapport à l’acier, le rapport des
VP
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cVQPP
Suspentes
Portique
Remplissage
Planchers en pavés
suspendus de verre
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R
VR
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cVQUP
R
Versailles (Honoraire)
VS
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cVQUP
R
Toute armature courbe tendue exerce sur le béton, dans son plan
et vers sa concavité, une poussée F/R (F : force de traction – R : Incorrect
rayon de courbure). L’acier tend donc à repousser le béton vers le
centre de la concavité. Une telle disposition est donc à proscrire
(figure 1a).
c
La seule réalisation d’un gousset n’améliore rien. De même est à
proscrire un ancrage par retour d’équerre le long d’une paroi, car la
traction des aciers tend à pousser au vide le béton proche de la
paroi (figure 1b). Correct
Poussée 2 à 3 cm
au vide en principe
Aciers
F
Poussée
au vide
Poussée
au vide
R : rayon de courbure
a mauvaise disposition
Incorrect Correct
b
Poussées
au vide
Le béton
est chassé
vers l'extérieur
F
F
Figure 1 – Bonne et mauvaise disposition d’armatures Figure 3 – Autres dispositions correctes et incorrectes
VT
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cVQUP
Charge
Poutre
secondaire
Aciers principaux
Poutre de la dalle
principale
a poutre en allège
R
a vue de dessus Aciers principaux
du radier
Radier
Béton comprimé
Poutre
secondaire
Réaction
du sol
Poutre Nervure
principale
b radier
Béton tendu
Figure 5 – Aciers de la dalle remontés en partie comprimée de poutre
ou nervure
b poutre secondaire de faible hauteur (coupe)
Poutre
1.3 Aciers trop courts
secondaire & Pour une poutre, voire une dalle, en flexion, des aciers inférieurs
Poutre en travée ou des chapeaux sur appui trop courts, peuvent se traduire
principale par des fissures verticales (figure 6). Mais de telles fissures peuvent
Poutre également être la conséquence, non seulement d’une erreur du cal-
principale Béton tendu culateur dans la détermination des moments fléchissants et/ou des
sections d’acier, mais également d’une mise en charge excessive
par l’exploitant ; il faudra donc éviter de conclure hâtivement.
c hauteurs de poutres sensiblement égales (coupe)
La longueur de chaque barre doit être déterminée de manière à
Figure 4 – Cas des poutres principale et secondaire ce que le diagramme du moment résistant reste au dessus de la
courbe enveloppe des moments fléchissants (figure 7).
Enfin, signalons que, dans les angles de parois très sollicitées
& Concernant les aciers sur appui des poutres continues, (cha-
(réservoirs, silos, etc.), les contraintes peuvent être très importan-
tes et leur répartition difficile à déterminer par le calcul. Dans cer- peaux), il est courant d’admettre que ceux-ci aient une longueur
tains cas, une étude spécifique peut s’avérer nécessaire. Il faut évi- de l’ordre du 1/5 de la portée. Mais, il ne s’agit là que d’une règle
ter, autant que faire se peut, l’arrêt de barres dans les angles. statistique, son application inconsidérée ayant donné lieu à des
déboires. Il convient d’être prudent, et de se référer à la courbe
enveloppe des moments.
1.2 Aciers non remontés & Un autre cas d’« aciers trop courts » ayant généré des désordres
Par exemple, le problème se pose dans le cas d’une poutre sérieux concerne les abouts des consoles supportant une charge
secondaire venant reporter sa charge sur une poutre principale importante en leur extrémité, ou les appuis sur console courte
(figure 4). (figure 8).
Si la poutre secondaire est de faible hauteur et les 2 poutres sou- & Si les aciers du « corbeau » sont trop courts, il y a risque de rup-
mises à un moment positif en travée, les aciers inférieurs de la ture oblique 45 de l’extrémité.
poutre secondaire viendront sans problème s’ancrer dans la zone
comprimée de la partie principale (figure 4b).
Remarques
Par contre, si les 2 poutres sont de hauteurs sensiblement égales,
les aciers principaux de la poutre secondaire se trouvent au niveau Dans le cas d’appui à glissement, il y a souvent risque de
du béton tendu de la poutre principale, et doivent être remontés dysfonctionnement :
dans le béton comprimé de la poutre principale (figure 4c). 1. Le désordre peut encore être aggravé en raison du blocage
Il y a là une source d’erreur fréquente, en particulier dans le cas de l’appui (acier sur acier, béton sur acier par exemple) et du
des poutres en allège et des radiers nervurés pour lesquels les retrait de la poutre. L’emploi d’appui, de type néoprène, est
efforts sont inversés. donc fortement conseillé.
VU
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cVQUP
2e lit
trop court
A B
A B
Fissures
A Fissures B
A B
R
Chapeaux
trop courts
Poutres continues
F
Diagramme (retrait) Acier
du moment résistant Poutre trop court
Enveloppe La fissure
des moments ou (rupture)
fléchissants est inclinée
Appui à 45 ° environ
insuffisant
Section soumise
à moment fléchissant Poteau
et traction si frottement
sur appui
VV
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cVRPP
VW
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cVRPP
1. Actions physico-chimiques
Contrainte
Contrainte
de retrait
1.1 Retrait et variations de température
Ces 2 phénomènes, qui bien souvent se cumulent, constituent la
source de nombreux sinistres en raison des variations dimension- Résistance
nelles qu’ils engendrent. en traction
R
profession et, in fine, la collectivité.
O Date de
Ces désordres sont caractérisés par des fissurations qui peuvent Temps
entraı̂ner des infiltrations dans le cas d’ouvrages exposés (en parti- fissuration
culier les ouvrages situés en toitures-terrasses et, à moindre
niveau, les façades et pignons). Figure 1 – Courbes de résistance en traction et de contrainte
de retrait en fonction du temps
1.1.1 Retrait
Le phénomène peut être limité en :
On rappelle que le phénomène est dû au départ de l’eau par – réduisant au strict minimum la quantité d’eau de mala-
(évaporation), et que la valeur du retrait varie grossièrement de xage ;
2 à 3/10 mm/m, en moyenne. – évitant les dosages élevés ;
– protégeant le béton du soleil par des bâches humides ou
A contrario, dans l’eau le béton gonfle par absorption d’eau. en le conservant humide par arrosage, (on peut également
Avec le temps, le retrait augmente. Mais, en général, à un mois vaporiser sur sa surface un produit de cure, qui en constituant
d’âge, les 3/4 environ du retrait du béton sont pris. une fine couche étanche, réalise une protection relative en
empêchant l’évaporation).
& Le phénomène augmente principalement avec :
– la quantité d’eau ;
– le dosage en ciment ; 1.1.2 Variations de température
– l’exposition au soleil et au vent (atmosphère sèche).
Sous l’effet des variations de température, le béton se dilate et se
Il varie également en fonction de : contracte. Le coefficient de dilatation du béton est de l’ordre de
– la nature des agrégats (de 1, pour des agrégats de type quar- 10-5. Ce qui, pour un élément en béton armé de 5 m de longueur
tzite, à 3, pour des agrégats de type argile expansée) ; et une variation de température de + 20 C, correspond à un
– le dosage en sable (en particulier en raison de la proportion de accroissement de longueur de 1 mm. Le cœfficient de dilatation
fines) ; d’un béton est évidemment fonction de ses constituants, donc de
– la nature du ciment ; la nature de ses granulats.
– la forme de l’élément ;
– etc. & Les désordres consécutifs aux variations de température affec-
De plus, certains adjuvants, tel le chlorure de calcium utilisé tent principalement les ouvrages :
comme accélérateur de prise, augmentent le retrait, et ce, d’autant – de grande longueur, non recoupés par des joints ;
plus que le dosage est élevé.
– extérieurs, tels que : acrotères, bandeaux, corniches, loggias… ;
Ces différents paramètres peuvent évidemment se cumuler. – massifs ;
& Les sinistres les plus courants, qui consistent en fissures pou- – insuffisamment armés.
vant donner lieu à infiltrations et corrosion des aciers, affectent
principalement les ouvrages : Ils donnent lieu à des fissurations susceptibles d’être infiltrantes.
– de grande longueur ou de grande surface (planchers, dallages,
parkings, même enterrés) ; Remarques importantes
– exposés aux contraintes climatiques (soleil, vent), tels acrotè- Les variations de température sont de 2 types :
res, corniches, façades, etc. ; – saisonnières moyennes, qui sont lentes et, en général, bien
– réalisés en béton léger et pour lesquels des joints en nombre déterminées par les statistiques ;
suffisant n’ont pas été ménagés (outre leur fort retrait, les bétons – journalières, qui peuvent être très rapides et importantes ;
légers présentent des déformations sous charge importante). entre jour et nuit, en altitude, l’écart thermique peut atteindre
30 C, voire davantage.
Remarques En raison de sa structure, le béton est, de même, sensible aux
La fissuration due au retrait peut, paradoxalement, ne se variations d’humidité de l’air (dites aussi « hygrométriques »),
révéler que tardivement. Théoriquement, la date d’apparition qui se traduisent également par des variations de longueur.
du phénomène est, en fait, déterminée par l’intersection des Mais, celles-ci, faibles, sont généralement négligées.
courbes en fonction du temps (figure 1) de :
– résistance en traction du béton ; & Pour limiter les effets et la sinistralité consécutive, tant du retrait
– contrainte due au retrait à la ligne. que des variations de température, il convient de :
Mais, en fait, le problème se complique en raison de la pré-
– recouper les ouvrages par un ensemble de joints constituant
sence d’armatures.
des coupures effectives et permettant, autant que possible, le libre
VX
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cVRPP
Dernier niveau
Acrotère recoupé
recoupé tous les 6 à 8 m 6à8m
3e et
dernier niveau
L/2 L/2
2e
1er
Rdch
1er s/s
2e s/s R
L = 35 à 40 m
Joint de dilatation
arrêté au niveau
du collet de la semelle
VY
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cVRPP
& Enfin, il faudra éviter les joints en baı̈onnette, que ce soit hori-
zontalement ou, surtout, verticalement (comme nous l’avons vu
néanmoins réalisé) (figure 6), ces types de joints étant à l’origine Exemples
d’une importante sinistralité. Il convient de prendre toutes disposi- Lors de la construction d’un important parking souterrain de
tions nécessaires pour permettre le libre fonctionnement des joints, 4 niveaux, et de grande longueur, aucun joint diapason (ou autre)
en particulier en éliminant les matériaux utilisés pour les coffrer, et n’avait été réservé, au motif que l’ouvrage était enterré et, donc, ne
ce, sans les couvrir par un matériau quelconque fixé de part et subissait pas de variation de température importante. Peu de temps
d’autre. après la construction, on vit apparaı̂tre, sur les voiles contre les terres
et les planchers, un réseau de fissures verticales, d’ailleurs infiltran-
coupe horizontale
3
2
1
Rdch
s/s
coupe verticale
appuis sur corbeaux (à éviter)
Figure 6 – Deux types de joints en baı̈onnette à éviter (voire
Figure 5 – Types de joints de dilatation à proscrire)
WP
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cVRPP
Déformation
Revêtement du plancher sous charge
bas du RdC en marbre constante
Hall d'entrée mis en compression Fluage
Déformation
totale :
& En conclusion
Il n’est donc pas étonnant que ce soient les ouvrages situés en
1.3 Intempéries
toitures-terrasses, ou dans les derniers étages, et les éléments tels
que : acrotères, balcons, bandeaux, loggias qui se trouvent être 1.3.1 Pluie
principalement affectés par ces 2 phénomènes (retrait et variations Les précipitations répétées sont un facteur de désordres pour les
de température). ouvrages exposés et non étanchés, l’eau pouvant pénétrer les
Bien souvent d’ailleurs, ces désordres se répercutent sur les bétons à porosité ouverte et venir corroder les aciers trop proches
murs des immeubles, en particulier dans le cas de murs en maçon- des parois extérieures. C’est évidemment le cas des murs de façade
nerie. Il est donc nécessaire que des murs soient chaı̂nés, verticale- et des pignons. Il faut donc :
ment et horizontalement, au niveau de l’appui des planchers-terras-
– réaliser un béton, le plus compact possible ;
ses et des combles.
– prévoir un enrobage suffisant (3 cm au moins) et une bonne
Il faut donc, dès la conception, tenir compte du retrait et des compacité, ce qui nécessite une étude de la composition du béton
variations de température, et de leurs conséquences sur tous (granulométrie, dosage en eau et ciment) ;
les ouvrages. – assurer une mise en place avec vibration adaptée.
Exemples
1.2 Fluage Nombreuses façades, corniches, acrotères, bandeaux…, etc.,
dégradés par le sinistre très fréquent, dit de « fers apparents », en
particulier en atmosphère marine ou polluée.
Sous l’action des charges appliquées, la déformation d’un élé- Enfin, s’il s’agit d’ouvrages horizontaux non étanchés, il est néces-
ment en béton armé est réversible si le chargement est limité et saire de prévoir un système de pente afin d’éviter la stagnation de
de courte durée (déformation élastique). l’eau.
Si celui-ci est maintenu, la déformation croit lentement au
cours du temps, c’est le phénomène de fluage.
1.3.2 Vent
On devra toujours garder en mémoire que les déformations tota- Le vent peut être un facteur de sinistralité, dans la mesure où il
les (instantanées et différées) sont grossièrement le triple des favorise un séchage rapide et, donc, un retrait important, source de
déformations instantanées, c’est à dire dans le rapport des modu- fissuration (cf. § 1.1) une pénétration de l’eau à l’intérieur du maté-
les de déformation instantanée (Ei) et différée (E•) (figure 8). riau et, donc, la corrosion des aciers (par exemple dans le cas des
embruns poussés par le vent).
En effet :
À défaut d’un béton de qualité, pour plus de sécurité dans les
E j ∼ k 3 fcj zones exposées, afin d’éviter des dégradations à terme, il est
nécessaire d’envisager une protection des bétons par enduit, pein-
avec fcj résistance moyenne à la compression à j jours. ture, revêtement…, dont l’entretien devra être assuré.
WQ
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cVRPP
R
mène de prise ne peut se produire dès que la température devient Zone de marnage
négative, car, sauf précautions particulières, il y a alors formation PBE
de cristaux de glace et, donc, gonflement, et les résistances méca-
niques d’un béton frais qui a gelé seront très faibles. Un tel béton
doit donc être détruit. C’est pourquoi, il faut se méfier des bétons
réalisés juste avant une période de gel.
D’autre part, sur les bétons courants, même convenablement
réalisés, les cycles répétés de gel/dégel peuvent également avoir
des conséquences néfastes, allant jusqu’à une dégradation complète
(et ce d’autant plus que le béton est poreux), en raison de l’augmen-
tation de volume de l’eau dans les capillaires. Le béton présente
alors, en général, un aspect feuilleté et/ou fissuré dans la masse. Enrochements
Un béton sera d’autant plus résistant aux cycles gel/dégel qu’il
sera plus étanche, de bonne compacité et mis en œuvre avec une Figure 9 – Exemple de béton situé en zone de marnage
quantité d’eau minimale et un adjuvant entraı̂neur d’air, dont l’effet
est de créer de nombreuses bulles d’air donnant une souplesse au
matériau. Les agrégats gélifs sont à prescrire, de même que ceux On notera, toutefois, qu’un enrobage important peut devenir
provenant de roches à porosité ouverte. source de fissuration et, donc, de corrosion des armatures.
En conclusion, on retiendra que, par temps froid et a fortiori en
cas de gel, si on ne peut pas interrompre les opérations de béton- 1.5 Sites industriels
nage, des mesures spéciales doivent être prises (entre autres) :
– ciment à prise rapide ; L’atmosphère de certains sites industriels peut atteindre un
– délai de décoffrage plus long. niveau de pollution susceptible d’entraı̂ner, surtout en milieu
humide, une agression des bétons directement exposés sans pro-
& Chaleur tection efficace.
Lorsqu’il est frais, le béton est très sensible à la chaleur, car celle- Il en est ainsi des ambiances industrielles où l’air peut se trouver
ci provoque l’évaporation rapide de l’eau de gâchage et, donc, chargé :
accélère la prise, mais diminue la résistance à terme et accroı̂t le – de gaz sulfureux (SO2) ;
retrait ainsi que la fissuration, surtout superficielle (faı̈ençage). – d’hydrogène sulfureux (SH2) ;
– d’oxydes d’azote (NO, NO2 etc.) ;
– etc.
1.4 Atmosphère marine et/ou milieu
marin Ceux-ci sont contenus dans les gaz et fumées provenant de la
combustion des produits houillers pétroliers et/ou organiques, et à
Le milieu marin est, pour les ouvrages en béton, a priori pathogène. l’origine de pathologies très diverses du béton.
Il convient toutefois de distinguer les bétons :
– exposés à l’air marin (poussés par le vent, les embruns, char- 1.6 Eaux et liquides agressifs
gés de sel, déposent des quantités de sel non négligeables dans
les pores et les fissurations du béton, engendrant à terme la corro- Le béton est également sensible à l’action des eaux chargées :
sion des aciers) ; – de matières organiques ;
– constituants des ouvrages constamment immergés, car situés – d’acides minéraux, ou organiques (acide lactique en
sous le niveau des plus basses eaux, en général les moins particulier) ;
attaqués ; – de nitrates, sulfates (SO4Ca, SO4Mg), chlorures (ClNa, ClK,
– alternativement exposés à l’eau de mer et à l’air marin (par Cl2Ca,…) ;
exemple situés dans la zone de marnage) et qui sont, en fait, les – des eaux d’égout ;
plus dégradés (figure 9). – de certains liquides ou produits à base de :
La bonne tenue des bétons, dans de telles ambiances, nécessite : sucres, glycérine, huiles,
– une forte compacité ; phénols, savons,
– la plus faible porosité possible (et surtout aucune porosité etc.
ouverte) ;
– l’emploi d’agrégats siliceux et de ciment de laitier, ou de ciment On notera que les eaux très pures, donc non minéralisées
de cendres volantes de type « PM » (prise mer). (c’est le cas de l’eau de pluie en atmosphère non polluée)
sont, paradoxalement, également agressives en raison de la
L’enrobage des aciers doit être plus important qu’en site courant
dissolution de la chaux (Ca(OH)2), ce qui rend le béton poreux.
(5 cm au moins – cf. règlement BAEL).
WR
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cRRUR
chaussées en Californie. En France, il faut attendre la fin des années 1970 pour
WS
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cRRUR
R
France depuis le début des années 1990 et qui s’avère être efficace avec le
recul que l’on peut en avoir actuellement.
1. Mécanisme Phase 1
de l’alcali-réaction attaque de la surface
par les ions OH-
Phase 3
1.1 Différents types de réaction introduction des ions
Ca++
Dans leur globalité, ces réactions constituent une réponse des
minéraux constitutifs des granulats (qui se trouvaient avant leur
extraction dans un environnement de pH voisin de 7) à un désé-
quilibre avec le milieu du béton dans lequel règne un pH souvent
supérieur à 13. Ce sont des réactions chimiques solide-liquide
dans lesquelles la phase solide est constituée par les granulats et
la phase liquide par la solution interstitielle fortement alcaline du
béton. Ces réactions se caractérisent par le fait que la partie
réactive des granulats est le plus souvent en faible quantité et irré-
gulièrement distribuée, et que la solution agressive contenue dans
la microporosité du matériau est distribuée de façon hétérogène.
On est donc conduit à admettre que les dégradations observées
sur les ouvrages sont le résultat moyen des effets localisés de la
Phase 2
réaction. On admet également que la réaction observée en un introduction des ions
point donné de l’ouvrage peut être dans un état d’avancement Na+
bien différent de celui observé en un autre point.
Les conditions qui gouvernent la réaction sont l’abondance et la
Si4+
réactivité des espèces minérales, la quantité d’alcalins et la
O– –
présence d’eau. En effet, rien ne se passerait sans eau, et une Na+
humidité relative d’au moins 80 % semble indispensable au déve- Ca++
loppement de la réaction. Trois types d’alcali-réaction en relation OH-
avec le minéral dominant sont le plus souvent citées :
– la réaction alcali-silice ; Figure 1 – Mécanisme couramment admis pour la formation
– la réaction alcali-silicate ; des gels d’alcali-réaction (d’après [5])
– la réaction alcali-carbonate.
Le premier type est de loin le plus répandu. Si l’on met à part la ces paramètres jouant à leur tour un rôle déterminant sur la
réaction alcali-carbonate dont la cause reste encore controversée, quantité et la cinétique de la silice dissoute.
le mécanisme de ces réactions passe par une dissolution de la silice
R. Dron a réalisé une étude in vitro [4] montrant que la forma-
sous l’action des ions OH– de la solution interstitielle, suivie de la
tion du gel était conditionnée par l’existence dans le milieu de
précipitation d’un gel silico-calco-alcalin. Pour cette réaction, la pré-
rapports de concentrations [silice]/[alcalins] déterminés. En dehors
sence de chaux est nécessaire, et les alcalins sont le sodium et le
de ces rapports, il ne se forme pas de gels nocifs.
potassium. Plusieurs théories ont été proposées pour expliquer le
processus d’attaque de la silice et le gonflement du matériau. Le schéma de la figure 1 représente le mécanisme le plus
vraisemblable conduisant à la formation de gels : l’attaque de la
silice se réalise à partir de la surface du granulat grâce aux ions
1.2 Théories proposées OH–. Au fur et à mesure que les ions hydroxyles diffusent dans la
silice hydratée, il y a attaque des liaisons siloxanes Si—O—Si et
1.2.1 Attaque de la silice des groupements silanols Si—OH par les ions OH– (phase1) :
Concernant le processus d’attaque de la silice, on admet que la
— Si — O — Si — + 2 OH– → — Si — O– + O– — Si — + H2O
composition de la solution interstitielle dépend prioritairement de
la nature du ciment, mais aussi des granulats susceptibles de libé- et
rer des alcalins, des adjuvants et de l’eau. Tous les composants du — Si — OH + OH– → — Si — O– + H2O
béton vont donc influer sur le pH et la concentration en alcalins,
WT
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cRRUR
R
a selon Dent Glaser et Kaoka b selon Prezzi et Monteiro
c selon Jones : dissipation du gel d selon Couty : gonflement des corps poreux
L’introduction des ions Na+ (ou K+) (phase 2) conduit à l’appari- l’origine du gonflement ; suivant le pH et la force ionique, la
tion de micro-domaines isolés qui vont être progressivement pression de gonflement peut atteindre 10 MPa. Sur la figure 2b qui
« digérés » en incorporant des ions Ca++ (phase 3). schématise cette hypothèse : 1 est le plan de cisaillement, 2 la
Le produit de la réaction est un gel silico-calco-alcalin. Dans les « particule de gel », a la couche diffuse, et b la couche rigide de
bétons, la formation des gels est très influencée par la présence Stern.
d’ions Ca++ ; même si ceux-ci ne sont présents qu’en très faible ■ Hypothèse des potentiels chimiques
quantité dans la solution interstitielle, il en existe une réserve (Dron, Brivot, Chaussadent) [8]
quasi inépuisable provenant de la dissolution de la portlandite. La
Ces auteurs suggèrent que le gonflement trouve son origine
formation de ces gels étant associée, dans le béton, à l’existence
dans la création même du gel. Celui-ci générerait une pression
d’une fissuration anarchique et évolutive, on leur accorde volon-
analogue à une pression de cristallisation, des pressions maxima-
tiers des propriétés gonflantes.
les apparaissant lorsque les produits formés sont éloignés des
conditions d’équilibre. Dans ses recherches, Dron montre que des
1.2.2 Gonflement des gels : gels silico-calco potassiques CKSH peuvent précipiter, et que ces
les hypothèses en présence derniers se rencontrent préférentiellement au contact des grains
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer le gonfle- de silice lorsque la composition de la solution est proche de celle
ment des gels, sans cependant que l’une d’entre elles ne fasse rencontrée dans le béton.
référence au niveau international. Examinons les. ■ Hypothèse de la dissipation du gel (Jones) [9]
■ Hypothèse des pressions osmotiques Les deux étapes principales retenues par Jones sont l’hydrata-
(Dent Glaser, Kataoka) [6] tion du gel et le gonflement, puis la dissipation dans la pâte de
Le gel formé au contact pâte-granulat va drainer la solution ciment. Si la vitesse de dissipation est inférieure à la cinétique de
interstitielle et voir son volume augmenter. Le flux liquide, source formation, il se produit une expansion. La vitesse de dissipation
du gonflement, génère des pressions qui provoquent la fissuration est fonction de la porosité de la pâte (figure 2c ).
(figure 2a ).
■ Hypothèse du gonflement des corps poreux (Couty) [10]
■ Hypothèse de la double couche électrique Dans la figure 2d qui schématise cette hypothèse du gonflement
(Prezzi, Monteiro) [7] des corps poreux : 1 représente le cœur du granulat encore sain,
Le phénomène de répulsion lié à la double couche formée 2 la partie externe du granulat devenue poreuse, 3 l’augmentation
autour des particules colloïdales de gel serait, selon ces auteurs, à de volume de la zone 2, et 4 la pâte de ciment. Les zones 2 et 3
WU
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cRRUR
4
2. Connaissances récentes
Gonflement (‰)
0
2.1 Connaissances relatives au matériau
3 0,2
0,4
2.1.1 Rôle des granulats
2 La réaction alcali-silice, la plus banale, implique des granulats
0,6
contenant en proportions variables une ou plusieurs des espèces
1 0,8 minérales suivantes : opale, calcédoine, cristobalite, tridymite,
quartz microcristallins ou tectonisés, phase vitreuse... Ces espèces
1,0 minérales peuvent être présentes dans tous types de roches :
0
0 2 4 1,2 – magmatiques : granites, pegmatites, aplites ;
R
6 8 10 1,2 – volcaniques : rhyolites, basaltes, trachytes ;
12 14 0,8
16 18 0 0,4 Teneur en – métamorphiques : quartzites gneiss, micaschistes... ;
Teneur en opale (% ) 20 alcalins (%) – sédimentaires : grès, quartzites, calcaires siliceux, silex.
La réaction alcali-silicate, elle, implique des roches polyminéra-
Figure 3 – Illustration de la notion de pessimum. Cas d’une opale les contenant des minéraux silicatés présents dans des roches de
type granite, rhyolite, andésite et basalte, où la silice est sous
forme microcristalline, ou vitreuse, mais où les minéraux silicatés
peuvent intervenir en libérant des alcalins et une partie de la silice
de leur réseau. De telles roches peuvent se rencontrer dans les
Si
Gel silico-alcalin Gel silico-calco-alcalin
gisements alluvionnaires pourvu que la géologie, les conditions de
transport et de sédimentation soient favorables.
Si Ka
Quant à la réaction alcali-carbonate, elle implique les calcaires
Ca Ka dolomitiques. Cette réaction bien identifiée au Canada par exemple
K K Ka n’a pas été formellement reconnue lors des études entreprises en
France.
O
O Ka Dans la démarche française, la classification vis-à-vis de
Na Ka l’alcali-réaction est obtenue à partir d’essais dont la mise en œuvre
1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 et le déroulement sont présentés dans la norme expérimentale
XP P18-594, les spécifications faisant l’objet du fascicule de docu-
mentation associé P18-542. Cette classification permet de qualifier
Figure 4 – Analyses montrant l’évolution des gels entre deux points les granulats en :
d’un même échantillon de béton
– non réactifs (NR) ;
– potentiellement réactifs (PR) ;
– potentiellement réactifs à effet de pessimum (PRP).
sont injectées par le gel qui va progresser dans la pâte et générer
des fissures qui rejoindront un granulat proche. Des observations pétrographiques permettant la classification
de roches sont présentées sur la figure 5.
Il nous semble trop simpliste de vouloir réduire à une seule 2.1.2 Rôle de la porosité
de ces théories le mécanisme de gonflement et la fissuration asso-
ciée. Si l’on met à part la théorie de la double couche, on peut La viscosité du gel dépend de sa composition chimique, et en
admettre que chaque théorie apporte un élément de réponse. particulier du rapport Ca/Si. La viscosité du gel, sa vitesse de
formation, sa capacité de gonflement et surtout l’espace poreux
disponible qui l’entoure sont des paramètres importants de
l’expansion du béton. L’espace poreux inclut la porosité propre
1.3 Notion de pessimum des granulats, la porosité de la pâte de ciment, l’auréole de transi-
Cette notion vérifiée expérimentalement s’applique à des granu- tion située entre les granulats et la pâte de ciment, ainsi que les
lats où une variété de silice très réactive facilement accessible aux bulles et fissures préexistantes du béton (fissures de retrait et fis-
solutions agressives est présente en quantité correspondant à une sures créées par les gradients thermiques au jeune âge). C’est
plage de valeurs dénommées pessimales. pourquoi il est extrêmement difficile de modéliser le gonflement
du béton à l’échelle de la microstructure car il est nécessaire de
La figure 3 montre que, dans la zone active, les gonflements sont connaître une grande quantité de paramètres qui s’avèrent diffi-
une fonction du couple teneur en granulats réactifs – teneur en alca- cilement accessibles par la mesure.
lins du mortier. Dans le cas présent, la teneur pessimale en opale
est centrée sur 5 %, valeur située à l’intérieur de la fourchette de 3 Pour illustrer l’influence de la porosité de la pâte de ciment sur
à 7 % souvent mentionnée dans la littérature, mais elle ne peut être l’expansion, nous considérons l’exemple d’une expertise conduite
dissociée d’une teneur en alcalins actifs qui est, pour cette opale, sur le béton d’une ancienne passerelle piétons implantée à
de 1,2 % exprimée en alcalins équivalents (Na2O + 0,658 K2O). Auxerre au-dessus de l’Yonne. Cette passerelle, construite en 1911,
était composée de deux grands arcs surbaissés en béton armé. Ces
arcs, qui avaient une ouverture de 55 m pour une flèche de 3,80 m,
1.4 Propriétés des gels présentaient d’importants désordres dus à la corrosion. L’expertise du
béton montra que des produits d’alcali-réaction étaient présents en
L’importance de la réaction et le caractère endommageant des grande quantité dans les pores et les cavités du béton qui, à l’époque,
produits formés dépendent de plusieurs facteurs. La figure 4 avait été mis en œuvre par damage (sans vibration). Cependant, les
distingue deux types de gels couramment observés. Le gel, issu de désordres traditionnels dus à l’alcali-réaction n’étaient pas visibles sur
la réaction, évolue avec le temps ; il peut aussi être différent d’un les parements de la passerelle, en raison de la grande porosité du
point à un autre du béton. Lorsqu’il est strictement silico-alcalin, il béton qui permettait aux gels de faire leur expansion dans les bulles
est fluide et suinte à la surface. Lorsqu’il incorpore des ions Ca2+, et cavités. La pathologie importante provoquée par la corrosion des
sa viscosité augmente et son pouvoir dégradant aussi. aciers conduisit à reconstruire la passerelle en 1995.
WV
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cRRUT
et Loı̈c DIVET
Chef de la division Physico-chimie des Matériaux au Laboratoire Central des Ponts et
R
Chaussées (LCPC)
a réaction sulfatique interne (RSI) par formation différée d’ettringite est une
L cause de désordres susceptibles d’endommager sévèrement des ouvrages
en béton.
Les premiers cas sont apparus à l’étranger, à partir de 1987, dans certaines
pièces préfabriquées qui avaient été soumises à un traitement thermique ina-
dapté à la formulation et à l’exposition du béton (comme, par exemple, des
traverses de chemin de fer).
Ce phénomène a été observé en France, à partir de 1997, sur des ponts dont le
béton avait été coulé en place. Il s’agit essentiellement de parties d’ouvrages
massives (piles, chevêtres sur piles ou culées, etc.) en contact avec l’eau ou
soumises à une forte humidité.
À la différence des réactions sulfatiques plus classiques, où les sulfates agres-
sent le béton depuis l’extérieur en provoquant une dégradation progressive de
la surface vers le cœur de la pièce, la RSI affecte l’ensemble du béton sans faire
appel à une source extérieure de sulfates. Elle se manifeste alors par un gon-
flement du matériau et une fissuration de la structure.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPY
WW
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cRRUT
R
Mais, l’ettringite n’est pas systématiquement délétère pour le ler, etc.) ou interne (utilisation de granulats contenant des sulfates
béton puisqu’il s’agit d’un produit normal de l’hydratation des et, notamment, des calcaires contenant des pyrites framboı̈dales
ciments. C’est pourquoi, nous donnons ci-après quelques informa- mal cristallisées [2], utilisation d’eau de mer ou d’eau sulfatée
tions sur les différents types d’ettringite rencontrés dans les pour gâcher le béton, etc.). Dans ce dernier cas, le respect des tex-
bétons. tes normatifs permet d’éviter cette réaction.
Pour les phénomènes de dissolution/précipitation, l’ettringite
cristallise sous forme aciculaire dans les espaces libres du béton
1.1 Différents types d’ettringite et ne présente généralement pas de caractère expansif (figure 2).
Aujourd’hui, plusieurs termes sont employés dans la littérature Par contre, l’ettringite de formation secondaire consécutive à un
pour bien distinguer les différents modes et échéances de forma- apport externe de sulfates est susceptible de générer des gonfle-
tion de l’ettringite dans le béton. On distingue alors trois types ments. Contrairement aux faciès non expansifs, cette ettringite
d’ettringite qui peuvent coexister dans un même béton. Nous pathologique cristallise sous une forme massive et comprimée.
retiendrons la dénomination proposée par l’association française Les désordres liés à ce type d’ettringite concernent les bétons
de Génie civil, qui résulte des travaux du groupe GranDuBé (Gran- fabriqués avec des ciments non résistants aux sulfates (générale-
deurs associées à la durabilité des bétons) [1] : ment les ciments riches en C3A et libérant du Ca(OH)2 lors de leur
– de formation primaire qui ne provoque pas d’expansion ; hydratation).
– de formation secondaire qui peut provoquer une expansion ;
– de formation différée, consécutive à une élévation de tempéra- 1.1.3 Formation différée
ture subie par le béton au jeune âge, qui peut aussi provoquer une Cette ettringite se rencontre uniquement dans les bétons ayant
expansion. subi au jeune âge un échauffement supérieur à 65 C. Au-delà de
cette température, l’ettringite de formation primaire ne se forme
1.1.1 Ettringite de formation primaire pas au cours des réactions d’hydratation du ciment et/ou est
décomposée.
Cette ettringite correspond à un produit issu de l’hydratation des
ciments qui se forme par réaction entre le régulateur de prise La source des ions sulfate est donc d’origine interne car elle pro-
(gypse, hémihydrate, anhydrite) et l’aluminate tricalcique vient de l’absence, ou de la décomposition, de l’ettringite primaire.
(3CaO.Al2O3 ou C3A en notation cimentière) du clinker. Après retour à température ambiante et en présence d’humidité,
l’ettringite peut se former ou se reformer. Elle est alors susceptible
L’ettringite se rencontre sous l’aspect de cristaux de forme acicu-
de générer des pressions de gonflement dans certaines conditions
laire, comme le montre la figure 1. Ces cristaux ne provoquent pas
(figure 3).
Dans la suite de cet article, c’est ce type de réaction que nous
désignerons par le sigle RSI.
Figure 1 – Aiguilles d’ettringite primaire non expansive dans la pâte Figure 2 – Ettringite secondaire non expansive dans un pore
de ciment (microscope électronique à balayage) (microscope électronique à balayage)
WX
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cRRUT
Selon Scrivener [11], aux températures comprises entre 70 et avec C concentration du sel en solution,
90 C environ, une part importante des sulfates résultant de la Cs concentration de la solution à la saturation,
décomposition de l’ettringite est incluse dans les silicates de cal-
Vs volume molaire du sel,
cium hydratés dénommés C–S–H (hydrate majoritaire des ciments)
sous forme d’ions SO42– adsorbés et de cristaux nanométriques de R constante des gaz parfaits,
monosulfoaluminates de calcium intimement mélangés aux hydra- T température absolue.
tes du ciment.
De nombreux travaux ont montré cette capacité d’adsorption Selon Scherer [22], les pressions engendrées dépendent de la
physique des ions SO42– par les C–S–H ([12], [13], [14], [15]). Par ail- courbure du cristal en supposant un matériau saturé et un réseau
leurs, Barbarulo [16] et Matschei [17] ont également montré que la constitué de pores cylindriques :
WY
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cRRUT
P = K CL Y CL
90
Température (°C)
avec P pression, Température à cœur
80
KCL courbure du pore,
70
YCL énergie libre du cristal.
60
Il en déduit que les plus grandes pressions sont développées 50
dans les plus petits pores d’accès à un gros cristal. Température en bordure de coffrage
40
& Gonflement par pressions osmotiques Température extérieure
30
Les forces de gonflement proviennent de l’environnement élec- 20
trique des particules cryptocristallines d’ettringite précipitée.
Comme dans les matériaux argileux, ces particules peuvent déve- 10
lopper des forces d’attraction et de répulsion dans certaines condi-
R
0
tions de pH. 0 2 4 6 8 10 12 14
Temps après le coulage du béton (jours)
Une telle théorie a été développée par Mehta [21]. Les particules
colloı̈dales d’ettringite de surface spécifique très élevée et chargées Figure 4 – Exemple d’enregistrement des températures d’un béton
négativement attirent les molécules d’eau polaires qui les entou- d’une pièce massive (4 x 5 x 6 m)
rent. La répulsion électrostatique provoque le gonflement. Le phé-
nomène s’accompagne d’une très forte absorption d’eau.
Expansion (%)
1,6 Temps de latence = 87 jours
Les conditions chimiques de ce processus d’expansion ne diffé- Expansion max = 1,6 %
rent pas fondamentalement des conditions évoquées pour la pres- 1,2
sion de cristallisation. En effet, la formation de l’ettringite suit un Temps de latence = 603 jours
processus de dissolution/précipitation dans un espace confiné, en 0,8 Expansion max = 0,8 %
présence de chaux. Pièce massive
0,4
Préfabrication
0
1.3 Rôle des divers paramètres 0 200 400 600 800 1 000
Temps (jours)
La RSI n’est susceptible de se produire à long terme que sous 10 heures à 80°C 5 jours à 80-70 °C
certaines conditions spécifiques. La probabilité d’apparition est for-
tement liée à l’environnement de la structure et à certains paramè- Figure 5 – Influence de la durée de maintien à haute température
tres propres au matériau ou conditionnés par le processus de sur la RSI (d’après [70])
fabrication.
température reste entre 70 et 80 C pendant 5 jours. Il s’agit
1.3.1 Influence du cycle thermique subi d’éprouvettes cylindriques 11 x 22 cm dosées à 400 kg/m3 de
par le béton ciment et de rapport E/C = 0,5.
Par ailleurs, Brunetaud [26] a étudié les couplages entre certains
La température maximale atteinte dans le béton est un para- des principaux paramètres de la RSI par la méthode des plans d’ex-
mètre essentiel du déclenchement de la RSI. Il est maintenant périences. La principale interaction concerne alors la température
admis qu’un matériau cimentaire développera une expansion et la durée de l’échauffement.
liée à la RSI si celui-ci est porté à une température supérieure
à 65 C environ pendant son hydratation ([23], [24], [69]). 1.3.2 Influence de l’environnement de la structure
De plus, une température maximale plus élevée augmente les en béton
expansions finales observées ([25], [69]).
On a pu constater depuis longtemps, aussi bien en laboratoire
& Dans le cas de l’industrie de la préfabrication des bétons, les piè- que sur ouvrages, le rôle fondamental de l’eau dans le déve-
ces subissent une phase dénommée prétraitement qui consiste à loppement de la RSI. L’eau est un milieu réactionnel nécessaire
maintenir le matériau à la température ambiante avant la période au déroulement de la réaction. Elle intervient, aussi bien dans
de montée en température. Pour Fu [25], plus la durée de la phase les processus de transfert, que dans la formation des produits
de prétraitement est courte, plus l’expansion finale du matériau est de réaction.
importante.
La RSI touche essentiellement les parties d’ouvrage en contact
& Dans le cas de pièces massives en béton coulées en place et, avec l’eau (zone immergée, zone de marnage) ou soumises à des
lors de fortes chaleurs d’été, l’hydratation du ciment peut suffire à venues d’eau (défaut d’étanchéité, absence de drainage, etc.),
générer des températures proches de 80 C au cœur de la pièce en voire exposées à un taux d’humidité élevé.
béton. De plus, la durée de maintien à haute température est beau-
En laboratoire, les travaux de Heinz et Ludwig [27] et, plus
coup plus longue (plusieurs jours) que dans le cas d’éléments en
récemment de Graf [28] ont montré qu’aucune expansion n’est
béton étuvés en usine (durée inférieure à 8 heures en général).
observée en dessous de 90 % d’humidité relative. La remise à
La figure 4 donne un exemple d’échauffement d’une pièce mas- 100 % d’humidité relative permet ensuite le développement d’ex-
sive en béton de 4 mètres de haut, pour 6 mètres de long et 5 mètres pansion. Les expansions finales sont plus élevées et les temps de
de large. La température au cœur du béton a atteint 80 C et le béton latence plus courts lorsque les échantillons sont conservés dans
a été maintenu à une température supérieure à 70 C durant 9 jours. l’eau, plutôt qu’à 100 % d’humidité relative ([27], [29]).
La présence d’eau entraı̂ne aussi une lixiviation du matériau, en
La durée de maintien à haute température favorise la RSI en particulier des alcalins. Les travaux de Famy [29] ont montré que la
accélérant la cinétique de la réaction et en augmentant l’amplitude conservation de prismes de mortier dans une solution alcaline pou-
du gonflement [70]. La figure 5 illustre ce phénomène pour une vait retarder, voire inhiber les expansions observées lorsque le mor-
même formulation de béton, en comparant un cycle thermique uti- tier est conservé sous eau. La lixiviation des alcalins est un facteur
lisé en usine de préfabrication où la température demeure à 80 C qui modifie les équilibres chimiques du matériau et qui est suscep-
pendant 10 heures avec un échauffement d’une pièce massive où la tible de modifier la cinétique de RSI, voire son déclenchement.
XP
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corTQU
R
Chargé de recherche au Centre de recherche de Lafarge, Saint Quentin-Fallavier
a réactivité des surfaces de béton est un sujet complexe que l’on peut
L définir par les interactions à l’interface entre la microstructure d’un maté-
riau à base de liant hydraulique et le monde extérieur, celui-ci pouvant être
constitué de différents gaz (CO2 , NO2), d’eau liquide (plus ou moins chargée
en sels), d’agents ou de résidus de décoffrage et d’autres agents agresseurs
(micro-organismes…).
Ainsi, cet article vise à décrire la variabilité des réactions possibles entre la
surface du béton et son environnement immédiat, que ce soit durant son
hydratation et son durcissement ou lors de sa carbonatation et de son vieillis-
sement. Divers exemples seront ainsi décrits dans cet article afin d’expliciter le
type de réaction ayant lieu en surface. Nous avons choisi de séparer ces inte-
ractions en trois types :
– celles résultant des réactions avec l’eau liquide ou avec des ions présents
en solution : phénomènes d’hydratation au jeune âge, de formation d’efflores-
cence après décoffrage, de lixiviation et de décalcification suite à des
expositions récurrentes à l’eau, attaque sulfatique et pénétration des ions
chlorures ;
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQT
XQ
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corTQU
– celles résultant des interactions avec les éléments du coffrage, comme les
moules et les agents de décoffrage : influences des huiles de décoffrage,
contamination et fonctionnalisation avec certains moules, croissance de port-
landite favorisée par certains tensioactifs ;
– celles résultant des interactions avec l’environnement : carbonatation en
présence de CO2 , dépollution de certains gaz irritants ou toxiques, croissance
de micro-organismes, comme les algues ou les champignons.
Enfin, le dernier chapitre décrira les fonctionnalités apportées par les divers
types de revêtements de protection potentiellement applicables sur le béton.
XR
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corTQU
Figure 1 – Hydratation d’un grain de C3S après quelques heures, la portlandite (plaquettes minces de forme hexagonale) et les C-S-H (fibrilles
buissonnantes très fines) sont visibles au MEB, notamment à fort grossissement (image de droite)
La portlandite (Ca(OH)2) représente, quant à elle, 15 à 20 % du Les mécanismes de formation peuvent être séparés en trois
volume solide d’un béton traditionnel. La portlandite est cristalline phases (figure 2b) :
et précipite essentiellement sous forme de plaquettes hexagonales,
de quelques µm à quelques dizaines de µm de longueur. – Phase 1 : dissolution des ions. La pâte de ciment hydratée
contient des phases minérales ayant une faible mais significative
capacité à se dissoudre dans l’eau. Celle-ci peut ainsi pénétrer
dans le réseau poreux du béton qui va alors se dissoudre partiel-
2.2 Efflorescences à base de carbonate lement.
de calcium
– Phase 2 : migration des ions vers la surface. Lorsque la surface
extérieure est exposée à un air sec, la solution capillaire contenant
Les efflorescences sont des dépôts minéraux de couleur des ions en solution migre vers la surface avant de s’évaporer,
blanchâtre (carbonate de calcium) qui apparaissent à la surface laissant alors les ions s’accumuler graduellement.
d’éléments en béton (cf. image MEB, figure 2a). Les défauts – Phase 3 : précipitation du carbonate de calcium. À l’extrême
occasionnés sont d’ordre esthétique, sans atteinte particulière surface de la peau de béton, le dioxyde de carbone de
de la macrostructure, et sont liés à la présence de chaux libre l’atmosphère se dissout dans la solution capillaire. Le CO2 va
dans la solution interstitielle, aux mouvements d’eau vers la réagir avec les ions calcium et des cristaux de CaCO3 vont alors
surface et aux conditions de séchage [8] [9] [10]. précipiter.
XS
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corTQU
Air Air
Séchage ⇒
CO2 (gaz) précipitation
Ca2+ + CO32–
Film
CO32–,
d’eau → CaCO3 (s)
R
Ca2+ , OH–
Na+ , K+
Ca2+ , OH–
Béton Béton
a b
Figure 2 – (a) Image MEB de cristaux de carbonate de calcium en surface d’un béton et (b) schéma de formation des efflorescences
E ff l o r escences
de CaCO3
Revêtement
perméable à l’eau
Zone du béton
décalcifiée
100 µm 100 µm
a b
Figure 3 – (a) Images MEB et (b) cartographie en microanalyse X du calcium d’une section polie d’une surface de béton recouverte d’un revête-
ment relativement perméable à l’eau : la précipitation des cristaux de carbonate de calcium est visible en surface du revêtement alors que la
couche externe du béton est clairement décalcifiée
Pour expliciter ces mécanismes, nous pouvons prendre 2.3 Lixiviation et décalcification
l’exemple où un revêtement, relativement perméable à l’eau,
exacerbe les mécanismes responsables des efflorescences après
des surfaces de béton par l’eau
plusieurs mois d’exposition en extérieur (multiples cycles
d’humidification par la pluie/séchage au soleil). La lixiviation des surfaces de béton intervient lors de leur expo-
sition à l’eau de pluie mais aussi lors d’immersions répétées dans
La figure 3 présente ainsi une image MEB en électrons l’eau (bord de mer, bassin de décantation, etc.). Cette lixiviation de
secondaires et une cartographie EDS du calcium ; les observations la peau du béton a pour effet de décalcifier les hydrates (par disso-
montrent clairement les efflorescences à base de carbonate de lution des ions calcium) et d’augmenter la porosité de la zone pré-
calcium qui ont cristallisé en surface du revêtement alors que la sente sous la surface, tout en favorisant la précipitation de
couche externe du béton, située sous la couche de peinture, est cristaux de carbonate de calcium à l’extrême surface (ce dernier
significativement décalcifiée. phénomène s’apparentant aux efflorescences, cf. figure 3).
XT
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cVQUR
et Francis BARRE
Géodynamique et Structure (Bagneux, France)
1.
2.
Fissuration et durabilité des structures en béton armé..........
Fissures dans le béton : précisions .............................................
C 6 152 – 2
— 2
R
2.1 L’ouverture de fissure : une grandeur probabiliste ........................... — 2
2.2 L’ouverture de fissure : une grandeur mesurée en surface .............. — 2
2.3 wk : grandeur moyenne, caractéristique ou de design ..................... — 3
3. Fissuration d’un tirant en béton armé ........................................ — 3
3.1 Théorie de Brice ................................................................................. — 3
3.1.1 Avant première fissuration ...................................................... — 4
3.1.2 Première fissuration ................................................................ — 4
3.1.3 Régime de fissuration établi – Espacement des fissures ....... — 4
3.1.4 Ouverture des fissures ............................................................ — 4
3.2 Exemple de modélisation plus élaborée de la fissuration du béton
armé .................................................................................................... — 5
3.3 Approche réglementaire .................................................................... — 6
3.3.1 CCBA 60 ou CCBA 68 – Théorie de Brice ................................ — 6
3.3.2 Fascicule 74 – Construction des réservoirs en béton (2012) .. — 7
3.3.3 BAEL 1999 ................................................................................ — 7
3.3.4 EN 1992-1-1 .............................................................................. — 7
4. Fissuration de retrait gêné............................................................ — 8
4.1 Notion de retrait gêné ........................................................................ — 8
4.2 Dalles et radiers ................................................................................. — 8
4.3 Réservoirs ........................................................................................... — 9
5. Conclusion........................................................................................ — 9
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 6 152
XU
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cVQUR
1. Fissuration et durabilité & Ouvertures maximales des fissures recommandées par l’Euro-
code 2 selon les classes d’exposition (source : NF EN 1992-1-1/NA)
des structures en béton Les classes d’exposition XC correspondent à un risque de corro-
sion lié à la carbonatation ; les classes d’exposition XD (chlorures
armé venant des sels de déverglaçage) et XS (chlorures venant de l’eau
de mer) correspondent à un risque de corrosion lié aux chlorures
(voir le tableau 1).
1,2
Tableau 1 – Valeurs limites de l’ouverture calculée
des fissures en fonction des classes d’exposition
1
selon l’Eurocode 2 (source NF EN 1992-1-1/NA)
XV
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cRRUU
et Aveline DARQUENNES
R
Maı̂tre de Conférences
LMT Cachan – ENS Cachan (France) CNRS – université Paris Saclay
XW
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cRRUU
FISSURATION PAR RETRAIT GÊNÉ DANS LES OUVRAGES EN BÉTON ARMÉ ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
R
En termes de débit de fuite, il est possible de montrer que celui-ci est propor-
tionnel à l’ouverture de fissure au cube !
Si la fissuration estimée est trop compromettante, il convient d’y remédier soit
en injectant les fissures (augmentant le coût de l’ouvrage par la nécessité d’opéra-
tions supplémentaires, pouvant également entraı̂ner des retards sur les travaux),
soit par une réparation en couche mince. Il convient également de veiller à la com-
patibilité dimensionnelle (retrait) entre la structure initiale et le matériau utilisé
pour l’injection ou la réparation sous peine que ces derniers fissurent à nouveau !
Si le calcul de structure est aujourd’hui enseigné dans tous les établissements
formant des ingénieurs, la fissuration induite par le retrait gêné n’est malheu-
reusement souvent que partiellement abordée. De même, dans la réglementa-
tion actuellement utilisée usuellement dans les structures en béton armé (Euro-
code 2), s’il est clairement indiqué qu’elle doit être prise en compte, aucune
méthodologie claire n’est proposée.
Ainsi, après avoir défini les déformations de retrait (mécanismes, paramètres
influents, amplitude des déformations), il est indiqué en fonction de la structure
et de la composition des matériaux utilisés, quelle déformation de retrait doit
être considérée. Ensuite, des éléments pour prédire les risques de fissuration
sont présentés. Il en résulte que le calcul est très complexe en réalité (celui-ci
fait l’objet à l’heure actuelle de travaux de recherche dans le monde). Ainsi, le
risque de fissuration par retrait ne dépend pas uniquement de la déformation
de retrait ! Un calcul plus précis passe par des simulations numériques aux
éléments finis qui ne sont pas présentées dans le présent document. Enfin,
des dispositions constructives et au niveau du matériau sont données afin de
limiter les risques de fissuration par retrait.
La convention de signe utilisée est la suivante : les déformations d’extension
et les contraintes de traction sont négatives ; les déformations de contraction et
les contraintes de compression sont positives. C’est la convention de signe uti-
lisée usuellement en Génie Civil. Elle est l’inverse de celle utilisée en résistance
des matériaux.
XX
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– FISSURATION PAR RETRAIT GÊNÉ DANS LES OUVRAGES EN BÉTON ARMÉ
RETRAIT CHIMIQUE
ζ=0 ζ = ζ0
Diminution du
Eau volume absolue
Hydrates
Hydrates
Hydrates
Eau
Eau
Ciment Eau
Ciment Ciment
R
Ciment
RETRAIT EXTERNE
Diminution du
volume apparente
Ciment
Eau
Hydrates
α=0
Phase 1 Phase 2 Phase 3
Vides gazeux
XY
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cRRUU
FISSURATION PAR RETRAIT GÊNÉ DANS LES OUVRAGES EN BÉTON ARMÉ ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Remarque l’accroissement du retrait au jeune âge ([6] [7]) suite à leur forte
On peut faire le parallèle avec un ballon dans lequel on souffle, consommation d’eau au cours de leur hydratation ([8] [9]).
la pression à l’intérieur du ballon augmente conduisant à La finesse du ciment influence le retrait d’auto-dessiccation suite
l’extension du ballon. Dans le cas de la capillarité, c’est la pres- à son impact sur la porosité du matériau : pour un même avance-
sion négative de l’eau qui conduit à une contraction du ment des réactions d’hydratation, un ciment plus fin conduit à un
matériau. réseau poreux également plus fin. L’intensité des dépressions capil-
laires engendrées par l’auto-dessiccation y est donc plus impor-
L’approche thermodynamique de ces phénomènes fait appel à tante [11]. De plus, la réactivité du ciment est également influencée
deux lois macroscopiques : les lois de Kelvin (équation (1)) et par ce paramètre : une plus grande finesse du ciment accroı̂t sa
Laplace (équation (2)). Elles décrivent directement l’équilibre méca- réactivité, d’où une accélération du développement de la déforma-
nique d’un ménisque soumis de part et d’autre, à des pressions dif- tion endogène et une augmentation de sa valeur finale [10].
férentes et l’équilibre hygrométrique eau liquide-vapeur [4]. En plus de la composition chimique du ciment, il est également
nécessaire de considérer l’influence des ajouts minéraux sur la
R
ρRT (1) déformation endogène suite à leur comportement pouzzolanique
Pc = Pl − Pg = ln HR
M et à leur rôle de filler.
La fumée de silice impacte grandement le retrait endogène suite
avec Pc, Pl et Pg respectivement, les pressions capillaires (- Pc
à l’affinement des pores de la structure interne de la matrice indui-
étant la dépression capillaire), dans la phase
sant une augmentation de la dépression capillaire [12]. Le même
liquide et gazeuse du pore (en Pa),
effet est observé pour le laitier de haut-fourneau ([13] [14]).
R constante des gaz parfait (qui vaut 8,314 J.
Cependant, la présence d’un gonflement ([13] [15]) de la matrice
mol-1.K-1),
cimentaire au très jeune âge (< 24 h) peut induire une diminution
M masse d’une molécule d’eau (18.10-3 kg.mol-1), du retrait endogène total des matériaux cimentaires contenant du
T température (en K), laitier de haut-fourneau.
r masse volumique de l’eau (en kg.m-3), & Rapport E/C
et HR humidité relative dans le pore capillaire. Le retrait endogène dépend fortement du rapport eau/ciment (E/
C) suite à son impact dans la diminution de l’humidité relative
2 t cos θ interne. Les bétons avec un faible rapport E/C (inférieur à 0,4), tels
Pl − Pg = (2) que les bétons à hautes performances, sont assez sensibles au
r retrait endogène qui croı̂t plus rapidement et atteint une valeur
avec t tension à l’interface gaz-liquide (en N.m-1), ultime à un plus jeune âge que celui des bétons avec un rapport
E/C élevé. Ce comportement est dû à la diminution de l’humidité
q angle de mouillage (en ), relative interne plus importante par auto-dessiccation dans un
et r rayon du pore capillaire (en m). réseau poreux plus fin ([5] [16]). Généralement, ce type de défor-
mation est significatif en deçà d’un rapport E/C égal à 0,4 pour des
À partir des ces lois, il est possible de lier l’intensité de la pres- bétons traditionnels [12].
sion capillaire Pc, le rayon du pore (r) dans lequel se situe le
& Les granulats
ménisque et l’humidité relative interne (HR).
La porosité des granulats et leur état hydrique vont influencer la
À partir d’un calcul élémentaire, elles permettent de montrer que
valeur du retrait d’autant plus que leur rapport E/C est faible [17].
les dépressions capillaires peuvent atteindre des valeurs élevées
Les granulats secs vont absorber l’eau restée disponible pour
pour des tailles de pores couramment rencontrées au sein de la
l’hydratation, d’où une diminution du rapport E/C engendrant une
matrice cimentaire.
structure de la pâte de ciment plus dense comportant des pores
La dépression capillaire peut atteindre une valeur de 14 MPa plus fins. Les dépressions capillaires y sont donc plus élevées,
dans un pore d’un rayon égal à 100 Å où règne une humidité rela- générant un retrait plus significatif. Les granulats humides (poreux)
tive de 90 % [4]. vont jouer le rôle de réservoir et fournir en différé de l’eau lorsque
Ainsi, il est possible de voir le retrait endogène comme la défor- l’eau de gâchage sera partiellement consommée par l’hydratation
mation mécanique du squelette solide sous l’effet de la pression du ciment. Il en résulte une augmentation du rapport E/C et une
capillaire. réduction du retrait.
Il apparaı̂t également qu’au cours de l’hydratation, l’intensité des
dépressions capillaires augmente pour deux raisons [5] : 1.1.3 Amplitude des déformations
– l’auto-dessiccation progresse dans le matériau en atteignant Le tableau 1 donne une indication sur l’ordre de grandeur de la
des pores de plus en plus étroits (diminution du rayon r des pores déformation endogène à 28 jours pour des bétons classiques – sur
capillaires) engendrant une baisse de l’humidité relative interne base de l’EC2 partie 1.1 (cf. § 1.5) – et avec additions.
(HR) (équation (1)) ;
– la porosité de la matrice cimentaire s’affine (diminution du
rayon r des pores capillaires) au cours de l’auto-dessiccation impli- 1.2 Retrait plastique
quant des dépressions capillaires plus fortes lors du processus
d’auto-dessiccation (équation (2)). 1.2.1 Mécanismes
Il en ressort un auto-accroissement du processus d’auto- Juste après la mise en place du béton dans le coffrage, l’eau pré-
dessiccation. sente à la surface libre du béton frais peut s’évaporer. Lorsque la
quantité d’eau évaporée est supérieure à la quantité d’eau ressuée,
1.1.2 Paramètres influents il se produit un retrait dit « plastique », conséquence principale du
séchage du matériau en surface. Cette déformation a lieu entre la
& Le liant fabrication et la fin de prise du béton. Ce type de retrait est généra-
Le retrait endogène dépend fortement du type de ciment autant lement problématique pour des pièces minces (dalles, enduit)
par sa composition chimique que par sa morphologie [2]. Une aug- caractérisées par de grandes surfaces d’évaporation par rapport à
mentation des quantités de C3A et de C4AF contribuent clairement à leur volume. Son intensité va donc dépendre du matériau, mais
YP
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– FISSURATION PAR RETRAIT GÊNÉ DANS LES OUVRAGES EN BÉTON ARMÉ
f ck*
25 90 22
(en MPa)
R
1 200 0
Déformation Seuil de risque Dépression
(en µm/m) de fissuration capillaire (en kPa)
FP
800 10
1re Phase 2e Phase 3e Phase
DP 20
400
Retrait plastique
Dépression capillaire
30
0
0 4 8 12
Âge (en h)
DP : Début de la prise
FP : Fin de la prise
YQ
R
YR
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cVQUQ
YS
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cVQUQ
R
du béton, en diminuant le pH et/ou une quantité suffisante d’ions chlorures,
peut détruire cette passivité et amorcer la deuxième étape ;
– dans la seconde phase, se fait la propagation de la corrosion. L’apport
d’oxygène, et surtout l’humidité ambiante, contrôlent alors la vitesse de corro-
sion.
La propagation de la corrosion conduit progressivement à la formation de
fissures et au décollement du béton d’enrobage. Pour améliorer la durabilité
des ouvrages en béton armé, il faut autant que possible allonger la période
d’amorçage en utilisant des bétons compacts et peu perméables (en présence
de chlorures, les ajouts de laitiers, de cendres volantes ou de fumées de silice
peuvent être bénéfiques). Il faut également que l’épaisseur d’enrobage soit suf-
fisante. Le respect de la réglementation actuelle (normes européennes), ou
d’approches de types performantielles, permettent de viser une durée de vie
donnée. Des modèles numériques permettent de pronostiquer des durées de
périodes d’amorçage, ainsi que des vitesses de développement de la corrosion
avec prise en compte des incertitudes.
Les méthodes de diagnostic des ouvrages permettent de quantifier, par croi-
sement de différentes techniques, l’état de dégradation dû à la corrosion. Selon
l’état d’avancement des dommages, des mesures préventives, de réhabilitation,
voire de remplacement, seront mises en œuvre afin de garantir la sécurité de
l’ouvrage ou, le cas échéant, sa requalification dans le cadre d’un programme
de maintenance.
Le béton armé est largement utilisé depuis plus d’un siècle car Les États-Unis doivent surveiller un parc de près de
c’est un matériau de construction souple d’emploi, économique et 586 000 ponts autoroutiers, dont 15 % sont considérés comme
durable. L’utilisation d’armatures en acier dans les zones tendues, structuralement déficients, essentiellement pour des raisons de cor-
en raison de la faible résistance à la traction du béton, permet de rosion avancée ([1] [2]). Le renouvellement, ou le remplacement, de
concevoir des structures aux emplois divers, le béton fournissant ces ponts va coûter plus de 10 milliards de dollars par an
à l’armature un environnement protecteur. ( ª 8 500 M€) au cours des 10 prochaines années, et ceci unique-
ment pour couvrir les déficiences les plus graves ([2] [3] [4]).
& Dégradations spécifiques et leurs causes
L’analyse du cycle de vie estime les coûts indirects pour l’usager,
Il existe pourtant des situations où les ouvrages en béton armé dus aux retards et à la perte de productivité, à plus de dix fois les
se dégradent plus vite, ou plus sévèrement que prévu, suite à des coûts directs de maintenance, réparation et réhabilitation des
fautes de conception, de mise en œuvre ou à une mauvaise utilisa-
ouvrages corrodés.
tion des matériaux par rapport à l’agressivité de l’environnement.
Généralement, les dégradations observées résultent d’une combi- Au Canada, environ 40 % des ponts autoroutiers ont plus de
naison de ces différents facteurs. 40 ans de service. Un grand nombre d’entre eux exigent un renou-
La corrosion des aciers au carbone dans le béton est l’une des vellement ou un remplacement en raison des dommages causés
principales pathologies des ouvrages de Génie civil. Elle est la par la corrosion. Ces travaux sont estimés à 10 milliards de dollars
cause de détérioration la plus coûteuse en termes de maintenance, canadiens ( ª 6 500 M€) ([2] [5]).
YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
cVQUQ
En 1998, on estimait que 25 % des ponts en béton armé du Qué- supérieurs à celui de l’acier sain (figure 1). Ces produits entraı̂nent
bec souffraient, à des degrés divers, de corrosion des armatures [6]. des contraintes qui peuvent provoquer une fissuration parallèle aux
En Amérique du Nord, le coût total des dégradations de l’infrastruc- aciers qui diminue l’adhérence acier/béton, ainsi que l’éclatement
ture en béton liées à la corrosion par les sels de déverglaçage est du béton d’enrobage (formation d’épaufrures). Les désordres
estimé à 150 milliards de dollars [7]. créés nuisent à l’aspect esthétique des ouvrages, mais contribuent
aussi à affaiblir les résistances mécaniques.
Au Royaume-Uni, le département des transports estime que le
coût de réparation des ponts routiers inventoriés et endommagés La corrosion conduit également à une diminution de la section
par la corrosion, soit environ 10 % du total, s’élève à environ des armatures, homogène dans le cas de la carbonatation, ou par
617 millions de livres sterling ( ª 900 M€) ([2] [7]). piqûres (profondes) dans le cas d’une attaque par les ions chloru-
res. De manière conservative, on considère généralement que la
En France, la Direction des Routes du Ministère français de capacité fonctionnelle de l’ouvrage est entamée dès la destruction
l’équipement a conduit en 1997 des enquêtes d’Image qualité des du béton d’enrobage, même si la réduction de la section des arma-
ouvrages d’art (enquête IQOA) qui sont des évaluations précises tures ne contribue pas encore à produire des défauts structurels.
du patrimoine national [8].
R
La figure 2 illustre les différentes phases précédentes selon le
Il ressort de ces études que les dégradations observées sur les modèle de Tuutti [9]
ouvrages d’art en béton armé sont essentiellement dues à la corro-
sion des armatures. Sur un échantillon de 315 ponts du réseau
national (hors ponts métalliques et en maçonnerie), la base IQOA À la surface d’un ouvrage, les signes visibles de la corrosion
indique que 28 % d’entre eux sont atteints de corrosion. apparaissent bien après le début de la phase de propagation, car
la rouille aura dû migrer des aciers jusqu’à la surface. De même,
& Comment reconnaı̂tre la corrosion
la fissuration ne sera visible qu’après l’existence d’une quantité
La corrosion des armatures est également la première cause de de rouille suffisante pour fissurer le béton d’enrobage.
désordre affectant le domaine du bâtiment. Les manifestations
sont des éclats de béton dus à des armatures très proches de la sur-
face, recouvertes de produits d’oxydation et pouvant générer des La période d’amorçage est capitale dans la préservation des
coulures de rouille. Ces sinistres ne remettent généralement pas armatures puisqu’elle va contrôler le début des phénomènes de
en cause la stabilité du bâtiment, mais engendrent une forte dété- corrosion. Si l’enrobage en béton est un élément essentiel de
rioration de l’aspect.
Dans la perspective d’un développement durable, les infrastruc-
tures doivent conserver les performances requises sur le long Fe
terme. Une longévité insuffisante conduit en effet à des dépenses
accrues pour l’entretien. Afin de bâtir et exploiter des structures fia- Fe3O4
bles et durables, il est nécessaire d’évaluer les coûts du cycle de vie
au même titre que le coût d’investissement de la construction. Par Fe(OH)2
ailleurs, pour une structure déjà détériorée, un programme de
maintenance et de réparation rationnel doit être établi en rapport Fe(OH)3
avec l’état de la structure.
Il est donc important de pouvoir identifier suffisamment tôt les Fe(OH)3 , 3H2O
risques de dégradations possibles et, le cas échéant, de pouvoir
prédire leur évolution afin de mettre en place les stratégies de 0 1 2 3 4 5 6
maintenance les mieux adaptées. Volume (en cm3)
Pour un volume initial de fer donné, les différents produits de
corrosion peuvent prendre jusqu’à six fois plus de volume et
donc générer des pressions importantes dans un milieu confiné
2. Deux étapes de corrosion tel que le béton.
des aciers : incubation Figure 1 – Augmentation de volume des produits d’oxydation du fer
et propagation
Les manifestations visibles de la corrosion d’un ouvrage (tâches I II
Volume des produits de corrosion
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cVQUQ
protection, sa seule épaisseur n’est pas nécessairement synonyme aluminates C3A et C4AF) s’hydratent au contact de l’eau [C 920].
de durabilité. Ses caractéristiques de transfert (perméabilité, diffusi- Dès les premiers instants, on peut mesurer un pH très basique de
vité) sont essentielles, car elles assurent la fonction de barrière vis- l’ordre de 13,5 à 14 dans le liquide interstitiel.
à-vis des agents agressifs. L’environnement (température, humi-
dité) joue également un rôle important sur la résistance de cette De manière schématique, l’hydratation de C2S et C3S conduit à la
barrière. formation de silicates de calcium hydratés (C-S-H), qui sont à l’ori-
gine de la résistance de la matrice, et de portlandite Ca(OH)2 sous
& Typologies des dégradations et conséquences forme de cristaux légèrement solubles. La portlandite réagit avec
La figure 3 donne des exemples de dégradations d’ouvrages les sulfates alcalins, toujours présents en quantité mineure dans le
dues à la corrosion (fissuration, éclatement localisé, éclatement ciment, pour donner les hydroxydes correspondants :
généralisé). L’apparition des fissures à la surface est la consé-
quence des réactions qui ont démarré bien avant les manifestations
visibles. L’état ultime correspond à un éclatement du béton, avec Ca (OH)2 + K 2SO4 → CaSO4 + 2 KOH (1)
risques de chute des morceaux de béton dans le cas d’éléments
R verticaux.
Si l’éclatement du béton n’entraı̂ne pas de conséquences structu-
relles directes (dans les règlements de calcul, le béton n’est pas
Ca (OH)2 + Na2SO4 → CaSO4 + 2 NaOH (2)
pris en compte dans les zones tendues), la perte de section d’acier
influence fortement la capacité portante de l’ouvrage. Le comporte-
ment mécanique résiduel en service des poutres corrodées est, lui, Le pH élevé de la solution interstitielle est dû à la présence, en
contrôlé à la fois par la réduction de la section d’acier, mais égale- grande quantité, d’ions OH- provenant des bases alcalines et de la
ment par la perte d’adhérence acier béton. chaux dont la solubilité dépend précisément de la concentration en
ions OH-. Après quelques heures, la solution interstitielle s’enrichit
progressivement en bases alcalines NaOH et surtout KOH, alors
Ces manifestations, lorsqu’elles sont visibles, sont le signe que la concentration en chaux décroı̂t et devient négligeable à
d’une corrosion active qui a entrainé des dommages. Dès lors, long terme. Ceci explique que le pH reste largement supérieur à
la mise en place d’actions de maintenance plus ou moins lour- 13, alors qu’une solution saturée de chaux n’a qu’un pH de 12,5.
des afin de réparer l’ouvrage est nécessaire.
Après environ 6 mois, l’évolution des différentes espèces devient
Il est donc important pour un maı̂tre d’ouvrage de ne pas
faible et les valeurs atteintes sont alors celles du milieu dans lequel
attendre que les désordres se manifestent pour intervenir
baignent les armatures métalliques. Soumises à un environnement
(approche curative), mais de pouvoir anticiper ceux-ci (approche
basique formé par la phase aqueuse fortement chargée en ions
préventive).
(provenant de l’hydratation du ciment ou ayant pénétré depuis
l’extérieur dans le béton par l’intermédiaire du réseau poreux), ces
armatures vont être soumises à des réactions électrochimiques.
3. Mécanismes de corrosion
des aciers 3.2 Corrosion : un phénomène
électrochimique
3.1 Environnement basique de l’acier La corrosion représente l’attaque destructive d’un métal par des
dans le béton sain réactions électrochimiques qui conduisent à un transfert d’ions et
d’électrons à l’interface métal solution [TBA 1 054]. À la surface du
Lors du gâchage d’un béton à base de ciment Portland, les prin- métal, deux types de réactions couplées, correspondant au proces-
cipaux anhydres contenus dans le clinker (silicates C2S et C3S, sus de corrosion oxydation, ont lieu.
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& Une réaction anodique, ou d’oxydation du métal, correspond à – formation de rouille verte stable en l’absence d’oxygène
la formation, à partir de l’état métallique, d’ions passant en ([FeII3 FeIII (OH)8]+ [Cl H2O]- en présence de chlorures, ou
solution : [FeII4 FeIII2 (OH)12]2+ [CO3 2H2O]2- dans un béton carbonaté) ;
– formation de ferrihydrite 5Fe2O3.9H2O ;
Fe → Fen+ + ne− (3) – formation d’autres oxydes :
goethite (a - FeOOH),
La cinétique de cette réaction est régie par la capacité du milieu
électrolytique à accepter la présence d’ions ferreux Fe2+ ou, ferri- lépidocrocite (g - FeOOH),
ques Fe3+. La concentration de ces ions dépend de la nature des akagénite (b - FeOOH),
anions présents en solution et de la valeur du produit de solubilité magnétite (Fe3O4)
des anions et des ions ferreux ou ferriques.
Ces derniers oxydes correspondent à la rouille rouge et gon-
& Une réaction cathodique correspond à la réduction d’un oxydant flante, connue classiquement, ou stabilisation de la ferrihydrite.
R
présent dans la solution par capture d’électrons fournis par la
cathode. Selon la disponibilité en oxygène de l’environnement, on
obtient : Le schéma réactionnel de la corrosion implique la présence
simultanée de quatre milieux où ont lieu les processus
– en l’absence d’oxygène : élémentaires :
2 H2O + 2e− → 2 OH− + H2 (4) – une zone anodique correspondant à l’oxydation du fer ;
– une zone cathodique correspondant à la réduction d’espèces
chimiques en solution (par exemple l’eau ou l’oxygène
2 H3O+ + 2e− → 2 H2O + H2 (5) dissous) ;
– un milieu conducteur d’électrons (l’acier) ;
en présence d’oxygène : – un milieu électrolytique (le liquide interstitiel du béton).
Les réactions anodiques et cathodiques sont caractéristiques
O2 + 2 H2O + 4e− → 4 OH− ou O2 + 4 H3O+ + 4e− → 6 H2O (6)
du couple métal/solution. À l’échelle macroscopique, elles ont
lieu simultanément et au même endroit. Localement, les surfa-
Ces réactions principales d’oxydo-réduction sont suivies des ces des zones anodique et cathodique sont variables.
réactions secondaires de formation des produits de corrosion à la
surface du métal :
& Potentiel d’une électrode – Électrode de référence – Calculs de pH
Fen+ + nOH− → Fe (OH)n (7)
Lorsqu’un conducteur électronique (métal) est en contact avec
un conducteur ionique (électrolyte), il constitue une électrode
2 Fe (OH)n ↔ FexOy + H2O (8) caractérisée par son « potentiel d’électrode » ou « potentiel électro-
chimique » ou « potentiel du métal » (sous entendu par rapport à la
Elles sont illustrées schématiquement par la figure 4 [10] : solution). Lorsque le métal est mis au contact de l’électrolyte, ce
potentiel s’établit spontanément, on parle ainsi de potentiel « spon-
tané » ou « libre ».
& Formation des différents produits de corrosion
La création d’une pile électrochimique locale sur l’acier entre les Pour mesurer le potentiel d’une électrode, il est nécessaire
zones cathodique et anodique, en présence d’eau et d’oxygène, d’introduire dans la solution un second conducteur électronique
qui constitue une deuxième électrode dite de « référence » ; c’est
conduit à la dissolution du métal au niveau de l’anode et à la préci-
la différence des potentiels internes des deux conducteurs électro-
pitation de différents oxydes ferreux.
niques qui représente le potentiel de l’électrode.
La formation des différents produits de corrosion comprend les
étapes suivantes ([11] [12] [13] [14] [15]) : L’électrode de référence arbitrairement choisie est l’électrode
2+
standard à l’hydrogène (ENH). Elle est constituée d’un métal inerte
– dissolution du fer sous forme d’ions ferreux Fe ; (platine) plongé dans une solution d’acide normale à 25 C, et dans
– formation d’hydroxyde ferreux Fe(OH)2 ; laquelle on effectue un barbotage d’hydrogène sous une pression
d’une atmosphère. La tension mesurée correspond donc à la diffé-
rence de potentiel entre le métal et l’électrode standard à
Atmosphère hydrogène.
O2 H2O
Par convention, le potentiel EENH de cette électrode est arbitraire-
ment pris comme égal à zéro.
Fe2O3, H2O On utilise également d’autres électrodes de référence, telles que
l’électrode au calomel saturé (ECS, mélange Hg/Hg2Cl2, immergé
Fe(OH)2 OH- Béton dans du chlorure de potassium saturé, à 20 C, EHg/
d’enrobage Film passif
Hg2Cl2 = EENH + 0,25 V), ou l’électrode cuivre/sulfate de cuivre (Cu/
Fe2+ CuSO4).
Dans le cas de la formation d’oxydes en milieu aqueux, les réac-
tions d’électrodes font intervenir les ions H3O+, donc le pH. Les dif-
férents équilibres en fonction du pH peuvent être représentés dans
e- Armature en acier un diagramme (figure 5) appelé diagramme Potentiel-pH ou dia-
gramme de Pourbaix [16].
Pour une valeur du pH de l’ordre de 13,5 (liquide interstitiel du
béton), le diagramme montre que le fer est en équilibre avec
Anode (-) Cathode (+)
Fe3O4 pour un potentiel d’environ - 800 mV. Au-dessous de cette
valeur, le fer ne se corrode pas (domaine d’immunité) et, pour des
Figure 4 – Schéma de formation des produits de corrosion valeurs supérieures, les oxydes Fe3O4 et Fe2O3 forment un film
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